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ORG/1401

SIXIEME SOMMET SUR LA SECURITE DU PERSONNEL: LES ATTENTATS DU 19 AOUT A BAGDAD ONT BOULEVERSE LA VISION DE LA SECURITE DE L’ONU

11/12/2003
Communiqué de presse
ORG/1401


SIXIEME SOMMET SUR LA SECURITE DU PERSONNEL: LES ATTENTATS DU 19 AOUT A BAGDAD ONT BOULEVERSE LA VISION DE LA SECURITE DE L’ONU


Réuni aujourd’hui pour la sixième année consécutive, le Sommet sur la sécurité du personnel a mis en évidence les dangers auxquels sont désormais exposés les personnels des Nations Unies au même titre que les populations locales.  Les intervenants ont en effet souligné que les tragiques événements survenus le 19 août dernier à Bagdad avaient marqué un tournant pour l’Organisation.  Au lendemain de ces attaques, qui ont fait 22 morts, l’ONU a perdu son innocence, a déclaré le Président du Conseil de sécurité pour le mois de décembre, Stefan Tafrov (Bulgarie).  La perception de l’ONU sur le terrain en a été irrémédiablement changée, avec pour conséquence de nouveaux impératifs en matière de sécurité dans le déroulement même de ses missions et pour la protection de son personnel.


Le Président du Conseil économique et social, Gert Rosenthal (Guatemala), a affirmé que déjà à l’époque où il était en poste dans les années 80 au Chili, lieu d’affectation privilégié en matière de sécurité, l’intégrité du personnel semblait dans l’ensemble bien préservée.  L’Organisation paraissait se situer au-delà du bien et du mal, même si la présence sur le terrain a toujours impliqué par nature des risques.  Pourtant, l’Organisation avait déjà été la cible d’attaques, comme l’a rappelé Julian R. Hunte (Sainte-Lucie), Président de l’Assemblée générale, qui a indiqué qu’en 2003 seulement, 241 fonctionnaires civils avaient perdu la vie, notamment en Somalie, au Kosovo et en Afghanistan.  La Secrétaire générale adjointe à la gestion et Coordonnatrice des Nations Unies pour les questions de sécurité, Catherine Bertini, a indiqué qu’avant les attaques de Bagdad, le personnel des Nations Unies a été victime de 14 enlèvements, 238 attaques, 168 harcèlements et 30 alertes à la bombe.  Le nombre d’incidents liés à la sécurité augmente à présent, alors qu’avant la tragédie du 19 août 2003, le nombre de victimes avait décru.  «A Bagdad, notre pire cauchemar est devenu réalité, et le drapeau bleu des Nations Unies n’est plus en mesure de garantir la sécurité du personnel, ce que nous considérions pour acquis», a ajouté Lynne O’Donoghue, membre de la Commission sur la sécurité et l’indépendance des fonctionnaires internationaux.


Les évènements du 19 août dernier ont tout changé, a souligné M. Rosenthal, et aujourd’hui, le risque est qu’à l’inverse, l’on fasse preuve de trop de prudence et que l’on n’engage l’Organisation que dans des situations extrêmement graves.  L’attaque de Bagdad a modifié radicalement la vision de la manière dont l’ONU doit à l’avenir conduire ses opérations, a noté pour sa part M. Hunte, convaincu que tous les efforts devraient être accomplis pour que les populations locales comprennent l’objectif des missions et l’objet de leur présence.  La responsabilité de la sécurité incombe au premier chef au gouvernement du pays hôte, car le personnel y est stationné pour le servir.  Pourtant, alors qu’il fournit une assistance, le personnel de maintien de la paix est de plus en plus souvent considéré comme une cible potentielle.  Les auteurs de tels actes, que le Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale qualifie de crimes de

guerre, doivent être systématiquement traduits en justice, et ce n’est encore que trop rarement le cas.  Le Président de l’Assemblée générale a par ailleurs appelé les Etats Membres qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention de 1994 sur la sécurité du personnel et du personnel associé, entrée en vigueur en 1999.  A ce jour, un tiers seulement des Etats Membres l’ont ratifiée.


Nous ne savons pas encore qui a attaqué l’hôtel Canal à Bagdad, a déclaré Mme Bertini, ni pourquoi, mais cet attentat a marqué une recrudescence des hostilités à l’encontre de l’ONU, qui exige de nouvelles mesures de sécurité pour la protection du personnel de l’ONU et du personnel associé.  M. Hunte a reconnu que le rapport présenté par M. Martti Ahtisaari, ancien Président finlandais qui a dirigé l’enquête sur la sécurité du personnel, était honnête et approfondi, notant que si ce rapport ne constituait qu’une première étape, il avait attiré l’attention sur la nécessité de prendre en compte les alertes et menaces, d’appliquer les règles de sécurité, et d’obliger les responsables à assumer leurs obligations.  Par ailleurs, il sera important d’appliquer les règles de conduite établies avec la participation des ONG.  De son côté, le Président du Conseil de sécurité a rappelé que le Conseil avait adopté, le 26 août 2003, la résolution 1502 visant à réaffirmer la protection du personnel des Nations Unies dans les zones de conflit.  Ce texte constitue la base de travail pour la conduite des opérations de maintien de la paix et représente un message clair du Conseil selon lequel il est résolu à s’acquitter de ses responsabilités quant à la sécurité du personnel des Nations Unies.  Cette résolution ne reste d’ailleurs pas lettre morte dans l’action du Conseil de sécurité, a poursuivi M. Tafrov, puisqu’il prend maintenant en compte cette problématique, comme cela a été le cas lors de l’élaboration de la résolution 1511 (2003) sur l’Iraq.


Mme Bertini a indiqué que le Secrétaire général présentera un rapport sur la sécurité en janvier 2004, qui sera accompagné d’un examen approfondi des conditions de sécurité au Siège de l’ONU à New York et dans ses bureaux sur le terrain.  Au Siège, les fenêtres des bâtiments de l’ONU seront très prochainement équipées de films pare-balles.  Ces mesures exigeront de nouvelles ressources financières.


A l’issue de ces présentations, les questions soulevées ont mis l’accent sur la nécessité de modifier la perception des Nations Unies et des activités humanitaires sur le terrain.  Un intervenant a fait remarquer que dans de nombreuses régions, ces activités servaient de «campagne de l’Occident contre l’Islam», soulignant la nécessité pour tous les Etats de s’engager dans un dialogue politique général pour éliminer cette perception négative et renforcer l’intégrité, la légitimité et la sécurité du personnel humanitaire.  De nombreux orateurs se sont dits convaincus que les Nations Unies doivent poursuivre leur rôle en Iraq.


A l’ouverture du Sommet, les participants ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes de l’attentat de Bagdad.


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