SG/SM/8876

CONFERENCE SUR L’ISLAM ET L’OCCIDENT: LE SECRETAIRE GENERAL S’INTERROGE SUR LE «CHOC DES CIVILISATIONS»

25/09/03
Communiqué de presse
SG/SM/8876


                                                SG/SM/8876

                                                            25 septembre 2003


Conference sur l’islam et l’Occident: le Secretaire general s’interroge sur le «choc des civilisations»


    On trouvera ci-après le texte de la déclaration prononcée par le Secrétaire général, Kofi Annan, en introduction à la Conférence sur l’islam et l’Occident donnée le 15 septembre, à New York, par le professeur Seyyed Hossein Nasr:


    Je suis très honoré que le professeur Seyyed Hossein Nasr ait accepté, à mon invitation, de donner cet après-midi la Conférence qui va suivre.


    Il est un grand spécialiste de l’islam et il vit et enseigne en Occident depuis de nombreuses années.


    Ce fait même illustre bien le problème que pose le titre de la Conférence, lequel, je l’avoue, tient non pas de lui mais de moi.


    En disant «l’islam et l’Occident», nous donnons l’impression que ces deux notions s’opposent, alors que «l’islam» est une religion universelle, qui a des adeptes dans le monde entier, tandis que le terme «Occident» est une notion géographique ou, peut-être, géopolitique.


    Historiquement, il est vrai que l’islam est né au Moyen-Orient –comme, d’ailleurs, le judaïsme et le christianisme– et que, pendant des siècles, la plupart des musulmans vivaient dans une certaine partie du monde, une région très vaste qui s’étend de l’Afrique de l’Ouest à l’Asie du Sud-Est, et de la Volga à Zanzibar.


    Il est également vrai que les États musulmans et chrétiens étaient rivaux, s’opposant parfois par la guerre mais aussi pacifiquement, dans les domaines de la science, de la philosophie et des arts. L’Occident tel que nous le connaissons aujourd’hui est également le produit de nombreuses influences islamiques, et compte de nombreux musulmans. Si le professeur Hossein Nasr est l’un de ses plus éminents représentants, la population musulmane est composée de millions d’autres personnes.


    Malheureusement, en dépit de cette forte présence, les Occidentaux non musulmans se méprennent à bien des égards sur l’islam, et la population des pays musulmans reproche beaucoup à l’Occident.


    Les tragiques événements du 11 septembre 2001 ont donné à cet état de choses un relief plus aigu. Ces événements, et les réactions qu’ils ont suscitées, ont réveillé le spectre d’un «choc des civilisations».


    Personnellement, je ne crois pas à tel affrontement car je ne pense pas que, dans le monde actuel, les civilisations soient opposées ou séparées. Nous vivons tous dans le même monde et, dans chaque pays, il y a des religions et des cultures diverses qui doivent se respecter mutuellement et coexister pacifiquement.


    Mais, de toute évidence, ce n’est pas aussi facile qu’on le souhaiterait. Nous devons redoubler d’efforts pour nous comprendre les uns les autres. Nul n’est mieux placé que le professeur Seyyed Hossein Nasr pour nous y aider. C’est pourquoi, sans plus tarder, je lui donne la parole.


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