POP/857

COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT : LE PRIX NOBEL AMARTYA SEN CELEBRE LES VERTUS DE L’EDUCATION MAIS APPELLE A VEILLER A SON CONTENU

02/04/2003
Communiqué de presse
POP/857


Commission de la population

et du développement

5e et 6e séances – matin et après-midi


COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT : LE PRIX NOBEL AMARTYA SEN CELEBRE LES VERTUS DE L’EDUCATION MAIS APPELLE A VEILLER A SON CONTENU


L’école influence les décisions sociales, allonge la durée de la vie et peut contribuer à nous rendre fier du monde dans lequel nous vivons, mais il est temps d’accorder une attention réelle à la teneur des programmes scolaires dans le monde.  Devant la Commission de la population et du développement, dont la trente-sixième session, réunie depuis lundi à New York, est consacrée à l’éducation, le prix Nobel d’économie 1998 Amartya Sen (Bangladesh) a célébré ce matin les vertus de la scolarisation sur le développement humain et le renforcement des capacités des populations, particulièrement des femmes.  En appelant à s’intéresser au contenu des programmes dispensés, il ne s’agit pas, a-t-il précisé, de donner des ordres ou des directives à l’échelon mondial mais d’intégrer ces préoccupations dans les débats publics.


Le Professeur Sen, enseignant au Trinity College de Cambridge (Royaume-Uni), a jugé qu’il était fondé de répondre à l’appel lancé par les Nations Unies en faveur de la scolarisation pour tous d’ici à 2015, estimant que l’éducation se situe au cœur du développement humain et de la sécurité humaine: une éducation de base peut aider les populations, surtout les plus vulnérables, à obtenir un travail et à leur permettre ainsi de participer à l’économie mondiale et d’en tirer avantages.  En outre, a-t-il rappelé, il est maintenant prouvé que la scolarisation des filles a un impact direct sur les taux de fécondité et la réduction de la mortalité.  Pour lui, tout ce qui renforce le pouvoir décisionnel des femmes et accroît l’attention reçue par leurs choix amène à éviter des grossesses trop fréquentes: il a cité à cet égard une étude menée en 1995 dans 300 districts d’Inde au terme de laquelle il est apparu qu’aucun autre facteur d’influence en la matière n’est plus fort que l’éducation et le travail des femmes. 


Après les échanges entre le Professeur Sen et les Etats Membres, la Commission a achevé son débat, engagé la veille, sur les expériences des pays en matière de population et d’éducation: plusieurs représentants de pays en développement, dont ceux du Bangladesh ou du Ghana, ont reconnu que de nombreux défis restaient à relever, notamment pour améliorer l’accès à l’éducation et à la formation dans les zones rurales et la qualité de l’enseignement dispensé.  De son côté, la représentante de l’Autriche a attiré l’attention sur la nécessité de promouvoir également l’éducation permanente, perçue comme un outil indispensable à l’emploi et à la productivité, notamment des personnes âgées dans un monde en mutation rapide.  Elle a appuyé à cet effet deux instruments fondamentaux, selon elle, que sont le Plan d’action de Madrid et la Stratégie de mise en œuvre régionale de l’Union européenne.


Enfin, la Commission s’est consacrée à l’examen de l’Exécution du programme et futur programme de travail du Secrétariat dans le domaine de la population.  A cet effet, M. Thomas Büttner, de la Division de la population, a présenté le rapport du Secrétaire général sur les tendances démographiques à l’échelle mondiale notant que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une faible fertilité conjuguée à l’impact du VIH/sida font que dans la majorité des pays en développement, le taux de fécondité tombera à 2,1 enfants par femme: en conséquence, la Révision 2002 des perspectives démographiques prévoit 8,9 milliards de personnes sur terre en 2050, au lieu des 9,3 milliards projetés en 2000.  Mme Vasantha Kandiah, également de la Division de la population, a présenté pour sa part le rapport concernant l’Exécution du programme et avancement des travaux dans le domaine de la population 2002, ainsi que le Projet de programme de travail de la Division de la population pour l’exercice biennal 2004-2005.


Les représentants de plusieurs Commissions économiques régionales, d’institutions des Nations Unies, d’organisations régionales et non gouvernementales ont présenté leurs initiatives dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’action de la Conférence sur la population et le développement tenue au Caire, en 1994.  La représentante de la Banque mondiale a ainsi rappelé que 115 millions d’enfants n’étaient toujours pas scolarisés, dont 65 millions de filles, que 120 millions de femmes ne disposaient pas de service de santé de base, qu’un demi-million de femmes mouraient chaque année en raison de complications de la grossesse, que l’épidémie de sida avait inversé les gains obtenus en matière de longévité et de santé en Afrique.  Partant de ces constats, elle a expliqué que la Banque avait pour objectif d’améliorer l’efficacité des ressources engagées dans ces domaines, notamment en améliorant les partenariats entre pays destinataires et donateurs.


Outre les orateurs déjà cités, les représentants des pays suivants se sont également exprimés: Egypte, République dominicaine, Ouganda, Cuba, Philippines, Portugal, Espagne, Cameroun, Pérou, Fédération de Russie, Etats-Unis et Chine.  Les représentants des organisations suivantes ont également pris la parole: Commission économique pour l’Europe, Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Commission économique pour l’Afrique, Union africaine, Fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).  Les organisations non gouvernementales (ONG) suivantes ont participé au débat: Union internationale des études scientifiques sur la population, International Planned Parenthood Federation (IPPF), Comité international de coopération dans les recherches nationales en démographie, Centre David Kennedy pour les études internationales et International Sexual and Reproductive Rights Coalition (ISRRC).


La prochaine réunion de la Commission de la population et du développement aura lieu vendredi 4 avril à 10 heures.


Déclaration liminaire


Dr AMARTYA SEN, lauréat du prix Nobel d’économie 1998, Professeur au Trinity College de Cambridge, Royaume-Uni, a fait valoir que la scolarisation ne permettait pas seulement d’améliorer le sort des populations mais aussi de renforcer leurs capacités à faire des choix et prendre des décisions dans les domaines de l’emploi et du lieu de résidence, de la taille de la famille, de la santé et du développement personnel.  Il y a d’excellentes raisons, a-t-il estimé, de répondre à l’appel lancé par les Nations Unies, dans les objectifs du Millénaire, en faveur de la scolarisation pour tous d’ici à 2015.  Mais pour y parvenir, il faut comprendre pourquoi l’éducation scolaire est tellement importante.  En quoi peut-elle transformer la vie des individus, dans une perspective de développement humain?


Se référant à l’économiste Mahbub ul Haq, M. Sen a expliqué que cette notion avait permis de détourner l’attention de la seule croissance du produit intérieur brut vers la qualité et la richesse des vies humaines.  Au-delà du développement, une autre notion est apparue, celle de la «sécurité humaine»: il s’agit dans ce cadre de limiter les risques et de contrer les menaces quotidiennes à la vie humaine et les atteintes à la dignité.  L’idée de sécurité humaine revient donc à se focaliser sur la nécessité de surmonter ces dangers et donc de donner aux populations les moyens de le faire. 


La scolarisation se situe au cœur du développement humain et de la sécurité humaine pour plusieurs raisons: ne pas savoir ni lire ni compter est déjà une forme d’insécurité en soi; une éducation de base peut aider les gens à obtenir un travail et des gains en termes d’emploi, notamment pour les populations les plus pauvres et les plus vulnérables qui pourront ainsi participer à l’économie mondiale et tirer avantage des échanges mondiaux; les populations analphabètes ne sont pas en mesure de comprendre et de faire valoir leurs droits et ceci est encore plus vrai pour les femmes; enfin, il est maintenant prouvé que la scolarisation des filles a un impact direct sur les taux de fécondité et la réduction de la mortalité.  Par conséquent, l’éducation touche tous les aspects de la vie humaine; il y a des liens de cause à effets entre les libertés fondamentales et les chances offertes aux individus grâce à leur éducation de base.


Beaucoup de décisions qui affectent nos vies ne sont pas prises par nous individuellement, mais émergent de processus sociaux, a poursuivi M. Sen.  L’impact que les personnes ont sur les décisions de groupe peut être important mais sera influencé par le niveau d’éducation: ceci se vérifie même au sein du plus petit groupe, la famille.  La survie des femmes par rapport aux hommes dans les pays en développement est fortement influencée par leur niveau d’éducation: la nature des décisions de la famille dépend en grande partie de la possibilité qu’ont les femmes de faire entendre leurs voix et aussi des possibilités d’emploi qu’elles peuvent avoir en dehors de la maison.


L’influence des jeunes femmes sur les décisions familiales peut balayer un spectre très large: l’éducation des femmes et leur alphabétisation ont un impact évident sur les taux de mortalité des enfants et le taux de fécondité, qui baisse avec le niveau d’éducation.  Tout ce qui renforce le pouvoir des décisions des femmes et accroît l’attention reçue par leurs choix, amène à éviter des grossesses trop fréquentes, ainsi que l’a montrée une étude réalisée dans 300 districts d’Inde en 1995 au terme de laquelle il est apparu qu’aucun autre facteur d’influence n’est plus fort que l’éducation et le travail des femmes. 


Evoquant le rôle de l’éducation dans le renforcement des valeurs et la compréhension du monde, il a souligné que l’école pouvait parfois rendre les gens plus belliqueux, leur esprit plus étroit ou à l’inverse les ouvrir: ce qui signifie que le contenu de l’éducation peut avoir des effets très différents sur les populations.  Ceux qui défendent en Occident la thèse du «choc des civilisations» prennent le risque de renforcer le sectarisme, d’une sur-simplification de l’histoire et des civilisations ne tenant pas compte de multiples caractéristiques sociales.


L’accent sur la tolérance a été un trait caractéristique de l’éducation européenne depuis le 18e siècle –à l’exception de quelques aberrances comme le nazisme-, a souligné M. Sen.  Mais l’Occident ne détient pas le monopole de la tolérance déjà défendue par Aristote, ou l’empereur indien Akbar au 16e siècle, ou l’empereur Saladin au Caire au 12e siècle.  Il n’y a en outre aucune raison historique pour que les parangons de l’héritage arabe musulman se concentrent aujourd’hui sur le seul héritage religieux plutôt que sur la science ou les mathématiques, dont ils font des «sciences occidentales».  La dialectique de la «négation de la négation» impose aujourd’hui un lourd tribut au monde contemporain en lui imposant davantage de confrontations.  Le fait est que haïr n’est pas facile: un enfant peut aimer comme un fou, mais il existe un art de construire la haine dont le résultat peut être une violence rudimentaire ou un terrorisme mondial.


En conclusion, a expliqué le lauréat, l’école influence les décisions sociales, allonge la durée de la vie et peut contribuer à nous rendre fier du monde dans lequel nous vivons; mais il faut aussi voir son impact en fonction de sa forme et de sa nature sur nos valeurs.  Les formes extrémistes ne sont pas cultivées uniquement dans les écoles sectaristes, mais sont aussi nourries par des vues simplistes sur l’histoire.  Il est temps d’accorder une attention réelle à la teneur des programmes scolaires dans le monde: il ne s’agit pas de donner des ordres ou des directives à l’échelon mondial mais d’intégrer ces préoccupations dans les débats publics.  L’espoir d’harmonie dans le monde s’appuie sur la pluralité de nos identités: nous sommes différents, il faut le reconnaître, mais notre humanité partagée est mise à mal quand survient un affrontement unifié dans un système dominant.  La scolarisation s’étend, mais il faut veiller à ce que les écoles ne mettent pas les gens dans des petites boites inflexibles qui serviront de bunkers.


Dialogue avec le Professeur Amartya Sen


Ouvrant l’échange de vues avec les délégations, le modérateur, M. JOSEPH CHAMIE, Directeur de la population au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a souligné l’importance des analyses de M. Amartya Sen dans le contexte des travaux de la Commission de la population et du développement.  Le représentant du Bangladesh a fait valoir que la transformation sociale et le développement ne pouvaient puiser leurs sources que dans les besoins du terroir.  A cet égard, il a pris l’exemple du microcrédit et des tontines au Bangladesh, notamment d’institutions comme la Grameen Bank, qui a permis de créer des structures éducatives informelles, de renforcer la parité entre les sexes par la formation des femmes, et ont contribué à faire chuter le taux d’analphabétisme de 64% à 33% en l’espace de vingt ans.  Pour sa part, le représentant de l’Inde a demandé s’il existe un modèle culturel propre à influencer certaines modèles éducatifs selon les régions.  Son homologue de la Belgique, s’exprimant à titre personnel, a abordé la question du choix social et de la relation entre éducation et développement personnel, en particulier chez les filles, car la personne doit être consciente que par l’éducation elle prend en mains les rênes de sa vie. 


Répondant à ces questions, M. Amartya Sen a estimé que l’éducation devait être rendue universelle et formelle pour tous, pas uniquement pour les plus aisés, jugeant que les structures informelles mises en place par les institutions de microcrédit et les tontines au Bangladesh devaient pouvoir dispenser une éducation de qualité et être complétées par des institutions formelles.  S’agissant de l’existence de catégories de civilisations et de cultures, évoquée par l’Inde, il a admis qu’il existait différentes approches pour tenir compte des influences dans les systèmes éducatifs.  Répondant au représentant de la Belgique, il a estimé que les choix sociaux relèvent d’une procédure complexe et a notamment mentionné les travaux universitaires réalisés à Louvain et à Namur, qui consistent à affiner la notion de choix social.  M. Sen a fait également valoir que la perception d’autrui est importante dans la mesure où le fait d’avoir été à l’école et à l’université joue un rôle dans le positionnement social. 


Au cours d’une seconde série de questions, la représentante du Mexique a expliqué que l’approche d’Amartya Sen avait inspiré les politiques démographiques de son pays, notamment concernant le renforcement des capacités pour permettre aux citoyens d’exercer leurs droits et leurs choix sociaux.  Un représentant de l’Union interparlementaire (UIP), s’exprimant à titre personnel, a estimé que les méthodes d’enseignement avaient un impact direct sur le rôle de l’être humain dans la société avant de développer son argumentation sur le concept de rendement et de ratio entre investissement et résultat dans le domaine de l’éducation, en particulier à l’heure des nouvelles technologies où l’on prête trop d’importance à l’éducation formelle.  Pour la représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le lien entre choix social, éducation et taux de fécondité est étroit, dans la mesure où le choix social est rapidement limité en fonction des pratiques démographiques.  Cette position a été nuancée par le représentant de la France qui, intervenant à titre personnel, a rappelé que le rôle de l’éducation n’avait pas toujours été un facteur de réduction de la fécondité en Europe occidentale. 


Reprenant la parole, le lauréat du prix Nobel d’économie a affirmé, répondant au Mexique, que le développement de l’éducation renforçait la dimension individuelle et la capacité à poser des choix sociaux.  Il a toutefois invité les participants à ne pas exagérer «l’emprisonnement» dont seraient victimes les femmes une fois qu’elles ont un enfant, estimant qu’elles peuvent jouer un rôle d’acteur, et ce, grâce à l’éducation.  Se tournant vers le représentant de l’UIP, M. Amartya Sen a expliqué que l’impact de la formation sur la vie sociale était immédiat et, prenant l’exemple de femmes du Bangladesh formées au photo-journalisme grâce à des bourses offertes par sa fondation, il a indiqué que leur rôle dans la société et la famille s’en était trouvé renforcé.  Toutefois, l’apprentissage de base, de la lecture et du calcul, au sein d’établissements structurés demeure essentiel, a-t-il dit.  Répondant à la représentante du FNUAP, il a souligné l’importance de l’éducation des filles dans la détermination de leurs choix sociaux avant d’admettre, à l’instar de la position exprimée par le représentant de la France, que l’éducation n’est pas le seul facteur influençant la fécondité.  Cependant, M. Sen a rappelé la théorie des choix sociaux développée par Condorcet qui soulignait que grâce au développement de l’éducation, les filles pourraient assumer leurs choix sociaux, à l’inverse de la théorie de Malthus. 


EXPÉRIENCE DES PAYS EN MATIÈRE DE POPULATION: POPULATION, ÉDUCATION ET DÉVELOPPEMENT


Déclarations


M. MOHAMED ELFARNAWANY (Egypte) a indiqué que, convaincue de l’importance de l’éducation, l’Egypte a mis en œuvre une politique visant à moderniser et améliorer le système éducatif: la décennie 90 a été ainsi déclarée Décennie de l’éducation pour tous.  Concernant l’alphabétisation comme moteur économique et social, le pays a également mis en œuvre un plan national d’alphabétisation: le taux d’analphabétisme a ainsi été réduit à 39% tandis que 33 000 classes d’alphabétisation étaient créées; 53 400 éducateurs ont été formés pour les diriger et des caravanes d’éducation ont été acheminées vers les zones rurales et éloignées.  Le taux de scolarisation des filles a atteint dans ces zones 73%.  Le Gouvernement a accordé une attention particulière à l’éducation des filles en vue de développer leurs potentialités et de leur permettre de participer efficacement à la société et au développement économique et social. 


L’écart entre filles et garçons a été réduit: la scolarisation des filles a augmenté de plus de 30% entre 1992 et 2001 et de 20% pour les garçons durant la même période; 7,2 millions de filles étaient scolarisés l’an dernier pour 7,9 millions de garçons.  Le représentant a souligné par ailleurs que l’approche des questions économiques et sociales aux Nations Unies devait garantir l’approche nationale parallèlement à celle des partenaires de développement, afin d’assurer les ressources nécessaires au développement.


Mme OSIRIS BLANCO (République dominicaine) a rappelé que son pays a porté l’éducation au rang des priorités nationales estimant qu’elle représente non seulement un droit de l’homme fondamental mais également le moyen d’améliorer les conditions de vie et de faire augmenter la participation des classes défavorisées aux activités politiques, économiques et sociales du pays.  Avec une population de plus de 8,5 millions d’habitants, la République dominicaine compte 52% de jeunes de moins de 24 ans.  Par conséquent, notre Gouvernement a décidé de moderniser tout le système éducatif et de donner des réponses adéquates aux attentes et aux besoins des jeunes en la matière.  Des progrès considérables ont été réalisés et c’est ainsi qu’au cours des deux dernières années, les taux de couverture scolaire ont considérablement augmenté, passant de 18 à 35% pour les enfants de 3 à 5 ans, de 60 à 77% pour les enfants de 5 ans, de 88 à 93% pour ceux de 6 à 13 ans et de 27 à 35% pour la population âgée de 14 à 17 ans.  Ces résultats sont notamment dus à la distribution gratuite de 8 millions de livres, à la construction de 250 maisons de la jeunesse et à la formation de 2 200 éducateurs. 


De même, l’universalisation du déjeuner scolaire dans toutes les écoles publiques a permis de réduire considérablement la malnutrition.  L’établissement de programmes systématiques d’observation et d’évaluation pour connaître les besoins pédagogiques des enfants et des enseignants a stimulé l’amélioration qualitative du système national d’éducation tant public que privé.  Etant donné le rôle prépondérant joué par l’éducation tant en matière de prévention que de réduction de la propagation du VIH/sida, la République dominicaine appelle l’attention de la communauté internationale sur le fort taux de contamination de notre pays voisin, Haïti, et sur la nécessité d’en tenir compte dans les programmes d’aide destinés aussi bien à la République dominicaine qu’à ce pays.  Nous sommes d’ailleurs préoccupés que par ces temps de crise, les programmes d’aide au développement ne représentent que 2,5 millions de dollars en République dominicaine et 4 millions en Haïti. 


Mme Virginia OFOSU-AMAAH (Ghana) a rappelé que son pays s’est pleinement engagé à garantir l’accès à l’éducation pour tous ses citoyens en raison de son impact positif sur le développement socioéconomique.  Dans les années 60 et 70, le Ghana a réalisé des progrès considérables en la matière.  Le pourcentage de la population âgée de 6 ans et plus n’ayant jamais été scolarisée est passé de 78% en 1960 à 34% en 1992.  Cependant, le déclin économique du milieu des années 70 et des années 80 avait sapé les progrès des années précédentes.  Aujourd’hui, de nombreux défis restent à relever dans les domaines de l’accès à l’éducation et à la formation, en particulier dans les zones rurales de même qu’en ce qui concerne la qualité de l’enseignement, la gestion de l’éducation et la prévention du sida.  Afin de remédier à ces problèmes, le Gouvernement a mis en place un Plan stratégique d’éducation.  En matière d’inégalité d’accès à l’éducation entre les filles et les garçons, le Gouvernement a décidé d’adopter un Plan national d’action (1995-2005) afin, notamment, de rendre l’environnement scolaire plus sensible à la question de la parité entre les sexes.  Le Gouvernement a en outre établi l’Unité d’éducation des filles afin d’accroître la scolarisation des filles en primaire et de faire chuter leur taux d’abandon scolaire de 30% à 20% d’ici à 2005. 


Reconnaissant le lien qui existe entre l’éducation et la population, le Ghana, avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a mis en place, entre 1994 et 1996, un programme pilote pour introduire les questions de la population et de l’éducation familiale dans les cursus scolaires à tous les niveaux de l’éducation.  L’objectif de ce programme est de fournir aux individus les connaissances et le savoir-faire leur permettant de développer une sensibilité à la question de la parité entre les sexes et de devenir responsables en matière de santé reproductive.  En ce qui concerne la propagation du sida, les problèmes spécifiques auxquels nous devons faire face sont, entre autres, la prévention de la contamination parmi les enseignants, l’extension des soins de santé et la création d’un environnement qui permette de lutter contre la stigmatisation des personnes infectées.  Les actions prises jusqu’à présent comprennent l’établissement d’un Secrétariat VIH/sida au Ministère de l’éducation afin de coordonner la mise en œuvre des interventions et de développer des ateliers de sensibilisation et de formation de membres d’agences sectorielles afin d’intégrer les programmes ayant trait au VIH/sida dans les activités normales de ces agences.  Il s’agit également d’intégrer la question du sida dans les programmes de formation des enseignants.  Cependant, il faut noter que les nombreux défis soulignés précédemment nécessitent le soutien financier actif de nos partenaires dans le domaine du développement. 


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a mis en avant l’expérience de son pays dans les domaines de l’éducation, de la population et du développement.  Le Bangladesh compte 129 millions d’habitants, a-t-il poursuivi, et nous sommes parvenus à des résultats tangibles en matière de réduction des taux de croissance démographique et de fécondité, en matière de réduction des taux de mortalité et dans le domaine de la vaccination des enfants.  Le taux de fécondité est passé de 6,3 en 1973 à 2,9 en l’an 2000 et le taux de prévalence des préservatifs est passé de 54% aujourd’hui contre environ 25% en 1985.  Pour sa part, le taux de mortalité des enfants âgés de moins de 5 ans est passé de 133 pour mille en 1992 à 94 en 2000.  Nous sommes parvenus à de tels résultats grâce au développement de structures de santé primaire doublées de programmes spécifiques en faveur de la protection des femmes et des enfants. 


Le représentant a mis en avant les efforts d’investissement dans l’éducation des enfants et des adultes qui sont devenus des domaines prioritaires et ont permis de faire passer les taux de fréquentation scolaire dans le primaire à 80% et à faire chuter le taux d’analphabétisme de 64% à 34% en l’espace d’une décennie.  Une attention particulière est accordée aux filles et l’âge moyen du mariage des filles est passé de 13,5 ans en 1995 à 19,9 ans aujourd’hui, a-t-il dit.  Cependant, nous restons en deçà des objectifs définis au Caire et à cet égard, nous lançons un appel aux partenaires de développement afin qu’ils contribuent à la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement.  Les donateurs doivent constater les résultats que nous avons obtenus d’ores et déjà et comprendre que le respect de leurs engagements, pris dans le cadre de la Conférence de Monterrey et du Sommet du Millénaire, permettra de réunir les conditions indispensables au développement social. 


M. JOTHAM MUSINGUZI (Ouganda) a déclaré que sa délégation s’associait à la déclaration faite par le Maroc au nom du Groupe des 77 et de la Chine, soulignant qu’il n’y a pas lieu de renégocier le Programme d’action de la Conférence du Caire.  Abordant l’état des conditions de vie dans son pays, il a rappelé que les indices économiques, sociaux et sanitaires indiquent que la qualité de vie en Ouganda reste faible.  Bien que l’Ouganda s’efforce depuis 1997 de mettre en œuvre le Programme d’action d’élimination de la pauvreté, environ 35% de la population vive encore sous le seuil de la pauvreté, a-t-il indiqué.  Le représentant a souligné en revanche les résultats positifs de l’application depuis 1997 du programme «éducation primaire universelle».  Il a précisé que deux ans après le lancement de ce programme, le nombre des inscriptions à l’école primaire avait doublé.  Il a loué en particulier les effets positifs de cette politique sur les femmes et les fillettes.


M. Musinguzi a affirmé que son pays s’engage à poursuivre l’application des programmes ayant trait à la population, y compris à la santé reproductive, et soutient l’idée que la communauté internationale doit renouveler son engagement en faveur des objectifs qu’elle s’est fixés aussi bien lors de la Conférence du Caire qu’à New York.  Le rôle des partenaires au développement reste indispensable à cet égard, a-t-il conclu.


Mme HERNANDEZ MACHIN (Cuba) a expliqué que faute de ressources naturelles et économiques, Cuba avait compris que son développement passait par celui des capacités de la population: éducation et enseignement sont les bases fondamentales d’un processus d’indépendance pour réduire les écarts entre campagnes et villes et pour associer la femme à la vie active dans des conditions égales à celles des hommes.  L’élimination de l’analphabétisme, l’éducation préscolaire, l’attention spéciale aux enfants handicapés, l’introduction de programmes de santé sexuelle et de santé reproductive dans les programmes scolaires ont permis de réduire les taux de fécondité et de mortalité, maternelle et infantile et d’améliorer la nutrition des enfants et personnes âgées.  Il en est résulté une meilleure protection contre les maladies sexuellement transmissibles et contre le VIH/sida en particulier et ceci a aussi permis à la population de participer plus activement aux processus de prise de décisions. 


La représentante a présenté de nouvelles initiatives visant à améliorer les connaissances de la population notamment par le biais de moyens audio et vidéo.  Ceci a nécessité la distribution de téléviseurs et d’ordinateurs dans les écoles qu’il a fallu aussi électrifier, a-t-elle souligné.  L’éducation a été informatisée et une maison d’édition a été créée pour alimenter les bibliothèques.  Des programmes spéciaux ont été créés pour les jeunes de 17 à 21 ans qui n’ont pu continuer l’école et qui leur permettent de s’instruire tout en travaillant.  Parallèlement, l’éducation en matière de santé a été améliorée grâce à des séminaires médicaux pour les communautés rurales.  La santé reproductive a été intégrée aux programmes d’éducation générale et depuis 1996, avec l’appui du FNUAP, diverses actions visent à promouvoir une conduite sexuelle responsable notamment chez les adolescents, de 12 à 18 ans, pour réduire le nombre des mariages et grossesses précoces, des avortements et les cas des maladies sexuellement transmissibles.  En termes de résultats, la représentante a fait valoir une meilleure utilisation des préservatifs, un meilleur dialogue au sein des familles et l’augmentation de l’âge du mariage.


M. TOMAS M. OSIAS (Philippines) a rappelé que son Gouvernement reconnaît l’éducation comme un droit de l’homme ainsi que le lien essentiel entre éducation et progrès du pays.  Notre Constitution autorise le Gouvernement à allouer la plus grosse part du budget à l’éducation et appuie fortement la mise en œuvre d’actions appropriées pour rendre l’éducation accessible à tous.  Le taux d’alphabétisation s’est amélioré dans notre pays au cours des années précédentes sous l’effet de l’augmentation du nombre d’écoles et du niveau de scolarisation.  Les étudiantes sont d’ailleurs fortement représentées aux niveaux élémentaire, secondaire et supérieur.  Malgré les progrès réalisés, il reste important de régler certains problèmes tels que la qualité de l’éducation, la question de l’investissement public dans ce secteur et il faut encore améliorer l’accessibilité à tous. 


L’impact de l’éducation sur la dynamique de la population a été révélé par des études récentes.  Une étude réalisée en 1998 a notamment montré que les femmes avec les niveaux d’éducation les plus élevés sont celles qui ont le moins d’enfants.  De même, une étude réalisée en 1999 a conclu que les femmes les plus éduquées sont les plus susceptibles d’utiliser des moyens de contraception.  On a également remarqué que les niveaux d’éducation déterminent en particulier le choix de la taille de la famille, les niveaux de vie, la capacité à participer à des activités productives et l’accès à l’information.  Les effets indirects de l’éducation sur les taux de mortalité infantile et maternelle contribuent également à certains aspects importants du développement.  Les Philippines s’engagent par conséquent à poursuivre leurs efforts dans le domaine de l’éducation et à travailler en partenariat avec la société civile.


M. GONÇALO DE SANTA CLARA GOMES (Portugal) a déclaré que son pays attache une importance capitale à l’éducation dans la perspective de consolidation de la démocratie et d’achèvement des objectifs de développement du Millénaire et du développement durable.  Il a prôné un enseignement participatif qui s’échelonne du stade préscolaire jusqu’à la formation continue afin, d’abord, de lutter contre l’analphabétisme et de permettre aux individus de prendre des décisions éclairées.  Il a également expliqué que le Portugal déploie des efforts dans les domaines de la formation et de la sensibilisation contre le VIH/sida et sur les questions de santé reproductive afin de permettre aux citoyennes de poser des choix génésiques en connaissance de cause.  Le représentant a estimé que les progrès dans le domaine de l’éducation doivent s’accompagner de politiques sociales cohérentes, qui garantissent notamment l’accès à l’emploi des citoyens.  Il a regretté que le Portugal ait un taux d’analphabétisme plus élevé chez les femmes âgées que chez les hommes de la même tranche d’âge et a précisé que des programmes sont mis en œuvre pour inverser ces tendances.  M. de Santa Clara Gomes a poursuivi en évoquant la question des migrants et de la langue nationale comme outil d’intégration sociale pour ceux ayant un statut légal, le Portugal ayant de longue date une tradition d’immigration et d’émigration.


Il a encouragé la mise en place d’un environnement propice aux investissements dans les pays en développement, qui passe par le respect des droits de l’homme, la parité et la bonne gouvernance, afin de permettre aux partenaires au développement de soutenir des programmes de coopération orientés vers l’éducation.  Pour le Portugal, l’appui à l’enseignement primaire et secondaire, aux infrastructures, au renforcement des institutions, à la santé publique font partie des priorités en matière d’aide publique au développement en particulier au profit des pays d’Afrique lusophone.  Il a exhorté les Etats Membres à ne ménager aucun effort pour faire en sorte que la croissance mondiale soit à la hauteur des besoins de la planète afin d’assurer le développement humain et de permettre d’atteindre les objectifs définis au Caire, dans la Déclaration du Millénaire et réaffirmés dans le Consensus de Monterrey.


Mme EVELINE HONIGSPERGER (Autriche) a estimé que les principaux défis actuels en matière d’éducation sont non seulement la réduction de l’analphabétisme et l’élimination des inégalités entre les sexes mais aussi l’accès des personnes âgées à l’éducation.  L’éducation permanente est considérée aujourd’hui, a-t-elle expliqué, comme un outil indispensable à l’emploi et à la productivité des personnes âgées dans un monde en mutation rapide.  Elle constitue en fait une condition préalable au bien-être et à l’intégration sociale des personnes âgées.  La représentante a donc appuyé les deux instruments fondamentaux que sont le Plan d’action de Madrid et la Stratégie de mise en œuvre régionale de l’Union européenne.  En la matière, l’Autriche, a-t-elle indiqué, a créé un groupe de travail multidisciplinaire chargé de développer un concept élargi d’éducation des personnes âgées.  Ce groupe a donné lieu au lancement d’un projet pilote qui, financé par l’Union européenne, vise à développer et à mettre à l’essai de nouvelles formes de formation de niveau élevé.  Ce projet pilote est mené en coopération avec l’Université d’Innsbruck qui a créé, à cet effet, l’Académie d’Innsbruck pour les personnes âgées.


En outre, un programme de recherche a été lancé qui vise à évaluer les possibilités et les limites d’un apprentissage intergénérationnel.  Le but ultime de la recherche est d’obtenir les données de base nécessaires aux activités futures en matière d’éducation des personnes âgées.  Une autre initiative vise, elle, à fournir une formation dans divers domaines aux personnes qui ne peuvent pour des raisons physiques accéder aux institutions ou aux informations pertinentes.  Un dernier projet offert par les ONG vise, lui, à promouvoir et à maintenir les capacités cognitives, motrices et sensorielles des personnes âgées et à contribuer à les garder indépendants aussi longtemps que possible, a encore expliqué la représentante. 


M. INOCENCIO F. ARIAS (Espagne) a indiqué que son pays procède actuellement à une réforme de tout son système éducatif à tous les niveaux.  A cet effet, une loi organique sur la qualité de l’éducation a été promulguée le 24 décembre dernier avec pour objectif de promouvoir la qualité et l’équité au sein du système éducatif, de même que le développement économique et la cohésion sociale.  L’Espagne doit en outre faire face à l’augmentation rapide de la population scolaire sous l’effet d’une forte immigration.  Nous devons par conséquent mettre en place de nouveaux instruments permettant de faciliter l’intégration d’étrangers qui parfois parlent une autre langue et sont de culture différente.  Afin de trouver des solutions pertinentes, la nouvelle loi sur l’éducation a pour objectif de favoriser l’intégration dans le système éducatif de ces étrangers et de leur reconnaître les mêmes droits et devoirs qu’aux Espagnols.  Il s’agit également de développer des programmes spécifiques d’apprentissage pour les étrangers qui ignorent la langue espagnole et la culture de notre pays. 


La famille a également été reconnue comme étant un élément central d’intégration et de développement.  C’est pourquoi nous favorisons l’accès des familles défavorisées aux nouvelles technologies et à la culture.  Cependant, l’intérêt de l’Espagne pour la problématique éducative et sa relation à la question du développement ne se limite pas au cadre national.  Nous avons en effet entrepris des projets éducatifs dans des pays en voie de développement tels que le Honduras, le Paraguay, la République dominicaine, le Nicaragua et El Salvador dans les domaines de la formation professionnelle, de l’alphabétisation et de l’éducation des peuples autochtones. 


M. PASCAL KENGNE (Cameroun) a rappelé que la population camerounaise compte 15 millions d’habitants dont 45% de moins de 15 ans, avec un taux de croissance de 2,8% environ.  Ces chiffres donnent une indication des défis à relever dans le domaine de l’éducation, a-t-il souligné.  La promotion de l’hygiène et de la santé, la prévention de la pandémie du VIH, la protection de l’environnement, la promotion de la bonne gouvernance, tout ceci passe par l’éducation de base et par l’information.  S’agissant des femmes, il est reconnu que l’exemple de femmes éduquées et formées, qui ont réussi dans la société, constitue une stimulation supplémentaire pour les parents des filles et les filles elles-mêmes pour fréquenter l’école.


Notant que la grave crise économique traversée par le pays avait réduit les ressources affectées au secteur de l’éducation, le représentant a assuré que depuis la reprise de la croissance, des efforts accrus ont été consentis.  Un accent particulier a été mis sur la résorption des disparités entre filles et garçons et des disparités régionales; des zones d’éducation prioritaires ont été définies pour la mise en œuvre du Document de stratégie de réduction de la pauvreté qui vient d’être adopté.  Mais l’ampleur des besoins est telle que toutes les ressources propres ajoutées aux réductions prévisibles de la dette ne peuvent à elles seules couvrir les financements que nécessite la mise en œuvre de la stratégie sectorielle de l’éducation que le Cameroun vient d’adopter.  C’est pourquoi, a insisté le représentant, le Cameroun compte sur tous ses partenaires extérieurs, bilatéraux et multilatéraux pour compléter ses efforts. 


Mme CARMEN-ROSA ARIAS (Pérou) a déclaré que son Gouvernement essaie de créer un environnement propice au développement humain afin de permettre à chaque individu de se réaliser pleinement dans la société.  Elle a annoncé la mise en œuvre d’un Accord national de bonne gouvernance, adopté en 2002, qui contient des engagements clairs en matière de réduction de la pauvreté, de réduction des inégalités, d’accès aux soins de santé publique et d’emploi pour tous.  Elle a ajouté que les efforts déployés par le Gouvernement péruvien visent également à promouvoir la parité entre les sexes et à lutter contre l’exclusion sociale par le biais de l’éducation, de l’accès gratuit à la santé et de la mise à disposition d’un enseignement professionnel gratuit qui permette de préparer les citoyens à la vie active.  Elle a souligné l’importance de la promotion de notions telles que l’état de droit, la concertation et la participation afin d’assurer le succès des programmes d’éducation, de santé publique et de développement humain.  L’objectif de ces programmes est de procéder à la mise en œuvre des orientations définies lors des Conférences du Caire et de Beijing. 


La représentante du Pérou a également mis en avant la nécessité de renforcer le domaine de la recherche pour assurer un développement du capital humain correspondant aux enjeux actuels de la mondialisation.  Au-delà de l’accent mis sur les nouvelles technologies, le Gouvernement péruvien entend aussi promouvoir l’éducation interculturelle rurale pour atteindre les 45 communautés linguistiques du pays, a-t-elle dit.  Elle a souligné que les priorités du Gouvernement pour la prochaine décennie sont l’éducation, la sensibilisation aux questions de santé reproductive et l’information sur les questions liées à la lutte contre le VIH/sida, les maladies sexuellement transmissibles et la préservation de l’environnement. 


EXECUTION DU PROGRAMME ET DE TRAVAIL DU SECRETARIAT DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION


Documentation


Tendances démographiques à l'échelle mondiale (E/CN.9/2003/5)


Ce rapport rappelle que le XXe siècle a connu, surtout sa deuxième moitié, des taux de croissance démographique record, des déclins impressionnants de la mortalité et de la fécondité, le vieillissement de la population, une urbanisation et une croissance des villes rapides et un accroissement des migrations internationales.  La population mondiale a atteint 6 milliards d'individus à la fin du XXe siècle: cependant s'il n'a fallu que douze ans pour passer de 5 à 6 milliards entre 1987 et 1999, l'addition du prochain milliard devrait prendre quatorze ans. 


Dans de nombreux pays, surtout en Europe, un déclin démographique est annoncé compte tenu des faibles taux de fécondité, en dessous des seuils de remplacement.  A l'inverse, la population des pays les moins avancés augmentera d'une manière constante, passant de 5 à 8 milliards vers le milieu du XXIe siècle.  Cette croissance devrait être particulièrement rapide dans les 49 pays classés comme les moins avancés dont la population pourrait tripler dans les cinquante prochaines années.  Aujourd'hui l'accroissement annuel de la population mondiale est d'environ 77 millions de personnes, augmentation imputable à six pays: Inde, Chine, Pakistan, Nigéria, Bangladesh et Indonésie. 


L'autre caractéristique soulignée par le rapport est rapide urbanisation: la population urbaine mondiale devrait passer de 3,9 milliards de personnes en 2000 à 5 milliards d'ici à 2030, qui représenteront 60% de la population totale.  La quasi-totalité de l'accroissement de la population mondiale pour cette période sera ainsi absorbée par les zones urbaines des régions les moins développées.  Cependant si 75% des populations des régions les plus développées vivaient en zone urbaine en 2000 (elles seront 84% en 2030), cette proportion était nettement plus faible dans les régions les moins développées (37% en Asie et en Afrique), à l'exception de l'Amérique latine et des Caraïbes avec 75%. 


La baisse des taux de fécondité dans toutes les régions du monde, alliée à la longévité a abouti et continuera d'aboutir au vieillissement des populations à une échelle sans précédent: à l'aube du XXIe siècle, on comptait 600 millions de personnes âgées soit trois fois le nombre enregistré 50 ans auparavant; en 2050, leur nombre devrait atteindre environ 2 milliards.  Dans les régions les moins développées, l'espérance de vie a augmenté d'un peu plus de 50% (de 41 à 63 ans) entre 1950 et 2000; néanmoins, la baisse de la mortalité accuse un certain retard dans les pays les moins avancés et l'écart des espérances de vie s'est creusé entre pays riches et pauvres, essentiellement parce que 26 des 49 pays les moins avancés sont gravement touchés par l'épidémie de VIH/sida.


Enfin, les migrations internationales qui touchent des centaines de millions de personnes figurent au premier rang des priorités nationales et internationales: 175 millions d'individus, soit 3% de la population mondiale, résident actuellement dans un pays autre que celui où ils sont nés.  Dans les pays développés, une personne sur dix est un migrant et un migrant sur dix est un réfugié.


Exécution du programme et avancement des travaux dans le domaine de la population en 2002: Division de la population, Département des affaires économiques et sociales (E/CN.9/2003/6)


Ce rapport rend compte des activités de la Division touchant l'analyse de la fécondité, de la mortalité et des migrations; les estimations et projections démographiques mondiales; les politiques démographiques et le vieillissement de la population; la population et le développement; le suivi, la coordination et la diffusion de l'information démographique; et la coopération technique dans le domaine démographique.


Il rappelle qu'au cours des dernières décennies du XXe siècle, la famille en tant qu'institution sociale a évolué: ainsi l'âge au mariage s'est élevé partout dans le monde or les tendances en matière de fécondité sont associées à l'évolution du mode de vie en couple.  Dans certaines régions, la diminution des naissances de troisième ordre et des ordres supérieurs a été un facteur décisif de recul et dans d'autres, comme en Europe du Nord, c'est l'augmentation de l'infécondité qui en a été la cause principale. 


Le Secrétaire général mentionne en outre la Révision 2002 des estimations et projections démographiques mondiales, qui tient explicitement compte des incidences du VIH/sida dans 47 pays et prévoit sept scénarios dont quatre varient exclusivement en fonction des hypothèses touchant la fécondité. 


Projet de programme de travail de la Division de la population pour l'exercice biennal 2004-2005 (E/CN.9/2003/7)


Le projet de programme dans le domaine de la population pour l'exercice biennal 2004-2005 est soumis pour examen à la Commission de la population et du développement en application du Règlement et des règles régissant la planification des programmes, les aspects du budget qui ont trait au programme, le contrôle de l'exécution et les méthodes d'évaluation.  La Commission est invitée à faire des observations et recommandations s'il y a lieu.


Déclarations


M. YURIY ISAKOV (Fédération de Russie) a rappelé la situation démographique difficile de la Russie et de l’Europe centrale qui se traduit par de faibles taux de fécondité notamment et a estimé nécessaire que des mesures soient prises pour stimuler la fécondité et le mariage et de créer des mécanismes permettant de combler les déficits démographiques qui sont apparus.  Il a souhaité qu’on s’intéresse de plus près à des phénomènes novateurs pour les incorporer aux programmes futurs des Nations Unies.  Les travaux des Nations Unies facilitent la distribution d’information sur les questions de population, a-t-il souligné et il s’est félicité dans ce cadre de la publication des résumés des travaux dans toutes les langues de travail de l’ONU.  Mais il a souhaité que les autres textes, plus complets, des résultats des recherches qui sont menées soient publiés dans d’autres langues et notamment en russe, langue utilisée dans l’ensemble de la Communauté des Etats indépendants (CEI) pour tous les séminaires et échanges concernant la population.


M. PETER O. WAY (Etats-Unis) a salué la contribution de la Division de la population pour les rapports de qualité soumis à la Commission afin d’analyser les tendances démographiques et fournir des orientations utiles aux décideurs et aux responsables de programmes au plan national.  Il a reconnu que la compréhension des tendances démographiques a été éclairée par le travail de la Division, notamment s’agissant des questions de fécondité et de projections permettant d’affiner les statistiques démographiques, particulièrement en ce qui concerne les  taux de mortalité infantile.  Il a regretté que les informations sur l’ampleur et les caractéristiques des flux migratoires n’aient reçu que très récemment l’attention qu’ils méritent.  Le représentant des Etats-Unis a ensuite invité la communauté internationale à anticiper les conséquences socioéconomiques et en matière de développement de la pandémie du VIH/sida et a indiqué que la Division avait d’ores et déjà engagé une analyse des tendances dans 53 pays.  Il a demandé à la Division de poursuivre ses efforts visant à fournir des bases de données aux Etats Membres et a exhorté ces derniers à soutenir les démarches de la Division de la population visant à contribuer à la mise en place de stratégies nationales en matière démographique. 


M. WANG GUOQIANG (Chine) a salué le travail effectué au cours des deux dernières années par la Division de la population des Nations Unies; même si le taux de fécondité montre une tendance à la baisse, cela ne signifie pas que les questions démographiques ne sont pas des questions graves et elles ne sauraient donc être ignorées.  Ce n’est pas seulement un problème de chiffres, a-t-il insisté: l’expérience de la Chine montre que les taux de fécondité faibles ne sont jamais stables et qu’il existe en outre des différences entre les régions.  En corollaire, on constate une augmentation des naissances en valeur absolue: tous les ans on constate une augmentation de 10 millions de naissances en Chine.  Il faut tenir compte également du vieillissement de la population, de la mobilité interne, de la répartition entre villes et zones rurales, sans compter la pandémie du VIH/sida qui mérite à elle seule une attention particulière.  Indiquant que le Gouvernement chinois avait formulé sur ce point des politiques et adopté des mesures, le représentant a espéré que la Division, quand elle s’occupera des nouveaux problèmes démographiques qui se posent, proposera également de nouvelles mesures afin de pouvoir fournir des informations supplémentaires et des rapports analytiques qui pourront être soumis aux Etats Membres.


Mme MARGARET MCCAFFERY, Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE), a mis en avant les réalisations de la CEE dans les domaines de la collecte de données et de l’assistance technique aux Etats membres dans la région pour les aider à développer des politiques cohérentes.  Elle a ajouté qu’un programme de la Commission avait été mis en œuvre pour se pencher spécifiquement sur les questions de sexospécificité afin notamment de renforcer les politiques publiques relatives à l’encadrement familial.  En outre, l’objectif est également d’identifier les tendances et de tenir compte des nouvelles orientations en matière de démographie telles que le vieillissement de la population qui touche l’Europe.  Elle a rappelé que la Commission économique pour l’Europe avait organisé du 11 au 13 septembre 2002 à Berlin, une Conférence ministérielle sur le vieillissement pour faciliter la mise en œuvre du Programme d’action de Madrid au niveau régional ainsi que son suivi.  Le mécanisme de suivi sera appuyé notamment par le Gouvernement autrichien et assuré par le Centre de recherches sur les politiques sociales européennes de Vienne.  Elle a annoncé également qu’un Forum régional sur la population sera réuni en janvier 2004 avec pour objectif, non pas de revoir le Programme d’action du Caire, mais simplement d’organiser un suivi avec la Commission des Nations Unies pour l’Europe, le FNUAP, le Conseil de l’Europe et la Commission européenne pour contribuer à l’évaluation de la mise en œuvre des recommandations de la CIPD. 


M. MIGUEL VILLA, Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a indiqué que les activités de la Commission concernant la population dépendent du Comité spécial de la population et du développement, organe spécial qui assure le suivi du plan d’action régional en la matière.  Ce Comité établit les priorités pour le Centre régional de démographie (CELADE) dont le thème choisi pour la dernière réunion était par exemple la vulnérabilité sociodémographique.  Le CELADE a également conçu un système d’indicateurs permettant de mesurer le suivi du Programme d’action du Caire notamment en ce qui concerne les femmes et le développement.  Depuis la fin de l’an 2000, le Comité a mené divers travaux sur les risques sociodémographiques et recense les politiques adaptées pour les affronter.


Les pays de la région sont préoccupés par différents aspects de la migration internationale: au cours du deuxième semestre le Centre a organisé la conférence sur ce thème au niveau de l’hémisphère en présence de 43 pays et de réseaux d’organisations de la société civile.  En 2002, plusieurs réunions d’experts ont été également convoquées sur le thème du vieillissement et un groupe de travail interagences a été mis sur pied auquel participent le FNUAP, l’UNICEF, l’Organisation internationale du Travail(OIT), notamment.  Le Centre a également apporté son assistance technique aux pays pour améliorer leur accès à l’information et entre autres aider les bureaux nationaux de statistiques à mettre à jour leurs évaluations et projections démographiques.  Parmi les activités principales de l’année, est prévue une évaluation régionale de la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence du Caire: pauvreté, population et VIH/sida seront les thèmes privilégiés de ces travaux.


Parmi les problèmes faisant l’objet d’une attention particulière dans la région, le représentant a enfin souligné ceux liés aux peuples autochtones et de descendance africaine, notamment la discrimination économique et sociale qui les touche avec une ampleur variable selon les pays.  Compte tenu de l’urgence à répondre à ces problèmes, le CELADE en coopération avec la Banque interaméricaine de développement (BID) identifie et diagnostique les problèmes qui se posent à partir du recensement effectué en 2000.


M. LAMINE GUEYE, Commission économique pour l’Afrique (CEA), a précisé que le Secrétariat de la Commission avait rationalisé ses activités en matière de démographie et les a intégrées dans ses programmes des secteurs de l’agriculture et de l’environnement.  Il a précisé que le modèle pour l’agriculture, l’environnement et le développement durable avait été révisé pour tenir compte des nouvelles orientations en matière de démographie et de population et qu’un atelier a été organisé en décembre 2002 à Accra, au Ghana, pour aider les Etats membres à utiliser le logiciel PEDA.  Les participants ont été familiarisés à la gestion d’indicateurs relatifs au développement durable, à la protection des écosystèmes, à la rationalisation de la gestion des espaces agricoles en tenant compte des enjeux de population. 


Il a ensuite fait part de la création d’un réseau de concertation qui a pour but d’identifier les stratégies à mettre en œuvre en appui au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), mais également de tirer les enseignements et d’évaluer la mise en œuvre au niveau régional des recommandations de la Conférence du Caire.  La CEA établira un rapport d’évaluation régionale après une réunion qui sera organisée en décembre 2003 en préparation de la réunion ministérielle prévue en avril 2004.  Le représentant a également souligné les efforts de la CEA en appui au processus préparatoire du Sommet sur le développement durable de Johannesburg et a indiqué que la CEA collabore avec le FNUAP pour intégrer les questions de population dans le cadre de la structure CEA/NEPAD.  Les activités de la CEA dans les prochains mois visent à contribuer à affiner le logiciel PEDA.  Elles comprennent la publication d’un rapport sur les questions de transition démographique et leur impact sur les questions agricoles. 


M. MAHAMAT HABIB DOUTOUM, Union africaine, a souligné que des progrès significatifs ont été enregistrés en Afrique dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de la Conférence de Jomtien de mars 1990 sur l’éducation pour tous.  Force est de reconnaître cependant, a-t-il ajouté, que beaucoup de choses restent à faire comme en attestent entre autres le taux de scolarisation qui est en dessous du taux de croissance de la population, le taux de 59% de la population analphabète, et les disparités criardes entre les villes et les campagnes en matière de répartition des écoles.


M. Doutoum a rappelé que dans le souci de combler ces lacunes, l’Organisation de l’Unité africaine avait adopté le Programme d’action de la Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable (1997-2006) qui a fait de l’éducation la clef de voûte de tous les plans de développement.  Il a également annoncé qu’en plus du Programme d’action de la Décennie de l’éducation, il existe un volet éducation dans le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), dans le Plan d’action d’Abuja sur le VIH/sida, la tuberculose et autres maladies, et dans le Plan d’action du Caire.  L’Afrique a besoin de l’aide et de la coopération internationales pour mettre en œuvre ses objectifs en matière d’éducation qui lui permettront de maîtriser sa population et d’orienter son développement, a-t-il conclu.


Mme ELIZABETH LULE, Banque mondiale, a rappelé qu’il y a presque dix ans lors de la Conférence du Caire, 179 pays s’étaient accordés à considérer qu’éducation et développement étaient inextricablement liés, que le renforcement des capacités des femmes et la réponse aux besoins des populations en éducation et santé, y compris la santé reproductive, étaient nécessaires pour atteindre à la fois les objectifs du bien-être individuel et ceux du développement.  La Banque mondiale, a-t-elle assuré, a inscrit ces points à son ordre du jour. L’interdépendance étroite entre l’éducation, l’âge du mariage, la fécondité, la mortalité et la mobilité est un élément important du processus de développement social et économique et pour améliorer le niveau de santé.  L’éducation des femmes et des filles contribue à combler le fossé entre les sexes, à retarder l’âge du mariage, et à réduire la taille des familles, en leur facilitant une meilleure utilisation des services de santé.  Quand les mères sont mieux éduquées, leur propre survie et celle de leurs enfants est mieux assurée.  L’éducation est encore plus importante pour les pauvres puisqu’il s’agit du seul moyen d’échapper à la pauvreté.  Des progrès significatifs ont été enregistrés depuis le Caire mais beaucoup de défis restent à relever: 115 millions d’enfants ne sont toujours pas scolarisés, dont 65 millions sont des filles; 120 millions de femmes demeurent privées de service de santé de base; un demi-million de femmes meurent chaque année en raison de complications de la grossesse.  Les jeunes sont beaucoup plus vulnérables au VIH/sida, aux grossesses non désirées. 


L’épidémie du sida a inversé les gains obtenus en matière de longévité et de santé en Afrique, a-t-elle détaillé en mentionnant le grand nombre d’enseignants et de médecins décédés en raison du sida, ce qui sape les systèmes d’éducation et de santé.  En outre, il est difficile pour les pays et les donateurs de continuer de mobiliser des ressources pour la mise en œuvre du Programme d’action du Caire parallèlement à la lutte contre le VIH.  Il faut donc redoubler d’efforts pour améliorer les programmes de santé, lutter contre la pauvreté.  La Banque mondiale, a-t-elle expliqué, a fourni 4 milliards de dollars depuis 1994 en prêts et crédits pour appuyer directement des activités en matière de population et de santé reproductive, le soutien à l’éducation ayant atteint 14 milliards.  La Banque mondiale s’est engagée à fournir un milliard de dollars en faveur de la lutte contre le sida.  Elle intensifie ses efforts, transmet ses connaissances et finance ses partenaires en s’adaptant aux besoins et les résultats obtenus aideront à mobiliser de nouvelles ressources.  La Banque a donc pour objectif d’améliorer l’efficacité des ressources engagées, dans le cadre notamment de stratégies de lutte contre la pauvreté et du renforcement des liens avec les questions de population et de santé reproductive; du renforcement des liens entre programmes de santé de lutte contre le VIH/sida; en créant de nouveaux programmes destinés aux jeunes dans les domaines de la santé reproductive et des questions de développement; et en améliorant les partenariats entre pays et donateurs.


M. ADOLFO KORN, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a estimé que la réduction de la pauvreté est le défi le plus important de ce siècle.  A l’heure actuelle, 1,2 milliard de personnes vivent dans la pauvreté, ce qui est l’équivalent de la population en Chine et quatre fois plus que la population américaine.  Plus de 70% des pauvres vivent dans les zones rurales, soit 840 millions de personnes.  L’éducation et la formation constituent deux des armes les plus puissantes dans la lutte contre la pauvreté en milieu rural et la faim.  Tout indique que les habitants des zones rurales sont plus à même de s’adapter aux nouvelles technologies, d’être plus productifs et d’éviter les comportements à risque.  Même si ces personnes n’ont suivi qu’un enseignement de base, elles sont davantage en mesure de participer à la vie économique, sociale et politique de leur communauté.  L’éducation des femmes des zones rurales constitue un outil efficace pour leur émancipation et la réduction des taux de mortalité infantile.  De plus, le monde des affaires sera plus enclin à investir dans les zones rurales si des ressources humaines disposant de savoir-faire sont disponibles.


Malheureusement, l’accès à l’éducation est inégal et ceux qui en paient le prix sont les enfants des zones rurales, les jeunes, les adultes mais surtout les femmes.  Dans de nombreux pays, le fossé entre zones urbaines et rurales ne se réduit pas.  La qualité de l’éducation est inférieure à celles des centres urbains tandis que les manuels scolaires ne prennent pas en considération les spécificités du monde rural.  La FAO a intensifié son aide technique afin d’améliorer la qualité de l’enseignement dans les zones rurales et de renforcer la capacité des pays à planifier et mettre en œuvre des programmes scolaires qui tiennent compte des besoins des populations des zones rurales.  Cette question devrait être un élément clef des activités mondiales visant à atteindre les objectifs du Millénaire.  Dans cette optique, la FAO et l’UNESCO ont lancé un partenariat pour l’éducation des personnes en milieu rural qui regroupe à l’heure actuelle 45 gouvernements, ONG et institutions spécialisées.


M. JOHN KYAZZE, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), s’est félicité du fait que la Commission de la population et du développement se penche cette année sur la question cruciale de l’éducation.  Il a réaffirmé l’intérêt de l’UNESCO pour les travaux de la Commission en particulier dans le contexte du lancement de la Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable par la 57e session de l’Assemblée générale.  Il a rappelé également que la session de fond de 2002 de l’ECOSOC a mis l’accent sur l’éducation avant de souligner l’importance de l’éducation des filles et des fillettes pour assurer la parité entre les sexes et lutter contre les problèmes d’illettrisme, de pauvreté et de progression du VIH/sida.  Garantir l’éducation de tous les enfants est une préoccupation au cœur du Programme d’action du Caire, a-t-il ajouté, suggérant des démarches intersectorielles pour faciliter la mise en œuvre des objectifs définis au Caire et réaffirmés à Beijing, à Dakar, puis à New York lors du Sommet du Millénaire. 


Il a réaffirmé la détermination de l’UNESCO à poursuivre ses efforts en faveur du Programme éducation pour tous en collaboration avec les autres institutions des Nations Unies.  L’UNESCO poursuivra sa contribution à la formation de formateurs en Afrique, dans les Etats arabes et en Amérique latine afin de renforcer les programmes de santé génésique, de lutte contre le VIH/sida et d’universalisation de l’enseignement primaire.  Il a assuré que, dans le cadre de son rôle de pivot pour le suivi de la Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable, l’UNESCO est disposée à analyser et à tenir compte des recommandations que pourrait lui transmettre la Commission de la population et du développement. 


Mme VIRGINIA OFUSU-AMAAH (Ghana) a rappelé la chute significative du taux de fécondité qu’a connue son pays depuis 1988, malgré une prévalence très faible du taux d’utilisation des contraceptifs: elle a donc appelé à mener des études pour mieux comprendre les raisons qui expliquent cet écart.  La représentante a également relevé trois des thèmes retenus par le Secrétaire général: VIH/sida, vieillissement et migrations.  Il faut selon elle régler les problèmes liés aux déplacements de populations et leur répercussion sur la santé génésique et l’épidémie de VIH/sida: ces mouvements migratoires sont sans précédent dans l’histoire et sont imputables, selon elle, aux conflits qui règnent dans de nombreuses régions du monde.  Ce sont là des points que le Ghana a souhaité soumettre tout particulièrement à l’attention de la Commission, a-t-elle indiqué.


Le représentant de l’Union internationale des études sur la population (UIESP), a rappelé les cadres de partenariat entre l'Union et les Nations Unies qui remontent à 1954.  Avec des membres dans 130 pays, l'UIESP présente un contexte favorable aux échanges internationaux d'informations, idées et d'expériences entre spécialistes de la population.  Ses travaux sont notamment consacrés à l'examen de la relation pauvreté/population.  D’ailleurs, le premier séminaire organisé par un panel de l'UIESP sur ce thème aura lieu en novembre 2003 à Mexico City.  Ce panel se penchera plus spécifiquement sur le rôle des programmes sociaux en tant que moyens pour réduire les disparités socioéconomiques dans des situations comme les grossesses involontaires et les chances de survie des enfants.  Ce thème s'inscrit dans les objectifs du Millénaire, et notamment la réduction de la pauvreté.


L'UIESP se félicite du choix du thème de cette session de la Commission de la population et du développement car le lien entre l'éducation et les processus de base en matière de population ne saurait être suffisamment souligné, en particulier pour ce qui est de la fécondité, du mariage, et de la mortalité.  A ce titre, le représentant a souligné les progrès significatifs réalisés en matière d'éducation dans le monde depuis 1950, et plus particulièrement dans les pays en développement.  Il a également mis l'accent sur le fait que les études scientifiques ont prouvé que l'accès à l'éducation primaire représente un moyen efficace de réduction de la pauvreté et des inégalités.  En dépit de cela il existe toujours 115 millions d'enfants dans le monde ayant atteint l'âge de scolarisation qui ne vont pas à l'école, et ils ont tendance à être concentrés dans les pays les plus pauvres.  Les études de l'UIESP confirment le constat fait dans le rapport de la Commission selon lequel la mortalité tend à être plus élevée chez les personnes les moins éduquées.  A terme, les couches de population les plus démunies risquent de transmettre de génération en génération les problèmes de santé et le manque d'hygiène et, pour briser ce cercle vicieux, il est essentiel de permettre aux enfants de ces couches de bénéficier d'une éducation primaire.  Pour ce qui est de l'égalité entre filles et garçons dans l'éducation, le représentant a indiqué que ces disparités ont pratiquement disparu dans la plupart des pays, ce qui est encourageant.  Pour sa part, l'UIESP a l'intention d'étudier en profondeur la relation entre l'accès et les niveaux d'éducation atteints par les jeunes et leur avenir dans les pays en développement compte tenu du fait que ces pays se caractérisent par une proportion élevée de jeunes dans leurs populations.


La représentante de International Planned Parenthood Federation (IPPF), a estimé que l’éducation sexuelle est la question émergente la plus importante du moment compte tenu de la pandémie du VIH/sida et qu’à ce titre, elle mérite une attention particulière.  Les stéréotypes sexuels qui glorifient la naïveté des femmes et l’inconscience des hommes doivent être combattus par une éducation sexuelle soucieuse de l’égalité entre les sexes et visant à la réduction des risques et des vulnérabilités, en particulier parmi les jeunes.  Le manque d’informations rend, en effet, les jeunes particulièrement vulnérables aux graves dangers de la santé reproductive.  L’éducation sexuelle est une composante majeure des droits génésiques et sexuels.  Les ONG ont d’ailleurs été à l’origine du concept de ces droits comme en témoigne la Charte d’IPPF.  La Fédération fait, en effet, la promotion de programmes à l’intention des jeunes qui parlent de leurs besoins spécifiques, de manière sensible et sans porter de jugement. 


De nombreuses associations affiliées à l’IPPF travaillent auprès des écoles pour intégrer l’éducation sexuelle et la prévention des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/sida dans les programmes scolaires.  La récente adoption des stratégies de prévention du VIH/sida dans les systèmes éducatifs est nécessaire et opportune.  Toutefois, il faut aller au-delà du VIH/sida et inclure une approche fondée sur la santé sexuelle et reproductive et sur les droits.  Les éducateurs savent depuis longtemps que distiller la peur d’une issue fatale conduit davantage au déni qu’à une motivation réelle.  Une éducation sexuelle qui aide le jeune à comprendre et à gérer ses désirs, ses passions et son plaisir peut contribuer au développement d’un être humain en bonne santé.  Les recherches ont, en outre, montré que l’éducation sexuelle ne conduit pas à une activité sexuelle précoce.  Il est donc temps d’examiner les meilleures pratiques en la matière afin de convaincre le plus grand nombre, a estimé la représentante.


Le représentant du Comité international de coopération dans les recherches nationales en démographie (CICRED), a abordé le rôle indispensable de la recherche portant sur la dynamique d’interaction entre la population, le développement et l’éducation pour en arriver à cette conclusion: la recherche doit incontestablement prendre en compte les facteurs démographiques, les structures éducatives et les conditions économiques qui influent sur notre avenir.  En effet, les trois phénomènes sont en forte interaction: la croissance de la population et le développement économique ont des effets clairs sur les structures éducatives; et, réciproquement, les changements démographiques sont influencés par les structures éducatives, les conditions socioéconomiques et leurs modifications, ne serait-ce qu’à travers la santé des individus, voire leur survie.


Le représentant du CICRED a souligné que les gouvernements ont besoin de l’appui des centres de recherche démographique dans le monde et que ces centres ont pour leur part besoin de ressources humaines et financières.  Il a souhaité sensibiliser les membres de la Commission sur la population et le développement au fait que les pays membres ont, avec le réseau des centres, un outil précieux pour développer les connaissances nécessaires aux décideurs.  Cela suppose que la Commission définisse des priorités précises que l’on puisse mettre en face des capacités existantes, a-t-il conclu.


Le représentant du Centre d’études internationales a attiré l’attention de la Commission sur le fait que les familles ne sont pas seulement composées de personnes qui mettent des enfants au monde, mais aussi de personnes qui se sacrifient, travaillent et luttent tous les jours pour nourrir ces enfants et assumé les tâches telles que l’éducation et les soins avec ou sans l’assistance des gouvernements.  Ce sont les familles qui assurent l’avenir, a-t-il insisté en souhaitant que la Commission reconnaisse ce cadre relationnel dans lequel la qualité de vie ne saurait se mesurer en termes économiques mais en quelque chose de plus précieux à savoir les soins et l’attention.  Adam Smith a compris, a-t-il poursuivi, l’équilibre entre profit et moralité, entre commerce et gains et entre conscience et relations humaines.  Le représentant s’est donc demandé si avec les progrès scientifiques et autres et le recul de la dimension personnelle de la vie, le monde ne se trouve pas plus démuni. 


La Déclaration universelle des droits de l’homme a souligné, à juste titre, que la famille est l’unité fondamentale de la société, a estimé le représentant en soulignant qu’aucune droit de l’homme n’existe dans le vide.  Chaque droit, a-t-il dit, est équilibré par d’autres droits, par les droits des autres mais aussi par une obligation ou une responsabilité inhérente de ne pas abuser des autres.  L’obligation mutuelle est précisément ce qui s’apprend dans les familles saines et pour peu que ces familles soient vraiment saines, la société dans laquelle vivront leurs enfants sera également saine.  Le représentant a donc conseillé à la Commission d’accorder l’attention requise à la question des relations familiales.  Il faut, a-t-il dit, s’assurer que la source des futures générations, la famille reste saine.  Sans des familles saines, aucun développement ne sera véritablement durable.


La représentante de l’International Sexual and reproductive Rights Coalition a estimé que beaucoup restait à faire: femmes et jeunes sont dans de nombreux pays cibles de violences, de viols.  Priorité doit donc être accordée à l’amélioration de l’intégration des programmes de santé génésique dans toutes les activités d’éducation générale.  L’anniversaire du Programme du Caire l’an prochain doit permettre un examen des meilleures pratiques dans la mise en œuvre de ce document, a-t-elle estimé: elle a donc appuyé le rôle que joue la Commission dans le renforcement des capacités nationales pour collecter les données des recensements, car ceci permettra selon elle de faire le point et de mieux mettre en œuvre les dispositions du Programme d’action.


Elle a appelé par ailleurs dans ce cadre à investir dans la formation des femmes, des enfants et des jeunes, à s’assurer que les droits des femmes et des filles sont respectés, à renforcer le rôle de l’éducation, à lutter contre les inégalités sexuelles et à lutter contre la pandémie du VIH/sida.  Le Programme du Caire est plus que jamais d’actualité, a-t-elle estimé et, en tant que coalition internationale composée d’ONG et de réseaux, notre coalition s’engage à mettre en œuvre.  Elle a appelé les organismes de l’ONU ainsi que les organisations internationales et les ONG à respecter les engagements pris au Caire, notamment à renforcer les capacités régionales, nationales et internationales pour garantir la mise en œuvre du Programme d’action.


Le représentant de la Division de la population, commentant les observations faites par les délégations et les organisations non gouvernementales, a expliqué que si la Division ne peut publier ses documents dans toutes les langues officielles des Nations Unies, elle peut néanmoins transmettre certaines informations aux Etats Membres.  Il a également abordé la question des personnes déplacées et réfugiées et a assuré que la Division introduit autant que possible les flux de réfugiés dans ses projections démographiques, même si elle n’est pas en mesure d’avoir une vision exhaustive de ces données.  Toutefois, il a fait part de la volonté de la Division d’intensifier sa coopération avec le HCR notamment.  Il a assuré que la Division de la population était déterminée à continuer sa coopération avec les Commissions économiques régionales des Nations Unies et le Bureau du recensement des Etats-Unis et a invité d’autres experts à se joindre aux travaux de la Division.

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