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CS/2496

LE COORDONNATEUR SPECIAL DU PROCESSUS DE PAIX DEMANDE LA MISE EN OEUVRE DE LA FEUILLE DE ROUTE DU QUATUOR PAR ISRAEL ET PAR LES PALESTINIENS

19/05/2003
Communiqué de presse
CS/2496


Conseil de sécurité

4757e séance – matin


LE COORDONNATEUR SPECIAL DU PROCESSUS DE PAIX DEMANDE LA MISE EN OEUVRE

DE LA FEUILLE DE ROUTE DU QUATUOR PAR ISRAEL ET PAR LES PALESTINIENS


Examinant ce matin la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, le Conseil de sécurité a entendu un exposé de M. Terje Roed-Larsen, Coordonnateur spécial du processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général, qui a parlé de l’évolution de la situation dans la région depuis le mois dernier.  Depuis lors, a dit M. Roed-Larsen, un processus de paix nouveau et encore fragile a démarré au Moyen-Orient après la confirmation par le Conseil législatif palestinien de M. Abou Mazen comme Premier Ministre palestinien et depuis la présentation, par le Quatuor, de la Feuille de route du processus de paix au Gouvernement d’Israël et à l’Autorité palestinienne.  Exprimant l’espoir que les attentats terroristes qui ont été récemment perpétrés en Israël ne fassent pas dérailler les discussions sur la mise en œuvre de la Feuille de route, M. Roed-Larsen a indiqué que le succès du processus dépendrait d’une part de la bonne foi et des performances des parties et d’autre part de la détermination et du soutien du Quatuor et des acteurs régionaux clefs que sont l’Egypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite.


Faisant part de ses inquiétudes face à la détérioration de la situation humanitaire dans les territoires palestiniens, le Coordonnateur spécial du processus de paix a indiqué que l’aggravation de la détérioration des conditions de vie dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie était due aux nombreuses restrictions imposées par l’armée israélienne.  A cet égard, il a noté qu’il avait dénombré 100 points de contrôle militaire et plus de 400 barrages et fossés visant à limiter les déplacements sur les routes.  Parlant de la pauvreté, M. Roed-Larsen a indiqué que son taux parmi la population palestinienne est passé de 25% en 1998 à 60% en 2002, ce taux atteignant même 75% à Gaza, tandis que le chômage est passé de 20 à 53% au cours des deux dernières années, l’économie palestinienne ayant perdu 5,4 milliards de dollars du fait des nombreux blocus auxquels elle est soumise.  Seul le rétablissement des échanges commerciaux et du droit de circuler peut relancer cette économie, a estimé M. Roed-Larsen en notant que l’application de la Feuille de route pouvait établir des mesures mutuelles de sécurité permettant de contrer une éventuelle recrudescence d’attentats. 


Aucun autre plan de paix au Moyen-Orient n’ayant suscité autant de soutien international que celui contenu dans la Feuille de route du Quatuor, M. Roed-Larsen a invité la communauté internationale a user de toute son influence auprès des parties pour qu’elles en acceptent les dispositions et les appliquent aussi tôt que possible pour parvenir à la création d’un Etat de Palestine viable, souverain et démocratique vivant aux côtés d’un Etat d’Israël assuré de sa sécurité et prospère dans un cadre de paix globale, juste et durable.


LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE


Déclaration


M. TERJE ROED-LARSEN, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général, a, au cours de la présentation qu’il a faite ce matin devant le Conseil de sécurité, déclaré qu’il espérait que les attentats survenus ce week-end au Moyen-Orient ne feraient pas dérailler le processus de paix enclenché depuis la confirmation d’Abou Mazen comme Premier Ministre palestinien et depuis la présentation de la Feuille de route, par le Quatuor, aux parties israélienne et palestinienne.  Le succès du processus de paix dépendra de la bonne foi et des performances de toutes les parties, a poursuivi M. Roed-Larsen, en notant que la détermination à soutenir le processus, de la part des acteurs régionaux clefs que sont l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, était indispensable.  Nous devons à tout moment garder à l’esprit les objectifs finaux du plan qui sont la création d’un Etat palestinien viable, souverain, démocratique et la création d’un cadre assurant la sécurité et la prospérité de l’Etat d’Israël.  Le processus doit mener à une paix globale, juste et durable.  La route qui y mène est longue et semée d’embûches.  Depuis notre dernière rencontre avec le Conseil de sécurité, 95 personnes ont perdu la vie dont 79 Palestiniens et 16 Israéliens, et depuis le début de la deuxième Intifada en septembre 2000, 2 648 Palestiniens et 751 Israéliens sont morts.


Les groupes responsables des actes terroristes doivent mettre fin à ces actes et l’Autorité palestinienne doit les combattre et traduire en justice ceux qui sont reconnu coupables de soutenir ou de planifier les attentats terroristes.  Il existe une dépendance mutuelle entre Palestiniens et Israéliens.  La terreur ne devra pas empêchera les deux parties de faire des avancées réciproques.  Mais ces progrès ont besoin de détermination et de volonté de la part du nouveau Gouvernement palestinien.  Des prises de position fermes seront un test qui démontrera la capacité de l’Autorité palestinienne à prendre les mesures nécessaires à la mise en œuvre de la Feuille de route.  Dans le cadre de la première phase de la Feuille de route, Israël ne doit prendre aucune initiative qui minerait la confiance, y compris des attaques contre les civils ou la confiscation ou la destruction de maisons palestiniennes comme mesure punitive.  Juste quelques heures après la publication de la Feuille de route, les forces israéliennes ont tué au moins 13 personnes dans la Bande de Gaza et en ont blessé beaucoup d’autres.  Et les destructions de maisons palestiniennes se poursuivent: environ 70 maisons sont rasées chaque mois et ce chiffre va en augmentant.  Quant aux destructions de terres agricoles, elles ont quasiment doublé en six mois.  Les Nations Unies doivent rappeler à Israël ses obligations en vertu du droit international humanitaire et doivent lui répéter qu’il est inacceptable de faire continuellement usage d’une force excessive.  Nous réitérons aussi notre opposition aux exécutions extrajudiciaires et demandons au Gouvernement israélien d’y mettre fin. 


Concernant la Bande de Gaza et la Cisjordanie, nous pensons que la profonde crise humanitaire qui affecte les populations de ces territoires est due aux restrictions de sécurité imposées par l’armée israélienne.  Dans les deux zones, nous avons dénombré une centaine de points de contrôle et plus de 400 obstacles et fossés barrant les routes.  Dans les deux territoires, le taux de pauvreté a augmenté de 25% en 1998 pour atteindre 60% en 2002.  Dans la Bande de Gaza, qui est la plus pauvre, le taux de pauvreté de la population est de 75%.  Au cours des deux dernières années, le chômage est passé de 20% à 53% et les blocus imposés par Israël ont coûté 5,4 milliards de dollars à l’économie palestinienne. 


Face à cette augmentation de la misère des Palestiniens, il faut qu’Israël lève le régime de blocus qu’il leur a imposé.  Nous savons qu’il pourrait y avoir un revers de médaille à ce genre d’initiative, notamment en matière de sécurité.  Mais seule une réouverture des points de passage peut relancer l’économie palestinienne.  La Feuille de route peut offrir des mesures permettant de lutter contre l’augmentation du nombre d’attentats terroristes.  Son approche place en effet les deux parties devant leurs obligations concernant la sécurité et les obligations humanitaires tout en renforçant l’appareil de sécurité de l’Autorité palestinienne sur la base du programme de lutte antiterroriste du Premier Ministre.


A la suite de l’attentat-suicide à la bombe commis le 30 avril à Tel-Aviv, a dit M. Roed-Larsen, Israël a voulu imposer de nouvelles restrictions de sécurité et d’accès à la Bande de Gaza.  Le 8 mai dernier, le Groupe de travail sur la mise en œuvre des projets, qui représente le système des Nations Unies et la communauté des donateurs, a reçu un certain nombre de directives.  Ces directives veulent, entre autres imposer une fouille des véhicules des personnels humanitaires entrant ou sortant de Gaza.  Selon ces directives, tous les personnels se rendant à Gaza devront aussi signer une déclaration qui en fait est une tentative d’exonérer Israël de ses responsabilités vis-à-vis du personnel des Nations Unies.  Toutes ces politiques constituent des violations des privilèges et immunités du personnel des Nations Unies et elles vont à l’encontre des obligations israéliennes, en tant que puissance occupante, en matière de droit humanitaire.


Si les efforts déployés ne contribuent pas à améliorer l’accès du personnel des Nations Unies à la Bande de Gaza, a estimé M. Roed-Larsen, il deviendra progressivement impossible d’y poursuivre les opérations.  Comme le faisait remarquer le Commissaire général de l’UNRWA, M. Peter Hansen, cette situation ne pourrait durer si les mesures israéliennes étaient maintenues.  Les deux tiers de la population de la Bande de Gaza sont des réfugiés qui dépendent des services de l’UNRWA pour les questions de santé, d’éducation et de services sociaux, a poursuivi M. Roed-Larsen, avant de rappeler à Israël sa responsabilité, en tant que puissance occupante, en matière de protection humanitaire au peuple palestinien.  Si Israël empêche les Nations Unies de travailler sur le terrain, il est légitime d’attendre de lui qu’il apporte l’assistance dont a besoin la population de Gaza.


Le Coordonnateur spécial a en outre souligné que la situation humanitaire compliquait la tâche du nouveau Premier Ministre palestinien, Abou Mazen.  Il a indiqué que l’acceptation par Abou Mazen de la «Feuille de route» constitue une étape importante qu’il importe de soutenir d’autant que l’Autorité palestinienne a fait des progrès considérables ces derniers mois dans de nombreux domaines.  Parmi ces progrès, M. Roed-Larsen a mentionné la désignation d’un Premier Ministre investi de pouvoirs réels, la mise en place d’un cadre crédible et propice à la préparation d’une constitution pour un État palestinien, la nomination de ministres chargés de procéder à des réformes, et enfin l’établissement d’une commission électorale indépendante.  Nous sommes prêts à travailler en étroite collaboration avec l’Autorité palestinienne pour mettre en œuvre ces réformes, a assuré le Coordonnateur spécial, de même que pour améliorer les conditions de sécurité comme prévu dans la Feuille de route.  La sécurité est le domaine dans lequel l’Autorité palestinienne a échoué au cours des deux dernières années, a-t-il dit, faisant observer que, tant que les Palestiniens et les Israéliens ne se sentiront pas en sécurité, la mise en œuvre de la Feuille de route restera illusoire. 


Aussi, le Premier Ministre palestinien, Abou Mazen, a deux tâches prioritaires dans le domaine sécuritaire, à savoir restaurer la loi et l’ordre au plan interne et dans le même temps, prendre des mesures immédiates pour faire cesser le terrorisme et traduire en justice les responsables des attaques terroristes.  Il doit s’assurer que les zones palestiniennes ne servent pas de base arrière aux attaques contre Israël, a-t-il dit, saluant au passage la déclaration d’investiture faite par Abou Mazen devant le Conseil législatif palestinien au cours de laquelle il s’est engagé à désarmer les groupes armés.  Les efforts d’Abou Mazen seront sans aucun doute encouragés par la tentative du Gouvernement égyptien visant à obtenir un cessez-le-feu entre les groupes armés palestiniens.  Un tel cessez-le-feu faciliterait la tâche du nouveau Premier Ministre qui a pour objectif de placer les armes palestiniennes entre les mains d’un appareil de sécurité réformé et efficace, comme prévu dans la Feuille de route. 


Le Gouvernement israélien doit pour sa part avaliser la Feuille de route et la mettre en œuvre, a poursuivi M. Roed-Larsen, souhaitant que la rencontre de samedi dernier entre les Premiers Ministres Sharon et Abou Mazen ait renforcé la confiance d’Israël dans ce plan de paix.  Une large majorité d’Israéliens, y compris parmi les électeurs du Likoud, soutient la Feuille de route, s’est félicité le Coordonnateur spécial, soulignant que sa mise en œuvre est également dans l’intérêt d’Israël.  Le fait que les deux parties prennent des mesures pour mettre en œuvre cette Feuille de route est un élément essentiel, a-t-il dit, car cette initiative suppose des mesures réciproques et parallèles selon un échéancier précis.


Abordant la question de la Ligne bleue, où il s’est rendu la semaine dernière, M. Roed-Larsen a indiqué que la dernière violation de cette Ligne remonte à la fin janvier et depuis cette date, les parties font preuve de retenue.  Toutefois, il a dénoncé les violations aériennes de la Ligne bleue par Israël et les tirs anti-aériens du Hezbollah contre des positions israéliennes au-dessus de la Ligne bleue.  Faisant état d’une série d’incidents, il a invité le Gouvernement libanais à assurer la sécurité du personnel de la FINUL et invité les parties à faire preuve de retenue. 


Il a fallu neuf mois pour finaliser la Feuille de route, a dit ensuite M. Roed-Larsen, convaincu que le vrai travail commence aujourd’hui avec sa mise en œuvre.  C’est peut-être là la dernière chance pour les deux parties de parvenir à la coexistence de deux États en raison d’une série de facteurs qui éloignent progressivement les perspectives de paix, a-t-il ajouté, citant notamment le cycle de terreur et de violence et la construction d’un mur de séparation et la poursuite des colonies de peuplement par Israël qui progressivement rendra de plus en plus improbable la création d’un État palestinien.  Il a lancé un appel aux parties palestinienne et israélienne afin qu’elles s’engagent résolument dans la mise en œuvre de la Feuille de route avec le soutien de la communauté internationale qui doit, quant à elle, les exhorter à coopérer dans l’application de cette Feuille de route et à ne pas céder aux pressions de ceux qui entendent faire dérailler le processus de paix dans la violence. 


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