SG/SM/8860

LA DEMOCRATIE NE PEUT ETRE IMPOSEE DE L’ETRANGER, MAIS L’ACTION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE PEUT FAVORISER ET FACILITER SON INSTAURATION, DECLARE KOFI ANNAN

10/09/2003
Communiqué de presse
SG/SM/8860


LA DEMOCRATIE NE PEUT ETRE IMPOSEE DE L’ETRANGER, MAIS L’ACTION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE PEUT FAVORISER ET FACILITER SON INSTAURATION, DECLARE KOFI ANNAN


On trouvera ci-après le texte du message du Secrétaire général, Kofi Annan, dont M. Danilo Türk, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a donné lecture à la cinquième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies, tenue à Oulan-Bator du 10 au 12 septembre 2003 :


À l’aube du XXIe siècle, la démocratie est plus que jamais admise et pratiquée. Jamais jusqu’à présent autant de personnes n’ont exercé le droit de participer, par la voie des urnes, au gouvernement de leur pays.


Néanmoins, cette progression de la démocratie ne doit pas nous faire céder au triomphalisme; les menaces qui pèsent sur la démocratie n’ont aucunement disparu. Dans de nombreux pays, l’expérience récente a montré que les processus démocratiques pouvaient encore subir, et subissaient effectivement, des revers, et que de telles situations peuvent créer des tensions menant à la déstabilisation, voire à de violents conflits.


Aujourd’hui, le plus grand danger tient peut-être au fait que l’esprit de la démocratie est perdu de vue, même si la lettre semble respectée. La démocratie ne se résume pas à la tenue d’élections. Tout régime démocratique doit s’appuyer sur les éléments suivants : des institutions fortes; la participation à la vie publique; l’obligation de rendre des comptes; un débat public libre et animé sur les questions d’actualité; des citoyens instruits et informés, ayant le choix entre plusieurs candidats de qualité. La primauté du droit doit également être assurée, car elle est indispensable au bon fonctionnement de toute société.


De nos jours, la démocratie est fragilisée de bien des manières. Dans de nombreux pays, le citoyen a le sentiment que les décisions qui influent sur ses conditions de vie échappent non seulement à son contrôle, mais aussi à celui de ses représentants élus. Dans plusieurs démocraties, aussi bien anciennes que nouvelles, on assiste à une baisse préoccupante du taux de participation aux scrutins électoraux. À mesure que le monde dans lequel nous vivons devient de plus en plus complexe, de plus en plus de décisions sont prises par des « experts » à un niveau technique. Alors qu’un nombre croissant de personnes ont l’impression de ne pas avoir suffisamment leur mot à dire dans les décisions économiques, environnementales et même politiques qui touchent leur vie quotidienne, les sentiments d’exclusion et de marginalisation sont de plus en plus forts, en particulier dans les régions les plus pauvres du monde. Il faut absolument renforcer la confiance en la démocratie; cette conférence peut y contribuer grandement.


Il est bon que, cette année, votre réunion se tienne à Oulan-Bator. En effet, la Mongolie a su, au cours de ces dernières années, réussir sa transition vers la démocratie et nous avons beaucoup à apprendre de cette expérience.


Le choix de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la société civile comme thèmes de la présente réunion est tout aussi opportun. Les institutions formelles du régime démocratique n’ont que très peu de poids si elles ne s’appuient pas sur une société civile forte et dynamique. Pour prospérer, la démocratie doit s’appuyer sur un débat dynamique et sur un électorat éclairé, ce qui suppose que la population s’organise librement, indépendamment de l’État, autour de questions, de causes et d’idéaux importants à ses yeux. Si la société civile n’a pas sa place, la tenue d’élections devient un exercice vide de sens.


L’un des principes de cette conférence est que si la démocratie ne peut être imposée de l’étranger, l’action de la communauté internationale peut favoriser et faciliter son instauration. Étant donné que l’avenir du régime démocratique ne peut pas être dissocié du contexte mondial dans lequel toute société doit fonctionner, on ne peut faire l’économie d’un dialogue global. Ceci signifie non seulement que les démocraties nouvelles et les démocraties rétablies peuvent mutuellement tirer des enseignements de leur expérience, mais aussi que les démocraties anciennes et établies de longue date peuvent et devraient apprendre davantage des plus récentes. Nous pouvons également en conclure que, lors de l’examen des différentes formes de démocratie, nous ne devons pas perdre de vue l’esprit même de la démocratie, mais au contraire le renforcer. Nous ne devons donc pas envisager notre tâche comme l’exportation d’une forme de gouvernement d’une région du monde à l’autre. Nous devrions plutôt nous concentrer sur les problèmes des institutions de gouvernement qui se posent au début du XXIe siècle, et faire en sorte que les solutions que nous proposons soient authentiquement démocratiques. C’est dans cet esprit que je souhaite un franc succès à cette conférence.


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