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CS/2463

DANS L’IMMINENCE D’UNE ACTION MILITAIRE CONTRE L’IRAQ, LE CONSEIL DE SECURITE INSISTE SUR L’IMPORTANCE DE L’AIDE HUMANITAIRE A CE PAYS

19/03/2003
Communiqué de presse
CS/2463


Conseil de sécurité

4721e séance – matin


DANS L’IMMINENCE D’UNE ACTION MILITAIRE CONTRE L’IRAQ, LE CONSEIL DE SECURITE INSISTE SUR L’IMPORTANCE DE L’AIDE HUMANITAIRE A CE PAYS


En présence de cinq Ministres des affaires étrangères et du Secrétaire général de l’ONU, le Conseil de sécurité a pris note, ce matin, du programme de travail de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection (CCVINU) et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIElA) sur le désarmement biologique, chimique, nucléaire et en missiles de l’Iraq.  La présentation de ce programme de travail, qui est le quatrième document soumis au Conseil par le Président exécutif de la CCVINU et le Directeur général de la AIEA depuis la reprise des inspections le 27 novembre 2002, intervient dans le contexte de l’ultimatum de 48 heures lancé, le 17 mars dernier, aux autorités iraquiennes par le Président des Etats-Unis, George W. Bush. 


Regrettant profondément cette situation imputée par les uns au manque de coopération de l’Iraq et par les autres, à une décision précipitée, les membres du Conseil ont néanmoins refusé de se livrer à des récriminations entre partisans de l’action militaire et défenseurs de la poursuite des inspections.  Ils ont préféré axer leurs interventions sur la nécessité de recouvrer l’unité nécessaire à l’adoption de mesures collectives pour permettre à l’ONU de répondre efficacement aux conséquences humanitaires du conflit.  Comme l’a dit le Ministre des affaires étrangères de la France, Dominique de Villepin, «face à un monde de crise, notre obligation morale et politique est de renouer les fils de l’espoir et de l’unité».


Les délégations ont toutefois saisi cette occasion pour rendre un hommage appuyé aux inspecteurs de la CCVINU et de l’AIEA.  Seul à avoir fait une déclaration de fond, le Président exécutif de la CCVINU, Hans Blix a regretté que le jour même où son programme de travail est arrivé sur la table du Conseil de sécurité, la CCVINU ait été contrainte d’ordonner le retrait de ses inspecteurs de l’Iraq.  Il s’est dit attristé que trois mois et demi d’inspections n’aient pas donné les assurances nécessaires quant à l’absence d’armes de destruction massive et d’autres articles interdits en Iraq.  Quant à l’avenir, Hans Blix a voulu que lors de ses consultations, le Conseil reconnaisse la valeur de la CCVINU qui est «un organe unique d’experts internationaux dévoués aux Nations Unies et formés au domaine des armes de destruction massive».  Avec l’intérêt croissant de la communauté internationale pour les questions de prolifération de ces armes, a-t-il dit, les compétences de la CCVINU peuvent être précieuses pour le Conseil.


Souscrivant à ces propos, le Ministre russe des affaires étrangères, Igor Ivanov, a appelé le Conseil à revenir, le moment venu, à la question de la poursuite des inspections conformément aux résolutions 1284 (1999) et 1441 (2002) qui, a-t-il précisé, «n’autorisent en aucun cas le recours à la force pour désarmer l’Iraq ou en changer le régime».  Appelant également à achever le désarmement de l’Iraq, le Ministre français des affaires étrangères a regretté pour sa part que «ceux qui espèrent éliminer les dangers de la prolifération par une intervention armée en Iraq», se privent d’un outil essentiel pour d’autres crises du même type.  Le représentant des Etats-Unis, John Negroponte, ayant reconnu que les inspecteurs pourraient être utiles à l’avenir, le Ministre français a proposé la création d’une structure originale et permanente d’un corps de désarmement relevant des Nations Unies.   


Soulignant que le conflit qui est sur le point d’éclater ne peut qu’empirer une situation déjà critique, le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a indiqué que les agences humanitaires des Nations Unies s’étaient, depuis un certain temps, engagées dans la préparation «de ce qui se profile à l’horizon».  Sur les 123,5 millions de dollars demandés aux donateurs, il y a un mois, ces agences n’ont toutefois reçu que 45 millions en annonces de contributions, dont 34 millions seulement ont été effectivement versés.  «Je crains que nous ne soyons obligés très bientôt de revenir devant vous, en vue de lancer un appel pour une somme plus élevée», a prévenu le Secrétaire général, en indiquant qu’il avait aussi examiné les conséquences de la suspension du Programme «pétrole contre nourriture» en Iraq et les ajustements à apporter.


En réponse aux propos du Secrétaire général, le représentant des Etats-Unis a attiré l’attention du Conseil sur les ressources importantes, 76, 5 millions de dollars, que son pays a accordées à la tâche humanitaire et sur les consultations qu’il a tenues avec les organisations régionales et internationales, les membres de la société civile et les Nations unies pour bien identifier les besoins dans ce domaine.  Le représentant américain a, en outre, fait part de son intention de présenter prochainement un projet de résolution sur la situation humanitaire en Iraq.  Pour sa part, le représentant du Royaume-Uni, Jeremy Greenstock a annoncé une rencontre, cet après-midi, entre la Secrétaire d’Etat britannique au développement international et le Secrétaire général de l’ONU sur la question des secours humanitaires dans ce pays.  Le Gouvernement britannique qui a déjà bloqué une somme de 110 millions de dollars pour l’assistance humanitaire est disposé à faire d’autres annonces de contribution, a ajouté le représentant.


A cela, le représentant de l’Iraq, Mohammed Aldouri a répondu que le peuple iraquien n’a pas besoin de la générosité indécente des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Nous avons besoin du personnel humanitaire qui a justement été évacué, a-t-il dit en arguant que pour réduire l’ampleur de la catastrophe, le Conseil de sécurité n’a pas d’autre choix que de reprendre le programme «pétrole contre nourriture».  Il a, par ailleurs, prévenu, que «l’Iraq poursuivra son travail avec le Conseil de sécurité pour faire éclater la vérité qui est qu’il ne possède pas d’armes de destruction massive».


LA SITUATION ENTRE L’IRAQ ET LE KOWEIT


Déclarations


M. HANS BLIX, Président exécutif de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection des Nations Unies (CCVINU), a, en vertu de la résolution 1284 (1999), présenté le programme de travail de la CCVINU.  Il a regretté que le jour même où ce programme est arrivé sur la table du Conseil de sécurité, la CCVINU a été contrainte d’ordonner le retrait de ses inspecteurs de l’Iraq.  Il s’est dit attristé que trois mois et demi d’inspections en Iraq n’aient pas apporté les assurances nécessaires quant à l’absence d’armes de destruction massive et d’autres articles interdits en Iraq.  Il s’est dit également attristé que la fin des inspections ait sonné et que l’action armée semble maintenant imminente.  Dans le même temps, M. Blix s’est dit soulagé qu’il ait été possible hier de retirer tout le personnel international de l’ONU avec la pleine coopération de l’Iraq.  Commentant le programme de travail, M. Blix a souligné qu’il ne propose aucune approche tendant à résoudre des questions spécifiques selon un calendrier fixe.  Le programme vise plutôt à résoudre les questions de l’anthrax et du gaz VX en mars et celles des véhicules aériens sans pilote et des véhicules téléguidés en avril.  Dans ce programme, la CCVINU n’a négligé aucune question identifiée.  Toutefois, il est évident que le Conseil pourra choisir des questions spécifiques à régler selon un calendrier fixe, à partir du programme de travail qui comprend douze tâches dont les progrès pourraient permettre d’évaluer la coopération de l’Iraq. 


Depuis mon dernier rapport, a rappelé M. Blix, l’Iraq a fourni plusieurs lettres sur les questions en suspens.  Il a néanmoins souligné que seules quelques informations permettront de résoudre ces questions.  Reconnaissant que le programme n’a qu’une pertinence limitée dans le contexte actuel, M. Blix a voulu que lors de ses consultations, le Conseil réalise que, par la CCVINU, il dispose d’un organe unique d’experts internationaux dévoués aux Nations Unies et bien formés dans les domaines des armes de destruction massive.  Aucune autre organisation n’a autant d’inspecteurs spécialisés dans le domaine des armes biologiques et des missiles.  Le personnel de la CCVINU est également formé dans l’analyse de questions spécifiques et des questions plus générales concernant la prolifération des armes de destruction massive.  Avec l’intérêt croissant de la communauté internationale pour la prolifération de ces armes, les compétences de la CCVINU peuvent être précieuses pour le Conseil, a conclu M. Blix.


M. GUSTAVO ZLAUVINEN, représentant du Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a déclaré que ce dernier avait transmis au Conseil le programme de travail de cet organe en ce qui concerne le désarmement de l’Iraq, conformément à la résolution pertinente du Conseil de sécurité.  Il reviendra donc au Conseil de prendre les décisions qui s’imposent, pour permettre à ce programme de travail d’être exécuté.


M. JOSCHKA FISHER, Vice-Chancelier et Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a dit que le Conseil de sécurité ne saurait garder le silence face à la guerre qui se profile au Moyen-Orient.  Les récents évènements, qui ont paralysé le travail de l’ONU sur le terrain, sont regrettables.  L’Allemagne soutient le programme de travail présenté par M. Blix, quelles que soient les circonstances.  Il est possible de désarmer l’Iraq par des moyens pacifiques.  L’Allemagne regrette avec insistance la guerre éminente.  Nous avons collaboré avec la France et la Russie pour permettre la poursuite, selon un calendrier raisonnable, des inspections en Iraq.  Le Conseil n’a pas échoué, et nous devons nous opposer à ce mythe. 


Le Conseil a mis à la disposition de la communauté internationale les moyens de désarmer pacifiquement l’Iraq.  Mais le Conseil ne saurait être jugé responsable de ce qui se passe en dehors de lui.  La mobilisation militaire et la guerre qui se profile n’ont donc aucune légitimité, et n’ont pas l’appui de notre peuple.  L’Allemagne estime que l’ONU, particulièrement le Conseil de sécurité, doit continuer à jouer un rôle central, le Conseil demeurant l’institution centrale de préservation de la paix et de la sécurité internationales.  Rien ne saurait se substituer à lui.  Les manifestations que l’on a observées à travers le monde montrent à quel niveau on a besoin de l’ONU et du Conseil de sécurité, seuls cadres pertinents et légitimes pour lutter contre la prolifération des armes de destruction massive.  Aujourd’hui nous devons faire tout ce qui est possible pour éviter un désastre humanitaire.  Le Secrétaire général doit présenter des propositions à ce sujet et le Conseil a déclaré hier qu’il était prêt à les examiner.  Dans le cadre du programme «pétrole contre nourriture», les Nations Unies ont fourni des biens de premières nécessités à 60% de la population iraquienne.  Cette expérience doit être utilisée à l’avenir. 


Nous devons rapidement prendre des décisions pour sauver des vies humaines.  La guerre est un acte terrible, et l’Allemagne, qui l’a connue, est consciente de la gravité de la situation actuelle.  Nous avons participé aux opérations de rétablissement de la paix et de sécurisation de l’Afghanistan.  Mais dans le cas actuel, nous ne croyons pas que la guerre que l’on veut lancer dans les jours qui viennent soit une nécessité.


M. DOMINIQUE DE VILLEPIN, Ministre des affaires étrangères de la France, a réaffirmé que pour la France, la guerre ne peut être que l’ultime recours et la responsabilité collective, la règle.  Quelle que soit notre aversion pour le régime cruel de Saddam Hussein, cela vaut pour l’Iraq comme pour l’ensemble des crises qu’il nous faudra affronter ensemble.  Les programmes de MM. Blix et El Baradei rappellent qu’il existe toujours une perspective claire et crédible pour le désarmement de l’Iraq par la paix.  Le rapport de M. Blix confirme ce que nous savons tous ici: oui, les inspections produisent des résultats tangibles.  Le chemin que nous avons tracé ensemble dans le cadre de la résolution 1441 existe toujours.  Il faudra, le moment venu, compléter notre connaissance des programmes iraquiens et achever le désarmement de l’Iraq. 


Ne nous y trompons pas: le choix est bien entre deux visions du monde.  A ceux qui choisissent le recours à la force et pensent pouvoir résoudre la complexité du monde par une action rapide et préventive, nous opposons l’action déterminée dans la durée.  Car aujourd’hui, pour assurer notre sécurité, il faut prendre en compte à la fois la multiplicité des crises et leurs nombreuses facettes, y compris culturelles et religieuses.  A ceux qui espèrent éliminer les dangers dans la prolifération à travers l’intervention armée en Iraq, nous regrettons qu’ils se privent d’un outil essentiel pour d’autres crises du même type.  La crise iraquienne nous a permis d’élaborer un instrument, à travers le régime des inspections, qui est sans précédent et peut avoir valeur d’exemple. Pourquoi, sur cette base, ne pas envisager la création d’une structure originale et permanente, d’un corps de désarmement relevant des Nations Unies? 


Au-delà de ce qui nous divise, nous avons, face à ces menaces, une responsabilité collective, celle de retrouver l’unité de la communauté internationale.  Les Nations Unies doivent rester mobilisées en Iraq au service de cet objectif.  Nous avons le devoir de panser les blessures de la guerre.  La France prendra toute sa part à l’effort collectif en faveur des populations iraquiennes.  Il y a ensuite la nécessité de construire la paix.  Aucun Etat ne peut revendiquer la légitimité nécessaire.  C’est bien des Nations Unies que peut venir l’autorité légale et morale d’une telle entreprise.  Deux principes doivent inspirer notre action: le respect de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’Iraq, et la préservation de sa souveraineté.  De même, c’est aux Nations Unies qu’il appartiendra de préciser le cadre dans lequel s’inscrira la reconstruction économique du pays.  Nous lançons également un appel pour un approfondissement de notre combat contre le terrorisme.  Donnons une nouvelle impulsion à la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive.  Reprenons l’initiative dans les conflits régionaux, en particulier le conflit israélo-palestinien.  L’action de la communauté internationale doit être guidée par le respect de l’ordre international, la défense de la liberté et de la justice et l’esprit de dialogue et de tolérance. 


Jamais les Nations Unies n’ont été aussi nécessaires.  Il leur revient de rassembler les volontés pour relever ces défis.  Parce que les Nations Unies sont le lieu où se construisent la règle et la légitimité internationales.  Parce qu’elles s’expriment au nom des peuples.  Au fracas des armes doivent répondre d’un seul et même élan l’esprit de responsabilité, la voix et le geste de la communauté internationale rassemblée ici, à New York, au Conseil de sécurité.  Face à un monde de crise, notre obligation morale et politique est de renouer les fils de l’espoir et de l’unité, a souligné le Ministre.


M. IGOR IVANOV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a rappelé qu’en adoptant la résolution 1441, le Conseil visait à achever le processus de désarmement de l’Iraq.  Aujourd’hui, le Conseil a devant lui les propositions de la CCVINU et de l’AIEA sur ce qui doit être fait pour clore le dossier iraquien.  Ces deux instances, qui ont déployé un mécanisme d’inspection fonctionnant réellement, sont en mesure de réaliser leurs tâches dans des délais réalistes.  Les rapports de ces deux instances témoignent du fait que les inspecteurs internationaux ont pu effectuer des progrès tangibles.  Les exemples sont connus et il est important de reconnaître, grâce à l’unité de la communauté internationale et la pression exercée sur le pouvoir iraquien, y compris la présence militaire, Bagdad a accepté toutes les conditions imposées par les inspecteurs et n’a opposé aucun obstacle majeur à leur travail.  Par conséquent, les inspecteurs disposent de tout ce dont ils ont besoin pour achever le désarmement de l’Iraq par des moyens pacifiques.  Le Conseil, en tant qu’organe principal chargé de la paix et de la sécurité internationales, s’est pleinement acquitté de ses obligations en assurant la reprise des inspections et les conditions nécessaires pour leurs activités.  Ce n’est pas un hasard que ceux qui, aujourd’hui doutent du rôle du Conseil, sont contraints de reconnaître qu’ils n’ont d’autres choix que de soumettre la question au Conseil de sécurité.


La Fédération de Russie, a poursuivi le Ministre russe des affaires étrangères, propose donc qu’au nom du Conseil de sécurité, les inspecteurs soient gratifiés de la note la plus élevée à l’activité et de l’appui et de la reconnaissance de tous pour leur excellent travail.  Il faut aussi approuver leur rapport qui détermine clairement l’état actuel des choses à l’égard du programme d’armes interdites de l’Iraq.  Compte tenu de la situation complexe actuelle, il faut prendre note de la décision du Secrétaire général de l’ONU de retirer les inspecteurs de l’Iraq après la menace qui pèse désormais sur leur sécurité.  Dans la mesure où le mandat de la CCVINU et celui de l’AIEA n’ont pas été achevés, le travail des inspecteurs doit être considéré comme suspendu et non pas terminé.  Le Conseil doit revenir à la question de la poursuite des inspections conformément aux résolutions 1284 et 1441. 


La Fédération de Russie ne peut qu’exprimer son regret qu’au moment où les perspectives de désarmement de l’Iraq sont devenues réalistes, d’autres problèmes n’ayant pas de rapport direct avec les résolutions pertinentes soient passés au premier rang.  Aucune de ces résolutions ne donne le droit de recourir à la force ou de changer par la force la direction d’un Etat souverain.  De telles actions si elles sont entreprises ne contribuent pas au renforcement de l’unité de la communauté internationale à un moment où le monde a grand besoin de solidarité et d’union dans les efforts visant à repousser la menace réelle et commune du terrorisme international.  Il faut tout faire pour que le plus rapidement possible, la crise actuelle soit surmontée et que le problème iraquien soit maintenu sur la voie du règlement politique, conformément à la Charte de l’ONU et au droit international.  Ce n’est qu’en maintenant le rôle central du Conseil que l’on pourra garantir la solidarité dans la lutte contre les menaces et les défis mondiaux. 


Lorsque le 11 septembre 2001, une tragédie s’est abattue sur le peuple américain, le Président de la Fédération de la Russie a été le premier à exprimer sa solidarité et son appui.  Il s’agissait de sentiments sincères partagés par tout le peuple russe.  Si aujourd’hui, les faits démontraient que l’Iraq était une menace directe sur la sécurité des Etats-Unis, la Fédération de Russie serait prête à recourir à tout l’arsenal de mesures prévues par la Charte de l’ONU.  Le Conseil ne disposant pas de tels faits, la Fédération de Russie préfère se fonder sur le travail accompli par la CCVINU et l’AIEA.


M. FAROUK AL-SHARA’, Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne, a rappelé que la Charte des Nations Unies a été signée aux Etats-Unis, dans la ville de San Francisco en 1945 et que le monument historique dans lequel nous nous trouvons a été bâti aux Etats-Unis, dans la ville de New York.  Le peuple américain est pluriethnique et divers.  C’est un microcosme de la communauté internationale.  Nous posons la question de savoir comment les Etats-Unis peuvent faire porter la responsabilité de l’échec du règlement pacifique de la question iraquienne sur le Conseil de sécurité et sur un de ses membres en particulier.  Depuis quand le règlement pacifique d’une crise représente-t-il une cause facile?  Dans quelques heures, une guerre d’agression sera déclarée contre l’Iraq.  Les émotions sont vives.  Toute personne à l’esprit visionnaire aura compris que cette guerre est injuste et injustifiée.  Personne n’ignore en outre la menace que représentent les armes de destruction massive d’Israël.  Pourquoi Israël refuse-t-il des inspections sur son sol? 


La Syrie a voté en faveur de la résolution 1441 car nous avions la conviction qu’il était possible de trouver un règlement pacifique à la crise iraquienne.  Depuis l’adoption de cette résolution, le processus d’inspections a donné des résultats visibles.  Nous sommes préoccupés lorsque certains tentent de remettre en question le rôle du Conseil de sécurité car ils n’ont pas réussi à imposer leur volonté aux Nations Unies.  L’adoption à l’unanimité de la résolution 1441 donnait un terme de référence pour régler la question iraquienne.  L’objectif de la guerre n’est donc pas de désarmer l’Iraq mais de piller ses ressources naturelles contrairement à toutes les lois existantes.  Nous rejetons les appels enfiévrés à la guerre contre l’Iraq.  La Syrie ne trouve aucune justification à cette option destructrice.  Nous avons entendu dire que l’Iraq coopère.  Comment peut-on, en effet, nier que l’Iraq a donné les documents requis les uns après les autres?  Combien de personnes dans le monde croient que l’Iraq représente un danger pour la sécurité des Etats-Unis et du peuple iraquien?  Revenons-nous au Moyen-âge ou sommes-nous toujours au XXIe siècle? 


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que le moment actuel est lourd de conséquences pour l’avenir de l’humanité.  C’est un triste moment pour l’ONU, dont la raison d’exister est la paix et sa préservation.  Nous avions espéré pouvoir assurer la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité par des moyens pacifiques.  Malheureusement, le Conseil n’a pu rapprocher les positions de ses membres sur la question de l’Iraq au cours des semaines écoulées.  Le Pakistan s’est clairement prononcé pour une résolution pacifique de la crise.  Nous remercions M. Hans Blix pour la présentation qu’il nous a faite de l’état des inspections, ainsi que M. El Baradei pour le bilan qu’il  a fait des vraies capacités nucléaires de l’Iraq.  Nous avons examiné le document contenant les 12 tâches clefs que les inspecteurs devraient mener en Iraq et l’avons trouvé pertinent.  L’Iraq aurait dû plus rapidement coopérer avec le processus d’inspections.  Nous considérons que les résolutions concernant son désarmement restent valables. 


Le Pakistan comprend et appuie la décision prise par le Secrétaire général de retirer les inspecteurs de la CCVINU et de l’AIEA d’Iraq, afin de préserver leur sécurité.  Nous supposons cependant que les structures du programme «pétrole contre nourriture», qui a été suspendu, seront maintenues afin de porter le plus rapidement possible assistance au peuple iraquien.  Le Pakistan estime d’autre part que les résolutions du Conseil restent valables partout, notamment en ce qui concerne la question de «Jammu-et-Cachemire» et celle concernant le peuple palestinien.  Le Pakistan compte sur le Conseil pour faire respecter les résolutions concernant ces questions.  Nous examinerons les propositions que fera le Secrétaire général pour nous permettre de porter assistance au peuple iraquien qui a déjà subi tant de souffrances.  Le Pakistan est d’autre part d’avis que le temps de la diplomatie ne s’achève jamais et que même quand les canons se mettront à tonner en Iraq, le Conseil devra garantir l’intégrité territoriale du pays et lancer un processus de réconciliation qui devra mener à une nouvelle unité de la communauté internationale.


M. ADOLFO AGUILAR ZINSER (Mexique) a regretté le manque d’accord sur la poursuite des inspections.  Néanmoins ces divergences ne doivent pas devenir un obstacle au mandat du Conseil de sécurité en faveur de la paix et de la sécurité internationales.  Le Mexique réaffirme son appui à la voie du multilatéralisme pour régler les conflits et regrette le choix de la guerre.  La force doit toujours être un dernier recours lorsque les autres moyens ont échoué.  A cet égard, le Conseil est le seul organe que la communauté internationale a investi pour autoriser le recours à la force.  Le Mexique est un Etat à vocation pacifiste et la position internationale du Mexique se fonde sur les principes du règlement pacifique des différents et du désarmement.  Le Mexique croit fermement à la raison d’être de l’ONU qui représente les espoirs de paix de millions d’êtres humains.  L’ONU est l’instance où les représentants des Etats peuvent prendre des mesures collectives pour rétablir la paix.  La force de l’ONU est sa légitimité et le Mexique se félicite des efforts du Secrétaire général pour réformer l’Organisation et la rendre capable de combattre la pauvreté qui est à la source de la haine et de la violence.


Le Mexique réitère une fois de plus son appui au désarmement pacifique de l’Iraq et estime que l’ONU aurait pu parvenir à ce type de désarmement, dans le cadre du mandat des inspecteurs.  Le moment n’est pas venu de se livrer à des récriminations.  Il faut plutôt déterminer les tâches et les défis qui se profilent à l’horizon.  Il faudra faire face aux besoins humanitaires de l’Iraq.  Le Secrétaire général doit proposer des mesures.  Le Mexique participe à la lutte contre le terrorisme du côté des Nations Unies et pour l’aspect essentiel de cette lutte, la communauté internationale reste unie, s’est félicité le représentant.


M. JOHN NEGROPONTE (Etats-Unis) a félicité les inspecteurs de la CCVINU et de l’AIEA pour leurs efforts visant à appliquer le régime d’inspections prévu par le Conseil de sécurité.  Malheureusement, l’examen de la question à l’ordre du jour est incompatible avec le non-respect, par l’Iraq, de la résolution 1441 du Conseil de sécurité et avec la réalité sur le terrain.  Le programme de travail dépendait de l’hypothèse d’une coopération active, complète et sans condition de l’Iraq avec les inspecteurs.  Aucun programme de travail réaliste ne peut plus se faire dans la mesure où l’Iraq refuse cette coopération active, complète et sans condition.  L’examen du programme de travail ne correspond plus à la réalité que nous connaissons.  Dans les circonstances actuelles, nous n’avons d’autre choix que de laisser ces travaux de côté.  Cependant, nous reconnaissons que ces derniers pourront peut-être être utiles à l’avenir. 


Entre-temps, le Conseil de sécurité devra relever d’autres défis et en particulier la satisfaction des besoins humanitaires du peuple iraquien.  Nous avons accordé des ressources importantes à cette tâche et avons mené des consultations avec les organisations régionales et internationales, les membres de la société civile et les Nations Unies pour bien identifier les besoins.  Des experts en matière d’aide humanitaire ont été envoyés pour établir des liaisons et fournir une assistance sur place.  A ce jour, 16,5 millions de dollars ont été consacrés à l’aide alimentaire et 60 millions de dollars à plus d’une douzaine d’institutions des Nations Unies.  En augmentant leur contribution, les Etats-Unis exhortent d’autres donateurs à en faire de même.  Il faut en outre continuer de faire fonctionner le programme «pétrole contre nourriture», a souligné M. Negroponte, souhaitant qu’un projet de résolution humanitaire soit adopté très prochainement en ce sens.


M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) a déclaré que certains Etats membres du Conseil ont cru au miracle jusqu’au dernier moment.  Le sursaut collectif espéré n’a cependant pas eu lieu.  Nous en sommes tous responsables, a estimé le représentant.  Le 17 mars 2003 a posé un véritable défi au Conseil, s’agissant du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il poursuivi.  La conjonction des facteurs qui ont finalement échappé à l’attention du Conseil a conduit à ce qui semble être l’échec de l’approche et des démarches diplomatiques.  Le Cameroun rend hommage à MM. Hans Blix et El Baradei pour leur professionnalisme, leur engagement et leur objectivité.  Ils ont amplement mérité et justifié la confiance placée en eux.  Le programme de travail élaboré par M. Blix et l’équipe de la CCVINU aurait été une bonne base de travail. 


A la lecture des 12 tâches clefs à accomplir, il s’avère que beaucoup restait à faire et qu’à défaut d’une coopération inconditionnelle, pleine et active de la part de l’Iraq, les inspecteurs n’auraient pu venir à bout de leur lourde tâche.  Nous réfléchissons aux mesures nécessaires pour minimiser les conséquences humanitaires d’un éventuel conflit sur les populations iraquiennes, notamment les femmes et les enfants.  Le Cameroun comprend et approuve la décision du Secrétaire général d’éloigner de l’Iraq, en cette période trouble, tout le personnel des Nations Unies, tout en étant très préoccupé par l’incidence de cette mesure sur les populations iraquiennes qui vivaient déjà sous perfusion du fait des sanctions.  Nous suggérons que le Comité des sanctions créé par la résolution 661 siège le plus rapidement possible au niveau des Représentants permanents et sur la base des propositions que feraient le Secrétaire général, le Programme pétrole contre nourriture, et la CCVINU.  Concernant l’impact des évènements actuels sur la sécurité collective et la capacité du Conseil à gérer les conflits, le Cameroun a grand espoir que la confiance reviendra très vite au sein du Conseil et que les divergences dues à la question iraquienne ne seront qu’un épisode surmontable.  Pupille des Nations Unies, le Cameroun a foi en l’Organisation, cadre qui nous rassure et nous protège.


M. INOCENCIO F. ARIAS (Espagne) a estimé que la situation actuelle résulte des tactiques dilatoires du Président iraquien qui a choisi la voie de l’affrontement à l’encontre de l’intérêt de son peuple et des exigences du Conseil de sécurité.  L’Espagne a fait des efforts à tous les niveaux pour contribuer à un règlement pacifique de la crise iraquienne en présentant, entre autres, avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni, un projet de résolution donnant une chance additionnelle d’adopter une décision stratégique de collaborer avec les inspecteurs.  L’Espagne croit qu’une nouvelle résolution, souhaitable sur le plan politique, n’était pas nécessaire du point de vue juridique. 


Le recours à la force se fondait sur la séquence logique des résolutions 660, 678, 687 et 1441 du Conseil de sécurité.  Cette dernière reconnaît que les manquements de l’Iraq sont une menace à la paix et à la sécurité internationales.  En vertu de cette résolution, le Conseil s’est réuni pour examiner les rapports des inspecteurs qui ont montré que l’Iraq a continué de manquer à ses obligations.  L’Espagne aurait préféré que la réunion d’aujourd’hui ait une toile de fond différente qui aurait permis d’approuver le programme de travail de la CCVINU et de l’AIEA grâce à la pleine coopération de l’Iraq.  Malheureusement, cela n’est pas possible.  Le travail louable des inspecteurs s’inscrit dans un système qui a prouvé son efficacité dans d’autres pays mais cette efficacité s’est toujours fondée sur la collaboration de ces pays.  Depuis 12 ans, le Président iraquien refuse de coopérer.  Préoccupé par la situation humanitaire de l’Iraq, le représentant a dit attendre les recommandations du Secrétaire général et le projet de résolution sur la situation humanitaire annoncés par certains membres du Conseil.


M. GABRIEL VALDEZ (Chili) a rappelé que son pays souhaitait que le programme des inspections soit mené jusqu’au bout.  Tout l’éventail idéologique de notre démocratie a procédé à un vote à l’unanimité en faveur de  la paix.  Un programme d’inspections renforcé et approfondi aurait été capable de remplir l’objectif du désarmement pacifique de l’Iraq.  Surtout, le Conseil de sécurité aurait dû comprendre que l’objectif de désarmement était aussi précieux que celui de la paix.  Le régime iraquien n’a jamais compris la gravité du châtiment auquel il exposait son peuple.  Le Conseil de sécurité n’a pas fait preuve de la souplesse nécessaire pour tracer une voie collective qui lui permettrait de s’acquitter de ses responsabilités. 


Il faut aujourd’hui évaluer les rôles de la CCVINU et de l’AIEA.  La suspension du processus d’inspections est une chose grave car, si l’on porte atteinte aux institutions de désarmement, elles risquent de perdre leur crédibilité.  Nous avons foi en l’Organisation des Nations Unies et au Conseil de sécurité.  Dans les prochaines semaines, nous entendons axer nos efforts sur la façon dont nous pourrions faire face aux conséquences de la guerre.  Des millions de personnes dans le monde ont perdu l’espoir de notre capacité à faire du monde un endroit civilisé. Nous devons leur rendre cet espoir.


M. HELDER LUCAS (Angola) a regretté que l’Iraq n’ait pas saisi la dernière chance que le Conseil de sécurité lui a offerte pour assurer son désarmement.  L’Angola a toujours défendu une résolution pacifique du conflit, toute décision concernant l’Iraq devant absolument être prise dans le cadre du Conseil de sécurité qui est le seul organe légitime au niveau international.  Mais, la guerre semblant désormais inévitable, il est urgent que la communauté internationale mobilise tous ses efforts et les moyens adéquats pour venir en aide à la population iraquienne dès que le conflit sera achevé.


M. WANG YINGFAN (Chine) a estimé que la réunion du Conseil montre l’importance qu’il accorde aux inspections en Iraq.  Se félicitant du programme de travail des inspecteurs, le représentant a souligné que s’il était appliqué, ce programme permettrait des inspections plus ciblées et plus efficaces.  Il a estimé qu’il est possible d’atteindre l’objectif de désarmement de l’Iraq par des moyens pacifiques.  Il a exprimé ses remerciements aux inspecteurs pour un dur travail dans des conditions difficiles.  La situation en Iraq est préoccupante, a-t-il poursuivi, en regrettant l’imminence de la guerre.  Se déclarant préoccupé par les conséquences humanitaires et sur la paix que le conflit aurait, il a souligné que son pays est prêt à tout faire pour éviter les conflits tant que demeure une lueur d’espoir de maintenir la paix ou de la rétablir.  La Chine est prête à continuer d’accorder une attention soutenue à la question iraquienne.  Le Conseil doit assumer ses responsabilités honnêtement de façon à rester à la hauteur des espoirs, a conclu le représentant.


M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) a confirmé son soutien à l’action de la CCVINU et de l’AIEA.  La suspension du travail des inspecteurs ne devrait pas remettre en cause l’utilité des inspections en général.  Il est clair que le mécanisme des inspections est efficace en présence d’une coopération pleine et active du gouvernement faisant l’objet de ces inspections.  La Bulgarie regrette que les efforts diplomatiques visant à désarmer l’Iraq par la voie pacifique n’aient pas donné les résultats escomptés.  Nous avons œuvré sans relâche pour donner une issue pacifique à la crise iraquienne et préserver l’unité du Conseil de sécurité.  En refusant de coopérer pleinement, sans condition et activement avec les inspecteurs, l’Iraq a manqué sa dernière chance de se conformer à la résolution 1441.  Nous déplorons le fait que malgré le consensus sur l’objectif du désarmement, aucune approche commune sur la manière d’y parvenir ne se soit imposée. 


Il faut dépassionner le débat.  Le dialogue doit être pleinement restauré et l’unité du Conseil retrouvée.  Les interventions que nous venons d’entendre nous font croire que ce début de reprise du dialogue est déjà là.  Il faut maintenant nous concentrer sur l’essentiel, à savoir la situation humanitaire de l’Iraq.  La communauté internationale doit apporter son assistance à la population civile de l’Iraq.  La Bulgarie réaffirme sa détermination à préserver le rôle de l’ONU au sein de la communauté internationale pour le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde et nous estimons que le Conseil de sécurité devra jouer un rôle important dans la reconstruction de l’Iraq post-conflit.


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a regretté que le Conseil n’ait pas pu «  aller de l’avant sur la question de l’Iraq  », après 12   années d’examen de cette question.  Si l’Iraq avait respecté l’ONU, nous n’en serions pas où nous en sommes aujourd’hui, a dit le représentant.  Toute action que le Royaume-Uni prendra sera conforme au droit international, comme l’a assuré le Conseil des ministres de notre pays, a dit M. Greenstock.  Nous voulons une conduite rapide des opérations, pour pouvoir lever les sanctions imposées à l’Iraq et assurer la reconstruction de ce pays.  Le Secrétaire d’Etat au développement international de notre pays rencontrera cet après-midi le Secrétaire général de l’ONU pour parler des secours humanitaires en Iraq.  Nous prenons note des programmes de travail que nous ont transmis MM. Blix et El Baradei.  Nous notons aussi que les tâches clefs qui y sont mentionnées ne peuvent être mises en oeuvre sans un gouvernement iraquien qui soit prêt à coopérer totalement avec le processus d’inspections.

M. FRANCOIS LONSENY FALL, Ministre des affaires étrangères de la Guinée, a regretté profondément qu’en dépit de ses efforts, le Conseil n’ait pu parvenir à une position commune sur la question.  Il a pris note du travail que vient de présenter le Chef de la CCVINU et de la décision du Secrétaire général de retirer d’Iraq les inspecteurs pour des raisons de sécurité.  La Guinée, a-t-il dit, voudrait encore croire à la possibilité de sauvegarder la paix et d’atteindre l’objectif commun recherché à savoir le désarmement complet de l’Iraq.  Il a estimé que si un conflit armé devenait inéluctable, il serait souhaitable que des mesures appropriées soient prises pour épargner les populations civiles et limiter les destructions d’infrastructures économiques et sociales.  Il a dit comprendre la nécessité morale d’envisager de débarrasser le monde de l’usage incontrôlé d’armes de destruction massive au nom de la sécurité collective.


Le Ministre a renouvelé sa détermination à travailler de concert avec les autres membres du Conseil pour renouer le fil du dialogue, seul à même de restaurer la cohésion du Conseil.  Cette cohésion, a-t-il dit, constitue le fondement de la crédibilité du Conseil et est plus que jamais indispensable pour lui permettre de s’acquitter efficacement de sa mission de préservation de la paix et de la sécurité internationales. 


M. MOHAMMED ALDOURI (Iraq), pour rassurer tous les Etats qui ont fait des efforts actifs récemment en faveur de la paix, a déclaré que l’Iraq ne possède plus d’armes de destruction massive.  La présence de ces armes est reléguée à des temps révolus.  En 1991, l’Iraq a décidé de détruire les armes qu’il avait produites.  Les Etats-Unis et le Royaume-Uni n’ont d’ailleurs pas pu prouver que l’Iraq possédait de telles armes.  A cet égard, les inspecteurs internationaux ont réfuté toutes les informations qui cherchaient à nous induire en erreur.  Ces deux pays n’ont pas pu fournir le moindre élément de preuve et le monde a commencé à comprendre que l’Iraq ne possédait pas de telles armes.  Ils ont alors commencé à monter leurs véritables intentions, à savoir l’occupation de l’Iraq et le contrôle de ses puits de pétrole.  L’Iraq a achevé deux rapports.  L’un concernant l’anthrax et l’autre les drones.  Ils seront fournis à la CCVINU dès que possible, ce qui sera difficile, étant donné les problèmes de communication actuels. 


La réalité de la situation humanitaire épouvantable due à l’embargo injuste et au retard dans  l’approvisionnement de l’aide humanitaire va s’aggraver.  Les aliments ne suffisent pas.  Il faut aussi répondre aux besoins de base de la population, notamment en termes d’infrastructure.  Le peuple iraquien n’a pas besoin de la générosité excessive manifestée par les Etats-Unis, lesquels n’ont pour objectif que de tuer le peuple iraquien.  Nous avons besoin du personnel humanitaire qui a été évacué.  En outre, pour réduire l’ampleur de la catastrophe, le Conseil de sécurité n’a pas d’autre choix que de reprendre le programme «  pétrole contre nourriture  e» car tout retard supplémentaire dans l’acheminement de l’aide alimentaire aura un impact  négatif extrêmement grave.  La menace d’une agression contre l’Iraq est devenue quasiment une certitude et elle pourrait commencer dans les heures qui viennent.  Le Conseil de sécurité doit donc assumer ses responsabilités pour rétablir la paix et la sécurité internationales.  L’Iraq poursuivra son travail avec le Conseil de sécurité pour faire éclater la vérité qui est que l’Iraq ne possède pas d’armes de destruction massive.

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que quels que soient les regrets que l’on peut avoir concernant la suspension du processus d’inspections et l’échec du Conseil de sécurité à parvenir à une position commune, que je partage, il existe une question sur laquelle existe un consensus: le sort du peuple iraquien, qui a subi deux guerres majeures au cours de ces vingt dernières années ainsi que des soulèvements intérieurs, et qui a été soumis à une décennie de sanctions destructrices.  Je rends hommage au personnel des Nations Unies et notamment aux inspecteurs, qui ont travaillé jusqu’au dernier moment en Iraq.  L’infrastructure vitale de l’Iraq a été détruite et dévastée et ne répond plus aujourd’hui aux besoins les plus élémentaires de la population en ce qui concerne l’eau potable, la santé et l’éducation.  Les populations les plus vulnérables -personnes âgées, femmes, enfants et personnes handicapées-, n’ont plus accès aux soins de santé les plus élémentaires, du fait de l’absence de médicaments et d’équipements médicaux.  Plus d’un million d’enfants iraquiens souffrent déjà de malnutrition chronique.  Les Iraquiens sont hautement dépendants des rations alimentaires qui sont mensuellement fournies à chaque famille.  Ces rations sont la seule source d’alimentation pour près de 60% de la population.  Mais beaucoup de familles sont cependant obligées d’en vendre une partie pour procurer des médicaments et des vêtements à leurs enfants.  A court terme, le conflit qui est sur le point d’éclater ne peut qu’empirer les choses.  Je suis sûr, a dit M. Annan, que les tous les membres de ce Conseil conviendront que nous devons tout faire pour pallier à ce désastre imminent qui pourrait rapidement provoquer des épidémies et des famines.


Selon le droit international, a-t-il poursuivi, la responsabilité de la protection des civils au cours des conflits incombe aux belligérants.  Dans toutes les zones sous occupation militaire, la responsabilité du bien-être des populations incombe à la puissance occupante.  Sans vouloir diminuer ou assumer cette ultime responsabilité, nous, aux Nations Unies, devrons faire tout ce qui est possible pour aider.  Comme vous le savez, les institutions humanitaires des Nations Unies se sont, depuis un certain temps, engagées dans la préparation de ce qui se profile à l’horizon, même si nous espérions que cela pourrait être évité.  Nous avons fait de notre mieux pour évaluer les effets possibles de la guerre, en termes de déplacements de populations et de besoins humains, et pour positionner notre personnel et nos équipements en conséquence.  Pour ces préparatifs, nous avons demandé aux donateurs 123,5 millions de dollars il y a de cela un mois, mais n’avons reçu que 45 millions de dollars en promesses de contributions.  A ce jour, 34 millions de dollars seulement nous ont à ce jour été versés. 


Je crains que nous ne soyons obligés très bientôt de revenir devant vous pour lancer un appel afin d’obtenir une somme plus élevée pour pouvoir financer les opérations de secours actuelles.  J’espère que les Etats Membres répondront avec générosité et célérité.  Nous avons aussi examiné la situation causée par la suspension du programme «pétrole contre nourriture» en Iraq.  Nous avons examiné la manière dont ce programme pourrait être ajusté, en vue de permettre la poursuite des activités d’aide humanitaire aux populations iraquiennes pendant et après le conflit.  Ces ajustements devant être soumis à des décisions du Conseil, je reviendrai très bientôt voir ses membres avec des propositions spécifiques, conformément à la demande exprimée dans la note de la présidence du Conseil, a dit le Secrétaire général.  La reconstruction de l’Iraq pourrait être la tâche autour de laquelle l’unité du Conseil pourrait être reconstituée.


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