SG/SM/8608

L’ONU EST UN ALLIE ET UN OUTIL PRECIEUX DANS LA LUTTE POUR LA PAIX, DIT KOFI ANNAN AU FESTIVAL ET AU FORUM DU PRIX NOBEL DE LA PAIX

25/02/2003
Communiqué de presse
SG/SM/8608


                                                            SG/SM/8608

                                                            25 février 2003


L’ONU EST UN ALLIE ET UN OUTIL PRECIEUX DANS LA LUTTE POUR LA PAIX,

DIT KOFI ANNAN AU FESTIVAL ET AU FORUM DU PRIX NOBEL DE LA PAIX


On trouvera ci-après le message adressé par le Secrétaire général, Kofi Annan, au huitième Festival annuel du prix Nobel de la paix, tenu au Collège Augsburg de Minneapolis, et au quinzième Forum annuel du prix Nobel de la paix, tenu au Collège Concordia de Moorehead (Maine), le 14 février dernier. C’est M. Anwarul K. Chowdhury, Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, qui en a donné lecture:


Depuis un siècle qu’on décerne le prix Nobel de la paix – siècle d’hécatombes sauvages et de deuils, mais aussi de génie et de progrès extraordinaires – l’humanité a immensément progressé dans sa conception de la paix. Nous avons assisté à un changement radical de la nature de l’instabilité et des conflits, ainsi que de leurs causes profondes, ce qui nous a contraints à adapter notre ligne de conduite dans la prévention et le règlement des conflits et surtout à mieux comprendre les composantes fondamentales du rétablissement et du maintien de la paix.


Nous avons appris que la paix exigeait des efforts sans relâche et qu’elle était loin de se limiter à l’absence de guerre. Nous avons appris que par « paix » on entendait le droit d’échapper à la pauvreté, on entendait la justice, les droits de l’homme, l’éducation, la santé et la bonne gouvernance, autrement dit la possibilité pour les humains de vivre dans de bonnes conditions.


Nous avons également appris qu’oeuvrer pour la paix était une tâche bien trop importante pour n’être confiée qu’aux politiques, aux diplomates et aux fonctionnaires. Elle relève d’un partenariat dans lequel chacun doit s’engager et elle suppose que nous partagions tous la conviction que le mieux est possible et que chacun y peut quelque chose.


Cela s’applique tout particulièrement aux jeunes comme vous, qui allez reprendre le flambeau. Je me félicite de ce que vous ayez déjà commencé à réfléchir à ce que vous pourrez faire pour défendre, construire et promouvoir la paix sans attendre que les gouvernements vous dictent une conduite.


Quelle que soit la manière dont vous le ferez, j’espère que vous ne cesserez de voir en l’Organisation des Nations Unies un allié utile dans le combat en faveur de la paix. L’Organisation en est à un moment crucial de son existence. L’année débute dans l’inquiétude, avec la perspective d’une guerre en Iraq, la prolifération nucléaire dans la péninsule coréenne et la violence qui semble s’éterniser au Moyen-Orient. Même la Côte d’Ivoire, naguère l’un des pays d’Afrique les plus stables et prospères est aujourd’hui prise dans le maelström de la guerre.


La menace de la terreur mondiale pèse sur nous tous. Nous ignorons quand et où elle frappera à nouveau.


L’épidémie mondiale de sida va faire encore bien des morts cette année, et elle en fera de plus en plus en 2004 et 2005. En Afrique australe et dans la corne de l’Afrique, la famine guette cette année 30 millions de personnes. La pauvreté qui sévit partout condamne mères et enfants à mourir prématurément, à aller dormir le ventre creux, ou à être privés de tout accès à l’eau salubre et à l’éducation.


Par ailleurs, les changements climatiques sont déjà manifestes. C’est l’une des raisons pour lesquelles tempêtes, inondations et sécheresses sont si fréquentes et engendrent toujours plus de situations tragiques et d’urgence humanitaire.


Malgré tout, je demeure optimiste. Il faut voir notre temps non pas tant comme une ère de menaces mais comme une période porteuse de perspectives encourageantes. Face à tous ces problèmes, le monde dispose de mécanismes bien placés, au premier rang desquels l’ONU elle-même. En unissant leurs forces, les nations peuvent faire bouger les choses. En défendant l’état de droit, elles peuvent servir la cause d’un monde plus juste. Notre génération est la première à pouvoir mettre fin à la pauvreté, si nous nous y consacrons et si nous obligeons nos dirigeants à tenir les engagements qu’ils ont pris au Sommet du Millénaire en septembre 2000.

Nous devons poursuivre avec ardeur notre mission suprême : atteindre les objectifs de développement énoncés dans la Déclaration du Millénaire, agir pour nous libérer de la peur et du besoin et protéger les ressources de notre planète. Notre devise doit être de mettre les hommes au coeur de toute notre action.


Chacun de vous a un rôle important à jouer et doit faire entendre sa voix, éveiller les consciences, manifester sa volonté de vaincre les différences, créer des réseaux de citoyens responsables et demander des comptes à son gouvernement. Je vous demande d’y voir un engagement de votre part; il faut que vous vous atteliez tous à cette initiative. Dans cet esprit, j’espère que cette réunion vous sera une grande source d’inspiration.


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