WEMF: DEUX PANELS D’EXPERTS SE PENCHENT SUR LA LIBERTE DES MEDIAS ET SUR LA SITUATION DE LA PRESSE DANS LES PAYS ARABES
Communiqué de presse PI/G/1528 |
Forum mondial des médias électroniques
WEMF: DEUX PANELS D’EXPERTS SE PENCHENT SUR LA LIBERTE DES MEDIAS ET SUR LA SITUATION DE LA PRESSE DANS LES PAYS ARABES
Constat paradoxal d’un manque de pluralité de l’information malgré une pléthore de moyens disponibles
Genève, le 10 décembre -- Dans une introduction à la deuxième des sessions interactives organisées lors de la deuxième journée du Forum mondial des médias électroniques qui se tient à Genève, consacrée à la liberté des médias et à la société de l’information, M. José Roberto Marinho, Vice-président de Rede Globo (Brésil), a rappelé ce matin que le secteur des médias est confronté à une tendance à une concentration horizontale et verticale, de même qu’à une centralisation de la production et de la diffusion des contenus. Ceci autorise certes des économies d’échelle au niveau mondial, mais constitue un danger pour la production locale, a-t-il indiqué. L’expérience brésilienne montre pourtant que si le contenu local reste très prisé du public, tous les pays en voie de développement ne sont pas à même de se lancer dans cette voie.
M. Marinho a aussi relevé l’évolution constante du cadre réglementaire, les États tentant en permanence de maîtriser les moyens de diffusion. Mais la technique est toujours en avance sur les lois, en particulier en ce qui concerne les nouveaux médias électroniques. Le défi consiste à son avis à mettre en œuvre une réglementation minimale qui permettra de garantir la pluralité de l’information. Une déréglementation du secteur de l’information prônée par certains est clairement insuffisante, a estimé M. Marinho.
Les participants ont ensuite engagé une discussion sur le thème général de la liberté de la presse au cours duquel a notamment été souligné le manque paradoxal de pluralisme en matière d’information, malgré un véritable déluge de dépêches. Une majorité d’intervenants s’est accordée à incriminer d’une part la concentration aux mains de quelques groupes des moyens de production et de diffusion de l’information, et d’autre part les entraves gouvernementales à la libre expression. Comme l’a fait remarquer M. Jean Ziegler, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation de la Commission des droits de l'homme des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l'homme fixe dans son article 19 le principe de la liberté d’information. Il est clair que la lutte contre les inégalités économiques, sociales et politiques passe par des médias libres, leur absence pouvant entraîner des catastrophes humanitaires, comme l’histoire récente l’a démontré.
Les intervenants se sont tous accordés à voir dans l’Internet et la multiplicité des moyens d’échange qu’il offre (courriels, «tchatches», forums, …) une manière de contourner certains des obstacles et de favoriser les discussions et évolutions démocratiques. Individus et groupes peuvent y confronter en toute liberté leurs opinions et les jeunes générations en particulier sont très habiles à tirer parti de cet outil.
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Plusieurs intervenants ont rappelé qu’en démocratie, les médias ont un rôle capital de contre-pouvoir à jouer, rôle souvent reconnu par les constitutions. Ils permettent d’attirer l’attention des opinions publiques sur les problèmes et encourager ainsi la recherche de solutions. Leur pouvoir n’est cependant pas absolu, les restrictions peuvent être limités à des domaines circonscrits. Mais quoi qu’il en soit, a relevé un délégué, la persistance de la fracture des droits de l'homme reste au moins aussi importante que la fracture numérique.
La seconde partie du colloque portait plus spécifiquement sur la situation des médias dans le monde arabe, compte tenu notamment de l’impact de nouvelles chaînes de télévision par satellite.
Le constat général a été celui d’une amélioration de la situation générale de l’information dans les pays arabes grâce à l’apparition des chaînes d’information et, dans une moindre mesure, à l’Internet. Une spécialiste de l’histoire des médias arabes a expliqué que la concurrence entre les chaînes est apparue à la fin des années 1990. Les émissions ont progressivement commencé à prendre en compte des points de vue divergents et ont permis à des publics arabes différents de confronter des politiques nationales différentes. Cependant, les réseaux par satellite ne répondent pas toujours aux demandes locales des populations. Leur orientation résolument politique les rend d’autre part difficilement viables au plan économique.
Outre l’augmentation du nombre des chaînes privées accessibles, c’est aussi un ton nouveau qui est apparu, notamment grâce à la chaîne Al-Jazira. Son directeur a expliqué que la décision de créer un réseau explicitement tourné vers le public arabe a été à la base de la fondation d’Al-Jazira, les médias occidentaux souffrant en effet d’une image de partialité. Les gouvernements, arabes et autres, a-t-il poursuivi, n’apprécient guère la liberté de ton de la chaîne, qui s’efforce de promouvoir l’expression d’opinions contradictoires. Il s’agit pourtant d’une responsabilité que la chaîne est prête à assumer, tant il est important de donner à chacun les moyens de se forger une opinion.
M. Yoshinori Imai (NHK, Japon) a conduit les débats de cette session interactive. Le premier panel était composé des experts suivants: M. José Roberto Marinho, Vice-président Rede Globo (Brésil); M. Simon Sevaa Mboiny, Directeur général, RTV Magadagascar; M. Tim Balding, Secrétaire général de la World Association of Newspapers; M. Iftekhar Chowdhury, Président, Comité des Nations Unies pour l’information; M. Jean Ziegler, Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme des Nations Unies; M. David Flint, Président de l’Australian Broadcasting Authority (Australie); M. Tomas Ingi Olrich, Ministre de l’éducation, des sciences et de la culture de l’Islande.
Le second panel d’experts regroupait M. Habib Chawki Hamraoui, Président, COPEAM (Algérie); Mme Mervat Tallawy, Secrétaire exécutif, Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale; M. Aidan White, Secrétaire général, IFJ; Mme Naomi Sakr, Université de Londres; M. Waddah Khanfar, Directeur, Al-Jazira; M. Ahmet Oren, Président de Ihlas Media Holding (Turquie).
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