DISCOURS PRONONCE PAR KOFI ANNAN DEVANT LA CINQUIEME COMMISSION DE L’ASSEMBLEE GENERALE A L’OCCASION DE LA PRESENTATION DU PROJET DE BUDGET DE L’ORGANISATION POUR 2004-2005
Communiqué de presse SG/SM/8970 GA/AB/3583 |
Discours prononce par KOFI ANNAN devant la Cinquieme Commission de l’Assemblee generale a l’occasion de la presentation du projet de budget de l’Organisation pour 2004-2005
On trouvera ci-après le texte du discours que le Secrétaire général, Kofi Annan, a prononcé aujourd’hui devant la Cinquième Commission (Commission des questions administratives et budgétaires) de l’Assemblée générale à l’occasion de la présentation du projet de budget de l’Organisation pour 2004-2005:
Arrêter le budget de l’Organisation est l’une de nos tâches majeures. Ce budget traduit à la fois les grands espoirs que nous plaçons dans l’Organisation et l’action qu’après mûre réflexion nous avons décidé de mener dans un monde où les ressources sont comptées. Chaque dollar, chaque produit, chaque activité, chaque poste doit apporter un plus aux populations du monde et à vous, les États Membres.
Le budget pour l’exercice biennal 2004-2005 est particulièrement important. Il vient dynamiser le processus de réforme que j’ai engagé en prenant mes fonctions. Il reflète un réel souci d’axer les activités de l’Organisation sur les priorités définies lors du Sommet du Millénaire et des grandes conférences mondiales tenues depuis. En outre, sa mise en forme définitive intervient à un moment où l’Organisation tente de régler un certain nombre de questions fondamentales portant sur les principes et les pratiques, au lendemain des événements majeurs survenus pendant l’année écoulée – la guerre en Iraq, l’échec de Cancún et l’attentat contre nos bureaux à Bagdad.
Il y a un an, j’ai présenté à l’Assemblée générale un programme pour aller plus loin dans le changement, dans lequel je me suis engagé à présenter un budget qui permettrait à l’Organisation de mieux axer ses activités sur les priorités. J’ai le plaisir de pouvoir affirmer que le document – conforme aux orientations données par l’Assemblée générale dans sa résolution 57/300 – dont vous êtes saisis maintenant respecte cette promesse.
Premièrement, le budget prévoit une augmentation des crédits affectés au financement du développement et aux besoins particuliers de l’Afrique. Le montant de ceux alloués à la lutte contre la drogue, à la prévention du crime et aux droits de l’homme enregistre également une augmentation, légère mais nécessaire.
Deuxièmement, je propose des transferts importants de ressources: quelque 100 millions de dollars seraient redistribués entre les sous-programmes et 810 postes seraient redéployés.
Troisièmement, je recommande d’éliminer plus de 900 produits, ce qui représente un effort sans précédent dans ce sens. Nous ne pouvons porter aux nouvelles questions l’attention qu’elles méritent que si nous mettons fin à des activités obsolètes ou peu utiles. Sur un total de plus de 50 000 produits inscrits au budget, le nombre de suppressions peut paraître limité. Mais nous savons tous combien l’Organisation a du mal à mettre fin à des activités une fois que celles-ci ont démarré. Une telle suppression représente donc un bon départ; j’ai l’intention de continuer sur ma lancée, tout en tenant compte de l’obligation qui est la nôtre d’exécuter intégralement les programmes prescrits.
Quatrièmement, le budget tient compte des conclusions des examens complets des activités de l’Organisation en matière d’information et de droits de l’homme qui ont été effectués à la demande de l’Assemblée générale, et reflète l’action menée en vue de moderniser les services de conférence et de renforcer le Département des affaires économiques et sociales.
Cinquièmement, j’indique dans le budget le montant des crédits nécessaires pour mettre en oeuvre la stratégie de l’Organisation en matière d’informatique et de télématique, ce qui supposera d’améliorer le site Web, de mieux tirer parti des technologies de l’information dans les services de conférence et de prendre d’autres initiatives qui auront un impact pour l’ensemble de l’Organisation.
Sixièmement, le budget propose d’allouer davantage de fonds à la formation
– investissement indispensable si l’on veut que les fonctionnaires soient en mesure d’assumer de nouvelles responsabilités et de modifier leurs méthodes de travail.
Par ailleurs, le budget constitue une nouvelle étape dans la mise en oeuvre de la méthode de budgétisation axée sur les résultats. Sur la base de son expérience, le Secrétariat a perfectionné le cadre logique en définissant des indicateurs quantitatifs de résultat. Pour chaque programme, il présente clairement l’objectif visé, les réalisations escomptées et les moyens de les mesurer, ainsi que les ressources nécessaires. Comme vous le savez, et conformément à ce que l’Assemblée a approuvé, cette méthode met l’accent sur le fait qu’il faut obtenir des résultats et ne pas se contenter de fournir des produits et des services.
Intéressons-nous maintenant aux chiffres.
Tout d’abord, je tiens à souligner que ce budget représente le strict minimum dont l’Organisation a besoin pour s’acquitter des tâches que les Etats Membres lui ont confiées.
Je présente un projet de budget d’un montant de 2,9 milliards de dollars avant réévaluation des coûts, conformément à l’esquisse budgétaire que l’Assemblée a adoptée l’année dernière à l’unanimité. Le budget reflète une croissance réelle minimale par rapport à l’exercice biennal précédent – seulement un demi-point de pourcentage, soit 15 millions de dollars. Je répète, une croissance d’un demi-point de pourcentage seulement, soit 15 millions de dollars. Le budget prévoit une augmentation nette de 117 postes, qui seraient créés principalement aux niveaux P-2 et P-3 de manière à nous permettre d’entreprendre une tâche déterminante pour l’avenir de l’Organisation, à savoir revitaliser le Secrétariat en rajeunissant les effectifs des administrateurs auxiliaires.
Comme vous le savez, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires a déjà fait connaître ses observations sur mon projet de budget. Je note avec préoccupation que certaines de ses recommandations nous compliquent la tâche sans raison, surtout en matière de réforme.
J’espère surtout que vous ne réduirez pas le montant total de l’enveloppe budgétaire. En effet, nous ne pouvons absolument pas fonctionner sans un volume minimum de ressources. L’Assemblée elle-même a dit que l’effort de réforme ne devait pas servir de prétexte pour justifier des coupes budgétaires. Je rappellerai à ce propos que nous fonctionnons depuis près de 10 ans avec une croissance zéro.
J’espère aussi que vous ne vous opposerez pas à la création des deux postes de Sous-Secrétaire général qui est demandée l’un pour le Département des affaires économiques et sociales, l’autre pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires. Il est vital en effet de susciter plus de dynamisme et un renouvellement des idées dans ces domaines qui sont fondamentaux.
Après vous avoir donné les chiffres et les avoir justifiés, je souhaiterais maintenant dire quelques mots sur le système de budgétisation et de programmation proprement dit.
Vous vous souvenez que j’ai présenté l’an dernier plusieurs propositions tendant à améliorer le système en question, qui depuis des années est trop complexe et mobilise inutilement un personnel nombreux.
J’ai notamment proposé de nouvelles modalités d’établissement et d’examen du budget qui visent à simplifier le processus, à mettre l’accent sur les aspects stratégiques et à éviter les doubles emplois. Les documents budgétaires dont vous êtes saisis aujourd’hui constituent un progrès décisif dans ce sens. Ils devraient permettre à la Cinquième Commission de se concentrer sur les décisions qu’elle doit prendre, en confiant au Comité consultatif l’examen approfondi de mes propositions. J’estime que c’est ainsi qu’il faudrait répartir les tâches entre la Commission et le Comité.
Les autres propositions que j’ai avancées supposent d’apporter des modifications au plan à moyen terme, à l’esquisse budgétaire, au mandat du Comité du programme et de la coordination et à notre système de suivi et d’évaluation. Ces propositions ont fait l’objet de rapports adressés à l’Assemblée générale. Vous n’avez pas encore pris de décisions sur ces réformes, mais j’espère que vous le ferez avant la fin de cette année, afin que nous puissions rapidement faire le nécessaire pour pouvoir les appliquer à partir du cycle budgétaire correspondant à l’exercice biennal 2006-2007.
Enfin, il faudra accorder une attention accrue à la question de la sécurité du personnel, en allant au-delà des nouvelles allocations budgétaires que vous avez approuvées pour l’exercice biennal en cours. Je n’ai pas fini d’analyser les recommandations formulées par le Groupe d’enquête indépendant sur la sécurité et la sûreté du personnel des Nations Unies en Iraq. Celles-ci auront bien sûr des répercussions à l’échelle mondiale, car nous allons revoir nos impératifs de sécurité dans le monde entier. Mais l’on sait d’ores et déjà qu’il faudra augmenter considérablement les moyens de l’Organisation si l’on veut que celle-ci s’acquitte d’une responsabilité primordiale, à savoir protéger son personnel. Je vous soumettrai mes recommandations à ce sujet en temps opportun.
J’espère que vous examinerez le budget dans un esprit de collégialité et avec la conscience de défendre une cause commune. J’espère surtout que le budget qui sera adopté, sans donner ni dans la prodigalité ni dans l’excès de parcimonie, assurera à l’Organisation les ressources dont elle a besoin pour répondre aux attentes des populations du monde entier en matière de paix et de développement, et pour se renouveler.
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