POUR ETRE VIABLE, L’OFFRE DE SOINS DE SANTÉ AUX PERSONNES AGEES DOIT ETRE RESTRUCTUREE, INDIQUE LA DIRECTRICE GENERALE DE L’OMS
Communiqué de presse SOC/4591 |
POUR ETRE VIABLE, L’OFFRE DE SOINS DE SANTÉ AUX PERSONNES AGEES DOIT ETRE RESTRUCTUREE, INDIQUE LA DIRECTRICE GENERALE DE L’OMS
Les délégations présentent leurs vues
sur les conditions qui devront permettre de rester actif en vieillissant
Madrid, 9 avril -- L’augmentation des dépenses médicales qui accompagnera le vieillissement de la population a, ce matin, été au centre des débats de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement. Il apparaît en effet que le coût moyen global des soins médicaux liés au vieillissement devrait augmenter de 41% entre 2000 et 2050, dont 36% dans les pays en développement et 48 % dans les pays développés. « Un véritable défi pour les systèmes de santé », selon la Ministre de la famille et des personnes âgées de l’Allemagne. Cependant, comme l’a indiqué Mme Gro Harlem Bruntland, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ces chiffres supposent que les prestations de santé continueront à être offertes sous leur forme actuelle alors qu’il est en fait possible de les restructurer. Ainsi, a-t-elle continué, on peut envisager d’investir dans la prévention et le dépistage précoce. En réduisant l’usage du tabac, en améliorant les traitements précoces du cancer, en développant la détection génétique des risques, nous pourrions également réduire considérablement le besoin en traitements et soins des personnes de plus de 65 ans. Nous pourrions également essayer de réduire les hospitalisations. Faisant observer que la vulnérabilité des personnes âgées est souvent liée à des problèmes de santé, le Ministre des affaires sociales du Danemark a estimé qu’il est indispensable de leur assurer un accès satisfaisant aux services de santé. Le secteur de la santé doit lui-même coopérer avec les autres acteurs de la société, en particulier dans les domaines de la prévention et de la réhabilitation des personnes âgées, a-t-il précisé.
C’est cependant dans les pays en développement, selon Mme Bruntland, que réside le plus grand défi en termes de santé. Le représentant du Mexique a ainsi fait observer que les personnes âgées utilisent quatre fois plus les services de santé que le reste de la population. Nous vivons de plus une transition épidémiologique, des maladies infectieuses aux maladies chroniques dégénératives. En revanche, certains pays, comme Cuba et la Chine, ont estimé avoir relevé avec succès le défi de l’accès des personnes âgées aux services de santé. Ainsi, à Cuba, l’espérance de vie a été allongée de 20 ans depuis le triomphe de la révolution et atteint aujourd’hui 75 ans. Les personnes âgées bénéficient des services de santé dispensés par plus de 30 000 médecins de famille. Le concept de « vieillissement actif », avancé par l’OMS et qui consiste à permettre aux personnes âgées d’assumer pleinement le rôle social qui leur revient, a été repris par plusieurs délégations.
La question du financement des retraites, évoquée hier par des pays européens, et celle du financement des services de santé, a été abordée de nouveau aujourd’hui, notamment par les pays intermédiaires. Comme l’a exprimé le représentant de l’Uruguay, par ailleurs Président du Comité préparatoire de l’Assemblée, le maintien des services et bénéfices destinés aux personnes âgées est extrêmement coûteux dans son pays. Le financement des retraites et des services sociaux à l’intention des personnes âgées détourne des ressources qui auraient pu être utilisées à des fins productives, se solde par des pertes de compétitivité du fait de la faiblesse des investissements et des coûts élevés de main d’œuvre. Le Directeur de l’Organisation internationale du Travail a cependant donné une vision plus optimiste du financement des retraites. Les préoccupations relatives au financement des services, a-t-il expliqué, découlent d’une approche statique du développement de l’économie. « Je pense qu’il faudrait au contraire mettre davantage l’accent sur une approche plus dynamique de la croissance économique et du développement durable, et penser non en termes d’emplois existants mais de création d’emplois, et d’emplois meilleurs. Cette approche est particulièrement importante pour les pays en développement, où actuellement seulement 20% de la population active jouit d’une couverture sociale et où la retraite est un luxe que peu peuvent se permettre ».
La Ministre d’Etat pour la femme, les enfants et la sécurité sociale du Népal a, quant à elle, mis l’accent sur les transformations économiques et l’exode rural comme facteur de marginalisation des anciens. Alors qu’au Népal, les modes de vie, les pratiques sociales et spirituelles ont traditionnellement été plus importantes que les questions financières, le durcissement des pressions économiques fait que les personnes âgées sont de plus en plus considérées comme un fardeau. Et s’il était auparavant fréquent que deux générations vivent sous le même toit, nombreuses sont les familles qui aujourd’hui migrent à la ville et laissent leurs anciens derrière elles, a-t-elle ajouté.
Ont pris la parole les ministres et hauts responsables des pays suivants: Confédération suisse, Ouzbékistan, Autriche, Népal, Barbade, Croatie, République fédérale d’Allemagne, Danemark, ex-République yougoslave de Macédoine, Mongolie, Mexique, Suriname ainsi que les représentants de deux ONG, l’International Longevity center et Mensajeros de la Paz
L’Assemblée reprendra son débat général cet après-midi à 15 heures.
Suite de l’échange de vues général
Mme RUTH DREIFUSS, Présidente de la Confédération suisse : Dans les pays développés, la vieillesse n’est heureusement plus synonyme de pauvreté. Il faut préserver ces acquis péniblement obtenus et combler, par ailleurs, les lacunes qui subsistent. Les solutions appliquées dans les pays industrialisés ne sont évidemment pas transposables ailleurs. Il appartiendra aux pays en développement de chercher leur propre voie. Le grand acquis de Madrid, c’est que tous les pays, y compris les pays en développement, pourront s’inspirer désormais des principes d’un Plan d’Action tenant compte de leur situation spécifique.
La Suisse partage les valeurs essentielles qui fondent le Plan d’action présenté à cette Assemblée. Il est fondamental que les personnes âgées aient au minimum leurs besoins vitaux assurés. Mais il est également indispensable de garantir le respect de leurs droits fondamentaux et d’éliminer les discriminations fondées notamment sur l’âge et le sexe. Cela implique en particulier de tenir compte des problèmes spécifiques que les migrantes et les migrants rencontrent dans leur vieillesse. D’autre part, s’intéresser aux besoins spécifiques d’une catégorie de la population, comme les personnes âgées, les femmes ou les enfants, n’aboutit pas à privilégier un groupe de la population par rapport aux autres. Au contraire, cette approche pragmatique et concrète renforce en réalité les droits de chacun. Dans les efforts déployés pour relever les défis du vieillissement, les femmes jouent dans note société un rôle essentiel. On les voit passer d’une obligation à une autre, souvent au prix de grandes difficultés à concilier leurs responsabilités. Or leur rôle n’est pas encore suffisamment reconnu dans nos sociétés.
M. ISMAIL AMAT, Conseiller d’Etat de la République populaire de Chine : Le Gouvernement chinois reprend à son compte les principes et objectifs figurant dans la déclaration politique et le plan d’action international sur le vieillissement qui doivent être adoptés par l’Assemblée. Parallèlement, la Chine souhaite faire les remarques suivantes : d’abord, les pays doivent intégrer le vieillissement dans leurs programmes économiques et sociaux, en tenant compte de leurs caractéristiques et conditions nationales. Deuxièmement, tous les pays, et les pays en développement en particulier, devraient accorder une importance particulière au développement économique et au progrès social, viser l’éradication de la pauvreté et l’amélioration des soins de santé. Troisièmement, quand les besoins matériels des personnes âgées sont satisfaits, il importe de se pencher sur la satisfaction de leurs besoins spirituels et culturels.
La Chine compte 132 millions de personnes âgées; c’est la plus grande concentration de personnes âgées dans un seul pays, et les personnes âgées chinoises représentent donc 20% de la population mondiale des plus de 60 ans. Le Gouvernement chinois a promulgué une loi visant à protéger les droits et les intérêts des personnes âgées, et le dixième Plan quinquennal pour le développement des initiatives liées au vieillissement (2001-2005) vise à mettre en place, graduellement, un système de sécurité sociale pour les personnes âgées. On compte aujourd’hui 17 000 universités du troisième âge, accueillant plus de 1,5 million de personnes âgées, et plus de 30 millions de personnes âgées pratiquent régulièrement du sport. L’expérience a prouvé que les politiques adoptées par la Chine sont adaptées à l’environnement national et ont permis de protéger les droits et les intérêts de centaines de millions de personnes âgées, d’améliorer leur niveau de vie et d’enrichir leur vie spirituelle et culturelle. Conscients de ce que le vieillissement de la population chinoise pèsera sur le développement économique et social futur de notre pays, nous sommes cependant convaincus que le Gouvernement aura l’habilité et la confiance nécessaire pour aborder cette question avec succès et continuer à élever le niveau de vie des Chinois de plus de 60 ans.
Mme DIBLAR GULIAMOVA, Vice-Premier Ministre d’Ouzbékistan : La question du vieillissement de la population a toujours été au centre de l’attention du Gouvernement. Le Programme national en faveur des personnes âgées comprend une série de mesures concrètes qui visent à protéger leurs intérêts et à leur procurer un soutien matériel et moral. Ces mesures confèrent à la famille et aux organisations sociales et de la société civile un rôle important dans le renforcement de la protection des personnes âgées et dans les efforts pour promouvoir leur participation active dans l’évolution de la société. Le Gouvernement, pour mener à bien ce programme, s’entoure des compétences des organisations non gouvernementales et des organes étatiques pertinents. Les personnes âgées bénéficient déjà de nombreuses prestations et avantages, par exemple dans le domaine des transports.
Le Gouvernement de l’Ouzbékistan, avec l’aide des organisations sociales, s’est fixé pour objectif d’accompagner les personnes âgées lors du passage à l’économie de marché, en particulier celles qui n’ont pas de soutien familial. Le Programme national prévoit une aide alimentaire, sanitaire et sociale pour les plus vulnérables. Finalement, le Gouvernement souhaite favoriser la participation des personnes âgées à la vie sociale et créer les conditions de leur plein épanouissement psychologique.
M. HERBER HAUPT, Ministre fédéral de la sécurité sociale et des générations de l’Autriche : Le Plan d’action est un document qui montre clairement le processus de prise de conscience et les changements dans la perception du vieillissement au cours des vingt dernières années. En Autriche, les politiques liées au vieillissement ne consistent plus en l’élaboration de politiques pour les personnes âgées mais plutôt en la constitution de politiques avec la participation active de ces dernières. Nous nous félicitons du fait que le projet de Plan d’action révisé insiste sur la mise en œuvre efficace d’objectifs en coopération avec les organisations non gouvernementales et le système des Nations Unies. L’Autriche peut proposer plusieurs modèles à la communauté internationale. Une étape importante a été la promulgation de la Loi fédérale sur les personnes âgées de 1998 qui prévoit le financement des principales organisations en faveur des plus âgés. Pour toutes les questions qui les touchent directement, les citoyens âgés autrichiens peuvent faire entendre leur voix. L’Autriche sera aussi le premier Etat de l’Union européenne à inclure dans sa législation une interdiction de la discrimination fondée sur l’âge. Les personnes âgées ne sont pas seulement des bénéficiaires passifs mais apportent aussi des contributions sociales actives. Le volontariat est indispensable.
Le changement démographique n’est pas une menace comme cela est souvent suggéré. Les progrès de la science, de la médecine sont sans doute l’une des plus grandes réussites de l’humanité. En Autriche, l’espérance de vie moyenne pour les hommes est de 75 ans et pour les femmes de 81 ans.
M. ALFREDO MORALES CARTAYA, Ministre du travail et de la sécurité sociale de Cuba : Il ne suffit pas d’ajouter des années à la vie, il faut aussi ajouter de la vie aux années: n’oublions pas que des centaines de millions de personnes du Sud n’auront pas droit à un troisième âge, tant que la pauvreté et les conditions de santé déplorables continueront leur tâche exterminatrice. La tragédie de ceux qui, dans le tiers monde, ne vieillissent pas ou vieillissent dans des conditions inhumaines est de nature sociale et politique; il ne s’agit pas d’un phénomène naturel, ce n’est ni la conséquence des du climat, ni des gènes, mais le résultat des actions de ceux qui les ont colonisés, mis à sac et qui continuent à le faire. Contre ces phénomènes, il est urgent de prendre des mesures efficaces, mondiales et spécifiques. Il ne suffit pas de se réunir et d’adopter des plans d’action si, après, la volonté politique fait défaut pour les appliquer.
A Cuba, depuis le triomphe de la révolution, l’espérance de vie a été allongée de 20 ans et atteint aujourd’hui 75 ans. Les personnes âgées bénéficient des services de plus de 30 000 médecins de famille, de 433 équipes gérontologiques et de soins gériatriques. Toutes les personnes âgées ont accès a la sécurité sociale et le pays consacre plus de 11% du produit intérieur brut au financement des retraites et des prestations sociales destinées à environ 1,4 millions de personnes. Les activités des travailleurs sociaux, l’«université pour tous» par le canal de la télévision, la création de salles de vidéo dans toutes les communautés et villages isolés et les visites à domicile: tous ces programmes font qu’à Cuba aucune personne âgée n’est abandonnée et livrée à son propre sort.
M. YANKUBA KASSAMA, Secrétaire d’Etat à la santé et au bien-être social de la Gambie : La Gambie est un pays de l’Afrique sub-saharienne avec l’un des plus forts taux de croissance de sa population. L’accès aux soins de santé a été considérablement amélioré et une attention particulière a été accordée aux personnes vivant dans les zones rurales qui comptent pour 60% de la population totale. Ces progrès ont été possibles parce que, en plus de l’aide internationale et de l’assistance des partenaires du développement, le Gouvernement gambien a consacré d’importantes ressources au développement de ce secteur. Une politique publique en faveur des personnes âgées est actuellement en train d’être élaborée avec l’aide de l’Organisation mondiale de la santé. En outre, la politique de santé publique a été récemment révisée pour prendre en compte les problèmes gériatriques. Les programmes de nutrition et de lutte contre le VIH/sida accordent une attention spéciale aux besoins des personnes âgées. Enfin, la Gambie met aussi la dernière main à sa stratégie nationale de réduction de la pauvreté qui sera également dirigée vers les pauvres et les personnes âgées. Toutefois, malgré la grande pauvreté, l’appui fourni par les familles et les communautés a été maintenu.
En Gambie, les personnes âgées font partie du cercle de la famille élargie et sont à la fois des bénéficiaires et des prestataires de soins pour les autres membres de la famille et assurent souvent aussi la conduite d’activités communautaires variées. Les apports des personnes âgées à la famille, à la société et à l’économie sont en fait multiples et l’idée selon laquelle ces personnes ne contribuent nullement au développement n’est qu’un mythe. L’heure est venue de reconnaître par exemple que dans de nombreux pays frappés par l’épidémie du VIH/sida, les grands-parents sont désormais les seuls chefs de famille survivants, toute une génération d’adultes étant décimée. Si, heureusement, il ne s’agit pas encore d’un problème majeur en Gambie, il faut néanmoins que nous nous y préparions de manière ouverte et franche. De manière générale, le Gouvernement entend poursuivre son travail avec les ONG et les organisations religieuses actives sur le terrain pour favoriser le bien-être des personnes âgées. Nous pensons que l’objectif ultime devrait être de garantir que les êtres humains aient toujours la capacité physique et mentale de contribuer au développement national, quel que soit leur âge.
Mme SUSHILA SWAR, Ministre d’Etat pour la femme, les enfants et la sécurité sociale du Royaume du Népal : Pour être pleinement comprises, les questions liées au vieillissement de la population doivent être abordées dans le cadre de leur contexte socioculturel. En effet, l’accueil des personnes âgées dans une société donnée est déterminé en partie par des facteurs sociaux et en partie par des facteurs culturels. Le Népal est un pays à majorité hindoue qui abrite des minorités religieuses; les modes de vie, les pratiques sociales et spirituelles sont traditionnellement plus importantes que les questions économiques. Cependant, en raison des pressions économiques qui s’accroissent, les personnes âgées sont de plus en plus considérées comme un fardeau. Alors que traditionnellement, il était fréquent que deux générations vivent sous le même toit, les familles qui migrent à la ville et laissent leurs anciens derrière elles sont de plus en plus nombreuses.
La pauvreté et le terrorisme contribuent à fragmenter la cellule familiale et les plus pauvres sont livrés à la solitude. Malgré ces problèmes cependant, les personnes de la classe moyenne népalaise font toujours preuve de beaucoup de respect et d’amour pour les personnes âgées. Au niveau des politiques à déployer, il faut faire des personnes âgées une force créative et soutenir les familles qui s’occupent de leurs anciens; nous devons aussi mettre en place une stratégie afin que les familles les prennent en charge. Nous souhaitons développer un système de sécurité sociale et distribuer des prestations aux personnes âgées, établir des centres de gériatrie et leur fournir des soins gratuits.
M.HAMILTON LASHLEY, Ministre de la transformation sociale de la Barbade : Notre Gouvernement place le problème du vieillissement au centre de ses politiques économiques et sociales. Les Barbadiens, avec une espérance de vie de 72 ans pour les hommes et de 77 ans pour les femmes, ont le plus haut pourcentage de personnes âgées de 60 ans et plus dans les Caraïbes anglophones. Les personnes âgées constituent une ressource précieuse. Elles ont elles-mêmes contribué par leur travail à créer des richesses dont tous les groupes d’âge profitent. Les politiques existantes et les programmes comme par exemple celui du départ obligatoire à la retraite doivent être révisés en fonction des nouveaux besoins. Le Gouvernement a entrepris tout un programme de réforme du système des retraites. Des changements sociaux, notamment l’accroissement de la population féminine dans l’emploi a entraîné une diminution des soins informels à domicile.
Parmi les politiques nationales figure une législation visant à protéger les personnes âgées contre la discrimination et les sévices. Dans le domaine de la santé, la Barbade adhère à l’idée selon laquelle le droit aux soins de santé est un droit de l’homme fondamental et maintient un système de soins médicaux de grande qualité dans lequel les soins sont à la portée de tout citoyen et résident. L’accès à un logement décent est aussi fondamental pour la qualité de vie des personnes âgées. La Barbade offre à la fois des résidences et des programmes de récréation pour les personnes âgées. Il existe en outre un système de pensions constituant un filet social en faveur des pauvres et des personnes âgées. En septembre 1998, le Gouvernement a mis en place une Commission nationale pour les personnes âgées
M. DAVORKO VODOVIC, Ministre du travail et de la sécurité sociale de la Croatie : La révolution démographique en cours pose à toutes les sociétés le défi de promouvoir les possibilités offertes aux personnes âgées de réaliser leur potentiel et de participer pleinement à tous les aspects de la vie quotidienne. Avec 12,5% de sa population âgée de plus de 65 ans, la Croatie est, elle aussi, de plus en plus confrontée à la question du vieillissement. Toutefois la situation croate revêt certains aspects particuliers en cela qu’il s’agit à la fois d’un pays ayant une économie en transition et d’un pays ravagé par plusieurs années de guerre. Ces éléments ont eu une influence considérable sur les conditions matérielles et sociales, entre autres, des personnes âgées. Ces dernières vivent encore en majorité au sein de leur famille. Seuls 2% des personnes de plus de 65 ans vivent dans des institutions. En outre, les capacités d’accueil de telles institutions étant limitées, le Gouvernement s’est attaché à développer des formes de prises en charge non institutionnelles. Les services de soins dispensés à la maison et dans les communautés locales ont été développés et des centres locaux d’assistance sanitaire, social et à l’emploi ont été construits. Un réseau de famille d’accueil pour les personnes âgées a aussi été créé. L’objectif principal est d’encourager les services de soins ambulatoires afin de permettre aux personnes âgées de continuer à vivre chez elle ou dans leur famille le plus longtemps possible, dans la dignité et le respect de leurs droits fondamentaux. Dans ce cadre, le secteur des ONG, qui est en plein épanouissement en Croatie, joue un rôle très important.
Le système repose en fait sur le principe selon lequel les individus sont responsables d’eux-mêmes et des membres de leur famille, les communautés et les pouvoirs publics fournissant une assistance lorsque toutes les autres sources d’entraide ont été épuisées. En outre, le Gouvernement a choisi de décentraliser et de privatiser sa politique de protection et d’aide sociale aux personnes âgées. Cette réforme devrait être achevée d’ici la fin de l’année 2004. Parallèlement et conscient des forts potentiels d’une approche moins institutionnelle, il s’efforce de «désinstitutionnaliser» les soins aux personnes âgées afin d’améliorer leur qualité de vie. Dans ce contexte, la coopération de tous les acteurs de la société est encouragée. La Croatie a également entrepris une vaste réforme de son système de retraite visant à palier les difficultés liées à la forte augmentation de la proportion de personnes retraitées par rapport à la population active. Il entend désormais centrer davantage ses activités sur le développement du secteur social non institutionnel, surtout au niveau local, sur la promotion de résidences privées de personnes âgées ou handicapées, sur le développement de la prise en charge des soins aux personnes âgées par les ONG ou les associations religieuses, et sur la promotion de comportements plus sains en vue notamment de prévenir certaines maladies chroniques.
M. BREDEDIN IBRAIMI, Ministre du travail de l’ex-République yougoslave de Macédoine : Le processus de vieillissement de la population de la Macédoine touche particulièrement les femmes et la population rurale. Il présente également de fortes disparités régionales et ethniques. Dans notre pays, plus de 92% de la population âgée dépendent de pensions pour vivre. Le montant de la pension est calculé en fonction du nombre d’années de travail et il existe un montant minimum lié au salaire moyen en cours dans le pays. Les personnes vulnérables peuvent en outre être bénéficiaires d’autres formes de prestations sociales. Afin de pallier la faiblesse du système de pension, un processus de restructuration est en cours. Le budget national prévoit en outre des fonds pour les personnes qui ne peuvent pas cotiser.
Le Gouvernement attache une importance particulière aux soins à domicile et s’efforce de développer des services mobiles bien équipés. Des programmes de formation dans les services de gériatrie ont également été mis en place. Récemment des foyers privés pour les personnes âgés sont apparus en Macédoine mais le prix est trop élevé pour la majorité des personnes âgées. Il existe aussi une trentaine de foyers d’accueil pour les retraités qui ne fonctionnent pas comme des centres pour les personnes âgées traditionnels dans la mesure où ils génèrent des revenus. La loi sur la famille prévoit quant à elle que les enfants ont l’obligation de s’occuper de leurs parents. Enfin, la réforme du système de santé en faveur des personnes âgées vise à la décentralisation et la modernisation des services actuels.
Mme CHRISTINE BERGMANN, Ministre fédérale pour la famille, les personnes âgées, les femmes et la jeunesse de la République fédérale d’Allemagne : L’importance des changements démographiques requiert une attention particulière. La question du vieillissement doit en particulier figurer au centre des politiques et des réformes gouvernementales afin d’assurer, notamment, la durabilité du système de pensions. La nouvelle législation relative aux pensions en Allemagne résulte d’ailleurs de la conviction qu’un système de pensions viable doit se fonder sur un équilibre et une distribution juste entre les générations. Les entreprises doivent, pour leur part, tirer profit du savoir-faire des travailleurs les plus âgés et développer des stratégies adaptées qui facilitent leurs conditions de travail. Il faut également créer de nouvelles possibilités de travail pour tous les groupes d’âge. Le système de santé et de protection sociale est également mis au défi. Il est nécessaire d’offrir les meilleures conditions pour assurer la santé et le bien-être des individus tout au long de leur vie. Dans ce contexte, une coopération avec tous les acteurs de la société civile est indispensable en termes de planification et de gestion du système de santé et de protection sociale afin d’assurer un accès équitable à des services de haute qualité.
Le vieillissement de la population aura également des conséquences en matière d’éducation et sur l’existence collective et individuelle. Il faut donc mettre en place un nouveau système éducatif qui facilite l’apprentissage et l’acquisition de qualifications à tous les groupes de la société, nonobstant l’âge. Les personnes âgées jouent en outre un rôle important au sein de la famille et représentent aussi un capital social souvent sous-estimé. Des mesures doivent par conséquent être prises pour valoriser leur rôle dans les activités des communautés locales.
M. HENRIETTE KJAER, Ministre des affaires sociales du Danemark : La protection et la promotion des droits de l’homme fondamentaux au profit de tous les individus, quel que soit leur âge, est une priorité. Si tous les hommes et toutes les femmes doivent avoir les mêmes chances et pouvoir disposer de la même qualité de vie, une attention particulière doit néanmoins être portée aux femmes âgées, à cause de leur situation particulière et de leur plus longue espérance de vie. Il faut également souligner que les personnes âgées ne représentent pas un groupe homogène. La vulnérabilité des personnes âgées est en outre souvent liée à des problèmes de santé. Il est par conséquent indispensable de leur assurer un accès satisfaisant aux services de santé. Le secteur de la santé doit lui-même coopérer avec les autres acteurs de la société, en particulier dans les domaines de la prévention et de la réhabilitation des personnes âgées.
Ces dernières ne devraient jamais être considérées comme des éléments faibles de la société à cause de leur âge. Elles ont en effet des ressources et peuvent contribuer à la société de façon positive. Au Danemark, les personnes âgées participent à la recherche de solutions aux problèmes qui les concernent, siégeant, par exemple, à des conseils établis au niveau local. Ce système permet de mener un débat constructif avec les organisations de personnes âgées, qui sont importantes au Danemark.
M. SHIILEG BATBAYAR, Ministre de la sécurité sociale et du travail de la Mongolie : La Mongolie met actuellement en place un système de réforme qui vise à assurer un développement humain de qualité compatible avec les changements démographiques à venir. L’objectif principal de ces réformes est de faire participer les personnes âgées à la vie sociale et de protéger leurs droits, leur indépendance et de leur assurer un accès aux services sociaux. Il est dans ce contexte particulièrement important de coopérer activement avec les Nations Unies. Depuis la première Assemblée mondiale sur le vieillissement de 1982, la Mongolie a enregistré des progrès notables. Une attention particulière a été portée à la mise en place d’un système juridique solide pour réglementer les domaines de la santé, des pensions, des prestations sociales et de l’accès au logement et aux transports publics.
En dépit de ces efforts, des problèmes importants subsistent, notamment en raison du niveau de pauvreté de la population. La lutte pour la sécurité alimentaire de la population, notamment des personnes âgées est une priorité. La population mongole a en outre pour tradition de vivre dans un contexte de famille élargie. Cependant, la migration des jeunes des zones rurales vers les zones urbaines représente un véritable défi car, sans soutien des membres de leurs familles, de nombreuses personnes âgées ne peuvent subsister. Il faut donc leur porter assistance. Cependant, les efforts déployés par le Gouvernement en leur faveur ne suffisent pas. Il faut par conséquent coopérer avec les ONG, le secteur privé et les centres de recherche et rappeler le rôle important joué par les Nations Unies et les donateurs dans la réduction de la pauvreté et la modernisation du système social.
M. ANTONIO SANCHEZ DIAZ DE RIVERA, Vice-ministre, Ministère du développement social du Mexique : le Mexique s’est engagé en faveur d’un « vieillissement actif », notamment par la mise en œuvre d’un vaste programme social dénommé « contigo »; les défis sont gigantesques, car le Mexique est un pays en pleine transition démographique. Alors que les personnes de plus de 65 ans ne représentaient en 1970 que 4 % de la population, ils seront 25 % de la population en 2050. L’impact du vieillissement de la population sur les services de santé est notable : les personnes âgées utilisent en effet quatre fois plus les services de santé que le reste de la population. Nous vivons de plus une transition épidémiologique, des maladies infectieuses aux maladies chroniques dégénératives. Entre 1950 et 2000, le pourcentage de décès dus à des infections intestinales a considérablement diminué 14, alors que les décès pour causes cardio-vasculaires ont été multipliés par quatre.
Le Mexique a défini sept lignes stratégiques d’action pour faire face aux problèmes du vieillissement : promouvoir une culture du vieillissement et des échanges intergénérationnels ; promouvoir la formation et l’autonomie des personnes âgées; permettre aux personnes âgées de travailler et d’être productives aussi longtemps qu’elles le désirent; prévenir les problèmes de santé; renforcer les réseaux familiaux, sociaux et institutionnels de soutien; favoriser le respect et la protection des droits des personnes âgées et la reconnaissance de leur expérience et de leurs capacités; promouvoir les réformes et les ajustements de la législation en vigueur afin de mieux les protéger. En conclusion, le Mexique est convaincu de la nécessité de mettre en place des mécanismes viables de coopération au niveau international en faveur d’un vieillissement digne et participatif.
M. FELIPE PAOLILLO, Uruguay : L’Uruguay est le pays d’Amérique latine le plus touché par le vieillissement de la population; la proportion des plus de 75 ans, qui représentent aujourd’hui 13% de la population, est en augmentation, ainsi que la proportion des femmes parmi les personnes âgées. L’espérance de vie atteint 71 ans pour les hommes et 76 ans pour les femmes. Il existe en Uruguay un certain nombre d’institutions s’occupant des personnes âgées, comme la Banque de prévoyance sociale et l’Institut national de solidarité avec les personnes âgées. Ces dernières bénéficient de diverses initiatives de politique publique: maisons de retraite, services de santé, exonération d’impôts, réductions dans les transports et les spectacles publics. Cependant, le maintien de ces services et bénéfices destinés aux personnes âgées est extrêmement coûteux pour le pays. Les dépenses de la sécurité sociale représentaient en 1995 17% du produit intérieur brut et ont tendance à augmenter. Cela détourne des ressources qui auraient pu être utilisées à des fins productives et se solde par des pertes de compétitivité du fait de la faiblesse des investissements et des coûts élevés de main-d’œuvre.
Nous disposons aujourd’hui d’un nouveau système de sécurité sociale mixte qui combine un régime solidaire par répartition et un régime individuel par capitalisation, obligatoire ou optionnel selon la tranche de revenus. Ainsi, les retraités cotisent au système général de répartition géré par l’Etat d’une part et d’autre part, accumulent une retraite privée par capitalisation gérée par des organismes publics ou privés. L’Uruguay dispose aussi d’un réseau de services sociaux: foyers et associations de retraités, clubs de personnes âgées, refuges nocturnes, services d’aide à domicile, université du troisième âge, tourisme social. Le Plan d’action qui sera adopté par l’Assemblée contient des recommandations qui visent à assurer la jouissance effective des droits et des libertés des personnes âgées, et qui réaffirment la possibilité pour les personnes âgées de jouer le rôle qui leur revient en participant pleinement à la société. Enfin je voudrais vous faire part d’un constat que j’ai effectué alors que je présidais le travail du comité préparatoire de cette Assemblée : le fait qu’une grande partie des représentants ayant négocié le plan d’action que vous allez adopter n’avait guère plus de 30 ans. Pour moi, cela constitue un signe d’espoir; les personnes âgées peuvent être sûres que leur avenir est entre bonnes mains celles des jeunes d’aujourd’hui qui seront les personnes âgées de demain.
Mme HEIDI S. WIRJOSENTONO, Suriname : La délégation du Suriname juge cruciales et essentielles les positions prises dans la déclaration prononcée par le représentant du Groupe des 77 et la Chine concernant notamment les défis de la mondialisation, la pauvreté des personnes âgées en particulier dans les pays en développement, et la nécessité d’éradiquer ce fléau. Les stratégies et les programmes visant à renforcer la protection sociale des personnes âgées ont été incorporés dans la politique du Gouvernement du Suriname. En 1999, une Commission nationale a été mise en place par le Ministère des affaires sociales et du logement, composée de représentants des organisations non gouvernementales et du gouvernement.
Environ 10% de la population est âgée de plus de 60 ans. L’espérance de vie était en 1999 de 67,8 ans pour les hommes et 73 ans pour les femmes. Notre société est pluriethnique. La situation des personnes âgées dépend du groupe culturel auquel elles appartiennent. Elles préfèrent vivre indépendamment aussi longtemps que possible dans leur environnement familier car elles pensent qu’elles perdent cette indépendance dans un foyer de personnes âgées. Le Code civil du Suriname contient des règles relatives au soutien des personnes âgées nécessiteuses par leurs enfants. Le Ministère des affaires sociales et du logement alloue des subventions au logement pour les personnes âgées, et leur apporte également un soutien médical et financier lorsqu’elles sont particulièrement vulnérables.
M. JUAN SOMAVIA, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT) : La raison fondamentale de cette Assemblée mondiale est de célébrer l’un des plus grands succès de l’humanité, à savoir la prolongation de l’espérance de vie des hommes et des femmes. Cette avancée constitue davantage une chance véritable qu’un problème insoluble. L’on entend souvent que le vieillissement de la population représente un fardeau supplémentaire sur des systèmes d’emploi, de soins de santé, d’éducation, de logements et autres services sociaux déjà en difficulté. Certes ces questions doivent être réglées, mais l’aspect le plus important demeure la volonté qu’ont un grand nombre de personnes âgées de continuer à être utiles à la société tout entière. De notre côté nous devons leur faire savoir que nous voulons qu’elles soient effectivement partie intégrante de notre avenir. Or, le modèle économique actuel compétitif a transformé les «seniors» en une charge dont on essaie de se débarrasser le plus tôt possible. Cela doit changer. Le vieillissement ne doit pas être considéré de manière isolée, mais doit être traité dans le cadre de politiques intégrées dont l’objectif serait de soutenir les individus tout au long de leur vie et de renforcer la famille. Certes, la pauvreté et l’exclusion touchent de manière disproportionnée les personnes âgées, mais les causes profondes de ces fléaux sont ailleurs, dans des difficultés économiques et sociales qui affectent toutes les générations sans distinction et pèsent plus particulièrement sur la famille. Il s’agit par exemple du travail des enfants, du chômage des jeunes, de la discrimination des femmes, d’une éducation et d’une formation inappropriées ou encore de la précarité de l’emploi et de l’absence de protection sociale. Formuler des politiques à l’intention exclusive des personnes âgées n’est donc pas suffisant. Ce qu’il faut c’est une approche intégrée dans laquelle les problèmes sont pris en compte comme partie d’un tout. La famille doit être au centre d’une telle approche et être renforcée car elle constitue le noyau fondamental de toute société.
L’une des manières plus viables et productives de relever les défis du vieillissement est d’assurer le plein emploi et des conditions de travail décentes. Il est vrai que le vieillissement de la population pose un véritable dilemme pour les politiques publiques. Les pays développés, par exemple, sont confrontés au problème réel de la viabilité des systèmes de retraite, du financement des systèmes de soins de santé et au risque de voir les personnes âgées marginalisées et exclues. Toutefois ces préoccupations découlent davantage de l’approche statique du développement de l’économie qui prévaut actuellement. Le présupposé est que la croissance ne permettra pas de créer des emplois pour tout le monde et qu’il y aura donc de moins en moins de personnes contribuant au financement des systèmes de sécurité sociale alors que dans le même temps un plus grand nombre d’individus aura besoin de ces services et ce, sur une période plus longue. Je pense qu’il faudrait au contraire mettre davantage l’accent sur une approche plus dynamique de la croissance économique et du développement durable. Il ne faut plus dès lors penser en termes d’emplois existants mais de création d’emplois, et d’emplois meilleurs.
Cette approche est particulièrement importante pour les pays en développement, où actuellement seulement 20% de la population active jouit d’une couverture sociale et où la retraite est un luxe que peu peuvent se permettre. Pour la majorité des individus dans ces pays, le travail est la seule protection sociale. En conséquence, il faut s’attacher à trouver les moyens d’élargir progressivement les systèmes de sécurité sociale en mobilisant les idées les plus novatrices. La promotion du plein-emploi est véritablement la meilleure manière d’assurer à tous une protection sociale minimum et une retraite décente. Enfin, il faut aussi donner aux personnes âgées la possibilité, si elles le désirent, de prolonger leur vie active. Dans la mesure où les sociétés ont aussi de plus en plus besoin de leur participation, la mise à la retraite ne devrait pas être forcée sans prendre en compte les souhaits des individus concernés. A l’inverse, il faut avoir conscience que la prolongation de la vie active ne convient pas nécessairement à tout le monde. En matière de retraite, les femmes sont particulièrement vulnérables. Exerçant pour la plupart des activités non ou mal rémunérées et ce souvent dans le secteur informel, elles tendent à avoir moins accès aux systèmes de retraite. L’une des possibilités est de trouver des arrangements graduels combinant retraite et emploi partiel ou encore favorisant le volontariat social. Ce qui est fondamental, c’est de laisser aux individus le choix de continuer une vie active, rémunérée ou non. Cela suppose des politiques publiques et privées permettant cette transition vers le choix laissé à chacun et respectant la dignité des individus et l’intégrité des familles tout en s’adaptant aux circonstances propres à chaque société. Ce qu’il faut enfin, c’est ne plus stigmatiser le mot «retraite», aujourd’hui encore trop synonyme de marginalisation définitive des individus. Suivant le principe d’une société pour tous les âges, cette Assemblée doit montrer la voie de l’élimination des stéréotypes associés au terme de «retraité», du renforcement de la protection sociale, de la promotion de la productivité, du plein emploi et de conditions de travail décentes, et de la valorisation de la sécurité, du respect et de l’amour que les personnes âgées méritent.
Mme GRO HARLEM BRUNDTLAND, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : Dans les pays riches, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans qui nécessiteront des soins médicaux devrait augmenter de 50 à 120% de 1995 à 2025. Ce n’est pas seulement le nombre de personnes âgées qui augmente rapidement, mais aussi les dépenses annuelles de santé par personne avec l’âge. Si l’on ne change pas les structures et les priorités de nos systèmes de santé, les dépenses totales de santé pour les personnes âgées augmenteront probablement rapidement, si l’on présume toutefois que nous continuerons de développer nos prestations de santé sous leur forme actuelle. Le premier et le plus important changement à effectuer est d’investir dans la prévention et le dépistage précoce. En réduisant l’usage du tabac, en améliorant les traitements précoces du cancer, en développant la détection des risques génétiques, nous pourrions réduire considérablement le besoin en traitements et soins des personnes de plus de 65 ans. Il nous faut aussi réorganiser la façon d’aborder les soins. Trop de personnes sont soignées dans des hôpitaux coûteux mais inhumains alors que quelques ajustements pourraient leur permettre de conserver leur dignité.
Le plus grand défi réside dans les pays en développement. Plus de 90% de la population des pays subsahariens et d’Asie du sud vivent encore avec moins de deux dollars par jour. Les femmes subissent le plus gros du fardeau. Parmi le milliard le plus pauvre d’habitants de la planète, 70% sont des femmes. Les filles et les femmes sont souvent l’objet de discrimination en ce qui concerne les soins médicaux, l’alimentation, l’éducation, l’aide sociale, ce qui est inacceptable. Nous avons développé avec nos partenaires un nouveau cadre de politique générale baptisé «le vieillissement actif» qui vise à ce que tous puissent avoir un rôle reconnu à jouer en tant que membre à part entière utile à la société. Une meilleure santé à tout âge est aussi liée aux connaissances, à un environnement propre, à l’accès aux prestations de base, au caractère équitable des sociétés, aux droits de l’homme. Il faut aussi des politiques locales, nationales, internationales qui laissent toute liberté afin que chacun puisse faire ses propres choix pour rester en bonne santé.
M. ROBERT BUTLER, Président-Directeur général de l’International Longevity Center : Le vieillissement de la population ne doit pas seulement être un sujet d’inquiétude. En effet, le XXe siècle a vu la création de systèmes de protection sociale et médicale perfectionnés qui ont réduit la maladie et ont permis d’améliorer la qualité de vie. Il faut cependant relever les défis économiques, culturels, sociaux, moraux et personnels posés par le vieillissement. Le Plan d’action révisé sur le vieillissement devrait par conséquent insister sur le vieillissement actif et productif et sur l’élargissement de la recherche et du développement visant à améliorer ou à éliminer la démence et les maladies liées à la vieillesse. Il doit également assurer l’accès à des soins gériatriques de qualité, renforcer les droits de l’homme des personnes âgées et permettre de réduire les inégalités en matière de longévité et de santé. Il faut aussi étendre les services de protection sociale et éliminer la pauvreté de même que construire une philosophie de la longévité riche de sens et d’espoir. Parvenir à ces objectifs requiert une nouvelle institution internationale qui profiterait non seulement de l’appui des gouvernements mais également du secteur industriel, de la société civile et des individus.
M. ANGEL GARCIA RODRIGUEZ, Président de Mensajeros de la Paz-Edad Dorada : Le principal problème auquel sont confrontées les personnes âgées est celui de la solitude et il faudrait par conséquent mettre en place des services pour répondre à ce problème. Notre association a instauré par exemple un système d’assistance téléphonique qui a bénéficié à près de 4 millions de personnes âgées dans plusieurs pays. Ces appels allègent la situation quotidienne de ces personnes et leur permet d’avoir un contact avec l’extérieur. Les personnes âgées sont seules car nous les laissons abandonnées. Le monde a cessé d’être important pour elles. Elles ne peuvent en outre pas gérer leur dépendance. Elles se voient souvent vivre dans de petites habitations précaires et sont privées d’amour. Une caresse est alors aussi efficace qu’une injection. C’est pourquoi nous nous opposons à l’euthanasie.
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