DSG/SM/194

INVESTIR EN AFRIQUE PEUT MAINTENANT CHANGER DURABLEMENT LA DONNE, DECLARE LA VICE-SECRETAIRE GENERALE AU FORUM DES MARCHES FINANCIERS

15/04/03
Communiqué de presse
DSG/SM/194


                                                            AFR/602


INVESTIR EN AFRIQUE PEUT MAINTENANT CHANGER DURABLEMENT LA DONNE, DECLARE LA VICE-SECRETAIRE GENERALE AU FORUM DES MARCHES FINANCIERS


On trouvera ci après le texte de l’allocation prononcée aujourd’hui 15 avril par la Vice-Secrétaire générale Louise Fréchette au Forum des marchés financiers africains réuni à New York.


C’est pour moi un plaisir et un privilège d’être parmi vous ce matin. Je tiens tout d’abord à vous dire que le Secrétaire général regrette infiniment de ne pouvoir être avec nous. Comme vous le savez, il est absent pour cause de voyages officiels liés à la situation en Iraq. Je vous lirai donc un court message qu’il m’a chargé de vous transmettre :


« Chers amis d’Afrique, d’Amérique et d’Europe,


Vous êtes réunis parce que vous croyez en l’Afrique, en ses peuples et en son potentiel. Appeler l’attention du monde sur les possibilités d’investissement en Afrique n’a jamais été chose facile. La tâche est encore plus ardue aujourd’hui avec la situation en Iraq, qui monopolise l’attention des médias, l’action diplomatique et bien d’autres efforts depuis maintenant des mois, et le fera probablement pendant quelque temps encore.


Dans ce contexte, il nous appartient plus que jamais de montrer au monde entier que de vrais progrès sont accomplis chaque jour sur tout le continent, en dépit d’obstacles qui décourageraient jusqu’aux pays les plus riches et les plus puissants. Négliger ces efforts serait une injustice profonde envers les Africains, doublée d’une erreur pour le reste du monde. Car il ne saurait y avoir de vision crédible d’un ordre mondial de paix et d’humanité pour le XXIe siècle sans un avenir positif pour l’Afrique. Je suis heureux que vous soyez à New York ensemble et avec l’ONU pour traduire cette conviction en actes, et m’engage à être pour vous un partenaire solide avec lequel vous pourrez aller de l’avant. »


Comme le Secrétaire général, je pense que le Forum est un grand motif d’encouragement. Je vois réunis en un même lieu les principaux acteurs des marchés financiers africains, américains et européens – gérants de portefeuilles, experts financiers et autres. Vous analysez les facteurs qui freinent la croissance des marchés financiers en Afrique. Vous partagez vos meilleures pratiques. Vous avez été témoins du lancement d’un guide des places financières africaines. Et vous cherchez comment l’ONU peut contribuer à faire avancer notre projet commun d’investissement au service du développement économique et social.


Certes, s’asseoir autour d’une table à New York pour élaborer des opérations éventuelles est une chose; les voir prendre racine en terre africaine est une tout autre affaire. En l’occurrence, certains investisseurs potentiels – étrangers et nationaux – peuvent s’inquiéter des risques de conflit. De plus, nous sommes tous conscients des ravages causés par le VIH/sida. Et d’aucuns s’interrogent peut-être sur l’existence même des conditions de base requises pour investir.


Il est parfaitement normal de se poser ces questions et d’exprimer ce genre de préoccupations. Mais les réponses, car elles existent, devraient tous nous rassurer.


Malgré les conflits en cours ici et là, la plupart des pays africains sont en paix. La majorité des Africains vivent dans des pays démocratiques gouvernés par des dirigeants élus, responsables devant le peuple. De plus, on assiste en Afrique à l’émergence d’une société civile dynamique à travers laquelle s’expriment les espoirs et les préoccupations des gens ordinaires.


Les gens ordinaires jouent également un rôle central dans la riposte de l’Afrique face à l’épidémie du sida. Poussés de l’avant par les associations de la société civile, un certain nombre de dirigeants africains ont pris des mesures audacieuses pour accroître la sensibilisation, lutter contre la stigmatisation des malades, montrer que la prévention est possible et que les traitements peuvent donner des résultats. La plupart des pays africains ont adopté des plans d’action nationaux. Et on peut espérer que le récent engagement du Président Bush, qui a promis 15 milliards de dollars pour la lutte anti-sida dans les cinq prochaines années, convaincra d’autres donateurs de verser des contributions ô combien nécessaires.


Si le sida a imposé un énorme fardeau, il n’a pas dissuadé les pays africains d’essayer de créer un environnement propice à l’investissement et à l’activité économique. En fait, avec le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, que vous connaissez sous le nom de NEPAD, nombre des grandes priorités du secteur privé – réglementations efficaces, systèmes judiciaires équitables, garde-fous juridiques contre la corruption – sont en passe de devenir également des priorités africaines, à l’heure où les pays africains travaillent d’arrache-pied pour libérer l’énergie entrepreneuriale de leurs populations.


Bref, nous sommes arrivés à un point où investir en Afrique – fût-ce modestement – peut réellement et durablement changer la donne. Comme le prouve ce forum, l’ONU est plus que disposée à faire sa part pour appuyer cet effort. Ceux d’entre vous qui représentent le secteur privé pensent peut-être que l’ONU n’a pas d’atomes crochus avec le monde des affaires. Mais c’est tout le contraire. L’une de nos plus belles réussites de ces dernières années a été la formidable croissance de nos partenariats avec les entreprises pour trouver des solutions à la pauvreté et à d’autres défis. Les entreprises sont elles mêmes de plus en plus nombreuses à reconnaître à quel point elles dépendent des normes et des principes établis par l’ONU pour la conduite des affaires à l’échelle mondiale, et des vastes initiatives de l’Organisation au profit de la paix et du développement.


Donc, comment allons-nous avancer? Nous avons une matrice : les objectifs du Millénaire pour le développement, une série de cibles et d’échéances adoptés par la communauté internationale pour lutter contre la pauvreté, la faim, la maladie, l’analphabétisme, la dégradation de l’environnement et la discrimination à l’égard des femmes. Reste à passer à l’action. Et c’est là que vous intervenez.


Vos connaissances peuvent aider l’Afrique à créer des marchés financiers efficaces et des établissements bancaires respectant les normes internationales. Vos investissements peuvent notamment aider les petites entreprises à avoir accès aux financements – la mobilisation de la diaspora africaine peut être particulièrement utile à cet égard. Vous qui êtes aux commandes pouvez, grâce à votre influence, pousser les gouvernements à tenir leur promesse de créer un système commercial et financier international véritablement ouvert, équitable et réglementé.


Le nombre de places financières africaines est passé de 10 à 18 dans les 10 dernières années. Des études récentes ont montré que, même pondérés en fonction des risques, les investissements en Afrique produisent des rendements élevés. Si nous voulons consolider ces acquis et avoir un tremplin pour aller plus loin, il faut absolument que les communautés financières bien établies et plus expérimentées travaillent en partenariat avec l’Afrique et avec l’ONU.


Nous vivons des temps difficiles pour le monde, pour l’Afrique et pour la coopération multilatérale. À l’heure où l’humanité est saisie d’une immense anxiété et d’un grand sentiment de vulnérabilité, je ne vois pas meilleure issue que de rallier les nations derrière un programme de transformation positive. Et au moment où l’économie mondiale et le sort des laissés-pour-compte de la mondialisation suscitent de si vives inquiétudes, rien ne peut lancer un meilleur signal d’espoir que la promotion d’une action réelle et concrète qui aidera les peuples à avoir une vie meilleure et plus prospère.


Soyez persuadés que l’ONU compte bien travailler avec vous et avec toute la communauté financière – l’un de nos plus récents partenaires – pour aider les Africains à préparer un avenir meilleur pour eux-mêmes et pour les générations futures, et permettez-moi, pour terminer, de remercier celles et ceux qui ont rendu ce forum possible.


Je vous remercie.


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