SG/SM/9027

LE SECRETAIRE GENERAL APPELLE AU BON SENS POUR RESPECTER LES INTERETS DES MIGRANTS ET DES COMMUNAUTES QUI LES ACCUEILLENT

21/11/03
Communiqué de presse
SG/SM/9027


LE SECRETAIRE GENERAL APPELLE AU BON SENS POUR RESPECTER LES INTERETS DES MIGRANTS ET DES COMMUNAUTES QUI LES ACCUEILLENT


On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Kofi Annan, à l’occasion de la Conférence Emma Lazarus sur les mouvements internationaux d’êtres humains:


On ne pourrait trouver meilleur endroit pour notre conférence sur les mouvements internationaux d’êtres humains que cette grande université, implantée dans une ville qui est le modèle même de la réussite en matière de migrations internationales.


Et vous n’auriez pas pu non plus choisir meilleur nom que celui d’Emma Lazarus, dont les vers inoubliables sont gravés sur le socle de la Statue de la liberté, Mère de tous les exilés.  Au cas où votre mémoire les aurait quand même oubliés, ils sont reproduits dans le programme!


Tandis que le poème immortel d’Emma Lazarus promettait une terre accueillante aux multitudes épuisées et misérables mais menées par l’espoir d’être libres, un autre poète américain, Walt Whitman, évoquait la vitalité trépidante que les migrants apportaient au nouveau monde.  Il appelait New York «la ville du monde» parce que, disait-il, «toutes les races y sont représentées, tous les pays y ont une part».


Comme il avait raison alors, comme il a raison encore de nos jours.  Aujourd’hui, plus d’un New-Yorkais sur trois est né en dehors des Etats-Unis.  La ville peut se vanter de compter 188 communautés nationales différentes – soit trois nations de moins qu’il y a d’Etats Membres à l’ONU – qui, pour 47% d’entre elles, parlent en privé une autre langue que l’anglais.


En d’autres termes, New York est un exemple brillant d’immigration réussie, comme beaucoup d’autres villes dans le monde d’aujourd’hui.  En fait, en 2000, environ 175 millions d’êtres humains, soit 3% de la population mondiale, habitaient en dehors de leur pays d’origine – chiffre sans précédent dans l’histoire.


Sur ces 175 millions de personnes, environ 16 millions sont officiellement des réfugiés, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas choisi de quitter leur pays mais y ont été contraintes.  Il y a aussi un million de demandeurs d’asile, qui se disent réfugiés et dont les déclarations sont en cours de vérification.


Les autres, soit 158 millions de personnes, sont considérées comme des migrants internationaux, c’est-à-dire comme des expatriés de plein gré.


Il faut se féliciter de tant de mobilité et de diversité, mais les migrations soulèvent de nombreux problèmes et amènent à se poser ces quelques questions:


Sommes-nous capables d’absorber cette masse de nouveaux venus?


Ces nouveaux venus vont-ils s’emparer de nos emplois et de nos services sociaux?


Mettent-ils en danger notre sécurité, notre mode de vie, notre identité nationale?


Ces questions sont bien légitimes et il faut y répondre, ce qui n’est pas chose facile.  Si je suis venu ici aujourd’hui, c’est justement pour vous dire que la réponse ne consiste pas à empêcher les migrations, ce qui serait voué à l’échec, et que, selon moi, la réponse consiste à gérer les migrations avec du bon sens et de l’imagination, dans un esprit de solidarité et de coopération.


C’est la seule attitude qui permettra de respecter les intérêts des migrants et ceux des communautés qui les accueillent, et de respecter aussi les droits des uns et des autres.


C’est la seule attitude qui permettra de résoudre effectivement la vaste problématique des migrations, qui touche aux droits de l’homme et à l’avenir économique, à la pénurie de main-d’oeuvre et au chômage, à l’exode des cerveaux et aux compétences acquises ainsi à bon marché, à la xénophobie et à l’intégration, à la crise des réfugiés et à celle des demandeurs d’asile, au respect des lois et au trafic des êtres humains, à la sûreté des personnes et à la sécurité nationale.


Et c’est la seule attitude, si l’on s’y prend comme il faut, qui sera avantageuse pour tous les intéressés, pays de départ, de transit ou d’accueil et migrants eux-mêmes.


De nombreux émigrants ne sont pas littéralement forcés de quitter leur pays; ils le font librement, mais à leur corps défendant.  Ils ne voient dans leur pays aucune chance d’améliorer leur sort, ni même parfois de gagner tout simplement leur vie.  Leur départ est une déchirure pour eux-mêmes et pour leurs proches, mais c’est aussi une perte pour leur pays – pays souvent pauvre qui pourrait tirer parti de leurs talents.  Les migrants ne sont pas des profiteurs en quête d’une vie facile, ce sont des gens courageux qui font de grands sacrifices pour fonder un avenir meilleur pour eux-mêmes ou pour leur famille.


Une fois qu’ils ont quitté leurs foyers, leur vie n’est pas non plus toujours enviable.  Elle est semée d’autant de risques et d’aléas qu’elle est pleine d’espérances et d’horizons ouverts.  Beaucoup deviendront la proie des trafiquants au cours de leur voyage, plus nombreux encore seront ceux qui, une fois arrivés, connaîtront, en guise de bienvenue, l’exploitation, la discrimination et le préjugé. Beaucoup n’auront d’autre choix que des travaux sales, dangereux et difficiles.


Il est certain qu’il faut s’efforcer davantage de créer dans les pays pauvres les conditions propices à l’avancement de chacun.  C’est là une raison de plus de nous attaquer aux objectifs du Millénaire en matière de développement, notamment grâce à la création d’un partenariat mondial pour le développement qui, entre autres avantages, donnera aux pays pauvres une vraie chance d’entrer en concurrence sur le marché mondial.


Mais les migrations elles-mêmes peuvent aussi faire partie intégrante de ce partenariat mondial et contribuer à la solution des problèmes économiques, non seulement dans les pays de départ mais aussi dans les pays d’accueil.


Les premiers, pays d’émigration, bénéficient de l’énorme avantage que sont les envois de fonds de leurs expatriés. Cet argent non seulement est une contribution essentielle à la subsistance des familles, mais encore il donne aux économies nationales le coup de fouet dont elles ont bien besoin.  Rien que l’an dernier, les travailleurs immigrés dans les pays développés ont envoyé au moins 88 milliards de dollars vers leur pays d’origine – soit plus que l’aide publique au développement reçue par ces mêmes pays.  Et le volume de ces transferts continue de croître.


L’émigration fait aussi baisser les tensions qu’engendrent la surpopulation et le chômage et, à terme, donne aux pays de départ une diaspora éduquée qui envoie ou rapporte souvent au pays des produits nouveaux et des compétences, des idées et des connaissances inédites.


En un mot comme en cent, les migrations sont pour les pauvres et les opprimés un moyen de franchir le fossé qui les sépare des riches et des hommes libres, et un moyen aussi de combler ce fossé.


Les seconds, pays d’accueil, y trouvent aussi des avantages.  Après tout, si un pays attire des immigrants, c’est qu’il a besoin de leurs bras.  Les immigrants assurent beaucoup de services dont la population d’accueil est impatiente de disposer mais qu’elle ne peut ou ne veut assurer elle-même, qu’il s’agisse de faire un travail très spécialisé dans la recherche ou les technologies de l’information, d’occuper des emplois moins qualifiés dans l’agriculture, auprès des malades et des personnes âgées, sur les chantiers ou dans les épiceries de quartier ouvertes la nuit, ou encore de garder les enfants et de tenir la maison pendant que les parents poursuivent leur carrière à l’extérieur.


Alors que le taux de natalité de beaucoup de pays développés recule et que leur population vieillit, le travail des immigrés, les impôts qu’ils paient et les dépenses qu’ils font deviennent une nécessité démographique et économique de plus en plus pressante.  Sans eux, les caisses de retraite et les régimes d’assurance maladie risqueraient de s’effondrer.  Si l’immigration ne peut être à elle seule la réponse à tous ces problèmes, il n’existe pas de solution qui ne comprenne aussi l’immigration.


Comme on le voit, les migrations ont un côté demande et un côté offre.  Les migrants sont des êtres humains rationnels qui font un choix économique. Jusqu’à présent, les pays riches ont trouvé trop commode, beaucoup trop commode même, une politique qui leur permettait de bénéficier de la main-d’oeuvre immigrée sans reconnaître à celle-ci la dignité et les droits d’un statut officiel.


On ne peut s’en contenter.  Rappelons-nous pour commencer que les immigrés ne sont pas simplement des unités de main-d’oeuvre.  Ce sont des êtres humains. Ils ont des émotions, ils ont des familles et surtout ils ont des droits, les droits de l’homme justement, qui devraient être au coeur même des débats et des politiques dans ce domaine.  Parmi ces droits, il y a le droit à l’unité de la famille; en fait, la source de loin la plus abondante de migrants en Amérique du Nord et en Europe est la réunification des familles.


Plus nous essayons de régler le problème des migrations par la rigueur de contrôles encore plus sévères aux frontières, plus nous sacrifions les droits de l’homme, pendant le trajet, à la frontière et à l’intérieur même des pays d’accueil.


Rares sont les pays, s’il en existe, qui ont effectivement réussi à réduire le flux des migrations en imposant ce type de contrôle.  La loi de l’offre et de la demande est trop puissante.  Alors, les immigrants sont poussés à pénétrer dans le pays de façon clandestine, à y rester après l’expiration de leur visa ou à emprunter la seule et unique voie qui leur reste offerte, celle de la demande d’asile.


L’expérience montre que les contrôles les plus stricts aux frontières ne sont pas nécessairement les plus intelligents.  Elle montre aussi qu’ils peuvent soulever des problèmes nouveaux pour les services de police et qu’ils se traduisent presque immanquablement par des violations des droits de l’homme.


Les violations les plus graves sont le fait des contrebandiers et des trafiquants. La contrebande s’appuie sur la complicité des migrants, en général parce qu’ils ne trouvent pas d’autre solution légale. Le trafic est une forme moderne d’esclavage, qui fait que les migrants sont réduits à obéir et exploités. Ceux qui commencent par collaborer avec des contrebandiers finissent trop souvent aux mains des trafiquants.


De son côté, le mécanisme de l’asile est engorgé par les dossiers douteux, au point que des réfugiés authentiques se trouvent longtemps en détention.  On leur dénie souvent des droits que l’on reconnaît aux accusés et aux criminels condamnés et, lorsqu’ils sont libres, ils sont en butte à la méfiance et à l’hostilité.  A son tour, ce phénomène joue dans les esprits contre l’immigration, même si beaucoup de pays d’accueil ont besoin d’immigrants.


Ceux qui parviennent à entrer ou à rester illégalement dans un pays sont en grand danger d’être exploités.  S’ils tentent de revendiquer leurs droits, on les menace de dénonciation et de renvoi.  Les femmes immigrées et les enfants isolés sont particulièrement exposés aux risques physiques, psychologiques et sexuels, et parfois aussi à l’infection par le VIH/sida.


Loin de moi l’idée que tous ces problèmes seraient réglés d’un coup si on levait toutes les restrictions sur les migrations.  Il est indispensable que les États harmonisent leurs politiques et entretiennent des réseaux de coopération et d’échange d’informations sur les itinéraires et les tendances de la contrebande et du trafic et sur les méthodes de prévention et d’assistance efficaces.


Je ne dis pas non plus qu’on peut attendre d’une société qu’elle renonce à ses propres procédures pour décider des immigrants qu’elle acceptera ou non, et de leur nombre à tel ou tel moment.  Mais je dis que ses décisions doivent être positives aussi bien que négatives.


J’ajouterai qu’ici, aux Etats-Unis, je comprends qu’on veuille s’assurer que ceux qui viennent dans le pays ne mettront pas en danger sa sécurité intérieure, mais qu’il serait tragique qu’un pays fondé sur la diversité se prive de la richesse que lui apporteraient les étudiants, les travailleurs et les familles de certaines régions du monde, ou que soient compromis les droits fondamentaux des immigrants qui y viennent.


Je pense également que les Etats doivent réfléchir très attentivement à la politique d’intégration des immigrants qu’ils acceptent sur leur sol. Comme les immigrés et les sociétés d’accueil ont les uns comme les autres intérêt à ce que cette intégration soit réussie, ils doivent tous contribuer à cette réussite.


Il est tout à fait normal qu’une société attende de ceux qui deviendront éventuellement des citoyens qu’ils partagent certains principes fondamentaux, qu’ils respectent ses lois et qu’ils apprennent à pratiquer couramment sa langue, avec de l’aide le cas échéant.


De leur côté, ces sociétés doivent elles-mêmes se doter de lois et de dispositifs de lutte contre la discrimination conformes aux normes et aux obligations internationales, et prendre des dispositions pour faire mieux apprécier l’intérêt de la diversité culturelle par leurs citoyens et ceux qui résident sur leur sol.


Les lois et les politiques ne sont pas tout, la mobilisation des volontés est également capitale.  Tous les dirigeants nationaux doivent prendre conscience du fait que toute discrimination contre les immigrants est un recul par rapport aux principes d’une société juste consacrés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et les traités qui en découlent et dont les dispositions sont obligatoires.


Beaucoup de personnalités, dans les milieux politiques et universitaires, dans le secteur privé et dans la société civile en général, font preuve de l’ascendant personnel dont on a besoin pour combattre l’opprobre et la xénophobie. Je leur rends hommage pour cette qualité. Mais je ne peux que m’inquiéter du dénigrement dont les immigrants, notamment les demandeurs d’asile, font l’objet dans certains milieux qui espèrent souvent en tirer un bénéfice politique.


Beaucoup de ceux que l’on dénigre ont fui leurs foyers parce qu’ils craignaient pour leur vie. Les Etats ont l’obligation légale de ne pas les renvoyer vers le danger.  Ils sont tenus de mettre en place des procédures équitables pour déterminer la légitimité des demandes d’asile.  Si, par extraordinaire, un demandeur d’asile doit être détenu, certaines conditions minimales doivent être prévues et appliquées, afin que soient respectées sa dignité d’homme et ses droits fondamentaux.


Le régime international de la protection des travailleurs migrants a été mis en place par toute une série de conventions relatives aux droits de l’homme qui s’appliquent soit à une région donnée, soit à une catégorie particulière de travailleurs; il devrait être étendu à toutes les catégories de migrants, qu’ils soient ou non officiellement reconnus, et aux membres de leur famille. Beaucoup d’États ont reconnu que c’était nécessaire.


Une nouvelle étape a été franchie récemment avec l’entrée en vigueur de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, véritable charte des droits des travailleurs migrants et de leur famille dans leur pays d’accueil.


Cette étape était importante, mais elle ne suffit pas.  A ce stade, seuls des Etats d’origine ont ratifié la Convention, ce qui veut dire qu’elle aura peu d’effets tangibles.  J’appelle tous les Etats, et en particulier les Etats d’accueil, à ratifier la Convention, de façon que les droits fondamentaux des travailleurs migrants soient protégés par la loi.


La Convention relative aux travailleurs migrants n’est qu’un exemple des mesures prises pour s’attaquer au problème des migrations au niveau mondial.  Mais malgré ces efforts, il n’y a pas de consensus sur beaucoup de principes et des politiques qui devraient être appliqués en matière de gestion des migrations internationales.


Sur le plan international, nous ne sommes pas bien organisés pour parvenir à ce consensus.


L’ONU joue un rôle important pour faire face à de nombreux aspects des migrations et un rôle moteur pour aider les réfugiés par le biais du Haut Commissariat pour les réfugiés.  L’Organisation internationale du Travail permet aux syndicats de s’exprimer et fixe des normes concernant des pratiques équitables en matière d’emploi, conjointement avec les gouvernements et le secteur privé.  En dehors du système des Nations Unies, l’Organisation internationale pour les migrations facilite la circulation des personnes, à la demande des Etats membres.  Les institutions spécialisées des Nations Unies et l’OIM ont constitué ensemble le Groupe de Genève pour les migrations afin de collaborer plus étroitement à cet égard.


Mais nous n’avons pas encore d’arrangement institutionnel global au niveau international qui pourrait protéger les droits des migrants et promouvoir les intérêts des émigrants, des immigrants et des personnes en transit.  Aucun organisme ne traite à lui seul de tous les aspects de la migration et il n’existe pas de cadre juridique complet pour s’atteler à ce phénomène mondial par nature.


Je ne prétends pas que nous pouvons établir un tel cadre du jour au lendemain.  Mais nous ne devons pas attendre qu’il existe avant d’intensifier les efforts aux niveaux bilatéral et régional.  Il est encourageant de voir les efforts que font certains États – en particulier ceux de l’Union européenne – pour trouver les moyens de coordonner leurs actions et d’harmoniser leurs politiques.


Pourtant, de plus en plus nombreux sont ceux qui arrivent à la conclusion qu’il faut également traiter ce problème au niveau mondial.  Je me félicite tout particulièrement de la décision prise par un groupe réduit d’Etats Membres du Nord et du Sud pour constituer une commission mondiale sur les migrations internationales afin d’approfondir notre compréhension de la question et de formuler des recommandations pour améliorer la coopération internationale.


Cette commission a tout mon soutien et j’espère qu’elle recevra celui des Etats de toutes les régions du monde.  Par-dessus tout, j’espère qu’elle nous aidera à aborder cette question de façon novatrice et dans un esprit de coopération.


A mesure que les travaux de la Commission avancent, il y a beaucoup de questions qu’à mon avis elle devrait poser et que nous devrions, nous aussi, nous poser. Par exemple:


Une plus grande coopération peut-elle être établie entre les pays d’origine et les pays d’accueil?


Les avantages de l’immigration temporaire à court terme et à long terme ont-ils été totalement analysés?


Est-il possible de tirer davantage parti des lois de l’offre et de la demande plutôt que de chercher à les contrer?


Des méthodes financières pour décourager la migration illégale pourraient-elles être plus efficaces et plus humaines que certaines des pratiques actuelles?

Quels sont les meilleurs moyens d’accélérer l’intégration des immigrants dans la société d’accueil?


Est-il possible de faire davantage pour concrétiser le potentiel de la migration comme force de développement?


Les pays en développement peuvent-ils faire davantage pour garder le contact avec leurs émigrants?


Il y a sans doute de nombreuses autres questions tout aussi importantes qui doivent être résolues.


J’estime surtout que nous devons aborder ce problème avec un grand souci d’éthique.  L’équité et le sens de la solidarité d’une société peuvent être mesurés à la façon dont elle traite les faibles et les vulnérables.  Le principe de non-discrimination fait désormais partie intégrante du code moral universel, et c’est sur lui que repose la défense de toutes les autres valeurs universelles. Nous devons y adhérer avec détermination.


C’est à l’empressement des pays riches à accueillir les migrants et à la façon dont ils les traitent que sera mesuré leur attachement à l’égalité entre les individus et à la dignité humaine.


Leur capacité de s’adapter aux changements découlant de la migration sera un indicateur de leur volonté d’accepter les obligations qu’entraîne la mondialisation au même titre que les chances qu’elle offre, et de leur conception d’une citoyenneté mondiale.


Et leur attitude envers la question sera également un critère de conscience qu’ils ont des enseignements et des obligations de l’histoire.


Après tout, de nombreux migrants d’aujourd’hui cherchent à s’installer dans des pays qui, il n’y pas si longtemps, ont conquis et exploité le leur.  Et biens des pays qui attirent désormais les immigrants étaient jusqu’à récemment de grands exportateurs d’émigrants.


Comme d’autres pays, les Etats-Unis appartiennent à une troisième catégorie: c’est une nation construite par les immigrants, un pays où le renouvellement et la régénération constants sont des éléments essentiels du caractère national.  Ce caractère ne doit jamais se perdre.


Et l’avenir prometteur qu’espèrent ceux qui veulent émigrer doit devenir réalité, aujourd’hui plus que jamais.


Comme l’a écrit Emma Lazarus: «Envoyez-les-moi ces sans-abri, ballottés par la tempête, je brandis ma torche près de la porte d’or.»


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.