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CS/2519

LES PROBLEMES QUI SE POSENT EN AFRIQUE DE L’OUEST NE POURRONT ETRE REGLES QUE SI TOUTES LES PARTIES RESPECTENT LEURS ENGAGEMENTS, ESTIME LA MISSION DU CONSEIL

09/07/2003
Communiqué de presse
CS/2519


Conseil de sécurité

4785e séance – matin


LES PROBLEMES QUI SE POSENT EN AFRIQUE DE L’OUEST NE POURRONT ETRE REGLES QUE SI TOUTES LES PARTIES RESPECTENT LEURS ENGAGEMENTS, ESTIME LA MISSION DU CONSEIL


Réuni sous la présidence de M. Inocencio Arias (Espagne), le Conseil de sécurité a examiné ce matin le rapport* de la mission effectuée par ses quinze membres en Afrique de l’Ouest du 26 juin au 5 juillet derniers.  A cet effet, le Conseil a entendu une présentation de M. Jeremy Greenstock, Représentant permanent du Royaume-Uni, qui a conduit cette mission, suivie d’un exposé de M. Adolfo Aguilar Zinser, Représentant permanent du Mexique, qui a dirigé une mission du Conseil en Guinée-Bissau, et qui est aussi le Président du Comité des sanctions sur la Sierra Leone.


Le déroulement de la mission du Conseil en Afrique de l’Ouest, au moment où se préparait le Sommet de l’Union africaine à Maputo au Mozambique, et au moment où la communauté internationale et le Président des Etats-Unis, qui se trouve actuellement en visite officielle en Afrique, prenaient des mesures pour résoudre la question du Libéria, permettra de trouver et de mettre en œuvre des synergies qui pourront favoriser le règlement des problèmes qui déchirent encore l’Afrique de l’Ouest, a estimé M. Greenstock.  Les travaux de la mission du Conseil, a-t-il indiqué, ont essentiellement porté sur le règlement des questions relatives aux situations d’instabilité qui prévalent en Guinée-Bissau, au Libéria, en Côte d’Ivoire et en Sierra Leone.  Cependant, au vu de l’interdépendance qui existe entre les conflits de la sous-région, la mission a aussi examiné la situation de l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble, et elle a fait, dans son rapport, des recommandations qui permettraient à cette région de se relever de la longue période d’instabilité dont elle émerge, a déclaré M. Greenstock.


Dans son exposé sur la mission menée conjointement par le Conseil de sécurité et le Groupe consultatif du Conseil économique et social en Guinée-Bissau, M. Adolfo Aguilar Zinser a pour sa part déploré que la crise économique et sociale que traverse ce pays se soit aggravée au point de devenir une menace potentielle pour toute la sous-région.  Il est impératif que les autorités de Guinée-Bissau respectent les engagements qu’elles ont pris concernant la tenue d’élections justes et transparentes, a-t-il dit, tout en appelant la communauté internationale, et notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) à reprendre leur coopération économique et financière avec la Guinée-Bissau.  Exprimant les félicitations de la mission du Conseil à l’équipe des Nations Unies en Guinée-Bissau, M. Aguilar Zinser a toutefois recommandé que le Secrétaire général et le Conseil de sécurité suivent de près l’évolution de la situation que traverse ce pays et dont la dégradation aurait des conséquences graves pour toute l’Afrique de l’Ouest.


Présentation du rapport sur la mission du Conseil de sécurité en Afrique de l’Ouest


M. JEREMY GREENSTOCK, Représentant permanent du Royaume-Uni et Chef de la mission du Conseil de sécurité en Afrique de l’Ouest, a rappelé  que du 26 juin au 5 juillet, les 15 membres du Conseil qui ont participé à cette mission, ont essentiellement travaillé sur les questions relatives à la Guinée-Bissau, au Libéria, à la Côte d’Ivoire et à la Sierra Leone.  La mission a aussi examiné la situation de la région d’Afrique de l’Ouest dans son ensemble.  Après examen, il s’est avéré nécessaire que les organes et agences d’aide et de développement des Nations Unies créent un nouveau cadre de soutien qui permettrait à la région de se relever des nombreux conflits dont elle a souffert.  Le rapport comprend un certain nombre de recommandations qui vont dans ce sens et dont l’application va bien  au-delà du seul système des Nations Unies. 


Le report du départ de la mission a finalement permis de faire coïncider son déroulement avec le début des démarches initiées par la communauté internationale sur le règlement de la situation qui prévaut au Libéria.  Le retour de la mission, au moment où le Président des Etats-Unis se trouve en Afrique et où le Sommet de l’Union africaine se tient à Maputo, au Mozambique, permettra de trouver et de mettre en œuvre des synergies qui pourront favoriser le règlement des questions qui se posent à l’Afrique de l’Ouest.


Concernant la situation de la Côte d’Ivoire, la mission a dit à toutes les parties concernées que la mise en œuvre de l’Accord de Linas-Marcoussis doit servir de base à tout règlement politique des problèmes auxquels est confronté le pays.  Nous pensons que ce message unanime du Conseil a été entendu.  Nous nous félicitons que les Forces armées de Côte d’Ivoire (FANCI) aient publié une déclaration garantissant qu’elles respecteraient la mise en œuvre de l’Accord.  Concernant le Libéria, la mission ne s’est pas impliquée dans les négociations que mène la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a fait observer M. Greenstock.  Nous avons eu cependant des réunions à Accra avec les responsables des Etats de la région, et nous avons dit aux parties au conflit qu’elles devaient respecter les termes du cessez-le-feu qui a été conclu sur le terrain.  Les problèmes humanitaires, et ceux liés aux enfants soldats doivent être le plus rapidement réglés.  La situation humanitaire du Libéria est l’une des pires que nous ayons jamais vue.  Certains responsables des parties libériennes se sont rendues à Maputo pour avoir des contacts avec les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine qui peuvent contribuer au règlement de la situation au Libéria.  Nous avons été frappés par l’appel unanime lancé par la population du pays à la communauté internationale pour qu’elle lui vienne en aide.  Nous pensons que la CEDEAO pourrait à cet égard jouer un rôle important de secours d’urgence.


Concernant les questions qui se posent sur la personne du Président Charles Taylor, la mission a dit qu’elle soutenait l’inculpation prononcée contre lui par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone.  L’offre d’asile qui lui a été faite parle Nigéria relève de la souveraineté de ce pays et ne concerne pas le Conseil de sécurité.  Quant à la Sierra Leone, nous avons présenté nos félicitations au Président Tejan Kabbah.  Beaucoup reste cependant à faire dans ce pays en ce qui concerne la normalisation de l’exploitation de ses ressources, notamment diamantifères.  Nous espérons que la région d’Afrique de l’Ouest recevra une aide substantielle de la communauté internationale, les ressources humaines et matérielles de la CEDEAO étant limitées.  Nous devons soutenir la sous-région et renforcer les capacités de la CEDEAO.  La mission a suggéré que le Représentant spécial du Secrétaire général fasse une étude sur la manière dont la coordination entre l’ONU et la CEDEAO pourrait être améliorée.  Le rapport contient à cet égard un certain nombre de recommandations.  Nous nous félicitons de la coordination qui existe en ce moment entre le Conseil et l’ECOSOC pour ce qui est des questions africaines, et en tant que Représentant du Royaume-Uni, je suis heureux de la collaboration entre mon pays et la France, a souligné M. Greenstock.


M. ADOLFO AGUILAR ZINSER, Représentant permanent du Mexique auprès des Nations Unies, intervenant également en sa qualité de Chef de la mission du Conseil en Guinée-Bissau et Président du Comité des sanctions du Conseil de sécurité sur la Sierra Leone, a déclaré que la mission du Conseil en Guinée-Bissau s’était bien déroulée.  Menée conjointement avec l’ECOSOC, la mission a permis de mieux identifier les problèmes qui se posent à ce pays.  Le Conseil et le Groupe consultatif de l’ECOSOC sur la Guinée-Bissau ont travaillé sur les questions de développement et de paix en Guinée-Bissau et dans la région.  La Guinée-Bissau est au bord d’une grave crise économique et sociale.  L’acuité de cette crise est dangereuse, car elle menace la stabilité du pays et de la région.  Seule une coopération internationale coordonnée et renforcée peut éviter le pire.  La Guinée-Bissau est en situation post-conflit, et il est nécessaire que les autorités du pays respectent les engagements qu’ils ont pris sur l’évolution politique du pays.  La tenue d’élections transparentes et justes est nécessaire.  Les forces armées du pays ont récemment réitéré leur respect du processus de changement et de la prééminence des autorités civiles.  Mais la situation matérielle et morale de l’armée est dramatique, les soldes des militaires n’étant pas versées, ce qui peut entraîner des évolutions incontrôlables.  Ce qui se passera en Guinée-Bissau aura des implications sur d’autres situations de conflit et d’instabilité qui existent en ce moment en Afrique de l’Ouest, a prévenu M.Aguilar Zinser.


Nous pensons qu’il est nécessaire que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale reprennent leur coopération avec la Guinée-Bissau, qui doit recevoir plus d’aide.  Mais dans le même temps, il est indispensable que les autorités de ce pays donnent des gages de bonne volonté en faveur de la création d’un Etat de droit.  L’équipe de l’ONU en Guinée-Bissau fait un travail remarquable et nous avons félicité le Représentant spécial du Secrétaire général, M. David Stephens, pour la manière dont il conduit la mission qui lui a été assignée.  La mission du Conseil de sécurité a pu dialoguer avec toutes les parties prenantes au processus de changement que l’ONU soutient en Guinée-Bissau.  Mais au moment de notre départ, le Gouvernement ne nous avait toujours pas donné de date ferme pour la tenue des élections.  La mission a insisté pour que soient rapidement promulguées les règles qui régiront le futur scrutin. 


Nous avons demandé un certain nombre d’engagements de la part du Gouvernement: ainsi, un accord sur la citoyenneté doit être conclu avec toutes les forces politiques; les autorités doivent respecter le résultat des élections, quel qu’il soit; une fois l’Assemblé nationale mise en place, la question de la Constitution et celle de la création de la Cour suprême doivent être réglées.  L’avenir de la Guinée-Bissau dépendra d’un déroulement harmonieux de ce processus dont le succès aiderait toute la région.  Il est donc impératif que la communauté internationale soutienne pleinement les initiatives lancées en Guinée-Bissau.  La mission recommande donc que le Secrétaire général et le Conseil de sécurité restent en contact permanent avec les acteurs du processus initié en Guinée-Bissau.


* Ce rapport sera publié vendredi, le 11 juillet, dans sa forme définitive, sous la cote (S/2003/688)

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