LA REPRISE ECONOMIQUE MONDIALE EN 2003 POURRAIT ETRE COMPROMISE PAR L’INCERTITUDE SUR LES MARCHES ET LA MARGE DE MANOEUVRE LIMITEE DE CERTAINS PAYS
Communiqué de presse PI/1455 |
ECO/27
LA REPRISE ECONOMIQUE MONDIALE EN 2003 POURRAIT ETRE COMPROMISE PAR L’INCERTITUDE SUR LES MARCHES ET LA MARGE DE MANOEUVRE LIMITEE DE CERTAINS PAYS
(Adapté de l’anglais)
New York, 9 janvier -- La reprise économique mondiale en cours pourrait être hypothéquée par une série de risques imminents face auxquels les décideurs économiques disposent d’une marge de manoeuvre limitée, ont mis en garde aujourd’hui des experts de l’Organisation des Nations Unies sur la base d’une évaluation des perspectives économiques de l’année qui débute. En effet, après la récession des années 2001-2002 sur le marché des capitaux et dans le domaine des investissements dans les nouvelles technologies, le retour à une forte croissance économique en 2003 pourrait être compromis par une série d’éléments tels que le manque de confiance des investisseurs, les déséquilibres macroéconomiques et une surcapacité de production, indiquent les Nations Unies.
Après une reprise plutôt lente, la croissance de l’économie mondiale devrait s’accélérer dans le courant du second semestre 2003, et atteindre un taux annuel estimé à 2,75%, contre 1,7% en 2002, selon le World Economic Situation and Prospects 2003 publié par les Nations Unies. Cependant, dans les pays développés, la chute des capitaux boursiers et la mollesse des dépenses de consommation affaiblissent les perspectives de reprise économique, la médiocrité et la volatilité des valeurs boursières ayant un impact immédiat sur la confiance des consommateurs et des milieux d’affaires. Aussi les Nations Unies mettent-elles en garde contre la poursuite de la dépression sur les principales places boursières qui pourrait entraîner l’économie mondiale dans une période de faible croissance prolongée, voire même une chute.
Les États-Unis demeurant le moteur de l’économie mondiale, les limites posées, à terme, par leur déficit commercial et par la baisse de la valeur du dollar constituent des sources d’inquiétudes majeures dans la mesure où ils auraient des répercussions à l’échelle mondiale. En outre, le rapport estime que le déficit public qui est venu s’ajouter au déficit commercial aux États-Unis risque de rendre les mesures d’ajustement encore plus complexes que prévu initialement. Par ailleurs, les tensions géopolitiques croissantes en Asie occidentale, qui ont déjà entraîné une flambée des cours du pétrole et affecté la confiance des marchés et des consommateurs, pourraient compliquer davantage les perspectives économiques, les Nations Unies jugeant qu’une intervention militaire dans cette région pourrait constituer un frein à la croissance économique mondiale.
“Les États-Unis devraient continuer d’être au centre de la reprise économique mondiale mais sans pour autant lui procurer un élan véritable”, juge le rapport de l’ONU qui ajoute que “la faible demande intérieure fragilise les économies du Japon et d’Europe occidentale dans la mesure où celles-ci reposent en grande partie sur le marché extérieur”. Pour leur part, les autres pays devraient continuer de subir les conséquences de la faiblesse de l’économie mondiale, à l’exception de la Chine où la forte demande intérieure a contribué non seulement à maintenir une croissance élevée en dépit d’un ralentissement mondial, mais a aussi stimulé la croissance des exportations des autres pays, en particulier d’Asie de l’Est, vers la Chine. La demande intérieure a également permis à de nombreuses économies en transition de se protéger face à la faiblesse des marchés mondiaux et de maintenir des taux de croissance élevés et stables.
Reprise inégale du commerce mondial et réduction des IED
Le commerce mondial devrait progresser de 6% en 2003, contre moins de 2% en 2002 et un déclin en 2001, mais ces chiffres demeurent modestes comparés à la progression enregistrée au cours des années 1990. Les perspectives économiques des pays en développement s’expliquent, entre autres, par la faiblesse de la demande mondiale qui a entraîné à la baisse les prix des produits non pétroliers tandis que les prix indexés en dollars ont augmenté en raison de la dépréciation de cette monnaie. De plus, le manque de confiance des investisseurs a entraîné une diminution des flux de capitaux privés et, pour la sixième année consécutive, les pays en développement ont connu en 2002 une évasion de leurs ressources financières. Les flux d’investissements étrangers directs (IED) ont diminué de plus de 25% en 2002, atteignant seulement 540 milliards de dollars, selon les estimations de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) qui ajoute qu’une fois de plus la Chine a été le premier bénéficiaire d’IED, devant les États-Unis.
Toutefois, les flux financiers vers les pays en développement devraient augmenter si les pays riches respectent les engagements pris lors de la Conférence internationale sur le financement du développement de Monterrey, en mars 2002, et s’ils poursuivent leurs efforts visant à résoudre le problème de la dette des pays en développement. Le rapport est moins optimiste s’agissant des progrès dans le domaine du commerce international dans la mesure où la plupart des échéances prévues pour 2002 dans le programme de travail de Doha n’ont pas été respectées.
Des politiques économiques sous pression
La mise en oeuvre de politiques macroéconomiques adaptées aux conjonctures nationales dans la plupart des économies développées au cours de l’année écoulée a permis d’éviter un déclin généralisé à l’échelle mondiale, estime l’ONU dans son rapport. Mais les mesures prises se sont révélées insuffisantes pour soutenir la reprise économique mondiale, note le rapport, d’autant que dans la plupart des cas la marge de manoeuvre limitée des gouvernements ne leur a pas permis d’adopter des politiques macroéconomiques incitatives. C’est le cas de plusieurs pays en développement qui sont confrontés à une érosion de leurs recettes fiscales et à une augmentation du déficit de leur balance des paiements causée, d’une part, par la chute des cours des produits non pétroliers et, d’autre part, par la diminution des flux d’investissements. Le rapport mentionne notamment les pays d’Amérique latine qui ont été entraînés en 2002 dans une spirale de cette nature et demeurent très vulnérables en cas de nouvelle détérioration de l’économie mondiale.
Le rapport des Nations Unies suggère une meilleure coordination des politiques macroéconomiques adoptées par les pays développés, et propose un meilleur équilibre entre politique monétaire et politique fiscale, au sein de chaque pays, afin de relancer la croissance mondiale. Ainsi, les pays où la fiscalité est faible pourraient agir sur leurs politiques monétaires, tandis que ceux qui disposent d’une marge de manoeuvre limitée sur leurs taux d’intérêts devraient se montrer plus flexibles pour stimuler la consommation. Toutefois, insistent les Nations Unies, dans un cas comme dans l’autre, les politiques macroéconomiques adoptées à moyen terme pour relancer la croissance, et atteindre les objectifs de développement du Millénaire, ne devraient pas influencer négativement, à moyen et à long terme, la fiscalité.
Le rapport World Economic Situation and Prospects 2003 a été préparé conjointement par la Division de l’analyse des politiques de développement des Nations Unies et par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Il est publié chaque année en complément d’une autre publication phare des Nations Unies, le World Economic and Social Survey, qui paraît en juillet.
Pour de plus amples informations, prière de contacter M. Tim Wall au Département de l’information des Nations Unies. Tél : 1 212 963 58 51; e-mail : wallt@un.org.
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