SG/SM/8609

LES PARTENARIATS SONT LA CLEF DU SUCCES DU FIDA, DONT L’OBJECTIF EST D’ELIMINER LA FAIM ET LA PAUVRETE RURALES, DECLARE M. KOFI ANNAN

19/02/2003
Communiqué de presse
SG/SM/8609


                                                            SG/SM/8609

                                                            19 février 2003


LES PARTENARIATS SONT LA CLEF DU SUCCES DU FIDA, DONT L’OBJECTIF EST

D’ELIMINER LA FAIM ET LA PAUVRETE RURALES, DECLARE M. KOFI ANNAN


ROME, le 19 février 2003 -– On trouvera ci-dessous dans son intégralité l’allocution prononcée par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la création du Fonds international pour le développement agricole (FIDA):


Notre réunion se tient à un moment où le monde est en proie à l’incertitude et à l’angoisse. Le risque de guerre en Iraq pèse lourdement sur l’ensemble de la famille des Nations Unies et, bien évidemment, sur nous tous qui sommes rassemblés ici aujourd’hui.


Mais la crise que nous traversons ne doit pas faire flancher notre détermination à nous acquitter du mandat plus général qui nous est confié et à nous employer à délivrer le monde de la peur et de la faim et à protéger les ressources de notre planète.


Je suis donc heureux d’être ici parmi vous à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire du Fonds international pour le développement agricole. Né dans les années 70 dans le contexte de graves pénuries alimentaires et de menaces de famine, le FIDA poursuit un objectif qui est au cœur même de la mission de l’ONU : faire croître la production alimentaire en tant que moyen de lutte contre la faim et la pauvreté.


La création du FIDA représentait un nouveau type de partenariat – entre pays de l’OPEP et pays industrialisés, entre pays en développement et pays développés – dans lequel chaque groupe de pays versait à l’institution d’importantes contributions. Il s’agissait d’une des premières alliances mondiales de ce type, au moyen de laquelle les pays dépassaient les barrières géographiques et idéologiques qui les séparaient et  joignaient leurs forces pour atteindre ensemble un objectif commun : éliminer la pauvreté et la faim.


Le partenariat continue d’être la clé du succès du FIDA. Le Fonds élabore ses programmes en partenariat avec les gouvernements ainsi qu’avec la société civile et le secteur privé des pays hôtes, qui lui apportent un important soutien. L’impact de son action montre combien la collaboration avec les différentes parties prenantes peut accroître l’efficacité d’une organisation internationale.


Le FIDA faisant porter ses efforts sur les zones rurales, il apporte une contribution évidente à la réduction de la pauvreté et de la faim. Les programmes qu’il mène au niveau des communautés répondent aux besoins des pauvres des zones rurales, tels qu’ils les ont eux-mêmes identifiés. Ces programmes permettent aux petits exploitants, aux éleveurs pauvres, aux paysans sans terre et, surtout, aux femmes des zones rurales d’avoir accès aux outils dont ils ont besoin pour lutter contre la faim et la pauvreté.

Mais notre mission ne doit pas se borner à atténuer les effets des crises alimentaires. Nous devons aussi nous attaquer aux facteurs qui expliquent l’état de vulnérabilité des populations et le retour des famines.


Nous devons donc continuer de promouvoir des changements structurels dans les zones rurales en donnant aux pauvres les moyens de se prendre en charge et en améliorant leur capacité d’adaptation.


Il nous faut également veiller à ce que les investissements consacrés au progrès social s’accompagnent d’investissements et de politiques visant à accroître la productivité dans les zones rurales.


Il faut aussi faire face à l’incidence du VIH/sida sur les communautés rurales, en particulier en Afrique. A cause du sida, les techniques de culture ne se transmettent plus, les efforts de développement agricole déclinent, les sociétés rurales se désintègrent, la capacité productive des agriculteurs chute et les revenus des ménages ne cessent de diminuer alors que le coût des soins aux malades augmente de façon fulgurante.


En période de famine, la capacité de résistance des pays est minée par le sida, qui affaiblit les mécanismes permettant aux populations de faire face aux catastrophes – en particulier les mécanismes de survie fournis par les femmes.


Nous devons donc lier les programmes d’aide alimentaire et la promotion de nouvelles méthodes de culture avec des programmes de prévention et de traitement du sida, notamment en mettant au point des techniques agricoles adaptées à une main d’œuvre réduite.


L’aide publique au développement et les autres formes d’aide au développement rural et à l’agriculture doivent cesser de décliner. A cet égard, je note avec satisfaction le succès de la sixième reconstitution des ressources du FIDA, qui montre que les pays donateurs tiennent les engagements qu’ils ont pris l’an dernier lors de la Conférence internationale sur le financement du développement.


Dans la Déclaration du Millénaire, les dirigeants de la planète se sont engagés à donner la priorité absolue à l’élimination de la misère et de la faim et se sont fixés pour objectif, en un premier temps, de réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la population mondiale qui vit dans la misère et souffre de la faim.


Nous ne pourrons atteindre ces objectifs que si nous gardons à l’esprit le fait que les trois-quarts des pauvres de la planète vivent dans les zones rurales et tirent leurs revenus de l’agriculture et d’autres activités rurales.


Nous devons nous préoccuper de ce que, pour eux, l’avance rapide de la mondialisation sur le plan international et de la libéralisation sur le plan intérieur crée davantage de risques qu’elle n’offre de possibilités. Ensemble, nous devons les aider à atteindre des normes de productivité et de qualité suffisantes et veiller à ce que les politiques commerciales et le régime des droits de propriété intellectuelle permettent au producteurs pauvres d’avoir des moyens de subsistance viables dans le nouveau système.


Pour parvenir à ce résultat, des efforts résolus devront être faits dans le cadre de la nouvelle série de négociations commerciales, ainsi que dans les débats de portée plus générale. Je suis heureux de constater que l’ONU collabore de plus en plus étroitement avec l’OMC et les institutions de Bretton Woods à cet effet.


Par ailleurs, nous devrons nous employer à promouvoir une révolution verte dans le secteur agricole en Afrique, afin que le continent africain parvienne à l’autosuffisance alimentaire, comme y sont parvenues d’autres régions du monde.


A Doha, à Monterrey puis à Johannesburg, la communauté internationale a reconnu que les principaux objectifs de développement ne pourraient être atteints sans que soient pris en compte les problèmes de développement des zones rurales. La réunion de haut niveau du Conseil économique et social, qui doit se tenir sous peu, sera justement consacrée à un examen plus approfondi de cette question.


Nous devons maintenant faire en sorte que la priorité ainsi réaffirmée se traduise dans les faits. Je compte que toutes les entités du système des Nations Unies qui s’occupent de développement rural collaboreront étroitement à cette fin.


Permettez-moi de féliciter le FIDA pour les efforts incessants qu’il déploie, sous la direction éclairée de son Président, Lennart Båge, pour gérer le Fonds avec souplesse et cohérence.


Je suis convaincu qu’au cours de cette vingt-cinquième session, le Conseil d’administration trouvera les moyens de progresser dans l’exécution de notre mission commune. Je salue à nouveau les 25 années de partenariat résolu entre le Fonds et les pauvres des zones rurales, et souhaite que vos débats soient couronnés de succès.


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