LE SECRETAIRE GENERAL SALUE L’APPORT DES PEUPLES AUTOCHTONES A LA CIVILISATION
Communiqué de presse SG/SM/9005 |
Le Secretaire general salue l’apport des peuples autochtones a la civilisation
a l’occasion de sa visite au Machu Picchu (Perou)
On trouvera ci-après le texte du message consacré aux peuples autochtones que le Secrétaire général, Kofi Annan, a prononcé au Machu Picchu (Pérou) le 12 novembre:
Je tiens à vous remercier, Monsieur le Président Toledo et Eliane, de nous avoir amenés jusqu’ici, Nane et moi.
Vous avez toutes les raisons d’être fiers de votre patrimoine. Quand je compare ce site à l’architecture et aux bâtiments que nous construisons dans de nombreuses régions du globe, je me demande ce que nous lèguerons aux générations à venir. Le Machu Picchu n’est d’ailleurs pas le seul endroit de ce genre. Les civilisations anciennes ont accompli des prouesses inimaginables pour nous qu’elles auraient sans doute beaucoup de mal à réaliser aujourd’hui. C’est pourquoi il est si important pour nous de vous écouter lorsque vous nous implorez de chérir ce superbe patrimoine culturel et d’en faire profiter le reste du monde.
Ici, parmi les sommets des Andes péruviennes, l’apport considérable des peuples autochtones à la civilisation sont visibles partout, des ruines sacrées de l’empire inca aux cultures qui poussent à flanc de montagne. De même, dans la jungle amazonienne, les communautés autochtones vivent depuis des millénaires en harmonie avec la forêt tropicale.
Partout en Amérique latine, on peut contempler l’extraordinaire diversité des cultures autochtones et la façon dont leur savoir et leurs valeurs peuvent contribuer à l’élimination de la pauvreté, à l’agriculture viable, et, plus généralement, à notre façon de concevoir la vie. Du Pérou aux Philippines en passant par les déserts australiens et les terres glacées du cercle polaire arctique, les peuples autochtones ont bien des choses à nous enseigner.
Se rendre dans les Andes c’est aussi mesurer la fragilité de l’existence de nombreux peuples autochtones. Dans cette région, comme dans d’autres régions du monde, la terre, l’eau, la langue, la santé et la culture des peuples autochtones, depuis longtemps ravagées par les vestiges de l’oppression coloniale, continuent d’être gravement menacées. On détruit l’environnement et, trop souvent, on exclut les peuples autochtones des décisions qui touchent profondément la vie de leurs communautés. Ils sont la proie de la discrimination, de la pauvreté et de la maladie. Certains groupes autochtones sont même menacés d’extinction.
La discrimination et la marginalisation que subissent les enfants autochtones sont particulièrement inquiétantes. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) publiera bientôt un rapport révélant l’effroyable taux de mortalité infantile et l’accablant recul du nombre de naissances enregistrées, du taux de vaccination et des niveaux d’éducation au sein des communautés autochtones.
La communauté internationale ne peut plus tolérer cette situation. Et aucune société ne devrait permettre qu’elle existe. J’engage la communauté internationale à considérer le rapport de l’UNICEF comme un cri d’alarme visant à favoriser la mise en place de normes sanitaires et nutritionnelles plus élevées, à assurer une éducation multiculturelle de qualité et à donner la possibilité aux enfants autochtones de participer aux décisions qui ont trait à leur vie.
Les peuples autochtones doivent devenir des partenaires à part entière des initiatives visant à protéger leurs enfants et ils doivent prendre part à toutes les décisions qui touchent leur communauté et leur pays. Les femmes autochtones contribuent d’ores et déjà de manière spéciale à ces processus. Il faut leur permettre de continuer à le faire et les y encourager.
Les peuples autochtones doivent également jouer pleinement leur rôle à l’échelle internationale. Aujourd’hui ils peuvent au moins exprimer leurs aspirations collectives à l’Organisation des Nations Unies, par le biais de l’Instance permanente sur les questions autochtones où leurs dirigeants et leurs experts contribuent à élaborer les politiques et à fixer les priorités de l’Organisation tout entière. Cette année, l’Instance permanente a souligné la nécessité d’agir de toute urgence pour améliorer les conditions de vie des enfants autochtones. Le Comité des droits de l’enfant vient d’adopter des mesures plus sévères pour veiller à ce que les Etats assument leur responsabilité dans le domaine de la protection et de la promotion des droits fondamentaux des enfants autochtones.
Ecoutons la voix des peuples autochtones et devenons leurs partenaires en vue de protéger leurs droits et, notamment, ceux de leurs enfants. Cela permettra non seulement de lutter contre les injustices du passé et du présent mais aussi d’enrichir l’humanité tout entière.
Avec votre concours, les enfants autochtones d’aujourd’hui pourront être les dirigeants de demain.
Kutimunay kama («Vous serez toujours dans mes pensées.»)
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