SG/SM/9065-L/T/4376-SOC/CP/274

LE SECRETAIRE GENERAL DEMANDE INSTAMMENT LA PLEINE APPLICATION DE LA CONVENTION DE MERIDA, CONSIDEREE COMME UNE GRANDE VICTOIRE DANS LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION

15/12/2003
Communiqué de presse
SG/SM/9065
L/T/4376
SOC/CP/274


LE SECRETAIRE GENERAL DEMANDE INSTAMMENT LA PLEINE APPLICATION DE LA CONVENTION DE MERIDA, CONSIDEREE COMME UNE GRANDE VICTOIRE DANS LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION


On trouvera ci-après le texte du message que le Secrétaire général, Kofi Annan, a adressé à la Conférence de personnalités politiques de haut rang pour la signature de la Convention des Nations Unies contre la corruption qui s’est ouverte le 9 décembre à Mérida (Mexique), et dont le Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques et Conseiller juridique de l’ONU, Hans Corell, a donné lecture.


La corruption est un mal insidieux qui appauvrit de nombreux pays et nous touche tous. La signature de la Convention est une grande victoire dans la lutte que nous menons contre ce fléau. Chaque année, désormais, le 9 décembre, on célébrera la Journée des Nations Unies contre la corruption.


Nous avons parcouru beaucoup de chemin. Jusqu’au début des années 90, il était rarement question de la corruption dans les cercles officiels, bien que personne n’en ignorât l’existence. Il a fallu que beaucoup de gens fassent un travail d’information de longue haleine pour que l’on prenne conscience de ses effets corrosifs sur la société et que la communauté internationale se mobilise afin de la combattre.


Il est maintenant largement admis que la corruption compromet les résultats économiques, affaiblit les institutions démocratiques et l’état de droit, fragilise le tissu social et sape la confiance du public, favorisant ainsi la criminalité organisée, le terrorisme et les autres menaces à la sécurité.


Aucun pays – qu’il soit riche ou pauvre – n’est immunisé contre un tel mal, qui touche aussi bien le secteur public que le secteur privé et dont l’intérêt public est systématiquement la victime.


Mais la corruption touche les pauvres des pays en développement de manière disproportionnée. Elle les atteint de très nombreuses manières dans leur vie quotidienne, notamment en contribuant à les appauvrir davantage et en les empêchant de bénéficier des ressources économiques et des secours auxquels ils ont droit.


La corruption fait que les services publics indispensables sont hors d’atteinte pour ceux qui n’ont pas les moyens de verser des pots-de-vin. En détournant les maigres ressources destinées au développement, elle rend encore plus difficile de répondre aux besoins essentiels en matière d’alimentation, de santé et d’éducation. Elle expose les différents groupes sociaux à la discrimination, renforce les inégalités et les injustices, décourage les investissements étrangers et l’aide internationale et entrave la croissance. C’est donc un obstacle majeur à la stabilité politique et à un développement économique et social réussi.


Notre seul espoir de lever cet obstacle est de faire prévaloir l’état de droit. Permettez-moi, à cet égard, de féliciter les nombreux gouvernements qui ont déjà adopté des lois contre la corruption, lesquelles, bien entendu, ne rendent pas la nouvelle convention moins importante. Les criminels n’ont pas perdu de temps pour saisir l’occasion qu’offrent actuellement la mondialisation de l’économie et les technologies perfectionnées sur lesquelles elle s’appuie. Jusqu’à présent, la lutte que nous menons contre eux était fragmentaire mais désormais, la Convention de Mérida, ainsi d’ailleurs qu’un autre instrument d’importance historique – la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, entrée en vigueur il y a plus de deux mois – nous donnent les moyens d’agir contre la criminalité et la corruption à l’échelle mondiale.


En améliorant la coopération internationale, nous pouvons exercer un contrôle sur les opérations criminelles dans le monde entier. Cela paraîtra évident pourtant, la nouvelle convention n’a pu être conclue qu’à l’issue de négociations très difficiles, qui ont duré deux ans. Je félicite les négociateurs d’être parvenus à mettre au point un instrument équilibré, efficace et pragmatique.


La Convention indique clairement que c’est aux Etats qu’il incombe de lutter contre la corruption et formule un ensemble complet de normes leur permettant de renforcer leurs réglementations et leurs institutions.


Permettez-moi d’en mentionner en particulier les dispositions relatives au recouvrement des avoirs – les premières en leur genre –, qui exigent des Etats Membres qu’ils restituent les avoirs acquis par la corruption aux pays auxquels ils ont été dérobés. C’est là une avancée majeure, qui aidera à régler un problème pressant pour les nombreux pays en développement dont les élites corrompues ont pillé des milliards de dollars qui font maintenant désespérément défaut aux nouveaux gouvernements soucieux de mener à bien une politique de redressement économique et social.


La Convention insiste aussi sur le fait que pour éliminer la corruption, l’appui et la participation de la société civile, notamment du secteur privé, sont essentiels. Je considère particulièrement encourageant qu’elle comporte des mesures visant à promouvoir la transparence et la responsabilisation des milieux d’affaires internationaux.


Le Pacte mondial dont j’ai pris l’initiative peut aider à faire appliquer la nouvelle convention.  Des mesures concrètes de lutte contre la corruption ont déjà été adoptées dans le cadre des nombreuses actions qu’il a suscitées. Un dialogue international sur la transparence et la lutte contre la corruption doit se tenir en janvier à Paris et nous prévoyons d’organiser un sommet des dirigeants qui sont membres du Pacte en juin 2004, à New York. À mesure que nous progresserons, j’espère que nous trouverons des moyens concrets d’inciter les milieux d’affaires et les acteurs de la société civile à se faire les champions de la lutte contre la corruption.


J’aimerai évoquer aussi l’initiative « Intégrité à l’ONU », qui vise à faire de l’intégrité une valeur fondamentale au sein de l’Organisation et à s’assurer que cette dernière met ses préceptes en pratique. Cette initiative trouve son origine dans la volonté qui est la mienne de renforcer la transparence et la responsabilisation à l’intérieur de l’Organisation afin que celle-ci serve plus efficacement les peuples de tous les pays.


Le plus grand défi qui se pose à nous aujourd’hui est de faire en sorte que chacun, partout dans le monde, puisse vivre dans la dignité et à l’abri de la pauvreté, de la faim, de la violence, de l’oppression et de l’injustice. Pour de nombreuses personnes vivant dans une société corrompue, ces libertés ne sont toujours qu’un rêve.


Je demande instamment à tous les Etats de ratifier la Convention au plus tôt pour qu’elle puisse entrer en vigueur sans tarder. Si elle est intégralement appliquée, la Convention aidera à protéger les populations faibles et vulnérables de l’avidité de responsables gouvernementaux corrompus et de profiteurs sans scrupules. Elle peut aussi contribuer à empêcher que, dans un monde en pleine mutation, les pauvres ne deviennent encore plus pauvres. Et en levant un important obstacle au développement, elle peut nous aider à atteindre les objectifs du Millénaire en matière de développement et à améliorer les conditions de vie de millions de personnes dans le monde. Permettez-moi de vous assurer que l’ONU continuera, en collaboration avec les gouvernements et la société civile, à s’acquitter de la tâche qui lui incombe dans cette lutte d’envergure mondiale.


Je remercie le Gouvernement mexicain et la municipalité et la population de Mérida d’avoir accueilli cette très importante manifestation. Je remercie aussi tous les participants à cette conférence qui, par leur présence, montrent clairement que la communauté internationale est résolue à lutter contre la corruption et ne tolérera plus que l’on trahisse la confiance du public.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.