SOC/4595

DEVANT LA GRANDE COMMISSION, DES REPRESENTANTS DES ONG DEMANDENT LA NOMINATION D'UN RAPPORTEUR SPECIAL SUR LES PERSONNES AGEES

11/04/2002
Communiqué de presse
SOC/4595


Grande Commission

Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement


DEVANT LA GRANDE COMMISSION, DES REPRESENTANTS DES ONG DEMANDENT LA NOMINATION D'UN RAPPORTEUR SPECIAL SUR LES PERSONNES AGEES


Madrid, 11 avril -- La Grande Commission a tenu, ce matin, une deuxième réunion formelle pour procéder à un nouvel échange de vues limité avec deux institutions du système des Nations Unies, à savoir le Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et l'Organisation pour alimentation et l'agriculture (FAO), ainsi qu'avec le Conseil de l'Europe et des organisations non gouvernementales (ONG).


La représentante d'ONUSIDA a expliqué comment le virus, dans la mesure où il fait surtout des victimes parmi les jeunes adultes, faisait peser un poids supplémentaire sur les personnes âgées, notamment en Afrique.  On constate en effet que ce sont essentiellement les grands-parents qui assurent la charge et la protection des 13 millions d'orphelins du sida que l'on compte dans le monde.  A ses yeux, pour répondre à ce changement du rôle des personnes âgées, les gouvernements devraient notamment mettre en place un système de subventions.  C'est pourquoi le Plan d'action devrait reconnaître formellement la contribution des personnes âgées dans la lutte contre l’épidémie.  De son côté, le représentant de la FAO a expliqué, que contrairement à l'idée reçue, le vieillissement dans les pays en développement se manifeste plus tôt et progresse plus rapidement dans les zones rurales que dans les villes.  Ce sont en effet les jeunes qui migrent vers la ville, laissant souvent derrière eux les personnes âgées.  Le vieillissement est donc de manière prédominante un phénomène rural et les décideurs devraient tenir compte de cet aspect particulier sans toutefois le considérer comme un handicap car les personnes âgées ont souvent, surtout en matière de pratiques agricoles, des connaissances très précieuses permettant d’améliorer sensiblement les cultures.  La représentante du Conseil de l’Europe a, quant à elle, mis l'accent sur le respect de la dignité et des droits fondamentaux des personnes âgées âgés, y compris le droit à l’emploi, à la protection sociale, aux soins de santé, au logement et surtout la liberté de choisir librement leur mode de vie.


Cinq ONG se sont également exprimées ce matin.  Leurs représentants ont particulièrement insisté sur la nécessité de prendre en considération la situation et la contribution particulière des femmes et des migrants âgés ainsi que sur la nécessité d'assurer à toutes les personnes âgées des revenus, des soins de santé et des logements décents.  Plusieurs appels ont été lancés en faveur de la nomination, au sein de la Commission du développement social, d'un Rapporteur spécial pour les personnes âgées.


Réagissant aux déclarations des ONG, la représentante du Suriname a insisté sur la valeur de leur action pour le développement du monde.  Compte tenu de l'importance des engagements qui seront pris par les Etats Membres dans la Déclaration et le Plan d'action de Madrid, elle a estimé que les ONG devraient aussi être associées au contrôle de leur application.  Elle a engagé ses collègues à bien garder à l’esprit ce que les ONG leur ont exposé et demandé ce matin, en particulier s’agissant de la nomination d’un rapporteur spécial. 


La Grande Commission a également complété son Bureau en élisant le troisième de ses Vices-Présidents en la personne de la représentante de l’Indonésie, au nom du Groupe des Etats d’Asie. 


La Commission devrait se réunir une dernière fois, en séance publique, demain, pour adopter son rapport final qui comprendra la Déclaration politique et le Plan d’action international sur le vieillissement, 2002 que la plénière de l’Assemblée mondiale entérinera ensuite officiellement.


Echange de vues limité


La représentante du Conseil de l’Europe a expliqué que le Conseil de l’Europe a toujours fondé ses activités sur le respect de la dignité humaine des personnes.  Il attache une grande importance à la protection des personnes les plus vulnérables, et par conséquent des personnes âgées.  La stratégie de cohésion sociale qu'il a adoptée en 2000 vise à satisfaire les besoins de tous, y compris les plus âgés, en reconnaissant le droit à l’emploi, à la protection sociale, aux soins de santé, et au logement.  Un autre principe est la jouissance de ces droits sans discrimination.  Avec l’adoption de la Charte sociale européenne en 1961 et sa révision en 1996, d’autres droits généraux ont été pris en considération comme le droit à la sécurité sociale, aux soins médicaux et aux prestations sociales.  La Charte donne explicitement le droit aux personnes âgées d’avoir accès à la protection sociale.  Les Etats parties à cette Charte s’efforcent donc d’encourager la prise de mesures permettant aux personnes âgées de rester des membres de la sociétés à part entière, d’avoir la liberté de choisir leur style de vie, notamment de rester le plus longtemps possible proche de leur famille ou dans leur maison.  Aujourd’hui avec les changements rencontrés comme la privatisation des services et la prévalence de la loi du marché, ces droits sont de plus en plus importants.  Si l’on n’y prête pas attention ces changements pourraient en effet provoquer l’effondrement de l’idéal européen d'une société solidaire et entraîner un système à deux vitesses, l’un pour les pauvres et l’autre pour les riches.  La stabilité des Etats s'en trouverait de plus compromise.  L’Europe doit donc être en mesure de garantir à tous, sans exception, la jouissance de leurs droits fondamentaux, sans limite d’âge.


L’épidémie du VIH/sida est l’un des fléaux les plus destructeurs qu’ait connu la planète, a de son côté indiqué la représentante du Programme conjoint sur le VIH/sida (ONUSIDA).  En vingt ans, plus de 60 millions de personnes ont été affectées, 40 millions vivent actuellement avec le virus et l'on compte 13 millions d’orphelins du sida.  Le sida fait reculer les progrès en matière de croissance économique et de santé dans de nombreux pays.  Dans plusieurs pays d’Afrique, l’espérance de vie a déjà été réduite.  L’épidémie affecte surtout les jeunes adultes qui constituent la force active des sociétés.  Les grands-parents se voient eux forcés d'assurer la charge, la protection et l’éducation des petits-enfants.  En Afrique sub-saharienne les femmes âgées redeviennent des mères pour leurs petits-enfants.  Les gouvernements doivent reconnaître cette contribution, notamment en mettant en place un système de subventions.  Ils doivent aussi se souvenir que les adultes âgées courent un risque personnel face au sida.  Mais pour l’instant aucun programme de prévention n’a été mis en place à l’égard.  Leur vulnérabilité physique et psychologique croissante avec l'âge doit être dûment prise en compte.  Or de nombreux tabous font par exemple que la sexualité des personnes âgées est encore trop souvent ignorée.  La présente Assemblée devrait combler cette lacune en incluant dans on plan d’action des mesures visant à formellement reconnaître la contribution des personnes âgées dans la lutte contre l’épidémie. 


Le représentant de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a expliqué que pour les pays en développement, les répercussions économiques et sociales à long terme du vieillissement seront considérables.  Contrairement à une certaine idée reçue, dans ces pays, le vieillissement se manifeste plus tôt et progresse plus rapidement dans les zones rurales que dans les villes.  Ce sont en effet les jeunes qui migrent vers la ville, laissant souvent derrière eux les personnes âgées.  Le vieillissement est donc de manière prédominante un phénomène rural.  Consciente de ce phénomène, la FAO en tient dûment compte dans ses activités et promeut le plus possible la participation active des personnes âgées dans les zones rurales.  L’enjeu est avant tout de leur permettre de trouver des sources de revenus ou du moins de subsistance minimum.  La majorité des personnes âgées en milieu rural sont des femmes, qui malheureusement sont souvent victimes tout au long de leur vie d’une certaine discrimination.  En conclusion, les décideurs devraient être conscients du problème de la vulnérabilité relative des personnes âgées en milieu rural, sans pour autant considérer cet état de fait comme un handicap car les personnes âgées ont souvent, surtout en matière de pratiques agricoles, des connaissances très précieuses permettant d’améliorer sensiblement les cultures.


Ouvrant les interventions des ONG, la représentante de Chinese People’s Association for Friendship with Foreign Countries a estimé que l’objectif commun de cette Assemblée devait être de garantir de meilleures conditions de vie pour les personnes âgées.  Pour cela, il faut bien comprendre les circonstances particulières du monde actuel, un monde où d’une région à l’autre les différences sont très importantes.  Selon le lieu où elles vivent, les personnes âgées n’ont pas les mêmes besoins ni les mêmes chances et l’Assemblée devrait dans ces documents finaux en tenir dûment compte.  Sans une amélioration des conditions de vie, l’on ne pourra pas parler de droits de l’homme et de participation active à la société des personnes âgées.  Les gouvernements doivent donc avant tout prendre des mesures pour améliorer les soins de santé et la protection sociale de ces personnes.  Dans la plupart des pays développés, les personnes âgées n’ont guère à se soucier de savoir comment elles vont pouvoir se nourrir et se vêtir.  A l'inverse, dans les pays en développement, le vieillissement se pose souvent en termes de survie pure et simple.  Pour tous les pays à revenus limités, les efforts de tous, pouvoirs publics, individus, ONG et communauté internationale, seront nécessaires pour améliorer la situation matérielle et sanitaire des personnes âgées. 


Agée de 92 ans, la représentante de International Federation of Settlements and Neighborhood Centers (IFS) a expliqué que son ONG fournit des services sociaux de base dans les régions pauvres.  Pour son association, le Plan d’action de Madrid devrait impérativement contenir des dispositions précises concernant sa mise en oeuvre.  Il est en effet essentiel d’avoir des procédures de suivi si l’on veut que les programmes et plans d’action de ce type aient réellement un sens et une efficacité.  Il faudrait en fait que les ONG locales aient aussi la possibilité d’exercer un contrôle quant à l’application de ce Plan.  La représentante a aussi insisté sur la nécessité de fournir davantage d’efforts pour garantir des logements décents aux personnes âgées.  Il faut que les gouvernements fournissent aussi un accès adéquat à tous les bâtiments publics pour les personnes âgées.  Elle a aussi insisté sur la nécessité de développer plus avant la notion d’emploi productif, car pour continuer à participer à la société et à être autonomes, les personnes âgées ont besoin de revenus.  Autant de points que le Plan d’action devraient refléter clairement.


Le représentant de New Humanity, une ONG qui compte 5 millions de membres de par le monde, a indiqué que son association oeuvre en faveur de l’unité entre tous les individus, quel que soit leur pays, leur sexe, et leur origine ethnique.  L'expérience de cette association lui a montré que les communautés qui travaillent ensemble trouvent des moyens créatifs de servir tous leurs membres, surmontant souvent des obstacles qui à première vue semblent insurmontables.  Grâce à ce processus, tous les individus deviennent naturellement de plus en plus soucieux des besoins des plus vulnérables de leur communauté.  Les dirigeants doivent voir les ressources publiques comme un patrimoine commun qui doit bénéficier à tous les individus.  Lorsque les personnes âgées se sentent bien accueillies et respectées au sein de la société, tout le monde en profite. 


La représentante de Gray Panthers a expliqué que son association rassemble des femmes âgées, qui d’ailleurs représentent la majorité des personnes âgées du monde entier.  Ces femmes sont actives et ne représentent nullement un fardeau pour la société, a-t-elle affirmé.  Leur contribution est riche et multiple.  Malheureusement, les femmes font face à une discrimination tout au long de leur vie, surtout en matière de revenus.  La plupart des tâches, souvent d’entraide et de soutien de famille, que les femmes effectuent ne sont pas rémunérées, ni même véritablement considérées.  De même, en matière de santé, les besoins spécifiques des femmes âgées ne sont pas pris en compte dans la plupart des pays du monde.  Les Nations Unies et les gouvernements du monde entier doivent donc accorder une valeur toute particulière à la contribution des femmes âgées à tous les secteurs de la société.  Pour cela, il faut leur garantir un revenu minimum, améliorer les soins de santé qui leur sont offerts, et les associer à la prise de décisions.  La représentante a aussi demandé la nomination d’un rapporteur spécial sur les personnes âgées, notamment les femmes.


Dernière ONG à prendre la parole, le représentant de Dutch Islamic Elderly union a attiré l’attention sur la situation particulière des migrants âgés et sur le rôle positif qu'ils peuvent jouer dans le monde entier.  Pour son association, le mot d’ordre est habilitation.  C'est pourquoi, il faut insister avec force sur l’idée du vieillissement actif pour permettre aux personnes âgées de continuer à contribuer à la société.  Les migrants âgés s’occupent et contribuent beaucoup à l’intégration des autres personnes nouvellement arrivées dans un pays étranger.  Cette contribution ne devrait pas être ignorée et il faudrait inscrire la question des migrants âgés à l’ordre du jour des Nations Unies.  De leurs côtés, les gouvernements devraient investir dans l’éducation, la formation, l’emploi, la santé et la retraite des migrants âgés et leur permettre d'avoir de nouvelles formes de représentation.


Observation


La représentante du Suriname a fait remarquer que les documents finaux que l’Assemblée s’apprête à adopter ne sont pas juste un bout de papier mais constituent des engagements très importants que les Etats Membres doivent veiller à respecter, a-t-elle poursuivi.  C’est pourquoi les ONG devraient d’ailleurs pouvoir veiller dès le début à leur application.  La représentante s’est aussi dite favorable à la désignation d’un rapporteur spécial sur la question et a fermement appuyé la déclaration adoptée par le Forum des ONG.  Elle a estimé que l’approche «droits de l’homme» devrait être dûment inclue dans le Plan d’action et la Déclaration politique, car les droits des personnes âgées doivent être promus et protégés.  Elle a demandé qu’une résolution sur l’éducation en matière de droits de l’homme soit préparée, dans le droit chemin de celle sur les femmes âgées adoptées en décembre dernier par l’Assemblée générale des Nations Unies.  La question des migrants âgés évoquée plus haut, est aussi très importante.  En conclusion, la représentante a demandé à ses collègues de bien garder à l’esprit ce que les ONG leur ont exposé et demandé ce matin, en particulier s’agissant de la nomination d’un rapporteur spécial. 


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