En cours au Siège de l'ONU

CS/2510

LE CONSEIL DE SECURITE ENGAGE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE A RENFORCER LA COOPERATION POUR LUTTER CONTRE LA PRODUCTION ET LE TRAFIC DE DROGUE EN AFGHANISTAN

17/06/2003
Communiqué de presse
CS/2510


Conseil de sécurité

4774e séance – matin et après-midi


LE CONSEIL DE SECURITE ENGAGE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE A RENFORCER LA COOPERATION POUR LUTTER CONTRE LA PRODUCTION ET LE TRAFIC DE DROGUE EN AFGHANISTAN


Il souligne la nécessité d’améliorer la situation sécuritaire dans les

provinces et d’étendre l’autorité de l’Administration intérimaire à tout le pays


Préoccupé de ce que les quantités d’opium produites en Afghanistan en 2002 atteignent de nouveau les niveaux élevés du passé, le Conseil a, à l’issue d’une séance publique sur la situation en Afghanistan, adopté une déclaration présidentielle par laquelle il engage la communauté internationale, en collaboration avec la Mission d’assistance des Nations Unies (MANUA) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) à renforcer la coopération entre les pays concernés en matière de lutte contre la production et le trafic de drogue en Afghanistan. 


Cette réunion intervient six semaines après l’appel* lancé par le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, M. Lakhdar Brahimi, sur les risques que représentent l’insécurité et les activités liées à la drogue sur le processus de paix et de reconstruction.


Conscient des liens qui existent entre le trafic de drogues illicites et le terrorisme, ainsi que d’autres formes de criminalité qui menacent la stabilité de l’Afghanistan et la paix et la sécurité dans la région, cette déclaration souligne également la nécessité de mettre en place un programme d’action complet dans la région, les Etats de transit et de destination de la drogue. 


Après la présentation d’un exposé par le Directeur général de l’Office des Nations Unies la lutte contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Antonio Maria Costa, et d’un autre par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Marie Guéhenno, le Conseil a entendu, outre ses membres, douze délégations.  M. Costa a présenté l’ampleur de la production du pavot en Afghanistan, qui en 2003, risque à nouveau d’être le principal producteur mondial d’opium.  Après une chute notable en 2000-2001, la production d’opium est estimée par les Nations Unies à 3 400 tonnes en 2002, et il devrait en être de même en 2003.  On estime que 20% du PNB afghan proviennent de cette culture dont dépendent 6% de la population. 


Tout en se félicitant des efforts du Gouvernement transitoire pour asseoir son autorité, M. Guéhenno s’est pour sa par inquiété d’une situation en matière de sécurité qui est telle, qu’un tiers de l’Afghanistan reste inaccessible aux Nations Unies.  Cette situation remet sérieusement en cause le processus de reconstruction, les travaux préparatoires de la Loya Jirga constitutionnelle qui doit être mise en place fin 2003, les élections nationales prévues en juin 2004, ainsi que les opérations de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), prévus par l’Accord de qui sont intervenues aujourd’hui ont souligné les liens entre la production de Bonn, auquel ont adhéré l’ensemble des parties afghanes en décembre 2001. 

L’ensemble des délégations qui sont intervenues aujourd’hui ont souligné les liens entre la production de pavot, l’insécurité, les difficultés économiques et la corruption en Afghanistan.  Le Directeur général de l’ONUDC a précisé que si les activités liées à la production d’opium constituaient un frein à la reconstruction du pays, il était bon de noter que les retards dans l’instauration d’un état de droit paralysent la capacité du Gouvernement intérimaire afghan à lutter contre l’économie de la drogue. 


De leur côté, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont décidé d’allouer respectivement 140 et 170 millions de dollars à la lutte contre ce fléau en Afghanistan au cours des prochaines années.  La France, quant à elle, a accueilli une Conférence internationale intitulée «Sur la route de la drogue de l’Asie vers l’Europe» qui a abouti le 22 mai à l’adoption «Pacte de Paris» au terme duquel 55 Etats touchés par le trafic de drogues produites en Afghanistan ont décidé de conjuguer leurs efforts pour lutter contre ce fléau. 


En dépit des efforts du Gouvernement intérimaire, qui se sont traduits le 17 janvier 2003 par la promulgation d’un décret présidentiel interdisant la production de pavot, le représentant de l’Afghanistan a fait observer que la lutte contre le fléau de la drogue ne sera couronnée de succès que lorsqu’il sera en mesure d’imposer un ordre crédible et d’indemniser les agriculteurs qui reconvertissent leur production.  L’Afghanistan, a-t-il ajouté, travaille actuellement à la mise en place d’une stratégie nationale pour le contrôle de la drogue d’ici à 2013, mais la collaboration de la communauté internationale est indispensable pour nous permettre de mettre un terme à ce fléau. 


* voir notre communiqué de presse CS/2490 du 6 mai 2003



LA SITUATION EN AFGHANISTAN


Déclarations


M. JEAN-MARIE GUEHENNO ,; Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a estimé que l’accent mis sur le problème de la drogue en Afghanistan au cours de cette séance est trèsdes plus opportuns, alors que ce phénomène menace la stabilité immédiate et à long terme de ce pays.  Tout en regrettant que l’Administration transitoire peine toujours à imposer son autorité en dehors de Kaboul, 19 mois après l’Accord de Bonn et la mise en place d’une autorité intérimaire, il s’est félicité de l’engagement pris parque 12 gouverneurs et commandants régionaux les plus influents, le 20 mai dernier, pour2003 à mettre en œuvre une décision en 13 points du Conseil national de la sécurité afghane.  Celle-ci porte notamment sur l’interdiction du recrutement ou de la constitution d’une milice privée, du cumul de mandats à la fois civil et militaire, mais aussi sur l’obligation de transmettre au Gouvernement central les revenus et impôts perçus localement. 

Depuis , le Ministère des finances s’est assuré des revenus douaniers de plusieurs régions, notamment 20 millions de dollars de la province de Herat.  Le total des 40 millions de dollars obtenusrécoltés à ce jour, sur les 200 millions de dollars prévu s dans le projet de budget, ont permis de régler les arriérés de salaires des fonctionnaires et des soldats de l’armée afghane. 

S’inquiétant de l’absence de volonté de certains de respecter les accords signés, M. Guéhennoil a tout particulièrement souligné le cas de Ismael Khan qui refuse toute cession d’autorité au profit du pouvoir central.  A cet égard, il a souligné la nécessité pour le Gouvernement afghan et la communauté internationale d’adresser un signal clair que les signataires sont tenus de respecter leurset fort aux protagonistes de cetaccord afin de leur faire savoir qu’ils seront tenus responsables de leurs engagements. 

S’agissant de la situation des droits de l’homme qui demeure dans l’ensemble un sujet de grave préoccupation du fait d’une absence presque générale de l’état de droit, M. Gu éehenno a salué la mise en place des sept bureaux satellites de la Commission indépendante des droits de l’homme afghane.  Pour palier à cette carence, il a souligné la nécessité de rétablir la primauté du droit, par la mise en place d’un secteur judiciaire efficace.  Dans ce contexte, il s’est félicité des travaux de la commission judiciaire habilitée par l’Accord de Bonn à organiser un vaste programme de réforme législativede droit, à déterminer les besoins techniques et logistiques du futur secteur judiciaire. 

LeEn outre,  Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paixil   a souligné par ailleurs les progrès réalisés par la Commission constitutionnelle inaugurée le 26 avril dernier et qui a commencé ses premières consultations publiques le 6 juindernier.  Le projet de constitution qui tiendra des résultats de la consultation publique et des recommandations de la Commission sera présenté en septembre prochain.  LeEn ce qui concerne ce projet d’aboutir à uneconstitution d’ici la fin de l’année, des arrangements sécuritaires etlogistiquesont été pris entre le Gouvernement, la MANUA, des représentants de la communauté internationale et les forces internationales de sécurité discutent actuellement des mesures en matière de sécurité et de logistique dont la complexité, a précisé M. Guéhenno, ne doit pas être sous-estimée. 

En ce qui concerne, l’organisation des élections nationales prévues en juin 2004, M. Guéhennoil a indiqué que six coordinateurs régionaux avaient été recrutés, en soulignant la complexité et le coût des opérations d’inscription et de recensement des électeurs qui vont devoir être menées essentiellement par les Nations Unies, même si les autorités afghanes considèrent de plus en plus la possibilité de créer une commission électorale. 

LaEnfin et non des moindres, la question d question de la sécurité demeure très préoccupante, comme l’a montréalors que la communauté internationale s’est rendue compte récemment de toute la fragilité de la paix lorsqu’un l’attentat suicide qui aà causé la mort, le 7 juin dernier, de quatre soldats allemands de la FIAS, et blessé 29 autresblessant 29 personnes.  Alors que l’on constate des combats persistants entre factions rivales dans le nord, le 16 mai dernier, des combats entre les factions rivales de deux commandants de police ont contraint  entrainé l’interruption des activités des l’ONU pendantdurant quatre jours et causé la mort d’un coord ionnateur de la sécurité de l’ONU.  Dans le sud et le sud-ouest du pays, ont été signalés ont été signalés des incidents entre des groupes apparemment liés aux Taliban et des forces de la coalition ou de l’armée afghane.  Dans la province de Zabul , des patrouilles de police ont été pris es dans uneen embuscade et deux policiers tués, alors que le programme de déminage des Nations Unies à du être interrompu après que ses bureaux aient été victimes de plusieurs attaques le long de la route Kandahar-Kaboul. 

La situation sécuritaire, a-t-il prévenu M. Guéhenno, est telle que les déplacements par voie terrestre des éléments des Nations Unies sont suspendus dans les provinces de Zabul, Uruzgan, Kandahar et le nord de Helmand et conduits uniquement sous escorte militaire sur les voies principales.  Aujourd’hui , un tiers de l’Afghanistan est inaccessible aux Nations Unies, situation qui remet très sérieusement enan cause ses travaux et le processus de reconstruction dans son ensemble, mais aussi les travaux préparatoires de la Lloya Jjirga constitutionnelle, lesdes futures élections et lesdes opérations de désarmement, démobilisation et de réintégration des anciens combattants(DDR). 

Même si des progrès ont été accomplis dans le domaine defaits dans la formation de l’armée et de la police , assurée respectivement par les Etats-Unis et l’Allemagne, le succès de ces structures ne sera possible qu’ avec la mise en placeen présence d’un secteur judiciaire efficace , a souligné M. Guéhenno.  Il s’est en outre félicité de la contribution du Japon, qui devra permettra la mise en œuvre dugrâce auquel le programme de désarmement, démobilisation et de réintégration des anciens combattants, même si les factions concernées ont du mal à faire confiance à un ministère de la défense peu représentatif des réalités régionales ou ethniques de l’Afghanistan. 

En conclusion, M. Guéhennoil a rappelé que si la mise en place d’institutions afghanes fonctionnelles et d’activités civiques est la réponse ultime à apporter, le renforcement et un déploiement conséquents de la force internationale de sécurité sont indispensables pour assurer la sécurité de la mise en œuvre du processus de Bonn et de la reconstruction de l’Afghanistan.  Or , force est de constater que si les cadres technique et logistique évoluent avec le processus de paix, le climat actuel demeure peu propice.  Lel’environnement lui reste peu favorable, alors quele processus entre dans sa phase la plus critique: la mise en place d’une constitution et des premières élections nationales. 

M. ANTONIO MARIA COSTA, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a précisé que si l’opium provient d’Afghanistan, il faut considérer le problème dans son ensemble, la responsabilité de cette menace incombant aussi au reste du monde, particulièrement aux pays d’Europe qui en sont les consommateurs.  Dans tous les cas, a–t-il ajouté, le problème des narcotiques d’origine afghane, (opium, morphine, héroïne) est grave.  Le Directeur de l’ONUDC a cependant précisé que les activités illégales ne sont pas le fait de tout le territoire afghan, seulement un pour cent des terres étant consacré à la culture du pavot à opium.  Pas plus de 6% des familles dépendent de la production illicite pour leur survie et seules 5 provinces sur les 31 que compte le pays produisent de l’opium en grande quantité. 


On peut dire que la production d’opium est un frein à la reconstruction du pays mais on peut également avancer que les retards dans l’édification de la primauté du droit ralentissent la capacité du gouvernement à réduire l’économie de la drogue.  En 2002, 74 000 hectares ont été consacrés à la culture du pavot à opium, avec une production de 3 400 tonnes, dans 5 provinces.  En 2003, il semble que la culture de l’opium s’est étendue à d’autres zones alors qu’une baisse de production a été enregistrée dans les provinces traditionnellement impliquées dans ce type d’activités.  Malgré les efforts de l’administration provisoire afghane, l’Afghanistan restera le plus grand producteur d’opium au monde alors que la production dans «le triangle d’or» est à la baisse.  Au cours des dernières années de guerre en effet, le trafic de drogue, comme le trafic d’armes ont fourni des moyens de subsistance représentant 20% du PNB.


Pour libérer l’Afghanistan de ce phénomène, il est indispensable de développer des sources alternatives de revenus.  Cette tache se trouve cependant compliquée par des facteurs économiques et politiques et notamment en matière de sécurité.  Sur le plan économique, a expliqué M. Costa, le pays semble défier les lois économiques en vertu desquelles les prix et les risques induits sont liés.  Par exemple, l’opium qui se négociait à 35-50 dollars par kilo est récemment passé à 550-600 dollars par kilo.  En termes macroéconomiques, alors que la valeur des récoltes dans les années 90 était de 150 millions de dollars par an, le revenu en 2002 est passé à 1,2 milliard, soit le montant de l’aide internationale fournie en 2002.  Le défi aux lois économiques se trouve reflété dans le fait que le prix de l’opium a augmenté alors que les risques liés à cette culture n’ont pas augmenté proportionnellement. 


Débarrasser l’Afghanistan de la culture de l’opium exigera davantage de moyens politiques, financiers et des efforts en matière de sécurité.  Les trafiquants de drogue constituent des ersatzs des Taliban et de Al-Qaida qui ont intérêt à ce que l’Etat demeure faible.  Par ailleurs, la corruption est à la fois une cause et une conséquence du narcotrafic.  L’élément commun sur le parcours qu’empruntent les drogues est la présence d’éléments corrompus tout au long du processus, que ce soit au niveau des douanes ou des représentants des gouvernements.  L’ancienne route de la soie est désormais pavée d’opium.  Ce trafic menace également la stabilité des pays qui se trouvent tout au long de cette route.  En vertu de la Stratégie nationale de contrôle des drogues adoptée le mois dernier par le Gouvernement afghan, la production d’opium devrait être éliminée d’ici dix ans.  L’économie de la drogue peut être convertie en faveur de la paix et du développement si le Gouvernement s’attaque aux causes de ce fléau.  Il doit mettre un terme dans un premier temps à la production, au financement et au trafic puis fournir une aide aux agriculteurs pauvres par le biais notamment du microcrédit, de l’accès à l’éducation et à l’emploi; par la transformation des bazars en lieux de commerce modernes et en neutralisant les efforts des seigneurs de la guerre.


La communauté internationale doit de son côté fournir un effort à la mise en œuvre de la Stratégie de contrôle des drogues; promouvoir la lutte contre ce trafic en Afghanistan et dans les pays voisins; intégrer cette question dans les efforts de reconstruction; promouvoir des moyens de subsistance alternatifs; aider les Afghans dans leurs efforts de réforme du système judiciaire et fournir un suivi à la conférence de Paris sur les routes de la drogue.


M. JEAN-MARC DE LA SABLIERE (France) a déclaré que les trafics de drogue en Afghanistan constituent une lourde menace pour la paix et la sécurité internationales.  La drogue en effet trouve sa place aux côtés des grandes menaces d’aujourd’hui que sont le terrorisme, la prolifération du crime organisé.  Une part importante de l’opium afghan est consommée en Europe et les pays de transit sont de plus en plus nombreux.  A la route traditionnelle passant par les Balkans sont venues s’ajouter une série de routes à travers l’Asie centrale.  La distinction entre pays de transit et pays consommateurs n’est plus pertinente.  Pour l’Afghanistan, a ajouté le représentant, la production et les trafics de drogue représentent un énorme défi.  La poursuite de la culture du pavot bloque les réformes indispensables à la modernisation du pays.  Lutter contre la culture du pavot c’est faire progresser deux grands volets du processus de Bonn: celui de la sécurité dans les provinces et celui de l’affermissement du pouvoir central vis-à-vis des potentats locaux.  La MANUA fournit un appui irremplaçable aux autorités afghanes sur ces deux fronts.


Le pari n’est pas gagné.  Après une chute notable en 2000-2001, la production d’opium est estimée par les Nations Unies à 3 400 tonnes en 2002 et la récolte pour 2003 devrait être du même ordre.  Aujourd’hui, 20% du PNB afghan provient de la culture de l’opium et quatre à six millions d’Afghans en vivent. 


Le Président Karzaï a récemment pris des mesures courageuses pour faire face à ce défi, a souligné M. La Sablière, précisant qu’un plan d’action a été adopté par le gouvernement en transition qui propose une stratégie de long terme pour éliminer totalement d’ici à 2013 la culture du pavot en Afghanistan.  Nous devons appuyer ces mesures, en liaison avec les nations cadres que sont Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie.  Cela suppose qu’il faut soutenir le développement durable de cultures de substitutions.  Pour mettre en œuvre cette stratégie, et s’attaquer au problème sous tous ses aspects, a insisté le représentant, une mobilisation internationale est indispensable.  La réponse de la communauté internationale au fléau de la drogue doit respecter certains principes et les objectifs doivent être équilibrés sur le plan de la réduction de l’offre et de la demande.  La coordination doit être améliorée sur le plan régional et international.  A l’initiative de la France, 55 Etats gravement touchés par le trafic d’opium et d’héroïne produite en Afghanistan ont adopté une déclaration intitulée «Pacte de Paris» le 22 mai dernier, qui a été distribuée comme document officiel du Conseil de sécurité.  Par ce Pacte, les Ministres ont convenu de conjuguer leurs efforts pour lutter contre ce phénomène.


M. CARLOS PUJALTE (Mexique) a déclaré qu'en Afghanistan comme ailleurs, la communauté internationale doit renforcer la coopération internationale pour analyser les racines des conflits et agir de façon opportune en matière de développement économique et de reconstruction des institutions nationales.  En dépit des progrès accomplis par l'Autorité provisoire sur la base des Accords de Bonn, nous sommes préoccupés par les problèmes persistants qui représentent une menace à la sécurité et à la construction de la démocratie.  Ce pays doit toujours relever de grands défis, au premier rang desquels figurent la constitution d'un gouvernement et d'une police nationale, le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants, la lutte contre la production de stupéfiants, la constitution d'une culture de respect des droits de l'homme, l'élaboration et l'adoption d'une nouvelle constitution et l'organisation d'élections générales.  Dans tous ces domaines, la coopération internationale est indispensable, en particulier en ce qui concerne l'organisation des élections prévues en 2004.  Le Mexique est également d'avis qu'il est important de promouvoir l'éducation, la santé et la construction de nouvelles infrastructures. 


Nous condamnons aussi fermement les attaques du 7 juin dernier contre des membres de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) ainsi que celles perpétrées contre le personnel humanitaire.  En ce qui concerne la production de drogues, nous estimons que les pays dans lesquels la consommation a augmenté ont un rôle à jouer en matière de lutte contre la vente d'héroïne dans les grandes zones urbaines.  Le Conseil de sécurité doit tenir compte des principes de base sur lesquels la communauté internationale s'est mise d'accord en matière de lutte contre les stupéfiants, à savoir ceux qui sont inscrits dans la Déclaration ministérielle issue de la quarante-sixième session de la Commission des stupéfiants tenue en avril dernier.  Au cours des négociations autour de cette Déclaration, les principes de responsabilité commune et partagée ont été réaffirmés ainsi que ceux d'une coopération internationale fondée sur l'analyse des aspects liés aussi bien à l'offre qu'à la demande de stupéfiants.  De même, le Mexique se félicite de l'initiative de la France qui a organisé en mai de cette année «la Conférence sur les routes de la drogue en Asie centrale et en Europe».


M. MAMADY TRAORE (Guinée) a estimé que si sur le plan politique des progrès notables ont été réalisés dans le cadre de l’application de l’Accord de Bonn, l’insécurité demeure le principal obstacle à la création de l’état de droit en Afghanistan.  L’Afghanistan se trouve à la croisée des chemins, a poursuivi le représentant, rappelant que le processus constitutionnel engagé il y a quelques mois est censé conduire à terme à des élections transparentes et crédibles, à la constitution d’un gouvernement multiethnique largement représentatif, et à la mise en place d’institutions viables chargées d’assurer la primauté du droit, le respect des libertés fondamentales et la promotion de l’égalité entre les sexes.  Les drogues illicites constituent l’une des principales sources de financement des activités criminelles et du terrorisme international, a observé ensuite M. Traoré, indiquant qu’en Afghanistan, la culture illicite du pavot et la production et le trafic de drogues demeurent une préoccupation majeure. 


Soulignant les mesures prises par l’Administration intérimaire, sous la conduite du Président Karzaï, pour parvenir à l’élimination de la culture du pavot, il a jugé qu’il s’agissait là d’une lutte de longue haleine et qu’il incombe aux autorités afghanes de veiller à l’application rigoureuse de ces mesures et d’éduquer les populations sur les dangers de l’opium.  La communauté internationale devra, quant à elle, aider à la réalisation de projets de développement à impact rapide, notamment pour des cultures de substitutions susceptibles de générer des revenus substantiels aux agriculteurs.  L’Accord de Bonn est entré dans une phase cruciale de consolidation du processus de paix et de relèvement de ce pays qui a besoin du soutien politique et de l’aide financière de la communauté internationale, a conclu le représentant guinéen. 


M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) a estimé que le thème de cette réunion reflète un aspect important et complexe du dossier afghan qui exige de la communauté internationale la nécessité de continuer à jouer un rôle central dans la reconstruction du pays.  Les problèmes liés à la sécurité et à la drogue sont l’un des obstacles principaux qui entravent le processus de paix.  La culture du pavot est un sujet de préoccupation aux niveaux national, régional et mondial dans la mesure où les profits tirés de ce trafic alimentent le terrorisme international. 


Une stratégie cohérente et complète sous la houlette des Nations Unies est nécessaire.  Il faudra offrir des cultures alternatives à la culture du pavot.  Il faudra également renforcer les structures étatiques afghanes, améliorer la législation et assurer le respect de la primauté du droit.  Ces efforts doivent s’accompagner d’une campagne d’information sur les dangers liés à la culture du pavot.  Cette lutte ne doit pas se limiter au pays mais elle doit également être menée par l’ensemble de la communauté internationale.


L’Afghanistan produit actuellement plus de 3 500 tonnes d’opium par an, a souligné M. IYA TIDJANI (Cameroun), s’inquiétant de cette évolution dans la mesure où il y a seulement deux ans, la culture du pavot était tombée à quelques centaines de tonnes.  Le lien entre la production du pavot, l’insécurité, les difficultés économiques, la corruption et la consolidation de l’état de droit est clairement établi, a-t-il poursuivi, avant de remercier le Gouvernement français pour avoir organisé les 21 et 22 mai dernier à Paris une Conférence ministérielle sur les routes de la drogue de l’Asie centrale à l’Europe.  Les préoccupations relevées par les participants à la réunion de Paris sont sensiblement identiques aux problèmes enregistrés dans les zones de culture ou de transit de la drogue en Amérique latine, en Afrique sub-saharienne ou en Asie du Sud-Est, a constaté M. Tidjani. 


La production et le trafic de drogues constituent un des défis les plus importants auquel est confronté l’Afghanistan post-taliban, au même titre que ceux liés à sa reconstruction, à sa sécurité et à la consolidation de l’état de droit, a ajouté le représentant du Cameroun, déplorant que les chefs de guerre qui sont au cœur de la dynamique économique et politique en Afghanistan contrôlent, en relation avec la criminalité transnationale, la production et le trafic de l’opium provenant de ce pays.  Il a ensuite rendu hommage aux efforts de certains pays –Royaume-Uni, Allemagne et Italie- pour maîtriser ce phénomène mais a souligné toutefois que les efforts déployés ont connu un succès mitigé.  La mobilisation de la communauté internationale face à un tel phénomène suppose une action vigoureuse dans les zones de production qui passe par la diversification de la production agricole et par l’amélioration des rendements afin de convaincre les paysans de renoncer à la culture du pavot en se réorientant vers une agriculture de rente rémunératrice.  Une telle mobilisation suppose également de renoncer à l’ambiguïté entretenue à l’endroit des chefs de guerre qui non seulement contrôlent le commerce de la drogue mais sont de plus en plus présents dans tous les secteurs de l’activité économique et dans la consolidation du processus politique, directement ou à travers leurs alliés, a fait observer M. Tidjani. 


M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) s’est dit inquiet de la situation en matière de sécurité dans les provinces afghanes, notant en particulier la persistance de la violation des droits de l’homme.  La lutte contre la production de la drogue est une des dimensions les plus importantes du processus de reconstruction dans la mesure où cette production a des implications non seulement pour l’Afghanistan, mais également pour le reste du monde et tout particulièrement pour le continent européen.  La Bulgarie qui se trouve sur la route de la drogue provenant d’Asie centrale est très touchée par ce phénomène.  Notant que 3,3 millions d’Afghans vivent de la production d’opium, et que 60 à 70% de l’héroïne vendue en Europe provient de ce pays, il a souligné toute la difficulté de venir à bout de ce fléau.  Le représentant a salué cependant les efforts de l’Administration transitoire de Afghanistan en matière de lutte contre la drogue, et a tout particulièrement remercié la contribution du Royaume-Uni en ce domaine, mais également de l’Allemagne, chargée de la formation de la police, et de l’Italie qui travaille à la modernisation de la justice afghane.  De l’avis de sa délégation, l’un des meilleurs moyens de lutter contre ce phénomène est de limiter la demande dans les pays consommateurs. 


M. HERALDO MUNOZ (Chili) a fait part du soutien de son pays au processus en cours en Afghanistan, notamment le processus constitutionnel qui s’est concrétisé par la création d’une Commission constitutionnelle.  La sécurité continue de constituer le défi le plus sérieux et nous sommes préoccupés par les attaques de plus en plus nombreuses menées à l’encontre du personnel international par des éléments rebelles.  Il faut en priorité accélérer les réformes dans le domaine de la sécurité, y compris le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants. 


Le problème de la drogue, a ajouté le représentant, exige une approche globale où les responsabilités sont partagées.  Il est préoccupant de constater que des zones qui n’étaient pas des terres traditionnelles du pavot sont désormais consacrées à cette culture.  Nous notons cependant que la production a baissé dans certaines provinces.  La production, le trafic et la consommation de drogues montrent la vulnérabilité de nos sociétés.  Les Etats ne peuvent pas lutter individuellement contre ce phénomène.  Nous sommes en faveur des recommandations formulées dans l’un des derniers rapports de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, notamment la promotion de cultures de remplacement auprès des agriculteurs, y compris la fourniture de matériel et d’équipement, de semences, de fertilisants, des sources de revenus alternatifs pour les réfugiés, l’accès des femmes et des enfants à l’éducation, la mise en place de structures macroéconomiques et la mise à disposition de fonds par le microcrédit.  Il sera également nécessaire de promouvoir la coopération transfrontalière, de neutraliser les groupes impliqués dans le blanchiment d’argent et de promouvoir le partage d’information entre pays.


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a indiqué que le processus politique est vulnérable, même si les échéances ont pu être respectées jusqu’ici.  Il s’est inquiété de la fragilité de la situation sécuritaire dans l’ensemble du pays.  Car, a-t-il ajouté, la sécurité est essentielle pour permettre un relèvement plus rapide du pays et un développement de son économie.  En ce qui concerne la lutte contre la drogue, il s’agit d’un des grands défis de ce relèvement économique.  Tant que les dirigeants provinciaux auront accès aux revenus des cultures illégales, l’Autorité de transition sera menacée.  L’économie illicite comprend de nombreux secteurs au-delà de la drogue et il est clair que cette année et l’année prochaine, il y a peu de chances que les agriculteurs se reconvertissent.  Le Conseil de sécurité devrait suivre la mise en œuvre de la Stratégie nationale de contrôle des drogues.


Le représentant du Royaume-Uni a également indiqué que son pays engagera 114 millions de dollars pour la lutte contre les stupéfiants en Afghanistan dans les prochaines années.  Dans ce contexte, il a encouragé les organismes des Nations Unies à étudier des stratégies d’aide à la reconversion des producteurs de pavots.  Cette production parce qu’elle finance en partie le terrorisme international, est une menace pour tous les pays du monde.  Il s’est félicité de la conclusion le mois dernier du pacte de Paris sur les moyens de lutter contre le trafic de drogue.  Ce problème, a-t-il ajouté, ne peut-être réglé uniquement par des mesures afghanes et il est essentiel que le Conseil de sécurité s’attache à créer les conditions favorisant les succès contre ce trafic. 


      M.         . INOCENCIO ARIAS (Espagne) a déclaré que tous les progrès accomplis jusqu’à présent sont menacés par les activités des Talibans, notamment le trafic des drogues qui malheureusement est devenu un mode de vie pour de nombreuses personnes en Afghanistan.  Il est essentiel de lutter contre l’argent dérivé de ce trafic pour qu’il ne contribue pas à renforcer le pouvoir des potentats locaux.  Il existe d’importants liens entre le trafic des drogues et les activités terroristes.  La lutte contre le trafic de drogues exige la mise en place de programmes de développement, ainsi que la réduction de l’offre et de la demande des stupéfiants.  Il existe en effet une responsabilité partagée entre pays producteurs et pays consommateurs dans ce domaine.  La lutte contre le trafic de drogues doit s’inscrire dans le cadre des programmes de développement et de lutte contre la criminalité.  Nous espérons que le Pacte de Paris sera respecté de tous, a déclaré le représentant, invitant par ailleurs les parties à la Convention des Nations Unies de lutte contre le trafic de stupéfiants à contribuer aux travaux des organisations internationales spécialisées.

M. GUNTER PLEUGER (Allemagne) a regretté qu’une nouvelle fois, l’Afghanistan paraît devoir emporter le titre de premier producteur mondial d’opium en 2003.  Appelant le Conseil à trouver les moyens de lutter contre cette menace, le représentant a jugé la question d’autant plus importante puisqu’elle est étroitement liée aux autres formes de crimes organisés comme le trafic d’armes, le trafic d’êtres humains, le blanchiment d’argent, la corruption et le terrorisme.  Dans ce contexte, il a jugé que la tâche prioritaire doit être la réforme du secteur de la sécurité et la mise en place d’un système de police efficace dans tout le pays.  Rappelant la contribution de son pays à cet effort, le représentant s’est félicité des progrès enregistrés à ce jour en appelant à une mise en place rapide d’une police des frontières.


Soulignant néanmoins qu’à ce jour les succès ne concernent que la ville de Kaboul, il a estimé que l’intégration de toutes les provinces d’ici à 2004 exige la fin de l’instabilité qui découle des combats entre les chefs militaires, les groupes ethniques et les milices.  Quant aux coûts afférents à la mise en place d’une police nationale, le représentant a rappelé les estimations qui montrent qu’une somme de 180 millions d’euros sera nécessaire pour les quatre années à venir; la mise en place d’une police des frontières nécessitant une somme de 200 millions d’euros sur quatre ans.  Le représentant a ainsi démontré que le développement du secteur de la sécurité dépend en tout état de cause de l’implication continue de la communauté internationale.  


M. JOHN NEGROPONTE (Etats-Unis), notant qu’en Afghanistan, la récolte de pavot en 2003 sera aussi importante qu’en 2002, s’est inquiété des conséquences de cette production sur la situation du pays en matière de sécurité.  A cet égard, il a souligné l’urgence de faire plus et mieux en matière de lutte contre la production et le trafic de drogues.  Car, a-t-il prévenu, les revenus de la drogue contribuent à financer les groupes rebelles et les activités criminelles en général.  En outre, par sa diffusion, la drogue est également un facteur de la propagation du VIH/sida dans le reste du monde et particulièrement en Europe.  Aussi, est-il nécessaire d’accorder les mesures d’aide à de lutte contre la production du pavot et son trafic dans les pays voisins, car la lutte dans ce domaine ne sera efficace que si elle est menée dans un contexte régional.  Au niveau local, la lutte contre la drogue ne sera possible que lorsqu’il sera possible de garantir la sécurité en dehors de Kaboul.  Le représentant a appuyé les initiatives prises par le Royaume-Uni en matière de lutte contre les stupéfiants et de l’Allemagne pour la formation de la police.  Pour leur par, les Etats-Unis ont alloué 170 millions de dollars à la lutte contre ce fléau en Afghanistan.  Il importe maintenant d’adopter une approche régionale, a souligné M. Negroponte, convaincu qu’une bonne coordination avec les pays voisins de l’Afghanistan assurera une meilleure efficacité de la lutte contre la drogue. 


Par ailleurs, le représentant des Etats-Unis a indiqué que son pays avait participé à la constitution de trois équipes provinciales de reconstruction sur les huit prévues par l’Accord de Bonn et qu’il entend aujourd’hui renforcer ces équipes.  S’agissant de l’organisation des futures élections, il a déclaré que la Division de l’assistance électorale des Nations Unies envisage de soutenir le rôle de la MANUA dans ce domaine en lançant un appel à des contributions volontaires, le coût de cette activité électorale étant estimé à 100 millions de dollars.  En conclusion, il a invité la communauté internationale à contribuer le plus rapidement possible au Fonds d’affectation pour la reconstruction de l’Afghanistan pour assurer le plein succès de la mise en œuvre de l’Accord de Bonn. 


M. WANG YINGFAN (Chine) a salué les efforts déployés par l’Administration transitoire en Afghanistan sous la conduite du Président Karzaï pour normaliser la situation et a souhaité que la Loya Jirga constitutionnelle qui se tiendra en octobre prochain contribue au renforcement de l’unité, de la justice sociale, de l’état de droit et de la stabilité dans le pays.  Toutefois, l’insécurité demeure une source d’inquiétude dans de nombreuses régions du pays, a-t-il constaté, avant de prôner l’adoption de mesures concrètes par la communauté internationale pour soutenir l’Administration transitoire dans ses efforts visant à mettre sur pied des forces de police efficaces et à mettre en œuvre les programme de DDR. 


Par ailleurs, soulignant le lien étroit entre trafic de drogues, crimes transnational organisé et blanchiment d’argent, M. Wang a exhorté la communauté internationale à appuyer les pays d’Asie centrale et l’Afghanistan dans leurs efforts visant à éradiquer le fléau du trafic illicite et de la production de drogues qui ont un impact négatif sur la stabilité et le développement économique de la région.  Il est temps d’adopter des mesures à l’échelle internationale pour lutter efficacement contre la production et le commerce illicite de la drogue originaire d’Afghanistan et de faire en sorte que les Nations Unies en assurent la coordination.  Cela implique, outre des mécanismes renforcés dans les domaines de la police et des douanes, une incitation effective à la production de cultures de substitution rentables dans le monde rural, a-t-il dit, assurant que la Chine collaborera pleinement à la création de projets dans les zones rurales.  Enfin, l’Ambassadeur Wang a annoncé son prochain départ de New York et salué les autres membres du Conseil pour leur esprit de collaboration au cours des années qu’il a passées à la tête de la Mission permanente de la Chine. 


M. ISMAEL ABRAAO GASPAR MARTINS (Angola) a déclaré que ces dernières années, l’Afghanistan avait été au centre du terrorisme international et la source de trafic de drogues la plus importante au monde, constituant donc une grave menace à la paix et à la sécurité.  L’Accord de Bonn, signé par plusieurs factions antitaliban a établi le cadre de l’instauration de la paix et du relèvement du pays.  La situation de l’Afghanistan cependant est encore loin de répondre aux conditions nécessaires à la pleine application des Accords de Bonn.  La production de drogues illicites en Afghanistan est un sujet délicat.  Le programme de remplacement de la culture du pavot de l’ONU et du Conseil national afghan offre une stratégie cohérente mais qui ne portera ses fruits qu’avec la stabilisation de la situation économique et en matière de sécurité. 


Il faut trouver d’autres incitations économiques pour assurer des revenus à la population afghane, a ajouté le représentant.  Des mesures efficaces pour réduire la demande dans les pays acheteurs sont également essentielles.  Cette lutte est indispensable non seulement pour l’Afghanistan mais également pour la région tout entière.  Les pays chefs de file dans la région et la communauté internationale doivent renforcer leurs efforts en vue de développer au niveau national des infrastructures de lutte contre ce trafic.  La production de drogue et le trafic posent un défi et l’Administration intérimaire afghane ne pourra réussir que si la communauté internationale reste engagée dans la reconstruction du pays. 


M. MASOOD KHALID (Pakistan) a noté que bien que la production de pavot avait failli disparaître en 2000, celle-ci représente aujourd’hui trois quarts du pavot mondial, avec une production annuelle de près de 3 500 tonnes.  Cette réalité est en fait un problème mondial et touche plus particulièrement les pays de la région.  De plus, les luttes entre les factions impliquées dans les conflits ethniques ne font que compliquer la situation ainsi que les activités des taliban qui ciblent désormais les organismes et personnel des Nations Unies.  Pour le Pakistan, M. Karzaï est la seule autorité légitime en Afghanistan.  Mais tant que l’Autorité intérimaire afghane n’aura pas étendu son autorité à tout le pays, la sécurité ne sera pas assurée et l’insécurité à son tour favorisera la production et le trafic de drogues.  Tant que le commerce des drogues sera florissant, les perspectives de reconstruction de l’Afghanistan resteront faibles. 


Illustrant les conséquences de la production des drogues afghanes sur les pays voisins, le représentant a indiqué que l’on compte aujourd’hui au Pakistan plus de trois millions de drogués alors que ce phénomène était négligeable il y a quelques années.  C’est pourquoi, il a souligné l’urgence d’établir une coordination au niveau international afin de lutter contre ce fléau en Afghanistan.  S’agissant des efforts de l’Autorité intérimaire afghane, il a salué la promulgation le 17 janvier 2003 d’un décret présidentiel interdisant la production d’opium d’ici à 2013.  Mais cela ne suffit pas, a-t-il fait remarquer en soulignant la nécessité de favoriser la reconversion des producteurs de pavot en leur allouant des compléments de revenus.  Le Pakistan qui a réussi à éliminer la production de pavot sur son territoire en fournissant d’autres sources de revenus aux agriculteurs est prêt à faire profiter la communauté internationale de son expérience en ce domaine.  Le représentant a insisté sur la nécessité de trouver les moyens d’empêcher les précurseurs chimiques nécessaires à la fabrication de la drogue de parvenir en Afghanistan.  Pour cela, il a exhorté les pays qui produisent ces matières chimiques à assumer leur responsabilité et à lutter contre la propagation de ces produits.


M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a estimé urgent de poursuivre l’examen général de la question afghane.  La réunion organisée aujourd’hui met cependant l’accent sur la lutte contre le trafic de drogue.  En Fédération de Russie, a ajouté le représentant, nous nous trouvons à la croisée de la route de la drogue, et notamment de l’héroïne d’origine afghane qui gagne également du terrain en Europe et en Amérique du Sud.  Pour faire face à ce problème, il est indispensable de mettre en place une stratégie internationale intégrée qui aille de pair avec les efforts de reconstruction.  Nous appuyons les mesures prises au niveau national afghan pour contrôler le trafic, notamment celles visant à renforcer le potentiel des organes d’imposition de la loi.  Il faut mener une recherche systématique des laboratoires de raffinage sur le territoire afghan et assurer la primauté du droit.  Les commandants régionaux peuvent participer à cette lutte tandis que les pays voisins doivent prendre des mesures supplémentaires comme la mise en place d’un cordon autour de l’Afghanistan et autour des frontières des pays voisins, ce qui permettrait de bloquer le trafic d’opiacés.


A la frontière de la Russie et du Tadjikistan, les saisies ont fortement augmenté.  Depuis le début de l’année, deux tonnes ont en effet été saisies, dont une tonne d’héroïne.  Cependant le trafic des drogues ne se limite pas aux marchés régionaux mais présente un défi au niveau mondial dans la mesure où il alimente la criminalité transnationale organisée et les groupes terroristes.  La coopération transfrontalière doit être renforcée le long des routes empruntées par les trafiquants.  Il faut également prévenir les livraisons de précurseurs en Afghanistan.  Nous souhaitons que les Nations Unies prennent une décision sur une démarche générale de lutte contre le trafic de drogue en Afghanistan.


M. RAVAN FARHADI (Afghanistan) s’est félicité de la tenue de cette séance qui a été l’occasion d’évaluer l’évolution politique et économique de l’Afghanistan et de formuler de nouvelles stratégies pour consolider la paix et la stabilité dans ce pays et dans toute la région.  Le relèvement du pays ne sera possible sans un engagement international ferme et constant en faveur des programmes de reconstruction.  Cet engagement sera également le meilleur moyen de renforcer l’autorité du Gouvernement intérimaire.  Le représentant a souligné l’impact considérable des ressources limitées jusqu’ici aux efforts du Gouvernement intérimaire d’étendre son contrôle sur tout le pays.  Trop d’Afghans sont mécontents du rythme de la reconstruction et attendent toujours les dividendes de la paix.  Compte tenu du niveau de destruction provoquée par 23 ans de conflit, les besoins de l’Afghanistan vont bien au-delà des appels de contributions lancés lors de la Conférence internationale de Tokyo les 21 et 22 janvier 2002, a-t-il indiqué en formant le vœu que soit organisée une nouvelle conférence internationale d’appel de contributions. 


Par ailleurs, le représentant a souligné toute l’importance d’une véritable opération de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) pour consolider le processus de paix.  Dans ce contexte, il s’est félicité de la contribution du Japon visant à permettre aux anciens combattants de gagner leur vie par des moyens légitimes.  Il a également souhaité que d’importants projets pour la remise en état des routes, la construction d’usine de textile ou de ciment soient mise en œuvre.  La production de la drogue demeure une préoccupation majeure, a déploré M. Farhâdi.  Malgré sa volonté et ses efforts qui se sont traduits le 17 janvier dernier par la promulgation d’un décret présidentiel interdisant la production de pavot, le Gouvernement intérimaire ne pourra réussir sa lutte contre les drogues que s’il impose un ordre crédible et consent des revenus compensatoires pour les agriculteurs qui se reconvertissent. 


L’Afghanistan travaille actuellement à l’élaboration d’une stratégie nationale pour le contrôle de la drogue d’ici à 2013, mais pour mettre un terme à ce fléau, la coopération de la communauté internationale est indispensable.  A cet égard, M. Farhâdi a tout particulièrement remercié la France pour avoir organisé le mois dernier une Conférence sur les itinéraires de la drogue de l’Asie centrale vers l’Europe, qui a abouti à l’adoption du Pacte de Paris.  Il a également a exprimé sa gratitude aux pays membres de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) et des unités de lutte antiterroriste pour le travail remarquable qu’elles ont accompli pour permettre aux Afghans de vivre dans un pays plus sûr. 


M. YERZHAN KH. KHAZYKHANOV (Kazakhstan) a rendu hommage au peuple afghan qui, malgré des années de guerre et une infrastructure totalement détruite, a fait preuve d’un enthousiasme sans précédent pour reconstruire le pays.  Jugeant encourageantes les mesures prises dans les domaines de la reconstruction économique et du renforcement du rôle de l’Etat, le représentant a estimé que l’étape la plus significative en 2003 serait la convocation de la Loya Jirga constitutionnelle.  La réforme du service public est en bonne voie et la mise en place de structures administratives à l’échelon national et local doit être soutenue par la communauté internationale, a ajouté M. Khazykhanov.  Tous ces éléments contribuent, avec le retour à l’école de quatre millions d’enfants et la consolidation de l’état de droit, au retour progressif à la paix en Afghanistan grâce au «leadership» du Président Karzaï et à la contribution significative de la MANUA, a-t-il dit ensuite.  Le représentant s’est toutefois inquiété de la détérioration des conditions de sécurité causée par les accrochages entre groupes ethniques rivaux, par des structures liées aux Taliban et par le trafic de drogues.  Il a appuyé la proposition de Lakhdar Brahimi consistant à étendre l’autorité de la FIAS au-delà de Kaboul afin de remédier à l’insécurité qui menace le processus de Bonn, et a plaidé ensuite pour un rôle accru des Nations Unies et des autres institutions internationales dans la reconstruction de l’Afghanistan. 


Le Kazakhstan s’inquiète de la menace que fait peser sur la paix et la sécurité de la région la production et le trafic de drogues en Afghanistan qui ont atteint en 2002 les niveaux des années 1990.  Nous nous félicitons des mesures prises par le Gouvernement afghan pour contrôler la culture du pavot et nous pensons qu’il importe que les Nations Unies jouent un rôle de coordination pour promouvoir des approches intégrées dans la lutte contre la production et le trafic de drogues dans la région, rôle qui pourrait être défini lors d’une conférence qui pourrait se tenir à Kaboul, a proposé M. Khazykhanov.  Se félicitant de la signature en décembre 2002 de la Déclaration de Kaboul entre l’Afghanistan et six Etats voisins sur la consolidation de leurs relations de bon voisinage –qui impliquent la lutte contre le terrorisme et contre le trafic de drogues-, le représentant du Kazakhstan a proposé la création de mécanismes conjoints visant l’élimination des circuits de commercialisation et de production des drogues depuis l’Afghanistan et dans toute l’Asie centrale. 


M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a déclaré que depuis un an et demi, la société afghane espère connaître à nouveau la paix et la stabilité et profiter des réformes qui lui permettront de connaître un avenir meilleur.  Des progrès importants ont été réalisés dans le cadre de l’Accord de Bonn.  La communauté internationale a engagé un processus de reconstruction étatique renforcé au sein duquel la société afghane se prépare aux premières élections démocratiques et à l’adoption d’une nouvelle constitution.  Mais nous ne pouvons fermer les yeux sur les défis qui se posent encore.  Les adversaires du processus de reconstruction tentent de saper les projets de la communauté internationale en l’absence d’un état de droit.


Nous nous trouvons à un moment important de l’histoire de l’Afghanistan et c’est pourquoi, nous appelons la communauté internationale à soutenir les efforts de l’administration afghane.  Les actions des groupes armés sont malheureusement de plus fréquentes.  Ces éléments encouragent également la production de stupéfiants.  La structure du trafic des stupéfiants est toujours en place et la machine de production afghane fonctionne à plein régime.  Le Tadjikistan, qui a une frontière commune avec l’Afghanistan, se trouve donc sur la route de la drogue.  Le contrôle des stupéfiants fait l’objet de toute l’attention du Gouvernement tadjik et, chaque année, nous renforçons notre coopération multilatérale.  Au cours de ces dernières années, le Tadjikistan est devenu la route la plus fiable pour le trafic des drogues en provenance d’Afghanistan vers les pays d’Europe occidentale où la drogue afghane répond à 90% de la demande. 


Grâce à l’action du Tadjikistan et de la Fédération de Russie, des millions de personnes ont été épargnées par la «mort blanche».  La ceinture de sécurité contre les stupéfiants n’est pourtant pas totalement efficace.  Dans la zone frontalière avec le Tadjikistan, des dizaines de laboratoires fonctionnent encore.  L’acuité du problème de la drogue nous impose l’élaboration d’une stratégie internationale concrète et efficace permettant de lutter contre le trafic de drogues tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Afghanistan.  Le représentant a notamment suggéré de mettre en place une banque de données qui dresserait la liste des organisations liées au trafic de drogues.  Ce n’est que par le biais d’une coalition placée sous la coordination des Nations Unies, en mesure de mettre en œuvre une stratégie internationale de lutte contre le trafic de drogues, qu’il sera possible de neutraliser ce fléau.


      M. JAVAD ZARIF (République islamique d’Iran) a regretté que, plus d’une année après l’effondrement du régime taliban, l’Afghanistan soit toujours en train d’osciller entre guerre et paix.  Le manque de sécurité dans le pays, y compris dans la capitale, constitue un obstacle sérieux à la mise en place de structures administratives propices à la restauration de la stabilité et à la normalisation de la situation en Afghanistan, a-t-il dit.  L’insécurité hypothèque la mise en place d’institutions démocratiques représentatives et la finalisation du projet de la nouvelle constitution, a jugé le représentant, de même qu’elle n’encourage pas l’investissement étranger, ce qui ralentit la relance économique.  Pour améliorer les conditions de sécurité, il est urgent d’accroître l’assistance internationale pour porter les effectifs de la nouvelle armée afghane de 5 5  000 hommes, actuellement basés dans la région de Kaboul, à 70 000 hommes tel que prévu initialement.  En effet, a souligné M. Zarif, le manque d’effectifs dans l’armée fragilise le pouvoir central dans la mesure où il doit reposer sur des commandants locaux pour asseoir son autorité, ce qui cause de nombreux problèmes.  Le représentant iranien a plaidé pour un effort accru de la communauté internationale et l’a invitée à ne pas se détourner du peuple afghan et de la région, au risque de laisser une situation de chaos favoriser le maintien de sanctuaires pour les Taliban et Oussama bin Laden. 

Au cours de ces deux dernières semaines, les unités des Taliban, d’Al-Qaida et de Gulbuddin Hekmatyar qui se sont regroupées ont été à l’origine d’une vingtaine d’attaques contre les forces de sécurité et les populations loyales au Gouvernement, a déploré M. Zarif.  Opérant dans l’Est et le centre de l’Afghanistan essentiellement, ces groupes sont de mieux en mieux armés et lancent des appels à la désobéissance contre le Gouvernement de Kaboul à travers certains médias, a-t-il ajouté, avant de souligner le lien étroit entre insécurité, trafic de drogues, terrorisme international et criminalité organisée.  Le représentant a plaidé pour une stratégie globale de lutte contre le phénomène des drogues sous l’égide des Nations Unies qui implique l’ensemble des acteurs concernés –société civile et gouvernements des pays de transit et de destination finale- et l’Administration intérimaire afghane.  La question de la lutte contre le trafic et la production de drogues concerne autant l’offre que la demande, a-t-il dit, les pays de destination devant s’impliquer davantage dans la lutte contre les narcotiques tandis que les pays de transit devraient être aidés pour pouvoir intercepter les marchandises.  La République islamique d’Iran, qui est depuis longtemps un pays de transit vers l’occident et depuis peu un pays de destination des drogues produites en Afghanistan en appelle à la responsabilité et à l’unité de la communauté internationale pour contrer ce fléau, a dit son représentant, expliquant que grâce à des mesures efficaces prises par son Gouvernement, l’Iran est en tête des pays qui interceptent les narcotiques. 


M. ADAMANTIOS TH. VASSILAKIS (Grèce), s’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a estimé que beaucoup restait à faire en Afghanistan en matière de paix et de sécurité après 23 années de conflit.  La Déclaration de Kaboul, adoptée en décembre dernier par l’Afghanistan et six pays voisins, a rappelé toute l’importance de la coopération régionale.  Il a rappelé la contribution des soldats de l’Union européenne en matière de sécurité.  Il a également souligné le rôle joué par de nombreux pays européens pour faire fonctionner les nouvelles institutions afghanes de façon efficace, transparente et responsable.  Formant le vœu que le futur gouvernement afghan soit représentatif des réalités ethniques, M. Vassilakis s’est réjoui des préparatifs de la future constitution afghane qu’il a définie comme la pierre angulaire de la future société démocratique afghane. 


S’agissant des contributions financières européennes, le représentant a indiqué que le montant total de l’aide de l’Union européenne, c’est-à-dire de ses Etats membres et de la Commission, s’élevait à 850 millions d’euros pour 2002.  Par ailleurs, les contributions européennes pour la période 2002-2006 s’élèvent à 2,25 milliards, représentant ainsi 45% de l’ensemble de promesses de contributions faites lors de la conférence internationale de Tokyo en janvier 2002.  De plus, l’Union européenne finance actuellement un tiers des dépenses budgétaires du Gouvernement de transition. 


En ce qui concerne la production de drogues, M. Vassilakis a estimé qu’elle déstabilise les systèmes politiques, encourage la criminalité et la corruption et remet en cause la paix et la sécurité dans la région tout entière.  Les efforts internationaux pour s’attaquer aux conséquences dévastatrices de la drogue passent par la réduction de l’offre et de la demande et la capacité de renforcer les organismes de répression.  En conclusion, il a souligné la nécessité pour la communauté internationale de soutenir la stratégie nationale afghane en matière de lutte contre la drogue.


M. KOICHI HARAGUCHI (Japon) a souligné la nécessité de prendre des mesures de lutte contre le trafic des drogues, ce qui permettrait également d’asseoir l’autorité du Gouvernement central tout en minant les bases sur lesquelles s’appuient les seigneurs de la guerre.  Nous soutenons la stratégie sur dix ans élaborée par le Gouvernement afghan afin de mettre un terme au trafic de drogues qui doit passer non seulement par des programmes alternatifs en faveur des agriculteurs, par des mesures de renforcement de la primauté du droit mais également par des projets d’élimination de la pauvreté.  Afin d’améliorer la situation économique du pays, en particulier dans les zones rurales, le Japon met en œuvre l’Initiative d’Ogata qui constitue un Plan de développement régional. 


Le représentant a ajouté qu’il sera aussi nécessaire de traiter la question dans une perspective régionale dans la mesure où la drogue produite en Afghanistan est destinée à des marchés extérieurs.  Il est donc essentiel pour les pays voisins d’exercer un contrôle efficace sur leurs frontières et de couper les routes de la drogue.  Enfin, nous devons exercer un contrôle plus efficace sur le trafic des drogues dans le monde, ce qui exige davantage d’échange d’informations.  La création d’une armée nationale et la mise en œuvre de programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) accroîtront l’efficacité de la lutte contre le trafic de drogues, a expliqué le représentant, précisant que le Japon entend déployer des efforts importants en la matière.  Les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés dans ce domaine portent sur la nécessité de garantir la neutralité de l’Unité mobile de désarmement, d’établir un système de vérification international; d’assurer la sécurité; de réformer le Ministère de la défense et de renforcer les projets de réinsertion.  C’est pourquoi, nous demandons instamment à la communauté internationale de fournir une aide aux programmes de DDR qui est indispensable au processus de consolidation de la paix.


M. VALERY KUCHINSKY (Ukraine) a déclaré que la réintégration de l'Afghanistan dans la communauté internationale en tant qu'Etat uni, souverain, stable et pacifique vivant en harmonie avec ses voisins est un facteur essentiel de stabilité régionale et de sécurité.  A cet égard, l'Ukraine accueille favorablement les progrès réalisés depuis la signature des Accords de Bonn et l'engagement de l'Administration transitoire à établir des priorités claires pour la reconstruction du pays et la préparation des élections générales de 2004.  Cependant, nous sommes également profondément préoccupés par les difficultés que doit toujours affronter le pays, en particulier en matière de sécurité intérieure et d'activités terroristes.  A cet égard, nous condamnons tous les actes de violence ainsi que les intimidations auxquelles doivent faire face les Nations Unies et le personnel humanitaire. 


L'Administration intérimaire doit prendre des mesures urgentes pour améliorer la situation en matière de sécurité qui, seule, permettra de restaurer l’état de droit, de promouvoir le respect des droits de l'homme, d’encourager les efforts de reconstruction et de garantir le succès d'un processus politique complexe.  Une attention particulière devrait également être accordée à la mise en œuvre du processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).  Cependant, les principaux facteurs d'instabilité sont le trafic de stupéfiants et la criminalité organisée en ce qu'ils représentent des obstacles à la prospérité économique et à la stabilité politique de nombreux pays dans le monde.  Le lien entre le trafic de stupéfiants et d'autres phénomènes tels que le terrorisme et le blanchiment de l'argent ne doivent pas être ignorés.  A cet égard, il est évident qu'aucun Etat ne peut seul relever ces défis.  C'est pourquoi, il est essentiel de renforcer le rôle des Nations Unies en tant qu'instrument de développement de la coopération internationale. 


M. GOPINATHAN (Inde) a rendu hommage aux réalisations «impressionnantes» obtenues en Afghanistan tout en soulignant la nécessité pour la communauté internationale de rester engagée dans le pays.  Malheureusement, l’Afghanistan est devenu le premier producteur mondial d’opium.  Cette production reste confinée à des provinces le long des frontières sud et sud-est du pays, bravant l’interdiction décrétée par le Président Karzaï.  Les Taliban avaient imposé une telle interdiction simplement dans le but de faire monter les prix.  Pour contrecarrer la menace que représentent les drogues en Afghanistan, il faut mettre en œuvre un plan d’action international qui donnerait la priorité à des programmes de culture alternative et d’élimination de la pauvreté.  Rien ne sera possible cependant sans une amélioration des conditions de sécurité. 


Lors de la déclaration que nous avions prononcée le 6 décembre dernier à l'Assemblée générale, nous avions fait part de nos préoccupations concernant le ralentissement des efforts de lutte contre ce fléau au niveau international, en dépit de l’ampleur de la culture de pavot.  Les éléments d’une stratégie de lutte contre le trafic de drogues devraient comprendre l’allocation de davantage de ressources à des programmes de promotion de la sécurité dans les régions affectées; le renforcement de la capacité du Gouvernement afghan à faire respecter son interdiction de cultiver le pavot; l’identification et l’élimination de la chaîne de criminels transfrontaliers; la lutte contre le blanchiment de l’argent de la drogue; la mise en place de davantage de programmes de coopération et de partage d’informations entre pays.


L’Inde soutient activement le processus de reconstruction en Afghanistan.  L’accord intervenu en mai dernier permettant à l’Administration intérimaire afghane de centraliser ses revenus est un pas important.  L’Inde consacre une enveloppe budgétaire de 170 millions de dollars à la reconstruction de l’Afghanistan et a déjà formé quelque 500 afghans dans diverses disciplines.  La sécurité demeure le principal défi au processus de normalisation et de reconstruction.  Le meurtre d’employés du Comité international de la Croix-Rouge montre la nécessité pour la communauté internationale de traiter d’urgence la question de l’insécurité.  Les raisons de cette escalade sont à mettre au compte d’activités terroristes dans la région. 


M. TIM MCIVOR (Nouvelle-Zélande) a souligné les risques que représentent les activités liées à la production de la drogue pour le processus de reconstruction et la mise en œuvre de l’Accord de Bonn.  S’agissant des progrès accomplis par le Gouvernement intérimaire, le représentant s’est tout particulièrement félicité de la mise en place de la Commission constitutionnelle et de la Commission indépendante afghane des droits de l’homme, le retour sur les chemins de l’école de près de six millions d’élèves, ainsi que le retour de 1,7 million de réfugiés.  Outre sa contribution à la FIAS et à la l’opération «Liberté immuable», la Nouvelle-Zélande a indiqué son intention de contribuer à la mise en place d’une équipe provinciale de reconstruction qui travaille avec le Gouvernement afghan pour étendre son influence en dehors de Kaboul.  En outre, des soldats des forces de défenses néo-zélandaises vont participer aux efforts d’une équipe britannique pour la formation de futurs membres de l’armée nationale afghane. 


M. LUIS GUILLERMO GIRALDO (Colombie), rappelant que son peuple payait encore le prix de la violence perpétrée par des groupes armés, a exprimé sa solidarité avec le peuple afghan victime de la violence et de l’extrémisme religieux qui, pendant tant d’années, ont violé leurs droits les plus élémentaires.  La Colombie, engagée sans relâche dans la lutte contre le trafic des drogues et le terrorisme, s’inquiète des informations selon lesquelles la production de pavot en Afghanistan a atteint un niveau sans précédent en 2002.  Dans notre pays, nous avons mis en place des mécanismes de lutte contre la culture du pavot qui ont permis d’enregistrer une diminution de 30% de la production en 2002, a-t-il poursuivi, avant de souligner l’impact du trafic des drogues sur la sécurité internationale, de par ses ramifications avec le blanchiment d’argent, le commerce illicite des armes légères et la criminalité transnationale organisée.  Aussi, a poursuivi M. Giraldo, seule la coopération internationale et la mobilisation de tous les Etats peut, à terme, mener à l’éradication des réseaux de production et de commercialisation des drogues et, partant, lutter contre le financement des groupes terroristes. 


L’expérience de l’année écoulée en Afghanistan prouve une fois de plus le lien étroit entre le financement des groupes extrémistes, l’augmentation des surfaces consacrées à la culture de pavot et la progression du trafic de l’opium en particulier vers l’Europe.  Se félicitant de l’adoption de la Déclaration présidentielle par le Conseil qui souligne le lien étroit entre ces deux phénomènes, M. Giraldo a lancé un appel à la communauté internationale et aux pays voisins de l’Afghanistan afin qu’ils contribuent aux efforts du Gouvernement afghan et interviennent dans le domaine de la demande dans les pays riches.  Revenant à la situation dans son pays, il a souligné le lien évident entre la guérilla des FARC et le trafic des drogues, estimant que ce groupe terroriste qui prétend combattre pour des idéaux politiques ne fait que protéger ses champs de production de pavot, ses ateliers de transformation, et poursuivre ses activités de blanchiment d’argent et de trafic d’armes.  Le lien entre le terrorisme et le trafic des drogues est quasi-inévitable, a-t-il conclu, soulignant que les FARC vont même jusqu’à établir leurs propres réseaux d’acheminement de la cocaïne vers les consommateurs. 


M. OLE PETER KOLBY (Norvège), particulièrement préoccupé par la détérioration de la situation en matière de sécurité en Afghanistan, a assuré que la Norvège continuerait de participer à la FIAS et à l’Opération «Liberté immuable».  Il a salué la mise en place d’équipes provinciales de reconstruction dans le souci d’assurer la sécurité en dehors de Kaboul.  A cet égard, il s’est néanmoins inquiété de la confusion des rôles entre ces équipes et le personnel humanitaire civil.  Le problème de la drogue constitue une menace à la paix et à la sécurité, non seulement en Afghanistan, mais également dans l’ensemble de la région.  La lutte contre la drogue nécessite une action multidimensionnelle. 


Par ailleurs, le représentant a estimé vital que le peuple afghan puisse participer au processus de consultation lancé par la Commission constitutionnelle.  Les Afghans ont le droit de choisir leurs propres dirigeants.  M. Kolby s’est félicité du rôle principal joué par les Nations Unies dans l’organisation des futures élections nationales prévues en juin 2004.  L’Afghanistan, a-t-il précisé, constitue l’un des principaux bénéficiaires de l’aide norvégienne au développement.  C’est ainsi que la Norvège s’est engagée à verser 53 millions de dollars pour assister le développement de l’Afghanistan en 2003.  Il a, en outre, exhorté les bailleurs de fonds à appuyer également le budget national afghan par le truchement du Fonds d’affectation spéciale pour l’Afghanistan.  Nous devons insister, a ajouté M. Kolby, sur la nécessité d’adopter une action humanitaire d’ensemble souple et indépendante.  Enfin, il a insisté sur la nécessité d’un engagement à long terme de la communauté internationale en Afghanistan, faisant remarquer que la sécurité est la condition préalable la plus importante au développement d’un pays.


M.             . ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) a déclaré que les récents évènements ont produit la preuve irréfutable du lien entre le terrorisme et le trafic de drogues.  Nous avons, à plusieurs reprises, appelé l’attention de la communauté internationale sur le fait que le volume de drogues transitant par les pays d’Asie centrale avait des conséquences qui allaient bien au-delà des frontières de notre région.  Malheureusement, les flux de drogues qui partent de l’Afghanistan ne cessent d’augmenter tandis que nous assistons à une floraison de laboratoires le long des 156 kilomètres de frontière commune entre notre pays et l’Afghanistan. 

La lutte contre la production et le trafic des drogues devrait figurer au nombre des priorités de la communauté internationale dans la mesure où le succès de son mandat en Afghanistan dépend des conditions de sécurité, a ajouté le représentant.  Une initiative positive s’est concrétisée par la reprise des contrôles aux frontières avec l’Ouzbékistan à un point de passage de prédilection des trafiquants de drogues.  En installant à cette frontière des équipements de contrôle sophistiqués, nous travaillerons dans l’intérêt de la région mais également du reste du monde. 


Les programmes actuels de lutte contre le trafic de drogues ne sont pas suffisamment coordonnés et ne bénéficient ni d’un financement, ni de matériel appropriés.  Nous devons disposer d’un ensemble de mesures préventives et répressives qui doivent en premier lieu viser l’élimination des sources du trafic de drogues.  Nous avons également lancé une initiative qui s’est concrétisée par l’ouverture à Tachkent d’un Centre pour la lutte du trafic des drogues.


M. ENRIQUE A. MANALO (Philippines) a souligné que la tâche de reconstruction de l’Afghanistan est loin d’être accomplie.  Les efforts en matière de sécurité et de reconstruction économique d’un pays dévasté par deux décennies de guerre exigent un engagement continu qui aille bien au-delà d’une rhétorique de compassion, a prévenu le représentant.  Il a caractérisé l’Afghanistan actuel par l’impatience de la population, la renaissance des Taliban dans le sud du pays, la reprise de la production des drogues, et la non-reconnaissance de l’autorité centrale par les seigneurs de la guerre et les chefs régionaux.  S’attardant sur la question de la drogue, le représentant a vu dans le manque d’alternative en matière d’emplois la cause sous-jacente de la dépendance à ce type d’activités.  Il a donc estimé qu’en la matière, le processus de reconstruction joue un rôle crucial.


Le représentant a rappelé à cet égard que seules 50% des promesses de contributions faites lors de la Conférence de Tokyo se sont matérialisées.  Il a ainsi rappelé les estimations du Président Karzaï selon lesquelles une somme de 15 à 20 milliards de dollars sera nécessaire au cours des cinq prochaines années.  S’il a reconnu l’importance de la somme, le représentant a néanmoins appelé la communauté internationale à l’envisager sous l’angle de la paix mondiale et de la lutte contre le fléau de la drogue et des autres crimes associés.  Il faut déployer tous les efforts pour aider à la mise en œuvre de la stratégie anti-drogue mise en place par le Gouvernement afghan, a insisté le représentant.


      M. CHUN YUNG-WOO (République de Corée) a estimé qu’en dépit des progrès enregistrés dans la situation en Afghanistan, de formidables défis demeurent notamment en matière de sécurité et de trafic des drogues.  Concernant ce dernier point, le représentant a souhaité que la lutte contre ce fléau fasse partie intégrante des efforts de la communauté internationale en appui au processus de paix afghan.  La communauté internationale doit aider les autorités afghanes, a-t-il insisté avant d’en venir à la situation économique.  La reconstruction et la relance économiques, a-t-il dit, représentent un autre défi qui, une fois relevé, permettra au pays de récolter les dividendes de la paix.  A cet égard, le représentant a annoncé l’intention de son pays d’octroyer une somme de 45 45  millions de dollars au cours de l’année 2004.  Il a également appelé l’attention du Conseil sur les efforts que déploie son pays dans le domaine de la sécurité.  Il a conclu en soulignant que si l’appui continu de la communauté internationale est essentiel à la consolidation de la paix et de la stabilité en Afghanistan, il ne saurait pour autant remplacer la volonté et les efforts des Afghans eux-mêmes.

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité se déclare à nouveau résolument attaché à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan.


Le Conseil de sécurité souligne que la sécurité demeure un défi grave auquel se heurte l’Afghanistan. Le Conseil se déclare en particulier préoccupé par l’augmentation des attaques contre le personnel humanitaire international et local, les forces de la coalition, la Force internationale d’assistance à la sécurité et des cibles de l’Administration intérimaire de l’Afghanistan par les Taliban et d’autres éléments rebelles. À ce propos, il condamne dans les termes les plus énergiques l’attaque contre la Force internationale d’assistance à la sécurité qui a eu lieu à Kaboul le 7 juin. Le Conseil s’inquiète également des autres menaces à la sécurité, y compris du trafic illicite de drogues. Le Conseil souligne la nécessité d’améliorer la situation sur le plan de la sécurité dans les provinces et d’étendre l’autorité de l’Administration intérimaire de l’Afghanistan à tout le pays. Dans ce contexte, le Conseil insiste sur l’importance que revêt l’accélération de la réforme d’ensemble du secteur de la sécurité en Afghanistan et notamment le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants.


Le Conseil se félicite aussi de la constitution et du déploiement d’équipes provinciales de reconstruction composées de civils et de militaires dans les provinces et encourage les États à appuyer la poursuite des efforts faits pour contribuer à l’amélioration de la sécurité dans les régions.


Le Conseil de sécurité estime que l’instauration de relations régionales et bilatérales constructives et mutuellement solidaires entre l’Afghanistan et tous les États, et en particulier ses voisins, sur la base des principes du respect mutuel et de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures respectives, est importante pour la stabilité de l’Afghanistan. Le Conseil demande à tous les États de respecter la Déclaration de Kaboul sur les relations de bon voisinage (S/2002/1416) et d’appuyer l’application de ses dispositions.


Le Conseil de sécurité réaffirme les principes définis dans la Déclaration politique adoptée par l’Assemblée générale à sa vingtième session extraordinaire, notamment celui selon lequel la responsabilité de la lutte contre le problème mondial de la drogue est commune et partagée et exige une démarche intégrée et équilibrée pleinement conforme aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et dans d’autres instruments de droit international.


Le Conseil est conscient des liens qui existent entre le trafic illicite de drogues et le terrorisme ainsi que d’autres formes de criminalité et des problèmes que pose ce genre d’activités en Afghanistan mais aussi dans les pays de transit, les pays voisins et les autres États touchés par le trafic de drogues provenant d’Afghanistan.


Le Conseil de sécurité exprime aussi l’inquiétude que lui inspire le risque croissant de propagation du VIH/sida lié à la toxicomanie dans la région et au-delà.


Le Conseil de sécurité souligne que, pour améliorer la sécurité, il faut poursuivre et coordonner les efforts pour lutter contre la production de drogues illicites dans le pays et le trafic illicite de stupéfiants au-delà de ses frontières. Le Conseil est conscient de ce que les efforts faits pour en finir avec le problème de la drogue provenant d’Afghanistan ne seront couronnés de succès que lorsqu’ils s’inscriront dans le cadre plus large des programmes de reconstruction et de développement  en faveur du pays.


Le Conseil de sécurité est préoccupé de ce que, en dépit des efforts accomplis, les quantités d’opium produites illicitement en Afghanistan en 2002 atteignent de nouveau les niveaux élevés du passé. Le Conseil prend note avec préoccupation de la conclusion tirée de l’enquête d’évaluation rapide sur l’opium menée par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) selon laquelle la culture du pavot aurait été observée pour la première fois dans plusieurs districts. Le Conseil souligne qu’il faut promouvoir la stratégie globale internationale, menée sous l’égide notamment des Nations Unies et d’autres instances internationales, en appui de la stratégie de l’Administration intérimaire afghane afin d’éliminer la culture illicite du pavot à opium. Le Conseil soutient également la lutte contre le trafic illicite de drogues et de précurseurs en Afghanistan et dans les États voisins et les pays de transit, et notamment une coopération accrue entre eux en vue de renforcer les contrôles et d’enrayer la circulation des stupéfiants. D’importants efforts doivent en outre être faits pour réduire la demande de drogue à l’échelle mondiale afin de contribuer à l’élimination durable des cultures illicites en Afghanistan. Le Conseil se félicite des mesures d’envergure prises par l’Administration intérimaire de l’Afghanistan dans le cadre de sa Stratégie nationale contre la drogue et demande qu’une aide soit fournie dans le contexte de cette stratégie. Le Conseil se félicite également de l’adoption du Pacte de Paris (S/2003/641) lors de la Conférence internationale sur les routes de la drogue de l’Asie centrale à l’Europe, tenue à Paris les 21 et 22 mai 2003, et remercie le Gouvernement français d’avoir organisé cette manifestation.


Le Conseil de sécurité appuie l’engagement pris par l’Administration intérimaire de l’Afghanistan d’éliminer la production d’opium d’ici à 2013 et ses efforts pour appliquer les décrets interdisant la culture, la production et la transformation du pavot, y compris le trafic illicite de drogues et la toxicomanie.

Le Conseil de sécurité se félicite de la contribution importante apportée par l’ONUDC et note que les activités de l’Office en Afghanistan sont compromises, dans les régions de culture du pavot de ce pays, par l’absence des conditions générales de stabilité et de sécurité que la communauté internationale dans son ensemble devrait s’efforcer d’assurer. Le Conseil se félicite en outre des projets que mènent actuellement certains États pour contrer la menace des drogues en Afghanistan. La plupart des projets en question sont des projets à long terme, ce qui est vital pour éliminer les drogues de manière durable. Le Conseil souligne le besoin pressant de parvenir aussi rapidement que possible à une réduction significative et durable de la production d’opium en Afghanistan.


Le Conseil de sécurité estime qu’une coordination est nécessaire par l’entremise de la nation chef de file sur ce problème et tous les autres problèmes se posant en Afghanistan, et il exprime à cet égard sa gratitude au Royaume-Uni et à l’Allemagne pour l’action qu’ils ont menée respectivement dans les domaines de la lutte contre les stupéfiants et de la police.


Le Conseil de sécurité est conscient des problèmes rencontrés par les pays voisins du fait de l’augmentation de la production d’opium en Afghanistan ainsi que des efforts faits par ces pays et par d’autres États pour interdire les drogues illicites.


Le Conseil de sécurité souligne qu’il faut promouvoir la réalisation effective de projets de lutte contre la drogue pour l’Afghanistan. Ces efforts peuvent être renforcés par la promulgation d’un programme d’action complet dans la région et dans les États de transit et de destination. Le Conseil note à cet égard l’existence de moyens de coordination puissants dans le cadre de l’ONUDC et il demande à toutes les parties concernées de coopérer avec cette institution afin d’adopter des mesures harmonisées dans ce domaine. Le Conseil prend note de l’appel lancé à toutes les parties concernées leur demandant d’adopter des mesures compatibles et harmonisées aux fins de l’action de détection et de répression des infractions et de lutte contre la drogue en appuyant la mise en oeuvre de la Stratégie nationale afghane de lutte contre la drogue et du « Pacte de Paris » qui a été appuyé par le Sommet du G-8 à Evian, le 3 juin 2003. Le Conseil prie instamment les États donateurs d’oeuvrer dans le cadre d’un tel processus de consultations pour maximiser les effets de leurs programmes d’assistance bilatéraux et multilatéraux.


Le Conseil de sécurité invite instamment la communauté internationale, en collaboration avec l’ONUDC et dans le cadre de la Stratégie nationale de lutte contre la drogue de l’Administration intérimaire de l’Afghanistan, à fournir une assistance à l’Administration intérimaire afghane dans certains domaines clefs comme le développement des moyens de subsistance et marchés de substitution, l’amélioration des capacités institutionnelles nationales, le respect des interdictions frappant la culture du pavot et la fabrication et le trafic de drogues, la promotion de la réduction de la demande et l’utilisation efficace des méthodes de renseignement, en particulier la surveillance aérospatiale.


Le Conseil de sécurité engage la communauté internationale, en collaboration avec la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et l’ONUDC, à encourager la coopération entre les pays concernés, notamment afin de renforcer les contrôles frontaliers, d’encourager les échanges d’informations entre services de sécurité et de répression compétents, de combattre les groupes se livrant au trafic de drogues et aux activités criminelles qui lui sont associées, en particulier le blanchiment d’argent, de mener des activités opérationnelles d’interdiction et de livraison surveillée, de favoriser la réduction de la demande, et de coordonner l’information et le renseignement pour que toutes les mesures prises en Afghanistan et au-delà des frontières de ce pays aient une efficacité maximale.


Le Conseil de sécurité invite le Secrétaire général à inclure, dans son prochain rapport au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale sur la situation en Afghanistan, un résumé des propositions formulées durant sa 4774e séance, le 17 juin 2003, et des observations et réactions des États Membres à ces propositions, et de présenter ses recommandations sur la question au Conseil de sécurité pour examen.


Le Conseil de sécurité décide de demeurer saisi de la question.


*   ***   *


À l’intention des organes d’information. Document non officiel.