SOC/4603

LA RESPONSABILITE ESSENTIELLE DES GOUVERNEMENTS NE DIMINUE EN RIEN LE ROLE CRUCIAL DE LA COOPERATION INTERNATIONALE EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT SOCIAL

12/02/03
Communiqué de presse
SOC/4603


Commission du développement social                          SOC/4603

4e séance – matin                                           12 février 2003


LA RESPONSABILITE ESSENTIELLE DES GOUVERNEMENTS NE DIMINUE EN RIEN LE ROLE CRUCIAL DE LA COOPERATION INTERNATIONALE EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT SOCIAL


Des délégations soulignent le rôle primordial

de la famille comme le moteur de la cohésion et de la solidarité sociale


«Nous sommes les premiers à reconnaître la responsabilité essentielle des gouvernements dans la mise en oeuvre des politiques en matière de développement social.  En même temps nous réitérons l’importance décisive que revêt le renforcement de la coopération internationale en vue de la réalisation des objectifs dans ce domaine», a déclaré le représentant du Maroc, intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, traduisant ainsi la position d’ensemble des délégations qui sont intervenues ce matin, dans le cadre du débat général de la Commission du développement social, portant cette année sur le thème de la Coopération nationale et internationale au service du développement social.  A son tour, le représentant de la Grèce, au nom de l’Union européenne, a indiqué que l’expérience des pays européens a montré qu’au-delà des efforts nationaux pour améliorer le développement social, il est nécessaire de renforcer la coopération politique au niveau international.  


Illustrant ces débats, la représentante du Bangladesh a exhorté les pays développés à aider ceux en développement à renforcer leurs capacités pour leur permettre d’assurer la protection sociale de leurs populations, alors que la représentante d’El Salvador, où le taux de pauvreté a baissé de 28% en une décennie, a rappelé que seule la coopération internationale a permis à son pays de reconstruire et d’entretenir des structures sociales ayant subi l’impact de deux tremblements de terre.  De son côté, le représentant de l’Afrique du Sud a affirmé que les ressources nécessaires existent pour nous permettre d’atteindre les objectifs mondiaux en matière de développement social. 


Au cours de ces débats qui ont porté sur l’importance de la coopération internationale et de la cohérence entre les politiques nationales et internationales, de la coopération entre le secteur public, la société civile et le secteur privé, de la responsabilité sociale des entreprises, des liens entre la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales avec le développement social et de l’incidence des stratégies de l’emploi sur le développement social, plusieurs pays en développement ou en transition ont souligné le rôle vital de la famille, comme le moteur de la cohésion et de la solidarité sociale et le lien privilégié entre les groupes les plus vulnérables comme les femmes, les enfants, les personnes âgées ou handicapées. 


Dans ce contexte, la représentante du Mexique a suggéré que les manifestations du 10ème anniversaire de l’Année internationale de la Famille en 2004 soient l’occasion de la promulgation d’une déclaration sur les droits de la famille.  S’agissant plus particulièrement des personnes âgées, la représentante de la Fédération de Russie a fait siennes les propositions du Secrétaire général sur l’organisation du suivi des conclusions du Sommet de Madrid, dans le but de permettre aux personnes âgées de participer pleinement aux objectifs du développement social.  S’agissant tout particulièrement des personnes handicapées, elle a proposé que l’on définisse clairement la notion d’invalidité avant de rédiger une convention internationale sur ce thème.


En ce qui concerne la question de responsabilité sociale des entreprises, les représentants de la Grèce, au nom de l’Union européenne, de la France et de la Suisse ont souligné la nécessité de renforcer cette notion, en s’appuyant sur les travaux de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Ils ont exhorté les Nations Unies à encourager le secteur privé à adhérer aux valeurs défendues par les Etats, et ces derniers à vérifier leur application par les entreprises. 


Outre les délégations citées sont également intervenus les représentants de la Chine, de la République de Corée, du Japon, de l’Iran, de la Lituanie, de l’Espagne de l’Argentine et de la Jamaïque.


La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain matin, jeudi 13 février à 10 heures


COOPÉRATION NATIONALE ET INTERNATIONALE AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT


Débat général


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc), a souligné que la coopération internationale s’avère plus nécessaire que jamais pour remédier aux effets négatifs de la mondialisation.  Il a rappelé que lors du Sommet mondial de Copenhague en 1995, les participants ont souligné l’impérieuse nécessité de renforcer la solidarité internationale en faveur des pays en développement, en particulier les pays d’Afrique et les pays les moins avancés.  Nous sommes les premiers, a-t-il souligné, à reconnaître la responsabilité essentielle des Gouvernements dans la mise en oeuvre des politiques en matière de développement social et que toute stratégie dans ce domaine doit être appliquée de façon réaliste et transparente.  En même temps nous réitérons l’importance décisive que revêt le renforcement de la coopération internationale en vue de la réalisation des objectifs du développement social.  Ce renforcement passe nécessairement par une aide accrue non conditionnelle et conséquente de la communauté internationale en faveur des pays en développement en vue de la réalisation du développement social en général et de l’élimination de la pauvreté en particulier.  Cette coopération requiert également un appui financier et technique plus significatif en terme d’échanges de données d’expérience et de pratiques, notamment dans le souci d’améliorer les capacités nationales des pays bénéficiaires.


M. Loulichki a invité l’Organisation des Nations Unies à développer son travail de collecte et d’analyse afin d’enrichir la réflexion collective des gouvernements et des différents partenaires nationaux et internationaux concernés par l’échange d’expérience en matière de développement social.  Il a également invité la société civile et le secteur privé à assumer leur responsabilité spécifique en vue de l’établissement de partenariats inventifs axés sur la réalisation des objectifs du développement social, en formant le voeu que leurs efforts soient appuyés par un soutien financier conséquent.  A cet égard, il a évoqué également la responsabilité sociale du secteur privé et notamment des sociétés internationales.  Il a rappelé que lors du Sommet de Copenhague, les Chefs d’Etat et de gouvernement se sont engagés à faire de la création d’emplois, de la réduction du chômage et de la multiplication d’emplois convenablement rémunérés, les éléments essentiels des stratégies et des politiques gouvernementales.  A cette fin, le représentant a proposé que soit inclus dans les stratégies nationales d’emploi les éléments suivants: l’éradication de la pauvreté comme objectif primordial, la mise en place de secteurs éducatifs adaptés et efficaces, la promotion et la vulgarisation de l’utilisation de nouvelles technologies, l’élimination de toutes les formes de discrimination dans l’accès à l’emploi, la création de systèmes de protection sociale et l’établissement de partenariats fructueux avec la société civile et le secteur privé.  Concluant que les institutions internationales disposent désormais des outils adéquats, il a déclaré qu’il est du devoir à présent de l’ensemble de la communauté internationale d’assumer ses responsabilités afin de mettre en oeuvre les décisions adoptées pour réaliser le développement social pour le bien-être des générations présentes et futures.  


M. ADAMANTIOS VASSILAKIS (Grèce), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a indiqué que l’expérience des pays membres de l’Union européenne a montré qu’au-delà des efforts nationaux entrepris pour améliorer le développement social, il est nécessaire de renforcer la coopération politique au niveau international.  Un des résultats de cette coopération a montré que les systèmes modernes de protection sociale, loin de représenter un fardeau économique, contribuent grandement au développement économique.  Même si le domaine de la protection sociale, en tant qu’élément du développement social durable, est une question qui relève de la  souveraineté de chaque Etat, on a pu constater que la coopération européenne renforce les performances nationales par l’identification des défis à relever, la définition des objectifs et des indices, l’apprentissage mutuel et l’échange d’expériences. 


Un des aspects les plus importants du partenariat pour le développement social est la coopération entre le secteur public, les partenaires sociaux et la société civile, y compris les organisations non gouvernementales, les milieux universitaires et les médias.  Il est important de construire les liens «verticaux» entre les mesures prises au niveau international et celles prises aux niveaux national et local.  Il faut en parallèle créer un lien «horizontal» entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé.  De même, l’Organisation internationale du travail doit jouer un rôle fondamental de promotion d’une approche commune pour le développement social et la définition de partenariats pertinents au niveau international. 


L’Union européenne s’efforce de promouvoir et d’encourager, au sein de la Commission pour le développement social et d’autres instances multilatérales, la responsabilité et la sensibilisation sociale des entreprises qui passe par le respect, entre autres, des droits des travailleurs et des pratiques équitables ainsi que par la possibilité d’apprendre tout au long de sa vie.  L’Union européenne est également convaincue que l’ONU doit continuer de jouer un rôle important pour encourager la responsabilité sociale des entreprises au niveau mondial. Nous estimons en outre que les politiques d’emploi de l’Union européenne sont d’une importance cruciale pour le développement social et nous nous félicitons des résultats accomplis en dépit de la faible croissance économique de ces dernières années.  Le nombre d’emplois continue de croître et nous nous sommes fixé pour objectif de faire chuter le chômage à 4% d’ici 2010 et de promouvoir l’emploi des femmes.  Nous nous félicitons enfin de la coopération accrue entre les institutions financières internationales et les Nations Unies, laquelle doit permettre de renforcer un développement durable social et de promouvoir les stratégies de réduction de la pauvreté. 


Mme ANA TERESA ARANDA OROZCO (Mexique) a souligné l’importance de l’unité familiale et son rôle déterminant en tant que moteur de la cohésion et de la solidarité sociale.  Plusieurs politiques ont été mises en place au Mexique pour contrecarrer les faiblesses de la famille, et notamment répondre aux besoins spécifiques des groupes les plus vulnérables comme les femmes, les jeunes et les handicapés. Elle s’est félicitée de la tenue l’année dernière du Sommet mondial pour l’enfance, qui a permis à la communauté internationale de progresser sur la voie devant permettre aux enfants de s’épanouir dans un environnement sain et sûr.  En renforçant le noyau familial, nous arriverons à créer de meilleures conditions de vie pour notre population, car seule une famille qui saura donner de l’amour à ses éléments les plus vulnérables, nous permettra de répondre  aux défis de la société de demain.  Nous avons fait un effort de diagnostic de la famille afin d’en faire l’axe privilégié de toutes les politiques sociales du Gouvernement, car nous sommes persuadés que le renforcement de la famille est le meilleur moyen de lutter contre la dégradation sociale.  C’est pourquoi nous invitons la communauté internationale à accorder un intérêt particulier au thème de la famille dans le cadre des festivités du dixième anniversaire de l’Année internationale de la Famille en 2004, et nous souhaitons qu’elle soit l’occasion de promulguer une déclaration universelle des droits de la famille


M. ZHANG YISHAN (Chine) a tout d’abord affirmé que la paix et le développement se renforcent mutuellement.  Citant les paroles du Ministre des affaires étrangères chinois, prononcées lors de la dernière session du Conseil de sécurité sur le contre-terrorisme, il a rappelé que le manque de développement est souvent à l’origine du terrorisme, des conflits régionaux ou des crimes transnationaux.


Le représentant s’est prononcé pour la mise en place de mécanisme de coopération aux fins de développement entre gouvernements, institutions internationales, entreprises et acteurs de la société civile.  Tous ces acteurs, a-t-il insisté, doivent apporter leur contribution aux efforts de mise en oeuvre des Objectifs du Millénaire en matière de développement.  Il a lancé un appel aux pays développés, leur demandant de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement.  Il a aussi insisté sur l’importance du plein emploi que la Chine considère comme un des objectifs principaux du développement social.  Enfin la Chine est d’avis que le renforcement de la coopération internationale peut jouer un rôle positif pour parvenir au développement social et à la réalisation des Objectifs du Millénaire.


La Chine a accompli de grands progrès sociaux, a poursuivi le représentant.  A la fin du siècle dernier, sa population de 1,3 milliard de personnes était parvenue à un niveau de vie décent.  Le 16e Congrès du Parti communiste qui s’est tenu récemment, a avancé de nouvelles stratégies en matière de développement social.  La chine s’est engagée à progressivement combler le fossé entre les secteurs agricole et industriel, entre les zones rurales et urbaines et entre les différentes régions, à améliorer la démocratie et son système juridique ainsi qu’à mettre en place un système d’éducation moderne et à promouvoir l’harmonie entre l’homme et la nature.


Mme SAMINA NAZ (Bangladesh) s’est félicitée que depuis Copenhague en 1995 on reconnaisse de plus en plus la nécessité de faire du développement social une priorité du développement économique et que la 24ème session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au développement social ait été l’occasion de renforcer ce consensus, pour assurer de meilleures conditions de vie dans un souci de respect de la dignité humaine pour tous.  Elle a souligné l’influence déterminante des institutions financières internationales sur les stratégies de développement. Il faut, a-t-elle ajouté, continuer à renforcer les capacités des États en développement pour leur permettre d’assurer une protection sociale à leurs populations.  Il faut également renforcer les effets négatifs des grandes perturbations financières internationales.  Mais pour se faire les pays en développement ont  besoin de ressources et de capacités.  Cela passe par la protection des ressources de ces pays et la mise en place d’un régime commercial plus juste.  Les pays en développement ne pourront répondre à leurs objectifs de développement social sans l’aide de la communauté internationale et l’implication de la société civile.  Dans ce contexte, la bonne gouvernance et la pluralité sont indispensable.  La représentante a également évoqué les manifestions du dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille qui débuteront en décembre 2003 et qui, selon elle, offrent l’occasion d’accorder à ce thème tout l’intérêt qu’il mérite.  Dans le même ordre d’idées, elle a exhorté la communauté internationale à renforcer ses programmes sur le vieillissement et la protection des handicapés et tous les groupes sociaux les plus vulnérables.  º


M. KANG ION KOO (République de Corée) a estimé qu’il est de la responsabilité des gouvernements de répondre aux besoins de toutes les couches de la société dans un environnement social et économique qui change rapidement.  Fin 1997, alors que le pays traversait une crise financière grave, le gouvernement a lancé le concept du «bien-être productif» et a mis en oeuvre un régime de revenu de base garanti ainsi qu’un système d’assurance social universel.  A la lumière de cette expérience, nous sommes convaincus que des déséquilibres macroéconomiques temporaires ne remettent pas nécessairement en cause le financement du développement social.  Le Gouvernement s’efforce en outre d’améliorer la qualité et la quantité des services sociaux et de mettre en valeur les potentiels des groupes défavorisés.  A cet égard, une réglementation a été mise au point pour renforcer les capacités des institutions sociales.  Une collaboration accrue avec le secteur privé a également été encouragée afin de renforcer les fondements juridiques et structurels des filets de sécurité sociaux.  Enfin, nous avons appuyé la participation des organisations non gouvernementales à la formulation des politiques sociales.


M. AKIKO TEJIMA (Japon) a appuyé la recommandation selon laquelle il faudrait envisager l’adoption, plutôt que d’un programme de travail pluriannuel, d’un thème prioritaire autour duquel les travaux de la Commission s’articuleraient pendant deux ans.  A cet égard, nous estimons nécessaire de définir des thèmes davantage orientés vers l’action au détriment de la définition d’idées abstraites et générales, a poursuivi le représentant  Même si la délégation du Japon considère intéressante la proposition de déplacer des points à l’ordre du jour de la Troisième Commission vers l’ordre du jour de la Deuxième Commission afin d’intégrer les politiques économiques et sociales, nous proposons de placer les questions sociales à l’ordre du jour des réunions plénières de l’Assemblée générale, où elles pourraient être discutées de façon plus globale.  De même, nous estimons qu’au lieu de passer beaucoup de temps et de perdre de l’énergie à discuter des documents approuvés les uns après les autres, il serait préférable de se concentrer sur l’examen du niveau d’application des recommandations des Sommets à travers l’évaluation des Etats Membres et des organisations des Nations Unies. 


Le Japon attache une grande importance à la question des personnes handicapées et au vieillissement de la population, a affirmé le représentant.  C’est pourquoi, nous estimons qu’il est indispensable de renforcer les données et les informations sur les handicaps au sein du Département des affaires économiques et sociales.  A cet égard, nous proposons que chaque institution pertinente des Nations Unies assume la responsabilité de faire en sorte que la question des personnes handicapées soit prise en considération lorsqu’il s’agit de définir et de mettre en œuvre des politiques.  Nous estimons également que le DESA devrait organiser des réunions avec ces institutions et organismes afin qu’ils promeuvent effectivement les politiques en faveur de cette catégorie de la population.  Enfin, le Japon appuie l’idée de réviser le Plan d’action de Madrid sur le vieillissement tous les quatre ou cinq ans et souhaite que l’ONU offre la possibilité aux Etats Membres de partager leur expérience en la matière. 


Mme ANA HAZEL ESCRICH (El Salvador) a expliqué que son pays a consacré tous ses efforts pour reconstruire la fibre sociale.  Elle a indiqué que les efforts d’El Salvador visant à promouvoir le développement social ont contribué à faire baisser la pauvreté de 28% en une décennie.  Elle a évoqué les deux tremblements de terre majeurs dépassant le niveau 7 sur l’échelle de Richter qu’a subis son pays et qui ont entraîné des pertes irréparables, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer sur les investissements sociaux.  A cet égard, elle a souligné le rôle déterminant qu’a joué la coopération internationale pour la reconstruction et l’entretien des structures sociales endommagées.  A ce jour, les institutions internationales ont indiqué qu’El Salvador avancerait de manière satisfaisante vers la réalisation des Objectifs de Copenhague et du Sommet du Millénaire, s’il maintient le rythme des politiques et mesures appliquées.  Elle s’est également dite convaincue que la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales de tous est liée au développement.  En matière de coopération internationale, régionale et nationale elle a regretté la tendance d’amenuisement des ressources telles que l’aide publique au développement.  C’est pourquoi elle a invité la communauté internationale à engager une réflexion sur de nouveaux critères et indicateurs en faveur de l’aide au développement.  En conclusion elle a déclaré que son pays continuera à travailler à atteindre les objectifs du Programme de Copenhague et ce en favorisant la meilleure collaboration entre l’administration publique, la société civile et le secteur privé.


M. NASROLLAH KAZEMI KAMYAB (Iran) a estimé qu’on ne saurait obtenir de développement social durable en l’absence d’un environnement économique international favorable.  C’est pourquoi, tous les pays doivent pouvoir profiter du flux des ressources afin de s’avancer sur la voie de la prospérité économique.  Face aux problèmes des pays en développement dont les économies sont tributaires de l’exportation d’un seul produit, il faut prendre des mesures aux niveaux national et international et accroître l’aide publique au développement.  De même, l’accès des produits des pays en développement aux marchés des pays développés et l’accès à la prise de décisions dans les discussions commerciales internationales revêtent la plus grande importance.  Cependant, il faut souligner que les problèmes sont différents d’un pays à l’autre.  C’est pourquoi il faut élaborer une gamme de solutions et non pas seulement une seule ordonnance pour toutes les situations.  Le secteur privé doit quant à lui participer davantage au développement social de façon responsable afin de contribuer à l’élimination de la pauvreté, au plein emploi et à l’intégration sociale.  L’association et le partenariat internationaux sont des facteurs propices à la promotion du développement social mais n’en sont pas le principal véhicule car il ne peut y voir un substitut aux engagements des gouvernements. 


Le rapport mondial sur la jeunesse indique la gravité des problèmes des pays en développement dont la population représente 85% des jeunes du monde.  Il faut donc attacher une importance particulière aux problèmes de ces pays et la communauté internationale doit réfléchir aux causes de l’insuffisance de progrès en la matière.  Nous appuyons en outre toutes les propositions du Secrétaire général sur le dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille.  Le Programme d’action concernant les personnes handicapées revêt une importance considérable et il faut élaborer un document qui enveloppe tous les aspects qui intéressent ces personnes.  Pour ce qui est de la population vieillissante, il faut assurer un suivi intégré et coordonné de Plan d’action de Madrid.  La Commission devrait à cet égard renvoyer sa discussion après l’obtention des conclusions du groupe de travail spécial sur la question.


Mme KARELOVA (Fédération de Russie) a souligné toute l’importance de l’intégration de la coopération nationale et internationale dans l’intérêt de toute stratégie socioéconomique.  La Russie poursuit ses préparatifs et efforts pour entrer dans l’Organisation mondiale du commerce et ratifier la Charte mondiale sociale.  Elle a souligné les efforts du secteur privé russe qui apporte ses moyens pour résoudre certains problèmes sociaux des salariés.  Depuis 1991, l’un des programmes de coopération technique le plus important du monde a été développé en Russie grâce au soutien de l’Union européenne.  La représentante s’est félicitée des grands rendez-vous de Monterrey et de Johannesburg en 2002 qui ont permis de déterminer les paramètres principaux pour la coopération internationale en direction de la promotion du développement social.  Elle a formé le voeu que la Commission du développement social s’affirme comme le forum de coordination des travaux en matière de protection des handicapés, de la famille, des femmes et des enfants.  Elle a fait siennes les propositions du Secrétaire général sur l’organisation du suivi des conclusions du Sommet de Madrid, conclusions qu’elle a qualifiées de bien équilibrées et réalistes, dans le but de permettre aux personnes âgées de participer pleinement à la réalisation des objectifs du développement social.  Dans le même ordre d’idées, elle a salué la portée de la Conférence ministérielle de Berlin sur le vieillissement qui s’est tenue en septembre 2002.  En ce qui concerne tout particulièrement la question des handicapés, elle a formé le voeu que l’on fasse l’effort de définir ce que l’on entend exactement par invalidité afin de pouvoir avancer dans la rédaction d’une future convention internationale. 


M. VILLEY (France) a estimé qu’il est essentiel aujourd’hui de renforcer la coopération entre les Etats, des pays riches et des autres pays, et le secteur privé, pour renforcer le processus de développement de la responsabilité sociale des entreprises et le rendre plus efficace.  Pour ce faire, il faut d’abord assurer l’application effective des huit conventions fondamentales visées par la Déclaration de l’OIT de 1998 relative aux principes et droits fondamentaux du travail; élargir les rangs des entreprises et des autres acteurs de la société civile adhérents au Pacte mondial (Global Compact), créé en 2000 à l’initiative du Secrétaire général des Nations Unies, pour développer les bonnes pratiques en matière de respect des droits de l’homme, des droits sociaux et de l’environnement; faire adhérer de nouveaux Etats aux principes directeurs de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à l’intention des entreprises multinationales, faire vivre par les Etats et les partenaires sociaux dans tous les pays la Déclaration de principes tripartite sur les entreprises multinationales et la politique sociale, adoptée en 1977 et révisée en 2000; encourager les initiatives régionales, comme celle du Forum européen sur la responsabilité sociale des entreprises.  Ces instruments doivent être entendus et reconnus le plus largement possible, a insisté le représentant, ajoutant que bien évidemment les initiatives privées des entreprises pour respecter et appliquer les dispositifs dans des pays où l’Etat et les partenaires sociaux locaux ne les ont pas encore reconnus, sont bienvenus.


En second lieu, il faut mettre l’accent aujourd’hui sur la mise en œuvre et sur la qualité de l’application des dispositifs existants, a-t-il poursuivi, notamment en développant la sensibilisation et la formation des chefs d’entreprise, des syndicalistes et des experts à l’application effective des normes sociales sur le terrain et en dégageant des consensus et en engageant des initiatives concrètes sur le terrain de la notation sociale et des labels et en favorisant la professionnalisation des intervenants dans le secteur du conseil et de l’expertise concernant la responsabilité sociale des entreprises.


Mme BUDRAUSKAITE (Lituanie) a indiqué que le Gouvernement de son pays a mis en œuvre un large éventail de mesures législatives incitatives afin de promouvoir la création d’emplois.  L’objectif de ces politiques est de fournir aux communautés locales la possibilité de participer aux activités économiques et de répondre à leurs problèmes socioéconomiques.  D’autres objectifs visent à diminuer l’impact des changements structurels sur les catégories vulnérables de la population telles que les chômeurs, les jeunes ou encore les femmes.  Le Gouvernement attache également une grande importance à la stabilité macroéconomique ainsi qu’à la prévention du chômage, seul moyen de lutter contre la pauvreté.  A cet égard, nous sommes convaincus de la nécessité d’encourager la création d’emplois et avons mis en place un système d’incitation à la création d’entreprises.  Une attention particulière doit également être portée au développement des capacités humaines, à la possibilité de se former tout au long de la vie et au développement des capacités d’emploi des groupes marginalisés.  De même, il faut renforcer la possibilité de s’adapter aux changements et de rendre le marché du travail non discriminatoire.  Enfin, nous estimons qu’il est indispensable de prendre des mesures permettant d’améliorer la coordination des décisions et des actions politiques concernant l’emploi.


M. ANTONIO LIS DARDER, Directeur général de l’Institut pour les migrations et les services sociaux de l’Espagne, a associé sa délégation à la déclaration faite par la Grèce au nom de l’Union européenne, et a déclaré que l’Espagne a estimé, en tant que pays hôte de l’Assemblée mondiale sur le vieillissement, que son rôle était aussi de promouvoir les résultats de cette rencontre et d’attirer l’attention des Etats et des institutions internationales sur le vieillissement et ses implications.  C’est pourquoi, dans la droite ligne de cette logique, l’Espagne continuera de s’impliquer dans le processus de suivi des activités liées au Plan d’action de Madrid.  Comme l’a déclaré le Ministre du travail et des affaires sociales de notre pays, M. Zaplan, lors de la Conférence ministérielle de Berlin, qui traitait de la mise en oeuvre du Plan d’action au niveau européen au mois de septembre dernier: “l’Espagne compte continuer à déployer des efforts de soutien à ce processus, en lui donnant une impulsion et en incitant au débat sur la question du vieillissement. Nous partagerons nos propositions et nos suggestions et encouragerons des alliances stratégiques et la création d’un cadre de coopération entre le secteur public et le secteur privé, ce qui sera un outil nécessaire si nous voulons sérieusement relever le défi du vieillissement”.  Notre pays poursuivra sa collaboration avec le Secrétariat des Nations Unies, et l’Espagne va soutenir financièrement la convocation d’une réunion technique annuelle au cours des prochaines années, a dit M. Lis Darder.  Cette réunion traitera chaque année d’un sujet pertinent ayant un lien avec la mise en oeuvre pratique du Plan d’action de Madrid.


Concernant la question des personnes handicapées, l’Espagne accueillera du 7 au 8 mai, à Malaga, la Deuxième Conférence ministérielle européenne responsable de l’intégration des politiques visant les personnes handicapées.  Cette Conférence du Conseil européen représente la dernière phase de dix ans d’activités du Conseil dans ce domaine.  La Conférence ministérielle est un suivi de la première rencontre tenue à Paris en 1991.  Son objectif est de contribuer à l’identification de l’agenda européen sur les handicaps au cours de la prochaine décennie.


M. DOMINGO CULLEN (Argentine) a rappelé que la dure réalité économique qui frappe le pays depuis quelques années, et en particulier depuis la fin 2001, a incité les institutions de la société civile à intensifier leur engagement dans les activités destinées à venir en aide aux segments les plus vulnérables de la population.  Devant la gravité de la crise, le Gouvernement a concentré ses efforts sur la création des conditions indispensables à la normalisation de la vie nationale, à savoir le rétablissement de la paix sociale, la stabilité macroéconomique et la réinsertion de l’Argentine dans l’économie mondiale.  Si les gouvernements ont une responsabilité importante en matière de développement social, nous estimons que la coopération internationale permet de renforcer l’action nationale.  La participation de la société civile et celle du secteur privé sont aussi des éléments importants.  Le développement social doit être considéré comme un bien public mondial.  A cet égard, l’Argentine a joué un rôle moteur, notamment par le biais du Fonds argentin de coopération horizontale grâce auquel notre pays a apporté une assistance technique au développement économique et social de plus de cinquante pays dans le monde tout au long de onze années de fonctionnement. 


Dans les circonstances actuelles, la coopération internationale revêt pour l’Argentine une importance particulière étant donné l’ampleur des besoins et la faiblesse des ressources.  Une grande partie des programmes sociaux en cours reçoivent en particulier l’appui de la Banque interaméricaine de développement et de la Banque mondiale.  Nous estimons en outre qu’il faut développer les alliances entre le secteur public et la société civile.  En Argentine, la politique sociale est décentralisée, ce qui permet d’optimiser l’utilisation des ressources et de favoriser la participation de tous les acteurs sociaux.  Les principaux programmes sociaux en cours de réalisation concernent les secteurs de l’alimentation, de l’économie solidaire et de l’habitat.  En ce qui concerne la création d’emplois, nous estimons qu’une discipline interne accompagnée d’une élimination des barrières commerciales, doit permettre de générer des activités nationales permettant de réintégrer les personnes les plus vulnérables de la société. 


M. JEAN-JACQUES ELMIGER (Suisse) a déclaré que sa délégation soutenait la fixation des priorités qui sont proposées dans le rapport soumis par le Secrétaire général et les moyens suggérés pour en assurer le financement, qui figurent au paragraphe 21 de ce document.  La mondialisation de l’économie appelle un rôle renforcé de la société civile, mais la fixation des objectifs prioritaires, tels que la lutte contre la pauvreté, la cohérence entre les politiques nationales et internationales, la complémentarité entre politiques sociales et économiques, et la création d’un cadre macroéconomique créateur de croissance et générateur d’emplois, doit demeurer la responsabilité des Etats.  Un effort doit être déployé pour renforcer la responsabilité sociale des entreprises.  Nous devons veiller à ce que les droits fondamentaux et leurs systèmes de contrôle ne perdent pas leur légitimité et leur pertinence. Dans ce contexte, nous estimons que la Commission devrait encourager le secteur privé à faire siennes les valeurs et les obligations acceptées par les Etats.


Il est important que la communauté internationale se fixe des orientations stratégiques.  La responsabilité des Etats et le renforcement de la complémentarité entre coopération nationale et coopération internationale doivent à cet égard être reconnus.  Il faut établir la transparence dans la gestion et le financement du développement social, assurer que la création d’emplois soit un objectif des politiques étatiques et des stratégies du secteur privé, et promouvoir les droits de l’homme et la démocratie.  Nous devons faire du développement social un véritable bien public, et nous devons mettre la lutte contre la pauvreté au centre des stratégies nationales et globales.  Nous devons aussi intégrer nos approches des migrations et des politiques nationales de l’emploi, et promouvoir le dialogue social en vue du consensus entre les partenaires sociaux.


M. FAITH D. INERARITY (Jamaïque) a estimé que la création d’emplois est nécessaire au développement économique et social.  Les taux de chômage très élevés dans les pays en développement représentent un défi important à relever.  Il existe à l’échelle mondiale quelque 150 millions de chômeurs.  Les travailleurs du secteur informel représentent la majorité des pauvres qui travaillent sans protection sociale.  Dans 17 pays, plus de la moitié des travailleurs exercent leur activité dans le secteur informel.  En Jamaïque en particulier, 53% de la main d’oeuvre est employée dans le secteur informel.  Au niveau national, les partenaires sociaux, les employeurs et les syndicats doivent pleinement participer au processus du développement social. 


Cependant, les stratégies pour créer des emplois dépassent les frontières nationales.  En effet, l’économie interne des pays en développement est profondément marquée par leur dépendance à l’égard du commerce international.  C’est pourquoi nous lançons un appel à la coopération internationale contre la volatilité des marchés financiers.  Il faut également traiter au niveau international de questions issues de la migration de la main d’oeuvre.  Un consensus est nécessaire entre les pays d’origine et les pays d’accueil, notamment en termes de droits sociaux et de conditions de vie et de travail.  A cet égard, le dialogue social est essentiel dans la mesure où il constitue un ingrédient nécessaire pour la réalisation des objectifs du développement social. 


M. DUMISANI SHADRACK KUMALO (Afrique du Sud) s’est félicité de l’importante décision prise lors du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg d’établir un fonds de solidarité mondiale de lutte contre la pauvreté.  Il a précisé que l’Union africaine a des objectifs de développement durable dans le cadre du NEPAD et qu’elle a été encouragée par le soutien manifesté par la communauté internationale, les Nations Unies et ses organismes.  Alors que nous avançons dans ce partenariat nous sommes conscients des responsabilités qui nous incombent pour améliorer nos performances et progresser vers la création d’un milieu propice au développement.  A cet égard, il a défini la bonne gouvernance comme une étape indispensable pour permettre à la société civile et au secteur privé de coopérer dans l’objectif d’un monde meilleur et de la réalisation des objectifs du développement social en particulier la lutte contre la pauvreté.  Il a regretté que de nombreuses communautés des pays en développement n’aient toujours pas accès aux biens fondamentaux comme l’eau ou l’électricité.  Citant l’exemple de son pays, il a souligné la contribution importante du secteur privé pour la promotion du développement social.  L’Afrique est résolue à éliminer la pauvreté, mais pour y parvenir, il faut que nous parvenions à réduire le fossé en matière de capacités et de technologies.  Il a conclu en affirmant que les ressources nécessaires à cet effet existent.


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