PAR L'ADOPTION DU PLAN D'ACTION DE MADRID SUR LE VIEILLISSEMENT, LES GOUVERNEMENTS S'ENGAGENT A INSTAURER UNE SOCIETE POUR TOUS LES AGES
Communiqué de presse SOC/4600 |
Deuxième Assemblée mondiale
sur le vieillissement
PAR L'ADOPTION DU PLAN D'ACTION DE MADRID SUR LE VIEILLISSEMENT, LES GOUVERNEMENTS S'ENGAGENT A INSTAURER UNE SOCIETE POUR TOUS LES AGES
La contribution au développement et le droit à un vieillissement actif
et sain seront entre autres au centre des politiques à mettre en oeuvre
Madrid, 12 avril -- «Nous, représentants des gouvernements réunis à Madrid, avons décidé d'adopter le Plan d'action international sur le vieillissement, 2002, afin de faire face aux possibilités et aux défis du vieillissement de la population au XXIe siècle». C'est sur cet engagement solennel, inscrit dans la Déclaration politique, que la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement a achevé, sous les acclamations, cet après-midi à Madrid ses travaux, entamés le 8 avril dernier.
Reconnaissant le potentiel des personnes âgées comme une base solide pour le développement, le Plan d'action fournit aux gouvernements une série de stratégies pragmatiques et concrètes pour instaurer une société pour tous les âges, qui était le mot d'ordre de cette Assemblée mondiale. En somme, une véritable feuille de route qui aidera les décideurs du monde entier à élaborer, selon les conditions spécifiques rencontrées par chaque pays, des réponses aux défis du «tremblement de terre» démographique qui n'épargnera personne. En 2050, les personnes de plus de 65 ans dépasseront les deux milliards dans le monde, dont plus de 75% vivront dans des pays en développement.
Ce qu'il conviendra d'appeler désormais le Plan d'action de Madrid s'articule autour de trois priorités (personnes âgées et développement, promotion de la santé et du bien-être et création d'environnements porteurs et favorables) et présente la question du vieillissement non plus seulement en termes de sécurité et d'aide sociale mais aussi en termes de développement et de politiques économiques. Dans la mesure où les transformations démographiques liées au vieillissement seront plus fortes et plus rapides dans les pays en développement, où la population âgée devrait quadrupler d'ici 2050, le Plan d'action reconnaît en effet qu'il faut placer le vieillissement parmi les questions de développement ainsi que dans les stratégies d'élimination de la pauvreté.
Conscient des obstacles particuliers auxquels sont confrontés les pays les moins avancés, les pays en développement et les pays en transition, le Plan insiste sur la coopération internationale et appelle à une meilleure cohérence et gouvernance des systèmes monétaires, financiers et commerciaux ainsi qu'à une solution rapide et concertée au problème de la dette. Il invite instamment les pays développés qui ne l'ont pas encore fait à prendre des mesures concrètes pour consacrer 0,7% de leur PNB à l’Aide publique au développement en faveur des pays en développement et 0,15% de leur PNB en faveur des pays les moins avancés.
Mais au-delà de ces différences, il insiste sur la protection et la promotion des droits de l'homme et des libertés fondamentales, reconnaissant que les personnes, au fur et à mesure qu'elles vieillissent, doivent mener une vie placée sous le signe de l'épanouissement, de la santé, de la sécurité et de la participation active à la vie économique, sociale, culturelle et politique de leur société. C'est pourquoi, l'accent y est mis sur la nécessité, pour les pouvoirs publics comme pour les médias, de promouvoir une approche positive du vieillissement, combattant les stéréotypes négatifs qui y sont jusqu'alors souvent associés.
Pour concrétiser cette notion de «vieillissement actif», les gouvernements soulignent aussi l'importance de la promotion de modes de vie sains et préconisent un meilleur accès aux services sociaux et soins de santé ainsi que la possibilité de travailler aussi longtemps que possible pour les personnes âgées qui le souhaitent. Ils affirment également la nécessité de reconnaître la contribution des personnes âgées qui font office de parents de substitution pour les orphelins du sida.
Enfin, si les gouvernements ont la responsabilité première de l'application du Plan d'action, des partenariats véritables avec la société civile, y compris les ONG et les personnes âgées elles-même, et avec le secteur privé sont décrits comme vitaux.
Les représentants de pays suivants ont exposé leur position sur les documents finaux adoptés cet après-midi : Canada, Etats-Unis, Norvège et Venezuela, au nom du groupe des 77 et la Chine. Le Vice-Président ex-officio de cette deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, M. Juan José Lucas, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations Unies, M. Nitin Desaï et le Président de la grande Commission, M. Felipe Paolillo (Uruguay) ont fait des déclarations de clôture.
Achevant le débat général ouvert lundi 8 avril, et qui a entendu 173 intervenants, l’Assemblée mondiale a cet après-midi réaffirmé que le vieillissement de la population est l’affaire de tous les âges et de tous les segments de la société. Dans cette optique, plusieurs délégations ont établi, dans les écoles, des programmes éducatifs sur le vieillissement. La représentante de Saint-Kitts-et-Nevis a indiqué que son pays encourage et facilite l’engagement des jeunes à l’égard de la cause des personnes âgées en développant des programmes d’assistance au sein les écoles. Il a été souligné que les préoccupations liées au vieillissement ne sont pas seulement l’affaire des anciens; à cet égard, la Ministre de la sécurité sociale de la Sierra Leone a fait observer que la santé des personnes âgées est conditionnée par leur santé lorsqu’ils étaient plus jeunes, d’où l’importance fondamentale des soins et de l’éducation adressés à l’intention des plus jeunes.
Outre les Ministres et hauts responsables déjà mentionnés, les représentants des pays suivants se sont exprimés: Kirghizistan, Philippines, Jamahiriya arabe libyenne, Sierra Leone, Portugal, Iraq, Botswana, Rwanda, et Panama. La représentante de Porto Rico et le Président du Conseil économique et social de l’Espagne et Coordonnateur des dialogues 2020, ont aussi pris la parole.
Suite et fin de l’échange de vues général
Mme NASYROVA ANARA, Secrétaire exécutive pour les femmes, la famille et la parité entre les sexes du Kirghizistan : La démocratisation de la société et l’intégration du Kirghizistan dans l’économie mondiale ont eu un certain impact négatif qui se ressent particulièrement sur les personnes âgées. Dans notre pays, 9% de la population a dépassé l’âge du travail. Dans les villes il y a une tendance constante à la séparation des familles.
Dans le domaine de la santé, des mesures sont prévues pour assurer des prestations médicales pour les personnes âgées. D’autres sont mises en place pour garantir le financement de la retraite, qui est un des éléments essentiels de revenu pour ces personnes. Le montant de la retraite des femmes est de 86% de celui des hommes. Les dépenses de retraite sont assurées par le budget de l’Etat. Des services à domicile pour les personnes seules sont prévus. Le plus grand nombre de personnes pauvres se trouve dans des familles où il y a des retraités. Des moyens de locomotion sont aussi fournis pour les invalides. Le respect des personnes âgées est garanti par un mécanisme spécial. Aucune question sérieuse n’est résolue sans ce mécanisme qui est une source de sagesse et qui est devenu un programme social.
Mme CORAZON JULIANO SOLIMAN, Ministre de la sécurité sociale des Philippines : Guidé par le Plan d’action de Vienne et par celui de Macao pour les pays de l’Asie et du Pacifique, notre pays a adopté un Plan d’action national pour les personnes âgées en 1999. Pour mettre ce plan d’action en oeuvre, nous avons fait appel à toutes les parties prenantes, dont les personnes âgées, et adopté une approche multisectorielle qui inclut le développement, la santé, la gouvernance locale, le travail et l’emploi, le commerce et l’industrie, le logement et la sécurité sociale. Les Philippines cherchent également à consolider le rôle des personnes âgées dans les familles, à promouvoir la solidarité entre les générations, à renforcer la participation des anciens aux conseils locaux et la fédération nationale des anciens qui rassemble actuellement 75% des personnes âgées.
En dépit des progrès enregistrés, cinq domaines continuent d’être critiques: la nécessité d’octroyer davantage de pouvoir aux communautés de personnes âgées; la compréhension des implications du vieillissement de la population; la préparation à un vieillissement satisfaisant et productif; le développement d’infrastructures de services basées sur des institutions modernes et traditionnelles; la fourniture des services sociaux à un nombre toujours plus grand de personnes âgées. Les Philippines restent par ailleurs fermement engagées en faveur de la protection et de la promotion des droits de l’homme pour tous, y compris pour les personnes âgées. Nous devons enfin faire attention à ce qu’aucun pays ne soit marginalisé des bénéfices du développement économique et social; dans cette optique, les Philippines sont disposées à participer aux efforts de mise en oeuvre et de suivi des résultats de cette Assemblée.
M. ABDULHAMID ASSEID ZENTANI, Secrétaire du Comité populaire du Fonds de sécurité sociale public de la Jamahiriya arabe libyenne : Le Fonds de solidarité sociale a permis la mise en place, dans notre pays, de nombreuses mesures progressistes en faveur des personnes âgées et des autres groupes vulnérables. Au nombre de ces mesures, on trouve la création de pensions d’invalidité et de prestations pour les familles, des pensions pour les personnes qui ont rendu de grands services à la nation, des prestations en nature tels que des services de santé dans des hôpitaux, une aide au logement et une réduction de 50% pour les transports.
L’émergence de la question du vieillissement dans le monde n’est pas seulement due à l’augmentation du nombre de personnes âgées mais également à une dislocation de la composition démographique qui est le résultat des politiques de planification familiale et l’encouragement de l’avortement. Notre pays ne doit pas faire face aux problèmes liés à l’augmentation du nombre des personnes âgées car il existe une forte adhésion à des valeurs spirituelles et morales qui respectent la personne âgée et valorise son rôle au sein de la société. Ces valeurs sont les meilleures mesures de prévention et sont le socle de la cohésion de la famille. Nous condamnons fortement tous les actes de violence et de destruction perpétrés par des groupes terroristes ainsi que le terrorisme et l’oppression perpétrés par des Etats contre des êtres humains innocents, des enfants, des femmes et des personnes âgées en particulier.
Mme SHIRLEY GBUJAMA, Ministre de la sécurité sociale, de la parité entre les sexes et des enfants de la Sierra Leone : Le monde n’est pas sans connaître tout ce que la Sierra Leone a traversé depuis 10 à 11 ans. Nos amis seront heureux d’apprendre qu’enfin nous avons pu rétablir la paix et que nous sommes à la veille des élections présidentielles et parlementaires dans exactement un mois et deux jours. L’espérance de vie dans mon pays est de 39 ans, le vieillissement ne semble pas être un problème pour nous. Pourtant de nombreuses personnes âgées se sont regroupées dans une amicale pour nouer des relations. C’est pour ces personnes que le Gouvernement a adopté un Programme de soins primaires comme une stratégie visant à offrir des soins médicaux à la population y compris les personnes âgées. La santé des personnes âgées est conditionnée par leur santé lorsqu’ils étaient plus jeunes et les soins et l’éducation adressés aux plus jeunes sont d’une importance fondamentale. Cela inclut notamment l’éducation scolaire, la santé préventive, la nutrition, l’abandon d’habitudes nuisibles à la santé. Nous avons par ailleurs fixé l’âge du droit à la pension de façon plus flexible. Les personnes âgées continuent de gagner leur vie, mais il y a un large éventail de problèmes qu’il faut encore régler, surtout pour les personnes âgées qui ont connu la guerre comme dans notre pays.
Tous les efforts devront être déployés pour que les personnes âgées restent chez elles. Perdre son foyer, c’est perdre sa liberté, son estime de soi. Un fils, une fille peut faire beaucoup plus pour un parent âgé lorsque ce dernier s’installe chez eux. Les personnes âgées ont besoin d’affection, de chaleur humaine et aussi de leurs propres moyens financiers. Le foyer pour personnes âgées est une idée qui n’a pas pris dans notre pays. Nous avons dû user de prudence pour en implanter. Les services sociaux créés en Europe peuvent être modifiés et adaptés chez nous avec notamment la nécessité d’infirmiers qualifiés pour ceux qui ne sont plus en mesure de s’assumer eux-mêmes. L’idée des repas à domicile mérite aussi d’être étudiée. Enfin, les problèmes des personnes âgées en bonne santé et qui ont une vie active sont très différents des personnes invalides malades et qui se sentent extrêmement seules.
Mme ROSALYN HAZELLE, Saint-Kitts-et-Nevis : Plusieurs évaluations économiques et sociales, notamment sur la pauvreté, ont été réalisées dans notre pays pour mieux connaître l’impact de la mondialisation et des transformations dont elle est porteuse. Une étude portant sur l’industrie du sucre a ainsi révélé que la plupart des personnes actives dans ce secteur sont des femmes pauvres, et il est certain que la fermeture des usines aura un impact social sévère sur les personnes âgées. En tant que pays en développement doté de ressources limitées, nous cherchons à élaborer des stratégies fondées sur la collaboration, la participation et l’inclusion.
Frappés à plusieurs reprises par des désastres naturels, nous avons prévu des dispositions particulières pour les personnes âgées dans notre Plan national de préparation aux désastres naturels. Par ailleurs, un certain nombre de programmes sociaux fonctionnent en faveur des personnes âgées: une indemnité de la sécurité sociale est versée mensuellement aux personnes de plus de 60 ans et un plan d’assistance retraite est prévu pour les personnes dans le besoin qui n’ont pas contribué à la sécurité sociale. Notre pays fournit un accès universel aux services de santé, ce qui comprend la gratuité des ordonnances, des hospitalisations, des examens de laboratoire, des soins dentaires et oculaires. Ceci est complété par l’action de nos professionnels de la santé au niveau communautaire. Nos programmes pour les personnes âgées cherchent également à encourager et à faciliter l’engagement des jeunes à l’égard de la cause des personnes âgées en collaborant avec les écoles dans le pays entier.
M. FRANSISCO RIBEIRO TELES, Portugal : Les politiques en faveur des personnes âgées au Portugal visent à garantir un revenu, à fournir des prestations de sécurité sociale, à créer des possibilités d’emploi et la formation continue. Une carrière professionnelle plus longue est un facteur important pour améliorer la qualité de vie. Les pensions au Portugal favorisent donc les personnes qui restent longtemps sur le marché du travail. Une autre des préoccupations du Gouvernement concerne le maintien des personnes âgées dans leur habitat et leur environnement normal en leur fournissant des services, un accès à des centres de soins diurnes et à des loisirs. Nous avons également institué des maisons de vieillesse et de retraite qui fournissent des soins.
Nous favorisons en outre la participation à des activités volontaires afin de promouvoir l’intégration sociale. Dans la mesure où la dépendance fondée sur l’invalidité et la démence créent des conditions d’existence difficiles pour les personnes âgées concernées, le Portugal a lancé récemment un réseau national de services de santé et de protection sociale pour répondre à ces problèmes. Nous prenons également des mesures pour assurer la viabilité des finances publiques relatives au système de pensions de retraites et défendre l’équité intergénérationnelle. Les questions de sexospécificité et de migrations sont également importantes lorsque l’on considère la question du vieillissement.
M. FADIL NAJIM AL-DEEN, Iraq : Les personnes âgées en Iraq bénéficient de soins mis à leur disposition par l’Etat. De nombreuses lois préservent le respect des personnes âgées et leur garantissent une vie décente. L’Etat fournit des soins à tous ceux qui en ont besoin, encore que le tissu social prévoit la prise en charge des parents par leur famille. Nous avons créé un Comité national pour les personnes âgées qui suit leurs problèmes. Les soins fournis par l’Etat aux personnes âgées, comme ceux ciblant les enfants ont subi l’impact fortement négatif de l’agression continue à l’encontre du peuple iraquien. Les sanctions imposées depuis 1990 sont un crime de génocide. L’Iraq a honoré tous ses engagements pourtant sévères, a coopéré avec les Nations Unies et ses organes, a enduré beaucoup d’injustice et malgré cela l’embargo continue.
Nous assistons à une mort collective, à la propagation des maladies du fait de la pénurie de médicaments notamment ceux traitant les maladies chroniques. Ces sanctions iniques ne sont pas conformes à la Charte des Nations Unies. Le programme pétrole contre nourriture est limité et compliqué. De nombreux contrats signés par l’Iraq sont mis en attente, notamment ceux d’importation de médicaments, de fourniture médicale, pour des raisons inexplicables. Les personnes âgées en Iraq souffrent de l’injustice de cet embargo et de cette agression. Nous vous prions d’intervenir pour lever l’embargo afin de permettre à l’Iraq d’importer les médicaments nécessaires. Nous vous demandons aussi d’intervenir rapidement pour exiger le retrait d’Israël et la fin de l’occupation des territoires arabes, du Golan syrien et du Sud-Liban.
Mme ZULEMA SUCRE, Panama : Notre pays, à travers ses instances politiques, institutionnelles, juridiques et législatives, a octroyé une importance particulière à la formulation et à la mise en oeuvre de politiques, de programmes et d’actions visant à améliorer la qualité de la vie des personnes âgées. Ces politiques ont beau avoir rencontré un certain succès, il reste une partie substantielle de la population des personnes âgées dans des situations de pauvreté, voire de grande pauvreté. Le Panama est conscient de ses engagements, d’autant que le défi que représente le vieillissement de la population n’est pas susceptible d’être relevé facilement ou à court terme. Nous avons institué un Conseil national des adultes et des personnes âgées, instance de concertation et de planification formée d’organismes gouvernementaux, d’agences non gouvernementales et de représentants des personnes âgées.
Un Plan d’action a été élaboré autour des quatre priorités suivantes: développement de stratégies à long terme sur le vieillissement, avec la révision et l’analyse des politiques de protection sociale; stratégies pour le développement dans un monde en vieillissement, visant à permettre aux personnes âgées l’accès au monde du travail et à l’activité économique; promotion de la santé et du bien-être de la vieillesse, avec le renforcement des programmes de soins primaires intégraux et la formation d’équipes multidisciplinaires pour dispenser des soins de santé primaires; enfin, établissement d’un environnement favorable aux personnes âgées, par la mise en adéquation des services publics et des besoins réels des personnes âgées.
Mme PHOLILE LEGWAILA, Botswana : Même si le Botswana n’a pas de politique spécifique en faveur des personnes âgées, il existe néanmoins des programmes d’aide sociale. Le programme d’aide aux indigents leur permet notamment d’obtenir une aide financière et des soins de santé gratuits lorsqu’elles ne disposent pas de revenus de pensions, de propriétés et que leurs enfants n’ont pas la capacité de leur apporter un soutien. Le régime de pensions fournit également aux personnes âgées une aide sociale sous la forme d’une allocation mensuelle, quels que soient leurs antécédents économiques. Cependant, l’épidémie du sida, qui touche fortement notre pays, et la nécessité de s’occuper des enfants qui en sont atteints ou orphelins, a alourdi le poids des responsabilités des personnes âgées. Comme dans de nombreux autres pays en développement, le processus de vieillissement accéléré menace la sécurité alimentaire des habitants du Botswana. Les personnes âgées ne peuvent en outre plus fournir de nourriture aux autres membres de la famille car elles ont souvent dû cesser leurs activités agricoles pour s’occuper des enfants victimes du sida.
Les migrations ont aussi joué un rôle important dans le vieillissement de la population. Les jeunes générations quittent leurs foyers pour chercher dans les centres urbains d’autres chances d’emploi et d’éducation. Cette situation a pour conséquence un isolement des personnes âgées dans les campagnes. Le Botswana, en réponse aux problèmes posés par le vieillissement, encourage la tenue d’ateliers centrés, entre autres, sur le respect des valeurs culturelles, y compris à l’école et sur un travail avec les médias pour sensibiliser la population aux problèmes liés au vieillissement et à la famille.
M. NSANZABAGANWA STRATON, Rwanda : Parmi tous les documents sur lesquels nous avons travaillé pendant cinq jours, ma délégation se plaît à dégager deux principes majeurs selon lesquels d’une part le vieillissement est un processus qui concerne toutes les tranches d’âge. D’autre part, l’engagement est pris pour bâtir une société où toutes les générations collaborent à un développement humain durable. Dans ses efforts de reconstruction, mon pays s’est engagé dans le processus d’élaboration d’une politique nationale sur le vieillissement et en faveur des personnes âgées avec pour grands objectifs d’amener toutes les couches de la population à se préparer au vieillissement et d’assurer aux personnes âgées les mêmes droits que les autres tranches d’âge. Du côté du Gouvernement, une division en charge des personnes âgées a été créée dont les tâches principales sont notamment d’accroître la prise de conscience générale sur les besoins spécifiques des personnes âgées, de former des agents sociaux qualifiés au niveau des communautés locales pour l’assistance aux groupes vulnérables, qui, comme vous pouvez l’imaginer, sont très nombreux après le génocide de 1994.
Au niveau de la société civile, la plus grande réalisation récente est la création de la Fédération nationale regroupant les associations et les centres de personnes âgées. Elle s’assigne notamment le devoir d’être un organe de concertation nationale en vue de la réhabilitation des valeurs culturelles rwandaises et de la participation à la solution des grands problèmes du pays et de réussir le dialogue entre les générations. Les problèmes du vieillissement doivent par ailleurs s’intégrer dans un programme de développement humain durable dont la clé de voûte est constituée par les stratégies de réduction de la pauvreté. Malheureusement, celles-ci doivent se concevoir dans un environnement sérieusement menacé par le fléau du VIH/sida. Ma délégation propose aux Nations Unies de voir si les mesures concrètes suivantes ne pourraient pas être prises dans un avenir proche à savoir la mise en place d’un cadre international spécifique aux personnes âgées à l’image de la Convention relative aux droits de l’enfant et la création d’une institution internationale chargée des personnes âgées comme l’UNICEF s’occupe des enfants.
Mme ROSSANA LOPEZ LEON, Porto Rico : En l’année 2000 déjà, 15,4% des habitants de Porto Rico avaient plus de 60 ans; le principal appui pour les personnes âgées est constitué par le noyau familial. L’effort doit être dirigé vers l’éducation et la formation, afin de convaincre le système productif des bénéfices qu’il y a à employer des personnes d’âge avancé. A cet effet, Porto Rico vient de dépenser 3,7 millions de dollars pour un programme de formation, de recyclage, de conseils et de promotion de l’emploi des personnes de 55 ans et plus. L’autonomisation est également liée au travail volontaire coordonné par des organisations communautaires. Une banque de ressources humaines d’âge avancé pour l’emploi rémunéré et les services volontaires a été également créée; son succès reste pour l’instant limité.
Notons que les changements démographiques s’accompagnent d’un choc des générations; le renforcement des liens intergénérationnels est donc un des aspects essentiels de toute politique. Nous avons par ailleurs créé dans les écoles un programme sur le vieillissement pour les étudiants du secondaire. Enfin, Porto Rico est en ce moment en train de réformer ses services de santé afin d’en améliorer le rapport coût-efficacité. Nous souhaitons notamment, grâce à un système de carte électronique, garantir un accès universel aux soins.
M. JAIME MONTALVO CORREA, Président du Conseil économique et social de l’Espagne et Coordonnateur des dialogues 2020 : L’objectif explicite de ce cycle de débats, organisé en parallèle des sessions de l’Assemblée, a été d’impliquer des experts, des représentants de la société civile et du secteur privé, grâce à un dialogue avec des représentants de gouvernements, dans la réflexion sur les problèmes liés au vieillissement. Ce dialogue s’est articulé autour de huit tables rondes auxquelles ont participés 64 personnalités de haut-niveau. Dans les pays en développement, les personnes âgées sont celles qui transmettent les valeurs culturelles aux plus jeunes, qui s’occupent des enfants orphelins du sida et qui maintiennent la cohésion sociale. Ce sont également les personnes les plus vulnérables devant les catastrophes naturelles, la pauvreté ou la marginalisation sociale, en particulier les femmes. Une des priorités est donc de faire en sorte que les politiques de développement soient en adéquation avec le phénomène du vieillissement. Les Etats, les ONG et la société civile en général ont la responsabilité de travailler conjointement pour construire un modèle solide de vieillissement actif.
Dans les pays développés, les bonnes conditions de vieillissement sont dues aux retraites élevées, à l’existence de systèmes démocratiques, au respect des droits de l’homme et à des systèmes de santé et de protection sociale. Les personnes âgées peuvent mener des activités bénévoles et profiter des activités culturelles. Dans les pays en développement, il est indispensable de dédier plus de ressources aux personnes âgées et de développer des systèmes de prévention des risques. Les recherches à mener en matière de compréhension des phénomènes liés au vieillissement doivent en outre être centrées sur la relation entre la pauvreté et la santé, entre le vieillissement et le développement socioéconomique et sur le maintien de l’indépendance et la non-discrimination. La protection sociale est une condition première du vieillissement actif. Elle représente un complément idéal de l’emploi, des loisirs et des autres activités sociales. Il faut adopter des mesures à caractère économique et social. Le secteur public et le secteur privé doivent également coopérer pour établir des liens intergénérationnels, intersectoriels et internationaux. Les entreprises peuvent bénéficier de la nouvelle approche du vieillissement. Une société de tous les âges implique un environnement actif, sain et fonctionnel, qui corresponde aux besoins des différents groupes et facilite la solidarité intergénérationnelle tout en maintenant un statut d’égalité des personnes âgées dans la société.
ADOPTION DES DOCUMENTS FINAUX
Déclaration politique
Afin de faire face aux possibilités et aux défis du vieillissement de la population au XXIe siècle, la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement reconnaît que le monde connaît une transformation démographique sans précédent faisant que toutes les sociétés doivent promouvoir des possibilités accrues pour permettre aux personnes âgées de réaliser leur potentiel afin de participer pleinement à tous les aspects de la vie.
Pour ce faire, les représentants de gouvernements s'engagent à agir à tous les niveaux, notamment aux niveaux national et international, selon trois orientations prioritaires: les personnes âgées et le développement, la promotion de la santé et du bien-être jusque dans le troisième âge, et la création d'environnements porteurs et favorables. Ils réitèrent également l'engagement pris par leurs chefs d'Etat et de gouvernement aux principaux sommets et conférences des Nations Unies et dans la Déclaration du Millénaire de promouvoir l'instauration d'une société pour tous les âges.
Les gouvernements s’engagent à n’épargner aucun effort pour promouvoir et protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales, y compris le droit au développement, reconnaissant que les personnes, au fur et à mesure qu'elles vieillissent, devraient mener une vie caractérisée par l'épanouissement, la santé, la sécurité et la participation active à la vie économique, sociale, culturelle et politique de leur société. Ce faisant, ils reconnaissent la nécessité d'incorporer une perspective sexospécifique dans tous les programmes et politiques afin de tenir compte des besoins et expériences des hommes et des femmes âgés.
Les représentants des gouvernements reconnaissent qu'il importe de placer le vieillissement parmi les questions de développement ainsi que dans les stratégies d'élimination de la pauvreté.
Pour relever tous les défis associés au vieillissement, la Déclaration souligne l'importance de l'autonomisation des personnes âgées et de leur donner la possibilité de travailler aussi longtemps qu'elles le souhaitent et en sont capables. Il incombe au premier chef aux gouvernements de promouvoir et de fournir des services sociaux de base et des soins de santé physique et mentale pour tous, mais les Etats doivent aussi travailler avec les autorités locales, la société civile, le secteur privé, les bénévoles et les personnes âgées elles-mêmes.
Les représentants des gouvernements s'engagent à fournir aux personnes âgées un accès universel et équitable aux soins et aux services de santé. Ils s'engagent aussi à protéger les personnes âgées et à leur porter assistance dans les situations de conflit armé et sous occupation étrangère.
Enfin, ils invitent tous les peuples dans tous les pays et tous les secteurs de la société, individuellement ou collectivement, à partager cette vision d’une égalité pour les personnes tous âges.
Plan d'action international sur le vieillissement, 2002
Tout au long de ses 117 paragraphes, le Plan d'action préconise des changements dans les comportements, les politiques et les pratiques à tous les niveaux et dans tous les secteurs, afin de tirer parti du potentiel considérable qu'offre le vieillissement au XXIè siècle. L'objectif affirmé est de faire en sorte que tous puissent vieillir dans la sécurité et la dignité et participer à la vie de leurs sociétés en tant que citoyens disposant de tous les droits. Il met aussi l'accent sur l'élimination de la violence et de la discrimination à l'encontre des personnes âgées, l'égalité entre les sexes, l'importance de la famille, les soins et services de santé et la protection sociale pour les personnes âgées.
Les recommandations concrètes qui sont préconisées s'articulent autour de trois orientations prioritaires qui ont été définies de façon à orienter la formulation et la mise en oeuvre de politiques en vue d'adapter la société à un monde vieillissant tout en reconnaissant que les politiques à adopter varieront selon le pays et la région. Chacune s'accompagne de thèmes et d'objectifs spécifiques pour lesquels des actions sont recommandées.
La première orientation prioritaire -les personnes âgées et le développement- identifie huit thèmes qui exigent que des mesures soient prises d'urgence pour assurer l'intégration et l'autonomisation des personnes âgées, leur permettant ainsi de participer activement à la société, au développement et à la population active. Les gouvernements doivent à cet effet se concentrer sur la participation des personnes âgées à la prise de décisions à tous les niveaux, les possibilités d'emplois et la sécurité des revenus, la protection sociale et la prévention de la pauvreté des personnes âgées. Dans le cadre de cette première priorité, ils doivent enfin intégrer les migrants âgés dans leurs nouvelles communautés, garantir un accès égal des personnes âgées, y compris celles déplacées à l'intérieur d'un pays, à la nourriture, au logement et aux soins médicaux dans les situations de catastrophes naturelles ou d'urgence humanitaire.
Au titre de la promotion de la santé et du bien-être des personnes âgées, la deuxième orientation prioritaire du Plan d'action, les gouvernements doivent réduire les effets cumulatifs des facteurs augmentant le risque de maladie et garantir leur accès à une alimentation et à une nutrition adéquates. Ils sont aussi invités à éliminer les inégalités sociales et économiques fondées sur l'âge. Il leur est aussi demandé de mettre en place un continuum de soins de santé pour répondre aux besoins de santé des personnes âgées et à ce titre, fournir un appui aux services de soins palliatifs et à leur intégration dans la médecine générale.
Les gouvernements doivent renforcer et mieux reconnaître la contribution que les personnes âgées apportent au développement en soignant les enfants atteints de maladies chroniques, notamment du VIH/sida, ainsi que leur rôle en tant que parents de substitution.
Aux termes de la troisième orientation prioritaire -créer un environnement favorable et propice - les gouvernements sont appelés à engager une action en faveur du «vieillissement sur place» dans la communauté, en tenant dûment compte des préférences individuelles et en offrant aux personnes âgées des possibilités de logement abordables.
Les personnes âgées, notamment les femmes, doivent aussi être aidées à assumer leur rôle de prestataires de services. Dans cette partie, le projet de Plan traite également de l'abandon, des mauvais traitements et de la violence à l'encontre des personnes âgées. Les gouvernements doivent entre autres supprimer les rites liés au veuvage qui nuisent à la santé et au bien-être des femmes. Il leur faut aussi se pencher sur l'image que l'on donne des personnes âgées. Sur ce dernier point, les médias, ainsi que les secteurs public et privé doivent donner de ces dernières une image positive.
En matière d'application et de suivi de l'ensemble de ces dispositions, le projet de Plan prévoit qu'au niveau national la mise au point de programmes novateurs, la mobilisation de ressources financières et la mise en valeur des ressources humaines nécessaires doivent être menées de front. A l'échelon international, les gouvernements, tout en reconnaissant les possibilités offertes par la mondialisation, rappellent que de graves problèmes demeurent. Aussi longtemps que toutes les nations ne connaîtront pas les bienfaits du développement économique et social, un nombre croissant de peuples, de pays et même de régions entières demeureront marginalisées. Les gouvernements doivent mettre en oeuvre des politiques visant à aider les pays en développement et en transition à réagir efficacement à ces défis. Une meilleure cohérence et gouvernance des systèmes monétaires, financiers et commerciaux est, pour cela, nécessaire de manière urgente, ainsi qu'un prompt règlement concerté du problème de la dette des pays en développement. Ceux des pays développés qui ne l'ont pas encore fait sont aussi invités instamment à prendre des mesures concrètes pour atteindre l'objectif de consacrer 0,7% de leur produit national brut à l'Aide publique au développement et 0,15% aux pays les moins avancés.
Le Plan d'action appelle aussi à une coopération internationale renforcée et demande aux fonds et programmes des Nations Unies d'aider les pays à le mettre en oeuvre.
* Un résumé plus complet des documents a été publié dans notre communiqué SOC/M/21
Explications de positions
Le représentant du Canada a regretté que le texte ne contienne par de mesures pour venir en aide aux personnes âgées déplacées en affirmant la responsabilité des Etats en la matière et le rôle d’appui de la communauté internationale. De l’avis du représentant, cela aurait représenté un outil utile dans le règlement des questions relatives au vieillissement. Cette incohérence entravera l’efficacité de l’ONU a-t-il affirmé.
La représentante des Etats-Unis a qualifié le Plan d’action adopté cette après-midi de «complet et vigoureux». Elle a réaffirmé la prépondérance du droit et de la bonne gouvernance, de l’état de droit et du respect des droits de l’homme, ainsi que de la lutte contre toutes les formes de discrimination. Les Etats-Unis, a-t-elle continué, regrettent que le vocabulaire du Plan d’action sur les personnes déplacées à l’intérieur de leurs frontières ne reflète pas le vocabulaire qui avait fait l’objet d’un consensus dans d’autres enceintes l’année dernière. Rappelant que rien ne doit entraver la prestation des secours humanitaires, elle a indiqué que la référence faite aux résolutions de l’Assemblée générale dans la partie du Plan d’action relative aux personnes déplacées à l’intérieur de leurs frontières renvoie en fait à la résolution 56/104 de l’Assemblée générale. Elle a souligné que les dispositions relatives à la protection de la propriété intellectuelle et à la fourniture de médicaments ne s’appliquent qu’aux pays qui sont membres de l’Organisation mondiale du commerce.
Selon le représentant de la Norvège, la référence faite dans le Plan d’action aux résolutions de l’Assemblée générale dans le paragraphe relatif aux personnes déplacées à l’intérieur de leurs frontières doit être comprise comme renvoyant à la résolution récemment adoptée par l’Assemblée générale sur cette question.
La représentante du Venezuela, au nom du Groupe des 77, s’est félicitée que les besoins spécifiques des pays en développement soient bien reflétés dans le Plan d’action.
Remarques de clôture
Le Président de la Grande Commission, M. FELIPE PAOLILLO, Uruguay, a exprimé sa satisfaction quant aux résultats de cette Assemblée. C’est une joie circonspecte car nous sommes conscients d’avoir adopté des décisions très importantes qui peuvent signaler une ère nouvelle dans le traitement de la vieillesse mais nous savons que la Déclaration et le Plan d’action sont plus que l’aboutissement d’un processus de négociation; il s’agit en fait du début d’un processus d’exécution visant à améliorer la situation des générations âgées, a-t-il dit. Nous espérons que ce Plan sera réellement mis en œuvre.
M. NITIN DESAI, Secrétaire Général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales, a souligné que ce qui a été accompli à Madrid est de la plus haute importance. C’est une décision haute et claire, le vrai défi est de voir comment le potentiel de cette réalisation peut être utilisé. Durant les 50 dernières années, il y a eu une augmentation incroyable des jeunes et de la population active. Pour les 50 prochaines années, le défi sera le vieillissement de la population. Il faut mettre le vieillissement au premier rang des priorités. Cette Conférence a fait comprendre que ce défi est aussi celui des pays en développement dans lesquels l’évolution sera la plus importante. Le processus que vous lancerez au niveau national est de la plus haute importance. Soyez surs qu’il y a vraiment une volonté d’aider au niveau de la communauté internationale. J’espère aussi que les ONG maintiendront la pression, ce sont elles en effet qui ont amené les gouvernements à se réunir.
M. JUAN JOSÉ LUCAS, Vice- Président ex-officio de cette Assemblée (Espagne), a rappelé qu’il s’agissait de conférer aux personnes âgées l’importance qui leur revient. Elle sont en effet le point de contact entre le passé et le futur. Notre objectif a été de poser les jalons pour répondre à leurs besoins. Il faut changer l’image du vieillissement. Nous devons aussi relever les défis qui consistent à fournir les services nécessaires aux personnes âgées. Il faut construire une société pour tous les âges compte tenu des besoins de chacun. Le Plan d’action intègre le vieillissement dans la lutte contre la pauvreté et rappelle l’importance du vieillissement actif, de la solidarité intergénérationnelle et la nécessité d’apporter une assistance aux pays en développement.
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