SG/SM/8974-GA/10198-ECO/42

LE CONSENSUS DE MONTERREY DOIT CONDUIRE LES DIRIGEANTS DU MONDE A CHOISIR LE MULTILATERALISME COMME LA VOIE LA PLUS DIRECTE VERS UNE PROSPERITE GENERALE

30/10/2003
Communiqué de presse
SG/SM/8974
GA/10198
ECO/42


LE CONSENSUS DE MONTERREY DOIT CONDUIRE LES DIRIGEANTS DU MONDE A CHOISIR LE MULTILATERALISME COMME LA VOIE LA PLUS DIRECTE VERS UNE PROSPERITE GENERALE


On trouvera ci-après l’allocution que le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a faite, ce matin, au Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale sur le financement du développement:


Il est une réalité que vous devriez garder à l’esprit tout au long de ce dialogue: en 2002, pour la sixième année consécutive, le transfert net de ressources s’est effectué au bénéfice des pays développés et non des pays en développement.  Qui plus est, il a atteint près de 200 milliards de dollars, ce qui est un niveau record.


Il s’agit bien sûr d’une question complexe.  Il est vrai que les chiffres peuvent parfois cacher des réalités très différentes, qui, ça et là, peuvent même être encourageantes.  Mais, même si l’on essaie de nuancer le propos, la situation actuelle défie l’entendement. On pourrait penser que les ressources vont des pays développés vers les pays en développement, mais les chiffres nous disent le contraire.  Des ressources qui devraient servir à promouvoir l’investissement et la croissance dans les pays en développement, à construire des écoles et des hôpitaux ou à réaliser les objectifs de développement du Millénaire se retrouvent ainsi dans les pays développés. Malgré des perspectives d’investissement prometteuses et l’amélioration des politiques économiques dans le monde en développement, les craintes et l’incertitude des investisseurs font que les ressources ne vont pas là où elles sont le plus nécessaires.


Si nous voulons que nos discours sur le financement du développement ne sonnent pas creux, si nous voulons que l’expression même ne soit pas vide de sens, il faut absolument que la tendance s’inverse.  Le système doit être remanié dans son ensemble pour que tous les pays, et tous les peuples, surtout les plus pauvres, puissent en bénéficier.


C’est ce but qui nous a réunis à Monterrey l’année dernière.  Etant donné les événements dramatiques que nous avons connus depuis – la guerre en Iraq et ses suites et l’échec des négociations commerciales à Cancún – la Conférence de Monterrey peut nous sembler très lointaine.  C’est pourquoi il ne me paraît pas inutile, en cette époque de dissensions internationales, de rappeler dans quel esprit la Conférence de Monterrey s’est tenue il y a à peine 18 mois.


La Conférence de Monterrey n’a certes pas été exempte de tensions et de désaccords, mais elle a débouché sur de véritables progrès.


Le premier qui vient à l’esprit de la plupart des spécialistes de l’aide au développement, c’est que les engagements pris à Monterrey ont inversé la tendance au déclin ou à la stagnation de l’aide publique au développement, tendance aussi préoccupante que calamiteuse qui durait depuis une dizaine d’années.


Il ne faudrait pas pour autant oublier les autres succès remportés à Monterrey:


*Premièrement, la Conférence a réuni, pour la première fois, sous l’égide des Nations Unies, toutes les parties prenantes, et en particulier des représentants de plusieurs ministères pour chaque gouvernement, ce qui améliore la cohérence des politiques;

*Deuxièmement, la Conférence a ancré la conception selon laquelle les pauvres et les pays pauvres sont des partenaires du développement, qu’il ne faut pas prendre en pitié mais voir comme des réserves d’initiative encore inexploitées;


*Troisièmement, et c’est peut-être le point le plus important, elle a été l’occasion pour les pays développés et les pays en développement de reconnaître leurs responsabilités et leurs manquements, sans plus chercher à se rejeter mutuellement la faute;


C’est cette nouvelle approche du financement du développement que nous devons absolument conserver.


Mon rapport sur le suivi des engagements et des accords conclus à Monterrey a été publié il y a quelques semaines. Le bilan que j’y ai dressé est loin d’être satisfaisant, et je veux croire que vous ferez tout pour l’améliorer.


Si l’aide publique au développement s’est accrue, elle reste bien insuffisante pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire.


Nous avons pu constater que les échanges créent des emplois et de la richesse, mais nous savons aussi à quel point les subventions et les barrières tarifaires handicapent les pays pauvres qui essaient de rivaliser à armes égales dans le système commercial international et d’échapper ainsi à la pauvreté.


L’investissement étranger direct dans le monde en développement, qui était déjà concentré dans une dizaine de pays, est en baisse.


Trop de pays en développement continuent d’être écrasés par la dette, ce qui montre bien que les hypothèses sur lesquelles se fondait l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés péchait par optimisme à bien des égards et qu’il est nécessaire de mettre en place un cadre international de restructuration de la dette.


Trop de pays en développement sont démunis face aux fluctuations des marchés des matières premières et des marchés financiers, ce qui doit nous engager à renforcer l’architecture financière internationale.


Trop de pays en développement demeurent exclus et ne peuvent participer pleinement aux prises de décisions dans les grandes instances internationales qui s’occupent de questions économiques, financières et commerciales.  Ce déficit démocratique sape la confiance et bloque tout progrès.


Sur tous ces points, des mesures doivent être prises d’urgence.  J’ai essayé, dans mes recommandations, de montrer la voie à suivre.


J’ai aussi demandé que des mesures soient prises pour mieux tirer parti de la réunion annuelle organisée chaque printemps entre le Conseil économique et social, les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce.  Cette réunion doit être mieux préparée, mieux ciblée si l’on veut qu’elle soit l’instrument de cohérence, de coordination et de coopération qu’avait envisagé le Consensus de Monterrey.


Le progrès dépend avant tout de l’attitude des dirigeants, de leur volonté de dépasser les contraintes nationales, de reconnaître que les destinées de tous les peuples de la planète sont inextricablement liées et de voir dans le multilatéralisme la voie la plus directe vers une prospérité générale.


Nous voici à nouveau réunis, ministres, hauts responsables de gouvernements et d’institutions multilatérales chargés des finances, du commerce, des relations internationales et de la coopération au développement, représentants de la société civile et du secteur privé et autres acteurs du développement.  L’incertitude de la conjoncture économique, les difficultés sociales de tous ordres et l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations commerciales nous imposent de franchir un cap lors des pourparlers de l’OMC qui se tiendront à Genève en décembre.  C’est en restant unis et déterminés que nous nous toucherons au but.


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