LES CONSEQUENCES DU VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION MONDIALE: UN DES PLUS GRANDS DEFIS EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT SOCIAL
Communiqué de presse SOC/4605 |
Commission du développement social SOC/4605
7e & 8e séances – matin & après-midi 14 février 2003
LES CONSEQUENCES DU VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION MONDIALE: UN DES PLUS GRANDS DEFIS EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT SOCIAL
Les délégations définissent comme vitale
la question de la protection sociale des plus vulnérables
Le vieillissement de la population est devenu un défi social et économique qui se pose à tous les pays du monde et plus particulièrement aux pays en développement, ont souligné de nombreuses délégations au cours d’un débat qui a été marqué par des interventions sur la nécessité de prendre en compte les besoins sociaux des groupes les plus vulnérables, notamment les personnes âgées, mais aussi les handicapés, les jeunes et la famille en général, comme un préalable à tout développement social. De nombreuses d’entre elles ont présenté les personnes âgées comme une ressource productive tandis que plusieurs autres ont invité la famille à assumer les tâches naissantes liées au vieillissement de la population. A cet égard, le Plan d’action de Madrid a été présenté comme le cadre de référence en matière de formulation de politiques nationales. Les délégations dans leur ensemble ont souligné la nécessité de mettre en place une protection sociale pour les plus vulnérables, personnes âgées, handicapés, jeunes et la famille dans son ensemble.
La plupart des délégations ont souligné la nécessité pour les gouvernements de formuler des plans sociaux permettant aux handicapés de tirer avantage du processus de développement et d’y participer, le représentant de la Grèce indiquant que l’Union européenne a proclamé 2003, Année européenne des populations handicapées, dans le souci d’encourager la pleine participation de ces derniers aux activités de leurs communautés.
En écho aux trois groupes de discussions portant sur des thèmes liés à la jeunesse qui se tenaient dans le cadre des activités parallèles, plusieurs délégations - dont celles d’Israël, de la Bulgarie, de la Thaïlande, de l’Argentine, mais aussi de la Grèce au nom de l’Union européenne, ainsi que des représentants de plusieurs ONG - ont souligné le rôle prépondérant des jeunes en tant qu’acteurs du développement social. Elles ont formé le vœu que leur participation, eu égard à leur capacité d’adaptation, d’innovation et leur contribution, qualifiée d’essentielle en matière d’emploi et d’intégration sociale, deviennent un aspect des politiques locales, nationales et internationales.
En matière de coopération internationale au service du développement social, les délégations du Maroc, de l’Algérie, du Cameroun, du Mali et du Nigéria ont insisté sur le rôle du capital humain comme facteur fondamental du développement en exhortant la communauté internationale, à soutenir le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).
Outre les délégations citées sont également intervenus les représentants des pays suivants: Chine, République tchèque, Equateur, Mexique, République-unie de Tanzanie, Ethiopie, Malaisie, Viet Nam, Inde, Suisse, Philippines, Jamaïque, ainsi que les représentants de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), d’UN-HABITAT, International Longevity Centre, International Federation on Ageing, de l’Association américaine des personnes retraitées (AARP), Helpage International, d’OXFAM, European Youth Forum, du Conseil international de l’alcoolisme et de la toxicomanie (ICCA), et de la Confédération internationale du travail.
La prochaine séance de la Commission se tiendra jeudi 20 février alors que la dernière présentation organisée dans le cadre des activités parallèles de cette session et qui portera sur les réalisations dans la mise en oeuvre des objectifs de l’Année internationale de la famille depuis 1994, se tiendra, mardi 18 février.
Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation des groupes sociaux
Déclarations
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a fait valoir qu’une stratégie a été adoptée au Maroc afin d’améliorer l’accès des populations aux services sociaux de base, de promouvoir l’emploi et les activités génératrices de revenus et lutter efficacement contre la pauvreté. Le Gouvernement marocain demeure déterminé à promouvoir une culture de la solidarité nationale s’inscrivant dans la continuité de ses valeurs culturelles, religieuses et civilisationnelles. Il a précisé que la société civile qui connaît actuellement au Maroc une vitalité réelle apporte une contribution essentielle dans les domaines sociaux à travers des actions de terrain et de proximité. La famille, de son côté, continue de jouer un rôle fondamental et irremplaçable dans la perpétuation des valeurs d’entraide et de solidarité. L’expérience marocaine permet de mettre en relief l’importance de la coopération nationale et internationale dans ce domaine. Il y a lieu de souligner que la lutte contre la pauvreté s’inscrit parmi les priorités du Gouvernement marocain. Bien entendu, celle-ci passe indubitablement par un fort taux de croissance et une action soutenue en matière d’investissement, mais en même temps, les actions de proximité et les petits projets ont une importance cruciale dans la lutte contre l’exclusion. Le Gouvernement marocain a décidé en 1999 la création de l’Agence de développement social afin d’apporter un appui tant financier qu’institutionnel aux associations porteuses de projets et sa philosophie est fondée sur la participation, la proximité et le partenariat.
Le représentant a cité également le programme de développement humain durable et de lutte contre la pauvreté. Dans le cadre de ce programme et au niveau de chacune des provinces ciblées, des études monographiques ont été réalisées et ont abouti à l’élaboration de plans provinciaux de lutte contre la pauvreté à travers une démarche participative combinant les efforts des autorités locales, des élus, les ONG et les départements ministériels concernés. Conscient de l’importance d’assurer un développement régional harmonieux et intégré, le Maroc a mis en place l’Agence nationale de développement des provinces du Sud et l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces du Nord du Royaume avec pour objectif de moderniser le tissu économique de ces régions et d’instaurer un climat favorisant un développement durable et intégré. Enfin, le représentant a mentionné le Programme « Pager » visant à réaliser 31 000 points d’eau dans le but de parvenir à une desserte de 62% de la population rurale d’ici l’an 2004 alors qu’elle n’était que de 38% en 2000. Ce programme est financé principalement par l’Etat mais également par les collectivités locales et dans une moindre mesure à la charge des populations bénéficiaires.
Le représentant a souligné que la réalisation des objectifs du développement social, notamment dans les pays en développement, nécessite un appui financier plus conséquent de la communauté internationale. Le Maroc réitère son appel à la communauté internationale pour que le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui constitue une
réponse courageuse aux multiples défis auxquels le continent africain est confronté bénéficie d’un soutien plus substantiel. Il plaide également à nouveau pour un renforcement de la coopération Nord-Sud et sur la promotion de relations Sud-Sud sous une forme rénovée et imaginative.
Mme YAFFA GEV (Israël) s’est dit persuadée que l’on peut faire face aux défis du développement social grâce à la mise en place de partenariats appropriés aux niveaux international, national et local. Dans ce contexte, elle a présenté divers projets de partenariats initiés par son pays notamment en direction de la jeunesse. Nous sommes convaincus que la participation des jeunes doit devenir un aspect intégral des politiques locales, nationales et internationales. C’est dans ce contexte qu’Israël a pris des mesures pour faciliter l’accès des adolescents au marché de l’emploi, mesures qui se traduisent par la création de partenariats entre le Gouvernement et le secteur privé, pour apporter appui et conseil aux jeunes. La représentante a tout particulièrement souligné le rôle de l’éducation en précisant que son pays a voté une loi spéciale en 1988 dans le souci de répondre aux besoins des étudiants handicapés et de mieux pouvoir les intégrer dans le cursus scolaire. Soulignant les efforts de son pays ciblant les personnes les plus défavorisées, elle a expliqué qu’Israël a lancé une formation pour sourds et aveugles, afin de permettre à ces derniers de produire des pièces de théâtre grâce à des interprètes spécialisés dans le langage des signes. Ces programmes ont permis des progrès importants dans la réinsertion individuelle et a contribué à faire évoluer très positivement l’attitude et les mentalités de la population à l’égard des handicapés. Les partenariats entre l’école et la communauté qui l’entoure, incluant, les parents, les autorités et les différentes institutions municipales, est le meilleur moyen de valoriser à la fois le système scolaire et la communauté dans laquelle ce système évolue.
M. KIRASAK CHANCHARASWAT (Thaïlande) a lancé un appel pour que les enfants et les jeunes gens partagent les fruits de la mondialisation. Il faut continuer nos efforts pour traiter des questions ayant trait, entre autres, à l’accès à une éducation de qualité, aux possibilités d’emplois décents et à la prévention des maladies transmissibles. Les jeunes sont le point de ralliement de notre guerre contre la drogue. Le Gouvernement a lancé un plan national pour le développement de l’enfant ainsi qu’une politique nationale de la jeunesse. La famille a également un rôle crucial à jouer dans le développement social. C’est pourquoi nous sommes très attachés à son renforcement et tentons de centrer nos efforts sur la promotion d’un environnement d’amour et de soins au sein de la famille ainsi que sur la prévention de la violence domestique. La Thaïlande estime sur ce point que le Gouvernement doit travailler avec les partenaires concernés, en particulier la société civile.
Il est également important de formuler des plans de développement social pour faire en sorte que les personnes handicapées puissent participer et tirer avantage du processus de développement. La coopération et l’échange d’expérience concernant les personnes handicapées doivent être encouragés entre les pays. A cet égard, nous mettons actuellement en place un Centre Asie-Pacifique pour les personnes handicapées afin de faciliter la recherche sur la question, d’offrir l’accès à des programmes de formation et de
promouvoir le travail en réseau au sein des organisations régionales. Enfin, nous estimons que les personnes âgées ne doivent pas être laissées de côté ou dépourvues de la possibilité de contribuer au processus de développement de nos sociétés.
M. ZHANG ZHIXIN, Vice-Président de la Commission nationale chinoise sur le vieillissement, a déclaré que le vieillissement de la population est devenu un défi commun de tous les pays du monde et plus particulièrement des pays en développement. Dans ce contexte, il a défini comme essentielle la coopération des pays développés pour aider ceux en développement à renforcer leurs capacités en ce domaine. Il a souligné les efforts de son pays en direction des personnes âgées en se focalisant sur les objectifs du Plan d’action du Sommet mondial de Madrid sur le vieillissement, efforts qui se traduisent par une action orchestrée sur le terrain par les 24 départements de la Commission nationale chinoise sur le vieillissement. A titre d’illustration des efforts de son pays dans ce domaine, il a précisé qu’un plan d’assurance pour une pension minimum et une couverture sociale et de santé pour les personnes âgées a été mise en place dans les zones urbaines. Fin 2001, plus de 108 millions de personnes ont bénéficié de ce plan et près de 34 millions ont fait valoir leur droit à la pension. De plus une couverture médicale de base est accordée aux salariés dans 91% des municipalités et préfectures du pays. Pour s’assurer que les retraités sont en mesure de bénéficier de leur pension complète, le Gouvernement a subventionné des fonds de pension locaux à hauteur de 40,8 milliards de yuans en 2002.
M. Zhang Zhixin a également précisé que son pays a mis en place 19 600 collèges pour personnes âgées pour amener ces dernières à enrichir leur vie culturelle. Ces cours sont actuellement suivis par près de 2 millions de personnes âgées. Il a également déclaré que 70% des personnes âgées de la Chine ont moins de 70 ans, et qu’elles constituent un segment sain et énergique de la société dont la participation au développement économique et social du pays est essentielle. C’est pourquoi nous encourageons les personnes âgées des régions les plus développées de l’Est de la Chine à aller faire bénéficier les régions moins développées de l’Ouest de leur expérience et ainsi aider au développement économique et social des zones les plus défavorisées. Nous sommes convaincus, a-t-il conclu, qu’avec les efforts conjoints de la communauté internationale, la cause du vieillissement pourra encore être mieux défendue.
M. SICHAN SIV (Etats-Unis) a estimé que les partenariats entre les pays développés et en développement, ainsi qu’entre le secteur privé et public peuvent être une force majeure de promotion du développement économique et social. En tant que premier donateur dans le monde, les Etats-Unis souhaitent que les fonds soient utilisés de façon efficace. Une illustration importante de l’engagement des Etats-Unis en matière d’aide internationale est le Programme d’urgence pour la lutte contre le sida que le Président Bush a annoncé dans son allocution sur l’état de l’Union du 28 janvier dernier. Ce Plan va permettre de consacrer 15 milliards de dollars sur cinq ans dans 14 pays d’Afrique et des Caraïbes les plus touchés par la maladie. Aux Etats-Unis, nous avons pu constater les avantages de la prévention et du traitement. Au cours de huit dernières années, les taux d’infection ont considérablement diminué alors que la longévité des personnes infectées s’est accrue. Nous voulons aider les autres nations à aller dans le même sens. Le soutien à la lutte contre le sida permettra d’appuyer le renforcement de la famille, qui représente un point central de l’ordre du jour du développement social. La famille est au cœur de la société en fournissant protection à tous ses membres et les Etats-Unis s’efforcent de déployer des efforts concertés pour promouvoir un environnement familial sûr et stable.
Il faut en outre poursuivre nos efforts pour construire une société pour tous les âges. Aux Etats-Unis, nos députés travaillent actuellement pour renforcer le système de Medicare et Medicaid, qui représente le pilier de notre système de santé pour les personnes âgées et les personnes handicapées. Ils consacrent également de plus grands efforts pour réformer le système de retraite afin que la protection sociale soit à la hauteur des besoins des personnes âgées. Les familles peuvent aussi bénéficier de mesures du Gouvernement pour aider et soutenir les personnes handicapées afin de leur donner une chance égale de travailler et d’apprendre. Notre législation sur les Américains handicapés est un exemple en la matière. La nouvelle initiative « New Freedom » du Président Bush permet en outre aux personnes d’avoir un grand accès à la technologie.
Mme FARIDA BAKALEM (Algérie) a déclaré que le partenariat reste un des moyens les plus efficaces de coopération pour la promotion des activités économiques. Il sert également à promouvoir des systèmes de communication sociale et de gouvernance, et permet de renforcer le processus participatif. Pour ce faire, il a besoin de formes rénovées pour mieux s’adapter aux conditions locales et mieux s’insérer dans des stratégies de développement durable et de lutte contre la pauvreté. Cette approche permet de créer des synergies, entre l’Etat et le secteur privé sur le plan national, qui peuvent être opportunément renforcés par une coopération au niveau régional et international. Sur le plan national, l’action de l’Etat vise entre autres, à promouvoir des stratégies de l’emploi impliquant progressivement le secteur privé et la société civile. A cet effet, le représentant a fait valoir la création d’une agence pour la promotion de l’investissement; l’octroi de microcrédits en faveur des jeunes; l’installation d’un fonds national qui facilite l’accès à un logement décent à des catégories à faible revenu; l’adoption de récentes mesures en direction des handicapés.
En Algérie, le secteur privé en émergence, de plus en plus performant s’organise progressivement sur le plan national et international, en multipliant des échanges afin de mieux faire face à sa responsabilité sociale et de mieux s’adapter au contexte de la mondialisation, notamment dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union européenne et dans la perspective prochaine de l’accession du pays à l’OMC, a poursuivi le représentant.
Il a insisté sur le rôle du capital humain comme facteur fondamental du développement. Il serait, selon lui, hautement souhaitable que les partenaires économiques et sociaux en Afrique s’engagent et s’organisent pour la réussite du NEPAD. Une aide de la communauté internationale contribuerait à la réalisation des objectifs de cette initiative. Enfin, il a estimé que les nécessaires partenariats entre intervenants nationaux, gouvernement et société civile d’une part, secteur public-secteur privé d’autre part doivent viser un élargissement à des domaines nouveaux, nés de la mobilité des populations et des effets de la mondialisation économique.
Mme COULIBALY (Mali) a déclaré qui l’amélioration de la qualité de la vie de tous reste l’objectif de toutes les sociétés. Cela passe en priorité par la lutte contre la pauvreté et la faim, qui exige des actions conjointes de grande envergure tant au plan national qu’international. A cet égard, elle a expliqué que son pays a mis en place un programme de coopération entre le gouvernement, le secteur public et la société civile malienne. Plusieurs programmes décennaux ont été mis en place en direction de la lutte contre la pauvreté, en faveur du microcrédit, aux fins de la création d’emplois et d’accès à l’eau potable. Nous souhaitons développer le système de couverture sociale par l’augmentation des régimes de sécurité sociale mais aussi le développement du système mutualiste, car, seulement 10% de la population malienne bénéficie d’une couverture.
Depuis 1995, le mois d’octobre a été institué mois de la solidarité au Mali et a permis de lancer des partenariats au profit des plus défavorisés. Après avoir rappelé qu’un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle, la représentante du Mali s’est félicitée du succès de la Deuxième assemblée mondiale de Madrid sur le vieillissement et des objectifs qu’elle a arrêtés. C’est dans ce contexte, a-t-elle précisé, que le Mali est entrain de mettre en œuvre un plan d’action national sur le vieillissement. Elle a également indiqué que son pays menait une politique de réadaptation à base communautaire sur la base d’une véritable stratégie communautaire pour prendre en compte les besoins des handicapées et autres groupes vulnérables et permettre leur réinsertion dans la société.
Des statistiques établissent que le monde compte plus de 500 millions de personnes handicapées de toutes catégories, dont plus de la moitié résident dans les pays en développement, a noté la représentante. Consciente de cette situation, l’Organisation de l’Unité africaine, devenue depuis l’Union africaine, a consacré la période 1999-2009 « Décennie africaine des personnes handicapées » et ce à la demande de la Panafricaine des personnes handicapées (PAFOD) qui regroupe les organisations de personnes handicapées d’Afrique. Au plan national nous avons mis en place un programme intitulé « Réadaptation à base communautaire », stratégie de développement participatif à la base qui implique la prévention du handicap, la scolarisation des enfants handicapés, la formation professionnelle, l’emploi et les projets générateurs de revenus.
Mme DAGMAR RATAJOVA (République tchèque) a fait savoir que de nombreux progrès ont été réalisés dans son pays en terme de renforcement de la sécurité et de la stabilité des familles avec enfants. La République thèque est aujourd’hui partie à toutes les conventions internationales concernant la famille et des dispositions ont été introduites dans le Code du travail pour garantir une égalité de traitement des employés quelle que soit leur situation familiale. De même, les mères sont protégées par une législation qui leur permet de ne pas être victimes de discrimination, de bénéficier d’heures de travail flexibles, d’un congé parental et de services de garde. Nous allons également organiser un certain nombre d’activités dans le cadre de la célébration de la Dixième année internationale de la famille. Le Ministère du travail et des affaires sociales envisage notamment la formulation d’un rapport sur la famille et, au niveau législatif, nous allons réviser le Code du travail actuel. Des activités lancées par le Ministère de la santé viseront à répondre aux besoins des familles avec enfants handicapés.
En raison de l’évolution démographique de notre société, il est important que les plans d’action nationaux sur le vieillissement ne concerne pas seulement les personnes âgées mais également les plus jeunes. L’objectif de créer une société pour tous les âges ne pourra être réalisé qu’à travers l’élimination de l’exclusion sociale et la participation des personnes âgées au processus de prise de décisions de la vie publique. L’implication des organisations non gouvernementales de personnes âgées et celles dont les activités leur sont consacrées ainsi que celles en faveur des personnes handicapées a été un élément important dans la préparation du Programme national en faveur des personnes âgées et des personnes handicapées.
Mme ESPINOZA (Equateur) a rappelé que les gouvernements se sont engagés, lors du Sommet mondial pour le développement social de Copenhague en 1995, à renforcer le cadre de coopération internationale, régional et sous-régional au service du développement social en soulignant la responsabilité commune des États Membres. Elle a regretté qu’au cours de ces dernières années le fossé se soit creusé entre les pays développés et ceux en développement et que l’on ne soit pas parvenu à améliorer la situation sociale et économique des plus démunis. A cet égard, elle a insisté pour que la protection sociale soit perçue comme un investissement productif. Il faut être conscient que la pauvreté représente une violation de la dignité de l’homme. Elle a soulevé le problème de la dette et ses graves conséquences sur la stabilité de nombreux pays. Elle a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures efficaces et durables en faveur du développement. Le développement social doit être intégral ce qui passe par la nécessité de prendre en considération les besoins des segments les plus vulnérables de la société et notamment des handicapés. Dans ce contexte, elle s’est félicitée de ce que le Comité spécial chargé d'élaborer une convention internationale pour la protection des droits des personnes handicapées ait tenu sa première réunion l’été dernier.
M. MAHOUVE SAME (Cameroun) a rappelé que pour réaliser les objectifs du développement social, son pays a mis en place une série de mesures significatives visant à préserver la paix, la sécurité, la stabilité, la consolidation de la démocratie et l’Etat de droit et la protection des droits de l’homme ainsi que la des groupes sociaux vulnérables. Notre pays a également adopté et mis en exécution un certain nombre de mesures dont notamment la déclaration de stratégie de lutte contre la pauvreté de 1998, la loi d’orientation scolaire de 1998 et la stratégie sectorielle de l’éducation. Un plan d’action national pour la nutrition et un programme de sécurité alimentaire ont également été lancés. Dans le cadre spécifique du VIH/sida, le gouvernement a mis en place un plan national de lutte à travers des campagnes de sensibilisation touts azimuts, intégrant toutes les forces vives de la nation.
Grâce à la coopération internationale, le Cameroun a accompli des progrès sur le plan économique dont la croissance se situe autour de 5% en 2003. Cependant, le poids de la dette, les effets néfastes de la mondialisation freinent quelque peu nos efforts communs. En outre, notre pays reste confronté aux problèmes de malnutrition des enfants de moins de cinq ans, à la mortalité infantile, aux problèmes d’accès à la santé, à l’éducation, à l’eau potable et à la protection des couches vulnérables. C’est pourquoi l’Aide publique au développement doit appuyer de manière plus efficace la résolution des problèmes des pays en développement. A ce titre, l’appui de la communauté internationale à la Nouvelle initiative pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est nécessaire.
M. VASSIL IVANOV, Ministre de la jeunesse et des sports de la Bulgarie, a rappelé que les priorités du Gouvernement dans la politique de la jeunesse vont dans le sens des recommandations énoncées par l’Union européenne. Les principaux points concernent le règlement, dans une approche intégrée, des problèmes des jeunes, la promotion d’une bonne qualité de vie, le développement de meilleures conditions pour des activités physiques et sportives, l’élaboration d’une politique en direction des jeunes inspirée par les jeunes eux-mêmes ainsi que la création des conditions propices à leur participation à la vie sociale. Conformément aux recommandations de la Commission européenne, nous avons lancé une stratégie nationale pour la jeunesse qui a été adopté après consultation des institutions engagées dans la mise en œuvre d’une telle politique. Le Gouvernement se tient en outre prêt à participer à d’autres programmes en faveur des jeunes engageant les Nations Unies.
M. CARLOS PEREZ LOPEZ (Mexique) a tout particulièrement abordé la question des personnes âgées et des handicapées. Il a déclaré que les personnes handicapées sont une population à risque en soulignant que si leurs problèmes ne sont pas traités cela aura des répercussions sur la société en général et la famille en particulier. Le vieillissement de la population mondiale, a-t-il par ailleurs ajouté, nécessite la mise en place d’un programme spécial pour répondre à ses enjeux et défis. Il a expliqué qu’entre aujourd’hui et 2050, 27 millions de Mexicains deviendront des adultes majeurs. Le Plan d’action de Madrid sur le vieillissement a servi au Mexique à mettre en place un projet conjuguant efforts publics et privés. La politique nationale publique pour le respect des droits des personnes âgées s’est traduite par la mise en place de l’Institut national des personnes âgées. Nous insistons sur le droit des personnes âgées à la santé, à l’assistance sociale, au travail et à la participation à la société. Pour la première fois un projet de loi exprime la responsabilité de la famille dans l’assistance aux personnes âgées, en matière alimentaire, de santé et de sécurité.
Pour ce qui est des personnes handicapées, a reconnu M. Perez Lopez, les Mexicains ont fait bien du chemin sur la nécessité de renforcer les politiques publiques à leur égard. Le Président Fox a créé un Bureau spécial pour l’intégration sociale des handicapés, par le biais du renforcement des programmes institutionnels et de modifications du cadre juridique. En conclusion, le représentant a déclaré que la famille reste la cellule fondamentale d’appui aux personnes âgées et handicapées. En ce qui concerne les jeunes, il a défini l’éducation, la santé et la nutrition comme les trois piliers de la promotion de ce segment. Grâce au « Programme chance » mis en place par le Gouvernement, 4 millions de familles rurales ont vu la situation de leurs jeunes s’améliorer et 4,6 millions d’enfants des zones défavorisées se voient offrir des déjeuners quotidiens.
Mme CHRISTINE KAPALATA (République-unie de Tanzanie) a indiqué que son Gouvernement attache une importance particulière à la question de la mise en place de partenariats efficaces en matière de développement social. La République-Unie de Tanzanie a notamment accompli des progrès considérables en matière de collaboration avec le secteur privé et de libéralisation de l’économie. En matière d’éradication de la pauvreté et de développement social, mon Gouvernement a intensifié, au cours des dernières années, la création d’un environnement macroéconomique stable et a pris des mesures en faveur des segments les plus pauvres de la société, a affirmé la représentante. Nous poursuivons également l’analyse des causes profondes et de la dynamique de la pauvreté afin d’être en mesure de trouver des solutions efficaces et viables fondées sur une compréhension profonde de la réalité et des défis que la société doit relever.
La question du vieillissement est un autre volet important du développement social. Le Gouvernement tanzanien attache une grande attention à la demande des personnes âgées pour l’adoption d’une politique gouvernementale qui établirait un régime de crédit particulier, libèrerait des fonds pour appuyer leurs activités ainsi qu’un programme public d’éducation pour se préparer au vieillissement ou la diffusion d’informations sur leurs droits. Nous reconnaissons enfin le rôle central de la famille. La République-Unie de Tanzanie va donc s’efforcer de renforcer la sensibilisation de la population sur son importance dans notre société.
M. CULLEN (Argentine) a déclaré que l’éducation est le facteur le plus important pour la promotion des jeunes, mais selon lui l’éducation gratuite pour tous ne suffit plus. Il a souligné la nécessité de recourir aux bourses et autres formes de soutien. Les stratégies de l’emploi doivent tenir en compte des réalités des jeunes et leur donner les possibilités d’avoir accès à la formation continue. Il a indiqué que son pays a signé le Protocole additionnel de la Convention pour la protection des enfants concernant la participation des enfants aux conflits armés. L’adoption du Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées prouve que la communauté internationale reconnaît aujourd’hui la nécessité de répondre aux besoins essentiels de ces personnes et notamment celle de faciliter leur accès à l’emploi. Témoignant des efforts de son pays, il a indiqué que la législation argentine prévoit de réserver un quota de 4% des emplois du secteur publics aux handicapés. En ce qui concerne le vieillissement de la population, il a déclaré que ce phénomène frappe d’autant les pays en développement qu’ils n’ont pas les moyens de répondre aux besoins particuliers des personnes âgées. Enfin, il a appelé l’attention sur le fait que le suivi de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement doit être intégré aux objectifs des autres grandes conférences des Nations Unies.
M. GOLDEN, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture UNESCO, a regretté que la coopération internationale au service du développement social ait longtemps été occultée par le développement économique. Il faut à présent créer une plus grande symbiose entre nos différents partenaires au sein du système de l’ONU. Tout aussi importante est la collaboration avec les organisations non gouvernementales (ONG). Elle doit en particulier inclure le Programme comparatif sur la pauvreté organisé autour d’un réseau de recherche international et pluridisciplinaire étendu, ouvert aux chercheurs dans le domaine de la pauvreté et représentant des diverses régions géographiques et disciplines scientifiques dans le monde entier. Afin d’appuyer toutes ces activités, une section traitant des politiques et de la coopération internationale a été établie au Secrétariat général de l’UNESCO.
Nous accordons également une importance toute particulière à la recommandation du Secrétaire général visant à demander à la communauté internationale d’élargir les capacités d’apprentissage en matière de développement social et à renforcer les capacités des pays en développement en matière institutionnelle pour créer des structures efficaces. Enfin, nous nous félicitons du lancement de la décennie de l’alphabétisation 2003-2012 qui se voit dotée d’un plan d’action depuis l’an dernier. Cette décennie internationale, pour laquelle l’UNESCO a été désignée comme chef de file, est une initiative visant à recentrer les efforts de la communauté internationale sur la réduction de la pauvreté à travers la réhabilitation des pauvres et la réalisation des objectifs de Déclaration du Millénaire.
M. ANANTHAKRISANAN, UN/HABITAT, a déclaré que cet organisme s’appuie sur les objectifs du développement du Millénaire pour améliorer les conditions de vie de 100 millions de personnes qui vivent dans des bidonvilles. Il a précisé que 47% de la population vivent dans les villes et que cette urbanisation se développe particulièrement dans les pays africains, aboutissant ainsi au développement de bidonvilles sans les infrastructures minimales nécessaires. Dans ce contexte, nous mettons un accent sur les jeunes et sur la cohérence urbaine pour contribuer à l’élimination des disparités par la mise en place d’une gouvernance urbaine améliorée, a expliqué le représentant. Nous voulons mettre en place des villes où chacun trouve sa place quel que soit son âge, son sexe ou sa situation particulière. Dans plusieurs pays, UN/HABITAT a fait participer les jeunes à l’élaboration de mesures visant à la réalisation de leur potentiel, ceci dans le cadre de partenariats. Par notre programme pour des villes plus sûres, nous avons élaboré un programme qui se penche sur les conséquences de la situation des jeunes sur les villes. Le représentant a souligné l’importance de stratégies locales pour donner des moyens de subsistance aux jeunes. Nous mettons en place des partenariats avec des organisations des Nations Unies, des gouvernements, et différents acteurs de la société civile et du secteur privé pour répondre aux besoins et aux attentes des jeunes du monde entier.
La représentante de International Longevity Center – USA a rappelé que dans le cadre de ses activités, l’International Longevity Center (ILC) a publié un rapport sur les cadres médicaux pour la longévité et le vieillissement qui contient des recommandations pouvant être un outil au service des gouvernements dans le contexte de la mise en place des programmes de formation en gériatrie et en gérontologie. En matière d’éducation et de communication, l’ILC a organisé à Madrid une rencontre visant à sensibiliser le public à la question du vieillissement. Nous avons également pu constater que les indicateurs de base et les données en matière de vieillissement ne sont pas adéquats. Or, il s’agit d’une exigence fondamentale pour la formulation des politiques publiques.
Le paludisme, la tuberculose et VIH/sida sont autant de menaces qui doivent être traitées efficacement et ne pas occulter les victimes âgées. La contribution des ONG devrait également être bien accueillie. Les centres de recherche et les universités doivent quant à eux appuyer le Plan d’action Madrid. Nous proposons enfin la création d’une nouvelle agence internationale pour les personnes âgées chargée de mettre en œuvre le Plan de Madrid en collaboration avec le secteur privé.
La représentante de la Fédération internationale des associations des personnes âgées s’est dite préoccupée par le fait que la réalisation des objectifs de la deuxième Assemblée sur le vieillissement soit compromise si les moyens de suivi nécessaires ne sont pas disponibles. C’est pourquoi elle a formé le voeu que la Commission du développement social, conformément au mandat qui lui a été confié, se charge du suivi de cette mise en œuvre. Nous proposons une méthode d’évaluation pour les 180 points du plan d’action de Madrid, avec une grille d’évaluation qui pourrait être remplie régulièrement par les gouvernements en collaboration avec la société civile. Enfin, elle a souhaité que les préoccupations des personnes âgées soient intégrées dans tous les travaux de la Commission du développement social.
La représentante de l’Association américaine des personnes retraitées, AARP a appuyé les politiques saines en matière de vieillissement ainsi que les stratégies régionales pour protéger les retraites, favoriser l’élargissement du marché du travail pour les personnes âgées, améliorer leur bien-être et les intégrer dans la société. Nous regrettons en revanche qu’il n’existe pas de méthodes ni d’échéance pour mesurer le progrès et contrôler la mise en œuvre du Plan d’action madrid. La Commission doit en outre reconnaître les besoins et l’urgence d’un suivi adéquat de la Deuxième Assemblé mondiale sur le vieillissement.
La représentante de Franciscans International, et au nom d’une série d’organisations membres du Comité des ONG pour le développement social, a déclaré qu’il faut développer des stratégies de réduction de la pauvreté par classes d’âge. Elle a rappelé que les Etats ont une obligation de fournir une éducation gratuite et de reconnaître les barrières qui s’opposent à l’accès à l’éducation. Les avantages socioéconomiques de l’éducation des filles ne sont plus à démontrer et l’UNICEF a indiqué que les jeunes filles qui vont à l’école améliorent le potentiel et les conditions de vie de leur famille. Des efforts doivent être faits pour encourager les enfants à aller à l’école, et cela passe par la lutte contre la pauvreté dans leur communauté. La réunion d’Helsinki a débattu des loisirs et nous voulons souligner la contribution importante des jeunes lorsque les conditions de vie sont difficiles. Par le volontariat les jeunes sont encouragés à collaborer avec les autres et à échanger leurs forces et faiblesses. En réfléchissant ensemble, les familles peuvent assurer que leurs progrès porteront leurs fruits. Les jeunes doivent être entendus à tous les niveaux de la société, leurs voies poussant à l’élimination de la pauvreté.
La représentante de Health Age International a précisé que cette organisation représente les personnes âgées en partenariat dans soixante pays et qu’elle se bat pour que leur voix soit entendue. Nous soutenons en particulier la recommandation qui figure au paragraphe 45 du Plan d’action de Madrid soulignant la nécessité de lutter contre la pauvreté des personnes âgées. De même, il est essentiel d’inclure dans les programmes de développement nationaux la garantie des libertés individuelles des personnes âgées et leur droit au développement. Nous sommes conscients de l’ampleur des défis à relever et sommes en faveur de la définition d’un partenariat efficace entre les gouvernements, les institutions de développement et la société civile qui inclurait les personnes âgées comme partenaires à part entière du dialogue.
Le représentant du Parlement international de la jeunesse a expliqué que ce Parlement est un réseau de jeunes originaires de 150 pays qui ont l’ambition de contribuer à construire un monde pacifique et plus équitable. Il a noté que les jeunes peuvent être des agents importants de changement, en regrettant qu’ils soient absents dans la prise de décisions politiques. Il a cité 11 domaines prioritaires d’action de son organisation, avec entre autres, la lutte contre la marginalisation, l’aspect de la privatisation de l’éducation, le militantisme et les droits de l’homme ou encore la prévention du VIH/sida. En conclusion, il a également indiqué que le Parlement international de la jeunesse produira, en avril prochain, un rapport final sur les moyens de mettre en œuvre la contribution des jeunes et de tenir le plus grand compte du rôle qu’ils peuvent jouer en tant qu’agents du changement.
S’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés, M. VASSILAKIS (Grèce) a réaffirmé son engagement pour le Programme mondial pour la jeunesse, 2000. Les initiatives et actions visant les jeunes sont plus efficaces si elles sont fondées sur une démarche multisectorielle. Il a présenté l’éducation et l’apprentissage tout au long de la vie comme essentiels. L’Union européenne considère que le pourcentage de jeunes au chômage dans le monde (40%) est alarmant. La participation active des jeunes est cruciale si nous voulons parvenir à l’intégration sociale. Le représentant a souligné la nécessité de renforcer la famille et, par-là, l’interdépendance entre les générations. L’Union européenne attache une grande importance à toute mesure permettant aux hommes et aux femmes de concilier les responsabilités liées à l’emploi et celles liées à la famille. Elle invite la famille à assumer les tâches naissantes liées au vieillissement de la population. Il a également souligné la nécessité de promouvoir la coopération internationale et nationale à cet égard, dans le souci de développer des programmes cohérents à destination de la famille. Il a également encouragé les ONG à être des partenaires significatifs en ce qui concerne la promotion de la famille.
S’agissant des handicapés, il a précisé que l’Union européenne a proclamé 2003, Année européenne des populations handicapées, dans le souci de promouvoir une société dans laquelle les handicapés participent pleinement aux activités de leurs communautés. Tous les efforts doivent être faits pour consolider les instruments pertinents existant. Il a par ailleurs souligné l’importance de promouvoir la réalisation aux niveaux national et local du Plan d’action de Madrid 2002, en formant le vœu que l’on intègre les données du vieillissement dans tout programme de développement économique ou social. La nature générale de la population vieillissante rend nécessaire une coopération internationale entre tous les acteurs concernés pour répondre aux défis de ce phénomène.
Mme LULIT ZEWDIE (Ethiopie) a rappelé l’importance que son pays accorde à la coopération renforcée en matière de développement social. Nous optons pour des politiques et des stratégies bien adaptées en matière d’éducation, d’élimination de la pauvreté et de lutte contre la propagation du VIH/sida. Plusieurs initiatives ont été lancées pour promouvoir la primauté du droit, accélérer la réforme de la fonction publique et la décentralisation au niveau régional. De même, nous nous efforçons de créer un climat propice aux investissements.
Nous estimons que la solidarité avec les pauvres est indispensable afin de créer une société pour tous. C’est pourquoi nous donnons la priorité à la lutte contre la désintégration sociale afin d’améliorer la situation des plus vulnérables et des marginalisés. A cet égard, il faut renforcer la famille qui est l’unité fondamentale et naturelle de la société. Un Code de la famille révisé a d’ailleurs été adopté en 2000 ainsi qu’un programme national d’action pour la préparation du dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille. Quarante-cinq pour cent de la population mondiale vit toujours dans la pauvreté la plus abjecte. Nous estimons que pour corriger cette situation, il faut créer un environnement international propice à l’annulation de la dette, augmenter le montant de l’aide publique au développement et favoriser l’ouverture des marchés.
M. P. MANOGRAN (Malaisie) a fait savoir que son pays développe différents programmes dans le cadre de sa politique familiale visant à faire en sorte que les familles disposent des compétences indispensables pour faire face aux défis qui se posent à elles. De notre point de vue, les soins apportés aux jeunes, aux malades et aux personnes âgées relèvent de la responsabilité de la famille et le placement dans des institutions est un dernier recours. Néanmoins, afin de venir en aide aux plus démunis, le Gouvernement et les organisations non gouvernementales mettent à la disposition des pauvres, des orphelins, des personnes handicapées, des malades et des personnes âgées des centres d’accueil. Nous appuyons en outre pleinement le Plan d’action de Madrid et nous nous efforçons de faire en sorte que les personnes âgées ne soient pas exclues de l’accès aux nouvelles technologies de l’information et des communications. Plusieurs programmes sont à cet effet prévus pour combler le fossé numérique en faveur des personnes âgées mais également des personnes handicapées afin de les aider à se réinsérer dans leurs communautés.
M. NGUYEN THI XUAN HUONG (Viet Nam) a indiqué que la politique de son Gouvernement en faveur des personnes âgées est fondée sur le respect traditionnel qui existe dans le pays à leur égard et sur la reconnaissance de leur contribution au développement de la société. Des programmes de soins pour les personnes âgées sont intégrés dans des programmes de développement socioéconomique, y compris en ce qui concerne l’éradication de la famine, la réduction de la pauvreté, les programmes d’assistance développés dans des régions reculées et des programmes de santé et d’assainissement de l’eau dans des régions rurales. Le Gouvernement a en outre promulgué des lois appropriées pour venir en aide aux personnes âgées. En 1995, l’Association des personnes âgées a été créée dans le but d’améliorer leurs conditions de vie. Cette association jouit du plein appui du Gouvernement. Nous nous efforçons également de mettre en œuvre les recommandations du Plan d’action de Madrid. Dans ce cadre, plusieurs ateliers ont été mis sur pied pour sensibiliser la société aux problèmes des personnes âgées et à la responsabilité des individus à leur égard.
M. A. GOPINATHAN (Inde) a regretté que des obstacles à la coopération internationale demeurent. L’accès à l’eau potable, à l’hygiène et autres besoins de base comme le logement sont des priorités et les efforts de lutte contre la pauvreté ont donné des résultats intéressants. A titre d’illustration le pourcentage de population vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 55% en 1973-1974, à 36% en 1993-1994 puis à 26% en 1999-2000. La croissance annuelle de l’emploi quant à elle, est passée de 1,77% en 1983 à 2,37% en 1993, même s’il faut regretter qu’elle soit passée à 1% depuis. Dans le même ordre d’idées, le représentant a indiqué que le taux d’alphabétisation des femmes est passé de 9% en 1951 à 54% en 2001. Nous sommes conscients, a-t-il ajouté, que pour entretenir l’élan du développement social, il faut consentir à des efforts nationaux en matière de mobilisation des ressources et de formulation de stratégies. En matière de stratégies de l’emploi au service du développement social, il ne peut y avoir de solution unique et en ce domaine la situation est particulièrement difficile dans un pays où 70% de la population dépendent toujours d’activités agricoles.
Mme NATALIE ERRAD (Suisse) a estimé que l’existence du Forum mondial pour la jeunesse est pertinente pour autant que le déroulement et les modalités de cet exercice soient améliorés à l’avenir afin d’en garantir la finalité effective. Ce type de rencontre doit permettre avant tout aux jeunes d’acquérir un poids politique dans la prise de décisions, et cela, suivant un idéal de « cogestion ». Il est important d’assurer le lien et la cohérence entre le Forum mondial pour la jeunesse et les conférences gouvernementales concernant la jeunesse. Dans le même sens, les jeunes doivent pouvoir intervenir librement dans le choix des thèmes abordés. Pour assurer la légitimité et l’efficacité futur du forum, il est nécessaire de garantir la représentativité de ses délégués sur la base de critères tels que l’équilibre géographique, l’âge, l’égalité de sexes et de veiller à garantir la transparence des procédures démocratiques. La réussite dans cette tâche passe par la reconnaissance et l’engagement des Etats en faveur de ce processus de participation des jeunes. Une pratique claire et un calendrier défini nous semblent importants pour le futur du Forum mondial de la jeunesse si l’on souhaite lui donner un poids politique réel afin qu’il devienne l’instance participative de la jeunesse dans le cadre du système onusien. A cet égard, nous devons veiller à ne pas multiplier ce genre de forum et à définir clairement des objectifs particuliers, différenciés et coordonnés.
M. CHUASOTO (Philippines) a décrit les engagements de Copenhague comme le cadre de référence pour la lutte contre la pauvreté, la promotion de l’emploi et du développement social en général. Dans un monde caractérisé par des disparités croissantes entre les riches et les pauvres et un accès inégal aux techniques et aux innovations, la coopération internationale est essentielle. Il a exhorté les pays à tenir le plus grand compte de la situation des familles, du fait de migrations, ou encore des conséquences du VIH/sida, dans la formulation de leurs politiques sociales et économiques. Nous formons le voeu que la communauté internationale fournira l’aide nécessaire à la famille pour lui permettre de faire face à tous ses défis, notamment ceux liés au vieillissement de la population. Nous notons avec satisfaction les diverses mesures prises par les Etats Membres pour la protection des handicapés et pour leur rendre l’environnement accessible. A cet égard, il a rappelé que 2/3 des 600 millions d’handicapés à travers le monde vivent dans l’Asie et le pacifique.
Mme FAITH D. INNERARITY (Jamaïque) a estimé que la création d’emplois est essentielle pour atteindre les objectifs du développement social. En ce qui concerne les personnes âgées, la Jamaïque a mis en place un système d’assurance sociale prévoyant des avantages spéciaux en cas de handicap. En outre, un programme d’élimination de la pauvreté est en cours de réalisation tandis qu’un programme pour mettre en œuvre les recommandations du Plan d’action de Madrid est en définition. En dépit des progrès réalisés en matière de développement social, des lacunes doivent être comblées. C’est pourquoi notre Gouvernement a entrepris une réforme du système de protection sociale en direction des segments les plus pauvres de la population afin de leur garantir des normes de vie acceptables. Une approche globale du développement social est adoptée, qui intègre les droits de l’homme fondamentaux ainsi que le lien entre le développement humain et l’éradication de la pauvreté. Des politiques en matière d’éducation et de santé sont mises en oeuvre avec l’appui de la Banque mondiale et le Gouvernement s’efforce d’accroître l’efficacité administrative.
La famille est considérée dans notre pays comme étant l’unité de base de la société dans la mesure où son statut a des répercussions sur les chances données aux individus dans la vie. Pour rompre le cycle intergénération de pauvreté, les enfants doivent aller régulièrement à l’école si les familles ne veulent pas voir interrompues leurs prestations sociales. Le Gouvernement a également mis en place un système d’assistance pour les frais de scolarité secondaire ainsi qu’un système d’accès aux services de santé publique sans paiement pour les indigents. Enfin, nous estimons que le succès des politiques sociales dépend de la collaboration entre Ministères de la santé et de l’éducation, les organisations non gouvernementales et les collectivités locales.
M. ALABI (Nigeria) s’est dit heureux de constater que le thème de cette session reflète les préoccupations en matière de progrès social des pays en développement. Malgré les engagements des pays développés à Johannesburg et à Monterrey, les conditions de vie et de bien-être des populations des pays en développement se sont peu améliorées. La mondialisation a échoué à maints égards et la tendance à des disparités sociales et une marginalisation accrue ont contribué à ralentir le développement économique dans de nombreux pays en développement. Le chômage persiste et la pauvreté s’accroît, a-t-il ajouté. Le Nigéria, a-t-il précisé, a des difficultés à subvenir aux besoins de base de sa population et doit lutter contre les conséquences de nombreuses maladies contagieuses.
Il a souligné le rôle des gouvernements en matière de formulation de politiques de développement et de renforcement de l’efficacité des services en matière de santé et d’éducation. Mais, a-t-il indiqué, cette vision nationale ne suffit pas et ne peut se passer d’un appui international pour renforcer les capacités nationales. Le Nigéria a mis en place un programme de lutte contre la pauvreté et de développement de l’enseignement primaire gratuit pour tous les enfants, ainsi que de nombreux programmes de vaccination grâce à la contribution de la communauté internationale. Il s’est dit persuadé que le développement social doit être mieux réalisé grâce au recours de la coopération internationale. En outre, il a souligné l’importance du NEPAD comme initiative vitale en matière de coopération internationale pour permettre à l’Afrique d’atteindre les objectifs qu’elle s’est fixé en matière de développement
Le représentant de European Youth Forum a estimé que les jeunes et leurs organisations sont des composantes vitales de la société et que le succès des programmes qui les concernent dépend de leur participation au processus de prise de décisions. Cette dernière doit être encouragée à tous les niveaux pour assurer la cohérence des décisions et des politiques de l’ONU. Les Etats doivent en particulier respecter leurs obligations d’inclure des jeunes dans les délibérations de leurs assemblées. Il faut en outre une coopération plus accrue entre les structures gouvernementales et les organisations de jeunes. D’autres formes de participation des jeunes sont possibles, telles que des réunions de consultation entre l’ONU et les organisations de jeunes afin de faciliter la mise en œuvre des politiques de l’ONU en leur faveur. De même, il faut inclure les jeunes au sein des organisations locales, nationales et régionales. Les jeunes sont d’ailleurs prêts à créer des canaux mondiaux aux fins de participation.
Le représentant du Conseil international de l’alcoolisme et de la toxicomanie (ICCA), qui a présenté cet organisme comme un réseau d’organisations orientées vers la famille, a rappelé que la famille existe dans toutes les sociétés. Elle constitue une institution essentielle, une condition préalable au développement des enfants et de la jeunesse. Véritable structure économique, elle assure l’interaction avec le système économique et social. Le fait de ne pas tenir compte de la famille dans la coopération internationale et nationale contribuerait à faire l’impasse sur de nombreux acteurs du développement social. C’est pourquoi, il a formé le vœu que la communauté internationale accorde l’attention qu’elle mérite à la protection et aux besoins de la famille. En outre, il a indiqué qu’une étude est également en cours, sous la présidence du Comité de la famille de Vienne sur plusieurs continents et de manière simultanée, avec la collaboration d’organisations orientées vers la famille, et ce dans le cadre de la célébration du dixième anniversaire de l’Année internationale de la Famille.
Le représentant de la Confédération internationale du travail a regretté que la Commission du développement social ne traite pas de la question de l’économie souterraine et n’envisage pas la question de l’inutilité des programmes sociaux dans un contexte où les individus n’ont aucune perspective d’emploi. De même, comment est-il possible d’assurer la viabilité des politiques sociales sans traiter le problème des migrations des travailleurs? Pourquoi la Banque mondiale doit-elle mettre en place une nouvelle stratégie sociale alors que la Commission sociale en a déjà beaucoup fait dans ce domaine? En outre, nous reconnaissons l’importance d’un rôle actif de l’Etat mais, dans beaucoup de pays, ce dernier n’a pas de maîtrise du développement social et doit souvent travailler dans le cadre du fondamentalisme des marchés. Il faut donc envisager des stratégies de rechange sinon, nous donnons une légitimité aux programmes d’ajustement structurel.
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