LE CONSEIL SOUTIENT UNE APPROCHE SOUS-REGIONALE POUR FAIRE FACE AUX CONFLITS QUI AFFECTENT L’AFRIQUE CENTRALE ET DE L’OUEST
Communiqué de presse CS/2528 |
Conseil de sécurité
4794e séance – après-midi
LE CONSEIL SOUTIENT UNE APPROCHE SOUS-REGIONALE POUR FAIRE FACE AUX CONFLITS QUI AFFECTENT L’AFRIQUE CENTRALE ET DE L’OUEST
Aux termes de l’examen des rapports des missions du Conseil de sécurité qui se sont déroulées en Afrique centrale du 7 au 16 juin et en Afrique de l’Ouest du 26 juin au 5 juillet 2003, le Président du Conseil de sécurité pour le mois de juillet, M. Inocencio Arias (Espagne), a fait, cet après-midi, la déclaration suivante au nom des membres du Conseil:
« Le Conseil de sécurité accueille avec satisfaction les recommandations formulées dans les rapports relatifs aux missions qu’il a effectuées en Afrique centrale, du 7 au 16 juin 2003 (S/2003/653), et en Afrique de l’Ouest, du 26 juin au 5 juillet 2003 (S/2003/688).
Le Conseil fait siennes celles des recommandations qui relèvent de sa compétence et désire les voir appliquées. Il a d’ores et déjà tenu compte des recommandations pertinentes dans l’élaboration de la résolution en vue de proroger et renforcer le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo.
Lorsque la responsabilité de leur application incombe à d’autres, le Conseil attend avec intérêt de collaborer avec eux, qu’il s’agisse des organismes et programmes des Nations Unies, des gouvernements des pays d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest, des organisations régionales et sous-régionales, notamment la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, des pays donateurs, des organisations non gouvernementales ou de la société civile. Il les invite à le tenir informé de tout ce qu’ils entreprennent pour donner suite aux recommandations, de sorte qu’il puisse leur apporter son concours et prendre toute autre mesure qui s’avérerait nécessaire.
Le Conseil insiste sur l’importance d’adopter une approche sous-régionale pour régler des questions comme celles des armes légères, des mercenaires, des enfants soldats et de l’accès humanitaire. Il souligne que les activités de suivi de l’Organisation supposent une coopération et une coordination étroites au sein de tout le système des Nations Unies. Toute action entreprise dans ces domaines devrait associer les organisations concernées, en particulier en Afrique de l’Ouest.
Le Conseil invite le Secrétaire général à donner suite aux recommandations qui relèvent de sa compétence et lui serait reconnaissant de lui rendre compte des progrès accomplis le 30 novembre 2003 au plus tard.
Le Conseil est conscient que des ressources pourraient être nécessaires pour l’application de ses recommandations. En conséquence, il exhorte de nouveau les pays donateurs qui ont les moyens de le faire à appuyer ces efforts et à apporter un appui aux organisations régionales et sous-régionales à cette fin.
Le Conseil compte examiner les progrès accomplis dans l’application des recommandations en décembre 2003. »
Rapport de la mission du Conseil de sécurité en Afrique centrale, 7-16 juin 2003 (S/2003/653)
A l’issue de sa visite en Afrique centrale, conduite du 7 au 16 juin par l’Ambassadeur Jean-Marc de La sablière (France), la mission du Conseil de sécurité a fait, concernant la République démocratique du Congo, un certain nombre de recommandations qui sont contenues dans son rapport.
La mission, est-il stipulé dans ce document, a préféré se concentrer sur des questions importantes qu’elle estime urgentes, à savoir l’installation du gouvernement de transition et la création d’une armée nationale unifiée en RDC; la situation à Bunia; la situation au Nord-Kivu; la nécessité pour les pays de la région d’exercer une influence positive sur la situation; et la fin de l’impunité. La mission recommande, entre autres, que le Conseil de sécurité soit disposé à annoncer son plein appui au gouvernement de transition mis en place à compter du 30 juin 2003 en RDC; à inviter des donateurs bilatéraux et multilatéraux à fournir toute l’assistance possible pour permettre le relèvement du pays, notamment la constitution des forces armées unifiées et d’un service de police capable, et à pourvoir d’urgence le développement du pays par tous les moyens possibles. La mission considère en outre que l’installation du gouvernement congolais de transition et la conclusion d’un cessez-le-feu au Burundi pourraient ouvrir la voie à la convocation éventuelle d’une conférence internationale sur la région des Grands Lacs, dont l’objectif devrait être clairement défini et établi. Préoccupée par la situation actuelle à Bunia où le calme est fragile, la mission pense que les lourdes contraintes logistiques imposées à toute force internationale, la tendance générale à l’indiscipline et à la violence et la circulation d’armes livrées par des sources extérieures devront être prises en considération lorsque le Conseil décidera des mesures à prendre pour consolider et rétablir la paix à Bunia et faire avancer le processus politique dans l’Ituri. La mission recommande au Conseil d’exercer une pression accrue sur les parties, aussi bien en RDC que dans l’ensemble de la région pour que des garanties soient données à la MONUC afin qu’elle puisse s’acquitter de ses activités de vérification.
Concernant la situation au Burundi, la mission du Conseil de sécurité estime que le processus de paix dans ce pays est à un tournant décisif et qu’il faut déployer tous les efforts possibles pour assurer son succès qui dépend d’abord des parties burundaises. La mission recommande que le Conseil de sécurité demande à la communauté financière internationale d’aider la Mission africaine au Burundi (MIAB) grâce à une assistance financière et logistique appropriée et au Secrétaire général de fournir les compétences techniques adéquates. La mission estime en outre qu’il faut fournir un appui budgétaire et économique approprié au Gouvernement transitoire et recommande que le Conseil prie instamment les pays donateurs d’assumer les engagements qu’ils ont pris lors des conférences de Paris et de Genève. La mission du Conseil de sécurité note par ailleurs qu’il faut mettre fin à l’impunité au Burundi et recommande au Conseil d’aider ce pays en ce domaine en examinant attentivement la demande du Gouvernement burundais concernant la création d’une commission judiciaire internationale d’enquête, qui est prévue dans l’Accord d’Arusha.
Rapport de la mission du Conseil de sécurité en Afrique de l’Ouest, 26 juin-5 juillet 2003 (S/2003/688)
La mission du Conseil de sécurité qui s’est rendue du 26 juin au 5 juillet en Afrique de l’Ouest avait pour mandat de montrer l’intérêt que le Conseil continue de porter à la région; d’encourager une plus grande coopération entre les pays de la sous-région (notamment dans le cadre de l’Union du fleuve Mano et de la CEDEAO); d’évaluer la suite donnée au sommet de Rabat, et de recenser les obstacles à une meilleure coopération. La mission avait en outre pour mandat de passer en revue les activités du Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest; d’analyser les liens entre les conflits qui se déroulent au Libéria, en Côte d’Ivoire et en Sierra Leone et leurs répercussions sur les pays voisins (notamment en ce qui concerne les mercenaires, le trafic d’armes et les réfugiés), et d’évaluer le degré des objectifs définis par le Conseil en matière de protection des civils et des enfants dans les conflits armés. Enfin, au niveau régional, la mission devait mettre l’accent sur la nécessité pour tous les pays de respecter leurs obligations en matière de droits de l’homme et de droit international humanitaire.
Ayant quitté New York le 26 juin, la mission s’est rendue en Guinée-Bissau les 27 et 28 juin, puis au Nigéria les 28 et 29 juin; au Ghana les 29 et 30 juin, et en Côte d’Ivoire du 30 juin au 2 juillet. Elle devait ensuite se rendre au Libéria le 2 juillet, mais étant donné que ce pays se trouvait à ce moment en situation de conflit, elle s’est rendue à Accra où étaient réunies les parties aux pourparlers de paix pour le Libéria, menés sous l’impulsion de la CEDEAO. La mission s’est ensuite rendue en Guinée les 2 et 3 juillet et en Sierra Leone du 3 au 4 juillet. Pendant son séjour, la mission a noté que la stabilité paraissait précaire dans la région d’Afrique de l’Ouest. Si la Sierra Leone était plus stable que lors de la précédente mission du Conseil de sécurité effectuée dans la région en octobre 2000, la situation s’était gravement détériorée dans plusieurs autres pays. La Côte d’Ivoire, sortant d’un conflit, était aux prises avec des difficultés liées à l’application de l’Accord de paix de Linas-Marcoussis; la Guinée-Bissau, bien qu’apparemment calme, risquait de retomber dans le conflit du fait des reports des élections législatives, des menaces aux libertés démocratiques, des entraves à la relance économique et de l’usurpation des pouvoirs de l’Assemblée nationale; plus grave encore, le conflit s’est intensifié au Libéria, les combats faisant rage dans les rues de Monrovia. Pendant tout son séjour, la mission a entendu pratiquement le même discours pour ce qui est des
causes des conflits en Afrique de l’Ouest, à savoir la pauvreté et une mauvaise gouvernance, la prolifération des armes légères et les mouvements transfrontières de mercenaires. La communauté internationale doit s’attaquer à ces problèmes et aux autres problèmes persistants de la région en consacrant plus de moyens et de ressources pour les résoudre; non-respect des droits de l’homme, traitement des réfugiés, utilisation d’enfants soldats et accès de l’aide humanitaire. La mission recommande un renforcement de l’appui à la CEDEAO et aux initiatives sous-régionales.
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