LE FAIBLE POUVOIR ECONOMIQUE DES FEMMES, LEUR MANQUE D’ACCES AUX TIC ET LES VIOLENCES DONT ELLES SONT VICTIMES, RECONNUS COMME OBSTACLES A L’ERADICATION DE LA PAUVRETE
Communiqué de presse FEM/1243 |
Commission de la condition de la femme
7e et 8e séances – matin et après-midi
LE FAIBLE POUVOIR ECONOMIQUE DES FEMMES, LEUR MANQUE D’ACCES AUX TIC ET LES VIOLENCES DONT ELLES SONT VICTIMES, RECONNUS COMME OBSTACLES A L’ERADICATION DE LA PAUVRETE
Les inégalités entre les sexes au cœur de la pandémie du VIH/sida
La Commission de la condition de la femme a achevé ce soir son débat général au cours duquel de nombreux Ministres chargés des questions de parité entre les sexes, des responsables d’institutions du système des Nations Unies et des représentants d’ONG ont présenté les grandes lignes de leur action en faveur de l’égalité entre l’homme et la femme. Ce débat, entamé lundi dernier, était consacré au suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la session extraordinaire de l’Assemblée générale intitulée «Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle».
Près d’une centaine de délégations se sont succédées pour affirmer leur conviction selon laquelle l’égalité entre les hommes et les femmes est indispensable à la réalisation des objectifs du Millénaire en matière de développement.
Les disparités économiques et sociales, l’absence des femmes de la vie politique, leur nette sous-représentation dans les structures médiatiques, leur accès limité aux technologies de l’information et de la communication et surtout la vulnérabilité des femmes face aux multiples formes de violence ont particulièrement mobilisé les débats. Selon les statistiques, de 25% à 35% de femmes dans le monde sont victimes d’agression de la part de leur conjoint. Cet après-midi, le représentant de ONUSIDA a jeté la lumière sur les ravages causés par la pandémie du VIH/sida qui, à la fin de 2002, avait fait près de 42 millions de victimes parmi les femmes. Dans la région sub-saharienne, 17 millions de femmes sont infectées par le VIH, soit 58% du total des personnes séropositives, faisant dire à ce représentant que les inégalités entre les sexes se trouvait au cœur de la pandémie du VIH/sida.
Dans de nombreux pays, il est apparu que les femmes séropositives sont dix fois plus susceptibles d’avoir été les victimes de violences sexuelles que celles qui ne le sont pas. Une étude a également montré que la majorité des femmes séropositives le sont devenue à la suite de rapports avec leur mari. Souvent dénuées de toute information face à cette pandémie meurtrière, les femmes ne disposent pas du pouvoir de maîtriser la sécurité de leur vie sexuelle en raison de leur incapacité à avoir accès à la propriété foncière et au pouvoir économique.
La Vice-Ministre de la promotion de la femme du Burundi, Edith Nkunduwiga, a de son côté dressé le portrait de la femme africaine qui, a-t-elle expliqué, s’identifie à une ménagère docile, une bonne épouse obéissante et surtout à de bonnes reproductrices de préférence de progéniture mâle. La gestion des affaires de la cité n’est pas de son ressort. Au nom de la coutume et des traditions, les femmes sont victimes de trois formes de violence, à savoir les violences sexuelles, la violence physique et psychologique.
Cette situation est encore plus dramatique pour les femmes réfugiées. Il existe désormais un nouvel Ordre du jour pour la protection élaboré par le Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés, a précisé le représentant de ce dernier, qui constitue un document stratégique de politique dont la vocation est de servir de guide pour les actions concrètes dans ce domaine.
Les Ministres, Secrétaires d’Etat et représentants des pays suivants ont pris la parole: Chili, Pays-Bas, Fidji (au nom des membres du Forum du Pacifique), Burundi, Suisse, Liechtenstein, République arabe syrienne, République du Congo, République populaire démocratique de Corée, Kirghizistan, Fédération de Russie, ex-République yougoslave de Macédoine, Malawi, Italie, Bénin, Afghanistan, Iraq, Cameroun, Ethiopie, Zambie, Guinée, Inde, Rwanda et Grenade.
Par ailleurs, les représentants des institutions suivantes sont également intervenus: Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Programme ONUSIDA, l’Union internationale des télécommunications (UIT), Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO.
Les organisations non gouvernementales suivantes ont fait une déclaration: Equality Now, African Women Caucus, Groupe de travail sur les femmes, la paix et la sécurité, Human Rights Advocates, Coalition des femmes pour la justice économique, l’International Confederation of Free Trade Unions, Coordination française pour le Lobby européen des femmes et Womenspace Canada.
Les représentants d’Israël et de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.
La Commission célèbrera demain matin, vendredi 7 mars à 10 heures, la Journée internationale de la femme. Elle entamera par la suite l’examen du point relatif à la suite donnée aux résolutions et décisions du Conseil économique et social.
SUIVI DE LA QUATRIEME CONFERENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLEE GENERALE INTITULEE: «LES FEMMES EN L’AN 2000: EGALITE ENTRE LES SEXES, DEVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIECLE»
Débat général
Mme GLADYS ZALAQUETT, Service national de la femme du Chili, a annoncé qu’après la création de ce Service en 1991, le Président du Chili a jugé bon de renforcer le cadre institutionnel de la promotion de la femme par la mise en place, en 2000, d’un Conseil des ministres pour l’égalité des chances, composé de 9 des 16 ministres du Cabinet. Le Conseil a, par exemple, engagé le Département du trésor à intégrer, pendant la préparation du budget, une démarche soucieuse d’égalité entre les sexes dans le «Programme pour une gestion plus efficace». Ainsi toutes les institutions publiques du pays doivent réévaluer les tâches prescrites par le Programme sous l’angle de l’égalité des sexes et ce, en identifiant les obstacles et en proposant des solutions. Cette prérogative touche les salaires des fonctionnaires dont 3% sont directement liés à la réalisation de cet objectif. Partant, la représentante a souscrit à l’idée selon laquelle le développement des capacités institutionnelles n’est pas un concept statique mais évolutif, adaptable et graduel. Venant à la question de la lutte contre la violence, la représentante a indiqué que la loi de 1994 fait en ce moment l’objet d’amendements en vue de son renforcement. En effet, en 2001, un sondage a révélé que 50,3% des femmes de la région métropolitaine avaient été victime de violence de la part de leur partenaire. Depuis l’adoption de la loi, le nombre de plaintes a pratiquement doublé de même que le nombre des plaintes pour viol et attaques sexuelles.
Après avoir rendu compte des progrès réalisés durant ces dernières années, la représentante a souligné que ces progrès n’auraient pas été possibles sans les campagnes de sensibilisation lancées avec les médias. En 2002, a-t-elle encore indiqué, son Service a mis sur pied, en collaboration avec les différents ministères et départements, un réseau de citoyens pour la prévention de la violence domestique intitulé «Réseau de Protection». Venant à l’autre thème prioritaire de la session, elle a attiré l’attention sur le deuxième anniversaire, le 8 mars, du lancement du site Web «Mujereschile» qui répond aux questions sur la santé, le droit ou encore la culture tout en facilitant les contacts entre les femmes. En 2002, une page «Vitrina de la Microempresaria» a été ajoutée au site. Les progrès accomplis ne peuvent cacher les problèmes graves des médias au Chili qui continuent de diffuser une image des femmes stéréotypée et conservatrice, a reconnu la représentante. Aux indicateurs de violence et aux stéréotypes des médias, elle a ajouté les problèmes émergents tels que le traite des femmes et des filles qui, selon elle, n’ont pas encore reçu l’attention qu’ils méritent.
M. FLORA VAN HOUWELINGEN (Pays-Bas) s’est exprimé en tant que Président du Comité consultatif du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM)qui représente les cinq groupes régionaux. Il a attiré l’attention de la Commission sur la contribution de l’UNIFEM à un des thèmes prioritaires de sa quarante-septième session, à savoir la violence à l’égard des femmes. Nous estimons qu’il est important de faire le lien entre le système intergouvernemental et ses entités opérationnelles. L’UNIFEM, en tant que fonds innovateur et catalyseur visant à promouvoir l’égalité entre les sexes et comptant parmi sa clientèle aussi bien des gouvernements que des organisations non gouvernementales ainsi que des acteurs de l’ONU, est particulièrement bien placé pour renforcer cette interface.
Du 18 au 20 février, le Comité a tenu sa quarante-troisième session. Au nombre des recommandations formulées à ce sujet, le Comité a encouragé l’UNIFEM à continuer à donner leur place aux femmes au sein des instruments à présent utilisés pour poursuivre le développement. En ce qui concerne la violence à l’égard des femmes, nous estimons qu’étant donné l’implication de l’UNIFEM dans les crises liées, entre autres, à la propagation du VIH/sida, l’interprétation de cette notion doit être élargie. De même, le Comité a encouragé l’UNIFEM à continuer son travail important dans le domaine de la paix et de la sécurité en collaborant avec le Département des opérations de maintien de la paix, la Division pour la promotion de la femme et le Département des affaires politiques pour l’élaboration d’une stratégie commune concernant la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.
M. ISIKIA SAVUA (Fidji) a, au nom des membres du Forum des îles du Pacifique, suggéré à la Commission d’intégrer dans ses travaux les résultats régionaux de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. Il s’est dit encouragé par la décision d’intégrer une perspective sexospécifique dans les activités du système des Nations Unies et a demandé à ce que les résultats de chaque entité soient évalués. Le Forum organisera ce mois ci un forum sur la réalisation des objectifs du Millénaire. Les politique d’intégration ont été mises en place dans six des 10 conseils du Forum du Pacifique qui dispose d’indicateurs par sexe et d’un conseiller sur les questions de parité. Fidji par ailleurs a été le premier État du Pacifique à présenter son rapport national au Comité CEDAW et quatre autres membres du Forum le feront prochainement. Le mois prochain, un atelier sera organisé pour aide les pays à rédiger leurs rapports nationaux.
Sur la question de la violence à l’égard des femmes, le représentant a évoqué les conclusions de l’atelier régional organisé sur ce thème, précisant que le forum avait permis de mettre en lumière le coût socioéconomique énorme de ce fléau. Si nous ne luttons par contre ce phénomène, nous ne serons pas en mesure de réaliser les objectifs du Millénaire. Le représentant a également convenu que l’accès des femmes aux technologies de l’information est de nature à combler le fossé en matière de développement entre les pays. Le représentant a par ailleurs souhaité que la traite des êtres humains et la dimension sexospécifique de la contrebande fassent l’objet d’ateliers de travail distincts.
Mme MAIA GOODELL de l’ONG «Equality Now», a souligné que, en dépit du fait que les instruments juridiques internationaux consacrent le principe de l’égalité entre les sexes et appellent à l’abandon de toutes les lois discriminatoires à l’encontre des femmes, on est forcé de constaté que, dans la pratique, de nombreux pays n’ont toujours pas harmonisé leurs lois sur ces principes et les inégalités en matière de loi persistent. Equality Now a préparé un rapport détaillé regroupant l’ensemble de ces lois discriminatoires pour 45 pays et a lancé un appel à ces Etats les priant d’honorer les engagements auxquels ils ont souscrit en vertu des instruments juridiques internationaux d’ici à 2005. Elle a rendu hommage au Pérou et à la Turquie qui ont amendé leurs lois, ainsi qu’à certains autres pays qui sont en cours de réformer ces lois. Cependant 36 autres pays cités dans ce rapport continuent à avoir des lois discriminatoires, ce qui a amené Mme Goodell a demandé à la Commission de la condition de la femme d’inclure dans ses recommandations de cette année, une demande expresse à ces pays de changer leurs lois discriminatoires avant 2005.
Mme EDITH NKUNDUWIGA, Vice-Ministre de la promotion de la femme du Burundi, a expliqué que les femmes de son pays, à l’instar des autres femmes africaines, s’identifient à une ménagère docile, une bonne épouse obéissante et surtout à de bonnes reproductrices de préférence de progéniture mâle. La gestion des affaires de la cité n’est pas de son ressort. Le plus pauvre des pauvres, le plus affamé des affamés et le plus analphabète des analphabètes sont des femmes. Pourtant des progrès sont en cours, l’Acte constitutionnel de transition consacrant désormais l’égalité entre les sexes. Depuis 2003, on compte quatre femmes aux postes ministériels sur 26, soit 15% de représentation alors qu’en 1998 il n’y avait qu’une femme sur 21, soit un pourcentage de 4,5%. Certains postes ministériels importants comme celui de la planification et de la reconstruction, ont été confiés à des femmes. Le Sénat compte 11 femmes sur 54 membres soit 20,3%. L’Assemblée nationale compte 34 femmes sur 181 contre 17 femmes en 1998.
Sur le plan juridique, la situation de la femme progresse même si les postes d’administrateur de province et communaux sont réservés aux hommes. Il existe encore des vides juridiques, notamment pour ce qui touche aux droits de succession et matrimoniaux qui sont pourtant essentiels dans un pays comme le nôtre qui reste fortement empreint par les coutumes. Nous disposons cependant d’un projet d’identification de tous les textes discriminatoires même si les mentalités ne sont pas prêtes à accepter les révisions des lois sur les régimes matrimoniaux et les droits de succession. Au nom de la coutume et des traditions, les femmes sont victimes de trois formes de violence, à savoir les violences sexuelles, la violence physique et psychologique. Cette situation est encore plus dramatique pour les femmes réfugiées.
Mme CLAUDIA BLOEM (Suisse) a rappelé que son pays défendait en début d’année ses premier et second rapports sur la mise en œuvre de la Convention contre la discrimination devant le Comité de la CEDAW, exercice exigeant et encourageant à ses dires. Elle a également fait part des actions prises par la Suisse en vue de lutter contre la violence à l’égard des femmes, notamment la mise en place de structures coordonnées de lutte comme le Service de lutte contre la violence qui a pour tâche de sensibiliser l’opinion publique à ce problème. Par ailleurs, le Gouvernement suisse s’est récemment prononcé en faveur d’un projet de révision de loi qui prévoit que la violence physique ou sexuelle exercée contre un conjoint ou un partenaire doit être poursuivi d’office et non plus sur plainte. En ce qui concerne la traite des femmes et des enfants, Mme Bloem a déclaré qu’une étape importante vient d’être franchie avec la création d’un Service fédéral de coordination de la lutte contre la traite d’êtres humains et le trafic de migrants qui a pour tâche de développer des stratégies de lutte et de coordonner l’échange national et international d’informations.
S’agissant de la protection des victimes, elle a indiqué qu’un projet de loi est en cours d’examen qui permettrait aux victimes de la traite d’obtenir une autorisation de séjour provisoire, voire illimitée, ainsi que de bénéficier d’une aide au retour. Mme Bloem a également souligné que la Suisse est en voie de ratifier le Protocole facultatif à la Convention sur les droits de l’enfant concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants. Abordant le sujet de l’accès des femmes aux médias et aux TIC, Mme Bloem a réitéré le souci de voir le résultat des débats de la Commission de la condition de la femme influencer à temps le processus qui mène au Sommet mondial de la société de l’information. Par ailleurs elle a souhaité attirer l’attention sur les liens existants entre la présence des femmes dans les médias et leur participation politique, ainsi qu’entre le développement des TIC et les nouvelles formes de criminalité organisée, comme la traite.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a expliqué que le travail des Nations Unies en matière de promotion de la femme a été essentiel au Liechtenstein, qui a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ainsi que son Protocole facultatif. S’inscrivant dans le cadre de l’application du Programme d’action de Beijing, le Liechtenstein a mis en place un plan d’action. Il a également reçu le Rapporteur spécial sur la violence à l’égard des femmes de la Commission des droits de l’homme. Abordant plus particulièrement ce thème, M. Wenaweser a regretté que le rapport dont est saisie la Commission, ainsi que les recommandations qui y figurent, portent essentiellement sur le problème de la traite des femmes et des filles, car, selon lui, il est important de se pencher sur toutes les facettes de ce problème complexe.
En ce qui concerne la situation des femmes dans les conflits armés, il a proposé de ne plus uniquement considérer les femmes en tant que victimes, reconnaissant qu’elles le sont souvent, mais également comme des acteurs indispensables à la réalisation du maintien et de la consolidation de la paix. Dans ce contexte, il a réaffirmé l’appui de sa délégation à la nomination de femmes aux postes de Représentant spécial et d’Envoyé spécial du Secrétaire général, dans la mesure où cela profiterait largement aux processus de paix. M. Wenaweser a également invité la Commission à envoyer un message fort sur la nécessité de prendre en considération une approche sexospécifique dans la lutte contre le VIH/sida ainsi qu’à l’occasion du Sommet mondial sur la société de l’information. Cela est d’autant plus urgent, que les statistiques démontrent que dans de nombreux pays il existe un risque clair de marginalisation des femmes dans ce domaine essentiel, alors que les TIC pourraient contribuer grandement à l’éducation des femmes et par là à leur autonomisation.
Mme RANIA AL HAJ ALI (République arabe syrienne) a expliqué que son pays avait réitéré dans ses lois le principe de l’égalité entre les sexes. Nous disposons d’une stratégie nationale pour les femmes jusqu’en 2005, inspirée du Programme d’action de Beijing et qui s’inscrit dans le plan de développement national. L’égalité entre les hommes et les femmes est un des piliers du développement durable et de la justice sociale. Nous avons organisé un forum sur les questions d’égalité placé sous l’égide de notre Première dame et des recommandations ont été formulées à cette occasion pour encourager les femmes à accéder au pouvoir et intégrer les sexospécificités dans les stratégies de développement. Nous sommes parties à la Convention du CEDAW ainsi qu’aux huit conventions de l’OIT sur le droit à l’emploi. La représentante a regretté par ailleurs que le rapport du Secrétaire général sur les femmes palestiniennes ne mentionne pas les raisons à l’origine de la détérioration de leurs conditions de vie.
Mme JEANNE FRANÇOISE LECKOMBA LOUMETO-POMBO, Secrétaire d’Etat chargée de la promotion de la femme et de l’intégration de la femme au développement de la République du Congo, a déclaré que le développement n’est pas possible sans la femme. Elle a souligné que le Gouvernement du Congo fait siens les principes du Programme d’action de Beijing et du Plan d’action de Dakar, principes qui sont repris dans la politique gouvernementale pour la promotion de la femme adoptée en 1999 et qui a été assortie d’un plan d’action. Le Congo vient de présenter ses premier, deuxième, troisième, quatrième et cinquième rapports combinés au CEDAW.
Le retour à la paix au Congo a permis la mise en place de nouvelles institutions qui garantissent la promotion du statut de la femme, a affirmé Mme Loumeto-Pombo qui a également donné certaines statistiques relatives à la représentativité des femmes congolaises dans les instances de prise de décisions et qui font preuve de progrès sensibles. Ainsi, 5 femmes sur 35 occupent des postes de ministre, et 89 femmes ont été élues aux élections législatives (12 sur 129 à l’Assemblée; 9 sur 66 au Sénat; 68 sur 727 dans les Conseils locaux). Abordant le problème de la violence contre les femmes, Mme Loumeto-Pombo a expliqué qu’une campagne de sensibilisation a été menée et que les victimes de violences sexuelles peuvent désormais bénéficier d’une prise en charge médicale, psychologique et sociale.
M. KIM CHANG GUK (République populaire démocratique de Corée) a estimé que la pauvreté prend de plus en plus un visage féminin en raison des effets de la mondialisation, de la répartition inégale des richesses et des effets négatifs des TIC. Pour mettre fin à la traite des femmes et des filles, il est nécessaire de criminaliser ce fléau à tous les niveaux. Il faut également traiter les causes profondes de ce phénomène tout en prenant les mesures nécessaires pour alléger les souffrances des victimes et leur fournir une indemnisation. En tant que pays dont les femmes ont été soumises à l’esclavage sexuel par le Japon pendant la Deuxième Guerre mondiale, la République populaire démocratique de Corée condamne l’exploitation sexuelle des femmes et des jeunes filles.
Les femmes participent pleinement dans notre pays à l’édification d’une nation puissante et nous sommes conscients à cette fin du potentiel des TIC. Les femmes doivent jouer un rôle de pionner pour éliminer l’analphabétisme électronique, a souligné le représentant, tout en s’interrogeant sur les moyens efficaces de protéger les droits des femmes contre les effets pervers de l’Internet. Nous souhaitons que cette question figure en bonne place des préoccupations lors du prochain Sommet mondial de la société de l’information.
Mme ASTER ZAOUDE, Conseillère principale pour les questions de genre au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a mis en avant les mesures prises par le PNUD en appui aux plans d’action nationaux de mise en œuvre de la Plate-forme d’action de Beijing. Elle a rappelé que la mise en œuvre de la Plate-forme de Beijing exigeait d’adopter des politiques claires en matière d’égalité des sexes et de mettre en œuvre des programmes de bonne gouvernance aux niveaux local et national. Le PNUD a pour objectif de renforcer les capacités des femmes et de leur donner les moyens de s’intégrer dans le dispositif de développement national et il a pris des mesures, par le biais des coordonnateurs résidents, pour développer des programmes allant dans le sens de l’atténuation des disparités entre hommes et femmes en intervenant dans les domaines de la réduction de la pauvreté, de l’environnement et de l’énergie, de la gouvernance démocratique, des technologies de l’information et de la communication (TIC), et dans la lutte contre la pandémie du VIH/sida.
En outre, a dit la représentante, les programmes de bonne gouvernance insistent tout particulièrement sur la protection des femmes contre les violences et la discrimination, sur l’accès à la justice, aux institutions démocratiques et sur les réformes législatives à entreprendre pour assurer l’égalité entre les sexes. Le PNUD a pris conscience du fait qu’aucun programme de développement ne peut être mené à bien sans prendre en compte les critères de sexospécificité et, à ce titre, Mme Zaoude a indiqué que le Programme privilégiait, depuis 2002, les échanges d’expérience Sud-Sud.
M. KAMIL BAIALINOV (Kirghizistan) a expliqué qu’en vue de surmonter les obstacles à la réalisation de l’égalité entre les sexes, son pays a mis en place un plan national 2000-2006, chargé de veiller à la mise en œuvre des orientations stratégiques permettant de parvenir à la parité à tous les niveaux (travail, éducation, institutions), ainsi qu’à la prise en compte des aspects et besoins sexospécifiques dans le domaine de la médecine. Ce plan aborde aussi le problème de la violence contre les femmes, ce qui s’est accompagné de l’adoption d’une loi pour y remédier et de la nomination d’un médiateur national chargé des différents aspects de cette question. Un projet de loi est actuellement à l’étude portant sur la protection sociale des femmes. En ce qui concerne la traite, il existe un décret qui prévoit un programme d’action dans ce domaine. A ce jour le Kirghizistan a ratifié plus de 30 conventions et protocoles portant sur les droits de l’homme et de la femme, a indiqué le représentant. Par ailleurs, dans le domaine des médias, M. Baialinov a soutenu qu’il faut renforcer la participation des femmes de manière à pouvoir influencer les images et stéréotypes négatifs sur les femmes qui y sont souvent entretenus.
M. BERTIL LINDBLAD (ONUSIDA) a expliqué que l’inégalité entre les sexes se trouvait au cœur de la pandémie du VIH/sida. A la fin de l’année 2002, les femmes pour la première fois représentent la moitié des 42 millions de personnes qui vivent avec le VIH/sida. Dans la région sub-saharienne, 17 millions de femmes sont infectées par le VIH, soit 58% du total des personnes séropositives. Les femmes assument le plus lourd fardeau pour ce qui est des soins aux personnes malades mais elles sont les dernières à obtenir un traitement. Les femmes et les filles sont souvent dénuées de toute information et de formation. Elles ne disposent pas du pouvoir de maîtriser la sécurité de leur vie sexuelle en raison de leur incapacité à avoir accès à la propriété foncière et au pouvoir économique. Les femmes doivent être mieux éduquées et conseillées. Une étude récente de l’UNICEF a montré que 50% des jeunes filles vivant dans des pays où l’incidence du VIH/sida est la plus forte n’ont aucune connaissance de base sur la maladie. La responsabilisation des femmes, à savoir la pleine réalisation de leurs droits, réduira leur vulnérabilité face à ce fléau. La mise en place de stratégies pour lutter contre les violences et les agressions sexuelles ne sont pas uniquement importantes d’un point de vue des droits de la femme. Elles permettront également d’accroître la protection des femmes face à la pandémie du VIH/sida. Entre 10 et 50% des femmes dans le monde sont victimes de violence de la part de leur partenaire. La honte, la peur de la violence et des discriminations sont souvent les raisons qui poussent les femmes à ne pas en parler et pour celles qui se retrouvent contaminées, à ne pas se faire traiter.
Dans de nombreux pays, il est apparu que les femmes séropositives sont dix fois plus susceptibles d’avoir été les victimes de violences sexuelles que celles qui ne le sont pas. Une étude a également montré que la majorité des femmes séropositives le sont devenues en raison de leur mari. Par exemple, dans une ville d’Asie, 90% des femmes soignées pour des maladies sexuellement transmissibles ont admis n’avoir eu qu’un seul partenaire au cours de leur vie: leur mari. Le représentant a conclu en établissant un lien étroit entre l’émancipation des femmes, l’égalité entre les sexes et la lutte contre la pandémie du VIH/sida.
Mme MARINA GORDEEVA (Fédération de Russie) a rappelé que, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, la Fédération de Russie est actuellement entrain de préparer un programme intégré dont le but est de définir les critères et moyens pratiques pour parvenir à une redéfinition des rôles des deux sexes, et à l’égalité homme/femmes. Par ailleurs, le Gouvernement est en train d’examiner la possibilité de ratifier le Protocole facultatif de la Convention sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. Abordant le rôle des médias, elle a insisté sur l’importance de la sensibilisation de l’opinion publique et de l’influence des perceptions que les médias peuvent véhiculer, ajoutant qu’il existe de plus en plus de revues spécialisées consacrées aux rôles des femmes dans la société moderne. Cependant les médias peuvent également jouer un rôle négatif dans l’exploitation sexuelle des femmes, notamment en termes de traite a-t-elle souligné. Dans ce contexte, la Chambre basse est en train d’examiner un projet de loi sur la traite des femmes et des enfants. Ce texte définit les objectifs et moyens de la lutte contre ce phénomène. M. Gordeeva a déclaré que les textes restent souvent lettre morte si l’on ne s’attaque pas aux racines de ce problème à savoir, une demande de travail illégal et à bon marché d’une part, et d’autre part la pauvreté.
Mme NISH MUTHONI MATENJIUA (African Women Caucus) a expliqué que les femmes africaines devaient relever des défis sur tous les plans pour qu’un jour elles puissent exploiter les bénéfices des TIC. La marginalisation de l’Afrique est marquée par une absence de structure, une pauvreté croissante, une majorité des femmes parmi les pauvres et les illettrés. Ces dernières ne participent pas aux prises de décisions. La réglementation des technologies de l’information est importante tout comme l’est la formation des femmes à ces technologies. Compte tenu du rôle critique que les femmes jouent dans la société, nous demandons que le système des Nations Unies continue de travailler à la ratification par les pays des traités et conventions sur les droits des femmes, en particulier ceux traitant des femmes et de leur accès à la science et la technique. Il faut mettre en place des politiques qui assurent l’égalité des possibilités d’accès à l’éducation.
Mme INGUNN YSSEN, de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a souligné le problème de l’absence de statistiques suffisantes ventilées par sexe dans le domaine des TIC. Elle a promis que l’UIT tiendra compte de cette nécessité à l’avenir, ajoutant que demander à l’UIT de fournir des statistiques ventilées par sexe signifie qu’on demande à chaque pays de le faire, ce qui est un exercice important et nécessaire. Elle a notamment indiqué que parmi les indicateurs clefs pour l’UIT figure le nombre d’utilisateurs de l’Internet, et s’est engagée à ce que dans le nouveau rapport de l’UIT cet indicateur soit ventilé par sexe. Elle a également mis l’accent sur l’importance de l’intégration d’une perspective sexospécifique dans le développement et l’utilisation des TIC, qui sont un outil de développement. Il est essentiel de donner aux femmes l’accès à cet outil, ce qui suppose que les représentants des gouvernements au Sommet mondial sur la société de l’information insistent sur la nécessité de l’intégration de cette dimension a-t-elle conclu.
Mme ELIZABETA GJORGJIEVA (ex-République yougoslave de Macédoine) a rappelé qu’étant donné l’inégalité traditionnelle de nos sociétés, il est fondamental de poursuivre la promotion de l’égalité entre les sexes. Cependant, il ne suffit pas de reconnaître formellement le principe de l’égalité dans la Constitution. Il faut également prendre des mesures concrètes et encourager la collaboration avec tous les acteurs pertinents de la société. La République de Macédoine a mis en place un Plan d’action national qui identifie les activités et les mesures stratégiques qui doivent être prises pour améliorer l’égalité entre les sexes dans notre pays. Un des objectifs principaux de ce Plan est de renforcer la position institutionnelle de l’organe du Gouvernement chargé de l’égalité entre les sexes.
Notre pays a accueilli, les 22 et 23 janvier 2003, la cinquième Conférence interministérielle sur l’égalité entre les hommes et les femmes intitulée «démocratisation, prévention des conflits et construction de la paix: les perspectives et les rôles des femmes». Cette Conférence a abordé, entre autres, la question du rôle des femmes dans les processus de paix et la prévention des conflits. Un des problèmes principaux auquel doit faire face l’Europe aujourd’hui concerne le trafic des être humains. A cet égard, une des grandes réalisations de la Conférence a été la signature d’un accord qui prévoit des mesures de prévention et de lutte contre la violence à l’égard des femmes et le trafic des êtres humains. La Conférence a également attiré l’attention des responsables européens les plus importants sur les conséquences d’une sous-représentation des femmes aux postes de prise de décisions. Une volonté politique forte, aux niveaux européen et national, apparaît comme étant indispensable à la prise de mesures pour accroître la participation des femmes au processus de prise de décisions.
M. ISAAC C. LAMBA (Malawi) a d’abord indiqué que, dans son pays, le Document stratégique pour la réduction de la pauvreté fait de l’intégration de la démarche sexospécifique une priorité. Il a ensuite abordé la question de la lutte contre la violence à l’égard des femmes pour dire que, malgré la mise en place d’une Stratégie nationale, beaucoup reste à faire. A cet égard, il a souligné la nécessité de collecter des données complètes sur l’ampleur de la violence, de mettre en place davantage d’abris pour les victimes, et de mobiliser des ressources pour la formation des agents de l’ordre et des autres acteurs concernés. Venant à la question de l’accès des femmes aux TIC, le représentant a reconnu que le potentiel de ces technologies n’a pas encore été pleinement exploité dans son pays en raison de la pauvreté, de l’analphabétisme et des barrières linguistiques. Conscient que l’éducation est la clé du succès en la matière, le Malawi a pris des initiatives, a indiqué le représentant en citant l’intégration de la question de l’alphabétisation des adultes dans les programmes de développement mis en œuvre par les ONG et le Gouvernement et l’introduction des TIC dans les écoles secondaires. Dans les lieux travail, a-t-il ajouté, les femmes ont véritablement accès aux TIC puisqu’elles forment la grande majorité des secrétaires.
L’attention accordée aux TIC est la bienvenue mais la prudence reste de mise, a poursuivi le représentant. Il a ainsi appelé à une réflexion approfondie sur les liens véritables entre ces technologies et l’égalité entre les sexes. Il a estimé, à cet égard, que le Sommet mondial sur la société de l’information constitue une occasion unique. Toutes les politiques en la matière doivent tenir compte de la dimension sexospécifique du fossé numérique. Sans l’attention requise, l’inégalité d’accès aux TIC ne pourrait que s’aggraver, a conclu le représentant.
M. STEFANO LAPORTA, Ministre pour l’égalité des chances de l’Italie, a annoncé que le Parlement italien venait d'approuver à l'unanimité un amendement à la Constitution assurant des mesures pratiques pour garantir une meilleure représentativité des femmes en politique. En outre, durant sa présidence de l'Union européenne, l'Italie organisera à Rome une Conférence sur le rôle des femmes dans la prise de décisions et la vie politique. Par ailleurs, le Ministre a assuré que les femmes avaient eu dans son pays les dernières années un meilleur accès aux médias ce qui avait permis de lutter contre certains stéréotypes et de mieux faire entendre leurs voix dans les processus décisionnels.
L'action du Gouvernement en faveur des femmes, a-t-il ajouté, a visé à promouvoir et protéger le droit des femmes et à combattre toute forme de discrimination. Des mesures ont été prises pour lutter contre le trafic et l'exploitation sexuelle des femmes et des enfants et l'ensemble des actions a été coordonné par un Comité interministériel. Ces efforts ont été menés tant au plan national, avec la création d'un réseau urbain de lutte contre la violence faite aux femmes destiné à soutenir l'action des autorités locales, qu'au plan international grâce au soutien de l'Organisation internationale pour les migrations, avec la mise en œuvre de programmes de lutte contre le trafic des femmes.
Mme NICOLE ELISHA (Bénin) a indiqué que son Gouvernement avait défini en janvier 2001 une politique nationale de promotion de la femme dont la mise en œuvre a justifié l'adoption en juillet 2002 d'un Plan d'action visant à réduire à court terme et à éradiquer à long terme les disparités entre hommes et femmes et comprenant 103 projets. La représentante a expliqué par ailleurs que son pays avait pris toute la mesure des technologies nouvelles de l'information, mais que les difficultés essentielles résidaient dans l'accès à l'ordinateur et à l'Internet en raison du coût élevé de ces médias.
Il faudrait également, a-t-elle poursuivi, que l'outil informatique puisse être conçu dans des langues nationales des couches de populations concernées et surtout, d'abord électrifier les zones rurales où l'achat de piles pour ceux qui possèdent des radios est déjà un problème. Enfin, s'agissant de la discrimination et de la violence, celle-ci se caractérise surtout par la violence sexuelle, l'exploitation économique, le mariage forcé et les mutilations sexuelles, a-t-elle constaté. Les violences physiques sont reconnues et les mesures légales juridiques sont déjà prises contre certains types de violences ou sont en voie de l'être pour d'autres.
Mme INDIRA KAJOSEVIC, ONG Groupe de travail sur les femmes, la paix et la sécurité, a plaidé en faveur du rôle de négociatrices des femmes dans les pourparlers de paix et a regretté que tel n’ait pas été le cas pour désamorcer la crise iraquienne. Elle s’est félicitée du fait que la Commission intégrera cette question dans son programme de travail pour 2004.
Mme LESEGO E. MOTSUMI, Ministre adjoint au Ministère du travail et des affaires intérieures du Botswana, a expliqué que, en vue de permettre à tous les citoyens de bénéficier des avantages pouvant résulter de l’utilisation des TIC, le Gouvernement a créé un Ministère des communications, de la science et de la technologie en septembre 2002. Ce Ministère est chargé de la mise en place des infrastructures nationales dans ce domaine. Mme Motsumi a cependant souligné que les zones rurales restent le parent pauvre de la politique d’accès aux TIC et représentent la majeur partie de la population qui vit dans la pauvreté et l’analphabétisme. En ce qui concerne les médias, Mme Motsumi a expliqué que, dans la mesure où le contrôle des médias est aux mains des hommes, il s’avère difficile pour les femmes d’influencer leurs politiques et contenus, ce qui représente un obstacle à la promotion de la femme. Le Gouvernement a essayé d’y remédier en assurant une formation aux femmes journalistes, mais il reste beaucoup à faire, a-t-elle reconnu.
Abordant le thème de la violence, Mme Motsumi a fait part de l’augmentation du nombre de cas de violence contre les femmes et les enfants qui a été observée récemment au Botswana. On estime que 50% des femmes sont des rescapées de violences, essentiellement perpétrées dans le cadre familial. Fort de ce constat, le Botswana a amendé son Code pénal de manière à améliorer les lois qui portent sur le viol et l’inceste, et a mis en place en place des foyers pour femmes battues et a créé une force de police spécialisée dans la violence domestique. Les forces de police ont également mené une enquête sur le viol, de manière à pouvoir mieux définir les bonnes pratiques en matière de traitement de ce type de violence. Mme Motsumi a expliqué que, en dépit du fait que le nombre de cas de violence rapportés ne cesse d’augmenter, les cas faisant l’objet d’un procès restent l’exception du fait du manque de preuves. De plus, le viol domestique n’est pas encore explicitement considéré comme crime au Botswana, alors même que la pandémie du VIH/sida constitue un problème majeur pour le pays.
Mme SAHIR ABDUL-HADI (Fonds des Nations Unies pour la population FNUAP) a réaffirmé l’idée selon laquelle la violence à l’égard des femmes est une violation de leurs droits fondamentaux. La violence a lieu dans toutes les circonstances y compris les situations post-conflit. La violence peut prendre plusieurs formes. Les mutilations génitales féminines sont désormais combattues avec succès en Ouganda, au Mali, au Kenya grâce à des actions de plaidoyers et de formation des hommes. Nous avons également lancé des actions de sensibilisation des parlementaires pour qu’ils modifient les lois. Peu de travailleurs médicaux sont formés à cette difficile question de la violence à l’égard des femmes et le silence qui entoure cette question est puissant. Pour rompre ce silence, nous avons mis au point un guide à l’intention des travailleurs de la santé. Les médias, de leur côté, peuvent jouer un rôle déterminant dans les activités de plaidoyer. Le FNUAP soutient le réseau d’information et des médias d’Amérique latine basé au Chili. En Mauritanie, nous soutenons le lancement d’une station de radio spéciale gérée par le Secrétariat d’Etat de la condition de la femme.
Mme ARIA SELJUKI (Afghanistan) a annoncé que son pays a ratifié récemment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). Elle a précisé que les femmes avaient repris le chemin du travail et que les institutions scolaires et universitaires avaient réouvert leurs portes aux femmes et aux filles. Plus de 30% des écoliers sont des filles et plus de 45% des étudiants sont de sexe féminin. La Commission indépendante chargée de convoquer la Loya Jirga comptait trois femmes dont une Vice-Présidente de la Commission. Le Gouvernement compte également 3 femmes comme Ministre des affaires féminines, Ministre de la santé et Ministre conseiller en charge des questions de femme. La Commission de rédaction de la constitution compte 3 femmes et la Commission de réforme judiciaire en compte 2. La Commission afghane des droits de l’homme est présidée par une femme et compte cinq membres de sexe féminin.
Le représentant a par ailleurs démenti les allégations contenues dans le rapport sur les femmes en Afghanistan selon lesquelles les filles sont forcées de se soumettre à des examens gynécologiques de «chasteté» et que les femmes de la ville d’Herat ne sont pas libres de voyager sans un compagnon de sexe masculin. Le représentant a précisé qu’il n’était pas nécessaire de révoquer les lois discriminatoires envers les filles, comme le dit le rapport, arguant du fait que la communauté internationale n’avait pas reconnu le régime taliban et que donc de telles lois oppressives n’existent pas en tant que telles. Le représentant a également précisé que le Département de l’enseignement islamique, qui compte des femmes en son sein, ne peut pas être comparé au Département du vice et de la vertu des Taliban.
M. SAID SHIHAB AHMAD (Iraq) a déclaré qu’il était indispensable de sortir de la manière traditionnelle avec laquelle nous abordons les questions de femmes pour trouver des solutions innovantes aux effets de la mondialisation, du terrorisme d’Etat et de l’arbitraire dans les relations internationales. La question de l’élimination des discriminations à l’égard des femmes doit faire l’objet d’une approche holistique. C’est cette approche que nous avons adoptée au cours de ces trente dernières années pour garantir la participation des femmes à toutes les activités de la nation. Des lois ont été promulguées en vue d’accélérer la participation des femmes à la vie active, a indiqué le représentant, tout en faisant remarquer que les femmes iraquiennes souhaitent avant tout mener une vie dans des conditions de sécurité. Mais, comment promouvoir des actions de promotion de la femme alors que celle-ci connaît des conditions de vie difficiles en raison de l’embargo injuste imposé à notre pays, s’est interrogé le représentant?
M. ERIC MORRIS, Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), a attiré l’attention de la Commission sur le sort des femmes et des filles réfugiées, qui représentent la plus grande partie des réfugiés du monde. Il a également exposé les efforts institutionnels en cours pour améliorer le bien-être de ces femmes. M. Morris a décrit le périple difficile des femmes réfugiées qui quittent leurs foyers et leurs pays, souvent seules avec leurs enfants, et qui sont forcément exposées aux risques de viols et d’humiliations qui caractérisent les conflits armés. M. Morris a expliqué que même les camps de réfugiés ne représentent pas un lieu sûr pour ces femmes qui souvent y sont encore victimes de violences et de discriminations. En vue de faire face à cette situation, le Commissariat pour les réfugiés a achevé un processus de consultation qui a permis de déboucher sur un nouvel Ordre du jour pour la protection. Il s’agit d’un document stratégique de politique dont la vocation est de servir de guide pour les actions concrètes dans ce domaine à la fois du Haut Commissariat, mais également des ONG et des autres partenaires. Ces consultations ont permis au Haut Commissaire de formuler les cinq engagements suivant vis-à-vis des réfugiés et des femmes déplacées à savoir: faciliter la formation des femmes afin qu’elles puissent participer à la gestion et au leadership dans les camps de réfugiés; enregistrer individuellement tous les réfugiés, et leur fournir une documentation appropriée pour garantir leur sécurité individuelle, leur liberté de mouvement et l’accès aux services de base; reconnaître que les violences sexuelles et discriminatoires constituent un obstacle à la promotion des femmes et à la pleine jouissance de leurs droits et, à cette fin mettre en place des stratégies-pays; garantir aux femmes réfugiées la participation à la distribution de l’aide humanitaire, qui malheureusement peut être utilisée comme monnaie de chantage et de manipulation dans les camps; et accorder un intérêt particulier aux besoins spécifiques des femmes et des enfants, notamment en termes d’équipement sanitaires.
M. Morris a également fait état du nouveau dilemme auquel le HCR se trouve confronté en Asie et en Europe de l’Est, à savoir l’interface entre asile/migrations et traite à des fins d’exploitation sexuelle. Fort du constat que les femmes sont de plus en plus victimes de la traite, surtout dans les situations de conflit et de chaos, il a expliqué que certaines victimes peuvent demander l’asile sous la Convention de 1951. Il a insisté sur le fait qu’il est essentiel pour la protection des femmes et fillettes victimes de la traite et demandeuses d’asile que les Etats leur garantissent l’accès aux procédures d’asile.
Mme FELICIA OLSZEWSKA, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a estimé que les innovations dans les technologies de l’information fournissent une ouverture pour la promotion de l’accès des femmes à la société de connaissances fondée sur un engagement en faveur des droits de l’homme. Les objectifs de développement du Millénaire ne pourront pas être atteints si nous ne redressons par les inégalités entre les sexes. Ces objectifs se renforcent mutuellement et le progrès vers l’un d’entre eux permettra le développement de l’autre. Comme partie intégrante de ces efforts, l’UNESCO est l’institution en charge de la Décennie internationale pour l’alphabétisation, 2003-2012, lancée officiellement au siège des Nations Unies récemment.. Nous avons identifié 79 pays qui courent le risque de ne pas pouvoir atteindre les objectifs d’alphabétisation d’ici 2015, 40 de ces pays disposant de taux d’alphabétisation de moins de 70%.
Mme CONSTANZA CABELLO, de Human Rights Advocates, a axé son intervention sur le problème de la traite des femmes et des enfants, et a lancé un appel afin que la communauté internationale prenne des mesures concrètes pour s’attaquer aux causes profondes de ce phénomène à savoir la pauvreté d’une part, et la demande d’une force de travail bon marché de l’autre. Elle a également insisté sur le fait qu’en matière de traite à des fins sexuelles, il faut s’attaquer davantage à la demande de ce type de services, soulignant qu’à ce jour la plupart des pays se limitent à criminaliser les victimes. Elle a demandé à ce que la Commission reprenne dans ses recommandations les aspects ayant trait à la lutte contre la demande.
M. IYA TIDJANI (Cameroun) a lu une déclaration au nom de la Ministre de la condition de la condition de la femme, Catherine Bakang Mbock. Il a précisé que dans le cadre de la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing, son pays avait dans un premier temps ciblé les causes récurrentes de la pauvreté féminine, à savoir l’absence de routes et de moyens de transport, de fonds pour lancer des activités génératrices de revenus, le manque de formation, le poids des traditions et de la famille, le faible accès aux services sociaux de base, le manque de structures de transformation des produits de base, l’absence de circuits de commercialisation… Dans le domaine de l’éducation, le Gouvernement a, depuis 2001, rendu l’enseignement primaire gratuit. Dans le domaine de la santé, un accent a été mis sur la réduction de la mortalité maternelle. Les statistiques montrent que les femmes sont plus atteintes de la pandémie du VIH/sida. Un projet de loi sur les violences qui intègre la répression des mutilations génitales est en cours de finalisation.
Depuis 2000, le Gouvernement a adopté deux textes importants portant création des Centres de promotion de la femme et des Centres de technologies appropriées. Un document de stratégie sectorielle de promotion de la femme est en cours de finalisation. Nous avons également élaboré un programme de vulgarisation des droits de la femme dont le début d’exécution est fixé au deuxième semestre de cette année. Un plan «médias pour les femmes» a également été élaboré. Dans la vie politique, a précisé le représentant, les femmes détiennent désormais 30% des postes à responsabilités. Dans le domaine de l’environnement, le Gouvernement a sensibilisé les femmes aux dangers des feux de brousse. Le Plan d’action national de protection de l’environnement précise le rôle que doit jouer la femme dans la gestion environnementale. Enfin, le Président de notre pays a placé son mandat sous le signe de la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des groupes vulnérables dont les femmes.
Mme LULIT ZEWDIE MARIAM (Ethiopie) s’est associée à la déclaration faite au nom du Groupe des 77 et la Chine par le représentant du Maroc. Consciente des opportunités que les TIC représentent pour les femmes en termes de développement et d’autonomisation, elle a expliqué qu’en Ethiopie on entend par médias les supports numériques et la presse écrite, ajoutant que les médias électroniques sont la propriété du Gouvernement, alors que le secteur privé contrôle une partie de la presse. La radio et la télévision diffusent régulièrement des programmes sur les femmes, et ont joué un rôle important dans la prise de conscience des droits fondamentaux de la femme au niveau du grand public. Par ailleurs, les médias ont permis de lutter contre les stéréotypes et représentations négatives de la femme. Mme Mariam a cependant souligné le fait que médias sont largement concentrés dans les villes, et que les femmes rurales s’en trouvent marginalisées, ce qui est d’autant plus vrai en termes d’accès aux TIC. A cet égard, elle appuie la recommandation du Secrétaire général qui préconise la mise en place d’un environnement propice à l’autonomisation des femmes ainsi que l’intégration d’une perspective sexospécifique dans les stratégies et politiques nationales dans le domaine des TIC.
Abordant le second thème de cette session, Mme Mariam a affirmé que la femme éthiopienne reste victime de différents types de violence qui résultent de croyances culturelles profondément ancrées dans la société et du rôle traditionnellement accordé aux femmes. La politique nationale cherche néanmoins à défendre les droits des femmes à tous les niveaux à travers des réformes légales qui portent à la fois sur les droits politiques, civils ainsi que sur le Code pénal et le Code de la famille. Cela a permis aux femmes d’être égales devant la loi en matière de mariage, divorce, adoption, garde des enfants et de succession.
Mme GERTRUDE EIGELSREITER-JASHARI, Coalition des femmes pour la justice économique, a estimé qu’il n’était pas possible d’étudier les deux thèmes de travail sous lesquels sont placés les travaux de cette Commission, à savoir la violence et l’accès des femmes aux technologies de l’information, sans se pencher sur les conditions économiques qui dictent le quotidien des femmes. Le système économique existant renforce en effet les inégalités fondées sur le sexe, les classes sociales, l’appartenance ethnique, la violence et les violations des droits de l’homme. La violence économique est un aspect important de la violence qui est faite aux femmes. Ceci est visible à travers l’impact des politiques néo-libérales, de la privatisation à la perte de la souveraineté sur l’alimentation jusqu’à l’imposition de règles commerciales, qui par exemple nient l’accès à des traitements abordables contre le sida. La violence économique s’exerce également sur le lieu du travail où les femmes sont victimes de harcèlement sexuel. Cette violence s’exerce par le truchement de conditions de travail précaires, le chômage, la traite des femmes et la prostitution, l’immigration économique, les déplacements forcés. Les médias ne font que contribuer à maintenir les privilèges. La représentante a plaidé en faveur d’une approche multidimensionnelle car peu d’individus sont touchés par une seule forme de discrimination.
M. MWELWA C. MUSAMBACHIME (Zambie) a indiqué qu’au lendemain de la Conférence mondiale de Beijing, la Zambie avait retenu comme priorité nationale la violence à l’égard des femmes et établi un système de «tolérance zéro» sur cette menace. Aussi certaines mesures ont été prises dans la lignée de la Plate-forme d’action de Beijing, notamment la création d’un département «genre et développement» rattaché au Bureau du Président de la République et dirigé par un Secrétaire permanent, la révision de la Constitution pour établir une Commission permanente des droits de l’homme, chargée de la protection des libertés fondamentales, l’établissement d’une unité d’appui aux victimes dans le cadre de la réforme de la police zambienne qui s’adresse aux populations les plus vulnérables, l’adoption d’une politique nationale pour le genre en 2000 qui précise les mesures à prendre dans le cadre de la lutte contre les violences à l’encontre des femmes et des enfants. En outre, le système pénal zambien a été adapté pour punir les personnes responsables de violences sexuelles et de crimes à l’égard des femmes ainsi que d’autres manifestations de violences, a précisé M. Musambachime.
Malgré ces mesures, la violence à l’égard des femmes persiste, a regretté le représentant, entre autres, parce que les droits des femmes ne sont pas encore admis comme droits humains par tout le monde. Il faut par conséquent donner les moyens aux femmes de se défendre et de se protéger grâce notamment à l’éducation et à la création d’un cadre juridique propice à l’épanouissement des femmes. Il a ensuite souligné le rôle central des Nations Unies dans la sensibilisation et la protection des droits des femmes, grâce notamment aux programmes nationaux financés par les agences telles que le FNUAP. Il a ensuite lancé un appel aux Nations Unies afin qu’elles soutiennent l’unité d’appui aux victimes créée en Zambie et ce par le biais des programmes de l’UNIFEM. Enfin, il a insisté pour que la question du VIH/sida ne soit pas dissociée de la sensibilisation et de la protection des droits des femmes.
Mme MAFOULA SYLLA, Chef de Cabinet du Ministère des affaires sociales, de la promotion féminine et de l’enfance de la Guinée, a déclaré qu’il existe depuis 1992 un mécanisme national pour la promotion de la femme. De plus, le programme cadre «Genre-Développement», qui est le document de référence de toutes les interventions en matière de promotion féminine, vise la réduction des inégalités entre hommes et femmes, grâce à l’élargissement des opportunités et des options qui s’offrent à chaque citoyen. Ce programme couvre quatre domaines critiques qui sont: genre, droit et pouvoir; genre, économie et lutte contre la pauvreté; genre, éducation, formation et alphabétisation; renforcement du mécanisme national. S’agissant de l’impact de la communication comme moyen de renforcement du pouvoir des femmes, Mme Sylla a souligné le rôle des médias pour ce qui est des multiples campagnes de sensibilisation aux maladies sexuellement transmissibles et au VIH/sida, ainsi qu’aux méfaits des mutilations génitales féminines qui ont été menées à travers les médias, et plus particulièrement la radio et la télévision dans les langues nationales. Par ailleurs, elle a indiqué que les femmes représentent désormais 30% de l’Assemblée nationale.
En ce qui concerne la lutte contre la discrimination à l’égard des femmes, Mme Sylla a rappelé que la Guinée est partie de tous les instruments internationaux relatifs à la protection des femmes dans leurs droits. Parmi les efforts déployés en ce sens, elle a cité la mise en place du Comité national et de comités régionaux de suivi de la Convention (CEDAW); la prise en compte de la dimension «genre» dans le document de stratégie de réduction de la pauvreté; l’élaboration d’un cadre stratégique de lutte contre le VIH/sida et l’élaboration d’un programme triennal d’alphabétisation des femmes qui porte sur la période 2003-2005. Elle a également fait état des progrès réalisés en termes de lutte contre la violence, et plus particulièrement contre les mutilations génitales féminines. Dans ce contexte, elle a également souligné l’adoption d’une loi portant sur la santé reproductive.
Mme MARTA SCARPATO, de l’International Confederation of Free Trade Unions est convaincu que cette session permettra de faire des propositions et recommandations claires à l’intention des travaux préparatoires du Sommet mondial sur la société de l’information en ce qui concerne l’intégration de la perspective genre dans ces travaux. Son organisation estime que l’éducation constitue le facteur le plus important pour permettre aux femmes et aux filles de pleinement participer à la société de l’information, y compris au niveau de la prise de décisions. Cela suppose, selon la représentante, que des mesures concrètes soient prises pour améliorer l’éducation publique pour tous. Compte tenu de ce qui précède, la représentante a fait un certain nombre de recommandations que son organisation souhaiterait voir reprises dans les propositions que la Commission fera dans le cadre des travaux préparatoires du Sommet mondial sur la société de l’information.
M. A. GOPINATHAN (Inde) a assuré que son Gouvernement avait renforcé sa législation et mis en place de nouveaux mécanismes institutionnels pour lutter contre la violence à l'encontre des femmes et pour apporter soutien à ces dernières. Un projet de loi concernant la violence domestique a été introduit l'an passé, a-t-il signalé en rendant hommage à la société civile et aux organisations non gouvernementales qui ont sensibilisé à la question. A propos des événements survenus dans le Gujarat, le représentant a rappelé que son Gouvernement les avait condamnés sans équivoque et établi une commission d'enquête indépendante. Il a par ailleurs souhaité attirer l'attention de la communauté internationale sur le retrait, de la Constitution, de toute disposition garantissant ou encourageant la discrimination à l'encontre des femmes.
Il ne devrait pas être possible, dans aucune société, d'invoquer les coutumes tribales, les traditions sociales ou religieuses ou les pratiques culturelles pour justifier l'inaction contre les auteurs d'un viol collectif perpétré comme une vengeance. La discrimination contre les femmes ne devrait plus être sanctifiée par la loi. S'agissant des technologies de l'information, le représentant a fait valoir que son pays avait connu de rapides développements mais que les bénéfices devaient encore atteindre la totalité de la population indienne; les usagers de l'Internet sont estimés à 1% de la population et parmi eux seules 25% sont des femmes. Des politiques incitatives ont toutefois été mises en œuvre pour encourager les femmes à jouer un plus grand rôle dans ce secteur.
Mme BERNICE DUBOIS, Coordination française pour le Lobby européen des femmes, a déclaré que les extrémismes religieux constituent une des formes de violence envers les femmes les plus pernicieuses. Ne pas reconnaître le droit à l’égalité des femmes, c’est mettre un frein au développement des sociétés. Les femmes subissent des violences sociales et psychologiques par l’imposition de tenues vestimentaires qui les handicapent, par la restriction du droit au divorce et à la garde des enfants, par l’augmentation des mariages précoces et forcés, par leur soumission à leurs maris, frères, pères voir même de leurs fils, par les obstacles mis à leur accès aux postes décisionnels importants. L’interdiction de suivre les programmes scolaires, les viols collectifs, les tortures les plus barbares sont banalisés dans l’indifférence générale. Les Etats sont responsables d’y mettre un terme. Ces horreurs n’ont rien à voir avec les religions mais se nourrissent de la soif de pouvoir des hommes. Il est essentiel de parvenir à la séparation des pouvoirs entre l’Etat et la religion avec ce que l’on appelle la laïcité. Nous demandons l’addition à la Convention CEDAW d’un article sur toutes les formes de violence masculine envers les femmes.
Mme ANNE GAHONGAYIRE, Secrétaire générale du Ministère du genre et du développement de la femme du Rwanda, a fait part des actions de reconstruction entreprises dans son pays ainsi que de celles visant à promouvoir l’égalité entre les sexes. Il existe un cadre institutionnel complet qui couvre des domaines allant de la lutte contre la pauvreté, à la rédaction d’une nouvelle constitution qui protège les droits de l’homme; la décentralisation des politiques visant à encourager la participation de la population au processus de développement national; à la politique nationale en matière d’information et de communication. Mme Gahongayire a notamment expliqué que la rédaction de la nouvelle constitution, qui est en cours de finalisation, a fait l’objet d’un large processus participatoire de la population et a veillé à la prise en compte de la perspective homme-femme.
Par ailleurs, le Rwanda est en train de mettre en œuvre un plan d’action pour analyser le système législatif national et identifier les lois discriminatoires à l’encontre des femmes. Abordant le rôle des médias, elle a indiqué que 72,5% des femmes urbaines et 32,1% des femmes rurales écoutent régulièrement la radio, ce qui en fait un outil privilégié de promotion de la femme. La représentante a souligné que, en dépit du fait que la volonté politique et les mécanismes institutionnels sont désormais en place, les effets du génocide et de la guerre se font toujours sentir et le niveau de pauvreté reste très haut au Rwanda, ce qui constitue un obstacle majeur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
M. LAMUEL STANISLAS (Grenade) a déclaré que le moment était venu pour que les femmes affrontent la domination patriarcale des sociétés. Les deux thèmes de cette session, à savoir la lutte contre la violence à l’égard des femmes et leur accès aux technologies de l’information, sont essentiels à la promotion de leurs droits, en particulier pour celles des pays en développement. Le rôle domestique des femmes comme femme et mère, qui est si vital au bien-être de la société, n’est pas reconnu. Les conditions de vie cruelles de ces femmes qui cultivent la terre et assurent ainsi la sécurité alimentaire de leur famille, peuvent facilement être améliorées en leur fournissant l’accès aux technologies de l’information et des communications comme un premier pas vers l’amélioration des méthodes de production alimentaire. La violence qui est exercée contre les femmes est une manifestation répugnante d’un complexe de supériorité masculin.
Mme JO SUTTON de Womenspace Canada a estimé que le premier défi à relever est l’accès des femmes aux ordinateurs et à des logiciels dans leurs propres langues. Elle a également passé en revue certaines utilisations positives de l’Internet par les femmes, notamment en matière de médecine, d’éducation voire pour leur faciliter une plus grande mobilité dans le travail. Elle a cependant attiré l’attention sur les nombreux obstacles à l’utilisation des TIC par les femmes, et à leur promotion et autonomisation. Le moindre des problèmes n’est pas la pornographie sur le Web, a-t-elle ajouté. Mme Sutton a ainsi invité les participants aux discussions sur l’accès des femmes aux TIC à tenir compte des législations internationales ayant trait aux TIC et à se pencher sur les moyens d’éliminer les contenus ouvertement racistes et pornographiques.
Droits de réponse
Le représentant d’Israël a regretté les déclarations de certaines délégations dont le but était de politiser les débats. Le représentant a rappelé que son pays a toujours manifesté sa détermination à négocier un règlement du conflit au Moyen-Orient dans une atmosphère libre de toute violence et intimidation alors que la partie palestinienne a choisi de prendre pour cible les femmes et enfants israéliens et non pas le dialogue pacifique. Les motivations politiques n’ont pas leur place ici.
La représentante de la Palestine a précisé que la Direction palestinienne a condamné les récents attentats à la bombe. Les activités d’Israël sont des actes de terrorisme. Israël a en fait introduit le terrorisme dans notre région et les images des nombreuses victimes sont encore vivantes dans nos mémoires tout comme le sont celles de l’holocauste. Pour ce qui est des allégations de politisation de nos débats, je rappelle que la question de Palestine est à l’ordre du jour des Nations Unies depuis vingt ans.
Le représentant d’Israël a dit regretter les pertes en vies humaines parmi les civils, quelle que soit la partie. Essayer de prétendre que ces pertes sont planifiées et qu’Israël cible délibérément les populations civiles palestiniennes est audacieux. Nous devons protéger la vie de nos citoyens d’une menace terroriste permanente qui est appuyée et dirigée par l’Autorité palestinienne. Israël a déployé de nombreux efforts pour alléger les conditions de vie du peuple palestinien. Ces efforts ont cependant été freinés par les agissements des groupes terroristes palestiniens. Malheureusement, la Direction palestinienne n’a même pas pris de mesures minimales pour mettre fin à ces actes terroristes. Nous demandons une fois de plus à l’Autorité palestinienne de lutter contre le terrorisme ce qui conduirait à l’amélioration de la situation de sa population.
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