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CS/2452

FACE AUX MENACES A LA PAIX ET A LA SECURITE INTERNATIONALES CAUSEES PAR DES ACTES TERRORISTES, L’ONU ET LE COMITE CONTRE LE TERRORISME DOIVENT JOUER UN ROLE CENTRAL

20/02/2003
Communiqué de presse
CS/2452


Conseil de sécurité                                              CS/2452

4710e séance – matin                                               20 février 2003


FACE AUX MENACES A LA PAIX ET A LA SECURITE INTERNATIONALES CAUSEES PAR DES ACTES TERRORISTES, L’ONU ET LE COMITE CONTRE LE TERRORISME DOIVENT JOUER UN ROLE CENTRAL


Les délégations ont majoritairement réaffirmé ce matin devant le Conseil de sécurité, réuni sous la présidence de M. Gunter Pleuger (Allemagne), le rôle central des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme et plus particulièrement celui du Comité contre le terrorisme (CCT) du Conseil de sécurité, créé par la résolution 1373 (2001) après les attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.


A l’occasion de ce débat consacré aux «Menaces à la paix et à la sécurité internationales causées par des actes de terrorisme», qui se tenait près d’un mois après la réunion du Conseil au niveau ministériel du 20 janvier, le Président du Comité, Sir Jeremy Greenstock du Royaume-Uni, a indiqué que le Comité avait déjà établi une liste d’actions, remise aux délégations, pour répondre à la Déclaration ministérielle contenue dans la résolution 1456 (2003). 


Pour l’heure, a expliqué M. Greenstock, le Comité concentre ses travaux sur trois points: travailler avec les Etats Membres pour les aider à développer les moyens de lutte contre le terrorisme; promouvoir des programmes d’assistance pour accélérer le renforcement des capacités des Etats; et créer un réseau d’organisations régionales et internationales pour maximiser l’efficacité de chacune d’elles dans la lutte contre le terrorisme.  Une réunion du Comité, le 7 mars prochain, avec la participation des organisations internationales et régionales devrait aider à promouvoir cet effort au plan international et à remédier aux faiblesses de certains pays.  Nous sommes en train de mettre en place un réseau mondial, a-t-il indiqué.


Cependant, a poursuivi M. Greenstock, le Comité ne pourra continuer de mener un travail efficace que s’il bénéficie de la confiance et du soutien de l’ensemble des Etats Membres des Nations Unies.  M. Greenstock a, par ailleurs, annoncé que le Représentant permanent de l’Espagne, M. Inocencio Arias, lui succèdera en avril pour assurer la présidence du Comité.


Créer un climat de confiance, mais aussi de respect pour la position de chacun des Etats et promouvoir le dialogue entre le Comité contre le terrorisme et les pays, c’est aussi ce qu’a souhaité le représentant du Bélarus en jugeant qu’il s’agissait là du seul moyen d’enregistrer de réels progrès.  Pour sa part, le représentant de l’Egypte a renouvelé sa proposition d’organiser une conférence internationale sous l’égide des Nations Unies consacrée au terrorisme, à ses causes et aux moyens d’y remédier.  Ne tombons pas dans le piège des terroristes qui vise à diviser la communauté internationale, a-t-il plaidé en jugeant que les Nations Unies avaient un rôle essentiel à jouer pour promouvoir le dialogue entre les cultures et les peuples.  Sans la coopération internationale, nous n’arriverons pas à éliminer le terrorisme, a également prévenu le représentant colombien en évoquant la situation propre à son pays.


En tant que représentant de la «seule démocratie au monde dont les crèches, les cafés et les restaurants sont gardés par des hommes en armes», le représentant d’Israël a souhaité quant à lui davantage de volontarisme de la part du Comité contre le terrorisme.  Il a suggéré qu’il organise des discussions ciblées, sur la sécurité aérienne ou la menace terroriste que représentent les armes non classiques, par exemple, et qu’il mette des informations exhaustives à la disposition des Etats Membres.  Surtout, a-t-il demandé, en prônant comme son homologue péruvien la «tolérance zéro» pour les terroristes: cessons de distinguer entre «bon» et «mauvais» terrorisme, ayons le courage de nommer les Etats qui soutiennent les terroristes. 


Quelques délégations ont néanmoins regretté que certains actes terroristes soient condamnés et réprimés lorsque d’autres passent sous silence et sont parfois justifiés. 


Au titre de l’examen de cette question, le Conseil de sécurité était saisi d’un rapport du Secrétaire général en application de la résolution 1456 (2003).


Outre ceux déjà cités, les représentant des pays suivants ont pris la parole: Japon, Australie, Croatie, Cuba, Bahreïn, Myanmar, Fidji, Liechtenstein, Ukraine, Turquie, Yémen, Grèce (au nom de l’Union européenne et des pays associés), Argentine, Afrique du Sud, République islamique d’Iran, Albanie, Canada et El Salvador.  Le représentant de la République arabe syrienne a exercé son droit de réponse.


MENACES A LA PAIX ET A LA SECURITE INTERNATIONALES CAUSEES PAR DES ACTES TERRORISTES


Rapport du Secrétaire général en application de la résolution 1456 (2003)


      Dans ce rapport, le Secrétaire général présente un résumé des propositions faites par les membres du Conseil de sécurité lors de la séance du 20 janvier 2003 sur la lutte contre le terrorisme.  Les propositions portent sur les instruments internationaux; la coopération internationale; le rôle des organisations internationales, régionales et sous-régionales; l’assistance; et le Comité contre le terrorisme.  Le rapport contient en annexe le Mémorandum présenté par la Fédération de Russie.


S’agissant des instruments internationaux, le Secrétaire général fait état de propositions relatives à une adoption rapide du projet de convention générale contre le terrorisme international et du projet de convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire.  Des propositions portent aussi sur l’élaboration d’un code de protection des droits de l’homme contre le terrorisme et d’une convention internationale renforçant le contrôle de l’utilisation et du transfert de sources radioactives.  Le renforcement des instruments internationaux sur la limitation des armements, le désarmement et la non-prolifération et l’adoption d’une déclaration sur la compréhension, l’harmonie et la coopération religieuse et culturelle ont également été proposés.


Concernant la coopération internationale, des propositions portent sur la convocation d’une réunion internationale chargée d’adopter de nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme, de définir le terrorisme et la nature de la riposte commune de la communauté internationale.  Pour ce qui est de l’assistance, une proposition porte sur la mise en place, au sein de l’ONU, d’un fonds de coopération et d’assistance qui oeuvrerait en étroite collaboration avec les institutions financières internationales. 


Enfin, sur le Comité contre le terrorisme, le Secrétaire général fait état d’appels visant à ce que le Comité propose des mesures juridiques et politiques visant la prévention et la répression du financement du terrorisme; la définition et la proposition d’instruments d’échange d’informations et de systèmes d’alerte rapide susceptibles de prévenir les attentats; et la formulation de recommandations sur le contrôle efficace des frontières, l’émission de documents d’identité et de voyage.  Le Comité devrait aussi proposer des mesures encourageant la coopération administrative et judiciaire; interdisant d’apporter un appui actif ou passif au terrorisme et de donner refuge aux terroristes; et empêchant en particulier les groupes terroristes d’avoir accès à des armes de destruction massive.


Déclarations


Le Président du Comité contre le terrorisme (CCT) créé par la résolution 1373 (2001), M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni), a indiqué qu’à la suite de la déclaration des ministres des affaires étrangères contenue dans la résolution 1456 du 20 janvier 2003, le Comité s’était mis d’accord pour lancer une série d’actions dont la liste circule actuellement entre les délégations.  Pour l’heure, le Comité concentre ses travaux sur trois points: travailler avec les Etats Membres pour les aider à développer les moyens de lutte contre le terrorisme; promouvoir des programmes d’assistance pour accélérer le renforcement des capacités; et créer un réseau d’organisations régionales et internationales pour maximiser l’efficacité de chacune d’elles dans la lutte contre le terrorisme. 


La réunion du Comité convoquée pour le 7 mars doit aider à promouvoir cet effort au niveau international.  Par ailleurs, en accord avec la résolution 1373, le Comité va continuer d’encourager les Etats à devenir parties au plus vite aux Conventions internationales et Protocoles relatifs au terrorisme.  Cependant, a poursuivi M. Greenstock, le Comité ne pourra continuer de mener un travail efficace que s’il bénéficie de la confiance et du soutien des Membres des Nations Unies.  Aussi, le représentant s’est-il félicité d’entendre aujourd’hui le point de vue des Etats.  


M. KOICHI HARAGUCHI (Japon), réaffirmant que rien ne saurait justifier les actes terroristes, a regretté que de tels actes touchent avant tout des civils innocents et portent atteinte aux valeurs démocratiques.  Il a estimé que la condamnation du terrorisme n’est pas suffisante et qu’il est urgent de mettre en œuvre des mesures concrètes pour neutraliser les capacités de destruction des groupes terroristes.  Sa délégation s’inquiète de la faiblesse des moyens traditionnels de dissuasion qui ne peuvent à ce jour garantir que les groupes terroristes ne disposent pas d’armes de destruction massive, a indiqué M. Haraguchi, insistant sur trois objectifs, à savoir le refus d’accorder l’asile aux terroristes, le gel des avoirs des groupes terroristes et enfin la réduction de la vulnérabilité aux attaques terroristes.  Le représentant a salué les efforts du Comité contre le terrorisme et a souligné ensuite que le Japon a formé 250 personnes en 2002 dans six domaines prioritaires tels que la sécurité aérienne, la gestion de l’immigration, la coopération douanière.  Le Japon accueillera en outre 30 stagiaires par an pendant cinq ans dans le cadre de l’assistance aux pays en développement pour répondre aux crises.  Chaque Membre des Nations Unies doit mobiliser les ressources disponibles pour lutter contre le terrorisme et les efforts entrepris au niveau mondial doivent être bien coordonnés, a-t-il dit.  La réunion entre le CCT et les organisations régionales le 7 mars prochain, a estimé M. Haraguchi, permettra d’améliorer les mécanismes de coordination entre les différentes structures.  Il a enfin souhaité que l’Espagne poursuive les efforts déployés par l’Ambassadeur Greenstock lorsqu’elle prendra prochainement la tête du Comité. 


M. ALEG IVANOU (Bélarus) s’est félicité des progrès importants intervenus depuis l’adoption de la résolution 1373   (2001), notamment l’élargissement de la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme.  Le Comité contre le terrorisme (CCT) est devenu un maillon central du dispositif des Nations Unies de lutte contre le terrorisme.  Le représentant a indiqué que son pays avait répondu dans les temps aux requêtes du Comité et réclamé une assistance pour renforcer le contrôle aux frontières et la surveillance des activités criminelles sur son territoire.  Le Bélarus étant un couloir entre l’Europe et la Communauté des Etats indépendants (CEI), a expliqué son représentant, sa situation est importante pour prévenir les trafics d’armes et de munitions, les migrations illégales et toutes les activités liées au terrorisme.  Pour ce faire, le Bélarus a besoin d’une assistance du CCT, des organisations internationales et des pays donateurs, a-t-il plaidé.  Sa délégation appuie les dispositions de la Déclaration ministérielle adoptée par la résolution 1456 et exprime l’espoir que le processus d’application de la 1373 sera toujours important.  De l’avis de M. Ivanou, il faut encourager le dialogue entre le CCT et les Etats pour garantir l’application pleine et entière des dispositions de la résolution 1373.  Le représentant a également prôné la mise en place d’un climat de confiance et de respect pour la position de tous les Etats Membres, seul moyen d’enregistrer des progrès.  Il a également souhaité la poursuite des réunions du Conseil de sécurité sur la question du terrorisme qui permettent, selon lui, d’éviter tout double standard en traitant de cette question.

M. JOHN DAUTH (Australie) a rappelé que 200 civils, dont 88 Australiens, étaient morts le 12 octobre dernier dans l’attentat de Bali et il a expliqué que son pays a conclu des accords bilatéraux avec des pays de sa sous-région tels que la Malaisie et l’Indonésie, en particulier dans les domaines de l’échange d’informations, du contrôle des frontières, et du renforcement des capacités en matière de lutte contre le terrorisme.  Cette coopération, a-t-il indiqué, a notamment été mise à l’épreuve après l’attentat de Bali.  M. Dauth a ensuite exposé les mesures prises en coopération avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande pour venir en aide aux petits États insulaires en développement du Pacifique en matière de lutte contre le terrorisme et de renforcement de leurs capacités.  Il a invité les Nations Unies à continuer de jouer un rôle important pour s’assurer que des armes de destruction massive ne se retrouvent entre les mains de terroristes et s’est félicité à cet égard de la Déclaration ministérielle adoptée le 20 janvier par le Conseil de sécurité.  L’Australie considère que le Conseil de sécurité devrait agir de manière résolue quant à la question du désarmement de l’Iraq et a conclu en saluant le travail exemplaire accompli par le Comité contre le terrorisme.  Le CCT continue de jouer un rôle clef dans la lutte contre le terrorisme et nous encourageons l’établissement de listes plus complètes des groupes terroristes, a-t-il dit. 


      Mme JASNA OGNJANOVAC (Croatie) s’est déclarée encouragée par la proposition de créer, sous l’égide de l’ONU, un fonds pour la coopération et l’assistance en arguant que pour des pays comme le sien la mise en œuvre de la résolution 1373 pourrait être plus efficace en présence d’une telle assistance.  Passant aux instruments internationaux en matière de lutte contre le terrorisme, la représentante a émis l’espoir que   les Etats Membres trouveront la volonté politique requise pour finaliser les négociations relatives à la convention générale contre le terrorisme international et la convention pour la répression des actes de terrorisme nucléaire.   Après avoir fait part des efforts de son pays au niveau régional, la représentante a   estimé qu’au bout du compte, c’est le niveau national qui est essentiel à l’élimination du terrorisme.  Elle a, entre autres, annoncé la création d’un groupe de travail chargé de la mise en œuvre de la résolution 1373 et les amendements apportés au Code pénal pour le rendre conforme à ladite résolution.  Concluant sur le caractère multiple du terrorisme, la représentante s’est félicitée que les questions de développement et de la prévention des conflits aient été inclues dans la campagne que mène le Conseil de sécurité contre le terrorisme.  A cet égard, elle a estimé que l’approche globale nécessaire en la matière exige une coopération étroite entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social. 

M. DAN GILLERMAN (Israël) a estimé que la longue expérience de son pays dans la lutte contre le terrorisme fait de lui un partenaire naturel de la campagne mondiale qui a commencé avec les attaques du 11 septembre.  Il a donc voulu que le Comité contre le terrorisme joue un rôle plus actif qui aille au-delà du travail technique de collecte et d’analyse de rapports nationaux.  Pour le représentant, le Comité devrait organiser des discussions sur des questions spécifiques liées à la lutte contre le terrorisme, y compris la sécurité dans le domaine de l’aviation et la menace des armes non conventionnelles.  Le représentant a aussi appelé à plus de transparence dans le travail du Comité en lui demandant de mettre à la disposition de la communauté internationale des informations plus complètes afin d’assurer à chaque Etat Membre la possibilité de faire sa contribution.


Le représentant a poursuivi en jugeant important que la bataille contre le terrorisme se mène sur tous les fronts.  Cela implique, a-t-il dit, de reconnaître qu’il n’y a pas de distinction entre un «mauvais» et un «bon» terrorisme.  La communauté internationale doit rester fidèle au principe selon lequel le recours à la violence contre des civils à des fins politiques est complètement et hautement inacceptable, quel que soit le motif.  A cet égard, le représentant s’est félicité de la résolution 1456 en insistant sur le fait qu’il faut interdire aux apologistes du terrorisme d’invoquer les «causes sous-jacentes» pour justifier des meurtres et jeter ainsi les fondations morales de nouvelles attaques.  Ce n’est pas la pauvreté qui nourrit le terrorisme mais le terrorisme qui nourrit la pauvreté, a-t-il souligné.


Le recours au terrorisme doit compromettre les ambitions politiques de ceux qui s’y engagent et éviter d’inciter à l’apaisement et aux concessions chez ceux qui ont peur de le combattre.  Les avancées politiques obtenues par le terrorisme sont la garantie la plus sûre de la poursuite d’actes terroristes.  Par conséquent, le représentant a appelé le Conseil à appliquer une politique de tolérance zéro en matière de terrorisme.  Il a jugé que, dans ce cadre, la plus haute priorité doit être l’existence d’«Etats voyous» en possession d’armes biologiques, chimiques et nucléaires qui peuvent être transférées aux terroristes.  A cet égard, le représentant a relevé la contradiction flagrante entre l’entrée de la Syrie au Conseil de sécurité et son appui continu, ferme et sans scrupules à quelques dix organisations terroristes distinctes.  La communauté internationale ne doit pas permettre à la Syrie d’abuser de son siège au Conseil pour détourner l’attention de son non-respect de la résolution 1373. 


Le Comité contre le terrorisme, a voulu le représentant, doit identifier et exercer une pression sur les Etats qui se dérobent à leurs obligations.  Le Comité doit faire preuve de courage et dénoncer les Etats qui continuent à appuyer le terrorisme au moment même où le monde est uni dans cette lutte.  Le représentant a conclu en soulevant la question de l’incitation au terrorisme.  Aucun enfant, a-t-il dit, ne naît avec l’ambition d’être embrigadé dans les attentats-suicide.  Dans l’avenir, les résolutions du Conseil doivent clairement mentionner le rôle de l’incitation dans la glorification et la promotion du terrorisme.  De son côté, a ajouté le représentant, le Comité contre le terrorisme doit placer la lutte contre l’incitation au cœur de ses efforts.


M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a estimé que seul un règlement intégral et collectif, à travers le partenariat et le consensus, et non la guerre, doit être recherché dans la lutte contre le fléau du terrorisme.  L’unilatéralisme hégémonique et l’application de critères différents selon les circonstances ont empêché les Nations Unies de garder la maîtrise de leurs prérogatives et d’exercer leur mandat de paix.  Depuis des décennies, Cuba a mené une lutte exemplaire et adopté des mesures efficaces contre le terrorisme international et n’a jamais permis que son territoire soit utilisé pour mener des actions terroristes.  Aussi, le représentant a-t-il rejeté les accusations du directeur du FBI américain le 11 février dernier présentant Cuba comme une menace pour les Etats-Unis.  Il a rappelé en revanche que son pays avait proposé un programme de coopération bilatérale aux Etats-Unis dans ce domaine, ainsi que dans la lutte contre le trafic de stupéfiants et le trafic de personnes, qui ont tous trois été rejetés. 


Il est impossible d’éliminer le terrorisme si certains actes terroristes sont condamnés et d’autres passés sous silence, tolérés ou justifiés.  Il faut cesser d’utiliser le veto pour empêcher toute action internationale visant à protéger le peuple palestinien contre la répression d’Israël.  De même que doit cesser la fourniture d’avions, hélicoptères et autres matériels de la part des Etats-Unis.  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, le terrorisme contre Cuba continue depuis le territoire américain en toute impunité.  Avec la complicité des autorités des Etats-Unis, à Miami, des fonds sont collectés et fournis pour financer des actions terroristes.  Cuba, a-t-il conclu, espère que le Conseil de sécurité et le Comité contre le terrorisme agiront de manière efficace contre ce phénomène.


M. TAWFEEQ ALMANSOOR (Bahreïn) a jugé que cette réunion publique du Conseil de sécurité devrait contribuer à appuyer les efforts des non-membres à mettre en œuvre des mesures visant à lutter de manière collective contre le terrorisme.  Il s’est inquiété de l’intensification du phénomène terroriste et de ses conséquences sur les populations civiles innocentes.  S’agissant de la définition du terrorisme, il a plaidé pour une approche visant à dépasser les divergences constatées jusqu’à aujourd’hui, si l’on veut un jour consolider les efforts internationaux de lutte contre ce fléau qui remet en question la stabilité et la sécurité internationales.  Il a rappelé que Bahreïn avait présenté en temps voulu son rapport national de même que le rapport additionnel et signé puis ratifié un nombre important de conventions internationales relatives au terrorisme.  Le représentant s’est inquiété ensuite de la poursuite du terrorisme d’État comme celui qu’Israël pratique dans les territoires palestiniens occupés.  Il a déploré l’attitude d’Israël qui persiste dans sa politique de colonies de peuplement, de déportation et de persécution des civils palestiniens.  Il existe beaucoup d’obstacles qui compromettent les efforts internationaux de lutte contre le terrorisme, a-t-il observé, au premier rang desquels une définition claire du terrorisme.  Il a estimé que la lutte légitime des peuples pour leur autonomie et leur indépendance ne saurait être assimilée à une forme de terrorisme. 


U KYAW TINT SWE (Myanmar), au nom de l’ANASE, a rappelé l’attentat qui a été perpétré à Bali et qui a causé la mort de 200 touristes et Indonésiens.  Les attentats de Bali, de Moscou et de Mombasa, a-t-il estimé, ont montré la nécessité de renforcer les efforts aux niveaux national, régional et international pour intensifier la lutte contre le terrorisme.  Ils ont aussi montré la nécessité de prendre des mesures plus avant pour préserver l’unité dans cette lutte.  Ce n’est donc que sous l’égide des Nations Unies que la lutte mondiale contre ce fléau portera ses fruits, a précisé le représentant.  Faisant part des multiples efforts de sa région dans sa lutte contre le terrorisme, le représentant a rappelé que le Sommet de l’ANASE, qui s’est déroulé un mois à peine après l’attentat de Bali, a appelé les pays de la communauté internationale à éviter de décourager leurs citoyens de se rendre dans cette région en l’absence de preuves irréfutables confirmant les rumeurs sur des attaques possibles.  De tels appels, a dit le représentant, ne peuvent que servir les intérêts des terroristes.  L’ANASE qui accorde à la lutte contre le terrorisme une priorité de son ordre du jour participera à la réunion spéciale du Comité contre le terrorisme prévue pour le 7 mars 2003, a indiqué le représentant. 


M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a jugé que la coopération entre les Membres des Nations Unies était la seule garantie de succès et de résultats concrets dans la lutte contre le terrorisme.  Les Nations Unies ont un rôle essentiel à jouer dans ce domaine et la lutte contre le terrorisme doit être conçue comme le moyen de réunir tous les peuples du monde, et non de les dresser les uns contre les autres.  Il est essentiel, a-t-il souligné, de ne pas tomber dans le piège du terrorisme qui vise à semer la discorde au sein de la communauté internationale.  Il ne faut pas non plus mêler le terrorisme aux questions politiques.  La meilleure garantie, selon lui, est d’assurer le respect du droit international et l’application des mécanismes internationaux, notamment des résolutions des Nations Unies.  Le représentant a évoqué parmi les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général celle qui préconise que la communauté internationale promeuve le dialogue entre les cultures et les civilisations.  Pour M. Aboul Gheit, cette promotion doit revenir au premier chef aux Nations Unies. 


Le représentant a par ailleurs rappelé et renouvelé la proposition qui a déjà été faite par certains Etats, dont le sien, d’organiser une conférence internationale sur le terrorisme, ses causes profondes et les moyens d’y remédier.  Il a également souhaité la tenue d’une conférence internationale sur le Moyen-Orient et les moyens d’éliminer toutes les armes de destruction massive de la région.  Il ne fait aucun doute, a-t-il poursuivi, que le CCT montre chaque jour son rôle essentiel dans la lutte contre le terrorisme et, à cet égard, l’Egypte a déjà présenté trois rapports, dont le dernier le 20 janvier, pour répondre à des demandes d’explication. 


M. AMENATAVE YAUVOLI (Fidji), intervenant au nom des États membres du Forum des îles du Pacifique, a souligné l’importante contribution de la résolution 1373 (2001) dans l’architecture internationale de lutte contre le terrorisme, notamment grâce à la création du Comité contre le terrorisme (CCT).  M. Yauvoli a salué ensuite l’adoption par le Conseil de sécurité de la Déclaration ministérielle du 20 janvier dernier contenue dans la résolution 1456 qui souligne les efforts déployés par les Etats Membres, les organisations régionales et les organisations internationales dans la lutte contre le terrorisme.  Il a également mis en avant les dispositions de cette déclaration relatives aux domaines sur lesquels il importe de mettre l’accent pour éradiquer le terrorisme, notamment l’assistance au renforcement des capacités ou le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire.  Il a déclaré que le CCT avait apporté des conseils aux différents États pour les aider à préciser leurs priorités dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, et s’est félicité ensuite de la réunion qui se tiendra le 7 mars prochain avec la participation des organisations régionales.  Le représentant a ensuite indiqué que les États du Forum des îles du Pacifique avaient pris des mesures régionales pour renforcer leur coopération dans le domaine du maintien de l’ordre, de l’échange d’informations et de la lutte contre la criminalité transnationale organisée.  Dans le cadre de ces mesures, un mécanisme d’examen régional des mesures prises par chaque État a été mis en place au sein du Forum et une structure chargée d’aider les États dans la mise en place de législations a également été créée.  Du 27 au 31 janvier, a poursuivi le représentant, Fidji a accueilli un séminaire réunissant 13 États qui a examiné les voies et moyens de lutter contre le blanchiment d’argent et d’identifier les mesures à prendre en matière de sécurisation des installations aéroportuaires, d’échange d’informations, ou de lutte contre le financement des groupes terroristes.  Il a encouragé le CCT à travailler étroitement avec le Forum des îles du Pacifique dans la lutte contre le terrorisme grâce à son expertise. 


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a souhaité que le Comité contre le terrorisme traite davantage de la manière d’assurer le respect des normes internationales de lutte contre le terrorisme afin d’établir le plus petit commun dénominateur en la matière et fixer des objectifs que tous les Etats Membres doivent réaliser.  En la matière, a-t-il poursuivi, le Comité devrait donner des directives sur une mise en œuvre progressive des normes en question.  Le représentant a poursuivi sur le lien entre la lutte contre le terrorisme et le respect des droits de l’homme en souhaitant que le second ne devienne jamais la victime du premier.  A cet égard, il a rappelé la résolution de l’Assemblée générale sur «la protection des droits de l’home et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme».  Il a aussi attiré l’attention du Conseil sur les normes et les pratiques juridiques qui existent déjà en la matière.  Compte tenu du danger potentiel et réel que la lutte contre le terrorisme pose aux droits de l’homme, l’ONU doit rester à la hauteur de son rôle qui est de faire valoir la règle de droit dans cette lutte commune, a conclu le représentant.


M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou), s’exprimant au nom du Groupe de Rio, a rappelé qu’un attentat, le 7 février dernier dans le centre de Bogota, avait souligné la grave menace que le terrorisme fait peser sur la sécurité des pays et la nécessité d’une coopération accrue en matière de lutte contre le terrorisme.  Il faut en finir avec ce fléau en utilisant tous les moyens prévus par la Charte des Nations Unies, a-t-il demandé.  La communauté internationale doit agir avec fermeté en respectant les principes de l’état de droit et, en particulier, les droits de l’homme et le droit humanitaire.  L’intégrité, la stabilité de nos pays, la démocratie, la liberté sont en jeu, a-t-il souligné.  Le Groupe de Rio, a-t-il assuré, appuie la déclaration contenue dans la résolution 1456 (2003) ainsi que le Comité contre le terrorisme créé par la résolution 1373 (2001). 


Comme le soulignent plusieurs résolutions pertinentes, la lutte contre le terrorisme nécessite une coopération très rigoureuse entre les Etats mais aussi entre organisations régionales et sous-régionales et entre organisations relevant des Nations Unies.  D’où l’intérêt, a souligné le représentant, de la prochaine réunion du 7 mars entre de ces organisations et le CCT, qui permettra un meilleur échange d’informations et d’expériences.  Cette réunion doit contribuer à l’élaboration d’un plan d’action conjoint dans lequel chaque organisme pourra mettre en avant ses caractéristiques spéciales.  Il convient, a-t-il conclu, de mettre en place des politiques de tolérance zéro contre le terrorisme et d’augmenter le niveau de la coopération internationale dans ce domaine.


M. VALERI KUCHYNSKI (Ukraine) a rappelé que la lutte contre le terrorisme demeure une priorité pour la communauté internationale et il a plaidé pour l’unité et la cohérence de la coalition mondiale contre le terrorisme.  Après les explosions de terreur à Bali, Bogota, Mombasa et Moscou, nous restons convaincus que le Conseil de sécurité doit demeurer au cœur de l’architecture internationale de lutte contre le terrorisme, a-t-il poursuivi.  Il a exhorté le Comité contre le terrorisme à continuer d’aider les Etats Membres à améliorer leurs capacités dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, notamment par la mise en place d’un répertoire des Etats susceptibles de fournir une expertise.  Le représentant a prôné un renforcement du régime de non prolifération des armes de destruction massive et a également plaidé pour un contrôle étroit de la criminalité transnationale organisée, de son financement et de ses ramifications qui vont du trafic de drogues au commerce illicite d’armes. 


Il a annoncé que le Gouvernement ukrainien a adopté une législation contre le produit du crime qui entrera en vigueur en 2003 et a fait part de certaines initiatives régionales qui visent à renforcer le régime des migrations comme moyen de lutter contre la criminalité organisée et le terrorisme.  S’agissant des rapports nationaux soumis par l’Ukraine, il a rappelé que son pays est désormais partie aux douze conventions internationales relatives à la lutte contre le terrorisme, la dernière ratification en date concernait la Convention pour la répression du financement du terrorisme international. 


M. LUIS GUILLERMO GIRALDO (Colombie) a rappelé l’escalade du terrorisme dont est victime son pays en citant l’explosion de plusieurs voitures piégées, dont sont généralement responsables les forces de guérilla des FARC.  Dans ce conflit, a-t-il estimé, il y a la situation intérieure et la situation extérieure.  Les attentats, mines, enlèvements, assassinats, tout cela est commis par des acteurs illégalement armés et agissant à l’intérieur de notre territoire, a-t-il expliqué.  Mais à propos de la situation extérieure, le représentant a souligné que ces attentats avaient été rendus possibles grâce à l’argent de la drogue qui permet l’importation d’armes, d’explosifs et de produits dangereux.  Sans la coopération de la communauté internationale, nous ne pourrons pas lutter contre le terrorisme et le trafic des stupéfiants, a-t-il prévenu.  Aussi, le représentant a-t-il demandé aux Nations Unies de lui montrer, sur ce point, les options qui existent.  Il s’est sur ce point déclaré convaincu que le Conseil de sécurité saura assumer le rôle qui lui revient dans la lutte contre le terrorisme et dans toutes les régions du monde.


M. ALTAY CENGIZER (Turquie) a déploré l’acte terroriste perpétré il y a deux jours en République de Corée et qui a coûté la vie à plus de 120 personnes.  De tels actes de lâcheté résonnent dans le monde entier, a-t-il dit, et nous convainquent un peu plus chaque jour de la nécessité d’accroître la coopération internationale.  Il s’est inquiété des formes sophistiquées que revêt aujourd’hui le terrorisme et du risque de voir la technologie moderne échouer entre les mains de groupes terroristes.  C’est pourquoi, il est nécessaire de renforcer la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme et a jugé complexe d’établir des degrés divers d’acceptation du terrorisme.  La Turquie ne doute pas du fait que la nature de la menace qui plane sur le monde n’a pas changé et n’est pas circonscrite comme l’ont démontré les attaques de Bali, Mombasa et Bogota.  Il a prôné une approche mutuelle, globale, qui transcende les clivages entre l’est et l’ouest et ce, afin de lutter le plus efficacement contre le fléau du terrorisme.  Le monde en a assez des intellectualismes douteux qui, parfois, influencent certains Etats et tendent à banaliser le meurtre de sang froid, a dit M. Cengizer, invitant les Etats Membres à ne pas être complices des groupes terroristes, à ne pas les organiser.  Il a prôné la mise en place de mécanismes de contrôle du blanchiment d’argent, du trafic de drogue, phénomènes étroitement imbriqués, ainsi que le renforcement des mesures internationales prises en application de la résolution 1373.  Il a invité l’ensemble des Etats Membres à ratifier les conventions internationales relatives à la lutte contre le terrorisme.


M. ABDUL-DAYEM MUBAREZ (Yémen) a exprimé son optimisme quant au consensus au sein du Conseil de sécurité et de la communauté internationale pour combattre ce fléau.  Les résolutions pertinentes contiennent des dispositions importantes qui, si elles sont mises en œuvre, permettront de répondre efficacement à la menace, a-t-il estimé.  Le terrorisme demeure l’une des plus graves questions auxquelles la communauté internationale doit faire face.  C’est un fléau qui exige une coordination des efforts et la nécessité de leur imprimer une direction sur la base d’une analyse commune. 


Le Yémen, a-t-il rappelé, a connu le terrorisme moins de deux ans après la création d’un Etat unifié et celui-ci lui coûte environ 1,2 milliard de dollars chaque année en dégâts matériels.  Les nombreuses mesures prises pour y faire face ont été décrites dans un document remis au Comité contre le terrorisme, a-t-il précisé.  Cependant, a jugé le représentant, les efforts internationaux accomplis sont dénués du cadre juridique pertinent.  Evoquant le projet de convention générale sur le terrorisme international présenté par l’Inde, il a jugé que ce texte devrait également tenir compte du terrorisme d’Etat et déploré qu’il ne fasse pas de distinction entre le terrorisme et la résistance légitime des peuples.  Le représentant a regretté que la politique des «deux poids, deux mesures» soit de vigueur et que les actes terroristes soient condamnés différemment selon qu’ils sont commis par Israël ou par d’autres parties.


M. ADAMANTIOS TH. VASSILAKIS (Grèce), s’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés,   a souligné que la lutte contre le terrorisme doit être menée conformément à l’état de droit et au droit international, y compris les droits de l’homme et en cas de conflit armé, le droit international humanitaire.  En la matière, l’Union européenne reconnaît le rôle des Nations Unies et estime urgent et prioritaire la mise en oeuvreœuvre   de la résolution 1373 et des autres résolutions pertinentes.  L’Union européenne, a poursuivi le représentant, appuie les efforts des pays tiers pour mettre en œuvre la résolution 1373 et, à cet égard, a identifié un certain nombre de pays pilotes pour le lancement de projets dans le domaine du contre-terrorisme.  Les critères employés dans l’identification de ces pays sont la pertinence de la lutte contre le terrorisme, l’impact sur la politique étrangère de l’Union européenne, les besoins en matière d’assistance technique, la disposition à coopérer et l’existence d’avantages comparatifs pour l’Union européenne. 


Après avoir fait état des mesures de l’Union européenne pour appliquer la résolution 1373, le représentant a indiqué qu’elle a également créé un mécanisme de prévention et de suppression du financement du terrorisme par le biais duquel elle révise régulièrement une liste commune de personnes, de groupes et d’entités impliquées dans les actes terroristes.  Dans le même temps, des plans sont élaborés pour améliorer la coopération policière et judiciaire entre tous les Etats Membres.  L’Union européenne a en outre renforcé sa coopération avec les pays tiers, par le biais d’un dialogue intensif.  A cet égard, des clauses antiterroristes font partie intégrante des relations contractuelles de l’Union européenne avec ces pays.  La coopération sur ces questions a également été renforcée entre l’Union européenne et les autres organisations régionales. 


En adoptant, le 27 décembre 2001, la Position commune du Conseil, les membres de l’Union européenne, a encore annoncé le représentant, se sont engagés à ratifier les 12 Conventions et Protocoles existantes en matière de lutte contre le terrorisme.  L’Union européenne, a-t-il ajouté, appuie aussi la finalisation rapide des négociations sur les projets de convention générale sur le terrorisme international et sur la répression des actes de terrorisme nucléaire compte tenu du risque posé par les groupes terroristes qui ont eu accès aux armes de destruction massive.  Appuyant la déclaration présidentielle que le Conseil de sécurité a adoptée le 17 décembre 2002,   le représentant s’est félicité de la réunion spéciale que le Comité contre le terrorisme entend organiser avec les organisations internationales, régionales et sous-régionales le 7 mars mars prochain. 


Le représentant a conclu en attirant l’attention du Conseil sur l’initiative que l’Union européenne a lancée le 10 décembre 2001 pour empêcher les acteurs non étatiques d’accéder aux armes de destruction massive et aux produits radioactifs.    Cette initiative, qui a été complétée par une liste de mesures d’application concrètes, adoptées le 15 avril 2002, contient quatre éléments principaux.  Au titre de ces éléments, le représentant a cité le renforcement des instruments multilatéraux dans le domaine du désarmement, du contrôle des armes et de la non-prolifération  ; l’amélioration du contrôle des exportations  ; le renforcement de la coopération en matière de désarmement  ; et l’intensification du dialogue politique avec les pays tiers.


M. ARNOLDO LISTRE (Argentine) a déclaré que les attentats perpétrés ces derniers mois à Bali, à Bogota, à Mombasa, à Moscou et en République de Corée soulignent l’importance de la menace terroriste qui a marqué tragiquement l’histoire de l’Argentine en 1982 avec l’attaque à l’explosif perpétrée contre l’Ambassade d’Israël qui a fait plus de 100 morts.  Le représentant a fait part ensuite des mesures prises par l’Argentine pour renforcer le caractère criminel du terrorisme dans sa législation, le terrorisme ne pouvant être justifié d’aucune manière.  La lutte contre le terrorisme international doit reposer sur le respect des droits de l’homme, du droit humanitaire, a dit M. Listre, qui a ensuite mis en garde contre les ramifications entre le terrorisme international et la criminalité organisée, le trafic des drogues et la prolifération des armes de destruction massive.  C’est là que le rôle des Nations Unies est le plus important, a-t-il dit, car notre Organisation doit coordonner la riposte mondiale à cette menace cruelle qui affecte de nombreux pays de la planète.  Le Comité contre le terrorisme, créé par la résolution 1373, a accompli un travail remarquable depuis cette date, a observé M. Listre, avant de prôner un renforcement des consultations du CCT avec les organisations régionales et la dynamisation du cadre juridique de lutte contre le terrorisme.  Il a toutefois souligné que l’insécurité et la pauvreté sont des terreaux favorables au terrorisme en raison de leur marginalisation et il a invité le Conseil de sécurité à prendre en compte la question du développement économique et social dans la lutte contre le terrorisme. 


Mme JEANETTE NDHLOVU (Afrique du Sud) a appelé les membres de la communauté internationale à ne pas se laisser diviser par des campagnes militaires «nouvelles et controversées» qui ne peuvent que détourner l’attention de la lutte contre le terrorisme.  Selon elle, le message du débat ministériel, que le Conseil de sécurité a tenu le 20 janvier, est clair.  Aucun Etat ne peut espérer vaincre unilatéralement des acteurs non étatiques qui opèrent à l’aide de technologies sophistiquées, des moyens de communication et de ressources qui dépassent les frontières.  La coopération multilatérale, le respect du droit international et les normes universelles sur la protection des libertés civiles doivent former le pilier des efforts communs pour éliminer le fléau du terrorisme.  L’approche globale en la matière, a poursuivi la représentante, implique que l’on apporte des solutions aux causes sous-jacentes du terrorisme à savoir la pauvreté, les violations des droits de l’homme et l’occupation étrangère.  Les terroristes tirent profit du désespoir et de la frustration qui naissent là où les peuples sont forcés de vivre sans espoir et sans liberté. 


Aucune mesure législative et aucune action politique ne pourra garantir la sécurité dans un monde qui continue d’ignorer les besoins de millions de personnes abandonnées et marginalisées.  Nulle part, cette assertion n’est plus évidente qu’au Moyen-Orient où le peuple palestinien est victime de l’impact dévastateur d’une occupation illégale et des humiliations et souffrances quotidiennes découlant de la politique violente d’Israël visant l’expansion des colonies de peuplement.  Le succès ou l’échec du Conseil en matière de contre-terrorisme dépendra largement de la manière dont il traite de telles crises dont celle de la Palestine et des autres territoires occupés.  La représentante a, en outre, souligné que les pays d’Afrique australe dont les ressources publiques sont principalement affectées à la sécurité alimentaire sont mal équipés pour gérer la complexité du contre-terrorisme.  Elle a donc jugé important que le Conseil de sécurité aient des attentes réalistes à leur égard et intensifient ses efforts pour leur accorder l’assistance requise. 


En concluant, la représentante a appelé le Conseil et le Comité contre le terrorisme à d’examiner question de la perception qu’a l’opinion publique du terrorisme.  De nombreux pays du nord, a-t-elle dit, publient des déclarations vagues et sans fondement et donnent l’alerte à leurs citoyens sur des menaces terroristes potentielles à l’étranger.  Ce type de déclarations n’affecte pas seulement le statut d’un pays mais également sa situation en matière de sécurité.  De plus, ce type de conseils peut provoquer des dégâts considérables aux économies des pays du sud en affectant l’investissement étranger et le tourisme.  La réalité est que les dangers du terrorisme sont plus réels dans les pays du nord.  En conséquence, l’Afrique du Sud voudrait que les preuves crédibles sur de potentielles attaques terroristes soient systématiquement mises à la disposition des autorités concernées pour qu’elles prennent les mesures préventives requises.


M. JAVAD ZARIF (République islamique d’Iran) a déclaré que son pays, qui a beaucoup souffert du terrorisme, est déterminé à atteindre les objectifs de la résolution 1373 du Conseil de sécurité.  Illustrant les efforts de son pays en ce domaine, il a indiqué que l’Iran a mis en place une commission nationale de coordination pour faciliter l’application de ladite résolution.  Il a précisé que deux projets de loi portant respectivement sur la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent sont actuellement en discussion au Parlement et que des mesures spéciales ont été adoptées peu après la tragédie du 11 septembre 2001, afin d’empêcher l’infiltration de membres d’Al-Qaida, le long de la frontière orientale de l’Iran.  Dans ce contexte, plusieurs centaines de personnes étrangères suspectées d’avoir des liens avec des activités terroristes ont été arrêtées et remises à leurs gouvernements et pays d’origine. 


M. Zarif a, par ailleurs, insisté qu’une meilleure compréhension entre les nations et moins de tension sont les préalables à une meilleure coopération dans la lutte contre le terrorisme.  Faisant sienne une citation du Secrétaire général, il a précisé qu’il fallait être conscient que toute atteinte à la liberté ou à l’état de droit, ou la création de tensions au nom de la lutte contre le terrorisme, constituait une victoire pour les terroristes.  Dans le même ordre d’idées, il a formé le vœu que l’on ne se serve pas de la campagne de lutte contre le terrorisme pour justifier une atteinte au droit légitime des peuples à l’autodétermination.  Il a également souligné le problème du trafic de stupéfiants qui, malgré les efforts du Gouvernement afghan, continue de profiter aux réseaux terroristes.  Evoquant les liens entre ce trafic et le terrorisme international, il a souligné la nécessité de renforcer la coordination des efforts aux niveaux national, sous-régional, régional et international pour faire face à ce fléau. 


M. LUBLIN DILJA (Albanie) a indiqué que le Gouvernement et les institutions albanais ont inscrit comme une priorité dans leur ordre du jour la question de la lutte contre le terrorisme.  La résolution 1373 et sa mise en œuvre est devenue une tâche quotidienne en Albanie.  Le pays s’est d’abord concentré sur les domaines qui méritent une action décisive.  Une législation a été adoptée sur tous les aspects de la résolution 1373 et l’Albanie travaille à la mise en place d’un mécanisme de prévention et de suppression du financement du terrorisme.  Le pays a aussi ratifié ou est en train de ratifier presque toutes les conventions et tous les protocoles liés au terrorisme.  Le représentant a conclu en appelant le Conseil de sécurité et le Comité contre le terrorisme à garder cette question en tête de son ordre du jour et à continuer à encourager chez chaque Etat Membre une action responsable. 


M. GLYN BERRY (Canada) a jugé qu’il était de l’intérêt mutuel de la communauté internationale de renforcer la coopération dans la lutte contre le terrorisme.  Le Canada envisage la création d’un réseau international de traités d’assistance mutuelle comme une étape importante de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  Ces traités, a-t-il expliqué, permettent aux services judiciaires et de répression des États d’avoir un accès autorisé aux témoins et aux auteurs présumés d’un crime, tandis que d’autres accords, comme le Mémorandum d’accord, sont des outils précieux qui autorisent l’échange d’informations sur la sécurité, sur les renseignements et sur la répression entre les organismes individuels.  Le Canada appuie également l’appel lancé par le Conseil de sécurité aux États pour qu’ils s’entraident afin de renforcer leur capacité de prévenir et de combattre le terrorisme et dans cette optique, les agences et départements fédéraux canadiens ont donné une formation, versé des fonds et partagé leur expertise avec une bonne quarantaine d’États de par le monde.  Les Etats donateurs doivent éviter le double emploi et s’assurer que les lacunes sont comblées en termes d’aide au renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme, a-t-il observé, avant de rappeler que le Comité contre le terrorisme (CCT) était le centre de coordination de l’aide au renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme. 


Sous la présidence de l’Espagne, nous espérons que le CCT donnera davantage d’orientations sur les priorités et sur la manière dont le Canada, en tant que donateur et Etat non membre du Conseil de sécurité, peut apporter son aide.  Il a jugé ensuite que, comme indiqué dans la résolution 1456, il est indispensable de mieux contrôler les matières nucléaires, chimiques, biologiques et autres qui présentent un danger potentiellement mortel.  Les traités internationaux tels que le Traité de non-prolifération nucléaire, la Convention sur les armes chimiques et la Convention sur l’interdiction des armes biologiques et à toxines sont des mécanismes indispensables qui peuvent contribuer à renforcer les objectifs de désarmement et freiner la prolifération des armes de destruction massive, a-t-il dit.  Rappelant que le Canada avait participé activement aux négociations sur un amendement bien précis de la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, le représentant a déclaré attendre avec impatience l’aboutissement des négociations le mois prochain.  Il a également mentionné le rôle clef de l’AIEA dans le renforcement de la protection physique des centrales nucléaires et a préconisé, conformément à la résolution 1456, l’instauration d’un climat de tolérance et de respect mutuel dans l’approche globale visant à lutter contre le terrorisme. 


M. VICTOR LAGOS (El Salvador) a assuré que son pays avait adopté les mesures nécessaires pour se plier aux obligations qui lui incombent en vertu de la résolution 1373 (2001) et des suivantes.  Ainsi, le Gouvernement salvadorien a présenté le 20 décembre 2001 son premier rapport sur les mesures adoptées ou à adopter dans la lutte contre le terrorisme international, puis deux autres rapports, en juin 2002 et aujourd’hui même.  Nous sommes prêts, a-t-il indiqué, à faire tous les efforts nécessaires pour coopérer avec le Comité contre le terrorisme et devons nous réunir avec un de ses membres pour déterminer le type d’aide dont le pays aura besoin pour mieux lutter contre le terrorisme.  Le Comité interaméricain contre le terrorisme s’est réuni en El Salvador en janvier, a rappelé le représentant et, dans une déclaration, les Etats signataires prient ceux qui ne l’ont pas encore fait d’adhérer au Comité régional.  Il a par ailleurs annoncé que le Parlement de son pays avait ratifié la semaine dernière plusieurs instruments juridiques internationaux pour compléter le cadre juridique national, notamment la Convention pour la répression du financement du terrorisme.


Reprenant la parole, le Président du Comité contre le terrorisme (CCT) a salué le soutien des Etats Membres au travail accompli depuis plus de seize mois maintenant.  Il a plaidé pour la mise en place d’un réseau mondial de lutte contre le terrorisme sous tous ses aspects dont le Comité serait le pivot.  Il a assuré que le Comité est conscient du fait que chaque pays doit mettre en œuvre la résolution 1373 à son propre rythme et a encouragé la mobilisation des organisations régionales.  Il a félicité l’Organisation des Etats américains pour le dynamisme avec lequel elle met en œuvre la résolution 1373 et a estimé, à l’instar de l’Afrique du Sud, qu’il importe de mobiliser les efforts collectifs de la communauté internationale.  Il a souhaité que la réunion du Comité du 7 mars prochain procède à un véritable échange sur les voies et moyens de remédier aux carences et aux faiblesses du dispositif de coordination avec les organisations régionales.  M. Greenstock a émis le vœu que des structures plus efficaces soient mises en place pour s’assurer que les armes de destruction massive ne tombent entre les mains des organisations terroristes.  La référence essentielle demeure la résolution 1373, a-t-il dit, avant d’assurer que le Comité s’efforcera de mettre en place des recommandations pour les Etats Membres. 


Droit de réponse


Le représentant de la République arabe syrienne a indiqué que son pays a été à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme et en est fier.  Son rôle a été salué par beaucoup qui ont reconnu qu’il avait permis de sauver des vies.  La Syrie a tout mis en œuvre pour enrichir les travaux du Conseil et du Comité dans la lutte contre le terrorisme.  Le plus grand danger de la campagne contre le terrorisme est cette logique israélienne: son ignorance des débats, des mécanismes du Conseil de sécurité et des travaux de certains comités, a aveuglé la délégation israélienne.  Les Palestiniens de Syrie sont les victimes du terrorisme israélien, le monde entier le voit et en entend parler.  En 1948, Israël reposait sur les activités des groupes terroristes. 


Récemment, le fait qu’il y ait eu des fonctionnaires des Nations Unies tués en Cisjordanie ou à Gaza montre que l’occupation relève du terrorisme.  Qu’est-ce qui explique le grand nombre de morts de ces dernières années et les 30 morts palestiniens de ces deux derniers jours, a-t-il demandé?  Une armée entière se livre au terrorisme, en détruisant des foyers palestiniens sur une famille entière, n’est-ce pas un acte de terrorisme?  Des enfants palestiniens sont tués chaque jour par des chars israéliens.  Tout le monde peut parler du terrorisme sauf Israël qui incarne le terrorisme même.  Qu’Israël mette un terme à l’occupation de nos territoires, aux colonies de peuplement, et à la violation de nos droits car l’occupation est l’exemple type du terrorisme.  Le représentant a ajouté que son pays mettrait tout en œuvre pour appuyer les travaux de lutte contre le terrorisme, au sein de l’ONU et du Comité.


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