LES AGENCES SPECIALISEES DE L’ONU DEPLORENT L’IMPACT DE L’INSECURITE EN IRAQ SUR LES OPERATIONS HUMANITAIRES
Communiqué de presse CS/2501 |
Conseil de sécurité
4762e séance – après-midi
LES AGENCES SPECIALISEES DE L’ONU DEPLORENT L’IMPACT DE L’INSECURITE
EN IRAQ SUR LES OPERATIONS HUMANITAIRES
Quelques heures après avoir adopté la résolution 1483 (2003), prévoyant notamment la désignation par Kofi Annan d’un Représentant spécial pour l’Iraq, qui sera chargé, entre autres, de la coordination de l’assistance humanitaire, le Conseil de sécurité s’est attelé, au cours d’un échange de vues avec les représentants d’institutions spécialisées du système des Nations Unies, à définir le type de réponse à apporter à la situation humanitaire qui prévaut en Iraq. Il n’y a pas véritablement de risque de crise humanitaire en Iraq, a assuré d’entrée le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, James T. Morris, qui s’est toutefois alarmé, comme ses collègues du Programme des Nations Unies pour le développement, de l’Organisation mondiale de la santé, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance et du Comité international de la Croix-Rouge, du défi en matière de sécurité posé aux opérations humanitaires dans le pays.
Aussi, se faisant l’écho de ces préoccupations, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Louise Fréchette, a rappelé que l’absence de sécurité et d’ordre juridique avait eu un impact sévère sur le plan humanitaire dans la mesure où les hôpitaux et les entrepôts ont été pillés et dévastés. Par ailleurs, le nombre important de munitions non explosées empêchent les déplacements et la reprise des activités agricoles dans certaines zones. Abordant les aspects opérationnels de l’assistance humanitaire des Nations Unies, Mme Fréchette a indiqué que plus de 700 millions de dollars avaient d’ores et déjà été versés à l’Appel d’urgence interinstitutions en faveur de l’Iraq tandis que le Bureau du Programme pour l’Iraq et les agences spécialisées des Nations Unies ont confirmé l’envoi, d’ici au 3 juin, de près d’un milliard de dollars d’aide humanitaire prioritaire en Iraq.
En marge des efforts déployés par le Programme des Nations Unies pour le développement visant à réhabiliter les infrastructures d’approvisionnement en eau et en électricité, notamment dans la région de Kirkuk, Mark Malloch Brown a évoqué les travaux de dragage du port d’Oum Qasr, vital pour l’acheminement de l’aide humanitaire, qui débuteront le 26 mai prochain, sur financement japonais, et permettront d’ici quatre semaines d’acheminer et de stocker 50 000 tonnes d’aide alimentaire. Sur ce volet de l’aide alimentaire, a poursuivi James T. Morris, l'objectif à atteindre est la fourniture de 480 000 tonnes par mois afin de nourrir les 27 millions d'Iraquiens pendant cinq mois. Il a ajouté que le PAM a déjà acheminé plus de 200 000 tonnes de vivres depuis la Turquie, la Jordanie, la Syrie, l'Iran et le Koweït, et a indiqué que les distributions d’aide alimentaire à l'ensemble de la population iraquienne commenceront le 1er juin grâce à la mobilisation de 44 000 agents humanitaires répartis dans tout le pays.
Autre volet important de l’assistance humanitaire en Iraq, la réhabilitation des structures éducatives constitue une priorité pour l’UNICEF, a précisé son Directeur des programmes d’urgence, Nils Kartsberg, indiquant que près de 80% des 8 500 écoles ont réouvert leurs portes. L’UNICEF fournit actuellement un support pédagogique à ces écoles et a l’intention, à court terme, de fournir des pochettes
pédagogiques à 3,5 millions d’enfants scolarisés dans le primaire, a ajouté M. Kartsberg, regrettant que dans le Sud et le centre du pays, les taux de scolarisation restent en deçà des 75% notamment en raison de l’insécurité. S’agissant des services de santé de base pour les femmes et les enfants, une évaluation menée la semaine dernière montre que les taux de malnutrition ont doublé, pour passer de 4% à près de 8%, a fait observer le Directeur des programmes d’urgence de l’UNICEF, déplorant en outre que près de 90% des enfants hospitalisés souffrent de diarrhée. Parallèlement au rétablissement des services sanitaires et à l’approvisionnement en eau potable, M. Kartsberg a insisté sur la nécessité de mettre un terme à la fourniture de lait maternisé en raison des risques de contamination par l’eau.
Les problèmes de sécurité ont empêché la relance des services de base comme l’électricité, l’eau et l’assainissement, les soins médicaux et les services de santé publique, a déploré pour sa part le Directeur exécutif pour le développement durable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), David Nabbaro. De plus, le «vide du pouvoir» fait que les fonctionnaires ne savent pas qui doit leur donner des ordres, ni ce qui relève de leurs prérogatives. M. Nabbaro a également mis l’accent sur le manque absolu de liquidités pour financer les coûts de fonctionnement et le paiement du personnel, ce qui fait que les services de santé ne fonctionnent qu’à 20% de leur capacité. L’OMS a opté pour la relance des systèmes de santé existants pour une période pilote de six mois. Les réformes du système de santé qui seront mises en œuvre de manière graduelle devraient coûter entre 20 et 30 millions de dollars par mois –au cours des six premiers mois-, tandis qu’à plus long terme et après évaluation de la phase pilote, les montants devraient s’élever à près de 165 millions de dollars par mois.
L’insécurité en Iraq a été de nouveau abordée par le représentant de l’Allemagne qui a mis en garde les agences spécialisées des Nations Unies et les organisations humanitaires -pendant l’échange de vues avec les membres du Conseil- contre les risques auxquels elles s’exposent en confiant la sécurité de leurs installations à des milices étroitement liées aux groupes religieux chiites ou sunnites. Le représentant de la Chine a, quant à lui, rappelé aux Etats-Unis et au Royaume-Uni leur responsabilité de puissance occupante dans la sécurisation des opérations humanitaires. Reconnaissant que les problèmes d’insécurité sont préoccupants pour le bon déroulement de ces opérations humanitaires, le représentant du Royaume-Uni a estimé que les incidents récemment signalés étaient sporadiques et localisés et que les mesures étaient prises pour assurer la sécurité des agents humanitaires. Pour remédier à l’insécurité, la représentante de l’Espagne, pays membre de la coalition, a annoncé l’envoi prochain d’unités de la Garde civile qui seront chargées du maintien de l’ordre et de la formation de la police iraquienne.
Outre les délégations déjà citées, les pays suivants ont pris la parole au cours du débat: République arabe syrienne, Bulgarie, Cameroun, Guinée, Etats-Unis, Angola, Fédération de Russie, Mexique, Cameroun, France et Pakistan. Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Kenzo Oshima, et le Président du Comité international de la Croix-Rouge, Jacob Kellenberger sont également intervenus.
En fin de séance, le représentant de la République arabe syrienne a expliqué la position de sa délégation sur la résolution 1483, adoptée ce matin pour lever les sanctions imposées à l’Iraq.
REPONSE A LA SITUATION HUMANITAIRE EN IRAQ
Déclarations
Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies, a déclaré que la situation humanitaire de l’Iraq reste extrêmement grave, le manque de services sociaux et l’effondrement des structures administratives et de police ayant créé des besoins jusqu’à maintenant non satisfaits. Nous sommes reconnaissants aux 3 400 personnels nationaux iraquiens qui ont continué à assurer l’approvisionnement en biens essentiels dans les hôpitaux, aux populations déplacées et autres groupes vulnérables à travers l’Iraq. Depuis le retour de certains personnels de secours internationaux le mois dernier, nous avons continué à renforcer notre présence sur le terrain et plus de 300 personnels non Iraquiens ont pu être déployés à ce jour sur le terrain dans les cinq grandes régions du pays. La priorité de nos actions d’assistance est le redémarrage des services publics essentiels, qui comprennent non seulement les services de santé, l’électricité et l’eau potable, mais aussi la distribution de rations alimentaires dont dépendent les populations. Les agences de l’ONU sont en train d’apporter toute l’aide qu’elles peuvent aux autorités nationales iraquiennes. Une des contraintes majeures à laquelle fait face le service public vient de l’incapacité de payer les salaires de fonctionnaires et les autres coûts de fonctionnement des infrastructures. Dans certaines localités, on a pu verser un salaire de 20 dollars, et nous sommes encouragés par les promesses d’assistance qui sont faites dans ce domaine.
L’absence de sécurité et d’ordre juridique a eu des impacts sévères sur le plan humanitaire. Les ministères gouvernementaux, les hôpitaux et les entrepôts ont été pillés et dévastés, et certaines facilités qui ont été remises en fonction ont été de nouveau pillées quelques jours après. Le manque de sécurité provient aussi du nombre de munitions non explosées que l’on trouve dans les rues, et qui empêchent les déplacements et la reprise des activités agricoles dans certaines zones. Les menaces de violence ont d’autre part provoqué des déplacements de populations, et notamment le départ des Arabes iraquiens de certaines régions. A ce jour, plus de 700 millions de dollars ont été versés à l’Appel d’urgence interinstitutions en faveur de l’Iraq. En plus, dans le cadre de l’application des termes de la résolution 1472, le Bureau du Programme pour l’Iraq et les agences de l’ONU ont confirmé que près de 1 milliard de dollars d’aide humanitaire prioritaire seront envoyés en Iraq d’ici au 3 juin. Mais, comme nous le disions plus haut, des besoins de financements restent non satisfaits dans le domaine du rétablissement du système de santé, des programmes de nutrition, de l’adduction d’eau et de la restauration du système d’enseignement. (voir DSG/SM/198 pour l’intégralité de la déclaration)
M. MARK MALLOCH BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), soulignant la détermination du PNUD à contribuer au redressement de l’Iraq, s’est toutefois inquiété de la situation sécuritaire à Bagdad. Nos équipes sont déployées dans les villes de Bagdad, de Bassorah et dans les provinces du Nord, a-t-il poursuivi, indiquant que le PNUD a adopté une approche décentralisée et qu’il entreprend actuellement le déploiement de ses équipes à Mossoul, Kirkuk et Our. M. Malloch Brown a précisé que le PNUD intervenait prioritairement dans les secteurs de l’électricité et de l’approvisionnement en eau, qui sont essentiels pour les structures de santé. A cette fin, des missions d’évaluation ont été envoyées dans les régions Nord, Sud et centre de l’Iraq au cours des dernières semaines, a-t-il précisé, ajoutant que des mesures urgentes ont été prises, grâce au soutien du Gouvernement britannique,
dans la mise en place de lignes électriques de haute tension aux alentours de Kirkuk, dans la réhabilitation des centrales thermiques et des usines d’épuration des eaux. De plus, des groupes électrogènes, mis à disposition par l’UNICEF et le PAM, ont été acheminés sur le terrain par le PNUD, a dit M. Malloch Brown, notamment pour équiper les hôpitaux et les installations humanitaires.
L’Administrateur du PNUD a poursuivi en évoquant les mesures prises pour relancer l’activité du port d’Oum Qasr, vital pour l’acheminement de l’aide humanitaire. Les travaux de dragage débuteront le 26 mai prochain, grâce à des financements japonais, et dureront quatre semaines au terme desquelles 50 000 tonnes d’aide humanitaire pourront être acheminées et stockées dans le port d’Oum Qasr. Ces activités ont été accélérées grâce à quatre contrats conclus dans le cadre du programme «pétrole contre nourriture», a indiqué M. Malloch Brown. Par ailleurs, compte tenu de l’ampleur du chômage en Iraq et des conséquences de la guerre sur les structures économiques et sociales, il a indiqué que le PNUD envisageait d’intensifier ses efforts dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’action antimines, du retour des personnes déplacées et de l’assainissement.
S’agissant des efforts de reconstruction et de la planification de la reprise économique au sein de la communauté internationale, le PNUD a travaillé étroitement avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ces dernières semaines afin de disposer de données précises dans le secteur de l’énergie et dans les domaines économique et financier. Ces éléments, a-t-il poursuivi, permettront de définir les besoins de reconstruction sur le terrain. Avec le Gouvernement de la Norvège, le PNUD prévoit de diligenter une enquête sur les conditions de vie du peuple iraquien afin d’identifier les mesures à prendre, région par région, pour leur venir en aide.
M. JAMES T. MORRIS, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), a expliqué qu'il s'était rendu à Bagdad le 11 mai pour mesurer sur place les progrès enregistrés par son agence et que ceux-ci étaient énormes: le PAM a, à ce jour, livré plus de 200 000 tonnes de vivres depuis la Turquie, la Jordanie, la Syrie, l'Iran et le Koweït, ainsi que dans le port iraquien d’Oum Qasr. L'objectif à atteindre est de 480 000 tonnes par mois afin de nourrir les 27 millions d'Iraquiens pendant cinq mois. D'ici là, a-t-il ajouté, nous espérons qu'une autorité iraquienne sera en mesure de prendre le relais. Les ressources nécessaires à cette opération ont été jusqu'à présent fournies par la communauté des donateurs (491 millions de dollars) et par les réserves disponibles au titre du programme «pétrole contre nourriture». Le personnel du PAM a renégocié les contrats de fourniture de vivres signés dans le cadre de ce programme et dispose d'un stock d'une valeur de 947 millions de dollars, acheminement et distribution compris. Les distributions à l'ensemble de la population commenceront le 1er juin par l'intermédiaire des 44 000 employés humanitaires répartis dans le pays.
Cependant, a poursuivi M. Morris, de nombreux défis restent à relever: le plus urgent est de garantir la sécurité du personnel et des entrepôts et d'assurer les salaires des employés du Ministère du commerce chargé de la distribution publique des vivres et de l'approvisionnement en eau, carburant et électricité des moulins iraquiens. Il faut aussi protéger la récolte céréalière de l'Iraq -estimée cette année à 1,7 million de tonnes de blé et d'orge- dont les moissons ont commencé la semaine dernière. Les années précédentes, les producteurs ont reçu un tarif fixe de 75 dollars par tonne; par comparaison, une tonne de blé importée revient à plus de 200 dollars. M. Morris a enfin rappelé que la totalité de la population dépend à des degrés divers des distributions de vivres; mais 60% d'entre elle en dépend intégralement comme seule source de revenu, dans la mesure où elle en revend une partie pour survivre.
M. DAVID NABBARO, Directeur exécutif pour le développement durable et un environnement sain et Conseiller auprès du Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a souligné, après avoir décrit la situation en matière de santé qui prévalait en Iraq avant la guerre dans la majeure partie du pays, que les problèmes de sécurité ont empêché la relance des services fondamentaux comme l’électricité, l’eau et l’assainissement, les soins médicaux et les services de santé publique. Même dans les cas où la sécurité est relativement assurée, le «vide du pouvoir» fait que les fonctionnaires ne savent pas qui doit leur donner des ordres, ce qui est attendu d’eux ou ce qu’il en est de leur contrat. De plus, le manque absolu de liquidités pour financer les coûts de fonctionnement et le paiement du personnel compromettent la capacité de toutes les institutions d’offrir les services essentiels. Dans l’ensemble du pays, les premières statistiques montrent que les services de santé fonctionnent à 20% de leur capacité.
Soulignant les conséquences d’une telle situation, en particulier sur les femmes et les enfants, M. Nabbaro a estimé que la priorité doit être de rétablir les services de soins de santé, sur une base provisoire de six mois, dans un premier temps. En effet, assurer la relance des systèmes existants pour une période limitée permettrait d’alléger la crise et d’évaluer le fonctionnement des nouvelles autorités. Les réformes du système de santé pourraient alors être mises en œuvre de manière graduelle et systématique. Depuis février 2003, l’OMS assume le rôle d’institution de coordination en matière de santé, a poursuivi son représentant en énumérant les initiatives prises. Aujourd’hui, a-t-il annoncé, l’Organisation propose de coordonner une initiative à l’échelle du pays pour la relance des services de santé en Iraq. Citant les quatre domaines d’intervention et les quatre autres auxquels l’OMS travaille déjà dans chaque gouvernorat, M. Nabbaro a estimé que le coût total de l’initiative à l’échelle du pays et pour six mois se situe entre 20 et 30 millions de dollars par mois. A plus long terme, le coût se situerait à quelque 165 millions de dollars par mois, soit 80 dollars par an et par personne. L’OMS s’est également préparée à contribuer à la reconstruction à long terme et à la réforme du système de santé en Iraq, a conclu le représentant.
M. NILS KASTBERG, Directeur des programmes d’urgence du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a indiqué que la Directrice exécutive du Fonds venait d’achever une visite de trois jours dans les régions du Nord et du centre de l’Iraq. Le Fonds place une importance particulière sur la nécessité de faire régner le droit et l’ordre public en Iraq. La capacité des Nations Unies à accéder aux personnes dans le besoin est en effet compromise par le développement d’une culture de l’impunité. Une autre priorité pour le Fonds est de permettre à tous les enfants iraquiens de reprendre le chemin de l’école. Près de 80% des infrastructures ont réouvert leurs portes et l’UNICEF fournit actuellement un support pédagogique. Nous avons l’intention de fournir des pochettes pédagogiques à 3,5 millions d’enfants du niveau primaire. Malheureusement, dans le Sud et le centre du pays, les taux de scolarisation restent en deçà des 75%, la moyenne d’avant guerre, en raison de l’insécurité.
La troisième priorité porte sur la fourniture de services de santé de base pour les femmes et les enfants. Une évaluation menée la semaine dernière montre que les taux de malnutrition ont doublé, pour passer de 4% à près de 8%. On estime à près de 80% le nombre d’enfants hospitalisés souffrant de diarrhée. Il est urgent de rétablir les services sanitaires et l’approvisionnement en eau potable. Nous sommes en train d’accélérer nos activités pour traiter les enfants qui ont bu de l’eau contaminée. Nous demandons instamment l’arrêt de la fourniture de lait maternisé en raison des risques de contamination par l’eau. La protection des femmes et des enfants contre les violences fait également partie des priorités de l’UNICEF.
M. JAKOB KELLENBERGER, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré que le CICR a été actif en Iraq, depuis 1992 jusqu'à aujourd’hui, sans aucune interruption. Le CICR a contribué au soutien à l’échange de prisonniers de guerre et à leur rapatriement depuis la première guerre du Golfe, et il a contribué aux actions d’assainissement au profit des populations quand l’Iraq était soumis aux sanctions. Nous savions que le conflit qui éclaterait en Iraq détruirait les systèmes d’adduction d’eau, mettant ainsi en danger la vie des populations. Des délégations du CICR ont visité les prisonniers du conflit qui vient de s’achever et ont reconduit dans leurs foyers 6 000 prisonniers iraquiens. Nos futures priorités concernent la protection des groupes vulnérables, le rétablissement des liens familiaux, la recherche des personnes disparues, le rétablissement des adductions d’eau potable et l’assistance alimentaire. Nous comptons aussi mener une campagne d’information à la population sur les munitions non explosées. Nous travaillons avec le Croissant-Rouge pour donner plus d’impact à nos actions communes. Les conditions de sécurité ont cependant un important impact négatif sur nos activités et si la sécurité n’était pas rétablie, nous craignons que la crise que connaît l’Iraq ne s’aggrave. Mais quelles que soient les conditions qui seront imposées à la reconstruction de l’Iraq, le CICR y participera en toute indépendance comme sa tradition l’exige, a déclaré M. Kellenberger.
M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a réaffirmé le soutien de son pays aux efforts déployés par les agences humanitaires des Nations Unies et au Comité international de la Croix-Rouge. Il a rappelé que la Syrie reste disposée à venir en aide à ces organisations dans leur effort humanitaire en Iraq, tout en s’inquiétant des conditions sécuritaires en Iraq qui compromettent l’effort humanitaire. La Syrie a envoyé de l’aide humanitaire au peuple iraquien, a-t-il indiqué, notamment des médicaments et de la nourriture, saluant ensuite le fait que Mme Bellamy se soit rendue sur le terrain pour prendre conscience des besoins des enfants iraquiens en matière de santé et d’éducation. Se tournant vers le Président du CICR, M. Mekdad a souligné que le sort des personnes disparues et des prisonniers de guerre ne doit pas être mis de côté. Interrogeant les représentants de l’OMS et de l’UNICEF, le représentant de la Syrie a demandé d’indiquer les mesures pour par leur Organisation respective pour restaurer l’approvisionnement en eau des systèmes de santé et d’expliquer dans quelle mesure le programme «pétrole contre nourriture» pouvait être mis à contribution pour restaurer les structures scolaires en Iraq.
M. GUNTER PLEUGER (Allemagne) a déclaré que les exposés des représentants du système de l’ONU indiquent clairement que la situation est grave en Iraq et qu’elle doit éveiller les inquiétudes de la communauté internationale. Si des actions énergiques ne sont pas initiées, elle va s’aggraver. Le rétablissement de la sécurité est le premier pas à franchir. Les puissances occupantes doivent s’acquitter de leurs devoirs, a estimé le représentant en estimant que la création de milices armées était un danger auquel la société iraquienne ne pouvait y faire face elle-même. Il y a le danger de voir des éléments radicaux et souvent armés prendre le contrôle de certains secteurs de la société, a dit le représentant en demandant aux organismes de l’ONU de lui donner leur point de vue sur cette question. Quelle est la forme de la coopération, si elle existe, qui se crée entre les groupes et le secteur privé iraquiens d’une part, et la présence internationale de l’autre, a-t-il demandé par ailleurs?
M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) a salué le travail héroïque accompli ces derniers mois par le Comité international de la Croix-Rouge en Iraq, insistant sur l’implication active des organisations non gouvernementales dans la phase de redressement de l’Iraq. Le rétablissement de la sécurité est le meilleur moyen d’aider les agences des Nations Unies et les autres organisations humanitaires à mettre en œuvre leurs mandats respectifs en Iraq, a-t-il reconnu. M. Tafrov a jugé important de voir le Représentant spécial du Secrétaire général assurer un rôle aux organisations non gouvernementales dans la définition du type d’aide nécessaire et des modalités de fourniture de cette aide. En outre, il faut éviter de faire double emploi de la logistique nécessaire pour la distribution de l’aide, que ce soit pour le stockage ou le transport. Enfin, M. Tafrov a suggéré aux organisations de collecter les informations sur les stocks d’aide en nature disponibles afin de venir en aide au peuple iraquien dans les plus brefs délais, et il a annoncé par ailleurs l’envoi prochain d’un convoi humanitaire bulgare vers l’Iraq.
M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) a estimé que dans l’immédiat, le rétablissement de la sécurité et des services essentiels constitue un défi et un impératif qu’il convient de résoudre. Passant aux questions, le représentant a voulu connaître, compte tenu des conditions de sécurité, la relation que les agences des Nations Unies et les organisations humanitaires entretiennent avec les chefs de tribus pour assurer de façon optimale la distribution alimentaire et la couverture sanitaire. En ce qui concerne l’éducation sur laquelle pèse la menace d’année scolaire blanche, le représentant a voulu savoir s’il n’est pas possible, en même temps que se créent les conditions permettant le retour progressif des enfants à l’école, de procéder à une extension de six à huit semaines de l’année scolaire. Le retour à l’école dépendant surtout de la sécurité et des conditions de transport, le représentant a attiré l’attention sur le problème crucial de l’approvisionnement en carburant.
Demandant ensuite à l’OMS d’élaborer sur la situation globale des hôpitaux, le représentant a, par ailleurs, souligné l’importance d’accélérer l’«endogénisation» de la prestation des services pour aider à la relance de l’économie et à la réduction de la dépendance humanitaire. L’Iraq est reconnu pour la qualité de ses hommes et femmes et il est souhaitable, a estimé le représentant, que les agences des Nations Unies et les organisations humanitaires les aident à reprendre confiance et à se prendre en charge en achetant d’abord iraquien et en employant d’abord les Iraquiens.
Revenant à la prorogation pour six mois du programme «pétrole contre nourriture», le représentant a voulu savoir si ces agences et organisations croient pouvoir exécuter dans les six mois les contrats dont elles ont la charge. Comment, a-t-il aussi demandé, envisagent-elles la suite? De manière illustrative, comment le PNUD compte poursuivre dans six mois son projet sur le dragage de Oum Qasr? Le représentant a conclu en appelant tous les acteurs externes, la Coalition, l’ONU, les autres Etats Membres et les ONG à coordonner leur action, à être complémentaires et à éviter d’instaurer entre eux une compétition nécessairement contre-productive.
M. MAMADY TRAORE (Guinée) a rendu hommage au travail accompli par les organisations humanitaires en Iraq depuis la fin de la guerre. Regrettant que la situation en matière de sécurité et le désordre sur le terrain hypothèquent le succès du travail des organisations humanitaires, M. Traoré a demandé à ces dernières d’indiquer les mesures que le Conseil de sécurité devrait prendre pour remédier à cette situation, tout en souhaitant que l’adoption de la résolution 1483 donne un coup d’accélérateur au processus de normalisation.
M. JAMES CUNNINGHAM (Etats-Unis) a déclaré que la résolution, adoptée par le Conseil ce matin et qui décrit le rôle vital de l’ONU en Iraq, a une dimension historique. Nous constatons que beaucoup de compétences et de volonté politique existent au sein du Conseil et à travers le monde en faveur de la reconstruction de l’Iraq. Nous encourageons tous les Etats Membres et organisations internationales à s’engager dans un soutien concret à la reconstruction de l’Iraq. A l’heure qu’il est, on ne comprend pas toujours les problèmes qui se posent à l’Iraq. Tous les intervenants ont insisté sur le rétablissement de la sécurité. Les Etats-Unis s’y attellent, et le Département d’Etat a recruté 1 000 conseillers en matière de police et sécurité pour réaliser cet objectif. Nous espérons, à travers la résolution adoptée ce matin, que nous aurons beaucoup d’autres partenaires dans la restauration de l’ordre et de la loi en Iraq. Nous comptons mettre les Iraquiens eux-mêmes à contribution pour la reconstruction de leur pays. Les Etats-Unis ont engagé des moyens pour permettre rapidement la réouverture et le fonctionnement des services publics à travers tout le territoire de l’Iraq, et les salaires seront versés aux fonctionnaires dès samedi prochain, le 24 mai. Nous constatons que malgré les difficultés, l’activité économique reprend et les marchés ouvrent progressivement à Bagdad et dans les autres agglomérations principales. Notre Gouvernement a récemment envoyé une centaine d’officiers chargés des affaires civiles, afin de soutenir le retour à une vie normale en Iraq.
M. JULIO HELDER DE MOURA LUCAS (Angola) a estimé que l’adoption de la résolution 1483 fournit un cadre propice au redressement de l’Iraq et devrait permettre de remédier aux problèmes rencontrés ces dernières semaines sur le terrain par les organisations humanitaires et les agences spécialisées des Nations Unies. Il a invité la communauté internationale à apporter tout son soutien au redressement et à la normalisation de l’Iraq afin d’améliorer les conditions de vie de la population. A cet égard, le représentant a jugé que la réhabilitation des infrastructures de base dans les domaines de la santé, de l’eau et de l’énergie pourrait contribuer à restaurer le bien-être du peuple iraquien qui devra également être associé à la reconstruction. Il est important que le Conseil de sécurité demeure vigilant quant à l’évolution de la situation humanitaire en Iraq et a demandé ensuite au représentant du PNUD d’évaluer la durée nécessaire pour réhabiliter l’infrastructure de base.
M. GENNADY GATILOV (Fédération de Russie) a déclaré que la Russie est vivement préoccupée par l’instabilité et le manque de sécurité qui règnent en Iraq. Il revient aux forces de la coalition d’assurer la sécurité des travailleurs humanitaires et des personnels de l’ONU, a estimé le représentant en émettant l’espoir que cela sera fait dans les délais les plus brefs. L’absence d’eau potable pose un grave danger à la santé des populations iraquiennes et il serait nécessaire que tout soit fait pour rétablir l’adduction d’eau potable dans les grands centres urbains. Par ailleurs, les pillages d’hôpitaux ont enlevé aux Iraquiens les seules infrastructures qui pourraient leur porter assistance en matière médicale. Sans électricité, il sera impossible de relever l’économie iraquienne, aussi devons-nous examiner le problème de l’exécution rapide de tous les contrats passés par l’ancien gouvernement iraquien dans le cadre du programme «pétrole contre nourriture». La Fédération de Russie est convaincue que le Secrétariat de l’ONU sera en mesure de veiller à l’exécution rapide de tous les contrats signés dans le cadre de ce programme.
M. JULIAN KING (Royaume-Uni) a également salué la contribution du personnel humanitaire local des Nations Unies en Iraq et celle du Comité international de la Croix-Rouge. Il a admis à son tour que les questions d’insécurité, bien que sporadiques et localisées, devaient être résolues au plus vite pour permettre de planifier les actions humanitaires. Il a indiqué que dans la zone d’opérations britanniques, la situation en matière de services de base s’est améliorée, dans la mesure où 80% de la ville de Bassorah est alimentée en eau, tandis que tous les hôpitaux disposent d’électricité et de combustibles. Il a exhorté les agences humanitaires à tout faire pour mettre à la disposition du Conseil de sécurité et du Royaume-Uni leurs évaluations quant aux besoins humanitaires. Une présence de personnel ayant une compétence en matière d’aide d’urgence sera assurée dans quelques jours par le Royaume-Uni, a–t-il dit ensuite, rappelant que d’ici juillet, la coordination sera assurée depuis le Koweït. Au-delà des besoins humanitaires, le Royaume-Uni continuera d’aider l’Iraq à développer son système sécuritaire, à réduire sa dépendance à l’aide d’urgence, à promouvoir la bonne gouvernance, à promouvoir les droits des femmes et des enfants, a-t-il dit. La participation des femmes dans le nouvel Iraq est importante, a dit le représentant, saluant les efforts déployés par les agences spécialisées des Nations Unies pour associer les femmes dans les programmes de réhabilitation. Enfin, évoquant la découverte de charniers, il a indiqué que la sécurité des preuves est une priorité pour la puissance occupante, précisant que neuf médecins légistes ont quitté le Royaume-Uni hier pour l’Iraq.
M. ADOLFO AGUILAR ZINSER (Mexique) a déclaré que la situation humanitaire en Iraq devrait recevoir toute l’attention du Conseil et le Mexique remercie à cet égard les chefs d’agences de l’ONU ou leurs représentants qui ont pris part au débat d’aujourd’hui. La reconstruction de l’Iraq et les solutions à apporter à ses problèmes humanitaires sont une tâche colossale que devront assumer en premier les puissances occupantes. La nature de l’ancien régime iraquien et la manière dont il s’est effondré rendent les choses difficiles en Iraq. C’est tout un système qu’il faut en fait remplacer, donc construire. A cela, il faut ajouter la reconstruction physique du pays. C’est pourquoi, le Mexique est inquiet de la somme de capacités humaines et institutionnelles que devra déployer l’ONU. Nous aimerions donc savoir quelles sont les possibilités de voir naître des institutions civiles iraquiennes qui pourraient soutenir ces efforts internationaux et quelles sont les capacités des populations à prendre en main leur propre destin. On note que la plupart des capacités nationales de l’Iraq sont en ce moment entre les mains de troupes religieux. Comment fera-t-on face à cette réalité? La pénalisation de la société iraquienne et la banalisation de comportements violents sont des choses auxquelles il faudra aussi concrètement faire face. Comment les organisations internationales réagiront-elles à ces réalités?
M. ZHANG YISHAN (Chine) a rappelé qu’après une décennie de sanctions et la guerre qui vient de s’achever, le peuple iraquien est en droit d’aspirer au bien-être et à la sécurité. La Chine a apporté une assistance humanitaire d’urgence à l’Iraq, a-t-il dit, déplorant toutefois que sur le terrain, le travail des organisations humanitaires soit hypothéqué par les conditions d’insécurité. Les puissances occupantes doivent assurer la liberté de mouvement du personnel humanitaire et faciliter l’acheminement de l’aide, a-t-il dit. Une fois la guerre éclatée, le programme «pétrole contre nourriture» a été ajusté et sera progressivement fermé, a-t-il souligné, manifestant l’intérêt de la Chine à voir les ressources financières nécessaires allouées à l’aide humanitaire et à la reconstruction.
M. CRISTIAN MAQUIEIRA (Chili) a déclaré que son pays partageait les préoccupations des autres membres du Conseil sur la situation humanitaire en Iraq. Malgré quelques signes positifs, elle demeure très précaire. L’insécurité porte atteinte à la prestation des services de secours, qui est en ce moment l’apanage essentiel des groupes religieux. Le Chili voudrait savoir si des mesures ont été prises pour réduire l’emprise de ces groupes religieux sur les populations. Tout en étant heureux qu’il n’y pas de vraie crise alimentaire en Iraq, nous aimerions savoir quelles dispositions ont été prises pour assurer la distribution de rations alimentaires sur toute l’étendue du territoire. Concernant les nombreux charniers découverts en Iraq, nous souhaitons savoir qui a la charge de restituer les dépouilles aux familles tout en préservant les sites.
Mme ANA MARIA MENENDEZ (Espagne) a indiqué qu’une des priorités de son pays a consisté à fournir une aide humanitaire d’urgence au peuple iraquien. L’Espagne est intervenue dans plusieurs domaines, que ce soit pour le financement de l’Appel d’urgence interinstitutions, ou pour la mise en œuvre d’une aide directe. Plus de 75 millions de dollars ont été versés par notre pays, a-t-elle dit, à la fois par la voie multilatérale et bilatérale. Cette dernière a pour objectif de répondre aux besoins dans le secteur des services de base, a-t-elle dit, rappelant que dès le début des opérations militaires, un contingent humanitaire de 900 hommes et femmes a été dépêché en Iraq. Dans un proche avenir, la situation sécuritaire doit trouver une solution, a-t-elle dit, proposant l’envoi d’unités de la Garde civile espagnole qui, outre le maintien de l’ordre, contribueraient également à la formation des unités iraquiennes.
M. MICHEL DUCLOS (France) a déclaré que le genre de débat que tient le Conseil sur les questions humanitaires a toujours une forte valeur symbolique. La France retient que, comme l’a dit Mme Louise Fréchette, il n’y a sans doute pas de crise alimentaire en Iraq. Cependant, la situation générale de l’Iraq reste mauvaise. Comme la délégation du Mexique, nous avons été frappés par les mauvaises conditions de sécurité qui affectent notamment les femmes en Iraq. Si les violences à leur égard se poursuivaient, les femmes risqueraient d’être exclues du processus de reconstruction de l’Iraq, ce qui serait contraire aux objectifs recherchés. Notre délégation aimerait savoir si, sur le plan de la coordination, on peut tirer des leçons, à partir de la situation actuelle, sur ce que pourrait être le rôle du futur Représentant spécial du Secrétaire général. Par ailleurs, il semble que des structures parallèles de santé et de solidarité, notamment à base religieuse, voient le jour en Iraq. Comment les organisations internationales pourront-elles s’en accommoder? Existe-il une possibilité pour l’ONU d’acheter des produits alimentaires locaux avec les ressources disponibles? Cette idée a-t-elle été évoquée, et si oui, comment sera-t-elle mise en œuvre?
Reprenant la parole, le Directeur exécutif du PAM a salué le soutien manifesté par le Conseil de sécurité aux opérations humanitaires en cours et à venir en Iraq. Le 1er juin, a-t-il dit, les distributions d’aide alimentaire débuteront, tandis que les fonds disponibles par le biais du programme «pétrole contre nourriture» et de l’Appel consolidé devraient permettre d’assister le peuple iraquien jusqu’à la fin de l’année. Nous essayons d’acheter sur le marché local dès que nous le pouvons, a-t-il dit, insistant ensuite sur les questions de sécurité qui, aux yeux du peuple iraquien, sont très importantes et sur la nécessité de payer les agents de sécurité. Le Ministère du commerce, les organisations humanitaires et les agences spécialisées des Nations Unies travaillent de manière collégiale, a-t-il assuré, évoquant certains besoins non encore couverts en sel et autres éléments nutritionnels.
Pour sa part, l’Administrateur du PNUD a rendu hommage au travail accompli par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) ces derniers mois. Nous travaillons avec des autorités locales de grande qualité, a-t-il dit, répondant au représentant de l’Allemagne, avant de souligner, à l’intention du Cameroun, que la première phase humanitaire vise à rétablir le niveau de vie des Iraquiens en l’an 2000, tandis que la seconde phase consistera à rétablir le niveau de vie d’avant la guerre Iran-Iraq en 1982. L’indice de développement humain de l’Iraq, qui équivalait à celui de l’Iran à cette époque, est tombé au niveau du Lesotho, a-t-il dit. Les dépenses de développement d’ensemble ne seront pas aussi importantes que celles de la phase humanitaire d’urgence, a-t-il assuré, car l’Iraq dispose de richesses et pourra autofinancer ses activités de développement. Avec la prorogation de six mois du programme «pétrole contre nourriture», nous comptons pouvoir disposer de 250 millions de dollars pour financer des contrats, notamment pour l’électrification partielle dans le Nord de l’Iraq. Il a indiqué que les efforts du PNUD se concentreront également sur l’intégration des questions de gouvernance dans le développement institutionnel en Iraq. Pour achever la reconstruction de l’Iraq, a-t-il conclu, les moyens de financement pourront être trouvés grâce aux recettes du Gouvernement, aux mécanismes de financement de la Banque mondiale et aux fonds d’aide au développement.
Le Directeur exécutif pour le développement durable de l’OMS est revenu sur la question du «vide du pouvoir» et du manque d’administration et a indiqué que le vrai problème réside dans le fait que les agents publics ne savent pas qui les commande. Pour ce qui est des pillages des hôpitaux, ils ne sont pas le fait des fonctionnaires, a-t-il dit, s’interrogeant sur les raisons pour lesquelles ils n’ont pu être évités. L’impact de l’insécurité pour les structures de santé est réel, a-t-il souligné, prenant le cas de Bassorah où il est fréquent que les équipes humanitaires ne puissent disposer d’escortes. Il faut ramener le système à la normale, a-t-il préconisé, et rendre les activités prévisibles, notamment en ce qui concerne la gestion des services publics et des institutions existantes. M. Nabbaro a rendu hommage au rôle de l’Autorité pour rétablir la légitimité des institutions, rétablir les communications et commencer à payer les fonctionnaires. Il a recommandé une coordination effective sur le terrain des institutions et agences des Nations Unies, et a souhaité que la désignation du Représentant spécial contribue davantage à normaliser l’esprit de coopération avec l’Autorité qui est meilleur depuis une semaine. S’agissant des contrats passés par le biais du programme «pétrole contre nourriture», M. Nabbaro s’est inquiété des délais très courts pour assurer la transition d’ici le 1er juin et avant la fin décembre et pour finaliser les contrats en cours ou en attente, appelant à faire preuve d’une plus grande souplesse.
Répondant aux questions et aux remarques formulées par les membres du Conseil, le Directeur des programmes d’urgence du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a dit que la coordination des actions menées par les agences de l’ONU en collaboration avec les ONG était bonne. Dix-neuf contrats entrant dans le cadre du programme «pétrole contre nourriture» ont été signés et leur mise en œuvre permettra de s’attaquer aux questions relatives à l’approvisionnement en l’eau. Beaucoup d’écoles iraquiennes sont en mauvaise état, et une refonte du système scolaire est indispensable. Les interventions qui se feront dans le cadre de la reconstruction devront aussi veiller à assurer la mixité dans les écoles. Il est regrettable, au niveau de l’enseignement secondaire, que les élèves courent le risque de perdre une année scolaire, les effets de la guerre n’ayant pas permis la préparation de sujets d’examens de fin d’année. Concernant les questions de nutrition, nous sommes fiers du programme mis en place par le Programme alimentaire mondial. Le domaine dans lequel nous avons besoin de ressources est celui de l’alimentation des nouveau-nés, du fait du manque d’eau potable. Nous avons recommandé un retour systématique à l’allaitement au sein maternel pour faire face à la multiplication des cas mortels de diarrhées. L’UNICEF tient en outre à réaffirmer la nécessité de la création de conditions de sécurité qui permettent aux organismes de secours de pouvoir intervenir partout
Prenant à son tour la parole, le Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a dit que le CICR allait remplir les missions qui sont traditionnellement les siennes, notamment en matière d’assistance aux prisonniers de guerre et à leurs familles. Le CICR est heureux des promesses faites par les puissances occupantes sur la restauration de la sécurité en Iraq. L’une des conditions fondamentales de la bonne coordination des actions de terrain est que chaque intervenant travaille dans son domaine de compétences et ne vienne pas empiéter dans les domaines qui ne sont pas les siens, a dit l’intervenant.
Concluant les interventions des représentants des agences humanitaires et d’assistance au développement du système de l’ONU, M. KENZO OSHIMA, Coordonnateur du Bureau des affaires humanitaires (OCHA) et Secrétaire général adjoint des Nations Unies, a dit qu’il s’était récemment rendu à Bagdad et à Bassorah. Cette visite nous a permis de faire les mêmes constats que ceux qu’ont fait les membres du Conseil sur les questions de sécurité, de salaires des fonctionnaires iraquiens, d’adduction en eau potable, d’approvisionnement alimentaire et de restauration des structures de santé, a dit M. Oshima. Nous espérons que les mesures proposées aujourd’hui par les Etats-Unis et le Royaume-Uni en matière de sécurité seront rapidement mises en place, et que la mise en œuvre des termes de la résolution adoptée ce matin se fera sans heurt. OCHA a mis en place un cadre de coopération avec ses partenaires, qui fonctionne bien en Iraq. Nous comptons cependant revoir et réviser l’Appel d’urgence interinstitutions que nous avions lancé il y a plusieurs semaines pour l’adapter à la situation actuelle en prenant en compte les termes de la résolution adoptée aujourd’hui. Enfin, concernant notre relation de travail avec les Iraquiens, nous avons constaté que nous pouvons bénéficier de leur part de bonnes capacités humaines et d’une base institutionnelle efficace qu’il suffit simplement de réactiver.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan), concluant le débat sur la réponse du système des Nations Unies face à la situation humanitaire en Iraq, a suggéré aux membres du Conseil de sécurité de poursuivre la réflexion sur les propositions faites par les agences spécialisées des Nations Unies. Il a jugé prometteur de voir le système des Nations Unies travailler étroitement et en bonne intelligence avec les partenaires de la coalition et le peuple iraquien. S’agissant des ressources, il a estimé que le programme «pétrole contre nourriture» permettait dans l’immédiat, de faire des prévisions à moyen et long terme et a proposé au Conseil de sécurité de reconsidérer éventuellement l’aspect financier à une date ultérieure.
Reprenant la parole, le représentant de la République arabe syrienne, a expliqué l’absence de sa délégation lors du vote de la résolution 1483, et a tenu à faire une déclaration interprétative. La Syrie, a-t-il précisé, aurait voté en faveur de cette résolution si les délais qu’elle avait sollicités lui avaient été accordés. La Syrie qui a toujours défendu la levée des sanctions contre le peuple iraquien était disposée à se joindre au consensus, même si elle le juge incomplet et insuffisant. L’attitude de la Syrie ne peut en aucun cas être interprétée comme un changement de position mais uniquement comme une manifestation du mécontentement de notre délégation face au refus d’intégrer dans la résolution certains amendements sur le renforcement du rôle des Nations Unies et des prérogatives du peuple iraquien.
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