M. JEAN-MARIE GUEHENNO RAPPELLE QUE LES ETATS DU SUD NE SAURAIENT ASSUMER SEULS LA FOURNITURE DE CONTINGENTS AUX OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Communiqué de presse AG/PKO/176 |
Comité spécial des opérations
de maintien de la paix
170e et 171e séance – matin et après-midi
M. JEAN-MARIE GUEHENNO RAPPELLE QUE LES ETATS DU SUD NE SAURAIENT ASSUMER SEULS LA FOURNITURE DE CONTINGENTS AUX OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
La Journée internationale des soldats de maintien de la paix sera commémorée le 29 mai
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Marie Guéhenno a rappelé aujourd'hui au Comité spécial des opérations de maintien de la paix, qui ouvrait à New York sa session de fond pour l'année 2003, que la fourniture d’un personnel militaire et de police bien formé et discipliné pour les missions des Nations Unies relevait de la responsabilité collective des Etats Membres, les pays du Sud ne pouvant, à eux seuls, assumer ce fardeau.
Présentant le rapport du Secrétaire général*, M. Guéhenno s'est attaché à évoquer trois points nouveaux non contenus dans le document: tout d'abord, il a présenté les nouveaux conseillers militaires, sélectionnés en vertu d’un processus rigoureux et compétitif, a-t-il insisté, puis la nouvelle initiative du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) concernant la création d’une Inspection générale constituée de vétérans des opérations de maintien de la paix chargés d’évaluer sur le terrain l’efficacité des opérations en cours. Il a aussi annoncé le recrutement d'un conseiller politique sur le VIH/sida, chargé de formuler des recommandations et d’aider les missions de maintien de la paix à élaborer et coordonner des mesures concrètes à ce sujet.
Le Secrétaire général adjoint, qui s'exprimait le jour même où s'ouvrait en Sierra Leone une conférence consacrée aux relations logistiques entre le Département et les pays fournisseurs de contingents, a fait valoir que le Département avait pour objectif de travailler avec toutes les organisations régionales et internationales concernées par le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix: il s'agit, a-t-il expliqué, de s’assurer d’une réponse efficace et rapide aux conflits sur le continent. A cette fin, le Département rencontrera les chefs d’états-majors africains en avril prochain, dans le cadre des préparatifs au Sommet de l’Union africaine à Maputo, a-t-il indiqué.
La majorité des délégations qui ont ensuite pris part au débat se sont félicitées des progrès enregistrés au cours de ces deux dernières années dans la mise en œuvre des recommandations du «rapport Brahimi», tout en appelant le Département à faire preuve de davantage d’efficacité et de rationalité. A cet égard, la Mission de l’ONU en Afghanistan (MANUA) a été évoquée à plusieurs reprises comme la première mission «post-Brahimi», selon la formule du Canada. De nombreux orateurs se sont attachés à souligner les améliorations significatives apportées aux capacités de déploiement rapide des Nations Unies notamment -comme l’ont rappelé la Norvège ou la Bulgarie-, grâce à la Base de soutien logistique à Brindisi (Italie) et à la création, l’année dernière, de la Brigade multinationale d'intervention rapide (SHIRBRIG).
L’inclusion d’une approche intégrée lors de la définition du mandat d’une nouvelle opération, comprenant un volet civil qui permet d’engager les Nations Unies dans une perspective à long terme et d’empêcher les conflits de ressurgir après le départ de la mission, a été une autre étape positive saluée par les intervenants, notamment le représentant du Nigéria. A cet égard, les programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des anciens combattants sont apparus comme une priorité de la plus haute importance, de même que le renforcement des capacités nationales en termes de sécurité, à savoir la formation d’une police civile et d’une armée nationales, mais aussi l’appui au pays hôte surtout dans le domaines de la justice. Il s’agit, ont souligné plusieurs orateurs, d’affirmer rapidement l’état de droit.
Le représentant de la Grèce, au nom de l’Union européenne et des pays associés, a été par ailleurs le premier, parmi beaucoup d’autres, à prôner davantage de transparence entre le Département des opérations de maintien de la paix, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents. La transparence doit être garantie pour le choix des chefs de missions, qui, de l’avis de ces délégations, devraient être de la nationalité des pays fournisseurs de contingents. Le Nigéria, la Jordanie (au nom du Mouvement des pays non-alignés) ou le Zimbabwe, ont également exprimé la nécessité absolue d’indemniser et de rembourser au plus vite les pays qui engagent moyens et personnels dans les opérations de maintien de la paix.
En début de séance, le Comité spécial avait procédé à l'élection de son Bureau, en portant à la présidence M. Arthur Mbanefo (Nigéria). Il a élu aux postes de Vice-Présidents MM. Luis E. Cappagli (Argentine), Glyn Berry (Canada), Koji Haneda (Japon) et Mme Beata Peksa-Krawiec (Pologne). M. Alaa Issa (Egypte) assumera les fonctions de Rapporteur.
Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Pérou (Groupe de Rio), Arabie saoudite, Croatie, Nouvelle-Zélande, Japon, Australie, Etats-Unis, Algérie, Chine, Azerbaïdjan, Suisse, Argentine, Uruguay, République islamique d’Iran, Norvège, Mexique, République de Corée, République arabe syrienne, Egypte et Slovaquie.
Le Comité spécial poursuivra son débat général demain, mardi 4 mars, à 10 heures.
* Rapport paru sous la cote A/57/711
APPLICATION DES RECOMMANDATIONS DU COMITE SPECIAL DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Rapport du Secrétaire général (A/57/711)
Dans ce rapport, présenté conformément à la requête du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, le Secrétaire général considère que la mise en œuvre des recommandations du Groupe d'étude sur les opérations de maintien de la paix se poursuit conformément au calendrier prévu. Il indique que de réels progrès ont été réalisés dans le renforcement des systèmes de forces et de moyens en attente pour le personnel militaire et civil et le personnel de la police civile et dans l'achat et la gestion des stocks de déploiement stratégique à la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi (Italie). Bon nombre des résultats mentionnés ont été possibles, précise le Secrétaire général, grâce aux ressources additionnelles autorisées par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) dont le recrutement touche à sa fin.
Au 1er janvier 2003, rappelle Kofi Annan, on comptait 15 opérations de maintien de la paix et opérations de paix connexes des Nations Unies, soit un total de 32 500 militaires, 1 800 observateurs militaires et 5 300 membres de la police civile auxquels il fallait ajouter plus de 3 600 civils recrutés au plan international et plus de 7 000 localement. Il note également l'heureuse conclusion en 2002 de trois opérations très différentes: l'ATNUTO au Timor oriental (Timor-Leste aujourd’hui); la MONUP en Croatie et la MINUBH en Bosnie-Herzégovine.
Le Secrétaire général souligne qu'une attention particulière a été portée ces dernières années au renforcement des aspects opérationnels et techniques de l'appui fourni par le Siège des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix. L'Assemblée générale, rappelle-t-il, a approuvé une augmentation d'environ 50%% des ressources en personnel du Département: cette phase de l'application des recommandations du Groupe d'étude doit, selon lui, être considérée comme achevée. En 2003, les Etats Membres sont donc appelés à s'intéresser particulièrement aux questions suivantes: incorporer les enseignements tirés de l'expérience et des pratiques optimales dans la planification opérationnelle et la coordination renforcée, au Siège comme sur le terrain; élaborer et appliquer des stratégies d'ensemble pour faire face aux problèmes répétés auxquels se heurtent les opérations de maintien de la paix complexes; mener à bien les efforts en cours pour accroître la capacité de déploiement rapide et efficace des opérations de maintien de la paix; dispenser une formation plus efficace aux personnels militaires et civils et à la police civile et renforcer les capacités régionales de maintien de la paix, particulièrement en Afrique.
La coopération avec les pays fournisseurs de contingents restera, de manière générale, une priorité de l'année pour le Secrétariat, prévient-il. Estimant que le Département des opérations de maintien de la paix traverse actuellement une période d'ajustement, il se félicite des progrès notables déjà effectués dans le domaine de la gestion: le prochain stade, en 2003, sera de faire participer pleinement tout le personnel du Département au processus de réforme de la gestion, à l'exécution de plans élaborés et à la définition des priorités. Pour le Secrétaire général, il est urgent de mener des travaux de recherches, d'analyse et de réflexion supplémentaires et de continuer de tirer les enseignements de l'expérience dans les domaines suivants: réformes du secteur de la sécurité (par exemple formation d'une nouvelle armée nationale à l'issue d'un conflit); désarmement, démobilisation, réinsertion (DDR) des anciens combattants; renforcement de l'état de droit après les conflits avec, outre la police civile, la présence d'experts du système judiciaire.
S'agissant du DDR, Kofi Annan estime que dans l'idéal, chacune des étapes du programme devrait être planifiée dès le départ et inscrite dans les accords de paix, qu'il faut de solides structures pour planifier et exécuter les opérations, que des ressources suffisantes doivent être garanties et de réels moyens de subsistance trouvés dès le départ pour les soldats démobilisés. Enfin, souligne-t-il, les ex-combattants doivent avoir l'assurance que leur sécurité ne sera pas mise en péril par d'autres groupes armés (armée, police ou forces irrégulières) une fois qu'ils auront rendu les armes.
Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix s'est par ailleurs félicité, note le Secrétaire général, de la proposition du Groupe d'étude tendant à faire en sorte que les opérations puissent être intégralement déployées dans un délai de 30 à 90 jours après l'adoption de la résolution portant leur création. Si une nouvelle opération devait être déployée en 2003, estime-t-il, le Secrétariat serait en mesure de la déployer plus rapidement que par le passé grâce au renforcement de la Base de soutien logistique de l'ONU et aux nouveaux arrangements relatifs au personnel d'appui en attente: toutefois, il n'est pas sûr, pour diverses raisons, que le délai de 30 à 90 jours puisse être tenu. A cet égard, le Secrétaire général souhaite préciser que les pays en développement ne doivent pas être les seuls à porter le fardeau du déploiement d'unités militaires, d'autant qu'il y a des besoins que seuls quelques pays sont en mesure de satisfaire.
L'ONU assure les besoins en déploiement rapide par la coopération avec les Etats Membres dans le cadre du Système de force et moyens en attente, rappelle Kofi Annan. Un nouveau niveau de déploiement rapide pour les unités constituées est entré en vigueur le 25 juillet 2002 qui permettra notamment aux planificateurs des transports et mouvements du Secrétariat de disposer de données détaillées. En outre, au 1er janvier 2003, 32 Etats Membres avaient transmis au Secrétariat des demandes concernant des postes figurant sur la liste des officiers d'état-major chargés d'établir le quartier général d'une mission militaire. En ce qui concerne la police civile, la Conférence d'Helsinki en février 2002 avait ouvert la liste d'une centaine d'officiers sous astreinte et des progrès ont été également faits en matière d'intégration des compétences de police civile au processus de planification des opérations de maintien de la paix. Le Département met par ailleurs en place une capacité de déploiement rapide de personnel civil expérimenté pour opérer le démarrage d'une mission.
Le Secrétaire général, s'agissant des disponibilités en matériel, indique que les fonds nécessaires à la constitution de stocks stratégiques ont été rendus disponibles le 1er juillet 2002: à la fin décembre 2002, environ 51%% (72,7 millions de dollars) des fonds avaient été engagés dans des commandes spécifiques; et 20%% (28,8 millions de dollars) avaient donné lieu à des commandes fermes. La valeur des stocks est actuellement de 20,7 millions de dollars, précise-t-il, en annonçant que le Département sera en mesure de fournir un appui matériel à un quartier général avancé de taille moyenne et à une mission de maintien de la paix plus petite d'ici au printemps 2003. Le système de gestion des stocks (Galileo) sera, lui, pleinement opérationnel d'ici au 1er juillet 2003.
Le Secrétaire général se félicite enfin de la coopération régionale et du renforcement des capacités régionales de maintien de la paix, en particulier en Afrique, citant des initiatives nouvelles et continues de coopération avec l'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il indique que le Département des opérations de maintien de la paix va organiser du 3 au 5 mars à Freetown une conférence axée sur les relations logistiques entre le Département et les pays fournisseurs de contingents, qui réunira 35 participants issus de ces pays. Cette conférence a pour but d'accroître les capacités dont disposent les pays africains qui fournissent des contingents à les déployer dans le cadre des missions de maintien de la paix et de leur apporter le soutien nécessaire.
Déclaration du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix
Présentant le rapport, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. JEAN-MARIE GUEHENNO, a souligné que ce document tient soigneusement compte des remarques et recommandations des Etats Membres et reflète leurs propositions. C’est pourquoi, il s’est borné à évoquer trois points nouveaux survenus depuis la rédaction de ce rapport: ainsi, M. Guéhenno a présenté les nouveaux conseillers militaires, sélectionnés en vertu d’un processus rigoureux et compétitif et qui devront gagner la confiance des Etats Membres. Il a également présenté la nouvelle initiative du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) concernant la création d’une Inspection générale constituée de vétérans des opérations de maintien de la paix chargés, par des visites sur le terrain, d’évaluer l’efficacité des opérations en cours. L’un d’eux a récemment effectué des visites à la MINUSIL en Sierra Leone et à la MONUC en République démocratique du Congo. S’agissant du VIH/sida, le DOMP a recruté un conseiller politique en la matière, chargé de formuler des recommandations et d’aider les missions à élaborer et coordonner des réponses pratiques à cette question.
M. Guéhenno a ensuite mis à jour les dernières informations relatives au déploiement rapide en rappelant qu’une conférence s’ouvrait ce jour même en Sierra Leone pour discuter des relations logistiques entre le Département et les pays fournisseurs de contingents. Cette conférence permettra également de tirer les leçons du récent exercice de déploiement rapide effectué à la fin du mois de janvier à Brindisi, en Italie. M. Guéhenno a souligné que les stocks actuellement disponibles à la Base de soutien logistique à Brindisi étaient estimés à 32,5 millions de dollars. Au 20 février 2003, 82% du budget avaient été utilisés et sa totalité devrait l’être d’ici au 30 juin. La Division militaire du Département a par ailleurs conduit un examen interne du Système des forces et moyens en attente des Nations Unies.
S’agissant du renforcement des capacités africaines de maintien de la paix, M. Guéhenno a souligné que le Département avait pour objectif de travailler avec toutes les organisations régionales et internationales concernées pour s’assurer d’une réponse efficace et rapide aux conflits sur le continent. A cette fin, le Secrétariat œuvre en étroite coopération avec l’Union africaine pour préparer des propositions ainsi que la création d’une Force africaine en attente. Le DOMP rencontrera les chefs d’états-majors africains à cette fin en avril prochain dans le cadre des préparatifs au Sommet de l’Union africaine à Maputo. Par ailleurs, il a souligné qu’il était indispensable que les Nations Unies, l’Union africaine et le G-8 harmonisent leurs positions afin qu’un seul plan soit retenu et que des relations plus étroites s’instaurent entre ces organisations.
Au plan opérationnel, il a souhaité la promotion d’un meilleur soutien et d’une plus grande coopération entre les centres d’entraînement régionaux et nationaux en Afrique. Il a également appuyé tout progrès permettant aux contingents africains de disposer d’un équipement adéquat et l’entraînement préalable au déploiement requis pour le succès des opérations de maintien de la paix.
Le Secrétaire général adjoint a ensuite abordé les questions de sécurité et la sûreté des personnels participant aux opérations de maintien de la paix: outre les informations contenues dans le rapport, il a reconnu que le renforcement de la gestion de la sécurité des missions a été lent et il n’est pas en mesure de présenter de rapport intérimaire sur ce point. Il a rappelé que le DOMP n’avait pas de personnel ad hoc pour s’occuper de ces questions et que le mieux qui ait pu être fait à ce stade a été la nomination d’un chef du Centre de situation du DOMP en tant que coordonnateur officieux pour les questions de sécurité. En revanche, M. Guéhenno s’est félicité de pouvoir annoncer que le DOMP et le Programme alimentaire mondial (PAM) avaient mis au point des normes d’évaluation communes concernant leurs opérations humanitaires aériennes pour des missions sûres.
Avant de conclure, M. Guéhenno a annoncé que la Journée internationale des soldats du maintien de la paix sera célébrée le 29 mai prochain. Puis, dans ses remarques finales, il a souhaité un échange de vues ouvert et franc et a appelé le Comité à se montrer honnête à l’égard du DOMP si des questions et des doutes surgissent quant à son fonctionnement. Il a espéré qu’il discuterait de la façon dont les Etats Membres eux-mêmes peuvent concrètement continuer à renforcer les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment en ce qui concerne le déploiement rapide. La fourniture d’un personnel militaire et de police bien formé et discipliné relève de la responsabilité collective des Etats Membres: les pays du Sud ne peuvent, à eux seuls, assumer ce fardeau. Le rapport rappelle en effet que seuls certains pays sont en mesure de fournir le personnel qualifié et les équipements adéquats. Malgré l’actualité, il a enfin appelé les Etats Membres à maintenir leur engagement et leur appui aux opérations de maintien de la paix dans le reste du monde.
Débat général
M. ADAMANTIOS TH. VASSILAKIS (Grèce), intervenant au nom de l’Union européenne et des pays associés, a salué les progrès enregistrés dans la réforme du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) depuis la parution du rapport Brahimi. Il a réitéré l’appui de l’Union européenne aux opérations de maintien de la paix dans le monde, et en particulier en Europe, et a prôné une intensification de la transparence dans le fonctionnement du Département. Il a notamment encouragé des consultations étroites entre le DOMP et les pays contributeurs de troupes afin de leur permettre de mieux gérer et ajuster leurs contingents en fonction des besoins opérationnels. Le représentant s’est félicité du fait qu’actuellement, le DOMP dispose de davantage de ressources et de moyens, ce qui le place dans une position où il peut désormais mettre l’accent sur la mise en œuvre des réformes institutionnelles sur le terrain et tirer les leçons des expériences passées. M. Vassilakis a prôné un renforcement du Groupe des pratiques optimales du DOMP qui dispose d’un personnel compétent et a suggéré une coopération étroite entre cette unité et les autres départements des Nations Unies. Il a encouragé ensuite la poursuite des efforts visant à améliorer les critères de sexospécificité que l’Union européenne considère comme une priorité.
Le représentant a, entre autres, considéré que le Groupe des pratiques optimales pouvait se saisir de l’examen des besoins des Nations Unies en ce qui concerne le coût des opérations sur le terrain. Il a ensuite encouragé le DOMP à développer et mettre en œuvre des pratiques exhaustives pour gérer les processus de DDR et de consolidation de la paix après les conflits et a assuré que l’Union européenne est disposée à coopérer étroitement avec tous les autres partenaires pour développer de telles pratiques. S’agissant de l’action antimines, il a jugé qu’elle constituait un aspect fondamental des opérations de maintien de la paix et s’est félicité des efforts visant à intégrer le déminage dans toutes les opérations. Concernant les «projets à impact rapide», le représentant a estimé qu’ils devaient être pris en compte dans les stratégies exhaustives de développement et de mise en œuvre et a recommandé une véritable souplesse pour ce mécanisme. Il faut prévoir des ressources dès la première année pour ces projets à impact rapide, a-t-il observé. M. Vassilakis s’est félicité également du renforcement du système des forces et moyens en attente des Nations Unies (UNSAS) et de la Base de soutien logistique à Brindisi. Il a prôné ensuite une approche intégrée et exhaustive pour la formation du personnel de maintien de la paix, y compris pour le personnel de haut niveau, formation qui devrait concerner aussi bien le personnel civil que militaire. Par ailleurs, a-t-il poursuivi, l’Union européenne appuie la position du Secrétaire général sur la conduite exemplaire des agents de maintien de la paix et encourage le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales dans le domaine des opérations de maintien de la paix. M. Vassilakis a rappelé l’appui actif de l’Union européenne aux opérations de maintien de la paix, depuis les Balkans jusqu’à l’Afrique. Plus de 40 000 hommes et femmes de l’Union européenne sont impliqués dans les opérations de maintien de la paix, a-t-il indiqué, rappelant que l’Union contribue à plus de 40% au budget des opérations de maintien de la paix.
M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou), s’exprimant au nom du Groupe de Rio, a rappelé que les pays qui le constituent ont toujours fait la preuve de leur profond engagement en faveur des opérations de maintien de la paix en participant aux missions dans toutes les régions du monde. Il a estimé que les premiers efforts engagés par le DOMP avaient déjà commencé à créer un système capable de diriger efficacement ces opérations, y compris dans les domaines des opérations complexes, du déploiement rapide, de la sûreté et de la sécurité, avec des mandats clairs, des ressources adéquates et un suivi sérieux. Parmi les résultats importants des efforts engagés, le représentant a cité la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi et la Brigade multinationale d'intervention rapide, l’arrivée de nouveaux personnels spécialisés, le renforcement du Groupe des pratiques optimales et une meilleure coordination entre les différents départements du Secrétariat. De l’avis de sa délégation, tous ces efforts doivent être menés conjointement dans le souci d’élargir le dialogue et la participation des Etats Membres pour qu’ils puissent participer activement aux opérations de maintien de la paix.
Le représentant du Pérou a toutefois attiré l’attention sur les difficultés financières auxquelles se heurtent les pays en développement qui fournissent des contingents à ces opérations. Les pays du Groupe de Rio avaient proposé l’an dernier au Comité d’engager une réflexion sur cette question, qui entrave directement la participation potentielle aux opérations de maintien de la paix. Ces aspects n’ayant pas été évoqués par le Comité, les pays du Groupe de Rio ont proposé notamment au Secrétaire général divers mécanismes destinés à aider les Etats à faire face aux frais que représente la participation aux opérations de maintien de la paix, surtout si l’on souhaite respecter les délais prévus de déploiement. Le remboursement rapide de ces frais permettrait d’augmenter de façon significative la participation des pays en développement à ces missions, a-t-il estimé en souhaitant que ces remarques soient contenues dans le rapport du Comité à l’issue de la présente session.
Par ailleurs, a poursuivi le représentant, le Groupe de Rio accorde une importance particulière aux activités relatives à l’entraînement et à la professionnalisation des officiers chargés de diriger les opérations de maintien de la paix. Il s’est félicité à cet égard de la mise en place de cours généraux d’introduction créés pour les conseillers militaires et de police notamment ainsi que des efforts faits en termes de sûreté et sécurité. Le représentant a enfin jugé important de souligner les efforts des derniers mois dans les domaines du déminage, des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des anciens combattants. Tous ces éléments s’inscrivent dans une vision intégrée des opérations de maintien de la paix que le Groupe de Rio appuie et qui implique tout le système des Nations Unies.
M. ZEID RA’AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie), intervenant au nom du Mouvement des pays non alignés, s’est félicité de la teneur du rapport du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et a assuré que le Mouvement des pays non alignés est disposé à contribuer avec transparence aux débats du Comité. La position du Mouvement sur les opérations de maintien de la paix est claire, a-t-il dit, rappelant trois critères fondamentaux, à savoir la nécessité de créer une opération de maintien de la paix sur la base du non-recours à la force, sauf mandat exceptionnel, de l’impartialité et de la viabilité financière. Les opérations de maintien de la paix ont permis dans la plupart des cas de mettre fin aux conflits et de jeter les bases d’une consolidation du processus de paix, a-t-il rappelé. Il a jugé ensuite que l’expression Etats Membres doit couvrir l’ensemble des Etats et ne pas se limiter à un seul Etat, le représentant s’inquiétant en outre de certaines terminologies utilisées par le Secrétariat telles que la «réforme du secteur de la sécurité» et, ce, sans que ces termes soient agréés par l’ensemble des Etats Membres.
Le représentant a abordé ensuite la question des relations entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes et a prôné davantage de transparence. Concernant les mesures de réforme dans la gestion du DOMP, il a souhaité savoir si les changements intervenus avaient été évalués pour savoir s’ils avaient contribué à réduire l’inertie du Département. Il a demandé ensuite que le recrutement des personnels de maintien de la paix réponde davantage aux critères de représentation géographique et a souhaité connaître la date de parution de l’étude du Groupe des pratiques optimales sur la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL). Le commandement d’une mission ne doit pas être assuré par le ressortissant d’un pays qui ne fournit pas de contingents importants à cette mission, a-t-il poursuivi, avant de se féliciter des efforts déployés par le Secrétariat dans le domaine de la formation des personnels du maintien de la paix. Il a ensuite salué l’initiative du Secrétaire général de convoquer, d’ici à la fin de l’année, une réunion avec les pays contributeurs pour aborder la question de la discipline au sein des contingents.
Estimant ensuite que les arrangements entre Nations Unies et organisations régionales ne peuvent se substituer aux obligations des Nations Unies, le représentant a souligné que certains pays contributeurs de missions qui se sont achevées depuis plus de dix ans n’ont pas encore été remboursés. Cependant, le représentant de la Jordanie a reconnu que le DOMP avait déployé des efforts considérables pour rembourser les pays contributeurs au cours de l’année écoulée et a invité les Etats Membres à respecter leurs engagements.
M. ARTHUR C. I. MBANEFO (Nigéria) a estimé que les propositions faites par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Marie Guéhenno, méritaient l’attention du Comité spécial des opérations de maintien de la paix. Il a salué les progrès enregistrés au sein du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) depuis la publication du rapport Brahimi qui a notamment permis de ne plus limiter l’action des agents de maintien de la paix à l’interposition mais d’agir également sur la vie des populations civiles et des communautés concernées. Il a encouragé le DOMP à intégrer davantage les volets consolidation de la paix post-conflit et promotion de la règle de droit dans les opérations de maintien de la paix et s’est félicité, à ce titre, de la proposition de création, au sein de la Division police civile du DOMP, d’une unité chargée de donner des avis sur les questions de justice et de droit pénal dans le contexte des opérations de maintien de la paix. Il a également salué les efforts accomplis dans le domaine du déploiement rapide des opérations de maintien de la paix et a exhorté le DOMP à accélérer l’institutionnalisation de la liste de personnels civil, militaire, et de police civile afin de combler rapidement les postes vacants sur le terrain. Les «Niveaux de déploiement rapides (RDL)», mis en place en juillet dernier, est un mécanisme efficace pour garantir le déploiement rapide des agents de maintien de la paix, a jugé M. Mbanefo, avant de souligner les progrès réalisés dans le domaine du DDR, notamment au Libéria et en Sierra Leone, et de suggérer que ces expériences fassent l’objet d’une analyse et permettent de définir un cadre d’action au sein du DOMP.
M. Mbanefo a proposé le renforcement du Groupe des pratiques optimales qui pourrait, selon lui, être conçu comme un centre de recherche et d’évaluation des opérations de maintien de la paix. A cet égard, il a souhaité que le Groupe des pratiques optimales ne se concentre pas uniquement sur les missions achevées mais aussi sur celles en cours afin de les améliorer. Il a recommandé un renforcement de la coopération entre le DOMP et les organisations régionales africaines, notamment l’Union africaine, la CEDEAO ou la SADC. Cependant, il a jugé que le DOMP devait participer davantage à certains dispositifs de formation du personnel de maintien de la paix en Afrique, de même qu’à l’équipement des contingents. Pour ce faire, le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à intensifier ses contacts avec les pays contributeurs de troupes d’une part et les organisations sous-régionales et régionales, d’autre part, à l’image des consultations étroites entre la SADC et le Conseil de sécurité sur le suivi de l’Accord de paix de Pretoria sur la RDC.
M. GLYN BERRY (Canada) a estimé que les opérations menées ces dernières années par des organisations ou coalitions internationales comme l’OTAN ou l’ISAF, qui opèrent dans le respect de la Charte de l’ONU, avaient été des opérations robustes et complexes qui ne font pas concurrence à celles de l’Organisation mais sont complémentaires. Nous devons, a-t-il souligné, rester souples et utiliser tout l’éventail des institutions à la disposition de la communauté internationale afin de prendre rapidement les mesures qui s’imposent en cas de crise. D’autres initiatives destinées à renforcer les capacités régionales de maintien de la paix voient le jour et méritent d’être appuyées: ainsi, l’Union africaine a exprimé son intention de renforcer ses capacités dans ce domaine, et la CEDEAO s’efforce de mettre sur pied une mission pour la Côte d’Ivoire. Mais les ressources sont limitées et les capacités institutionnelles onéreuses, a-t-il indiqué. Rappelant le Plan d’action du G-8 pour l’Afrique, par lequel le Canada et ses partenaires se sont engagés à aider les nations d’Afrique à renforcer leurs capacités à prévenir et régler les conflits, M. Berry a souligné que l’engagement des autres donateurs est néanmoins indispensable.
Pour le représentant, les partenaires régionaux du maintien de la paix sont de plus en plus importants quand de nouvelles crises éclatent, mais les opérations de maintien de la paix propres à l’ONU continuent d’être un moyen vital de réunir les capacités de maintien de la paix d’un grand nombre de pays qui fournissent des contingents. Aujourd’hui, a-t-il estimé, l’ONU est mieux placée que jamais pour relever les défis que représentent les opérations complexes de maintien de la paix. Un volet critique pour le succès des opérations, selon lui, est la consultation; des progrès ont été faits mais davantage pourrait être accompli, ainsi le DOMP et le Centre d’opérations pourraient améliorer la qualité et la distribution de leurs rapports. Les Etats Membres, quant à eux, doivent rechercher activement les informations dont ils ont besoin et les conseillers militaires des missions pourraient communiquer leurs connaissances et leur expertise à leurs collègues du Secrétariat. Un autre élément critique, selon le représentant, est l’application des enseignements tirés de ces expériences. A cet égard, il a dit attendre avec impatience les évaluations des missions en Sierra Leone, en Ethiopie, en République démocratique du Congo et en Bosnie-Herzégovine, ainsi que celle en Afghanistan, première mission mise en place en vertu des recommandations Brahimi. Il s’agirait de voir dans quelles mesures les réformes sont appliquées.
Le représentant a ensuite énuméré plusieurs points sur lesquels il juge que le DOMP devrait se concentrer dans les prochaines années: la Mission en Afghanistan, selon lui, nous a déjà appris l’importance de l’intégration rapide dans la planification des missions de capacités visant à rétablir la primauté du droit: remise sur pied de la police et de l’armée nationales, des systèmes judiciaires et pénitentiaires ainsi que des programmes de DDR. L’autre leçon, selon lui, porte sur le rôle important que doivent jouer police civile et Casques bleus pour aider les pays hôtes à garantir la sécurité des réfugiés. Puis, le représentant a cité l’importance du travail d’équipe en réunissant la direction de chaque mission dans le cadre d’une formation avant son déploiement, ainsi que celle de la discipline lors des missions de maintien de la paix. Il convient sur ce point de définir des politiques susceptibles de traiter comme il se doit les auteurs d’un délit. Enfin, il a appelé à tenir compte des questions d’égalité entre les hommes et les femmes dans tous les aspects des situations qui suivent un conflit et indiqué que son pays accordait la priorité à la nomination rapide d’une conseillère pour l’égalité des sexes au sein du Département.
M. FOUAD A. RAJEH (Arabie saoudite) a souhaité que les recommandations du Comité soient prises en compte, notamment dans le domaine de la coopération et du dialogue. Il a souligné l’importance de mettre en place des critères d’application couvrant toutes les activités du DOMP, ce qui permettrait une planification rapide et complète des opérations. Il a considéré que les tentatives du Secrétaire général sur ce point vont dans le bon sens. Mais il est nécessaire de poursuivre le dialogue entre le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents et avec les Etats Membres et le Conseil de sécurité: la coordination constitue la priorité des priorités, a-t-il estimé. Pour le recrutement et, notamment en ce qui concerne les postes supplémentaires, il a appelé à recruter au plus haut niveau, aussi bien des candidats de pays en développement que de pays développés. Utiliser l’expérience passée dans les missions précédentes est également un processus très important, qui permet d’éviter les erreurs et de répéter les succès: sur ce point, a-t-il insisté, il faudra accorder une priorité élevée aux programmes de DDR.
Le représentant a poursuivi sur la question du déploiement rapide en exprimant son accord sur un renforcement des capacités dans ce domaine, notamment grâce à la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi (Italie): le fardeau de déploiement de forces militaires rapides ne doit cependant pas reposer sur les seuls pays en développement. Les pays développés doivent également y participer. Pour ce qui est du partage de l’information, les centres de formation, régionaux ou nationaux, doivent disposer des directives du DOMP afin de former leur personnel. Il a par ailleurs souscrit aux efforts du DOMP permettant de mettre en place un budget axé sur les résultats, ainsi qu’à la mise en œuvre d’un plan d’action très clair pour toutes les unités concernées qui permettrait d’évaluer les objectifs pris en compte. S’agissant du processus d’achat, a-t-il ajouté, il est important de donner une part plus importante aux pays en développement. Le représentant a également souligné l’importance de la coopération avec l’Union africaine et la CEDEAO pour les missions en Afrique et de l’aide que le DOMP devait leur apporter aussi bien en personnels formé qu’en conseils techniques. Il est important, a-t-il fait valoir, de comprendre pourquoi la capacité actuelle ne permet pas de répondre aussi rapidement. Il faut donc renforcer les capacités du DOMP pour qu’il puisse déployer rapidement et efficacement ses opérations de maintien de la paix, a conclu le représentant.
M . . MISHECK MUCHETWA (Zimbabwe) a félicité de Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) pour les progrès réalisés dans la gestion des opérations. Rappelant que son pays avait fourni des contingents à de nombreuses opérations de maintien de la paix, notamment au Mozambique et en Angola, il a tenu à intervenir sur la question des critères de sélection. Les procédures de sélection ne sont pas clairement indiquées aux commissaires de police, a-t-il dit, rappelant que le 16 décembre 2002, deux membres du personnel de police civile de la MINUK avaient été rapatriés sans pouvoir passer le deuxième test de sélection. D’une part, le Zimbabwe n’en a pas été informé et d’autre part, cette démarche a été coûteuse pour les Nations Unies et humiliante pour les intéressés. Il a ensuite déploré que les pays contributeurs de troupes aient à attendre plus de dix ans pour être remboursés et a exhorté les Etats Membres à s’acquitter de leurs contributions sans délai et sans obligations. Le Zimbabwe, a-t-il fait remarquer, n’a toujours pas été remboursé pour sa contribution à UNAVEM. Il a ensuite estimé que les critères de représentation géographique et régionale ne sont pas suffisamment respectés et a proposé la mise en place d’un mécanisme d’informations des missions permanentes sur les postes à pourvoir dans les missions. Il s’est ensuite opposé à une approche fragmentée du renforcement des capacités africaines de maintien de la paix par les Nations Unies et a estimé nécessaire de créer, à cette fin, un fonds spécial dont la gestion serait assurée par un Groupe spécial.
Mme JASNA OGNJANOVAC (Croatie) a souligné que le maintien de la paix relève bien des Nations Unies, rappelant que son pays qui avait accueilli des missions de maintien de la paix sur son territoire, est fier de fournir des contingents aux opérations de maintien de la paix mises en place par l’Organisation. Elle a indiqué que depuis la dernière session du Comité, le Parlement croate avait adopté des lois concernant la participation de soldats croates à des opérations internationales. Cette participation ne concerne pas seulement le personnel militaire mais aussi le personnel civil détaché du secteur public, a-t-elle fait valoir. En 2002, la Croatie a doublé sa participation aux opérations de maintien de la paix et souhaite étendre sa participation.
S’agissant du déploiement rapide, la représentante a expliqué que beaucoup de pays, dont la Croatie, se heurtent à des difficultés techniques et ne peuvent se plier aux exigences du déploiement rapide. Pour elle, la coopération des Etats Membres doit permettre d’améliorer les capacités nationales et internationales en ce domaine. La représentante s’est félicitée des efforts déployés par le Secrétariat pour élargir la planification des opérations et l’échange des informations concernant les opérations auxquelles son pays a participé. Faisant référence à la composante civile des opérations de maintien de la paix et de la police civile, elle a jugé que des efforts devaient être faits également sur les capacités de déploiement rapide. Là encore, la Croatie entend accroître sa contribution en ce domaine. Elle a également réclamé une assistance à la formation pour assurer des normes égales sur ce point qui tiendraient compte des expériences du passé. Ces efforts devraient, selon elle, concerner également la police civile. Les programmes de DDR jouent également un rôle déterminant dans les opérations de maintien de la paix, a ajouté la représentante, soulignant la nécessité de réaliser de manière intégrale ces programmes, y compris la phase de réinsertion.
M. SELWYN HEATON (Nouvelle-Zélande) a salué le rôle clef du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) dans l’architecture de sécurité collective. Il a rappelé que son pays est impliqué dans treize opérations de maintien de la paix dont quatre sous le commandement des Nations Unies. Il a encouragé les Etats Membres à appuyer les réformes prioritaires au sein du DOMP, notamment la mise en place d’une liste de réserve et d’un mécanisme de déploiement rapide. Il a exhorté les Etats Membres à tout mettre en œuvre pour conclure des accords en ce sens avec le Secrétariat et a encouragé l’intensification des consultations entre le Conseil de sécurité, le DOMP et les pays contributeurs de troupes. Il a insisté ensuite sur le renforcement des capacités régionales de maintien de la paix, au-delà de la région Pacifique, et a encouragé des pratiques appropriées pour certaines opérations sur la base d’arrangements régionaux. La Nouvelle-Zélande a réitéré la nécessité de voir les Nations Unies s’investir dans le renforcement de la paix des petits Etats insulaires en développement.
Faisant ensuite référence à la mise en place d’un régime juridique contraignant pour que les responsables d’exactions contre du personnel des Nations Unies soient poursuivis, le représentant s’est prononcé pour des mesures concrètes pour assurer la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé. Il a appelé les Etats Membres à adopter la Convention sur la protection des personnels des Nations Unies et les personnels associés. Le représentant a ensuite prôné une meilleure coordination entre l’UNSECOORD et le DOMP, tout en encourageant le renforcement de la discipline au sein des opérations de maintien de la paix. A cet égard, il a préconisé la mise en place d’un cadre juridique relatif à la discipline du personnel des opérations de maintien de la paix. M. Heaton a jugé que le retrait précipité peut mettre en péril les réalisations de la mission et a encouragé l’adoption d’une stratégie de sortie. Encourageant par ailleurs le renforcement du Groupe des pratiques optimales, il a assuré que la Nouvelle-Zélande est disposée à partager avec lui ses conclusions sur sa participation à la Mission des Nations Unies au Timor oriental.
M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a énuméré plusieurs points qui, selon lui, requièrent une attention particulière du Comité. La réforme du secteur de la sécurité est souvent un aspect critique de la paix; mais c’est aussi un concept émergent dans l’assistance au développement qui a été récemment intégré aux activités de la MANUA en Afghanistan, par exemple. Aussi, a-t-il souhaité, des discussions doivent-elles s’engager sur ce point, entre le Secrétariat et les Etats Membres. S’agissant des programmes de DDR, composante importante de la réforme, M. Motomura a estimé que ces programmes requièrent la coordination des différents acteurs avec les parties au conflit, les organisations internationales, les donateurs et les missions de maintien de la paix.
Le renforcement de l’état de droit constitue également, selon le représentant, un point important qui mérite l’attention: compte tenu des situations post-conflit dans lesquelles intervient l’ONU, parfois amenée à administrer des régions entières ou à apporter son appui aux Gouvernements, il est nécessaire d’examiner la manière dont cette question a été traitée sous plusieurs angles et de tenir compte de la législation nationale, des coutumes et des situations locales. La sûreté et la sécurité du personnel des opérations de maintien de la paix constituent aussi une question importante, a poursuivi le représentant. Il a rappelé qu’il y avait eu 64 morts en 2002, autant qu’en 2001 alors que les déploiements ont été moins importants. Beaucoup reste à faire sur ce point, a fait remarquer le représentant, appelant le Comité à se saisir d’urgence de cette question. Il a souhaité la création d’un mécanisme de responsabilité et la mise au point de normes de formation et d’équipements minimums.
Le représentant a également plaidé pour que soit fournie régulièrement aux Etats Membres une liste complète des recommandations formulées, des expériences passées et des enseignements tirés. Il a enfin rappelé que son pays, parmi d’autres, s’était prononcé en faveur du renforcement du Département et a souhaité aujourd’hui que le DOMP évalue l’efficacité des effectifs constitués. Faisant remarquer que l’objectif du Comité de parvenir à une répartition géographique équitable n’avait pas été réalisé, puisque sur 200 postes supplémentaires approuvés pour le DOMP, seuls treize candidats d’Etats Membres non représentés ou sous-représentés ont été sélectionnés en 2002 et six en 2001 pour pourvoir les postes vacants. Ce résultat est insuffisant et il est donc nécessaire pour le Secrétariat de redoubler d’efforts pour accélérer la procédure de recrutement, a souligné M. Motomura.
M. JOHN DAUTH (Australie) a salué la poursuite des réformes au sein du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) ainsi que la mise en œuvre des éléments clefs des recommandations du rapport Brahimi. Le rapport du Comité spécial doit être analysé pour parvenir à la définition de grandes orientations stratégiques, a-t-il dit, prônant une démarche transparente et franche entre délégations mais aussi avec le DOMP afin de parvenir à des progrès notables. Il a souhaité qu’un véritable partenariat soit progressivement établi entre le DOMP et les États fournisseurs de contingents par le biais du dialogue et de consultations régulières. Il a souhaité que, pour sa part, le DOMP continue ses réformes internes notamment en ce qui concerne le recrutement de personnel de la plus haute qualité possible, en particulier au sein du Groupe des pratiques optimales. Dans le cadre des réformes, M. Dauth a invité le Groupe des pratiques optimales en matière d’opérations de maintien de la paix à développer des échanges avec les structures de chaque Etat Membre chargées du suivi et de la recherche sur les doctrines du maintien de la paix.
Il a approuvé les orientations définies dans le rapport du Secrétaire général, notamment pour ce qui est des mécanismes de DDR et a recommandé qu’une évaluation des capacités du DOMP, au Siège des Nations Unies et sur le terrain concernant les priorités, soit faite. Deux domaines appellent une attention particulière, a-t-il poursuivi: d’une part, la nécessité d’améliorer les critères présidant aux opérations de maintien de la paix, et d’autre part, la nécessité de définir des principes directeurs et de réaffirmer la primauté du droit. Il a souhaité savoir comment les stratégies liées au respect du droit seront mises en œuvre et a souligné le besoin urgent de fournir une formation aux forces de police, notamment celles qui sont intégrées dans la Mission des Nations Unies au Timor oriental si l’on tient à assurer le succès de cette Mission.
M. RICHARD WILLIAMSON (Etats-Unis) a relevé que des moyens nouveaux avaient été octroyés ces deux dernières années au Département pour lui permettre d’assurer les opérations de maintien de la paix: l’an dernier, a été entamée une phase de renforcement et de mise en œuvre des recommandations du rapport Brahimi. Il a rappelé que 188 postes nouveaux ont renforcé le DOMP; le site de déploiement stratégique a été créé à Brindisi, ce qui permet d’économiser des ressources; la Division de la police civile est désormais capable de répondre efficacement et de façon professionnelle pour assurer l’ordre et la formation des policiers au Kosovo, par exemple; dans le même temps, le DOMP a conclu avec le Commissariat aux droits de l’homme un mémorandum d’accord pour s’assurer du caractère durable des réalisations des opérations une fois qu’elles se sont retirées. Les conseillers sur les questions relatives aux VIH/sida figurent également dans de nombreuses missions. Tous ces efforts peuvent paraître bureaucratiques, mais, a souligné le représentant, ils contribuent considérablement au maintien et à la restauration de la paix dans le monde.
En 2000, en reconnaissant les demandes croissantes en opérations de maintien de la paix, nous avons appuyé la désignation de M. Brahimi pour présider un Groupe d’étude, a poursuivi le représentant. Le rapport Brahimi a fait des suggestions très utiles et il faut faire preuve de diligence pour les mettre pleinement en œuvre dans les opérations de maintien de la paix. L’ONU a la possibilité de contribuer utilement à l’édification de la paix durable. Les Etats-Unis recommandent que l’étude se poursuive afin de voir si le personnel a été réuni pour répondre aux besoins sur le terrain. Le représentant a également souhaité que le DOMP appuie les centres de formation régionaux et nationaux et aussi que soit renforcée la sécurité des personnels participant aux missions.
Il est par ailleurs temps, a-t-il estimé, d’établir un secrétariat d’analyse et d’information stratégiques dans le cadre du Comité exécutif sur la paix et la sécurité et de faire des recommandations à long terme. Deux sessions précédentes du Comité ont permis de débattre des recommandations Brahimi mais il faudrait compléter le personnel d’autres services pour mieux utiliser les informations relevant du domaine public afin de faciliter les capacités d’analyse. Le représentant américain a souhaité également que le DOMP fasse appel de façon régulière à l’équipe spéciale de gestion intégrée notamment au début d’une mission, pour en définir le mandat. Cette démarche permet de développer une infrastructure civile, de créer l’état de droit, des tribunaux civils et, pour ce faire, de travailler avec les institutions de développement afin que leurs efforts se poursuivent le plus harmonieusement possible.
Mme NADJEH BAAZIZ (Algérie) a estimé que dans le cadre du processus de réforme, les résultats obtenus ont contribué à donner un nouvel élan au Comité spécial et a déclaré que les réformes engagées avaient ouvert un immense chantier face auquel il importe de redoubler d’efforts, d’imagination et de détermination. Depuis un certain nombre d’années, a-t-elle dit, les activités de maintien de la paix connaissent un progrès considérable, ceci avant de constater que 15 opérations de maintien de la paix sont en cours et mobilisent quelques 50 000 personnes. La réussite de toute mission de maintien de la paix repose sur des facteurs importants tels que le consentement des parties, l’impartialité, le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, un mandat clair, réaliste et crédible, et enfin, un financement solide. Elle a jugé ensuite que le recrutement d’un personnel qualifié au sein des missions sur le terrain, accompagné d’une formation solide, constituent une condition nécessaire et que les nouveaux besoins en matière de maintien de la paix, tels que les aspects humanitaires, la lutte contre le VIH/sida, l’aide aux populations civiles ainsi qu’une formation politique selon la situation propre à chaque mission devraient être intégrés dans les programmes de formation dispensés aux contingents.
La représentante s’est félicitée des progrès atteints, au cours de l’année écoulée dans le renforcement de la formation à travers la création de cellules de formation au sein, entre autres, de la MINUEE, de la MONUC, de la MINUSIL. Elle a invité ensuite le Conseil de sécurité à tenir compte des préoccupations des pays fournisseurs de contingents et, tout en saluant l’évolution enregistrée dans la coopération entre le Conseil, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents, elle a jugé que les réunions d’information organisées à chaque renouvellement de mandat d’une mission étaient insuffisantes. Il nous paraît nécessaire d’organiser régulièrement ce genre de rencontres, a-t-elle poursuivi, et de définir les modalités pratiques à même d’associer les pays contributeurs de troupes au processus de prise de décisions. Favorable à l’élargissement de ces consultations, l’Algérie s’oppose à ce qu’elles concernent uniquement les pays grands fournisseurs de troupes et propose que ces consultations soient élargies à la participation des arrangements régionaux et sous-régionaux intéressés.
Concernant le déploiement rapide, Mme Baaziz a estimé que les pays développés devaient participer avec les pays en développement fournisseurs de troupes à la constitution d’unités militaires pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies étant donné qu’ils possèdent les capacités permettant de satisfaire les besoins qui s’imposent au plan opérationnel. S’agissant du recrutement, tout en prenant acte de progrès, elle a réitéré l’appel de l’Algérie en faveur de plus de transparence et d’équité dans le processus de recrutement. S’agissant de la coopération entre les Nations Unies et les organismes régionaux dans le domaine du maintien de la paix, elle a rappelé que l’Afrique, consciente des défis, avait confirmé lors du premier Sommet de l’Union africaine son engagement à trouver rapidement des solutions pacifiques aux conflits et à renforcer sa capacité à prévenir, gérer et résoudre les conflits sur le continent.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a estimé que les opérations de maintien de la paix ont beaucoup progressé dans certains cadres, ce qui montre qu’il faut respecter les principes fondamentaux du maintien de la paix que sont une ferme politique et la détermination des parties concernées. Il sera bon de consulter les pays fournisseurs de contingents sur les leçons à en tirer. On voit aujourd’hui la situation s’améliorer et les capacités des Nations Unies renforcées: il faut donc passer d’une discussion conceptuelle à une approche concrète en renforçant les capacités régionales et en apportant le soutien nécessaire aux pays concernés.
A propos des moyens de déploiement rapide, le représentant a appuyé le renforcement de moyens en attente, une meilleure formation et meilleure discipline ainsi que l’idée selon laquelle les chefs des missions doivent être issus des pays qui fournissent des contingents à ces missions. Aujourd’hui, a-t-il relevé, 75% du personnel des opérations de maintien de la paix sont déployés en Afrique et ce continent représente à lui seul 60% du budget annuel du maintien de la paix. Mais le déploiement des opérations de maintien de la paix ne constitue pas une fin en soi et pour que la paix soit durable, il faudra chercher à régler les problèmes qui engendrent les conflits. Il faut s’attaquer à leurs causes fondamentales.
Pour le représentant, la réforme n’a pas encore permis de remédier à certains problèmes, notamment le respect d’une répartition géographique équitable au sein du DOMP et le remboursement rapide des pays fournisseurs de contingents. Les relations avec ces derniers doivent également être améliorées pour que le DOMP examine avec eux les opérations de maintien de la paix. Il a rappelé qu’au début 2002, la Chine avait décidé d’apporter quatre unités non combattantes pour participer aux forces en attente ainsi qu’au déploiement de la phase III de la MONUC. La Chine continuera dans toute la mesure de ses moyens à contribuer aux opérations de maintien de la paix, a-t-il promis.
M. GALIB ISRAFILOU (Azerbaïdjan) a rappelé que son pays fait partie des pays contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix, faisant remarquer que la multiplication des conflits armés exige des Nations Unies que ces opérations s’adaptent à chaque situation pour rétablir ou consolider la paix. Il a déclaré que le maintien de la paix reste un instrument clef pour garantir la sécurité et la stabilité à l’échelle internationale mais a réitéré la nécessité de respecter les principes énoncés dans la Charte des Nations Unies tels que la souveraineté nationale, l’indépendance et la non-ingérence. Il a estimé que les liens entre les aspects militaires et civils des opérations de maintien de la paix sont étroits et supposent que des efforts soient mobilisés pour garantir une transition en douceur d’une phase à l’autre. Il a regretté que des ressources destinées au financement du développement finissent par être absorbées par le financement des opérations de maintien de la paix dont le nombre augmente considérablement. Il s’est prononcé à son tour en faveur de programmes de formation dans les opérations de maintien de la paix, pour un recrutement qui respecte les critères de répartition géographiquement équitable. Il a assuré que l’Azerbaïdjan contribuerait au succès des travaux du Comité spécial des opérations de maintien de la paix et aux réformes dans le dispositif de maintien de la paix des Nations Unies.
M. PIERRE HELG (Suisse) a rappelé que des observateurs militaires suisses avaient participé aux opérations des Nations Unies depuis 1990 et qu’en ce moment même, une vingtaine d’entre eux servent de telles opérations de maintien de la paix. Dans un document qu’il a adopté le 26 février, le Gouvernement suisse définit ses priorités dans sa coopération avec les Nations Unies: parmi elles, une meilleure coopération dans le domaine de la paix, de la sécurité et du désarmement en font partie. En ce qui concerne la dimension militaire des opérations de maintien de la paix, il prévoit le renforcement à terme de la mise à disposition d’unités formées et armées.
L’accession de la Suisse au statut de membre du Comité intervient à une étape encourageante pour les Nations Unies, qui ont enregistré plusieurs succès ces derniers mois. Malgré les incertitudes actuelles sur la paix, cette étape représente une confiance retrouvée pour le DOMP. La mise en œuvre du rapport Brahimi produit donc des résultats concrets. Pour la Suisse, le rapport du Secrétaire général constitue à cette fin une base de travail adéquate. Le représentant a salué la recommandation du rapport Brahimi sur une approche intégrée des mandats des opérations de maintien de la paix. Il a souhaité un meilleur partenariat renforcé entre le Conseil de sécurité, le DOMP et les contributeurs de troupes. L’évolution récente va dans la bonne direction, a-t-il estimé en espérant que cette tendance à la transparence se poursuive. Le représentant a également encouragé les initiatives en faveur d’un déploiement rapide. M. Helg a indiqué que son pays approfondirait son dialogue avec le DOMP sur ce point. Mais il a souhaité une simplification budgétaire des missions de maintien de la paix, notamment pour consolider les budgets des missions, améliorer les prévisions et faciliter la gestion.
M. LUIS E. CAPPAGLI (Argentine) a estimé que les opérations de maintien de la paix répondent avant tout à l’effondrement des structures étatiques et supposent par conséquent que les mandats soient clairs et adaptés à chaque situation. Il a exhorté les Nations Unies à intensifier leurs efforts en matière de protection du personnel sur le terrain avant de rappeler que, pour l’Argentine, les trois critères fondamentaux des opérations sont la planification, la formation et la mise en place de ressources nécessaires. Les enquêtes sur les accidents doivent être diligentées avec transparence, a-t-il dit, et leurs conclusions doivent être transmises aux Etats en temps opportun. L’Argentine dispose d’une expertise en maintien de la paix depuis 45 ans et travaille au sein de deux structures –le Centre militaire CAECOPAZ et le CENCAMEX- à la formation d’un personnel qualifié pour les opérations de maintien de la paix. Ces structures accueillent depuis dix ans du personnel d’autres régions, a-t-il précisé, saluant ensuite l’officialisation par le Secrétariat des Nations Unies de l’appui aux structures nationales de formation. Il a rappelé que l’Argentine, aux côtés de l’Inde, la Finlande et le Zimbabwe, dispense un des quatre modules de formation pour les unités de police de maintien de la paix. Pour que la paix puisse être durable, les contingents doivent pouvoir être déployés de manière rapide et efficace, a-t-il dit, soulignant que le déploiement rapide n’est envisageable que si les pays contributeurs de troupes sont remboursés à temps. Il a indiqué que le coût d’un déploiement rapide est souvent trop élevé pour les pays en développement qui ne peuvent l’assumer seuls, avant de rappeler que, malgré les efforts du Secrétariat pour mettre en place les procédures de remboursement et d’indemnisation du personnel, deux contingents argentins n’ont toujours pas été payés.
M. ENRIQUE LOEDEL (Uruguay) en tant que représentant d’un pays classé au septième rang des pays contributeurs de troupes, s’est félicité des efforts du Département des opérations de maintien de la paix en matière de simplification, d’administration et de délimitation de ses tâches. Le représentant a aussi salué l’intégration au sein du Département d’un personnel spécialisé et d’un meilleur flux d’informations à destination des Etats Membres. Il a néanmoins estimé que, si elle s’adapte à la nouvelle donne, la gestion des ressources financières continue pourtant à obéir aux anciens schémas et à l’époque où la structure des opérations de maintien de la paix n’avait pas la complexité actuelle et où les Nations Unies ne connaissaient pas encore de problèmes financiers. Le représentant a ainsi considéré que le fardeau financier imposé par le système actuel de remboursement des dettes a une influence réelle sur la décision des pays contributeurs de troupes. Il a donc souhaité que d’autres options soient explorées pour corriger les imperfections actuelles. Ces options, a-t-il dit, doivent être explorées pour répondre aux cas les plus extrêmes comme ceux où l’on voit l’Uruguay attendre dix ans que soit résolu le problème de la dette découlant de sa participation à l’opération au Cambodge. Les options, a ajouté le représentant, doivent aussi être explorées pour prévenir de telles extrémités.
Le représentant s’est, par ailleurs, félicité de l’intérêt accrû pour les questions de sécurité du personnel en manifestant sa disposition à en discuter avec les Etats Membres pour parvenir à des mesures concrètes. Il a également jugé que la question de la discipline doit être examinée dans le but d’établir la base commune des modalités visant le règlement et la réduction des problèmes en la matière. Concluant sur la question de l’incorporation d’un personnel spécialisé au sein du Département, le représentant a voulu que le niveau de participation de son pays aux opérations sur le terrain soit égal à son niveau de représentation au sein du Département des opérations de maintien de la paix. La répartition des postes de haut niveau ne reflète pas, de manière équilibrée, le nombre des pays comme l’Uruguay qui maintient une présence active sur le terrain, a souligné le représentant.
M. MOHAMMED HASSAN FADAIFARD (République islamique d’Iran) s’est déclaré satisfait du respect par le Département des opérations de maintien du principe selon lequel la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales revient aux Nations Unies qui disposent, en la matière, de l’instrument que sont les opérations de maintien de la paix. Pour lui, la réforme du Département a considérablement renforcé la capacité de l’ONU en la matière. Il a d’ailleurs rappelé que les tâches du Département à savoir la planification, le développement et la gestion des opérations traditionnelles et multifonctionnelles exigent la consolidation et la professionnalisation des opérations, la volonté politique des Etats et le respect des principes fondamentaux que sont le consentement des parties, le non-recours à la force, la souveraineté et l’intégrité territoriale des Etats et leur indépendance politique. Soulignant l’importance qu’il y a à déployer rapidement des opérations de maintien de la paix, le représentant s’est félicité des efforts en cours pour renforcer le système des arrangements relatifs aux forces en attente. Il a également jugé que la formation aux opérations peut jouer un rôle déterminant dans la rapidité de déploiement et la professionnalisation des opérations. Dans ce cadre, il a salué le Département pour l’assistance qu’il apporte aux pays contributeurs de troupes, anciens et nouveaux. Le représentant a conclu en soulignant l’importance de la Division de la police civile du Département.
M. WEGGER STROMMEN (Norvège) a jugé que la vraie question pour ce Comité est de déterminer les moyens de renforcer la capacité des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix. Ce domaine doit faire face à plusieurs défis majeurs: tout d’abord, il est nécessaire de renforcer les relations entre ceux qui déterminent et ceux qui mettent en œuvre les opérations de maintien de la paix. Il faut donc développer un partenariat entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et pays contributeurs de troupes. Le nouveau mécanisme créé par le Conseil est, à cet égard, un pas dans la bonne direction. Le déploiement rapide est par ailleurs une question clef. La Brigade multinationale d'intervention rapide vient donc à point nommé, a-t-il estimé, en citant également le système des Forces et moyens en attente étendu l’an passé et celui des listes en attente. L’unité du commandement est par ailleurs un élément indispensable du principe des opérations militaires car c’est lui qui crée la légitimité, l’autorité et la responsabilité à tous les niveaux de l’opération.
Pour le représentant, une formation adéquate est aussi fondamentale pour permettre aux soldats du maintien de la paix de relever les défis auxquels ils sont confrontés: il serait donc important, selon lui, de normaliser les processus de formation des différents groupes de personnels, y compris pendant le cours de la mission. Il a donc apporté son soutien à l’idée de créer des cellules de formation du personnel au sein de toutes les missions. Il a également souligné que le recrutement de candidats très qualifiés était vital pour l’efficacité du DOMP et jugé inacceptable que, par le passé, certains postes vacants n’ont été pourvus qu’après huit mois, ce qui risque de perdre des candidats de qualité. Une attention croissante, a-t-il poursuivi, est portée à la nécessité de ne pas laisser de vieux conflits ressurgir et de bâtir une paix durable: les concepts clefs sur ce point portent sur les programmes de DDR et la réforme des services de sécurité, qui permettent de renforcer le rôle de la police civile dans le cadre des opérations de maintien de la paix. Financer suffisamment ces deux secteurs est donc de la plus haute importance car tous deux sont porteurs de perspectives à long terme et sont directement interconnectés aux périodes de conflit et post-conflit.
Mme AMPARO ANGUIANO RODRIGUEZ (Mexique) a noté avec satisfaction les progrès réalisés en 2002 dans les opérations de maintien de la paix, dont certaines étaient complexes comme la MINUEE et la Mission des Nations Unies à Prevlaka. Elle a prôné un examen approfondi par le Groupe des pratiques optimales des opérations qui ont pris fin, notamment la MINUBH et l’ATNUTO et s’est félicité des projets concernant le renforcement de cette unité et de l’objectif visant à maintenir des liens étroits avec les Etats Membres. Elle a estimé qu’il fallait renforcer le professionnalisme du personnel dans les opérations de maintien de la paix, s’assurer du fait que les parties acceptent la présence internationale, et assurer une coordination entre tous les acteurs des Nations Unies impliqués dans les différentes phases de ces opérations, que ce soit dans le domaine militaire ou du développement.
La représentante a souligné que l’élimination de la pauvreté et la promotion du développement économique et social sont des facteurs important pour assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Elle a ajouté que le dialogue et la concertation entre organisations régionales et DOMP devaient être intensifiés pour faciliter les tâches de planification et de suivi des opérations de maintien de la paix dans certaines régions. Elle a poursuivi en assurant que le Mexique est attaché aux programmes de DDR dans le domaine du maintien de la paix et du règlement des conflits armés et elle a insisté plus spécifiquement sur les questions touchant aux droits des femmes, à la paix et à la sécurité.
Elle a demandé que cette question soit intégrée dans la planification des opérations de maintien de la paix grâce à la désignation de conseillères chargées des droits des femmes et elle a jugé que la répartition géographique équitable devait être garantie dans toutes les opérations. Enfin, elle a plaidé pour un dialogue permanent entre le Comité spécial et le Conseil de sécurité afin d’améliorer le fonctionnement des opérations de maintien de la paix.
M. LEE HO-JIN (République de Corée) a jugé important, compte tenu de l’augmentation du nombre des opérations de maintien de la paix, que l’ONU prouve sa capacité de mener ces opérations de la manière la plus rentable possible. Il a proposé, à cet égard, la mise en place d’un mécanisme d’évaluation qui pourrait servir à renforcer les opérations existantes ou à mettre fin à celles qui approchent de leur terme. Le représentant a ensuite souligné l’importance de la coopération régionale dans le règlement de certains conflits, en particulier en ce qui concerne les processus de démobilisation, de désarmement et de réhabilitation. Il a jugé utile d’étudier un cadre de partage des responsabilités entre les organisations régionales et l’ONU. Passant aux questions relatives à la gestion, le représentant a souhaité que soit réglé au plus tôt les problèmes de la répartition équitable des postes en insistant pour que le processus de recrutement soit mené de manière juste et transparente. En la matière, il a voulu que les membres de la direction d’une mission soient choisis sur la base de la compétence et de l’expérience. Le représentant a ensuite soulevé le problème de la mauvaise conduite de certains soldats de la paix pour appeler le Secrétariat à offrir une meilleure formation et à mettre en place un système de prévention.
S’agissant de la coopération entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes, le représentant a appelé le Département à jouer un rôle plus actif dans la coordination de cette relation trilatérale. Le Département, a-t-il dit, pourrait promouvoir une relation plus substantielle et plus orientée vers les services avec les pays contributeurs de troupes. Le représentant a, en outre, jugé que la qualité des bulletins hebdomadaires publiés par le Centre de situation pourrait être améliorée. Plutôt que de présenter un résumé d’évènements anecdotiques, a-t-il estimé, ces bulletins pourraient comprendre une analyse plus approfondie des situations. En concluant, le représentant a souligné l’importance du système des arrangements relatifs aux forces en attente pour la capacité de déploiement rapide des soldats de la paix. Il a, à cet égard, fait part de l’intention de son pays de signer de tels arrangements.
M. LOUAY FALLOUH (République arabe syrienne) a jugé que les opérations de maintien de la paix de l’ONU étaient un outil important pour leur permettre de faire régner paix et sécurité dans le monde. Il a souhaité que ces opérations puissent s’étendre à des zones négligées comme la Somalie. Il faut respecter néanmoins la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays concernés. Mais certaines opérations qui ont commencé, il y a plus de 50 ans, au Moyen-Orient n’ont toujours pas abouti en raison de la position d’Israël, a-t-il dénoncé. Les réunions du Comité spécial permettent aujourd’hui d’évoquer certaines difficultés auxquelles sont confrontées les opérations de maintien de la paix. Le représentant a indiqué qu’il souscrivait par ailleurs à la déclaration effectuée par la Jordanie, au nom du Mouvement des pays non alignés.
M. ALAA ISSA (Egypte) a réaffirmé le rôle central de l’accord des parties concernées, du respect de la neutralité, du non-recours à la force et de la définition d’un mandat clair -assortis de moyens- comme garanties du succès des opérations de maintien de la paix. Il a souligné l’importance aujourd’hui de prendre en compte sérieusement les questions de maintien de la paix en raison de l’augmentation du nombre de crises et des conséquences de ces crises pour la sécurité internationale à court et moyen terme. Les Nations Unies ont montré qu’elles étaient à même de faire face aux grands problèmes de ce siècle et elles jouent un rôle éminent dans l’architecture de la paix et de la sécurité internationales. Le rapport Brahimi a été le point de départ des efforts qui ont permis aux Nations Unies de progresser considérablement, a-t-il dit, tout en indiquant que les réformes ne sont pas suffisantes à ce stade. Le rôle de l’Organisation des Nations Unies et l’examen des performances devraient toujours être au cours de nos préoccupations pour assurer le succès des opérations de maintien de la paix.
Il a recommandé un équilibre entre le travail du Comité spécial d’un côté et la mise en œuvre par le DOMP des programmes, de l’autre. S’agissant de la résolution 1353 du Conseil de sécurité, relative à la coopération entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes, le représentant a estimé que cette coopération doit avoir pour objectif premier de définir clairement les mandats des missions. Abordant le rôle des organisations régionales et sous-régionales, il a réaffirmé qu’il ne pouvait qu’être complémentaire et en aucun cas se substituer au rôle central des Nations Unies. Il a plaidé pour une représentation équitable dans toutes les missions de maintien de la paix, quels que soient les risques encourus, afin de remédier aux déséquilibres actuels. S’agissant du mandat de la police civile et militaire, le représentant de l’Egypte a prôné leur unification et a annoncé qu’il ferait des propositions dans le cadre du Groupe de travail qui se réunira d’ici à la fin de la semaine.
M. ANDREJ DROBA (Slovaquie) s’est attardé sur la question du déploiement rapide en soulignant qu’en la matière, l’ONU a besoin d’unités cohérentes et bien équipées. Il a, à cet égard, indiqué que la législation nationale et les procédures relatives au déploiement des unités sont les problèmes principaux auxquels se heurtent de nombreux Etats Membres. Le délai de 30 à 90 jours est difficile à respecter pour nombre d’entre eux, a insisté le représentant. Parlant de la police civile, il a indiqué que la nouvelle loi sur le déploiement de policiers slovaques vient d’entrer en vigueur ouvrant ainsi la voie à la participation de ces policiers aux opérations. Le représentant a en outre jugé important que chaque Etat dispose d’un mécanisme national d’évaluation, d’analyse et de collectes des meilleures pratiques pour ses activités dans les opérations de maintien de la paix. En la matière, a-t-il dit, les Etats accueilleraient avec satisfaction toute assistance du Département des opérations de maintien de la paix.
S’agissant de la question de la sécurité du personnel de maintien de la paix, le représentant a appelé à plus d’ouverture et à davantage de partage d’informations entre le Secrétariat et les Etats Membres. Concernant la question du recrutement, il a estimé qu’il reste encore beaucoup à faire, en particulier en ce qui concerne la gestion des candidatures présentées par les pays contributeurs de troupes. Il a conclu sur la question des remboursements en soulignant que les progrès en la matière dépendent des ressources disponibles. Il a donc lancé un appel aux Etats Membres pour qu’ils paient leur contribution en temps voulu.
M. KAZAKOV (Bulgarie) a considéré que l’Organisation est en train de se doter des moyens nécessaires pour imposer sa politique dans le domaine du maintien de la paix internationale. Il s’est dit satisfait des progrès accomplis dans le cours de l’année et a rappelé que son pays contribue à la consolidation de la paix dans les Balkans. En tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, il a rappelé que la Bulgarie contribue directement à la gestion de ces opérations. A l’heure où la communauté internationale est appelée à relever des défis sans précédent, il est nécessaire de modifier les schémas des opérations de maintien de la paix et de les ajuster, a-t-il estimé. Il est ainsi de plus en plus impératif de recourir aux experts civils pour renforcer l’état de droit, les systèmes judiciaires et pénitentiaires.
Le représentant a apporté son soutien au renforcement des capacités de déploiement rapide: le Secrétariat se trouve désormais en mesure de déployer une mission dans des délais de 30 à 90 jours, a-t-il souligné. Mais le représentant a jugé par ailleurs que l’amélioration des relations entre les pays fournisseurs de contingents, le Secrétariat et le Conseil de sécurité est primordiale pour que le système fonctionne rapidement et au mieux. S’agissant de la sûreté et de la sécurité du personnel engagé dans les opérations de maintien de la paix, on nous a fait part des progrès enregistrés mais aussi des mesures qui restent à prendre, a-t-il rappelé. A cet égard, le représentant s’est prononcé en faveur d’un renforcement accéléré des capacités des Nations Unies, d’une meilleure définition des tâches et d’une meilleure coopération.
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