LES SPECIFICITES DE LA QUESTION DU VIEILLISSEMENT DANS LES TERRITOIRES PALESTINIENS ET DANS CERTAINS PAYS EN TRANSITION ONT ETE AU CŒUR DES DEBATS
Communiqué de presse SOC/4596 |
Deuxième Assemblée mondiale
sur le vieillissement
LES SPECIFICITES DE LA QUESTION DU VIEILLISSEMENT DANS LES TERRITOIRES PALESTINIENS ET DANS CERTAINS PAYS EN TRANSITION ONT ETE AU CŒUR DES DEBATS
La deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement a poursuivi ce matin ses travaux à Madrid et, à ce quatrième jour de son débat général, a entendu de nouveau les délégations plaider pour un vieillissement productif dans un cadre de vie sûr et propice. La situation spécifique vécue par les personnes âgées dans les territoires palestiniens, dans les pays en transition ainsi que la question des inégalités qui, d’une manière générale, touchent les aînés, ont été au centre des interventions prononcées ce matin devant l’Assemblée qui a également entendu plusieurs représentants de la société civile.
Les nombreuses délégations des pays arabes qui ont pris la parole ont insisté sur les maux endurés par le peuple palestinien. « Les personnes âgées sont celles qui souffrent le plus », a souligné l’observatrice de la Palestine, a ajoutant que la destruction des infrastructures rend impossible la fourniture de soins aux victimes de la guerre, en particulier les personnes âgées. De son côté, le représentant d’Israël a déploré ce qu’il a qualifié de « détournement » du dialogue en cours dans cette réunion au nom de « projets politiques étriqués et hostiles ». Il a lancé un appel pour que la question des personnes âgée demeure la préoccupation principale des intervenants. Il a ajouté que parmi les victimes des attentats suicides perpétrés dans son pays, se trouvaient des personnes âgées, dont plusieurs survivants de l’holocauste. La délégation palestinienne a souligné l’urgence de l’envoi d’une force internationale qui faciliterait l’aide aux personnes les plus vulnérables, au rang desquelles figurent les personnes âgées.
Les difficultés rencontrées par les personnes âgées dans les périodes de transition vers une économie de marché ont été évoquées par trois pays, la Lituanie, la Lettonie et la Slovaquie. Selon la Ministre de la sécurité sociale et du travail de la Lituanie, les dix dernières années « ont été particulièrement douloureuses, surtout pour les personnes âgées qui n’ont pas pu saisir aussi facilement que les jeunes les nouvelles chances offertes par l’économie de marché». En Lettonie, il a fallu restructurer le système sur la base de la stimulation du sens individuel, de la responsabilité et apporter des changements importants au régime de sécurité sociale. Dans ce contexte, ce pays, tout comme la Slovaquie, a dit partager la conviction de l’Union européenne selon laquelle la question du financement des retraites ne peut être réglée qu’en envisageant un allongement de la vie active, changement peu aisé compte tenu des taux de chômage.
Plusieurs délégations ont insisté sur le devoir des gouvernements en terme de réduction des inégalités naturelles face au vieillissement. Selon le Secrétaire d’Etat à la coopération et au développement de la Belgique, s’il faut réduire les inégalités entre les pays développés et les pays en développement, il faut garder à l’esprit que ces dernières ne sont pas toujours celles que l’on croit. En effet, les pays développés ont des leçons à tirer des pays en développement en ce qui concerne le respect des anciens et leur intégration dans la société. Cette intégration passe, de l’avis des délégations irlandaise, britannique et libanaise, par une plus grande autonomisation des personnes âgées et un respect de leur droit de choisir leur mode de vies et de participer à la prise des décisions qui les concernent.
A cet égard, le Plan d’action qui sera adopté doit, de l’avis du Ministre délégué chargé de la question des pensions du Royaume-Uni, refléter les différentes stratégies à développer en fonction de la diversité des situations propres aux personnes âgées.
Outre les personnalités déjà citées, ont également pris la parole dans le cadre de l’échange de vues de ce matin les Ministres et Haut-responsables des pays suivants : Algérie, Colombie, Ouganda, Monaco, Arabie saoudite. Les responsables du Programme des Volontaires des Nations Unies, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-rouge et du Croissant-Rouge, de Brahma Kumaris World spiritual University, de la Confederación Española de Organizaciones de Mayores (CEOMA) et de l’Unión Democrática de Pensionistas sont également intervenus.
L’Assemblée reprendra ses travaux cet après-midi à 15 heures.
Suite de l’échange de vues général
M. EDDY BOUTMANS, Secrétaire d’Etat à la coopération et au développement de la Belgique : Pour construire une société viable, il importe d’éveiller et d’entretenir le désir de vivre ensemble. Le vieillissement fait dorénavant partie intégrante à large échelle de l’expérience humaine. Il est important de valoriser les compétences des aînés ainsi que de favoriser leur consultation dans toute une série d’aspects de la vie citoyenne. Même dans les pays où une forte tradition de sécurité sociale existe, le vieillissement de la population nous oblige à réexaminer le rapport entre population active et non active. Ainsi, nous en arrivons logiquement à encourager le prolongement de la vie professionnelle pour celles et ceux qui le souhaitent L’épanouissement de la personne âgée implique en outre une meilleure articulation entre la vie privée et la vie professionnelle afin de mieux répartir tout au long de la vie les diverses phases de formation. Il faut développer partout une politique adéquate qui réponde aux défis du vieillissement qui repose sur le développement des services nécessaires aux personnes âgées, la suppression des obstacles financiers à l’accès aux biens et services nécessaires, la promotion d’une meilleure répartition entre hommes et femmes des charges liées au maintien à domicile.
Le devoir des gouvernements est de corriger les inégalités naturelles face au vieillissement. A cet égard, un dialogue étroit avec tous les acteurs concernés constitue un outil irremplaçable. La vieillesse est également inégale entre le Nord et le Sud. Les pays pauvres n’ont certes pas à offrir tous les services disponibles dans le monde industrialisé mais beaucoup de pays du Sud ont encore de grandes leçons à donner aux pays occidentaux en ce qui concerne le respect des anciens et leur intégration dans la société. Nous plaidons donc aujourd’hui en faveur d’un ralliement universel, massif, autour de ces valeurs et de ces pratiques battues aujourd’hui en brèche par tant de facteurs négatifs dont la misère et les maladies ne sont pas les moindres. La Belgique estime en outre que le programme d’action souffre de son volume et de son ambition d’être trop de choses pour trop de personnes. Nous regrettons qu’une approche fondée sur un processus de négociation moins basé sur les rituels des experts et bien davantage sur la recherche et la consolidation des volontés politiques n’ait pas été adoptée.
M. PETER MAGVASI, Ministre du travail, des affaires sociales et de la famille de la Slovaquie : Le défi central du nouveau millénaire est d’améliorer la qualité de la vie des personnes âgées. En Slovaquie, nous sommes conscients que le succès des changements de notre société dépend en grande partie du choix de stratégies appropriées et interdépendantes dans les domaines de l’emploi, de la sécurité des retraites et des services de santé, ainsi que de l’appui que nous apporterons à la cohésion sociale. La politique de “vieillissement actif” repose en Slovaquie sur: l’allongement de la formation et de l’apprentissage au-delà de l’âge de la retraire; l’intégration du vieillissement dans les politiques d’emploi; la réduction de la vulnérabilité du régime des retraites aux changements démographiques; le renforcement des services sociaux et médicaux; la participation des personnes âgées au secteur volontaire non gouvernemental.
L’élimination de la discrimination sur le marché du travail et la garantie d’un traitement égal dans la vie professionnelle reposent sur la reconnaissance du droit et de la capacité des personnes âgées à travailler. Nous sommes satisfaits que cette façon de voir soit aussi celle de l’Union européenne, à laquelle nous souhaitons adhérer. En conclusion, la Slovaquie espère que l’idée conventionnelle selon laquelle il existe une frontière entre les périodes productives et post productives de la vie sera remplacée par une politique visant à améliorer la qualité du vieillissement et reposant sur la convergence de l’éducation, du travail et des activités de loisir.
M. HEDI MHENNI, Ministre des affaires sociales de la Tunisie : Du fait du danger que représente la pauvreté, je rappelle l’appel adressé par le Président Ben Ali en vue de mettre en place un Fonds mondial de la solidarité. Le rapport du Secrétaire général des Nations Unies montre que les pays en développement sont confrontés en même temps aux défis liés aux politiques de développement et à une constante augmentation de la proportion des personnes âgées. Alors que les soins adressés aux personnes âgées sont aisés pour les Etats stables, c’est une entreprise difficile pour les pays sous occupation ou ceux victimes de conflits armés. Les atrocités actuelles dans les territoires palestiniens occupés perpétrées par les forces d’occupation israéliennes, incluant l’oppression et des assassinats en masse, contredisent les droits de l’homme fondamentaux et ignorent totalement les droits et les souffrances des enfants, des femmes et des personnes âgées ainsi que des blessés. Nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour mettre fin à cette situation tragique et à protéger le peuple palestinien de ces pratiques inhumaines.
La politique de la Tunisie concernant les personnes âgées tend à préserver les liens entre les générations. La législation tunisienne en faveur des personnes âgées du 31 octobre1994 insiste sur les devoirs de la famille, la société et l’Etat en la matière. L’option fondamentale de la Tunisie est de faire en sorte que les personnes âgées restent au sein de la famille. L’Etat offre aux personnes âgées nécessiteuses des soins, une assistance au sein de la famille. La part de la population de personnes âgées en Tunisie était de 6,7 % en 1984, elle est de 9% actuellement et passera probablement à 18% en 2029. Il faut effectuer des réformes radicales dans les systèmes en faveur des personnes âgées à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé, afin de préserver l’équilibre des systèmes de sécurité social. Nous envisageons ainsi d’initier un système prévoyant une pension minimum fondée sur la distribution et également des mécanismes supplémentaires de capitalisation.
M. IAN MCCARTHY, Ministre d’Etat aux pensions du Royaume-Uni : Le Plan international d’action sur le vieillissement reconnaît qu’un des problèmes majeurs auquel sont confrontées les personnes âgées à trait à la sécurité financière. En Grande-Bretagne, nous souhaitons que toutes les personnes âgées disposent de retraites décentes, suffisantes et durables. Nous souhaitons également qu’elles demeurent des membres actifs et importants de la famille et de la société en général. Nous reconnaissons en outre la nécessité de donner aux personnes âgées des possibilités de travailler plus longtemps et d’apprendre tout au long de leur vie.
Il faut également changer le point de vue étroit de la société sur la vieillesse et donner aux personnes âgées les moyens de s’affirmer. Pour ce faire, il faut dégager les ressources nécessaires pour développer les services dont ils ont besoin à travers, notamment, des partenariats avec le secteur privé et les ONG afin de mieux administrer les programmes en leur faveur. Au cœur de l’approche du Royaume-Uni réside la conviction que la personne âgée doit avoir le choix de son mode de vie. Enfin, le Plan d’action doit refléter les différentes stratégies à développer en fonction de la diversité des réalités historiques et culturelles des pays.
Mme VILIJA BLINKEVICIUTE, Ministre de la sécurité sociale et du travail de la Lituanie : Il y a 12 ans, la Lituanie est entrée dans une période complexe de transformations économiques et sociales. Pour beaucoup de nos citoyens, et particulièrement pour les personnes âgées, c’était une période difficile et douloureuse, car beaucoup n’ont pas pu saisir aussi facilement que les jeunes les nouvelles chances offertes par l’économie de marché. Ils se sont en conséquence sentis socialement exclus. Consciente de ce que le succès des réformes repose sur le fait que les citoyens ressentent le changement comme affectant positivement leur qualité de vie, la Lituanie a établi les bases d’une société pour tous les âges et a mis en place un vaste programme d’actions en faveur des personnes âgées. Puis, la situation laissant encore à désirer, la “société de tous les âges” a été promue plus avant par des politiques d’emploi, de santé et de sécurité sociale. Prenant en compte le fait que le vieillissement a une incidence sur le rapport de soutien économique, et la baisse du nombre d’actifs, la Lituanie encourage les personnes âgées qui le souhaitent à se maintenir sur le marché du travail aussi longtemps que possible. Notons cependant qu’aujourd’hui en Lituanie, en raison des taux élevés de chômage, cette politique doit être coordonnée avec des instruments de protection des chômeurs. Nous sommes convaincus qu’une politique qui stimule l’activité et la productivité des générations en âge de travailler n’est pas moins importante qu’une politique directement orientée vers les personnes âgées.
M. ALVARO PATIÑO PULIDO, Vice-Ministre du travail et de la sécurité sociale de la Colombie : Bien que notre pays ne dispose pas à proprement parler de politique publique sur le vieillissement, nous avons dans les 15 dernières années, développé un certain nombre d’actions visant à améliorer les conditions de vie des personnes âgées. Ainsi, plus de 60% des personnes de plus de 60 ans bénéficient aujourd’hui d’une couverture santé. En matière de communication, l’action s’est récemment concentrée sur la divulgation de programmes visant à promouvoir des modes de vie sains. La violence familiale fait l’objet de politiques structurées de prévention. En ce qui concerne la culture et les loisirs, les personnes âgées disposant de qualités artistiques peuvent bénéficier d’une formation gratuite et le programme «Nouveau début» appuie l’échange d’activités récréatives et culturelles entre personnes âgées indigentes. Cependant, la Colombie souhaite construire collectivement, avec la participation des secteurs public et privé, une politique publique de long terme en matière de vieillissement, fondée sur un diagnostic qui inclue les résultats des recherches spécifiques. Cette politique, d’envergure holiste et adaptée aux besoins du pays, doit prendre en compte les droits et les devoirs des personnes âgées, l’éducation et la culture pour tous, l’amélioration des services de santé et de logement adressés aux personnes âgées. Pour cela, nous avons besoin de la coopération technique internationale, notamment afin de cofinancer des projets visant à renforcer les programmes publics.
Mme FLORENCE NAYIGA SSEKABIRA, Ministre délégué chargé des questions relatives aux personnes âgées et aux handicapés de l’Ouganda : En Afrique, la population de personnes âgées estimée actuellement à 38 millions devrait passer à 212 millions en 2050 malgré la pauvreté chronique et les effets du sida. Il faut des mesures urgentes en faveur des personnes âgées. Leur vulnérabilité en Afrique est due à plusieurs facteurs comme par exemple l’affaiblissement de la capacité de la famille à prendre en charge les anciens du fait des changements socioéconomiques ou encore les effets du sida qui forcent les personnes âgées à s’occuper des malades puis des orphelins.
En Ouganda, selon le dernier recensement de 1991, la part des personnes âgées de 60 ans et plus est de 4,11%. Le nombre de personnes âgées devrait augmenter. Le Gouvernement a nommé un Ministre délégué responsable des affaires des personnes âgées auprès du Ministère de l’égalité des sexes. Le Gouvernement a en outre préparé une politique nationale sur les personnes âgées et un plan d’action national, qui sera présenté au Parlement. Le Gouvernement reconnaît le besoin d’actions unifiées avec les autres Etats africains.. L’Ouganda voudrait aussi adopter certaines mesures qui considéreraient notamment l’emploi, la santé et les préoccupations sociales comme des problèmes critiques pour la situation pour des personnes âgées. Les politiques relatives aux personnes âgées devraient s’appuyer sur la recherche. Le cadre de politique devrait se concentrer sur l’intégration des personnes âgées dans les activités de développement au sein des communautés où elles vivent.
M. HERZL INBAR, Israël : Le traitement de la question du vieillissement souffre du manque de connaissances du public et du monde professionnel qui s’occupe des personnes âgées. Il y a aussi peu de connaissance des éléments qui pourraient prévenir les incapacités ainsi qu’une faible intégration sociale des aînés. C’est pourquoi il faut valoriser les principes fondés sur la promotion de l’indépendance et de l’autonomie dans un environnement non restrictif et respecter le désir des personnes âgées de rester chez elles. Il est également indispensable de leur assurer un droit à la formation et à la prise de décisions quant aux mesures relatives à leur santé notamment. Le système de retraites à la carte doit être encouragé, de même que l’engagement des personnes âgées dans des actions bénévoles. L’inégalité des personnes âgées doit être combattue et il faut parvenir à réduire les disparités entre les pauvres et riches par des mécanismes de financement et d’éligibilité ainsi que par le maintien d’un partenariat intergénérations. Les médias doivent quant à eux changer les stéréotypes qui touchent la vieillesse. Il faut également prévenir la discrimination fondée sur l’âge.
Dans ce contexte, Israël a pris un nombre de mesures au premier rang desquelles on trouve le renforcement des services de santé qui a abouti à la mise en place d’une formule individuelle pondérée en fonction de l’âge. Des pensions indépendantes de celles de leurs conjoints ont de même été établies pour les femmes âgées qui n’ont jamais travaillé. Le Gouvernement d’Israël s’efforce en outre d’améliorer la qualité des soins, y compris pour la population arabe vieillissante. Il faut aussi souligner qu’il est de la responsabilité de l’ensemble de la société de traiter la question de la vieillesse. Des projets politiques étriqués et hostiles ne doivent pas mettre en danger ni détourner les travaux de l’Assemblée. Ceux qui utilisent la haine et la terreur et qui recourent à la désinformation ne doivent pas perdre de vue la question qui se pose aujourd’hui qui est celle d’analyser ce que nos pays ont fait pour répondre aux besoins des personnes âgées. Les pays arabes doivent travailler ensemble au bénéfice des citoyens de la région. Les auteurs d’actes de terrorisme en Israël ont fait des victimes parmi les personnes âgées. Parmi les 400 civils israéliens tués dans des attentats suicides, plus de 50 étaient âgés de plus 60 ans. Le mois dernier, 25 personnes âgées, des survivants de l’holocauste, ont été tuées. Enfin, nous voudrions rappeler un des préceptes du Talmud qui stipule: «Tu respecteras et vénéreras les personnes âgées».
M. JACQUES L. BOISSON, Monaco : Il convient d’accorder une attention particulière aux personnes âgées du continent africain affectées par les mutations démographiques intervenues dans les 20 dernières années, alors que les anciens sont souvent les dépositaires de traditions orales exceptionnelles, riches en connaissances sociologiques, scientifiques et médicales, en pharmacopée ou encore en cosmogonie. Avec une espérance de vie plus longue, une amélioration incontestable de leur santé, de leur mobilité et de leur vivacité d’esprit, nos aînés aspirent très normalement à retrouver une juste place dans nos sociétés et à y jouer un rôle actif et utile revendiquant par la même le droit à un destin. Ce destin, nous le leur devons parce qu’ils ont largement contribué à l’éclosion des progrès et à l’amélioration de nos propres conditions de vie, parce qu’ils nous ont de surcroît transmis leur savoir et leurs connaissances ainsi que le fruit d’un travail et d’une expérience dont nous bénéficions aujourd’hui.
Monaco apprécie que le Plan d’action sur le vieillissement propose une série de mesures qui devraient contribuer à résoudre un certain mal-être de même que nombre des difficultés rencontrées, de nos jours, par les personnes âgées, telles que les handicaps de santé, l’isolement, la maltraitance ou encore la précarité, souvent aggravée par le sous-développement. 22,4% de la population monégasque étant âgée de plus de 64 ans, Monaco a mis en place une politique volontariste en faveur des personnes âgées qui associe aux soutiens financiers des mesures destinées au maintien de leur cadre de vie, de même que des liens sociaux indispensables à leur épanouissement.
M. DJAMEL OULD ABBES, Ministre de l’action sociale et de la solidarité nationale de l’Algérie : L’environnement économique international qui, à la faveur d’une mondialisation débridée accorde de moins en moins de place aux catégories fragiles de la société, dont les personnes âgées, a conduit de nombreux pays à mobiliser les ressources pour des besoins et des priorités immédiates. S’il est une région où la situation des personnes âgées a atteint un niveau de précarité élevé, c’est bien l’Afrique où les personnes âgées sont les premières à subir les conséquences d’une crise multidimensionnelle que traverse le continent. On ne peut en outre pas garder le silence devant les tragiques et terribles conditions de vie que connaît le peuple palestinien avec l’agression israélienne continue et la réoccupation des territoires. Le déni fait aux droits les plus élémentaires de l’homme palestinien conjugué à l’humiliation doit interpeller notre conscience pour condamner la politique et les pratiques israéliennes dont sont victimes non seulement les jeunes mais également les enfants et les personnes âgées.
La personne âgée bénéficie de l’attention particulière de l’Etat algérien agissant par le biais du Ministère de l’action sociale et de la solidarité nationale et le Ministère du travail et de la sécurité sociale, par la mise en place de mécanismes à même de conforter matériellement et moralement la condition sociale de la personne âgée et son plein épanouissement au sein de la société. Dans notre société, la personne âgée a toujours joué un rôle central au sein de la famille. La modernité et ce qu’elle comporte comme défis et contraintes risque de porter atteinte à cet équilibre et à ce comportement. C’est pour cela que la protection des personnes âgées en Algérie est assurée par un large éventail législatif. Ces dispositions s’inspirent des grands principes du droit musulman.
M. HUSSEIN MAJED, Liban : Les personnes tuées et déplacées, le génocide injustifié, la destruction de la vie sont un crime impardonnable. Dans le contexte d’attaques militaires, il faut analyser la question de l’assassinat de personnes âgées. Le Liban arabe, qui incarne la paix et la résistance, demande une paix juste en Palestine et dans toutes les régions du monde afin d’assurer le développement de l’humanité. Les gouvernements ont une responsabilité particulière à l’égard des personnes âgées. Ils doivent lutter contre leur isolement et leur marginalisation. La société dans son ensemble doit comprendre que nous partageons le destin des personnes âgées. Il faut en outre défendre les valeurs sociales qui sont à la base de la cohésion de la famille.
Suivant la stratégie internationale et les recommandations définies par l’Assemblée sur le vieillissement de 1982, le Gouvernement libanais a décidé d’établir une Commission nationale permanente sur le vieillissement dont la tâche essentielle est de développer des activités de conseil et des actions en faveur des personnes âgées. Cette commission est composée d’institutions officielles et privées ainsi que de professionnels et d’ONG. L’Etat libanais assure une retraite aux personnes âgées ainsi qu’une sécurité sociale grâce à un arsenal législatif. Il existe en outre des services de santé, de loisirs, des restaurants gratuits et un système d’appui aux familles qui s’occupent des personnes âgées. Il faut en outre augmenter la prise de conscience sur le besoin de s’occuper des personnes âgées et accorder une priorité aux pauvres, aux malades et aux femmes. Enfin, il faut donner aux personnes âgées les moyens de participer à la recherche de solutions à leurs propres problèmes.
M. DECLAN O’DONOVAN, Irlande : La population d’Irlande est relativement jeune dans le monde développé avec 45% des Irlandais âgés de 24 ans ou moins. La population de personnes âgées, actuellement estimée à 15% devrait cependant représenter 28% de la population en 2050, ce qui présentera des problèmes à résoudre pour l’Irlande. Avec l’amélioration de son économie depuis 1995, le Gouvernement irlandais a pu améliorer la condition des personnes âgées à l’aide de services dans les domaines de la santé, les pensions et le logement. Des financements supplémentaires ont en effet permis d’accroître le niveau de services, les soins de longue durée ont aussi été améliorés du fait de la construction d’unités de soins communautaires.
Mais beaucoup reste à faire. Des actions seront prises en faveur des personnes âgées concernant par exemple le traitement de la démence, et d’une manière générale, le financement des soins de longue durée et l’appui à ceux qui prodiguent les soins à titre privé. Pour ce qui est des pensions, une nouvelle loi, votée par les deux chambres du Parlement, permettra de bénéficier notamment de retraites professionnelles et de pensions privées. Un certain nombre de mesures ont été prises au titre desquelles les personnes de plus de 65 ans peuvent bénéficier de services gratuits, en ce qui concerne notamment les transports, l’électricité, le téléphone. Je suis aussi heureux d’annoncer qu’un rapport majeur sur les sévices contre les personnes âgées sera achevé fin juin après deux années de recherche. Je voudrais aussi rendre hommage au Conseil national sur le vieillissement et les personnes âgées. Le Gouvernement irlandais se félicite par ailleurs du Plan international d’action sur le vieillissement de 2002. A cet égard, la promotion de la santé ne pourra atteindre les résultats désirés que si les personnes âgées elles-mêmes, les professionnels de la santé et la société en général sont tous convaincus de la valeur de tels programmes. La participation est par ailleurs une composante centrale d’un vieillissement en bonne santé, et il est exact que les personnes âgées devraient pouvoir influencer la prise de décisions dans tous les domaines de la politique. Il faudra aussi veiller à ce que les personnes âgées ne soient pas exclues des activités de promotion de la santé ou des mesures de prévention ciblant habituellement les jeunes.
M. TALAT H. ALWAZNA, Arabie saoudite : La première Assemblée sur le vieillissement tenue à Vienne en 1982 avait élaboré un Plan d’action international intégral; nous récoltons maintenant les fruits des politiques mises en oeuvre en conformité avec cette stratégie. Sur la base des préceptes de la religion musulmane et des valeurs arabes, l’Arabie saoudite assure la protection des personnes âgées et leur offre une vie digne. La proportion des personnes âgées est appelée à augmenter dans notre société et nous devrons intensifier les efforts en leur faveur. Dans cette optique, nous cherchons à les associer aux projets de développement civil, à les encourager à participer aux activités bénévoles et à rester intégrées dans leur cellule familiale. Nous pensons qu’il est nécessaire d’inculquer les valeurs religieuses afin de promouvoir la solidarité entre les membres d’une même famille et de permettre aux anciens de vieillir dans la sérénité. L’Arabie saoudite fournit un soutien aux personnes âgées sous la forme de pensions de retraites pour les fonctionnaires, de régime de sécurité sociale pour les ouvriers et pour les personnes âgées qui n’ont jamais travaillé, de soins de santé gratuits, de maisons de retraites pour ceux qui ne sont pas pris en charge par leur famille, de soins ambulatoires aux personnes âgées vivant dans leurs familles et de conseils et associations pour les personnes âgées. Convaincus que l’expérience arabe en matière de soins aux personnes âgées peut servir d’inspiration à tous les pays, nous souhaitons en conclusion exprimer notre profonde préoccupation face aux souffrances indicibles du peuple palestinien.
Mme GUNTA ROBEZNIECE, Lettonie : Du fait que les soins institutionnels pour les personnes âgées étaient en marge de la société avant les années 1990, il a notamment fallu restructurer le système sur la base de la stimulation du sens individuel de la responsabilité et apporter des changements importants aux régimes de sécurité sociale. La situation s’est aggravée durant la transition vers l’économie de marché, le point le plus bas étant notamment atteint en 1994. La part des personnes âgées représente actuellement 20% de la population.
Durant la première moitié des années 90, la Lettonie a changé complètement son régime de pensions. L’un des principaux buts était de renverser la tendance à la hausse des dépenses de santé et de libéraliser le marché, ces buts ont été atteints. En 1995, la Lettonie a été le premier pays d’Europe centrale à mettre en place un plan de contribution mensuelle, conçu avec l’aide de la Suède. Nous avons actuellement un système de retraite à deux voies. Du fait du chômage important, il est difficile de faire accepter psychologiquement l’allongement de la durée de la vie active, nous avons cependant augmenté graduellement l’âge de la retraite obligatoire à 62 ans même si les travailleurs peuvent partir lorsqu’ils le veulent, un départ à la retraite à la carte offre un choix aux travailleurs.
Mme SOMAIA S. BARGHOUTI, Palestine : Israël, le pays et l’armée, s’adonne aux pires actes de guerre et ne cesse de violer tous les droits de l’homme du peuple palestinien en faisant fi du droit humanitaire international, et en particulier des résolutions du Conseil de sécurité. Sharon a promis de causer de grands dommages à la Palestine, il a promis la guerre et rien que la guerre. Nous lançons donc un appel pour condamner les pratiques sauvages d’Israël. Cependant, l’histoire et l’expérience des peuples luttant pour leur indépendance nous a enseigné que la victoire est inévitable, même s’il faut attendre longtemps. Les Palestiniens marcheront la tête haute et clameront la liberté.
Le peuple palestinien vit sous les dures conditions de l’occupation. Depuis le 28 septembre 2000, 1 200 palestiniens, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées sont morts. Le peuple palestinien est soumis à un châtiment collectif, à des détentions massives, des couvre-feux qui ont un effet négatif sur la vie socioéconomique. Dans ce contexte, les personnes âgées sont celles qui souffrent le plus. Les médias ont montré des femmes, des enfants et des personnes âgées qui ne peuvent plus circuler pour se faire soigner car les rues sont détruites. Il existe en outre une grave pénurie d’aliments de base et la situation est particulièrement critique dans les camps de réfugiés. Le Ministère des affaires sociales tente néanmoins de fournir des soins à toutes les personnes qui en ont besoin, y compris aux personnes âgées. Un travail est fait pour la promotion du rôle de la famille, de l’autosuffisance et de la restructuration des logements. Le Gouvernement travaille actuellement à la création d’un conseil de haut niveau sur le vieillissement qui regroupera tous les ministères. Il faut également réexaminer les programmes d’éducation. La communauté internationale, les Nations Unies et les pays donateurs doivent assumer leurs responsabilités à l’égard du peuple palestinien, y compris les personnes âgées, et créer une force internationale qui devra protéger le peuple palestinien jusqu’à l’établissement d’un Etat palestinien indépendant ayant Jérusalem Est pour capitale.
Mme SHARON CAPELING-ALAKIJA, Coordinatrice exécutive des Volontaires des Nations Unies : Nombreuses sont les personnes âgées de toutes les cultures, qui, loin de se retirer de la société, continuent à contribuer activement à la communauté en offrant de façon volontaire leurs services aux organisations non gouvernementales, aux gouvernements et, de plus en plus, au secteur privé. Le volontariat fournit aux anciens la possibilité de participer activement à la société et les aide à conserver respect de soi et dignité. Et alors que le volontariat n’est pas un phénomène nouveau, l’attention qu’il reçoit de la part de la communauté internationale, elle, est inédite. Les activités volontaires sont un moyen d’augmenter les ressources, de répondre aux préoccupations sociales et de fournir à tous les groupes de la société la possibilité de s’impliquer socialement.
Les Volontaires des Nations Unies sont satisfaits de noter que le Plan d’action international fait explicitement référence au volontariat en affirmant notamment que la participation des personnes âgées, y compris à des activités volontaires, doit être encouragée. Les effets bénéfiques du volontariat commencent à être largement reconnus et le texte qui sera adopté à la fin de l’Assemblée contribuera considérablement à consolider ce concept. Il est également bienvenu que ce texte mentionne le soutien que le secteur public doit apporter au volontariat. Un pays qui ne donne pas à ses personnes âgées la possibilité de participer à la vie sociale se prive en fait de personnes pleinement utiles et capables de contribuer positivement au bien-être général. Considérons le volontariat d’une façon stratégique et pro-active et non comme un phénomène que, à l’instar de la maternité, nous chérissons tous, mais qui se produit de toutes façons et ne requiert aucun soutien officiel au-delà de paroles d’encouragement.
M. JUAN ANUEL SUAREZ DEL TORO RIVERO, Président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : Nous ne pouvons pas nous limiter à parler des politiques de retraite et d’assistance aux personnes âgées, nous devons aller au-delà. Notre objectif est de promouvoir des arrangements de coopération entre les Gouvernements et la société civile, tant aux niveaux nationaux qu’international, afin de mettre en place des mécanismes durables qui fassent du vieillissement une réalité pleinement assumée. La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est en train de rénover son intervention en faveur des personnes âgées, selon les lignes suivantes : meilleure intégration des personnes âgées dans le personnel volontaire, à tous les niveaux, y compris au niveau de la prise de décisions ; appui aux personnes âgées qui luttent contre les effets du VIH/sida, spécialement celles qui s’occupent de leurs enfants malades ou de leurs petits-enfants orphelins ; amélioration de l’attention aux personnes âgées réfugiées, déplacées ou qui se sont vues dans l’obligation de migrer ; priorité aux interventions visant à octroyer davantage d’autonomie aux personnes âgées ; recherche de formes de coopération avec les autres organisations de la société civile ; amélioration de l’attention accordée aux personnes âgées touchées par des conflits ou des désastres naturels.
Mme DADI JANKI, Brahma Kumaris World Spiritual University : La Brahma Kumaris World Spiritual University est convaincue qu’une société intégrée, respectant la culture de la paix, la dignité et prenant soin des siens, doit reposer sur la conscience de la nature fondamentalement spirituelle de l’être humain. Il y a en chacun de nous beaucoup plus que le corps; notre corps abrite un esprit, que nous soyons faibles ou forts, jeunes ou vieux, et c’est cet esprit qui confère valeur à nos vies et qui est à la base des droits de l’homme. La construction d’une “société pour tous les âges” doit reconnaître le vieillissement actif; en faisant des personnes âgées des acteurs à part entière de nos sociétés, leur estime de soi et leur dignité seront rehaussées. Les valeurs, les principes et la sagesse que les anciens peuvent apporter aux autres sont des trésors oubliés. Comme le ferment du conflit est dans la nature de chacun de nous, les anciens devraient être encouragés à nous aider à rechercher et à cultiver une paix intérieure. Nous avons clairement besoin de valeurs telles que le respect, la coopération et l’unité. Nous devons unir nos efforts pour développer ces valeurs et exprimer, dans notre vie pratique, ces changements d’attitude, de pensée et de comportement. Le changement collectif est possible mais il commence avec chacun de nous.
M. EDUARDO RODRIGUEZ ROVIRA, Président de la Confederación Española de Organizaciones de Mayores (CEOMA) et Coprésident du Forum des ONG : Le Forum des organisations non gouvernementales qui s’est tenu du 5 au 9 avril, avec très peu de ressources financières mais avec grand enthousiasme, a réuni 3 500 personnes, 1 000 ONG issues de plus de 110 pays au cours de 160 tables rondes. Je souhaite vous présenter la déclaration finale de ce Forum. Les personnes âgées vivent dans des situations peu dignes, de pauvreté, de marginalisation, c’est un groupe invisible. Elles ne sont pas reconnues à la hauteur de leur représentation démographique. Nous demandons que soit strictement appliquée la Déclaration des droits de l’homme, qui s’applique à tous les citoyens quel que soit leur âge. Dans ses propositions et recommandations, le Forum demande également que soit préparée une convention en vue d’éliminer les discriminations contre les personnes âgées en tant qu’instrument de haut niveau. Les gouvernements ont la responsabilité de développer des systèmes de pensions. Ils devraient encourager le développement de réseaux sociaux et de santé en permettant aux personnes âgées de vivre dignement chez elles.
La communauté internationale doit par ailleurs envisager l’annulation de la dette extérieure. Les Nations Unies devraient approuver la création d’un fonds d’urgence sociale pour couvrir les effets de la guerre, les crises graves, surtout chez les personnes âgées dans les pays en développement. Nous demandons la création d’un Conseil de personnes âgées pour la paix afin d’encourager la coopération entre les personnes de différents pays et de mener des initiatives en faveur de la paix. Il faut aussi assurer l’indépendance et la sécurité des personnes âgées et à cet égard adapter leur environnement. La retraite est un droit universel exercé de façon volontaire, progressif et souple. Il faut enfin créer une institution des Nations Unies pour les personnes âgées qui surveillerait le suivi du plan d’action.
Mme OILDA MONTOYA, Présidente de l’Unión Democrática de Pansionistas et coprésidente du Forum des ONG: Je représente l’organisation espagnole de personnes âgées la plus importante et la plus ancienne. Nous travaillons à améliorer les conditions de vie des personnes les plus fragiles et les plus vulnérables, à travers des programmes et des services fournis par des professionnels et des volontaires engagés en faveur de la solidarité et de la justice sociale. Face au Forum mondial des ONG sur le vieillissement, le Secrétaire général a déclaré que c’est aux Gouvernements que reviennent en premier lieu les responsabilités découlant du vieillissement de la population, mais qu’ils doivent travailler en collaboration avec les autres acteurs, dont les associations de personnes âgées, afin d’élaborer en commun des politiques sociales et de faire participer les anciens aux décisions qui affectent notre futur. Nous, les personnes âgées, sommes encore un groupe exclu de l’espace public et nous nous heurtons à toutes sortes de difficultés pour changer cette situation. L’augmentation de la population des personnes âgées est cependant susceptible de modifier les représentations sociales et politiques, ce qui, dans nos systèmes démocratiques de représentation citoyenne, peut conditionner la marche de la société. J’insisterai en conclusion sur la légitimité des associations de personnes âgées à intervenir dans les débats relatifs à la définition de politiques publiques.
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