DSG/SM/192

TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DE LA VICE-SECRETAIRE GENERALE, MME LOUISE FRECHETTE, AU SIEGE DES NATIONS UNIES, LE 28 MARS 2003

28/03/2003
Communiqué de presse
DSG/SM/192


TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DE LA VICE-SECRETAIRE GENERALE, MME LOUISE FRECHETTE, AU SIEGE DES NATIONS UNIES, LE 28 MARS 2003


M. Eckard (interprétation de l’anglais): La vice-Secrétaire générale est à la tribune. Mark Malloch Brown, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement, se trouve à sa droite; La Directrice générale de l’UNICEF, Carol Bellamy, est à la droite de celui-ci; Phillip Ward du Programme alimentaire mondial (PAM), à sa droite. A gauche de la Vice-Secrétaire générale, il y a le Coordonnateur des secours d’urgence, Kenzo Oshima, et à la gauche de celui-ci, le Directeur général du Bureau des Nations Unies pour le Programme iraquien, Benon Sevan.


La Vice-Secrétaire générale: «Il y a beaucoup de monde à la tribune –j’espère que cela vous montre d'abord que ce défi humanitaire en Iraq  concerne de nombreuses institutions du système des Nations Unies, mais cela montre également que nous travaillons en équipe et que nous faisons tout pour que toutes nos actions soient réellement bien coordonnées. Mais nous avons jugé important que vous ayez accès à toutes les institutions pour les questions spécifiques que vous pourriez avoir sur l'appel et nos activités à l’heure actuelle.


Vous vous souviendrez certainement que lorsque nous avons demandé des fonds pour permettre aux institutions humanitaires des Nations Unies de se préparer à un éventuel nouveau conflit en Iraq, nous avions indiqué qu’en cas de  conflit, nous aurions à revenir pour demander plus de fonds en vue de financer les opérations de secours effectives.


Ce moment est arrivé. Comme vous le savez, la guerre fait rage depuis plus d'une semaine et l'impact humanitaire est déjà ressenti et pourrait s'aggraver dans les jours et les semaines à venir.


Mais la portée et la nature de ses besoins restent très difficiles à évaluer. Nous ne disposons actuellement que d'informations fragmentaires sur les conditions dans le pays, et naturellement, nous ne savons pas comment évolueront les combats.


Pour vous donner une idée des incertitudes, il n’y a  presque pas de réfugié ou un très petit nombre au sens de personnes fuyant l'Iraq vers des pays voisins. Mais nous ne pouvons être certains que cela continuera d'être le cas. C’est pour cela que nous avons continué de fonder nos hypothèses sur un scénario intermédiaire pour pouvoir être prêts à toutes les éventualités.


Une série distincte d'incertitudes a trait à la disponibilité de fournitures et de fonds au titre du programme « pétrole contre nourriture ». Comme vous le savez, le Conseil de sécurité doit adopter une résolution aujourd'hui, à tout moment, accordant une autorité limitée au Secrétaire général pour une période de temps limitée, afin d’adapter le programme et faire en sorte que le maximum de fournitures prévues puissent arriver au peuple iraquien, en dépit des nouvelles circonstances.


Nous ne saurons pas avec certitude quelles fournitures pourront être livrées durant la période des 45 jours stipulée dans la résolution avant d'avoir contacté les fournisseurs et connaître la destination des fournitures, leur disponibilité éventuelle, la date et le lieu de leur arrivée éventuelle en Iraq, et avec quels coûts supplémentaires.  M. Sevan est ici pour répondre aux questions plus détaillées que vous pourriez avoir.


Maintenant, si ce processus montre qu’une grande quantité de vivres peut vraiment être livrée très rapidement en Iraq, le montant que nous demandons aux donateurs pour l’achat de vivres pourra être réduit.  Mais même si c’est le cas, cela ne changerait pas grand chose pour les articles autres qu’alimentaires énumérés dans cet appel.


Vous avez le texte de l’appel devant les yeux. Par conséquent, je me contenterai d’en souligner très brièvement les principaux aspects:


Le montant total s’élève à 2,2 milliards de dollars, somme qui selon nos estimations préliminaires sera nécessaire pour aider l’Iraq d’ici à la fin du mois d’août. Ce chiffre sera constamment actualisé, compte tenu des incertitudes dont j’ai parlé tout à l’heure.


Ce montant comprend 1,3 milliard d’aide alimentaire – une somme qui pourrait diminuer, en fonction de la quantité de vivres qui arrivera dans le cadre du programme « pétrole contre nourriture ». Notre plan est basé sur le fait que le Programme alimentaire mondial devra, dans ces six mois, prendre en charge l’alimentation de la majorité de la population iraquienne, ce qui équivaut à 430 000 tonnes de vivres par mois.


La seconde partie de l’appel couvre les besoins autres qu’alimentaires, dont l’approvisionnement des réfugiés, des personnes déplacées et des autres groupes particulièrement vulnérables, tant à l’intérieur de l’Iraq que dans les pays voisins. Parmi les tâches les plus urgentes, il faut:


-      fournir de l’eau potable à la population;


-     répondre aux besoins en matière de santé et de nutrition des enfants, des mères qui allaitent, des personnes âgées et des personnes handicapées;


-      fournir des abris;


-      mener des activités de déminage;


-     effectuer les réparations d’urgence sur les infrastructures iraquiennes.


Le document indique comment ces tâches seront réparties entre les différentes institutions des Nations Unies, et donc la part de fonds qui reviendra à chacune.  Il indique également que les Nations Unies travailleront en partenariat avec la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge ainsi qu’avec les organisations non-gouvernementales internationales.  Ces organisations ont, bien entendu, elles aussi besoin de fonds et nous espérons qu’il sera également généreusement répondu à leurs appels.


En conclusion, je voudrais faire deux remarques.


La première est que la guerre en Iraq ne diminue en rien les souffrances ou les besoins des populations touchées par d’autres situations d’urgence ailleurs dans le monde, et qui, comme le Secrétaire général l’a dit au Conseil de sécurité mercredi, suscitent peut-être moins l’intérêt des médias mais sont tout aussi

dévastatrices pour les personnes directement touchées.  C’est pourquoi, il est fondamental que la réponse à cet appel que nous lançons ce matin, et auquel nous espérons qu’il sera répondu de manière rapide et généreuse, vienne véritablement s’ajouter, et non se retrancher, aux efforts que les donateurs fournissent déjà au secours d’autres victimes.


Ma deuxième remarque vise à rappeler à chacun que si le personnel international des Nations Unies a temporairement été évacué d’Iraq, nous disposons toujours de plus de 3 000 personnels locaux dans ce pays.  Nos institutions sont restées en contact avec eux et nous indiquent que tous ceux qui le pouvaient ont continué à fournir aide et soutien au peuple iraquien.


Je vous remercie de votre attention. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.»


M. Eckard (interprétation de l’anglais): La première question revient à Tony Jenkins du journal portugais L’Espresso, également Directeur de l’Association des correspondants.


Question (interprétation de l’anglais): Mme Fréchette, merci de votre venue. En vertu de la Quatrième Convention de Genève, il incombe à la puissance occupante belligérante de s’occuper des besoins humanitaires. Les Etats-Unis sont le pays le plus riche du monde et la Grande-Bretagne est le quatrième pays le plus riche au monde. Pourquoi devez-vous, ainsi que vos organes, assumer la responsabilité de la question humanitaire?


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): Il me semble que si vous examinez le projet de résolution que le Conseil est sur le point d’adopter, le point que vous venez de soulever est très clair. Notre appel, par conséquent, ne diminue en aucun cas la responsabilité qui est celle des forces belligérantes en vertu des Conventions de Genève. De fait, certains de ces pays peuvent très bien décider de s’acquitter de leurs obligations en finançant les secours humanitaires par le biais du système des Nations Unies. Je crois qu’un certain nombre de membres de la coalition ont déjà fait savoir qu’ils entendaient apporter leur contribution à cet appel, comme de nombreux autres pays.


Question (interprétation de l’anglais): Je serais curieux de savoir si vous envisagez, vu la prolongation des combats, une réévaluation de l'hypothèse médiane. Je crois aussi qu'il y a une grande confusion au niveau des journalistes qui couvrent cette question sur la raison pour laquelle le Conseil va adopter cette résolution qui libère plus de 10 milliards de dollars de marchandises qui peuvent être importées en Iraq. Je crois savoir que toutes ne sont pas des marchandises de première nécessité –vivres ou autres choses de ce genre- mais il y a quand même, je pense, quelque 2,4 milliards de dollars de vivres.


La raison pour laquelle vous ne vous adressez pas à M. Sevan pour voir comment il est possible d’obtenir cet argent n'est pas claire, car il nous semble qu'il y a largement assez d'argent dans cette cagnotte pour financer les choses dont vous parlez. Vous avez dit que le coût pourrait baisser mais est-ce que vous pourriez nous donner une idée un peu plus précise du montant des budgets projetés -il y a également un budget de dépenses pour ces 10 milliards de dollars– pouvez-vous nous donner une indication quelconque de ce que ne comprend pas le budget du programme « pétrole contre nourriture » et qu'il faudra suppléer?



La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): En ce qui concerne, premièrement, l'hypothèse de travail, nous en restons pour l'instant à l'hypothèse qui nous a permis de préparer nos plans d'urgence et qui me paraît l’hypothèse la plus fonctionnelle mais comme je l'ai indiqué, nous réviserons constamment ces plans et nos prévisions et nous pourrons toujours rectifier en conséquence les opérations comme les estimations des besoins et des coûts.


Deuxièmement, en ce qui concerne le programme « pétrole contre nourriture », il faut être clair: il n'y a pas 10 milliards de dollars de fonds libres, disponibles, dans le programme « pétrole contre nourriture ». Ce que nous avons dit, je le répète, c'est qu'il y a environ pour 10 milliards de dollars de contrats approuvés et qui disposent d’un financement -l'argent est disponible pour ces contrats. Il y a en outre pour 5,4 milliards de dollars de contrats approuvés mais pour lequel il n'y a pas de fonds. Ce n’est donc pas une grosse cagnotte de fonds disponibles dans laquelle nous pouvons puiser.


Ensuite, la résolution que le Conseil de sécurité est sur le point d'adopter autorise le Secrétaire général à examiner tous les contrats en attente fin de définir, dans cette très longue liste de contrats, lesquels sont nécessaires et urgents pour répondre aux besoins de la population iraquienne dans les nouvelles conditions. Elle autorise également le Secrétaire général à contacter les fournisseurs, à définir où se trouvent les marchandises et à adapter les contrats. Il y a quelques fonds encore disponibles dans le programme. Et pourront être utilisé pour couvrir par exemple les coûts supplémentaires liés aux contrats et les coûts administratifs supplémentaires éventuels. La résolution dit également que le Comité des sanctions -le Comité 661- est prêt à étudier les demandes de nouveaux contrats relatifs aux fournitures et aux marchandises d'urgence qui ne sont pas encore dans le circuit. Donc je pense qu'il faut se méfier de cette idée qu’il y a beaucoup d'argent. Il y a des limites sur la quantité avec laquelle on peut jouer et sur ce qui est dans la filière.


Troisièmement, la guerre sur le terrain crée de nouveaux besoins, des besoins différents qui n'avaient pas été prévus lorsque tous ces contrats ont été signés, soit par l'ONU, pour le Nord, soit par le Gouvernement iraquien, pour le Sud. Par exemple: Carole Bellamy nous rappelle toujours que l'une des premières nécessités en temps de guerre est souvent de rétablir l'adduction d'eau ou de fournir de l’eau potable, ce qui implique tout un matériel qui n'a jamais été mis sur la liste du programme « pétrole contre nourriture ».


Je vais maintenant demander à mes collègues de donner des explications complémentaires et d’autres illustrations de ce point. Mais c’est la raison pour laquelle, en tout cas, il y a des besoins supplémentaires auxquels il va falloir répondre par ce nouvel appel de fonds. Quel que soit ce qui advient du programme « pétrole contre nourriture », vous ne trouverez pas cela dans la filière existante.


Mme Bellamy (interprétation de l’anglais): Je donnerai cet exemple : dans le cadre du programme « pétrole contre nourriture », on pouvait fournir des articles tels que des conduites pour l’adduction d’eau. Dans une crise humanitaire, ce dont on a besoin, c'est de citernes à eau souples. On a besoin d'eau, on a besoin de purifier l'eau et on a besoin de citernes à eau. Tout cela n’est pas couvert par le programme « pétrole contre nourriture ». Voilà un exemple parmi d’autres…


Question (interprétation de l’anglais): [inintelligible] 2,5 milliards de dollars de vivres dans la filière. Mais ce sont déjà des vivres. Est-ce que ça ne couvre pas au moins une partie de ce que vous cherchez?


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): Je vais demander à Philip Ward de répondre à cette question. Hier par 2,4 milliards de dollars de contrats papier relatifs aux vivres. Nous ne savons pas encore quelle proportion de cela va arriver car, jusqu'à ce que le Conseil de sécurité nous autorise à nous adresser directement aux fournisseurs et à vérifier ce qui est dans la filière, tout ce que nous pouvons dire c'est que la valeur des contrats sur papier dont nous disposons est de 2,4 milliards de dollars, ce qui ne veut pas forcément dire qu'il y a 2,4 millions de dollars de marchandises qui seront acheminées vers l'Iraq dans un avenir prévisible.


M. Ward (interprétation de l’anglais): Je voudrais juste insister ici sur l’énormité de la tâche en perspective. Rien que pour le secteur alimentaire, programme envisagé s'élève à 1,3 milliards de dollars sur les six prochains mois. La raison en est, bien évidemment, qu'il faut  maintenir le système de distribution alimentaire publique actuelle en Irak et le soutenir par le circuit alimentaire. Bien sûr, beaucoup de ces produits viendront peut-être du programme « pétrole contre nourriture ». Nous comptons beaucoup sur la résolution du Conseil de sécurité qui nous donnera peut-être l’autorisation nécessaire.


Je pense que beaucoup de nouveaux savent qu’il y a 2,4 milliards de dollars de vivres dans la filière actuelle. Or, nous avons déjà dressé un premier bilan de la filière avec le groupe de Benon Sevan et nous avons vu que beaucoup de ces contrats sont en fait de très vieux contrats qui datent de 1997, 1998 et 1999, et dont l'exécution pour la plupart est différée. Ce que nous avons pu faire c’est identifier les contrats les plus récents. Il s'agissait de fournisseurs qui livraient des produits à l'Iraq au moment où le programme a dû être suspendu. Parmi ceux-ci, de recenser pour 270 millions de dollars de contrats. Il s'agit de contrats qui nous permettraient probablement de contacter les fournisseurs en question et d'assurer un approvisionnement régulier.


Il y a bien sûr beaucoup d’autres contrats mais il faudrait contacter les fournisseurs eux-mêmes et voir s’ils sont en mesure de nous fournir les produits en question dans les délais qui vont nous être impartis.


Question (interprétation de l’anglais): J’ai deux ou trois questions. Premièrement je voudrais savoir si votre appel de fonds inclut des pays comme la Turquie, dont les troupes sont actuellement en attente dans le Nord, et Israël, dont le Ministre des affaires étrangères a annoncé ce matin qu'il avait parlé de la situation humanitaire avec Kofi Annan. Deuxièmement, est-ce que vous pourriez nous dire où on en est en ce qui concerne le régime de sanctions. Que devient-il dans toute cette situation?


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): Le régime des sanctions reste inchangé. Il n’y a eu aucune modification aux résolutions en vigueur du Conseil de sécurité sur les sanctions.


En ce qui concerne la première question, est-ce que vous pensiez à ces pays en tant que donateurs ou en tant que bénéficiaires?


Question (interprétation de l’anglais): Irez-vous dans certains de ces pays et dans d’autres pays immédiatement contigus de l’Iraq? 



La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): L’appel s’adresse à tous les pays du monde qui souhaitent contribuer. Il y a un ensemble de donateurs traditionnels qui étaient intéressés par un exposé ce matin, ce que nous avons fait.


Cet après-midi, M. Oshima se réunit avec les pays de la région intéressés non seulement par l’obtention d’informations sur la façon dont cet appel est fait, mais également pour apporter une contribution. Cet appel s’adresse à tous, et pas seulement à quelques pays.


Question (interprétation de l’anglais): S'agissant des pays qui reçoivent des réfugiés, est-ce que l'appel couvre les besoins des voisins ?


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): Kenzo, voudriez-vous fournir des informations sur les bénéficiaires couverts par cet appel ?


M. Oshima (interprétation de l’anglais): Cet appel couvre les besoins urgents pour le peuple iraquien. Si par exemple, des réfugiés iraquiens allant vers des pays voisins sont concernés, les besoins devront être pris en charge et ces besoins sont traités dans cet appel. S'agissant de l'impact du conflit sur les pays voisins de l’Iraq, cela dépasse l’appel et représente une question qui intéressera les donateurs bilatéraux séparément de cet appel.


Question (interprétation de l’anglais): Je suis un peu confus sur les 2,8 milliards de dollars de fonds à usage non déterminé dans deux des comptes « pétrole contre nourriture ». Je voudrais savoir ce qui arrive à cet argent. Je sais qu'une partie est destinée à garder active l'industrie pétrolière mais je ne sais pas ce qui arrive à cet argent dans l'intervalle.


Je voudrais également quelques précisions sur l'état du réseau en Iraq. Je suis frappé que personne n'a la moindre idée de l'état de ce réseau à l'heure actuelle. Je serais intéressé par des informations sur le niveau des distributions alimentaires dans ce réseau et qui en assure  le contrôle. Merci beaucoup.


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): Je demanderai à Benon plus informations sur les fonds à usage non déterminé  mais on ne peut y accéder que dans le cadre des conditions stipulées dans la résolution que le Conseil de sécurité est sur le point d'adopter.


M. Sevan (interprétation de l’anglais): Je pense qu'il est très facile de faire des remarques sur lesquelles personne ne semble avoir d'information. Je ne pense pas que quelqu’un sache ce qui se passe en Iraq  aujourd'hui, à part ce que vous lisez dans les journaux. D’heure en heure et de minute en minute, l'état de la situation en Iraq change. Cela comprend également les systèmes de distribution. En attendant, il sera très difficile d’essayer de faire une évaluation sur l'état actuel des choses.


Je vous donnerai une idée des difficultés à prévoir ce qui nous attend pour l'avenir. Il y a deux cargaisons très proches d’Oum Qasr par exemple au titre du programme contracté, de 100 000 tonnes métriques de blé. Si je comptais sur celui-ci, je serais perdu car je ne peux avoir la position de ces fournitures, et donc le fait qu'il y ait 2,4 milliards de dollars de produits alimentaires attendus semble fantastique. Dans le même temps comme je l'ai dit ce matin et comme mon collègue l’a indiqué, nous ne pouvons compter sur cela pour les besoins immédiats. Comme la Vice-Secrétaire générale l’ adit, nous ne savons pas quand cela arrivera.


Ce n’est qu’après l'adoption de la résolution aujourd'hui que nous pourrons être en contact avec les fournisseurs. En attendant, mes collègues et moi-même n'avons aucune idée sur le lieu où se trouve le fournisseur et qui va expédier et quand. Ce n'est que lorsque nous aurons cette information que nous pourrons calibrer, terme utilisé aujourd'hui, pour voir ce qui peut être fait pour agir et ce qui a besoin d'être fait pour des contributions supplémentaires.


M. Maloch Brown (interprétation de l’anglais): Je voudrais juste ajouter quelques mots à ce que Benon a dit. Nous devrons y revenir à un certain moment pour pouvoir évaluer l'état du système de distribution alimentaire pour voir où il a besoin d'être soutenu.


Je dirais que jusqu’à ce que la guerre ait commencé, le système de distribution alimentaire en Iraq était remarquable. Ils avaient une distribution de nourriture  opérationnelle, avec un réseau important d’usines, de silos, d'entrepôts et d'agents alimentaires. Il y avait 44 000 agents alimentaires en Iraq, qui sont des petits commerçants et qui sont les seuls à assurer la distribution finale. En fait à terme, nous aurions besoin de compter sur ce système le plus possible. Ce serait la meilleure façon d'assurer la distribution à la population iraquienne.


Question (interprétation de l’anglais): Nous nous demandons s'il existe une façon d'avoir une répartition des fonds dans le compte. Combien y a-t-il eu dans ce compte depuis sa création en 1995? Quelle est la totalité aujourd'hui, y compris les comptes en euros? Et pour ce qui est des fonds à usage non déterminé?


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): Benon a du partir au Conseil; c’est lui qui a les chiffres mais je pense qu'il existe des informations statistiques fournies. Est-ce que cela se fait chaque semaine, Fred?


Question (interprétation de l’anglais): Ces rapports n’ont pas le montant de base du compte aujourd’hui, la totalité et ce dont l’usage n’est pas déterminé.


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): Cela change de jour en jour. Je pense que Benon a dit qu’il y avait 2,4 ou 2, 5 milliards de dollars de fonds non affectés destinés à divers usages.  Nous verrons si nous pouvons fournir des données claires, mais il faut  savoir que celles-ci resteront valables pour aujourd'hui. Ce chiffre changera tous les jours.


Mais il faut savoir aussi que cet argent n’est pas accessible au Secrétaire général pour le destiner à de nouveaux besoins. Il faut examiner la résolution du Conseil de sécurité qu'ils adoptent alors que nous parlons. Elle précise quelles ressources en espèces peuvent être utilisées. Il ne faut pas l’oublier. Il est important de ne pas confondre le fait qu'il y ait un grand montant disponible pour le programme « pétrole contre nourriture », avec la possibilité pour le Secrétaire général et ses représentants d’accéder à cet argent pour répondre aux besoins supplémentaires et c'est pourquoi nous avons cet appel.


Question (interprétation de l’anglais): Y a-t-il une disposition dans la résolution pour permettre une souplesse dans ce compte pour prendre de l'argent pour des compensations? réparations? au Koweït, à rembourser ultérieurement?



La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): Ils ont donné une autorité limitée. Lisez la résolution qui indique que le Secrétaire général peut fixer des priorités dans les contrats attendus et pour utiliser les fonds à usage non déterminé pour payer des coûts supplémentaires qui peuvent survenir d'une adaptation à ces programmes pour répondre à de nouveaux coûts locaux. Elle indique également qu'il peut, avec la permission du Comité créé par la résolution 661 (1990), initier de nouveaux contrats, et cette autorité est limitée à 45 jours. C'est pour des choses qui peuvent être acheminées dans cette période de 45 jours. Il ne s'agit donc pas d’une autorité générale de faire tout ce que nous jugeons nécessaire avec la totalité des fonds attendus dans le « pétrole contre nourriture », quelque part.


Question (interprétation de l’anglais): Par rapport à ce que vous venez de dire, serait-il plus facile pour vous tous de ne pas devoir passer par toute la bureaucratie, de prendre cet argent du flash appeal et commencer de nouveaux contrats? Ou est-ce que ces contrats prennent trop de temps et cela n’est pas pratique?


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): Je pense qu'il est très important de compter le plus possible sur ce qui est attendu, car cela signifie que les contrats existent déjà et une partie des marchandises est peut-être en voie d’acheminement. Si vous avez les fonds aujourd'hui, il faudrait du temps pour commander et recevoir la marchandise. C'est pourquoi le Secrétaire général a demandé cette souplesse particulière à introduire dans le programme « pétrole contre nourriture »; les risques de paralysie sont diminués. Vous commencez avec des fonds des donateurs. Voudriez-vous ajouter quelque chose, Mark?


M. Maloch Brown (interprétation de l’anglais): Je vais essayer; Je peux dire que Maggie et les autres pensent qu'il y a des aspects bureaucratiques ici. Je ne le pense pas.


La première chose à comprendre est que comme l’a dit la Vice-Secrétaire générale, nous revoyons constamment ce que nous pouvons payer au titre du programme « pétrole contre nourriture », ce qui a déjà été fournir, par rapport aux 2,2 milliards de dollars. Nous avons dû obtenir ce chiffre global des besoins et les donateurs ont commencé à avoir une idée sur l'ampleur et la quantification du problème. Mais nous avons clairement indiqué que comme nous pouvons libérer de l’argent du « pétrole contre nourriture », ou trouver des articles qui coïncident avec ces besoins urgents, nous réduirons le montant des ressources de donateurs dont nous avons besoin.


Deuxièmement, c’est l’article nourriture où il y a le plus de double emploi, comme cela a déjà été dit, et  les données de Carol pour faire fonctionner  le système d’eau ou celles que le Programme des Nations Unies pour le développement pour que le secteur de l'électricité fonctionne, ne sont pas généralement couvertes en raison des articles en acquisition, au titre de ce programme, sont des articles de longue date, et non ce dont vous avez besoin pour des réparations d'infrastructures d'urgence.


Dans une situation comme celle de l’Iraq, pays largement urbanisé, ces questions de l’assainissement, de l’eau, des infrastructures électriques, sont des choses qui revêtent d’une urgence immédiate.


Enfin, souvenez-vous du débat au Conseil de sécurité, ce programme, le programme « pétrole contre nourriture », dans les circonstances exceptionnelles de l’Iraq, est un programme continu d’importations et les besoins sont approuvés par le Conseil de sécurité. En outre, il y a la situation d’urgence que crée la guerre, que l’on ne pouvait pas planifier. En tout cas, l’on ne pouvait pas voir comment allaient être passés les contrats. Beaucoup de membres du Conseil pensent que du fait du conflit, ce programme ne devrait pas être la source de financement et qu’il y a obligation pour la communauté internationale de répondre à ce besoin exceptionnel qui se présente. 


Il y aura obligatoirement deux sources de fonds. Notre obligation est de gérer les choses de façon à ce qu’il n’y ait pas chevauchement et que ce chiffre ne soit pas détourné et soit vraiment utilisé pour les besoins de la population qui en aura besoin très rapidement. 


Question (interprétation de l’anglais): J’étais en train de me demander si 40 dollars par Iraquien pour les cinq mois à venir suffiraient. C’est la raison pour laquelle, je demandais comment les chiffres se ventilaient.


Question (interprétation de l’anglais): Il a été dit avant la guerre que l’Iraq avait le meilleur système de distribution publique de vivres. Il y a déjà des dizaines de milliers de tonnes de vivres qui ont été commandées et que personne n’a payé et d’après les documents, ils ne seront pas livrés tant que les conditions de sécurité ne le permettront pas. Supposons que vous ayez l’argent aujourd’hui, avez-vous une idée de la date à laquelle la distribution pourrait commencer? Sera-ce seulement lorsque les hostilités auront complètement cessé? Y aura-t-il une distribution uniquement dans les zones où il n’y aura plus de combats?


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): Je vais peut-être commencer par la question qui a été posée concernant l’état actuel du système de distribution publique de vivres.


D’après les informations que nous donne notre personne sur place, qui continue d’ailleurs de travailler sur place, le Ministère du commerce de l’Iraq est toujours en train de procéder à des distributions dans le centre et le sud du pays, dans la mesure du possible. Dans le nord, le Programme alimentaire mondial (PAM) continue la distribution des stocks qui lui restent aux groupes vulnérables et aux personnes déplacées, chose que nous faisons depuis plusieurs années maintenant.


Phillip, vous désirez peut-être intervenir sur ce point?


M. Ward (interprétation de l’anglais): J’allais ajouter que si le Conseil de sécurité adoptait cette résolution…


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): C’est chose faite, à l’unanimité, il y a une minute.


M. Ward (interprétation de l’anglais): Excellente nouvelle. Nos spécialistes des achats vont être au téléphone tout le week-end pour prendre contact avec les fournisseurs, afin de voir lesquels d’entre eux seraient à même de commencer à livrer des produits de base pendant cette période de 45 jours dont nous disposons. Bien entendu, la distribution en Iraq dépendra largement de la situation de sécurité. Il va falloir que nous suivions de près la situation au fur et à mesure que les choses progressent.


Mme Bellamy (interprétation de l’anglais): Nous avons tous une grande d’expérience des régions touchées par la guerre. Nous n’attendons pas qu’elle soit complètement terminée.  Il faut vraiment toucher les personnes qui sont les plus vulnérables, dès qu’il y aura suffisamment de sécurité, même si le personnel travaillera toujours dans des circonstances extrêmement difficiles.  La sécurité est le principal facteur.


Question (interprétation de l’anglais): Vous avez dit que la plupart, ou beaucoup, des contrats couvrant une somme de 10 milliards de dollars sont des contrats « en sommeil ». Il ne s’agit donc pas de 10 milliards. Est-ce approuvé? Contrôlez-vous ce qui est entré en Iraq? Sait-on ce qui a été approuvé et qui est entré en Iraq? Parle-t-on de marchandises approuvées mais non encore livrées?


Vous avez parlé de 270 millions de dollars de contrats qui eux, ne sont pas en sommeil. De quoi s’agit-il? S’agit-il de produits alimentaires?


Vous parlez également du système de distribution des vivres, mais la partie « nourriture » du programme « pétrole contre nourriture » fonctionne toujours, n’est-ce pas?


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): S’agissant des contrats pour le centre et le sud de l’Iraq, l’administration des contrats relevait de la responsabilité du Gouvernement iraquien, qui tous les 6 mois présentait un programme détaillé d’importations, ensuite avalisé soit par le Comité des sanctions établi aux termes de la résolution 661 (1991), soit par le bureau du Programme « pétrole contre nourriture », pour les parties du programme pour lesquelles une délégation de pouvoir lui avait été accordée.


Une fois l’autorisation donnée, il revenait au Gouvernement iraquien de maintenir le contact avec ses propres fournisseurs ou bien de décider des contrats qui allaient ou non être signés, etc. Avec la résolution qui vient d’être adoptée, il y a 5 minutes, nous avons désormais l’autorité d’aller nous-mêmes contacter les fournisseurs et de voir exactement où en sont leurs contrats. Nous ne savons pas. Tout ce que nous savons, c’est que certains des contrats sont signalés dans les registres comme n’ayant pas encore été terminés et pas encore livrés. Certains remontent à il y a plusieurs années. L’on ne sait pas très bien si ces contrats ont toujours une valeur juridique.


Au bout du compte, l’argent est décaissé pour les contrats une fois qu’ils sont exécutés.  Mais il existe énormément de contrats qui ont été autorisés par le Comité établi aux termes de la résolution 661 (1991) et il faut les passer en revue pour établir lesquels d’entre eux vont être exécutés, sur quelle période et sous quelles conditions.  C’est ce que va faire, très certainement le PAM au cours du week-end, puisque jusqu’à présent, nous n’avions pas ce mandat.


Nous vous indiquons qu’il y a encore des distributions de vivres en cours parce que les vivres arrivaient de façon régulière et quelles ont été entreposées, puis distribuées dans les foyers.  Il en reste une certaine quantité dans les entrepôts.  Lorsque nous avons fait notre planification initiale, nous avons dit que les Iraquiens, en moyenne, devaient avoir pour 6 semaines de réserves alimentaires au début du conflit.  Il y a une semaine de cela et donc on peut encore imaginer qu’ils leur restent 4 à 5 semaines de réserves dans les entrepôts locaux.  Celles-ci vont pouvoir être écoulées par le système de distribution.  Toutefois, si aucuns vivres supplémentaires n’arrivent, les stocks vont être épuisés.


Question (interprétation de l’anglais): Pour l’heure, vous avez confirmé que seuls 270 millions de dollars sur le total de 10 milliards ont été approuvés.


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): Il s’agissait simplement d’une estimation officieuse préliminaire.  En outre, nous étions en train de parler des vivres.


M. Ward (interprétation de l’anglais): Les 270 millions mentionnés correspondent à des contrats pour lesquels les fournisseurs envoyaient d’importantes quantités de vivres en Iraq.  Certains de ces fournisseurs ont, à n’importe quel moment, deux ou trois cargaisons en mer.  Les 270 millions de dollars que nous avons identifiés portent donc sur des contrats au stade de la livraison au moment où le programme a été suspendu.  Nous savons donc que ces fournisseurs sont très vraisemblablement en mesure de livrer le reste du contrat qu’ils étaient déjà en train d’acheminer.


Question (interprétation de l’anglais): Est-il donc correct que vous avez un montant de 270 millions de dollars de confirmé sur le total de 2,4 milliards de dollars approuvés pour les vivres?


La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l’anglais): Oui, mais nous n’avons pas encore parlé aux fournisseurs.


M. Ward (interprétation de l’anglais): Ce que je disais, c’est qu’il s’agit de 270 millions de dollars de contrats dont on savait qu’ils allaient être livrés. Tout n’ayant pas été livré, il existe donc un solde. Sur ce point, il nous faut encore contacter les fournisseurs pour nous assurer qu’ils sont toujours disposés à le faire. Nous estimons qu’il s’agit là des contrats qui ont une plus forte probabilité d’être honorés que les autres, mais il nous faut encore contacter les fournisseurs.


Question (interprétation de l’anglais): Pouvez-vous nous parler un peu de la situation des autres pays, en termes de groupes de populations les plus vulnérables, de victimes, de personnes déplacées, et autres effets de la guerre? C’est une question pour l’UNICEF.


Mme Bellamy (interprétation de l’anglais): Rappelez-vous que l’Iraq est un pays où les conditions de vie, en tout cas pour les enfants, étaient déjà assez précaires, même avant la guerre. Un enfant sur 8 mourait avant l’âge de 5 ans; un quart des enfants était mal nourri; etc. Donc à ce stade, dans le nord et à Bagdad, il n’y a pas de déplacements massifs.


Il y a des déplacements de population. Nous avons constaté, dans un ou deux camps, une augmentation des cas de diarrhée. Avec le Gouvernement et l’Organisation mondiale de la santé, nous avons pu lancer une vaste campagne contre la variole et la poliomyélite durant les quelques mois qui ont précédé l’éclatement de la guerre en cours. Comme vous le savez, la variole peut être mortelle s’il y a éruption. Elle n’est pas systématiquement mortelle, mais cela peut arriver.


Au stade actuel des choses, notre préoccupation première quant à l’impact humanitaire sur les enfants et la population en général concerne la région sud de l’Iraq et, surtout, dans l’immédiat, les lieux qui sont privés d’eau –ou d’eau courante. Environ la moitié de l’eau consommée en Iraq est de l’eau traitée. En cas de coupure d’électricité ou de pénurie de combustible pour faire tourner les générateurs, la population ne recevra pas d’eau salubre. De toute évidence, l’arrêt de l’approvisionnement en vivres va être important, mais il y a quelques réserves de secours. Si une rupture de l’approvisionnement en eau durait plus de cinq ou six jours, la situation pourrait devenir très grave. Voilà ce qui se passe en certains endroits du sud.


M. Eckhard (interprétation de l’anglais): Nous remercions vivement la Vice-Secrétaire générale et les autres intervenants.


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