En cours au Siège de l'ONU

DH/349

DES GROUPES AUTOCHTONES EXPOSENT LES DISCRIMINATIONS ET VIOLENCES FRAPPANT LES JEUNES ET LES ENFANTS DE LEURS COMMUNAUTES

13/05/03
Communiqué de presse
DH/349


Instance permanente sur

les questions autochtones

3ème et 4ème séances – matin et après-midi


DES GRoupes AUTOCHTONES exposent LES DISCRIMINATIONS ET VIOLENCES frappant LES JEUNES ET LES ENFANTS de leurs communautes


Cette deuxième journée de la session de l’Instance permanente sur les questions autochtones s’est ouverte ce matin sur un plaidoyer en faveur de la jeunesse autochtone, soit 175 millions d’enfants dans le monde, en raison de leur extrême vulnérabilité face aux multiples formes de discrimination, de traumatisme et de violence.  Paupérisation, dépendance économique face à la culture dominante, discriminations dans l’accès à l’éducation et aux soins de santé, sont autant de préoccupations qui ont été exprimées par de nombreuses organisations autochtones à l’attention des 16 membres de l’Instance permanente.  Celle-ci a placé sa deuxième session sous le thème «des enfants et de la jeunesse autochtone», seuls garants de la survie des traditions et valeurs de 300 à 500 millions de personnes sur la planète. 


Comme l’a expliqué la représentante de l’organisation Africa Region, l’analphabétisme frappe 90% des jeunes autochtones.  A la base de cette discrimination se trouvent les pesanteurs socioculturelles et l’inadéquation de l’école moderne avec l’environnement de l’enfant autochtone.  Les taux de scolarisation en milieu nomade sont les plus bas, le pourcentage des filles scolarisées avoisinant zéro.  Les jeunes sont les cibles privilégiées de la répression en ce qu’ils représentent la force vive et l’avenir des peuples autochtones.  Signalant un recul sur un grand nombre de questions intéressant les peuples autochtones, le représentant de l’Association des universités Kumas a précisé que malgré une augmentation des dépenses sociales en Amérique latine, les jeunes des groupes marginaux ne sont scolarisés que pendant cinq ans alors que les autres pendant 11 ans. 


Il a également été question de l’absence de terre, point central de l’avenir des peuples autochtones, du taux élevé de jeunes autochtones parmi la population carcérale, atteignant 13% de l’ensemble des prisonniers en Australie alors que les communautés autochtones constituent à peine 3% de la population.  Les intervenants ont également évoqué les ravages causés par l’abus des drogues et de l’alcool parmi les jeunes, le taux élevé de suicide et les traumatismes vécus par les jeunes femmes autochtones en raison des violences qu’elles subissent.  Selon la représentante de Elders Caucus, le commerce sexuel au Canada touche les femmes autochtones de manière disproportionnée. 


Dans l’après-midi, l’Instance, qui dispose depuis le 27 février dernier d’un secrétariat au Siège des Nations Unies à New York, s’est penchée sur ses modalités de coopération avec les institutions du système des Nations Unies.  Outre les questions d’ordre administratif et pratique, le Secrétariat de l’Instance effectue un travail de liaison entre les autres entités du système des Nations Unies sur

les questions de fond et coopère avec le Groupe d’appui interinstitutions qui définit les modalités de travail entre l’Instance et les organismes des Nations Unies.  Les principales préoccupations des Membres de l’Instance ont cet après-midi porté sur la collecte de données statistiques, la variation des expressions utilisées ou encore la capacité d’analyse des institutions des Nations Unies.  


Plusieurs propositions ont été faites pour que les préoccupations des peuples autochtones soient prises en compte dans les travaux des institutions de la famille des Nations Unies.  Le représentant du Teton Sioux Nation Treaty Council a suggéré au nom de 23 organisations la tenue d’une conférence internationale sur les traités relatifs aux peuples autochtones tandis que le représentant de l’organisation Tonatierra a recommandé à l’Instance de mettre en place une base de données répertoriant les traités et accords concernant les peuples autochtones. 


L’Instance entamera mercredi 14 mai à 10 heures son examen de questions relatives au développement économique et social.



Suite du débat interactif sur les enfants et la jeunesse autochtones


La représentante de l’Assemblée du Conseil des jeunes du Canada, a fait état du grand nombre de suicides chez les jeunes autochtones de son pays et a ajouté ne pas comprendre pourquoi le Gouvernement canadien est incapable de donner espoir à ces jeunes.  Pourquoi tant de jeunes autochtones finissent-ils en prison?  Les jeunes autochtones ont un niveau d’éducation très faible au Canada.  Les 7 milliards dont dispose le Gouvernement canadien et les législations mises en place n’ont servi à rien et n’ont pas permis à ces jeunes de trouver la paix.  La représentante de Elders Caucus a évoqué les traumatismes vécus par les femmes autochtones en raison du colonialisme et des violences.  Le commerce sexuel au Canada touche de manière disproportionné les femmes autochtones.  Les jeunes continuent de se suicider.  Nous demandons que l’Instance reconnaisse et réaffirme les initiatives menées par la communauté autochtone, notamment dans le cadre du Sommet des anciens.


La représentante de Women Caucus a également dénoncé les régimes coloniaux qui ont sapé le rôle de la mère.  Les femmes autochtones continuent de faire l’objet de violence au quotidien.  De nombreuses d’entre elles ont été assassinées sans qu’aucune enquête n’ait été menée.  Le Sommet des anciens permettra d’élaborer des recommandations pour les gouvernements et les communautés.  Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) avait indiqué que la législation canadienne en cours d’examen ne tient pas compte des discriminations, y compris en matière de mariage et du droit foncier.  Nous demandons à l’Instance d’enquêter sur les cas de femmes disparues et de suivre la législation élaborée par le Canada ainsi que sa mise en œuvre.


Le représentant de World Council of Churches de l’Australie a dénoncé les traumatismes que connaissent les jeunes autochtones en raison de leur perte d’identité.  Ces jeunes constituent 13% de la population carcérale alors que la population autochtone représente 3% de la population.  Le représentant a également évoqué les dommages causés par l’abus des drogues et de l’alcool.  Il faut inverser cette tendance négative et donner un sens à la vie de ces jeunes.  Le représentant de Indigenous people of Africa a dénoncé la négligence et le manque d’intérêt pour les traditions et cultures autochtones au sein des Nations Unies.  Cette indifférence a mené à la destruction de l’identité culturelle des jeunes, en particulier des jeunes africains.  Ces populations connaissent les indices de développement humain les plus bas ce qui exige une révision totale des cadres constitutionnels qui ont été mis en place sans la participation des peuples autochtones.  L’absence de démocratie dans ces régions prive les jeunes de leur droit à l’exercice de la citoyenneté.  Nous assistons à des politiques d’assimilation et à la destruction des cultures autochtones.  Le représentant de CAPAJ a plaidé pour que l’institution de la famille autochtone soit reconnue juridiquement.  Il s’agit de promouvoir les droits des familles. 


Le représentant du Canada, a reconnu la sagesse et perspicacité des interventions faites ce matin.  Nous reconnaissons l’importance des jeunes autochtones, non seulement pour le développement de leurs communautés mais également pour l’ensemble du Canada.  Les communautés autochtones sont plus jeunes et se développent plus rapidement que la communauté canadienne dans son ensemble.  Dans certaines régions du Canada, les jeunes autochtones constitueront la majorité des nouveaux venus sur le marché du travail et de nombreux autres pays connaissent cette situation.


La représentante du Brésil a relevé que le manque d’accès à l’éducation et à des soins de santé adéquats freine le développement des enfants autochtones.  La prestation de services sociaux et la création d’emplois dans leurs communautés est essentielle.  La coopération internationale dans les secteurs de l’éducation et de la santé est une contribution bienvenue.  La population autochtone augmente plus vite que la moyenne non seulement en raison des taux de natalité élevés mais aussi de la baisse des taux de mortalité qui ont chuté de 40% en raison des efforts en matière d’accès à l’eau potable dont plus de 1400 communautés ont bénéficié.  Le Gouvernement brésilien offre également une éducation bilingue et biculturelle aux communautés autochtones, qui est un facteur d’autonomie.


Le représentant de la Finlande a déclaré qu’il était important d’inclure des informations sur les cultures autochtones dans les programmes scolaires au niveau national.  En Finlande, la préservation de la culture Saami est garantie par la Constitution.  Le Gouvernement est tenu de mettre à disposition des communautés Saami un enseignement Saami.  Nous manquons toutefois de ressources et d’outils pédagogiques saami.  La représentante permanente du Japon a elle aussi insisté sur l’importance de données fiables qui permettront d’élaborer les politiques qui s’imposent en faveur des jeunes.


Le représentant d’un Caucus de neuf groupes autochtones d’Amazonie, a souligné l’importance de la spiritualité pour les communautés autochtones qui leur permet d’asseoir leur identité spécifique.  Il a dénoncé les violences subies par les enfants et les familles par les envahisseurs au nom de l’apport de la «civilisation».  L’implication des enfants dans les conflits armés crée une culture de violence pour les générations futures tout en niant le droit à la vie.  Il nous est impossible de disposer d’un espace territorial en Amazonie.  Dans les Andes, 80% des jeunes sont pauvres en raison de la surexploitation des ressources naturelles.  Le représentant du Conseil indien d’Amérique du Sud a attiré l’attention de l’Instance sur la nécessité de tenir compte lors de ses travaux de la définition de la jeunesse par les communautés autochtones elles-mêmes. 


Le représentant de l’Association des universités Kumas a évoqué le recul sur un grand nombre de questions intéressant les peuples autochtones et les jeunes.  Malgré une augmentation des dépenses sociales en Amérique latine, les jeunes des secteurs marginaux ne sont scolarisés que pendant cinq ans alors que les autres le sont pendant 11 ans.  Il faut une décentralisation des ressources.  Le représentant a encouragé l’UNICEF et L’UNESCO à réellement travailler avec les communautés locales.  La représentante de Africa Region a évoqué la dépendance économique des enfants autochtones qui met un frein à leur imagination et à leur créativité.  L’analphabétisme frappe 90% des jeunes autochtones.  A la base de cette discrimination se trouvent les pesanteurs socioculturelles qui font que pour certains, l’école est un lieu de déperdition ainsi que l’inadéquation de l’école moderne avec l’environnement de l’enfant autochtone.  Les taux de scolarisation en milieu nomade sont les plus bas, le pourcentage des filles scolarisées avoisinant zéro.  Les jeunes sont les cibles privilégiées de la répression en ce qu’ils représentent la force vive des peuples autochtones.  En milieu africain, l’excision nous interpelle, tout comme l’enrôlement des enfants dans les conflits.  Nous recommandons une politique de développement participatif adaptée aux jeunes autochtones.  Le représentant des Communautés autochtones Parakuiyo de Tanzanie a rappelé que la terre est au cœur de l’avenir des peuples autochtones.  En raison du manque de terre et du fait que les familles dépendent de la terre pour leur survie, on assiste à un exode rural des peuples autochtones, ce qui brise les familles.


Le représentant de la Fondation pour la recherche aborigène (Australie) a demandé à l’UNESCO et à l’UNICEF d’aider les Etats à mener à bien des plans d’action pour éliminer les clichés qui existent à l’encontre des Aborigènes: les jeunes souffrent d’une mortalité et d’une morbidité au-dessus de la moyenne, de même que d’un taux de suicide alarmant; 19 000 jeunes autochtones ont été enlevés à leurs parents pour être placés dans des familles d’accueil; ils manquent de soins.  Or le Gouvernement australien a réduit son budget ce qui signifie la fin des programmes d’appui à la communauté.  Les jeunes autochtones font l’objet de racisme, ils ne sont pas considérés comme de vrais Australiens.  Le Gouvernement lui-même a alimenté ces stéréotypes raciaux en poursuivant une politique discriminatoire.  S’exprimant au nom de l’Aboriginal and Torres Strait Islander Commission (Australie), l’orateur suivant a renchéri sur ces thèmes en soulignant que le taux de mortalité des enfants aborigènes était trois fois supérieur à celui des autres enfants.  Surtout, a-t-il insisté, les enfants sont marginalisés, ignorés, les jeunes finissent en prison.  Leurs droits ne sont pas respectés, les enfants peu scolarisés accèdent rarement à l’université.  Il a expliqué que sa Commission avait accordé la priorité aux valeurs familiales dans les communautés aborigènes où les femmes sont souvent l’objet de violence et où les enfants sont davantage qu’ailleurs exposés aux abus, à l’alcoolisme, à la drogue et à la prison.


Le Médiateur chargé des questions autochtones en Equateur a ensuite présenté Luis Santian, qui a expliqué qu’en tant que jeune autochtone, il avait beaucoup souffert du racisme et ressentait un fort sentiment d’abandon.  Après une enfance inhumaine, aujourd’hui en phase terminale d’un cancer, il a déclaré qu’il n’avait jamais pu jouir de la vie. 


Mme Ida Nicolaisen, membre de l’Instance a, en conclusion, estimé qu’il fallait s’engager pour les droits fondamentaux de la jeunesse autochtone, sans perdre de temps.  Santé, éducation, développement économique et social, culture, environnement, droits de l’homme: la discussion a mis en évidence la nécessité de coopérer et coordonner les travaux de l’Instance avec les organismes de l’ONU et les Etats.  Faisant état des preuves inquiétantes, apportées de racisme et d’ostracisme, frappant en particulier de jeunes aborigènes australiens, elle a jugé que la discussion avait surtout souligné le manque de loi, programmes et fonds dans de nombreux pays.  Elle a cependant relevé plusieurs points positifs, au Brésil ou en Finlande par exemple, et a demandé de veiller à ce que ces évolutions positives s’accélèrent.


Méthodes de travail de l’Instance au sein du système des Nations Unies


M. LEE SWEPSTON, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), s’exprimant au nom du Groupe d’appui interinstitutions à l’Instance permanente sur les questions autochtones, a expliqué qu’un mandat avait été établi pour les relations de travail entre l’Instance permanente sur les questions autochtones et les organismes de l’ONU concernés.  Le Secrétariat de l’Instance va être associé aux discussions du Groupe d’appui interinstitutions et pourra ainsi analyser les recommandations faites, examiner les réactions les plus efficaces, donner des conseils.  Le Groupe, a-t-il indiqué, se réunit deux fois par an.  Lors de la dernière réunion, nous avons décidé qu’il est important de montrer que les Nations Unies s’intéressent aux travaux de l’Instance; nous avons l’intention de continuer à travailler sur la coordination.


M. NAVIN RAY, Banque Mondiale, a indiqué qu’en février, le Groupe d’appui avait tenu sa deuxième réunion depuis sa création officielle.  Treize organismes du système des Nations Unies y ont participé, dont la Banque mondiale.  La réunion d’aujourd’hui sur les méthodes de travail de l’Instance au sein du système des Nations Unies en découle; par ailleurs, cette deuxième réunion de Groupe d’appui avait débattu de la nécessité de statistiques ventilées pour les populations autochtones, question sur laquelle il a assuré que la Banque souhaitait coopérer.


Mme JACKIE SIMS, la représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a expliqué que les statistiques disponibles à l’OMS proviennent de diverses activités de recherche, des ONG et agences gouvernementales.  Ces données visent à appuyer les activités au niveau national et valider les interventions à tous les échelons.  Ces données ne sont valables que si les méthodes d’utilisation sont bonnes.  Le problème de la fiabilité des données a suscité un grand intérêt et nous devons maintenant exploiter cette sensibilisation à cette problématique.  Nous devons également remédier au manque de capacités d’analyse de ces données.  Nous devons utiliser la tendance actuelle visant à préciser les méthodes statistiques pour y inclure les questions autochtones.  La question des statistiques doit être incluse à l’ordre du jour des conférences de développement car nous devons disposer d’indicateurs sur les communautés autochtones. 


M. Willie LITTLECHILD, Rapporteur de l’Instance, s’est demandé si l’acceptation du terme «populations autochtones» avait un impact sur la collecte de données.  La représentante de l’OMSa expliqué que la variation des expressions utilisées dans le monde entier montre qu’à l’échelle mondiale, il n’y a pas de définition unique du terme «autochtone»  Elle a attiré l’attention sur des lacunes de données à l’échelle mondiale.


M. AYITEGAN KOUEVI, membre de l’Instance, a fait état de conflit entre les sources officielles, une d’entre elles étant la coutume et a demandé quels sont les moyens à la disposition des institutions des Nations Unies pour analyser ces données.  Le représentant du Bureau international du travail de son côté a expliqué que le travail des enfants n’est jamais quantifié officiellement.  M. WAYNE LORD, membre de l’Instance, a souligné le besoin en statistiques de l’Instance pour élaborer des programmes pertinents.  Il faut trouver des méthodes pour agir et nous souhaitons qu’une recommandation soit transmise à l’ECOSOC insistant pour faire de la collecte de données une activité opérationnelle.  Un autremembre de l’Instance, M. MARCUS MATIAS ALONSO, a rappelé qu’il avait été question d’établir une carte mondiale du développement autochtone ce qui renvoie au volet comptable des informations gérées par le système des Nations Unies.  La Banque mondiale a élaboré des profils autochtones.  Il serait souhaitable d’organiser un atelier d’experts permettant de parler des diverses expériences.


La représentante de l’UNICEF a évoqué les diverses expériences dont il faudrait s’inspirer comme les recensements réalisés en Bolivie qui ont constitué une véritable révolution permettant d’établir des cartes sociolinguistiques.


S’agissant de la difficulté d’établir des données statistiques fiables, M. Yuri Boitchenko, membre de l’Instance a rapporté qu’en 2002 son pays, la Fédération de Russie, avait pratiqué un recensement qui avait permis de mettre en lumière un certain nombre d’éléments distinguant les peuples autochtones les uns des autres, notamment les différents niveaux d’éducation.  La Fédération de Russie a une tradition ancienne de recensement et ses indicateurs fondamentaux

incluent les indicateurs ethniques, ce qui pourrait servir de base pour les discussions à venir.  Pour sa part, Mme OTILIA LUX DE COTI, membre de l’Instance, a expliqué qu’au Guatemala, sous la pression des organisations autochtones, pour la première fois des indicateurs culturels ont été inclus au recensement effectué l’an dernier qui sera ainsi beaucoup plus exact.


La représentante de la Banque interaméricaine de développement au sein du Groupe d’appui a assuré que son organisme était en train de revoir toutes les méthodes de recensement en Amérique Latine en travaillant avec les Bureaux nationaux de statistiques.  M. IAN JOHNSON, Vice-Président de la Banque Mondiale, a assuré que l’Instance permanente allait devenir un interlocuteur clé entre les populations autochtones et une institution comme la sienne.  La Banque dispose de plus de 200 projets en cours dont 79 concernent les peuples autochtones, a-t-il indiqué.  Et dans le cadre du guichet développement, un projet d’aide aux communautés autochtones a été mis en place.  Il a aussi présenté un programme de dons en trois volets: un mécanisme de dons pour les populations autochtones; une contribution financière directe de la Banque à l’Instance; et la mise en place d’un programme pilote qui se concentrera sur la région indienne. 


Tandis que plusieurs interlocuteurs saluaient la coopération de la Banque mondiale, M. Fortunato Turpo Choquehuanca, membre de l’Instance, a assuré que le Bureau de la Banque mondiale à Lima, l’an dernier, ne savait pas du tout ce qu’était l’Instance quand il lui avait demandé son aide.


Pour le représentant du Danemark, traiter des questions autochtones est souvent conflictuel, aussi en débattre sous l’égide des Nations Unies est utile.  L’Instance permanente est constituée d’experts et grâce à un dialogue actif avec les différentes institutions des Nations Unies, elle sera bien placée pour faire des recommandations aux fonds et programmes respectifs et aux gouvernements.  L’Instance doit aider à produire des résultats concrets pour la promotion des populations autochtones et préserver leur culture.  IL a annoncé par ailleurs que le Gouvernement danois avait fait un don d’un million de couronnes au fond de l’Instance. 


M. WEND WENDLAND, Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), a expliqué que l’Organisation avait d’ores et déjà identifié trois domaines de coopération avec l’Instance.  Les activités de l’Organisation relatives à l’étude du droit coutumier et autochtone bénéficieront grandement de cette coopération.  La question du financement de la participation des membres de l’Instance aux réunions de l’OMPI sera étudiée prochainement.  Il a précisé que le mandat du Comité intergouvernemental de l’OMPI est d’établir une relation entre les droits de propriété intellectuelle et les ressources génétiques, les connaissances intellectuelles, les ressources traditionnelles et le folklore.  Nous tentons d’évaluer les besoins et attentes des peuples autochtones en termes de propriété intellectuelle.  Notre travail permet également d’élaborer des outils pratiques permettant de faire connaître leurs droits aux personnes concernées.  Nous sommes en train d’élaborer un guide pratique sur les systèmes actuels permettant de protéger le patrimoine.  Une procédure rapide d’accréditation nous a permis d’accréditer 80 ONG pour suivre les travaux du Comité.


M. MILILANI TRASK, membre de l’Instance, a demandé à l’OMPI de rédiger un rapport détaillé sur les activités de ce comité.  Un autre membre de l’Instance, M. AYITEGAN KOUEVI, a fait part de son inquiétude quant aux références faites aux traditions autochtones qui sont souvent assimilées au folklore.  Il a demandé que l’OMPI associe les experts de l’Instance aux études menées sur les droits d’expression individuels et collectifs des peuples autochtones.  IDA NICOLAISEN, autre membre de l’Instance, a demandé à l’OMPI si des liens de travail existaient avec le milieu de la recherche pour élaborer un code d’éthique relatif à la propriété intellectuelle.


Le représentant de l’OMPI a expliqué que dans le domaine du droit coutumier, son organisation a l’intention d’associer des experts en la matière à l’élaboration d’un guide pratique sur la protection juridique des expressions culturelles et traditionnelles.  Nous tentons de trouver des mécanismes permettant de faire la différence entre une culture traditionnelle et ses usages inappropriés et dans ce contexte, nous souhaiterions la mise en place d’un code d’éthique.


Pour sa part, le représentant du Teton Sioux Nation Treaty Council a insisté sur les droits découlant des traités.  Les 23 organisations qu’il représente constatant que les mécanismes d’Etat existants ne sont pas capables de satisfaire aux attentes et besoins des peuples autochtones, il a recommandé une intervention internationale basée sur le système des Nations Unies, par exemple recourant à la Cour internationale de justice et à la nouvelle Cour pénale internationale pour protéger notamment les droits des autochtones sur la terre.  Plus largement, il a souhaité que l’Instance joue un rôle plus constructif dans les questions de terres et de ressources des peuples autochtones et a suggéré la tenue d’une conférence internationale sur les traités relatifs aux peuples autochtones.


Le représentant de l’Asian Indigenous and Tribal Peoples Network en a appelé aux principes moraux pour promouvoir l’intégration des peuples autochtones dans le système des Nations Unies, jugeant que l’intégration du souci de parité entre les sexes donnait à cet égard un bon exemple de marche à suivre.  L’une des tâches importantes de l’Instance sera donc d’élaborer de tels principes, puis le Secrétaire général devra approuver ces principes, contraignants pour les institutions de l’ONU, de façon à s’assurer que ces questions seront correctement reflétées.


La représentante du Pacific Caucus a insisté sur les problèmes d’obtention de visa auprès des autorités américaines pour pouvoir assister aux travaux de l’Instance.  Elle a également souhaité des consultations à l’échelle régionale pour toutes les personnes qui ne peuvent venir à New York.  Celle de la Société internationale des peuples menacés a appelé l’ECOSOC à fournir des mécanismes d’accréditation aux membres de l’Instance permanente sur les questions autochtones et faciliter ainsi leurs voyages internationaux. 


La représentante de l’Asian Caucus a souhaité que l’Instance formule une politique et un plan d’action conformes aux résultats du Sommet du développement durable, à la mise en œuvre des grandes conférences de l’ONU et a demandé également que soit approuvé l’appel visant à organiser une grande conférence mondiale sur les peuples autochtones et le développement durable.


La déléguée de la Région Arctique a souhaité que l’Instance recommande à l’ECOSOC de consacrer son débat de haut niveau de sa session de 2006 aux questions autochtones et d’amender le règlement intérieur afin de permettre aux populations autochtones d’être accréditées et de participer aux travaux de l’Instance, à l’image des ONG disposant d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC


Le représentant de la Nouvelle Zélandea déclaré qu’il se félicitait de la création du Groupe d’appui interinstitutions et qu’il fallait désormais maintenir les relations établies.  Il est impératif que les activités des Nations Unies soient ciblées et engendrent des avantages concrets pour les autochtones.  Les ressources des Nations Unies étant révisées à la baisse, il est important d’éviter les doubles emplois au sein des organes du système.  Nous souhaitons nous associer à l’élaboration de la déclaration sur les droits des populations autochtones sur la base du consensus avant l’achèvement de leur Décennie.


Le représentant du Japon a dit l’importance qu’il attache à la coordination des activités relatives aux questions autochtones au sein des Nations Unies.  Il a souhaité que le Groupe d’appui interinstitutions continue de travailler pleinement avec le Secrétariat de l’Instance.  Le représentant a fait valoir le niveau d’expertise du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme qui fait partie du Groupe d’appui interinstitutions évoquant même la possibilité de transférer des ressources humaines à l’Instance.


Mme TRISHA RIEDY, Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), a déclaré que le programme de renforcement de la paix de l’Institut a été élaboré pour fournir une formation aux représentants de populations autochtones dans le domaine de la gestion des conflits, ce qui signifie promouvoir une relation entre les parties en conflit.  Notre premier séminaire a été organisé en Asie et a associé 13 membres de communautés autochtones. 


Pour la représentante de l’Indigenous Rights Trust, des questions spécifiques devraient être posées aux Etats et aux organismes des Nations Unies dans le cadre des sessions de l’Instance et les réponses apportées lors de la session suivante.  Il s’agit d’utiliser au mieux le temps alloué à chaque session afin que les peuples autochtones venues de loin repartent avec le sentiment que les questions importantes ont été traitées.  Elle a regretté par ailleurs l’attitude du Gouvernement néo-zélandais envers les peuples Maories, qui n’ont pas été consultées sur les changements de la politique les concernant. 


Mme VANDA ALTARELLI, du Fonds international pour le développement agricole (FIDA), a rappelé que cet organisme travaille essentiellement avec des peuples marginalisés et que 20 à 30% de ses programmes en Amérique Latine sont destinés aux populations autochtones.  M. SELMAN ERGUDEN, représentant de l’ONU-Habitat, a souligné que les différentes agences de l’ONU pouvaient travailler sur des points de détails avec des membres désignés de l’Instance, chargés ensuite de mobiliser les autres membres.  Ceci faciliterait le travail des agences d’avoir un interlocuteur spécialisé, a-t-il estimé.


Le représentant du Partenariat pour l’Environnement des populations autochtones, un Ogoni du Nigeria, a fait valoir que des conflits affectant des populations autochtones ont été signalés dans 47 Etats.  Les Ogonis sont confrontés depuis plus de 40 ans à une guerre écologique, au terrorisme économique, à l’oppression politique en raison des réserves de gaz et de pétrole de leurs terres.  Il a recommandé à l’Instance d’identifier les questions spécifiques, ainsi que les populations autochtones et groupes affectés par ces questions; de définir un calendrier permettant l’examen des situations au cas par cas; de permettre à chaque Etat Membre concerné de participer aux discussions le concernant.  Il a souhaité par ailleurs que l’Instance voit son mandat renforcé afin de pouvoir intervenir pour prévenir tout dommage irréparable, notamment dans les domaines du droit à la vie, de l’environnement et des droits à la terre. 


Au nom du Conseil national métis du Canada, son représentant a réitéré la nécessité de passer à l’action pour que l’Instance prouve son utilité.  Il revient à l’Instance de traiter des questions autochtones et de ne pas s’en remettre aux Etats, en s’assurant de l’aide des autres organismes de l’ONU.  Il a appelé également à modifier le règlement de l’Instance pour que les peuples qui le souhaitent puissent contribuer à ses travaux.


Le délégué de la Coalition des populations et nations autochtones a demandé à l’Instance de ne recruter que du personnel autochtone, et de recommander l’élaboration d’un mécanisme de défense des droits de l’homme des populations autochtones pour leur éviter des représailles de la part des Gouvernements.  Au nom de la United Nations Association/Etats-Unis et Afghanistan, sa représentante a demandé à l’ECOSOC de fournir une accréditation particulière aux membres de l’Instance et de couvrir leurs frais de voyage.  Elle a également demandé des ressources extrabudgétaires permettant par exemple de financer des bases de données. 


Le représentant de Tonatierra a recommandé que l’Instance établisse des «Archives des Traités», base de données regroupant les traités, pactes et autres accords internationaux constructifs entre les nations autochtones et les Etats.  Ceci permettrait d’informer, d’orienter et de faciliter la mise en œuvre de décisions dans les domaines du développement économique et social, de l’environnement, de la santé, des droits de l’homme, de la culture et de l’éducation. 


Enfin, M. ZEPHIRIN DIABRE, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a estimé que s’attacher à la promotion des questions autochtones au sein du système des Nations Unies était le meilleur moyen de prévenir les problèmes visant les populations concernées.  Le PNUD va faire une contribution et répondre à l’appel lancé pour des données ventilées, a-t-il annoncé, précisant qu’il avait en outre demandé aux gouvernements de collecter ces données, surtout celles concernant les femmes et les enfants autochtones, afin de stimuler les débats publics et l’attention politique.  Il a également indiqué que le PNUD était en train de préparer une note sur le droit foncier, qui allait permettre aux pays de mettre en place des politiques concrètes. 


Le Chef de la Nation Samson a attiré l’attention sur le sort des jeunes autochtones du Canada livrés à la violence et en proie au désarroi, ce qui se traduit par la toxicomanie et la prise de médicaments excessive.  Il a donc appelé l’Instance à demander au Canada de fournir des ressources aux Nations concernées pour qu’elles puissent traiter elles-mêmes de ce problème.


Le représentant de la Fondation pour la recherche aborigène a dénoncé la politique de répression menée par le Gouvernement australien qui cherche à diminuer le rôle d’une commission chargée des questions autochtones et les fonds financiers alloués aux programmes relatifs aux peuples autochtones.  Nous nous demandons si le Gouvernement australien devrait même participer à nos travaux.  Je lui demande de répondre à ces allégations.


Le représentant de l’Australie a dit appuyer le concept interactif proposé par l’Instance tout en disant sa préoccupation quant au financement du Secrétariat de l’Instance qui doit être prélevé sur les ressources du budget ordinaire.  Nous demandons aux délégations de revoir leurs positions sur cette question.


La représentante de Indigenous People Caucus s’est dite encouragée par les résultats obtenus par l’Instance qui a permis de relever les niveaux de connaissance sur les questions autochtones au sein même du système des Nations Unies.  Pour poursuivre dans cette bonne voie, il est important d’adopter des méthodes de travail adéquates.  Nous recommandons une diffusion plus systématique d’informations sur l’Instance pour qu’elle soit mieux connue dans le monde.  Nous recommandons également le renforcement du dialogue entre l’Instance et le système des Nations Unies en créant un panel mixte de représentants autochtones, d’experts, de représentants des Nations Unies qui élaboreraient des recommandations clés en vue de leur inclusion dans le rapport final de chaque session de l’Instance.  Nous souhaiterions que les institutions de l’ONU développent davantage le contenu de leurs rapports.


M. WILLIE LITTLECHILD, membre de l’Instance, a invité le Conseiller spécial pour les questions sportives du Secrétaire général de participer au sein du Groupe d’appui interinstitutions.  Il a également suggéré qu’un membre représentant la jeunesse fasse partie de l’Instance. Un autre membre de l’Instance, M. MATIAS ALONSO, a réaffirmé la nécessité de creuser les relations de travail avec le Groupe d’amis des Etats membres des Nations Unies, avec le Groupe d’appui interinstitutions et avec le Conclave des peuples autochtones.  Il est également nécessaire d’accorder la priorité à l’approche régionale et à celle nationale en étroite collaboration avec le système des Nations Unies.


Comme M. Fortunato Turpo avant elle, une autre membre de l’Instance, Mme Ida Nicolaisen, a remercié les organisations autochtones et les organismes des Nations Unies pour leurs suggestions visant à améliorer leur coopération avec l’Instance.  Elle a par ailleurs rappelé que le processus d’élections pour la nouvelle Instance allait débuter prochainement et souhaité que des jeunes s’y associent.


M. Kouevi, également membre de l’Instance, a insisté sur la nécessité d’une méthodologie, indispensable pour aller de l’avant et éviter que l’Instance ne reste une «coquille vide».  Il a salué une approche nouvelle et tridimensionnelle qui intègre les gouvernements, le groupe d’appui interinstitutions et la communauté de base, à savoir les autochtones.  Il ne faudra pas, a-t-il prévenu, oublier d’y intégrer les régions faiblement représentées en raison de problèmes de visas, à savoir l’Afrique et l’Asie, de façon à pouvoir travailler ensemble à éradiquer toutes formes de discrimination.  Enfin, le représentant de l’OIT, M. Sweptston, a rappelé que le Groupe d’appui est un groupe consultatif qui doit, à ce titre, s’assurer que le dialogue est constructif.


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