KOFI ANNAN AFFIRME QUE LE COMBAT CONTRE LE TERRORISME DOIT ETRE MENE DANS LE RESPECT DES DROITS DE L’HOMME
Communiqué de presse SG/SM/8798 |
KOFI ANNAN AFFIRME QUE LE COMBAT CONTRE LE TERRORISME DOIT ETRE MENE
DANS LE RESPECT DES DROITS DE L’HOMME
On trouvera ci-après le texte intégral de l’allocution prononcée aujourd’hui par le Secrétaire général, Kofi Annan, à la cinquième réunion de haut niveau entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales :
Quel plaisir de vous accueillir à New York pour cette cinquième réunion de haut niveau entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales du monde, qui sont venues si nombreuses.
Lors de notre dernière réunion de haut niveau, en février 2001, j’avais dit qu’aucun d’entre nous ne pouvait relever seul les défis de notre temps. C’est encore plus vrai aujourd’hui.
L’époque que nous vivons est pleine de promesses, mais comme certains événements nous l’ont rappelé tragiquement, l’interdépendance croissante de la planète s’accompagne d’une grande vulnérabilité. Dans les pays pauvres comme dans les pays riches, les individus ont souvent l’impression de n’avoir aucune prise sur les événements.
Les frontières ne font obstacle ni à la communication, ni à la circulation des idées, des marchandises et des services, des touristes et des migrants économiques. Elles ne constituent pas non plus un rempart très efficace contre les mouvements de terroristes, de chefs de guerre, d’armes légères, de clandestins, de réfugiés, de drogues ou encore contre les maladies infectieuses et la pollution.
Aucun pays n’est à l’abri du terrorisme : que ce soit le pays le plus puissant, la plus grande démocratie, l’État le plus vaste, la nation musulmane la plus peuplée ou le pays qui abrite les lieux les plus saints de l’Islam, nul n’est épargné. La menace terroriste est d’autant plus grande aujourd’hui que des armes de destruction massive pourraient tomber aux mains de groupes extrémistes ne reculant devant rien pour atteindre leurs objectifs.
Dans les pays en proie à la guerre civile ou à l’anarchie, les populations sont brutalisées et chefs de guerre, terroristes et trafiquants agissent en toute impunité.
Dans le même temps, le recours à la force militaire – à quelles fins et sous quelle autorité – suscite des débats passionnés non seulement dans les pays où la force est employée, mais dans le monde entier.
Certes, beaucoup de ces problèmes ne sont pas nouveaux et existent depuis longtemps déjà, sous une forme ou une autre. Mais jamais encore les défis à relever n’ont été si nombreux et si divers. Il nous faut maintenant tirer parti des progrès accomplis lors de nos réunions précédentes et renforcer la coopération en matière de prévention des conflits et de consolidation de la paix.
Nous devons également faire fond sur la contribution que les organisations régionales ont apportée à la réunion spéciale du Comité contre le terrorisme et à la réunion de haut niveau du Conseil de sécurité sur les nouvelles menaces contre la paix et la sécurité, qui se sont tenues au début de cette année.
Je souhaite la bienvenue aux représentants de l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol), l’Organisation de coopération de Shanghai et l’Organisation du Traité de sécurité collective que j’ai invités à se joindre à nous. Je ne doute pas qu’ils sauront enrichir nos délibérations.
Sans vouloir préjuger du cours des débats et de leur issue, je tiens à rappeler quelques points essentiels.
Premièrement, nous n’avons d’autre choix que de faire front ensemble. La tâche est déjà bien assez lourde sans que nous nous perdions en vaines dissensions. Nos valeurs et nos intérêts communs sont bien plus forts que les divergences que nous pouvons avoir, même sur les questions les plus fondamentales.
Deuxièmement, nous devons adapter nos institutions à l’évolution du monde. Il faut examiner les mécanismes existants, ainsi que nos méthodes de travail, en toute honnêteté et accélérer les réformes.
Troisièmement, nous devons non seulement combattre nos ennemis et les dangers qui nous menacent tous, mais aussi nous attaquer aux causes profondes de l’insécurité. Une grande partie de l’action de l’ONU vise à répondre aux griefs politiques et à la détresse économique qui conduisent certains à adhérer à la cause de groupes terroristes violents. Cet objectif doit être au cœur de toute stratégie globale de lutte contre le terrorisme et les autres facteurs d’insécurité.
Quatrièmement, nous devons défendre vigoureusement les principes auxquels nous croyons et qui sont consacrés dans la Charte, notamment le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Renforcer la protection des droits de l’homme, c’est porter un rude coup au terrorisme et atténuer le sentiment d’injustice qui pousse parfois les opprimés à recourir à la violence. Sacrifier les droits de l’homme aux impératifs de la lutte anti-terroriste, c’est offrir aux terroristes une victoire que leurs actes ne pourraient jamais leur assurer.
Ces principes fondamentaux devraient nous permettre d’aboutir à une nouvelle conception de la sécurité mondiale, qui soit respectueuse des droits de l’homme et capable de répondre aux menaces de notre temps, en particulier le terrorisme. Une conception qui tire parti des mécanismes multilatéraux existants et de la légitimité qu’ils confèrent. Nous avons en effet à notre disposition tout un réseau de mécanismes efficaces, tant régionaux que mondiaux, qui se renforcent mutuellement, tout en ayant la souplesse nécessaire pour s’adapter à un monde de plus en plus intégré et en évolution constante.
J’attends avec intérêt les résultats de vos travaux qui, je l’espère, aboutiront à des mesures concrètes d’action collective.
* *** *