SG/SM/9037

CHAQUE PARTIE NUIT A SA PROPRE CAUSE EN NUISANT A L’AUTRE ET EN ATTENDANT QUE L’AUTRE AGISSE LE PREMIER, DIT KOFI ANNAN AUX PALESTINIENS ET AUX ISRAELIENS

28/11/03
Communiqué de presse
SG/SM/9037


                                                            OBV/397

                                                            PAL/1969


CHAQUE PARTIE NUIT A SA PROPRE CAUSE EN NUISANT A L’AUTRE ET EN ATTENDANT QUE L’AUTRE AGISSE LE PREMIER, DIT KOFI ANNAN AUX PALESTINIENS ET AUX ISRAELIENS


On trouvera ci-après le message du Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le 29 novembre :


Je m’associe à tous ceux qui, dans le monde entier, expriment aujourd’hui leur solidarité la plus profonde avec le peuple palestinien qui continue de souffrir sous l’oppression et n’a toujours pas d’Etat. En me déclarant ainsi solidaire, je ne méconnais pas le sort des Israéliens, qui continuent de vivre dans l’insécurité et la terreur. Les terribles événements des trois dernières années et la situation calamiteuse qui règne aujourd’hui sur le terrain devraient montrer à tous que plus une partie nuit à l’autre plus elle se nuit à elle-même et plus elle met en danger les chances d’un règlement pacifique.


Les actions israéliennes – exécutions extrajudiciaires, emploi d’armes lourdes contre des civils, démolition de maisons, expansion continue des colonies de peuplement et construction d’une barrière dans la profondeur du territoire palestinien – ont renforcé la misère et le sentiment d’impuissance parmi les Palestiniens. Ces agissements ont sapé les efforts visant à atténuer la violence et ont nourri la haine et la colère contre Israël. Ils ont fait reculer le jour où Israël vivra sans crainte à l’intérieur de frontières sûres et reconnues.


D’autre part, les attentats-suicide palestiniens ont tué sans discrimination des civils israéliens innocents dans un déferlement de terrorisme insensé. Ces actes odieux ne sauraient être justifiés et doivent être condamnés sans relâche et sans réserve. Ils ont réduit à néant les efforts visant à favoriser la réconciliation et la confiance entre les deux peuples. Ils ont aussi fait reculer le jour où les Palestiniens vivront dans la paix et la sécurité à l’intérieur de leur propre État.


Les violences des trois dernières années se sont soldées par des milliers de morts. La majorité des victimes ont été des Palestiniens, mais on compte aussi un grand nombre d’Israéliens. Les enfants n’ont pas été épargnés. Pourtant, le conflit entre Palestiniens et Israéliens ne saurait être réglé par les armes. L’unique solution réside dans un processus politique qui aboutisse à un règlement global, juste et durable fondé sur deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues.


De récentes initiatives de la société civile ont mis l’accent sur ce point avec courage et clarté. Je songe en particulier à l’initiative de Genève, dans le cadre de laquelle des Palestiniens et des Israéliens ont négocié et arrêté un plan détaillé en vue de régler globalement le conflit, et à la déclaration de principes d’Ayalon et de Nusseibeh. Ces efforts montrent que les Palestiniens et les Israéliens peuvent agir avec raison et retenue et définir d’un commun accord un cadre qui leur permette de vivre côte à côte dans la paix. Ils ont capté l’imagination des deux peuples et devraient parvenir à convaincre tout le monde qu’un règlement est possible.


Les efforts de la société civile ne remplacent toutefois pas les démarches officielles. Le Gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne ont pris des engagements solennels et doivent s’attacher à les honorer, au lieu d’attendre que l’autre agisse le premier. Il y a eu récemment une période de calme relatif et, selon certaines indications, on pourrait voir bientôt des pas accomplis dans la bonne voie. Le Gouvernement israélien s’est déclaré disposé à s’acquitter des obligations que lui impose la Feuille de route. Au sein de l’Autorité palestinienne, un nouveau cabinet a été mis en place et a déclaré son intention de prendre des mesures pour faire régner l’ordre public, maîtriser la violence et combattre le terrorisme. L’on peut maintenant espérer que les deux Premiers Ministres se rencontreront bientôt et qu’un autre cessez-le-feu sera décrété. Il faut encourager ces petits pas en avant. En même temps, les parties doivent être jugées non pas d’après leurs intentions déclarées mais d’après leurs actes sur le terrain.


La communauté internationale doit être prête à agir elle-même hardiment. Je me félicite que le Conseil de sécurité ait approuvé la Feuille de route du Quatuor dans sa résolution 1515. Ce texte constitue une base solide pour que le Quatuor et les autres membres de la communauté internationale aident les parties à mettre en oeuvre la Feuille de route et à s’acquitter des obligations et des engagements qui y figurent. Comme je l’ai déclaré au Quatuor, je crois que ces efforts devraient être renforcés par une présence internationale sur le terrain.


Entre-temps, une forte mobilisation est nécessaire pour répondre à l’urgence humanitaire et à la débâcle économique que connaît le peuple palestinien. La pauvreté abjecte, le chômage, l’absence de scolarité et le sentiment intense d’impuissance et de désespoir, tels sont les éléments qui font partie de la vie quotidienne des Palestiniens sous occupation. À cela s’ajoutent les lourdes entraves à la circulation des personnes et des marchandises, les blocages et les couvre-feux, les barrages routiers et les postes de contrôle, ainsi que la construction de la barrière de séparation dont je viens de parler à l’Assemblée générale. Les institutions de l’Autorité palestinienne et sa capacité de travailler avec son peuple ont été gravement mises à mal depuis septembre 2000.


La communauté internationale des donateurs doit apporter des contributions généreuses en cette période de graves privations. Pour sa part, le Gouvernement israélien doit permettre aux convois humanitaires et aux missions de secours d’accéder sans entrave à la population civile du territoire palestinien occupé.


Dans ces conditions difficiles, l’Organisation des Nations Unies fournit au peuple palestinien une assistance multiple par l’entremise du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, du Programme alimentaire mondial, du Programme des Nations Unies pour le développement, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance et d’autres organismes. En dépit de sa crise financière, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) continue à jouer un rôle essentiel pour ce qui est de répondre aux besoins vitaux des réfugiés palestiniens. Dans le cadre du Quatuor, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Terje Roed-Larsen, qui est également mon Représentant personnel auprès de l’Organisation de libération de la Palestine et de l’Autorité palestinienne, s’emploie activement avec toutes les parties à appuyer le processus politique et à coordonner l’assistance internationale.


Pour ma part, je m’engage à continuer d’oeuvrer, de concert avec toutes les parties, à un règlement global, juste et durable de la question de Palestine, sur la base des résolutions 242, 338, 1397 et 1515 du Conseil de sécurité et du principe de la terre contre la paix.


Alors que nous exprimons aujourd’hui notre solidarité avec le peuple palestinien, il nous faut aussi réaffirmer notre conviction que la paix est possible, que nous pouvons mettre fin à l’occupation pour les Palestiniens et assurer la sécurité pour les Israéliens. Il nous faut aussi nous rappeler que chaque partie nuit à sa propre cause en nuisant à l’autre et en attendant que l’autre agisse le premier. Enfin, il nous faut prendre la résolution de ne pas abandonner tant que le peuple palestinien n’obtiendra pas ce qui lui appartient de droit : l’exercice de ses droits inaliénables dans un État palestinien souverain et indépendant.


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