KOFI ANNAN DECLARE: L’ALPHABETISATION EST FONDAMENTALE POUR UN AVENIR PORTEUR DE LIBERTE ET D’ESPOIR POUR L’HUMANITE
Communiqué de presse SG/SM/8606 |
SG/SM/8606
24 février 2003
kofi annan declare: L’alphabEtisation est fondamentale pour un avenir porteur de libertE et d’espoir pour l’humanitE
On trouvera ci-après le texte des observations formulées par le Secrétaire général, Kofi Annan, à l’occasion de la cérémonie de lancement de la Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation (2003-2012), qui s’est déroulée dans la soirée de jeudi 13 février, à la New York Public Library.
Je suis ravi de me trouver ici parmi tant de personnalités éminentes, unies au service d’une cause fondamentale. Je remercie le Directeur général de l’UNESCO, M. Koïchiro Matsuura, ainsi que l’Association des Nations Unies des États-Unis pour leur contribution à l’organisation de cette réunion.
Je suis particulièrement honoré de la présence de Mme Laura Bush, dont le profond dévouement à la cause de l’alphabétisation est exemplaire tout autant qu’indéfectible.
Je remercie également le Président et le Gouvernement de la Mongolie, véritables moteurs de la Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation.
Nous sommes réunis ici parce que nous savons qu’à l’aube du XXIe siècle, un adulte sur cinq ne sait ni lire ni écrire. Le monde compte aujourd’hui près de 900 millions d’analphabètes, dont les deux tiers sont des femmes.
Nous sommes réunis ici parce que nous savons que l’alphabétisation est la clef qui permettra à l’humanité de sortir du carcan de la misère; la clef qui permettra de libérer le potentiel que porte en lui chaque être humain; la clef qui donne accès à un monde porteur de liberté et d’espoir.
Nous sommes ici pour lancer une décennie qui doit concrétiser cet espoir.
La Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation est un appel lancé à tous pour que, collectivement, nous concentrions tous nos efforts sur la tâche gigantesque qui nous attend.
Elle est l’expression de la nécessité d’aller plus loin que par le passé et l’occasion de mettre en application les enseignements tirés des erreurs qui ont été faites.
Elle nous rappelle que l’alphabétisation est un droit fondamental. Il y a 55 ans de cela, la Déclaration universelle des droits de l’homme énonçait que toute personne a droit à l'éducation et le fait que 20 % des adultes dans le monde n’y ont pas accès devrait nous faire honte à tous.
Enfin, la Décennie est l’affirmation du lien indissoluble qui unit l’alphabétisation et l’action que nous menons pour traduire en résultats concrets la Déclaration du Millénaire adoptée par tous les gouvernements du monde, qui est un plan pour l’édification d’un monde meilleur au XXIe siècle. L’alphabétisation est la condition préalable d’un monde robuste, juste et prospère.
Cela est particulièrement vrai de l’alphabétisation des femmes. Toutes les études qui ont été menées sur la question montrent qu’il n’y a pas d’outil du développement plus efficace que l’éducation des filles et des femmes.
Aucune autre politique ne permettra autant d’augmenter la productivité économique, de faire baisser les taux de mortalité infantile et maternelle, d’améliorer la nutrition, de promouvoir la santé – et en particulier de prévenir le VIH/sida – et d’accroître les chances pour la génération montante de recevoir une éducation. Investissons dans cette valeur que constituent les femmes et les filles.
Il y a donc tout lieu de se féliciter de ce que les deux premières années de la Décennie soient consacrées au thème «Alphabétisation et égalité des sexes».
Nous devons redoubler d’efforts pour promouvoir l’éducation des filles, qui constituent la majorité des enfants non scolarisés dans le monde.
Nous devons aussi nous consacrer avec une énergie renouvelée à la lutte contre l’analphabétisme chez les adultes. Pour cela, les démarches les plus fructueuses sont celles qui sont fondées sur une action collective prenant en compte la situation locale et privilégiant les besoins de l’apprenant – avec le soutien des gouvernements, des organisations internationales et de la société civile.
Ceux qui mènent cette action collective – ce sont des femmes le plus souvent – sont au nombre des personnes les plus admirables que je connaisse.
Voyez les femmes d’un district du Tamil Nadu, en Inde, où le taux d’alphabétisation était, il y a 15 ans, bien inférieur à la moyenne nationale. En apprenant à lire et à écrire, ces femmes ont voulu, à leur tour, alphabétiser les autres femmes de villages plus reculés encore. Pour arriver jusqu’à elles, elles ont appris à monter à bicyclette et, en moins de trois ans, toute la population du district était officiellement alphabétisée.
Voyez encore cette équipe de volontaires de République démocratique du Congo, pays ravagé par la guerre. Enseignant dans la langue locale, le ngbaka, ils ont introduit progressivement le lingala, qui est la langue nationale, ainsi que le français. Malgré le conflit, ce projet a pu être maintenu parce qu’il était exécuté par des membres de la population locale, adapté aux besoins de cette population et peu coûteux.
Écoutez les propos d’un apprenant âgé de 86 ans – je dis bien 86 ans – dans un village en Haïti: [je cite] «Si, à la fin du projet, je suis capable de signer de mon nom, ou de comprendre ce qui se passe quand on vient me chercher pour voter, je saurai que je n’ai pas perdu mon temps».
Que ces exemples soient une source d’inspiration pour chacun d’entre nous.
Les gouvernements de la planète ont pris l’engagement d’augmenter de 50 %, d’ici à 2015, le taux mondial d’alphabétisation. On a déjà dit que de telles promesses, on les faisait souvent, sans jamais les tenir.
Que cette Décennie vienne apporter la preuve du contraire. Montrons que nous sommes capables de tenir nos promesses. Mobilisons les ressources humaines et financières voulues pour traduire notre engagement en résultats concrets.
Que cette décennie offre à des millions de personnes, de par le monde, la clef d’un avenir porteur de liberté et d’espoir.
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