En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/8902

DECLARATION LIMINAIRE DU SECRETAIRE GENERAL A L’OCCASION DE LA REUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

29/09/03
Communiqué de presse
SG/SM/8902


                                                            AFR/711


Declaration liminaire du Secretaire general a l’occasion de la reunion de haut niveau sur la Republique democratique du Congo


Kofi Annan affirme qu’une paix véritable est

une possibilité distincte, mais que d’énormes défis subsistent


    Voici le texte de la déclaration liminaire que le Secrétaire général Kofi Annan a faite le 25 septembre à l’occasion de la réunion de haut niveau sur la République démocratique du Congo:


    Je suis heureux que vous soyez réunis ici aujourd’hui et vois en votre présence une manifestation de votre ferme volonté d’instaurer une paix durable en République démocratique du Congo.


    Le peuple congolais a connu l’un des conflits les plus sanguinaires de l’histoire contemporaine, conflit qui a touché la région tout entière. Des millions de personnes ont été tuées ou brutalisées. Dans certaines parties du pays, des millions n’ont toujours pour horizon qu’une existence précaire.


    Pourtant, un réel espoir se fait jour en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs, nourri par les progrès notables accomplis au cours de l’année qui vient de s’écouler.


    Les belligérants ont solennellement signé des accords de paix globaux et un gouvernement d’unité nationale et de transition est entré en fonctions à Kinshasa.


    Cela n’a été possible que grâce à la volonté inlassable de beaucoup et, avant tout, grâce à l’action résolue des Congolais eux-mêmes. Je tiens à saluer le Président Kabila et ses quatre vice-présidents pour les mesures courageuses qu’ils ont prises afin de consolider la paix dans leur pays.


    Je salue aussi les efforts de l’Union africaine et plus particulièrement le Mozambique pour le rôle moteur qu’il a joué.


    Je remercie le Président Mbeki de l’intérêt personnel qu’il a manifesté et des démarches sincères que lui et son gouvernement ont entreprises pour faciliter l’instauration de la paix en République démocratique du Congo.


    Je me félicite des signes de rapprochement entre les Gouvernements ougandais et rwandais et de leur apport au processus de paix en République démocratique du Congo.


    Je tiens également à rendre hommage au Gouvernement tanzanien pour son action en faveur des processus de paix dans la région.


    Je suis aussi reconnaissant à la force de l’Union européenne sous commandement français, qui est intervenue à Bunia en réponse aux massacres et aux violations des droits de l’homme qui ont horrifié le monde. Cette intervention a permis de sauver des milliers de civils. Il eut été souhaitable qu’une telle intervention ait lieu plus tôt mais je ne puis que me féliciter qu’elle se soit produite.


    Les progrès sont tangibles mais il reste encore un long chemin à parcourir avant de toucher au but et bien des difficultés à surmonter.


    Je vous engage à vous laisser guider par certains principes communs lorsque vous tenterez de régler les problèmes qui se posent. Il ne peut y avoir d’ingérence ni directe ni indirecte dans les affaires intérieures d’autres pays. La souveraineté nationale de chacun des pays de la région doit être respectée. Tout appui aux groupes armés doit cesser. Il faut mettre un terme à l’exploitation illicite des ressources naturelles de la République démocratique du Congo. Des relations de bon voisinage doivent être établies dans le respect de la transparence. La population civile et les droits fondamentaux de tous les citoyens doivent être respectés.


    Tels sont les principes qui doivent guider une action politique concrète en faveur du processus de paix.


    Comme vous le savez, l’opération des Nations Unies – la MONUC – a pour mandat d’aider le gouvernement de transition à s’attaquer aux questions prioritaires: désarmement et démobilisation des groupes armés, organisation des élections nationales qui doivent se tenir dans deux ans, formation et aide dans le domaine de l’état de droit.


    La MONUC a besoin de votre appui inconditionnel et d’un soutien énergique de la part de la communauté internationale. Elle doit faire face à des difficultés à la mesure de ce géant qu’est la République démocratique du Congo. Ses ressources sont modestes en comparaison. Nous devons donc nous garder d’éveiller des attentes irréalistes.


    Le gouvernement de transition a lui aussi besoin de votre soutien sans réserve et du concours des dirigeants africains et de la communauté internationale tout entière. La tâche qui l’attend est écrasante. Le gouvernement de transition doit rétablir une paix trop longtemps attendue par une population qui a connu d’immenses souffrances. Les écoles doivent rouvrir leurs portes, les routes être remises en état, les communications rétablies, une société déchirée par la guerre reconstruite. Les fondements d’un gouvernement largement représentatif doivent être posés.


    Cette tâche est d’autant plus ardue dans la région est du pays où la guerre continue de couver. Il faut donner au gouvernement de transition les moyens d’élargir et d’asseoir son autorité sur le territoire tout entier, y compris dans l’Ituri et les Kivus.


    Cela ne sera possible que si toutes les parties aux accords de Pretoria et de Luanda – ainsi que les non-signataires – adhèrent sans réserve à la lettre et à l’esprit de ces accords. La paix ne règnera réellement que si les anciens ennemis, désormais réunis dans un même gouvernement, collaborent avec la MONUC et les uns avec les autres. Ils ont pris une décision courageuse en s’engageant en faveur de la réconciliation nationale. Ils doivent maintenant faire preuve de constance, oublier les vieilles rivalités et oeuvrer ensemble à la reconstruction de leur pays afin que leurs compatriotes voient s’ouvrir à eux un avenir moins sombre.


    Pour que la paix s’instaure de façon effective, il faut que tous les intervenants extérieurs cessent de soutenir les groupes armés et endiguent la circulation des armes. Nous devons aller de l’avant avec le désarmement complet, la démobilisation, le rapatriement, la réinsertion et la réinstallation des groupes armés – qu’ils soient congolais ou étrangers.


    Permettez-moi de m’adresser tout particulièrement aux représentants de la République démocratique du Congo, du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda.


    Excellences, il est encore trop tôt pour dire que la partie est gagnée. De fait, il reste encore beaucoup à faire avant que la paix règne de façon durable.


    Je vous encourage à oeuvrer à la reprise de relations bilatérales et multilatérales avec tout ce que cela suppose.


    Je vous engage aussi à prendre une série de mesures de nature à rétablir la confiance, notamment en rouvrant les missions diplomatiques, en nouant des relations commerciales, en créant des organes bilatéraux, en réglant la question des réfugiés, en normalisant les contrôles frontaliers. La MONUC est prête à vous aider à mettre en place des dispositifs frontaliers communs.


    Vous tous qui êtes ici réunis aujourd’hui, sachez que les problèmes qui ont attisé le conflit en République démocratique du Congo ne peuvent être véritablement réglés que dans un cadre régional. À cette fin, j’appuie l’idée d’une conférence internationale sur la région des Grands Lacs.


    Aujourd’hui, nous avons la possibilité d’instaurer une paix durable en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs et d’offrir une ère de paix et de sécurité à un peuple dont les souffrances n’ont que trop duré. Ne laissons pas passer cette chance. Je compte sur votre appui à tous.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.