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SG/SM/8884

DANS LE DOMAINE DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA, NOUS N’ATTEINDRONS AUCUN DES OBJECTIFS D’ICI 2005, PREVIENT KOFI ANNAN

22/09/03
Communiqué de presse
SG/SM/8884


                                                            AIDS/58


DANS LE DOMAINE DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA, NOUS N’ATTEINDRONS AUCUN DES OBJECTIFS D’ICI 2005, PREVIENT KOFI ANNAN


On trouvera ci-après le discours que le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, a prononcé aujourd’hui, à la séance plénière de l’Assemblée générale consacrée au suivi de l’application de la Déclaration d’engagement sur le VIH/Sida :

Il y a deux ans, les nations sont convenues qu’une victoire sur le VIH/sida demanderait volonté, ressources et mesures concrètes.

La volonté, nous l’avons. Les ressources sont en augmentation. Mais pour ce qui est d’agir, nous sommes encore loin du compte.

À la session extraordinaire que l’Assemblée générale a consacrée au VIH/sida en 2001, les États Membres ont adopté la Déclaration d’engagement, qui contenait des objectifs précis assortis de délais.

Vous avez devant vous un bilan de ce qui a été fait pour atteindre ces objectifs, établi sur la base de l’information fournie par vos gouvernements. Cent trois pays ont communiqué des renseignements à ONUSIDA. Ces renseignements ont été regroupés pour que vous puissiez vous faire une idée de la situation d’ensemble dans le monde, mesurée au moyen d’indicateurs clefs portant sur les principaux aspects de l’action menée.

Sur bien des plans, il y a eu progrès.

Les États se sont engagés à consacrer beaucoup plus de ressources à la lutte contre l’épidémie, tant à titre individuel que par l’intermédiaire du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Alors que le Fonds a été créé peu après la session extraordinaire de 2001, jusqu’à présent, 1,5 milliards de dollars ont été engagés dans 93 pays.

Les gouvernements, les organismes des Nations Unies et la société civile collaborent davantage, en vue d’élaborer des propositions pour le Fonds et de fournir les services indispensables à ceux qui en ont le plus besoin.

La grande majorité des États Membres ont adopté des stratégies nationales multisectorielles de lutte contre le VIH/sida.

De plus en plus de sociétés, dont des multinationales, adoptent des politiques concernant le sida sur le lieu de travail.


La société civile participe de plus en plus à la recherche de solutions globales. Les deux tiers des pays ont, dans leurs rapports nationaux, tenu compte d’éléments communiqués par des groupes de la société civile.

Les différents groupes confessionnels sont de plus en plus actifs, et beaucoup aident à combler les écarts entre le Nord et le Sud.

Pourtant, la lecture du rapport n’est pas réjouissante. Plusieurs des objectifs de la Déclaration qui devaient être atteints cette année ne l’ont pas été.

Pire encore, nous ne sommes pas sur la bonne voie pour commencer à réduire l’ampleur et les effets de l’épidémie d’ici à 2005. D’ici là, nous devrions avoir fait baisser d’un quart le nombre de jeunes séropositifs dans les pays les plus touchés, réduit de moitié le taux de contamination des nouveau-nés et mis en place de vastes programmes de soins.

Le rapport ne laisse aucun doute : nous n’atteindrons aucun de ces objectifs d’ici à 2005.

Un tiers des pays n’ont encore adopté aucune politique garantissant aux femmes l’accès aux mesures préventives et aux soins, alors que les femmes comptent à présent pour plus de 50 % des séropositifs dans le monde.

Plus d’un tiers des pays fortement touchés n’ont toujours adopté aucune stratégie pour la prise en charge des enfants, de plus en plus nombreux, dont les parents ont succombé au sida.

Et les deux tiers des pays du monde n’offrent aux membres des groupes les plus à risque aucune protection juridique contre la discrimination.

Parmi toutes les personnes qui voudraient savoir si elles sont porteuses du virus, seule une sur neuf peut se faire tester; en Afrique subsaharienne, seule une personne sur 16 a cette possibilité.

Et parmi les femmes enceintes qui reçoivent des soins anténataux, seule une sur 20 bénéficie de services qui pourraient l’aider à éviter de contaminer son enfant, ou d’un traitement qui prolongerait son espérance de vie.

Pour que nous ayons la moindre chance d’atteindre les objectifs fixés pour 2005, il va falloir que ces chiffres s’améliorent de façon très nette.

Sur le plan du financement, le constat est le même : il y a eu des progrès, mais ils sont loin d’être suffisants.

Au cours de l’année écoulée, les fonds consacrés à la lutte contre le sida dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ont augmenté de 20 %, pour atteindre un montant annuel de 4,7 milliards de dollars. Depuis 1999, dans ces pays, les dépenses de l’État pour lutter contre le sida ont doublé.

Pourtant, nous ne sommes qu’à mi-parcours, puisque ce sont 10 milliards de dollars qui doivent être mobilisés chaque année d’ici à 2005. Les ressources doivent continuer d’augmenter, dans le cadre du Fonds mondial mais aussi d’autres initiatives, notamment celles des gouvernements des pays fortement touchés.

Nous avons fait du chemin, mais pas assez. Il est évident que nous allons devoir redoubler d’efforts pour que les ressources que nous mobilisons et l’action que nous menons soient à la hauteur des engagements que nous avons pris.


Il ne peut être question de prétendre que nous avons d’autres problèmes plus graves et plus urgents à régler. Ou de dire que d’autres événements nous ont forcés à reléguer à l’arrière-plan le problème du sida. Des événements, il y en aura toujours.

Le sida doit constamment figurer en tête de nos préoccupations, sur le plan politique et pratique. Je continuerai de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’il en soit ainsi. J’espère que le rapport dont vous êtes saisis et les documents qui l’accompagnent vous aideront à faire de même.


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