LE SECRETAIRE GENERAL DETERMINE A AIDER LE PEUPLE IRAQUIEN APRES LA CLOTURE DU PROGRAMME «PETROLE CONTRE NOURRITURE»
Communiqué de presse SG/SM/9023 SC/7931 IK/405 |
LE SECRETAIRE GENERAL DETERMINE A AIDER LE PEUPLE IRAQUIEN APRES LA CLOTURE DU PROGRAMME «PETROLE CONTRE NOURRITURE»
On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Kofi Annan, à l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité marquant la fermeture du Programme «Pétrole contre nourriture» créé par le Conseil de sécurité en avril 1995:
Le Conseil de sécurité se réunit aujourd'hui pour marquer la fin de l’une des tâches les plus importantes, les plus complexes et les plus inhabituelles qui aient jamais été confiées au Secrétariat, le seul programme humanitaire à avoir jamais été entièrement financé par des ressources appartenant à la nation pour laquelle il a été conçu et qu’il devait aider.
Le mandat que le Conseil nous avait confié, c'est-à-dire prendre provisoirement en charge les exportations de pétrole de l’Iraq et utiliser les recettes aux fins d’un programme humanitaire, est sans précédent dans l’histoire de l’ONU. C'est une tâche qui découlait des sanctions qui avaient été imposées à l’Iraq, par ce Conseil également, après l’invasion et l’occupation du Koweït en août 1990. A cette époque, rares étaient ceux qui, parmi nous, auraient imaginé que ces sanctions dureraient près de 13 ans, ou encore le très lourd tribut qu’elles imposeraient à la santé et à l’alimentation de millions de personnes innocentes, surtout les plus vulnérables d’entre elles.
Dès 1991, alors que la situation humanitaire dans le pays suscitait une préoccupation grandissante, l’ONU a proposé des mesures permettant à l’Iraq de vendre des quantités limitées de pétrole pour répondre aux besoins de sa population. Le Gouvernement iraquien a refusé les offres qui lui ont été présentées dans le cadre des résolutions 706 (1991) et 712 (1991) du Conseil de sécurité. En 1995, la porte des exportations et des importations étant fermée, les services vitaux de l’Iraq - électricité, soins hospitaliers et enseignement - s’étaient gravement détériorés. Toutefois, rien ne laissait présager que l’Iraq respecterait rapidement et pleinement les conditions qui avaient été imposées par le Conseil pour la levée des sanctions.
En avril 1995, considérant à juste titre que l’on devait, dans toute la mesure du possible, préserver les Iraquiens innocents des conséquences du refus de leur gouvernement de respecter les décisions du Conseil, le Conseil a adopté la résolution 986 (1995) créant le programme «pétrole contre nourriture». Mais ce n’est qu’en mai 1996 que le Gouvernement iraquien a accepté de signer un mémorandum d’accord.
Les premières exportations de pétrole iraquien dans le cadre du Programme «pétrole contre nourriture» ont eu lieu en décembre 1996, et les premières livraisons de denrées alimentaires sont arrivées dans le pays en mars 1997. Le Secrétaire général devait, en vertu de ce Programme, superviser la vente du pétrole iraquien et surveiller la manière dont les recettes étaient dépensées pour certains groupes et services spécifiques au profit du peuple iraquien.
Pendant les sept années où le Programme «pétrole contre nourriture» a été opérationnel, il a dû surmonter une série pratiquement impossible de difficultés, en utilisant quelque 46 milliards de dollars des recettes d’exportation de l’Iraq au bénéfice du peuple iraquien. Au titre de ce Programme, neuf différents organismes, programmes et fonds des Nations Unies ont mis au point et géré les opérations humanitaires en Iraq, et ont répondu aux besoins de la population civile dans quelque 24 secteurs économiques et sociaux.
Pendant ces sept années, le Programme a distribué des rations alimentaires suffisantes pour nourrir les 27 millions d’habitants du pays. Il en est résulté que le taux de malnutrition des enfants iraquiens a été réduit de moitié. Des campagnes nationales de vaccination ont permis de réduire la mortalité infantile due aux maladies évitables. A ce jour, aucun cas de polio n’a été signalé en Iraq depuis bientôt trois ans. Les coupures de courant à Bagdad ont été réduites pendant les mois d’été où la demande est la plus forte. De l’eau salubre est disponible pour l’utilisation personnelle. Le Programme a permis aux écoles surpeuplées du pays de fonctionner en deux périodes, et non plus trois.
Je voudrais souligner que l’essentiel de tout le travail réalisé par le Programme «pétrole contre nourriture» en Iraq l’a été par des ressortissants iraquiens travaillant pour l’ONU. Je voudrais exprimer ma reconnaissance et mon admiration devant la compétence, la loyauté et le dévouement de notre personnel national, qui, pour la plupart, a couru des risques considérables pour mener à bien le Programme. Un nombre important d’entre eux, d’ailleurs, ont perdu la vie, et je voudrais ici leur rendre un hommage particulier.
Je voudrais aussi rendre hommage au personnel international qui a travaillé pour ce Programme et, en particulier, à son Directeur exécutif, M. Benon Sevan, qui a servi l’Organisation, à ce titre et dans bien d’autres cas également, en faisant bien plus que son devoir.
Demain, à minuit, conformément à nos résolutions, nous allons transférer toutes ces responsabilités avec les avoirs et fonds restant en caisse et les avoirs, allant des écoles aux centrales électriques, ainsi que quelque 8,2 milliards de dollars de nourriture, de médicaments et autres articles de première nécessité, à l’Autorité provisoire de la Coalition.
La livraison effective de ces articles se poursuivra jusque dans le courant de l’année prochaine. Toutes les sommes non utilisées ou non décaissées seront transférées au Fonds de développement pour l’Iraq une fois le Programme clos.
Je me réjouis de pouvoir dire que l’Autorité provisoire de la Coalition prend les dispositions nécessaires pour l’affectation de la plupart des 2 500 Iraquiens qui travaillaient pour l’ONU dans les trois gouvernorats du nord à des postes dans le gouvernement local. J’espère que leurs collègues travaillant dans le centre et dans le sud de l’Iraq, plus de 800 au total, recevront le même traitement.
Nous sommes fiers de ce que nous avons réussi une passation ordonnée de ce programme si vaste et si coûteux, dans les délais impartis et en dépit de l’insécurité qui règne actuellement en Iraq et de l’attentat à la bombe très déstabilisant contre notre bureau. En particulier depuis les vies cruellement perdues et les nombreux blessés du 19 août, non seulement parmi notre personnel international mais aussi dans les rangs de notre personnel local, nous nous sentons tous, à l’ONU, intimement liés au traumatisme que vivent les Iraquiens au quotidien. Nous fermons le Programme «pétrole contre nourriture», mais nous restons déterminés à continuer à aider le peuple iraquien, qui souffre depuis si longtemps, par tous les moyens à notre disposition, et nous entendons fermement mettre en œuvre les autres mandats que le Conseil nous a confiés.
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