TAD/1938

LE COMMERCE ELECTRONIQUE S’OUVRE DE PLUS EN PLUS AUX FEMMES, MAIS IL RESTE ENCORE DU CHEMIN A FAIRE

18/11/2002
Communiqué de presse
TAD/1938


LE COMMERCE ELECTRONIQUE S’OUVRE DE PLUS EN PLUS AUX FEMMES, mais il reste encore du chemin à faire


GENEVE, le 18 novembre 2002 (CNUCED) -- Selon le nouveau Rapport sur le commerce électronique et le développement 2002, que la CNUCED présente aujourd’hui*, le commerce électronique peut être une mine d’or pour les femmes des pays en développement.  Toutefois, elles ne pourront en tirer parti qu’après avoir surmonté divers obstacles liés à l’éducation, à l’infrastructure ou au financement.  Si les femmes se taillent déjà une place sur le marché en pleine expansion des services externalisés, c’est généralement en bas de l’échelle des compétences et des salaires. Elles risquent donc de se laisser distancer par les nouvelles technologies à moins qu’elles-mêmes, et les gouvernements dont elles dépendent, ne prennent dès maintenant les mesures nécessaires.


Les femmes du monde en développement exerçant une activité indépendante, à la tête d’une microentreprise ou chez elles, se tournent de plus en plus vers le commerce électronique et l’Internet comme source de revenus, et pour économiser du temps et de l’argent tout en continuant à s’occuper de leur famille.  L’expansion du commerce électronique d’entreprise à consommateur ou commerce de détail offre de nombreuses possibilités aux petites entreprises qui ont accès aux technologies de l’information (TI).  Or ces entreprises, qui ont l’avantage d’exiger un faible niveau de capitaux et de compétences, appartiennent souvent à des femmes. Les exemples de réussite spectaculaire nous viennent de chaque continent.  En Inde, un marché électronique appelé IndiaShop permet de ne plus avoir recours à des intermédiaires pour vendre des saris.  Au Pérou, un réseau national de femmes au foyer, Tortasperu, spécialisé dans la confection de pâtisseries vendues sur l’Internet, fournit un emploi lucratif à des mères au foyer, tout en apportant au pays des devises dont il a grand besoin.  L’Éthiopie a ouvert une boutique de cadeaux sur l’Internet où des productrices vendent costumes traditionnels, aliments et épices.  Et des produits faits main par des femmes artisans en Égypte, en Jordanie, au Liban, au Maroc et en Tunisie sont commercialisés par l’intermédiaire d’un magasin virtuel appelé Elsouk.  En Asie, les femmes ont toujours plus de possibilités car les entreprises recourent de plus en plus aux services à distance pour exécuter des opérations qui d’ordinaire se faisaient en interne.  Les femmes dirigent 35% des petites et moyennes entreprises (PME).


Mais ce type de commerce électronique est limité à certains secteurs du marché, déterminés essentiellement par l’infrastructure et la puissance commerciale du pays concerné.  Des produits comme les vêtements et l’artisanat ne peuvent être livrés en ligne et l’Internet sert surtout à faire de la publicité, passer des commandes et, parfois, en obtenir le paiement, ce qui n’est pas sans difficulté dans les pays en développement où des moyens sûrs de paiement en ligne ne sont pas encore mis en place ou acceptés. Des femmes ont trouvé un créneau en

se spécialisant dans l’achat ou la vente d’information plutôt que de biens. Au Bangladesh, elles achètent des téléphones cellulaires à Grameen Phone et assurent des services payants de téléphonie mobile dans leur boutique ou sur les marchés locaux; en Inde et en Malaisie, des journalistes indépendantes travaillent en ligne.

La CNUCED constate dans son rapport que le secteur du commerce d’entreprise à entreprise est le plus prometteur pour les femmes.  La possibilité de transférer des données numériques en ligne, à supposer qu’existent l’infrastructure et la largeur de bande nécessaires, conduit les entreprises des pays développés et des pays en développement à délocaliser certaines opérations dans des lieux éloignés et généralement moins coûteux.  Les sites les plus recherchés sont ceux où la main-d’œuvre est bon marché, sait se servir d’un ordinateur et connaît l’anglais. Or, cette main-d’œuvre est essentiellement féminine.


Les perspectives du télétravail


L’expansion mondiale des services logiciels et informatiques a élargi les perspectives d’emploi pour les femmes. Dans certains pays d’Asie et d’Amérique latine, plus de 20% des professionnels des services logiciels sont des femmes. On s’attend à une explosion de la demande mondiale de services informatiques. Mais si ce type de travail recouvre toute une gamme de compétences, qui vont de la saisie des données à la programmation de logiciels et à l’analyse de système, les femmes sont généralement recrutées pour des opérations qui exigent des connaissances moins pointues (voir tableau).  La CNUCED prévient, la prochaine génération de changements technologiques, par exemple dans les domaines de la reconnaissance vocale et du traitement de l’image informatique, risque de rendre certaines de ces compétences moins utiles sur le marché international.  Avec le développement du commerce électronique, la sous-traitance ne cesse de gagner du terrain dans des domaines comme la gestion des réseaux et des centres de données, l’appui à l’utilisateur final et l’accueil de serveurs Web.  Les femmes ne pourront renforcer leur présence dans ces services qu’en se perfectionnant dans l’utilisation de l’Internet.


Mais entre-temps, le télétravail est devenu l’une des formes les plus courantes de sous-traitance.  Il permet aux femmes, en particulier, de travailler chez elles ou à partir de centrales d’appel ou d’antennes, selon les besoins de l’employeur.  Si l’on ne constate aucune préférence uniforme pour tel ou tel type de télétravail parmi les femmes des pays en développement, ce sont l’âge et l’étape de la vie à laquelle elles se trouvent qui déterminent leur choix. Les femmes jeunes et moins expérimentées ont tendance à travailler dans des centrales d’appel tandis que les femmes plus mûres qui ont des enfants et possèdent des compétences spécialisées préfèrent souvent travailler chez elles, en particulier lorsqu’il n’existe pas de garderies d’enfants.  Les auteurs du rapport précisent que les formes institutionnelles de télétravail sont généralement plus attrayantes, tant pour les jeunes mères que pour la direction qui peut ainsi plus facilement contrôler et encadrer les employés.


Les femmes et la fracture numérique


Dans les pays développés comme dans les pays en développement, les femmes occupent des positions subalternes dans les professions informatiques et sont pratiquement absentes des postes de direction – et ce bien que les politiques de formation leur offrent théoriquement une égalité de chances.  Les femmes productrices de technologies de l’information, en tant que fournisseurs de contenus Internet, conceptrices de sites Web, programmatrices ou spécialistes du dépannage informatique, ne sont pas légion. Aux États-Unis, où la moitié des internautes sont des femmes, celles-ci représentent 85 % des spécialistes de la saisie des données et une minorité des cadres intermédiaires ou supérieurs. La

disparité est probablement plus importante dans les pays en développement où la proportion des femmes qui utilisent l’Internet est encore plus faible, allant de 38% en Amérique latine à 6 % au Moyen-Orient en passant par 22% en Asie (voir tableau).


Combattre le «cybersexisme»


Mais les expériences des pays développés ne se reproduiront pas nécessairement dans les pays en développement.  Le rapport montre que lorsque les filles et les femmes se familiarisent suffisamment tôt avec les sciences, les technologies, l’informatique et l’Internet, elles peuvent faire mieux que les garçons et les hommes.  L’utilisation collective d’installations téléphoniques et pour l’Internet peut aussi aider les femmes à surmonter les difficultés d’accès et d’infrastructure et réduire le fossé numérique qui se creuse entre pays et entre sexes, prévenant ce que l’Union internationale des télécommunications (UIT) appelle la «menace du cybersexisme».  La téléphonie mobile et d’autres technologies contribuent aussi à réduire les différences.


Outre le manque d’accès à l’infrastructure et à l’éducation, la pénurie de capitaux est le troisième grand obstacle entre les femmes et le commerce électronique.  Il faut aussi compter avec des facteurs sociaux et culturels: dans certaines sociétés, les femmes ont moins de temps libre, elles ne gèrent pas les revenus ou les avoirs de la famille, elles sont moins éduquées que les hommes et doivent passer le plus clair de leur temps chez elles.  Autre obstacle, la langue. L’Amérique et le Royaume-Uni étant les principaux fournisseurs de contrats de sous-traitance, la maîtrise de l’anglais est capitale.  Le rapport souligne par ailleurs que la tendance croissante à des contenus multilingues offre bien des possibilités de développer des logiciels de traduction et des sites Web.


En outre, les grands marchés des TIC se heurtent aujourd’hui à une sérieuse pénurie de compétences technologiques, et l’écart entre l’offre et la demande devrait atteindre 28% d’ici à 2004.  La pénurie de main-d’œuvre se fera surtout sentir en Amérique latine (63%), en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique (40%) et, dans une moindre mesure, en Amérique du Nord (27%) et en Asie et dans le Pacifique (12%).  Cette situation est prometteuse pour les femmes dont le taux d’activité est en augmentation dans les pays en développement.  La CNUCED en conclut que l’Internet peut permettre aux femmes et aux hommes de lutter à armes égales.


*E-commerce and development 2002 Report (UNCTAD/SDTE/ECB/2E).  ISSN 1020-976X. (Disponible uniquement en anglais).


Le présent communiqué de presse est disponible sur Internet à l'adresse suivante: http://www.unctad.org/en/press/pressref.htm


Pour plus d'informations, veuillez contacter Yusuf Kalindaga, Adimnistrateur chargé du service du commerce électronique; tél: +41 22 907 2042; courrier électonique: yusuf.kalindaga@unctad.org; Muriel Scibilia ou Alessandra Vellucci, chargées de presse; tél: +41 22 907 5725/4641/5828; télécopie: +41 22 907 0043; courrier électronique: press@unctad.org.


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