DEUXIEME ASSEMBLEE MONDIALE SUR LE VIEILLISSEMENT : AGIR AUJOURD’HUI POUR RECOLTER DEMAIN LES FRUITS DE LA REVOLUTION DEMOGRAPHIQUE EN COURS
Communiqué de presse SOC/4586 |
Communiqué de base
DEUXIEME ASSEMBLEE MONDIALE SUR LE VIEILLISSEMENT : AGIR AUJOURD’HUI POUR RECOLTER
DEMAIN LES FRUITS DE LA REVOLUTION DEMOGRAPHIQUE EN COURS
Réunis à Madrid, du 8 au 12 avril, les dirigeants du monde,
devront ouvrir la voie vers une véritable “société pour tous les âges”
Nous vivons de plus en plus vieux. Au cours des 50 dernières années, l’espérance de vie à la naissance dans le monde a augmenté d’environ 20 ans passant à 66 ans grâce aux progrès de la médecine et de la technologie. Cette tendance devrait se poursuivre dans les prochaines décennies, amenant même le Directeur de la Division de la population, M. Joseph Chamie, à dire qu’un jour “nous serons tous des millionnaires …en heures”, c’est-à-dire que nous aurons vécu 114 ans, soit 1 million d’heures. En raison de cet immense progrès, au cours des cinquante prochaines années, le nombre des personnes de plus de 60 ans dans le monde va plus que tripler, passant de 600 millions aujourd’hui à 2 milliards. La proportion des seniors dépassera alors celle des enfants de moins de 14 ans. Armés de ces chiffres qui annoncent un véritable “bouleversement démographique”, les hauts responsables du monde, lorsqu’ils se rassembleront au Palacio Municipal de Congresos à Madrid (Espagne) du 8 au 12 avril prochain pour la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, auront pour ambition de relever les défis et de tirer parti des opportunités que représente le vieillissement de la population en ce début de XXIè siècle. Avec pour mot d’ordre de favoriser le développement d’une société pour tous les âges, ils s’efforceront de réussir à instaurer une société qui fasse de sa population vieillissante une partie intégrante de son avenir.
Vingt ans après la première Assemblée mondiale de Vienne, où la question du vieillissement était encore essentiellement perçue comme un problème de pays développés, la communauté internationale s’apprête donc à adopter une Déclaration et un Plan d’action international révisé tenant compte du nouveau “paysage” démographique mondial. Concrètement ces documents, auxquels les représentants des Etats Membres mettront la dernière main une fois arrivés à Madrid, proposeront des orientations et des mesures prioritaires à appliquer aux niveaux local, national, régional et international, qui permettront d’éviter des situations de dépendance dans des sociétés toutes marquées par l’accélération du vieillissement. C’est en effet maintenant qu’il faut prendre les dispositions voulues pour adapter les infrastructures, les politiques, les plans de développement et les ressources à cette évolution, que l’on sait désormais sans précédent, universelle, de grande portée et durable. Les projections montrent, par exemple, qu’en 2150 les “poivre et sel” représenteront non plus 1 individu sur 5 mais 1 sur 3. L’enjeu de Madrid est donc de faire de la révolution démographique en cours, que certains n’hésitent plus à qualifier de “Papy Boom”, un triomphe et de parvenir au vieillissement productif.
Les personnes âgées sont en effet une ressource à la fois en croissance et en attente d’être exploitée. Par exemple, pour les pays développés, faire en sorte que les individus travaillent plus longtemps pourrait constituer la meilleure chance de sauver les systèmes actuels de retraite dont le financement est remis en cause par le fait que les taux de natalité n’assurent plus le renouvellement de la population (le ratio “population active/retraités” étant alors négatif). En outre, les seniors sont souvent prestataires de soins et bénévoles d’associations caritatives ou autres, jouant un rôle de conseillers, de formateurs et d’éducateurs de la jeunesse. Ainsi dans les pays en développement, et plus particulièrement en Afrique, on s’aperçoit que ce sont de plus en plus les personnes âgées qui s’occupent des orphelins du sida.
Relever les défis du nouvel ordre démographique mondial
S’il peut véritablement constituer une chance, le vieillissement de la population est aussi une gageure, ainsi que les dirigeants du monde l’ont clairement reconnu dès 1994 et l’adoption du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population, qui s’était tenue au Caire (Egypte). Il faut bien reconnaître en effet qu’à l’heure actuelle, les personnes âgées demeurent une population particulièrement vulnérable à la maladie, à la pauvreté et à l’exclusion en tout genre. Les dernières statistiques communiquées par le Département des affaires économiques et sociales, qui a récemment publié un rapport sur le vieillissement de la population mondiale de 1950 à 2050* témoignent aussi de l’ampleur des défis à relever. L’augmentation du nombre des personnes âgées est une conséquence de la baisse des taux de fécondité et de mortalité combinée à l’augmentation considérable de l’espérance de vie.
C’est dans les pays en développement que le vieillissement s’opérera le plus rapidement puisque les projections indiquent que 80% des plus de 60 ans vivront alors dans des pays en développement. En moins d’un demi-siècle, la proportion des seniors dans ces pays va passer de 8 à 20% de la population. A titre d’exemple, s’il a fallu 115 ans, pour que la proportion de personnes âgées double en France, il ne faudra que 27 ans pour que le même phénomène se produise en Chine. Comme l’a clairement posé Mme Gro Harlem Brundtland, la Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé, le problème est “tandis que les pays développés sont devenus riches avant de devenir vieux, les pays en développement seront vieux avant de devenir riches”. Là n’est pas la seule différence entre pays développés et pays en développement, puisque dans les premiers, les personnes âgées vivent en majorité en zones urbaines, alors que dans les seconds, elles se trouvent essentiellement en zones rurales. Les schémas familiaux sont aussi très différents et l’on constate que dans les pays en développement, une grande partie des seniors vit dans un environnement familial rassemblant sous le même toit plusieurs générations.
Autre élément d’intérêt : la population âgée elle-même vieillit. Ainsi, le groupe d’âge qui progresse actuellement le plus rapidement dans le monde est celui des personnes de 80 ans et plus. D’ici à 2050, un cinquième des personnes âgées fera partie de ce quatrième âge. De plus, on assiste à une certaine “féminisation” du vieillissement, dans la mesure où la majorité des personnes âgées sont des femmes, celles-ci ayant une espérance de vie supérieure à celle des hommes. Dans les groupes les plus âgées, les femmes sont jusqu’à 2 à 5 fois plus nombreuses que les hommes.
En somme, le vieillissement a des répercussions majeures sur tous les aspects de la vie humaine : la croissance économique, l’épargne, l’investissement et la consommation, le marché du travail, les retraites, la fiscalité et les transferts intergénérationnels, la santé et les soins médicaux, la composition des familles, les conditions de vie, le logement et les migrations, et il touche même la sphère politique, influant sur les structures de vote et la représentation.
Progrès accomplis depuis la première Assemblée mondiale sur le vieillissement
La Conférence de Madrid aura aussi pour tâche d’évaluer les progrès réalisés et les obstacles rencontrés dans la mise en oeuvre du Plan d’action international sur le vieillissement adopté à Vienne en 1982. A cette fin, l’ONU a effectué une vaste enquête auprès des Etats Membres, en s’attachant particulièrement aux sept domaines d’action identifiés à Vienne, à savoir la santé et la nutrition, la protection des consommateurs âgés, le logement et l’environnement, la famille, le bien-être social, la sécurité des revenus et l’emploi, et l’éducation. Les quelque 60 réponses obtenues ont permis de constater que les progrès réalisés depuis Vienne sont inégaux et varient d’un pays à l’autre, traduisant essentiellement des différences liées aux ressources disponibles et aux priorités suivies. La situation n’est toutefois pas sans éléments de satisfaction puisqu’il ressort des réponses fournies par les Etats Membres que globalement des infrastructures nationales sur le vieillissement ont été mises en place, que la santé, le logement et la sécurité des revenus des personnes âgées ont été améliorés, et que celles-ci participent de plus en plus à la société. Mais comme pour de nombreuses autres questions ayant trait au vieillissement, le principal obstacle à l’application des recommandations de la première Assemblée mondiale aura été le manque de ressources financières, qu’il soit lié aux difficultés économiques, aux conflits armés ou aux catastrophes naturelles.
Le Plan d’action sur le vieillissement de 2002
Conçu comme un outil pratique à l’attention des décideurs nationaux et internationaux, le Plan d’action de 2002 appellera à un changement d’attitude, de politiques et de pratiques à tous les niveaux et dans tous les secteurs, afin de pouvoir tirer parti des possibilités qu’offre le vieillissement. Il les aidera à centrer les politiques mises en oeuvre sur les priorités clefs du vieillissement tant au niveau individuel qu’à l’échelle de toute une population. Trois domaines d’action prioritaires ont été identifiés au cours du processus préparatoire de l’Assemblée mondiale, à savoir : les personnes âgées et le développement, l’amélioration de la santé et du bien-être des personnes âgées, et l’encouragement d’un environnement propice à leur épanouissement et à leur participation.
Déroulement de la deuxième Assemblée mondiale
Les travaux de l’Assemblée mondiale se diviseront essentiellement en deux parties : d’une part le débat général, qui se tiendra du 8 au 12 avril et rassemblera Etats Membres, représentants des institutions du système des Nations Unies et des ONG accréditées; et d’autre part, l’examen du projet de Déclaration et de Plan d’action qui sera effectué en parallèle par la grande commission. Comme lors de chaque rassemblement international de ce genre, des conférences de presse seront organisées chaque jour ainsi qu’un certain nombre d’activités
connexes, y compris des tables rondes d’experts. Certains de ces événements devraient voir la participation des deux ambassadeurs itinérants qui ont été nommés pour assurer la promotion de la deuxième Assemblée mondiale, à savoir le mime Marcel Marceau et Son Altesse Royale, l’Infante Cristina d’Espagne.
Pour de plus amples informations, consulter le site officiel de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement au : www.un.org/french/ageing. Des informations complémentaires peuvent aussi être trouvées sur le site du Département des affaires économiques et sociales au www.un.org/esa/socdev/ageing (en anglais seulement). En outre, le Gouvernement espagnol dispose également d’un site Web consultable au www.madrid2002-envejecimiento.org (informations disponibles en français).
En outre, deux Forum sur la question auront aussi lieu sur le sol espagnol. Le premier, à caractère scientifique et parrainé par l’Association internationale de gérontologie, rassemblera à Valence du 1er au 4 avril, des universitaires, des chercheurs et des professionnels spécialistes de la gérontologie, des soins gériatriques et des soins aux personnes âgées, ainsi que des représentants du secteur privé. Des informations complémentaires sur cet événement peuvent être obtenues au www.valenciaforum.com. Le second, qui se déroulera à Madrid du 4 au 9 avril, permettra aux ONG d’échanger des idées sur les expériences vécues, d’appeler l’attention sur leur rôle en matière de sensibilisation, et de débattre des différentes voies possibles pour mettre en oeuvre le Plan d’action.
* un résumé du rapport est disponible sous la cote ST/ESA/SER.A/207/ES.
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