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PI/G/1526

UNE SESSION INTERACTIVE DU WEMF SE DEMANDE SI LA VIOLENCE DANS LES MEDIAS EST LA CAUSE OU LA CONSEQUENCE DE LA VIOLENCE DANS LE MONDE

09/12/2003
Communiqué de presse
PI/G/1526


Forum mondial des médias électroniques


UNE session interactive DU WEMF se demande si la violence dans les mEDias est la cause ou la consEquence de la violence DANS LE monde


Genève, le 9 décembre -- Dans le cadre du Forum mondial des médias électroniques (WEMF), s'est tenue cet après-midi, à Palexpo, à Genève, une session interactive sur la violence du monde et la violence des médias.


À l'appui de cette session interactive, ont notamment été projetées des images violentes de jeux vidéos, de séries télévisées et de programmes d'actualités.  L'une des questions essentielles soulevées par la thématique de cette réunion consistait à analyser si les médias étaient la cause, le reflet ou l'antidote de la violence des hommes.  Les médias ne sont certes que le reflet de la violence qui existe au quotidien mais elles peuvent néanmoins susciter des manifestations de violence, a-t-il été souligné.  Étant donné que la violence existe dans la société, on ne peut exclure sa représentation des médias, ont affirmé certains intervenants.  La violence ne doit cependant pas être utilisée dans les médias de manière gratuite voire à des fins spéculatives, ont ajouté d’autres participants, avant d’indiquer qu'ils ne croyaient pas au pouvoir de catharsis que pourrait receler la projection d'images violentes.


Soulignant que tout enfant confronté à une image violente cherche en premier lieu à comprendre comment cette image a été construite, un intervenant a estimé que ce réflexe primitif explique le succès des séquences de making of chez les plus grands.  De ce fait, toutes les chaînes de télévision devraient s'engager davantage en faveur de la diffusion d'émissions visant à expliquer comment sont réalisés leurs programmes, qu'il s'agisse de fictions, de publicités ou d'émissions politiques.


Certains se sont interrogés sur l'impact que pourraient avoir, du point de vue du traitement de la violence par les médias, une intégration et une implication accrues des femmes dans les médias.  Il a été noté qu’il est de coutume de dire que, parce que les femmes donnent la vie, elles en connaissent la valeur.


Il est important que chacun puisse avoir accès à des sources d'information contradictoires et à cet égard, chacun devrait chercher à consulter les médias qui expriment des points de vues différents du sien, a-t-il été souligné.  En effet, on a généralement tendance à consulter les médias dont on sait qu'ils vont nous conforter dans nos opinions, a expliqué un intervenant.


Le Directeur général de Radio Caracas Televisión (RCTV), du Venezuela, a pour sa part attiré l'attention sur un type de violence plus dangereuse, selon lui, que celle émanant de la culture des loisirs ou des informations télévisuelles, à savoir celle qui est utilisée par les gouvernements afin de promouvoir leur cause.  À cet égard, le premier pas de ceux qui adoptent cette attitude consiste à transformer la télévision publique en outil de propagande contre leurs opposants, a rappelé cet orateur qui a évoqué la situation qui prévaut à cet égard au Venezuela.


Le Vice-Président de l'Islamic Republic of Iran Broadcasting (IRIB) a affirmé pour sa part que les images projetées lors de la cérémonie d'ouverture du Forum visaient, par le biais de l'utilisation des technologies, à créer le désordre et le chaos en Iran.  Il vaudrait mieux laisser le peuple iranien maître de ses propres décisions, a-t-il ajouté.


Un intervenant a dénoncé l'inégalité de traitement que subissent les images de la violence selon qu'elles proviennent du Nord ou du Sud.  En effet, a souligné cet orateur, il semblerait que la déontologie doive être respectée lorsqu'il s'agit du cadavre d'un Américain, mais ne l'est pas lorsqu'il s'agit de celui d'un Africain.


Parmi les autres questions abordées au cours de cette session interactive, figurent celles de la protection du personnel humanitaire, ainsi que l'influence des médias sur la violence à l'égard des femmes et des petites filles.


Cette session était animée par Mme Denise Epoté Durand, de la chaîne francophone TV5, qui est également Vice-Présidente de l’Union des journalistes francophones.


Les panélistes de cette session interactive ont été : le Professeur Serge Théophile Balima, Responsable de la chaire Unesco en festivals et arts audiovisuels de l’Université de Ouagadougou ; M. Mohammad Honardoost, Vice-Président de Islamic Republic of Iran Broadcasting (IRIB); M. Markus Schaechter, Directeur général de la chaîne allemande ZDF ; M. Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, Directeur de recherche à l’Université de Paris X-Nanterre et auteur de l’ouvrage «Les bienfaits des images» qui a reçu en 2003 le Prix STASSART de l’Académie des Sciences morales et politiques; M. Armin Walpen, Directeur général de SRG SSR Idée Suisse (Société suisse de radiodiffusion et télévision); M. Henrikas Yushkiavitshus, entré à l’Unesco en 1990 comme Directeur général adjoint où il fut en charge de la promotion de la liberté de la presse, du pluralisme des médias et du renforcement des capacités de communication dans les pays en développement et actuellement Conseiller du Directeur général de l'Unesco; ainsi que M. Marcel Granier, Président du Conseil d’administration et Directeur général de Radio Caracas Televisión (RCTV).  Plusieurs autres intervenants présents dans la salle et issus du monde des médias et de la société civile ont également pris la parole.


Le Forum mondial des médias électroniques, dont la séance d’ouverture s’est tenue en début d’après-midi, se déroule en parallèle au Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) qui s’ouvrira demain après-midi pour trois jours. 


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