TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES, LE 30 JUILLET 2003
Communiqué de presse SG/SM/8803 |
TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES, LE 30 JUILLET 2003
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Nous venons de clore une réunion entre l’ONU et certaines des plus grandes organisations régionales du monde. Nous tenons ce type de réunions de temps en temps et celle-ci s’est révélée particulièrement intéressante et utile.
Nombre d’entre nous ont le sentiment que nous sommes en train de vivre une véritable crise du système international ou, pour employer une expression usitée, de « l’architecture » de paix et de sécurité internationales.
La guerre en Iraq et des crises comme celles que connaissent le Libéria et la République démocratique du Congo nous contraignent à nous demander si les institutions et les méthodes auxquelles nous sommes habitués sont vraiment suffisantes pour faire face à tout le stress des deux ou trois dernières années – ou si, peut-être, elles ont besoin d’une réforme radicale.
Mais les menaces auxquelles nous sommes confrontés ne se limitent pas à la paix et à la sécurité au sens traditionnel. De fait, l’un des points qui a été le plus souligné lors de notre réunion est que notre capacité de faire face avec succès aux menaces les plus classiques est peut-être liée pour une large part aux progrès que nous enregistrons contre la pauvreté et le dénuement. Ce ne sont pas là des priorités que nous devons considérer comme secondaires.
C’est la raison pour laquelle j’attache une grande importance aux négociations commerciales en cours. Il s’agit en effet d’une vraie occasion à ne pas laisser passer. Nous arrivons bientôt à un tournant, avec la réunion ministérielle de Cancun, en septembre, à laquelle j’ai personnellement l’intention d’assister. D’après les décisions qui y seront prises nous verrons si l’on a enfin lancé un « cycle de négociations sur le développement », autrement dit, si l’on donne enfin aux pays pauvres une vraie chance de se sortir de la pauvreté grâce au commerce.
Ces pourparlers porteront notamment sur deux questions cruciales. L’une est relativement spécifique: la question de la propriété intellectuelle, qui influe sur la santé publique des pays en développement. Nous devons parvenir à un accord permettant aux pays en développement qui ne peuvent pas produire de médicaments génériques bon marché de les importer dans d’autres pays qui sont en mesure de le faire.
L’autre question est très vaste et potentiellement décisive pour les perspectives économiques de nombreux pays en développement. Il s’agit, bien sûr, de la question du commerce des produits agricoles.
Nous devons parvenir à un accord qui donne aux agriculteurs des pays pauvres une chance équitable d’être concurrentiels, tant sur les marchés mondiaux que chez eux. Ils ne doivent plus risquer d’être exclus des marchés des pays riches par des tarifs douaniers et des quotas de protection. Ils ne doivent plus non plus être confrontés à la concurrence déloyale des producteurs lourdement subventionnés de ces mêmes pays riches.
Il y a une autre menace non conventionnelle sur laquelle nous ne pouvons nous permettre de fermer les yeux: le VIH/sida. Même si c’est l’Afrique qui est le plus durement touchée, la maladie se propage très rapidement en Asie, en Europe de l’Est et dans les Caraïbes. C’est une crise véritablement mondiale. L’Assemblée générale tiendra une session d’un jour sur l’épidémie de sida le 22 septembre, à la veille du débat général, et je viens d’écrire à tous les chefs d’Etat et de Gouvernement pour les exhorter à être présents ici pour la date de cette session.
Entre autres choses, j’espère qu’elle permettra d’obtenir de nouveaux appuis pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le Fonds a pris un bon départ. L’argent reçu est dépensé sur le terrain et il permet de sauver des vies. Mais l’on pourrait en sauver beaucoup d’autres encore si le Fonds recevait suffisamment d’argent pour financer les nombreuses propositions excellentes qui ont été faites. Le Fonds doit dépenser 3 milliards de dollars l’année prochaine et, à l’heure actuelle, les promesses de don sont loin d’être suffisantes.
Bien entendu, toutes les ressources consacrées à la lutte contre le VIH/sida ne passent pas nécessairement par le Fonds. Le montant total nécessaire pour mener cette lutte mondiale est bien supérieur encore.
Mais je pense que toutes ces crises peuvent trouver une solution si les populations et les Etats du monde sont véritablement déterminés à les régler ensemble, en recourant à l’Organisation des Nations Unies et à d’autres institutions multilatérales, telles que celles dont les dirigeants sont présents ici cette semaine. Mais nous ne devons pas sous-estimer la gravité et l’urgence de la tâche. Nous avons une occasion véritable de rendre le monde plus sûr et plus juste pour tous ses habitants et je sais que l’histoire ne nous pardonnera pas si nous les abandonnons.
Je vais maintenant répondre à vos questions.
Question (interprétation de l’anglais): Je voudrais poser deux questions. Premièrement, pour ce qui est du Moyen-Orient, les autorités palestiniennes ont fait un excellent travail puisque la trêve a été respectée et pourtant, il n’y a pas de concession du côté israélien, bien au contraire. Il semblerait que le Président Bush ait souscrit à la demande d’Ariel Sharon que l’Autorité palestinienne commence à démanteler le Hamas et les autres groupes avant que d’autres mesures ne soient prises. Cette évolution de la situation vous préoccupe-t-elle? Cela risque-t-il de saper et de remettre en cause la Feuille de route.
Ma deuxième question porte sur la situation humanitaire à Monrovia au Libéria. Vous savez que la situation empire de jour en jour et, pourtant aucune date n’a été fixée quant à l’arrivée des forces de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La Maison Blanche persiste à dire qu’elle n’enverra pas de troupes pour mettre fin au conflit. Ma question a trait à la réponse à fournir aux crises africaines. Le mois dernier, le Washington Post a parlé des échecs et des succès de l’Administration américaine en Afrique, indiquant que les vies africaines étaient moins importantes pour Washington que les vies des autres citoyens du monde. Je voudrais savoir ce que vous pensez de cette déclaration.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je voudrais commencer par le Moyen-Orient. Je pense que le processus de paix au Moyen-Orient et la Feuille de route ont été de l’avant et ont progressé. Cela signifie que maintenant nous avons un cessez-le-feu qui tient depuis deux semaines. Le Gouvernement israélien s’est retiré de certaines parties de la bande de Gaza, il s’est retiré de Bethléem et j’espère qu’il se retirera également d’autres parties. La Feuille de route exige que les parties prennent des mesures parallèles, afin que des progrès puissent être réalisés. Ces mesures parallèles permettraient de renforcer le processus de paix, de rendre l’espoir au peuple palestinien afin qu’il puisse disposer d’un Etat à la fin du processus. Ces mesures permettraient également de rassurer la population israélienne en ce qu’elles mettraient fin à la violence et au terrorisme.
Je ne pense pas qu’il faille fixer des conditions sur les différentes mesures, comme le sous-entendait votre question. Il s’agit de quelque chose qui préoccupe ceux d’entre nous qui ont participé à l’élaboration de la Feuille de route. Les efforts précédents ont échoué car il y avait beaucoup de conditions fixées. Nous souhaiterions que dans le cadre de cette Feuille de route des mesures simultanées soient prises par les deux parties. C’est l’approche souhaitée par le Quatuor.
Pour ce qui est du Libéria, vous avez tout à fait raison. Les plans de déploiement ont subi quelques retards. J’ai été en contact régulier avec les responsables de la CEDEAO, avec l’Administration américaine et avec les Ambassadeurs ici. Comme je l’ai indiqué, nous avons également l’intention de faire une proposition au Conseil de sécurité afin de pouvoir déployer des forces de paix. Une résolution sera présentée au Conseil de sécurité sous peu.
La CEDEAO devrait nous indiquer aujourd’hui la date prévue pour le déploiement des forces. Je pense que vous avez tous eu connaissance de la lettre que j’ai envoyée au Conseil en vue d’accélérer le déploiement de cette force, afin de pouvoir atténuer les souffrances et la tragédie sur le terrain et afin de pouvoir aider la population.
Les navires américains se rapprochent du Libéria. Les Etats-Unis vont appuyer cet effort, ils ont des contacts réguliers avec les forces de la CEDEAO et ils ont même des réunions sur le terrain. J’espère qu’une fois que ces forces seront sur le terrain, elles coopéreront et permettront d’aider les Libériens qui vivent dans une situation particulièrement tragique.
Vous avez également posé une autre question. Bien entendu, la décision d’intervenir est une décision souveraine. Les gouvernements la prennent en tenant compte de plusieurs facteurs, de leur intérêt national et autre. Ce qui est important, si l’on envisage toutes les crises qui ont lieu à l’heure actuelle dans le monde, c’est que nous allions au-delà de nos intérêts nationaux. Nous devons défendre nos valeurs, nous devons défendre les droits de l’homme. Nous devons lutter contre les violations des droits de l’homme. J’ai dit à plusieurs reprises dans le cadre de l’Assemblée générale que les pays ne peuvent en aucun cas utiliser leur souveraineté comme bouclier pour brutaliser leur population. Le Canada a d’ailleurs élaboré un excellent rapport sur la responsabilité de protéger.
Je pense, par conséquent, que lorsque l’on se rend compte que le pays concerné et ses voisins ne peuvent pas aider, nous, en tant que communauté internationale, nous nous devons d’agir. Nous avons des responsabilités, surtout si l’on tient compte de la situation des civils.
Question (interprétation de l’anglais): Vous avez un style tout à fait diplomatique, mais la crise se poursuit depuis deux semaines. Le Président Bush s’est rendu en Afrique, a dit qu’il allait apporter une aide et rien n’a été fait. Ce n’est qu’au moment où votre prédécesseur, M. Boutros Boutros-Ghali, a parlé de génocide au Rwanda que le Conseil de sécurité a dit quelque chose. Votre Envoyé au Libéria, M. Klein, a déclaré qu’il avait « besoin d’un bataillon hier ou au plus tard demain ». Ne pouvez-vous pas en dire plus et utiliser votre autorité morale pour dire très clairement ce qu’il en est, au lieu d’utiliser un style diplomatique, car, en fait, on laisse mourir le peuple libérien. Qui le laisse mourir?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Lors des discussions que j’ai eues avec l’Administration américaine, y compris avec le Président américain, et avec les dirigeants d’Afrique de l’Ouest, ceux-ci ont indiqué très clairement qu’ils étaient prêts à envoyer des troupes, mais qu’ils avaient besoin d’un appui financier et logistique. C’est sur cette base que j’ai eu ces discussions.
Maintenant, deux bataillons sont prêts à intervenir. L’un vient de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) et l’autre vient du Nigéria.
Des discussions sont en cours en vue de leur fournir une aide. Dix millions de dollars ont été offerts par les Etats-Unis. Les Nigérians ont indiqué, à juste titre, que cela n’était pas suffisant. C’est la raison pour laquelle dans ma proposition au Conseil de sécurité, j’ai précisé qu’il faudrait avancer des fonds du budget de la MINUSIL, afin que ces bataillons se rendent sur le terrain le plus rapidement possible.
Le Président Bush a indiqué qu’il était prêt à fournir une aide humanitaire au Libéria, mais il ne souhaite pas rester sur le terrain pendant une longue période, car son pays est engagé dans d’autres parties du monde. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous envoyons des soldats de la paix des Nations Unies. Il est très important que les troupes arrivent sur le terrain le plus rapidement possible afin de pacifier la situation. Je suis sûr que, de cette façon, l’aide humanitaire pourra être canalisée.
Question (interprétation de l’anglais): Pouvez-vous nous dire quel serait le coût pour l’ONU du déploiement d’une force sur le terrain? Pensez-vous que cela sera suffisant pour le déploiement des forces nigérianes. Dans la résolution, tous les éléments que vous avez indiqués seront-ils énoncés, par exemple la force multinationale jouira-t-elle d’une immunité? Cette question de l’immunité sera-t-elle abordée dans la résolution qui sera soumise au Conseil de sécurité?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je voudrais revenir sur la question du budget. Le bataillon nigérian qui quitte la Sierra Leone pour Monrovia a terminé ses opérations. Nous devions initialement le renvoyer au Nigéria. Maintenant, nous l’envoyons au Libéria. En attendant des arrangements permanents, il faut que la communauté internationale lui apporte son appui. Je ne suis pas en mesure de vous donner des chiffres précis, mais le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) peut vous les transmettre.
Je n’ai pas encore vu le projet de résolution finalisé. Je ne sais pas s’il contient un paragraphe sur la Cour pénale internationale. En général, une telle disposition ne figure pas dans ce type de résolution. Personnellement, j’estime qu’aucun soldat de la paix de l’ONU n’a jamais été mêlé aux crimes dont il est question. J’ai indiqué très clairement, lors des débats au Conseil, que les tentatives visant à obtenir une exemption pendant 12 mois n’étaient pas vraiment nécessaires.
Question (interprétation de l’anglais): Je souhaiterais revenir sur votre introduction. Vous avez parlé de réforme institutionnelle. Qu’est-ce que cela signifie exactement? S’agit-il d’une réforme du Conseil de sécurité ou d’une réforme de la Charte?
Par ailleurs, la semaine dernière, à propos de la Corée du Nord, vous avez parlé de signes encourageants. Or, il semblerait que les pourparlers sont suspendus, et vous savez ce qu’a dit John Bolton à ce sujet. Ces signes sont-ils donc véritablement encourageants? Pensez-vous que la crise nord-coréenne pourra être rapidement résolue?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Pour ce qui est de votre première question, compte tenu des six mois que nous venons de traverser, je serais vraiment surpris si les chefs d’Etat qui vont venir, ici, en septembre ne parlaient pas de renforcer les organisations multilatérales, de renforcer la capacité des Nations Unies à relever les nouveaux défis et s’ils ne parlaient pas des rapports entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social. Je suis sûr que la question de la réforme du Conseil de sécurité sera abordée et discutée, parce que, pendant la crise iraquienne et les débats sur l’Iraq, j’ai été en contact avec plusieurs chefs d’Etat qui estimaient que le problème venait de la structure même du Conseil de sécurité et que, de par la composition du Conseil de sécurité, grand nombre de régions et de pays n’arrivent pas à se faire entendre. D’aucuns ont même suggéré d’organiser, en dehors du cadre du Conseil de sécurité, un sommet qui réunirait des pays non représentés au Conseil de sécurité afin d’étudier la manière dont ils peuvent participer au débat. Je suis donc convaincu qu’il sera beaucoup question de cette réforme entre autres choses.
Concernant la Corée du Nord, le Gouvernement chinois a été particulièrement actif. Il a essayé de travailler avec l’administration américaine et le Gouvernement nord-coréen dans l’objectif de trouver un moyen de favoriser le dialogue. Je pense qu’il faut leur donner la possibilité de participer à ce dialogue. La situation est difficile. A mon avis, à l’heure actuelle, toutes les parties sont prêtes à employer des moyens diplomatiques. Nous devons donc soutenir ce processus, même si cela devait prendre un peu plus de temps.
Question (interprétation de l’anglais): La Ligue des Etats arabes a salué votre rapport sur l’Iraq. Je voudrais poser les deux questions suivantes. Beaucoup, au Moyen-Orient, souhaitent que l’Organisation des Nations Unies joue un rôle en Iraq. Pensez-vous, personnellement, qu’une intervention de l’ONU en Iraq nécessite une deuxième résolution. Ou pensez-vous, comme M. Vieira de Mello, que la résolution 1383 (2001) est suffisamment vague et offre la marge d’action nécessaire? Et pensez-vous qu’il existe encore un débat avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni? Par ailleurs, concernant la situation au Moyen-Orient, je voudrais savoir ce que vous pensez de la barrière en cours de construction en Israël et de la question des prisonniers palestiniens.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): S’agissant de votre première question, je voudrais dire tout d’abord qu’un débat est actuellement en cours avec les Etats Membres sur la nécessité d’une deuxième résolution, qui conférerait un mandat élargi à l’Organisation des Nations Unies et lui permettrait d’agir davantage en Iraq. Si les Etats Membres proposaient que nous fassions davantage, une deuxième résolution serait alors nécessaire. Cette deuxième résolution servirait également de base budgétaire. Mais plusieurs Etats ont indiqué qu’ils souhaitaient une internationalisation des efforts actuels, pas seulement au niveau de la reconstruction politique et économique, mais également en vue d’assurer la paix et la sécurité en Iraq. En d’autres termes, ils préféreraient que la pacification de l’Iraq s’effectue au titre d’un mandat de l’ONU.
Cela s’applique aussi à la reconstruction. Certains gouvernements ont déclaré qu’ils ne contribueraient à la reconstruction que dans le cadre de l’ONU et qu’ils n’alloueraient pas de ressources financières au fonds britannique et américain. Un grand nombre de questions sont en jeu. J’ignore si une deuxième résolution est imminente. En tout cas, un débat est en cours.
Concernant la barrière, je sais bien qu’il est d’usage de dire qu’une barrière permet d’entretenir des relations de bon voisinage. Mais cela ne vaut que si vous l’édifiez sur votre propre terrain sans perturber la vie de vos voisins.
Question (interprétation de l’anglais): Les Etats-Unis ont fixé une condition à leur intervention au Libéria. Ils demandent le départ de Charles Taylor. Où en sont les négociations? Pensez-vous que Charles Taylor va quitter le Libéria et être traduit devant les tribunaux en Sierra Leone?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je crois comprendre que Charles Taylor a dit au Président Obasanjo qu’il quitterait le pays à l’arrivée des soldats de la paix. Si cela est vrai, Charles Taylor devrait donc quitter le Libéria pour le Nigéria, qui lui a offert l’asile, dès l’arrivée sur le terrain des premières forces. A ce moment-là, d’autres forces arriveront sur le terrain. Quant à savoir s’il sera traduit devant les tribunaux, je considère que la loi doit être appliquée. Nous verrons ce qui va se passer.
Question (interprétation de l’anglais): Je voudrais revenir un instant sur l’Iraq. Quel est votre point de vue sur la situation en Iraq, sachant que les violences se poursuivent et que l’aide humanitaire n’arrive pas? Pensez-vous qu’une deuxième résolution est vraiment nécessaire? Faut-il vraiment une internationalisation de l’action pour reconstruire l’Iraq et enregistrer de véritables progrès?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): D’après ce que me disent les Etats Membres, je pense que l’internationalisation des opérations est importante aux yeux de certains pays, qui jugent primordial d’œuvrer sous l’égide des Nations Unies. Cela vaut pour l’Europe, l’Inde et d’autres, mais aussi pour la région. Les Etats arabes préféreraient travailler sous les auspices des Nations Unies. Je me suis entretenu avec le Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Amr Moussa, qui m’a dit que ces pays étaient prêts à intervenir mais ne pouvaient le faire au titre de la résolution actuelle. Ensemble, nous avons essayé de voir comment ils pourraient coopérer avec mon Représentant spécial, Sergio Vieira de Mello, et, d’une certaine façon, travailler directement avec les Nations Unies plutôt qu’avec la coalition.
Ce sont eux qui fournissent des troupes et des contributions. C’est donc à eux que la décision appartient. Ce n’est pas à moi de la prendre. A mon avis, ce que ces pays disent est très clair. Ils disent que, dès que l’aide à l’Iraq sera internationalisée, beaucoup plus de pays y participeront. Personnellement, je pense que ce qui se passe en Iraq est extrêmement important pour la région et le reste du monde. Il est primordial que nous mettions tout en œuvre pour que la stabilité règne en Iraq et que le pays vive en paix avec ses voisins. Par conséquent, nous ne devons pas hésiter à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour progresser. Si cela signifie qu’il faut adopter une deuxième résolution pour rassembler tout le monde, faisons-le.
Question (interprétation de l’anglais): Lors du conflit en Iraq, certains fonctionnaires américains ont sonné le glas de l’ONU et affirmé que c’était un véritable échec pour la communauté des nations. Quelques mois plus tard, il est question d’internationaliser la force en Iraq et de donner à l’ONU un rôle plus important. Qu’en pensez-vous? Quelles conclusions en tirez-vous?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Il apparaît clairement, compte tenu de la réponse des autres États Membres, que le multilatéralisme est essentiel pour un grand nombre de pays dans le monde. Pour un grand nombre de pays dans le monde, l’Organisation des Nations Unies est capitale. La légitimité octroyée par l’ONU est un élément fondamental. Je pense que ce message est très clair, surtout pour ceux qui pensaient que l’ONU était dépassée et qu’elle n’avait plus aucune influence. Je dois admettre qu’il y a juste quelques mois, j’avais prévenu ceux qui dénigraient l’ONU et je leur avais dit qu’ils pourraient un jour avoir besoin de l’ONU.
Question (interprétation de l’anglais): Je sais que nous avons déjà abordé la question de l’Iraq mais comment évaluez-vous les progrès enregistrés par l’Administration américaine en Iraq dans les domaines des services de base, de l’aide humanitaire et du rétablissement de la démocratie?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je suis d’avis que la situation est particulièrement difficile. Les conditions de sécurité sont précaires. Nous avons abordé cette question lors de la visite de la délégation du Conseil de gouvernement de l’Iraq qui a clairement indiqué que les femmes craignaient de sortir dans les rues et que les hommes craignaient même de conduire leurs voitures. Les services de base que sont le pompage de l’eau, les installations de traitement des eaux usées et les installations électriques sont toujours inexistants. La situation économique est particulièrement grave, car le Gouvernement iraquien comptait 2 millions de fonctionnaires. Imaginons que ces fonctionnaires avaient une famille de six, cela fait un total de 12 millions de personnes qui n’ont rien à manger puisque le chef de famille ne touche plus son salaire. De même, il n’y a plus de police ni d’armée. Il est donc très difficile de régler la situation sur le terrain. M. Bremer a indiqué qu’ils constituaient une nouvelle armée et qu’ils étaient sur le point de créer une nouvelle police. Mais pour reconstruire le pays, il faut que le processus politique aille de l’avant. Il faut renforcer les institutions et attirer les investisseurs étrangers. J’ai été frappé par un article paru dans Financial Times et écrit par le Président de Shell qui affirmait qu’il était trop risqué d’investir en Iraq. Il faut absolument que la sécurité règne pour pouvoir attirer les investisseurs et reconstruire le pays.
Question (interprétation de l’anglais): Vous avez recommandé la révocation de Carla Del Ponte du Tribunal pour le Rwanda, cela est-il le résultat de pressions exercées par le Gouvernement rwandais?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Absolument pas. Le fait d’avoir deux Procureurs au lieu d’un seul pour les deux Tribunaux est un problème débattu depuis déjà quelques temps. Il faut admettre qu’il est très difficile pour un Procureur de gérer une situation dans un pays donné. Qu’un Procureur gère deux Tribunaux se trouvant à des milliers de kilomètres l’un de l’autre, notamment des affaires très difficiles comme le procès de Milosevic à La Haye et en même temps la situation du Rwanda est pratiquement impossible. Nous avons rencontré des problèmes depuis le début non seulement avec les Procureurs mais aussi dans d’autres domaines. Le Conseil souhaite que ces deux Tribunaux achèvent dans les meilleurs délais leurs travaux. Si nous avons désormais deux Procureurs pour les deux Tribunaux, il sera possible d’accélérer le processus particulièrement onéreux. Aucune pression politique n’a donc été exercée. S’il y a eu des pressions politiques, ce n’était pas à mon niveau.
S’agissant de votre deuxième question, vous aimeriez savoir s’il faut réécrire les principes qui sous-tendent les interventions. Je ne sais pas. Je voudrais simplement dire que, depuis la crise en Iraq, les gouvernements se posent un grand nombre de questions. Nous sommes confrontés à de nouvelles menaces, à de nouveaux défis qu’il nous faut relever. Il me semble qu’il nous faut nous préparer à lancer des actions préventives, si nécessaire. En fait, les évènements en Iraq constituent-ils une exception ou un précédent? Là est bien la question. La guerre préventive fera-t-elle partie de nos réponses face aux nouvelles menaces? Quelles sont les règles? Qui décidera de quoi? C’est un débat en cours dans un grand nombre de capitales. Je suis certain que ce débat se tiendra également ici, à l’ONU. C’est une des raisons pour lesquelles je souhaiterais recommander la lecture du rapport intitulé « la responsabilité de protéger » qui peut servir de guide.
Question (interprétation de l’anglais): Je sais que vous avez abordé cette question hier avec le Président du Conseil de l’Europe. Mais avez-vous l’intention d’aller de l’avant avec une nouvelle initiative ou attendrez-vous que M. Denktash se retire de la scène politique?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Voilà une question qui a le mérite d’être franche. Je voudrais simplement dire que ma position reste inchangée. Sommes-nous prêts à intervenir de nouveau? Nous sommes prêts s’il existe une volonté véritable des deux parties. M. Denktash a fait récemment des propositions visant à instaurer des mesures de confiance. Mais l’autre partie a répondu qu’il fallait travailler sur la base des propositions déjà formulées. Je sais que des élections se tiendront sous peu dans le nord de Chypre en décembre, mais je ne sais pas si des modifications seront apportées. Ma position reste claire: si les parties ont une véritable volonté politique, nous interviendrons. Mais jusque-là, je ne pense pas que cela soit utile.
Question (interprétation de l’anglais): Votre Envoyé spécial en Iraq et vous-même avez communiqué au Conseil vos préoccupations en matière de droits de l’homme et du traitement accordé aux prisonniers de guerre qui n’est conforme ni aux Conventions de Genève ni au droit humanitaire international. Pourriez-vous étayer vos propos, s’agissant de la situation des prisonniers de Guantanamo?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Cette question a été abordée, me semble-t-il, par Sergio Vieira de Mello non seulement parce qu’il a assumé les fonctions de Haut Commissaire des droits de l’homme mais également depuis qu’il est sur le terrain en Iraq. Il s’efforce de sensibiliser le personnel et de leur assurer une formation. Il a également fait savoir à la coalition que les prisonniers de guerre en Iraq doivent être traités conformément aux Conventions de Genève et au Règlement de La Haye. C’est d’ailleurs ce qui a été dit dans la résolution et dans les différentes déclarations. Ma position est très claire. Nous en avons débattu hier avec les organisations régionales. Il nous faut être vigilant et ne pas négliger le respect des droits de l’homme dans la lutte contre terrorisme. L’on ne peut céder du terrain dans le domaine des libertés fondamentales et des droits de l’homme au nom de la sécurité. Parce qu’en renonçant aux droits de l’homme, on ne garantit pas la sécurité. Nous estimons donc qu’il est nécessaire de respecter les droits des individus et les droits de l’homme.
Nous sommes préoccupés de ce que sous prétexte de terrorisme, des gouvernements du monde entier taxent des personnes pour violer leurs droits, les enfermer en prison et faire taire l’opposition politique. Nous voyons s’effriter le respect des droits de l’homme, ce qui nous préoccupe tous.
Question: C’est une question générale aussi. Est-ce que vous êtes préoccupé en ce moment par l’état de l’Afrique? Est-ce que vous pensez que la communauté internationale et les Nations Unies s’impliquent suffisamment pour résoudre les différentes crises que traverse le continent?
Le Secrétaire général: Evidemment, l’Afrique se trouve dans un état déplorable sur le plan des conflits. Mais l’Occident a apporté dernièrement son aide: nous avons vu la France en Côte d’Ivoire, puis la force européenne déployée à Bunia. Par conséquent, il y a eu un certain engagement. L’Union européenne et les Etats-Unis sont en train de travailler avec les pays africains pour préparer les soldats au maintien de la paix. Sur le plan économique, le G-8 et les autres soutiennent à fond le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Par conséquent, dans certains domaines, nous sommes en train de faire des progrès.
Je viens de parler du sida. On a besoin d’argent pour traiter les gens, pour les soigner, pour les aider, mais on n’en a pas suffisamment. Il y a eu une réunion à Paris dernièrement; il y a eu quelques efforts, mais cela ne suffit pas. Je crois cependant que l’engagement de l’Europe vis-à-vis de l’Afrique continue. Les Américains m’ont indiqué qu’ils vont faire également la même chose. Mais il y a beaucoup de travail à faire.
Question (interprétation de l’anglais): Vous venez de clore une conférence sur la crise du système institutionnel. Comment pouvez-vous préserver l’ONU en tant qu’étape essentielle des décisions internationales en matière de sécurité? Au Libéria, par exemple, il va falloir trois mois aux soldats de la paix pour se déployer. Nous avons vu qu’une série de pays ont dû prendre la tête d’une force multinationale avant que la force des Nations Unies puisse arriver. Est-ce que ces exemples signifient que l’ONU est reléguée au second rang mondial? Que pouvez-vous faire pour renforcer l’ONU en tant qu’étape essentielle du processus?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je pense qu’il y a de vraies raisons pratiques pour lesquelles nous avons parfois recours à des forces multinationales. Vous savez que l’ONU n’a pas d’armée. Nous contactons donc les gouvernements pour leur demander de nous prêter des troupes une fois que le Conseil de sécurité nous en a donné le mandat. Pendant que le Conseil élabore une solution, nous avons déjà commencé de parler aux gouvernements qui seraient prêts à nous rejoindre au Libéria. Normalement, il faut environ trois à quatre mois pour déployer les troupes de maintien de la paix. Lorsque la situation est urgente, par conséquent, nous nous tournons en général vers les pays dotés de capacités aéroportées et de troupes bien entraînées pour pouvoir arriver très rapidement. Les Français sont arrivés à Bunia en deux semaines environ. Cela nous a donné le temps de préparer une force de relais, qui arrivera cet été. Une fois la force arrivée sur le terrain, la force française quittera les lieux. Il y a donc des raisons très concrètes qui expliquent cette approche.
Dans les situations où il n’y a pas d’urgence comme au Libéria, nous avons le temps de planifier et d’envoyer les soldats de maintien de la paix sans recourir d’abord à une force multinationale. C’est un système d’appui et de renfort qui peut fonctionner si l’on obtient une réponse. Il a fait ses preuves récemment à Bunia.
Question (interprétation de l’anglais): Et comment vous assurez-vous que l’ONU reste une étape centrale des décisions internationales en matière de sécurité?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): C’est la seule organisation où tous les gouvernements peuvent venir discuter de ces questions. Lors de nos précédentes discussions, j’avais déjà souligné que je ne suis pas le seul à le dire. Les gouvernements nous disent, disent au monde et à leur peuple, que l’ONU est importante pour eux et qu’ils prennent ses décisions au sérieux. Ces gouvernements disent aussi, par exemple: « Si vous voulez que nous allions en Iraq, allez à l’ONU obtenir ce que nous appelons un mandat des Nations Unies ». C’est donc un lieu important non seulement pour obtenir des pouvoirs, mais aussi parce qu’il permet aux gouvernements de se réunir pour examiner les questions d’intérêt commun. Beaucoup de gouvernements respectent la Charte, respectent la Déclaration universelle des droits de l’homme. C’est important pour eux, et donc nous devons écouter ce que disent les autres gouvernements.
Question (interprétation de l’anglais): Je voudrais juste revenir sur certaines des observations que vous avez faites sur le Libéria. Hier, le Président libérien, Charles Taylor, a indiqué qu’il allait réfléchir sur sa démission. Juste après, on a entendu que son gouvernement rejetait l’offre de cessez-le-feu des rebelles. Quelles sont les possibilités, à votre avis, de voir Taylor démissionner et de voir un règlement de la situation?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Nous vivons dans une situation qui peut évoluer d’un moment à l’autre. Naturellement, toutes ces déclarations sont aussi une sorte de négociation. Dans quelle mesure cette déclaration était-elle finale ou non? S’agissait-il d’un message psychologique à l’autre camp? Je ne peux le dire. Mais il a donné fermement au Président nigérian des indications de son départ prochain. Il compte sur son départ et nous aussi.
Question (interprétation de l’anglais): Dans quelles conditions recommanderiez-vous au Conseil de sécurité l’envoi de forces de maintien de la paix sans être accusé d’aider une puissance occupante?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je pense que le débat actuel est le suivant: si une nouvelle résolution est adoptée, la plupart des gouvernements voudraient qu’elle prévoie également une présence de maintien de la sécurité et encourage les gouvernements à s’y joindre pour pacifier l’Iraq.
Question (interprétation de l’anglais): Pour revenir sur une question précédente, appuierez-vous l’utilisation de mesures préventives multilatérales? Je voudrais aussi connaître votre avis sur le débat relatif à la définition de la famille qui se tient actuellement dans de nombreux pays et sociétés? Nous avons vu des pays modifier leur législation à cet égard. L’Eglise catholique parle également de cette question. Je voudrais savoir ce que vous en pensez.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je ne suis pas sûr d’avoir compris la première question, sur l’intervention multilatérale.
Question (interprétation de l’anglais): Appuieriez-vous une intervention militaire préventive multilatérale?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je pense que la Charte est très claire. Lorsqu’il existe une menace importante à la paix et à la sécurité internationales, le Conseil peut autoriser une intervention collective de recours à la force. La Charte le prévoit lorsque les conditions sont bien définies. Le caractère collectif de cette intervention est également souligné.
Pour ce qui est de votre deuxième question, je sais que ce débat continue. Même ma propre Eglise, l’Eglise anglicane, semble s’y être lancée. Je pense que chacun doit pouvoir faire son propre choix et que nous devons être prudents et ne pas tirer de conclusions, ou adopter d’attitudes discriminatoires, envers des personnes en raison des choix qu’ils ont faits ou de leurs préférences. Ce n’est pas une chose dans laquelle notre Organisation devrait s’impliquer.
Question (interprétation de l’anglais): En République démocratique du Congo, les organisations non gouvernementales qui travaillent à Bunia brossent un tableau très sombre de la situation. Il n’y a pas de sécurité dans le camp des personnes déplacées; les rations alimentaires sont réduites au tiers des besoins quotidiens d’une personne; et il y a un problème d’eau et d’assainissement. Que fait l’ONU pour régler ce problème?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Nous sommes handicapés pour le moment: la force que nous avons se trouve à Bunia et dans les environs. La région de l’Ituri est beaucoup plus vaste. C’est l’une des raisons pour lesquelles je demande depuis quelque temps au Conseil de nous fournir des troupes supplémentaires pour que nous puissions mettre sur pied une brigade qui couvre le territoire de Bunia. C’est ce que nous avons l’intention de faire lors de l’arrivée de la brigade, le mois prochain. Nous n’avons pas pu obtenir que la force multinationale aille au-delà de Bunia. Pour être juste, leur mandat les limite à Bunia. Nous avons le même problème en Afghanistan, où la Force internationale d’assistance à la sécurité veille sur Kaboul mais n’est pas disposée à sortir de Kaboul. Les gouvernements ne veulent pas non plus qu’elle le fasse. Mais j’espère que lorsque la Force élargie arrivera au début du mois prochain, la situation s’améliorera et que l’on pourra venir en aide aux civils sur le terrain.
Question (interprétation de l’anglais): J’ai deux questions brèves. S’agissant du Libéria, les Etats-Unis et la CEDEAO ont dit qu’ils souhaitaient intervenir lorsque les tirs se seront arrêtés. Que va-t-il se passer s’il n’y a pas de cessez-le-feu?
Pour ce qui est du Rwanda et du Procureur Del Ponte, pensez-vous que le Rwanda va accepter le nouveau Procureur et va permettre que l’on enquête sur sa propre armée, puisque c’était là le véritable différend avec Carla Del Ponte?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): C’est l’une des questions qui se posent concernant le Libéria. Faut-il attendre un cessez-le-feu. Un cessez-le-feu a été effectivement signé mais il n’a pas été respecté. Des appels ont été lancés aux parties leur demandant de déposer les armes. La CEDEAO est en train d’en discuter à Accra et elle a indiqué que l’une des factions se retirait du port et qu’à partir du moment où les forces arriveraient sur le terrain, les tirs cesseraient. Nous sommes ici en présence d’une situation où le cessez-le-feu n’a pas été respecté et où les deux parties souhaitent qu’une force internationale arrive sur le terrain, non pas simplement l’armée gouvernementale et les rebelles mais aussi la population, donc toutes les parties souhaitent une présence internationale. Je pense que les risques qui nous préoccupent ne sont peut-être pas si importants. Il est clair que de toutes les façons, une mission n’est jamais sans risque et qu’il faut toujours faire preuve de prudence.
Pour ce qui est de la deuxième question concernant le nouveau Procureur qui sera nommé, c’est au Conseil de sécurité de décider qui sera le nouveau Procureur pour le Rwanda. Celui-ci aura exactement le même mandat que Carla Del Ponte. Il devra enquêter et assurer le suivi de toutes les allégations crédibles. Il faudra que la loi soit respectée. Il ne peut pas y avoir d’accords ni d’ententes. Il faut absolument que la loi soit respectée.
Je vous remercie.
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