TAD/1937

DE BONNES PERSPECTIVES POUR L’INDUSTRIE DES TI EN 2003, SELON LES PREVISIONS DE LA CNUCED

18/11/2002
Communiqué de presse
TAD/1937


DE BONNES PERSPECTIVES POUR L’INDUSTRIE DES TI EN 2003, SELON LES PREVISIONS DE LA CNUCED


Le monde en développement voit

dans le commerce électronique un facteur de croissance


GENEVE, le 18 novembre 2002 (CNUCED) -- Le commerce électronique est en plein essor partout dans le monde. Cependant, dans les pays en développement, le volume des transactions électroniques restera «négligeable» tant que le segment interentreprises de ce marché n’aura pas décollé.  Le Rapport sur le commerce électronique et le développement 2002,publié aujourd’hui par la CNUCED*, constate que, la prospérité du secteur des transactions interentreprises et la multiplication des avantages qui en découlent pour l’ensemble de l’économie passent par l’insertion dans les chaînes d’approvisionnement régionales et mondiales.


Les perspectives de réussite dans cette voie sont bonnes, surtout si l’on considère que la croissance rapide tant du commerce électronique que de l’utilisation de l’Internet devrait se poursuivre.  Il en va ainsi tout particulièrement du monde en développement, où les taux de pénétration sont plus faibles.  L’utilisation de l’Internet y a augmenté de 30% l’année dernière et un tiers du nombre total de nouveaux utilisateurs se trouve dans cette partie du monde.  Le commerce électronique également se développe dans ces pays, quoique plus lentement; ceci vaut en particulier pour les transactions interentreprises, qui représentent 95% du total du commerce électronique.  Le principal obstacle à l’essor des transactions interentreprises dans les pays en développement réside dans les insuffisances de l’infrastructure des technologies de l’information et de la communication (TIC), ainsi que dans les carences sur les plans de l’infrastructure physique, de la logistique et de la facilitation du commerce.


Les perspectives varient selon les régions


L’Asie et le Pacifique dominent dans tous ces secteurs et constituent pour tous les autres pays et régions en développement l’exemple à suivre.  Cette région est en tête de peloton en ce qui concerne la mise en place des technologies à haut débit vitales.  Les gouvernements y jouent un rôle capital pour ce qui est d’attirer les investissements dans ce secteur et d’assurer une offre de main-d’œuvre qualifiée et éduquée propre à répondre aux besoins croissants de sous-traitance des sociétés étrangères.  Les entreprises de la région sont également davantage intégrées aux courants commerciaux intrarégionaux et mondiaux que celles des autres régions en développement.  L’Asie et le Pacifique comptent aujourd’hui 46% du nombre total de lignes d’accès numériques et le nombre des utilisateurs d’Internet y augmente de 50 millions chaque année. Du seul fait de son poids démographique, le potentiel de croissance de la région est incontestable.

L’Amérique latine enregistre également des progrès, encore que l’activité y soit fortement concentrée sur l’Argentine, le Brésil, le Chili et le Mexique. Entre 50 et 70% des entreprises latino-américaines du secteur formel sont connectées à l’Internet et le développement rapide des transactions interentreprises devrait s’y poursuivre, principalement en raison du volume important des échanges intra-industries dans la région.  De grandes sociétés transnationales (STN), dans le secteur de l’automobile en particulier, jouent un rôle capital dans le commerce électronique tant interentreprises qu’entre entreprises et particuliers.  Les ventes de voitures en ligne constituent la composante la plus importante du commerce électronique de détail en Amérique latine, et les services de banque électronique rencontrent un succès croissant auprès des entreprises et des particuliers.  Les Latino-Américains sont de gros utilisateurs de téléphonie mobile et ce marché pourrait bien avoir des répercussions sur l’avenir du commerce électronique dans la région.


En Afrique, le nombre des connexions augmente lentement mais, selon le rapport, le commerce électronique demeure limité.  La connexion locale à l’Internet est aujourd’hui possible dans toutes les capitales africaines et les monopoles sur la fourniture de services Internet ont pratiquement disparu, ce qui a permis une augmentation de 30% du trafic de données émanant du continent l’année dernière.  Mais c’est en Afrique que le retard en matière d’infrastructures du commerce électronique par rapport aux pays développés est le plus important, puisqu’un Africain sur 118 seulement utilise l’Internet, 1 sur 440 si l’on exclut les cinq pays africains qui comptent le plus d’utilisateurs.  Le commerce électronique est concentré en Afrique du Sud et en Égypte, et sa composante interentreprises demeure négligeable si l’on fait abstraction de l’Afrique du Sud. Or, des possibilités réelles de transaction interentreprises s’offrent à l’Afrique dans le secteur des services tant en ligne qu’hors connexion.  En attendant, les exportateurs de produits artisanaux et de produits et services destinés aux Africains expatriés font d’excellentes affaires dans le commerce entreprises-particuliers.


Dans les pays en transition, le commerce électronique tant interentreprises qu’entre entreprises et particuliers connaît une croissance rapide mais demeure modeste en volume.  Il est peu probable qu’il atteigne 1% du commerce électronique mondial avant 2005.  Dans les pays d’Europe centrale et les pays baltes qui ont le plus progressé sur la voie des réformes, le niveau de maîtrise de l’outil informatique est relativement élevé, ce qui n’est pas le cas dans les Balkans, le Caucase et l’Asie centrale.  Le rapport prévoit en outre que «les différences entre ces deux groupes de pays risquent de s’accentuer avec l’adhésion des pays les plus avancés à l’Union européenne».  Les facteurs favorables sont, notamment: l’apparition en Russie d’un grand nombre de plates-formes de commerce électronique interentreprises consacrées aux produits exportables; les niveaux élevés d’instruction générale; et l’utilisation de plus en plus répandue du logiciel libre Linux pour l’exploitation de serveurs, qui abaisse les coûts de démarrage des entreprises.


La croissance se poursuit sur les marchés aussi bien d’Amérique du Nord que d’Europe occidentale, où le commerce électronique de détail connaît une forte croissance.  Aux États-Unis, les transactions entreprises-particuliers ont augmenté de 19% au cours du seul premier trimestre de cette année.  La part de ce commerce dans le total des ventes de détail reste modeste (moins de 3%) mais, dans certains secteurs, les ventes en ligne frôlent déjà les 18% du total des ventes. Certains de ces secteurs, notamment les logiciels, les services de voyage et de tourisme et la musique, pourraient offrir des possibilités intéressantes aux fournisseurs situés dans les pays en développement.  En Europe, cependant, le volume des transactions électroniques entre entreprises et particuliers demeure considérablement plus faible et, bien que l’arrivée de l’euro «physique» ait probablement encouragé le développement du commerce électronique intra‑européen, dans certains secteurs le marché demeure fragmenté, à cause des barrières culturelles et linguistiques et des préférences des consommateurs.


S’agissant du commerce interentreprises, la part des transactions en ligne dans le total des ventes est en augmentation rapide des deux côtés de l’Atlantique et pourrait atteindre 20% d’ici deux à quatre ans, ce qui représente un transfert massif des opérations commerciales vers l’environnement électronique.  Près de 26% du total des ventes aux États-Unis, essentiellement des transactions interentreprises, s’effectueront en ligne d’ici à 2006, et ce taux devrait être de 19% en Europe.  Toujours d’ici à 2006, l’écart important qui existe actuellement entre l’Europe et l’Amérique du Nord en matière d’achats interentreprises devrait se réduire de 30%, dans la mesure où les entreprises européennes consacrent actuellement un pourcentage plus important de leurs budgets des technologies de l’information (TI) à des solutions de commerce électronique que ne le font les entreprises nord-américaines.


Après un état des lieux, par région, des perspectives et des incidences du commerce électronique, le nouveau rapport de la CNUCED s’attache à déterminer dans quelle mesure l’investissement dans les TI peut contribuer au développement. La réponse à cette question est un «oui» assorti de réserves.  «La présence d’un secteur local des TI ou d’investissements de multinationales dans ce secteur pourrait favoriser le décollage du commerce électronique dans les pays en développement, pour autant…», et là se situent les réserves, «qu’elle favorise une prise de conscience et une culture des TI au sein des entreprises locales, qu’elle renforce les compétences en matière de TI de la main-d’œuvre et qu’elle rapproche la technologie du monde des entreprises».


La hausse des exportations de TI des pays en développement


Une industrie des TI florissante à l’échelle mondiale sera aussi, à l’évidence, d’un grand secours.  Sa reprise, attendue pour l’année prochaine, pourrait se révéler particulièrement bénéfique pour les pays en développement, dont les exportations de produits de TI augmentent à un rythme plus élevé (23,5% au cours de la décennie écoulée) que dans le monde développé (10,8%).  Mieux encore, la part des pays en développement et des pays en transition dans les exportations de TI ne cesse d’augmenter, au point que ces technologies représentent désormais une part plus importante du total des exportations dans les pays en développement que dans les pays industrialisés.  Ceci tient essentiellement au fait que les STN installent de plus en plus leur production de

matériel dans des pays émergeants et que les pays en développement s’efforcent de développer des capacités locales de production propres à attirer l’offre de sous-traitance des STN dans le secteur des TI.  De ce fait, les produits de TI (essentiellement les semi-conducteurs et le traitement électronique des données) représentent désormais une part plus importante des exportations des pays en développement que l’agriculture, les textiles et l’habillement combinés. Le seul revers de la médaille est que sur les marchés d’exportation des TI, le tiers monde occupe une place plus importante pour les produits de TI «basiques», qui sont de faible valeur ajoutée.


Deux grandes tendances de l’industrie des TI favorisent sa progression dans les pays en développement.


Le développement des logiciels en code source libre (hors droits), tels que le système d’exploitation Linux, aujourd’hui utilisé sur 30% de tous les serveurs de site Web actifs.  Le rapport considère que ces produits sont en «accord parfait» avec les matériels utilisés dans les pays en développement, comme les ordinateurs personnels ordinaires de faible coût.


L’adaptation aux conditions locales des TI, plus particulièrement des produits logiciels et sites Web, en fonction des marchés locaux et régionaux. De nombreuses PME de pays en développement coopèrent avec des STN pour adapter les produits ou services de ces dernières à une clientèle ou un marché étrangers particuliers.  D’importantes possibilités sont offertes par la demande croissante d’«arabisation» de logiciels dans le Moyen-Orient, l’arabe étant la sixième langue la plus parlée dans le monde, et un certain nombre d’entreprises, essentiellement égyptiennes, sont en train de passer de la production de contenu (livres, films et programmes de radio et de télévision) à la traduction de sites Web et de logiciels et à l’accueil de sites.  Ces activités peuvent elles-mêmes servir de tremplin pour le lancement de nouvelles entreprises et la création d’autres possibilités commerciales.


La CNUCED constate que ces évolutions sont prometteuses, mais que toutes exigent une infrastructure technologique et une main-d’œuvre qualifiée qui sont «hors de la portée de la plupart des petites et moyennes entreprises (PME) des pays en développement».


En revanche, l’investissement dans les TI, indique des évolutions plus positives: dans les pays en développement, il s’agit surtout d’investissements nouveaux, producteurs d’une augmentation nette des capacités de production. Il ressort d’une enquête menée par la CNUCED auprès de 35 grandes multinationales des TI que leurs investissements à l’étranger sont concentrés sur les services d’appui à la clientèle et la distribution, et sur des régions vers lesquelles ces sociétés exportent.  Il en résulte finalement que plus cet investissement trouvera à s’appuyer sur un commerce électronique local développé, plus les STN investiront.


Les entreprises de TI sont de gros «consommateurs» de commerce électronique. Leurs filiales dans les pays en développement utilisent des outils tels que le courrier électronique et le Web, mais évitent les transactions électroniques plus évoluées. Toutefois, nombre d’entreprises parmi celles qui ont participé à l’enquête ont indiqué que le commerce électronique avait facilité le lancement de leurs opérations dans le secteur des TI dans les pays en développement.  La présence de sociétés de TI internationales favorise aussi l’essor du commerce électronique dans ces pays et génère du trafic Internet, deux facteurs qui pourraient contribuer à abaisser les coûts des télécommunications.  Autres effets positifs, la création d’une «culture du commerce électronique» au sein des entreprises locales, le renforcement de la capacité du secteur productif local et l’accroissement des compétences de la main-d’œuvre locale.


La plupart des investisseurs étrangers dans le secteur des TI dépendent fortement de la main-d’œuvre locale, qui représente environ 80% du total de leur main-d’œuvre dans les pays en développement.  Elle est composée à 69% de travailleurs qualifiés, ce qui donne à penser que les crédits que ces pays consacrent à l’enseignement tant primaire qu’universitaire seront d’un bon rapport.  Les liens étroits avec les entreprises locales dont font état les sociétés participant à l’enquête constituent un autre motif d’optimisme en ce sens qu’ils contribuent à améliorer la compétitivité, à accroître la productivité et à favoriser la croissance et l’expansion de l’économie locale dans son ensemble.


Le Rapport sur le commerce électronique et le développement 2002 de la CNUCED examine les possibilités qui s’offrent aux pays en développement dans le secteur de l’exportation des services, qui connaît une mutation induite par le commerce électronique.  Entre 1990 et 2000, les exportations de services des pays en développement ont augmenté pratiquement deux fois plus vite que la moyenne mondiale.  Au premier rang des services dynamiques −dont les ventes ont augmenté à un rythme supérieur à la moyenne sur les marchés mondiaux− figurent nombre de services qui peuvent être offerts en ligne («e-services»), ceux touchant l’informatique, ou les voyages et le tourisme par exemple.  Certes, la part des pays en développement dans le marché mondial des services à support électronique demeure faible, mais bon nombre de ces pays sont en train d’accroître leur part du marché mondial des exportations de services de communication, de services financiers et de services de redevances.


À partir d’études de cas sur le Costa Rica et l’Inde, le rapport montre comment les services à support électronique peuvent éventuellement améliorer la compétitivité à l’exportation et produire des services à forte valeur ajoutée qui donnent une forte impulsion à l’économie locale.  Au Costa Rica, les exportations de services logiciels ont connu une progression fulgurante, passant de 16 000 dollars en 1997 à 60 millions de dollars en 2000.  Parallèlement, la croissance de l’industrie locale des TI a incité de plus en plus d’entreprises à recourir aux TIC dans leurs activités commerciales, leur permettant ainsi de passer rapidement au commerce, à la banque et au tourisme électroniques. Les exportations indiennes de services de TI −la sous-traitance de services logiciels et de services de traitement des opérations des entreprises, en particulier− ont pratiquement doublé en l’espace de deux ans et représentent aujourd’hui plus de 16% des exportations et 8% des recettes de change.  Au-delà des différences qui les séparent, ces deux pays ont réussi à réunir une masse critique de travailleurs maîtrisant les TI et de compétences dans ce domaine, les deux ont une expérience du développement des technologies de pointe et les deux disposent de contacts dans leurs principaux marchés d’exportation.


Selon le rapport, d’autres pays en développement pourraient obtenir les mêmes résultats mais, pour saisir ces chances, il faudra que ces pays et leurs partenaires améliorent l’accès aux marchés et trouvent des solutions aux blocages internes en matière de technologies, de paiements, de télécommunications et de normes, et qu’ils abaissent leurs tarifs et poursuivent plus avant la déréglementation.


*E-commerce and development Report 2002 (UNCTAD/SDTE/ECB/2E), ISSN1020-976X. (disponible uniquement en anglais).


Ce communiqué de presse est diffusé également sur Internet, à l’adresse suivante: http://www.unctad.org/en/press/pressref.htm


Pour plus d'informations, veuillez contacter Yusuf Kalindaga, Adimnistrateur chargé du service du commerce électronique; tel: +41 22 907 2042; courrier électronique: yusuf.kalindaga@unctad.org; Muriel Scibilia ou Alessandra Vellucci, chargées de presse; tel: +41 22 907 5725/4641/5828; télécopie: +41 22 907 0043; courrier électronique: press@unctad.org.


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