SG/SM/8436

A L’OCCASION DE SA VISITE A L’UNIVERSITE DE ZHEJIANG,LE SECRETAIRE GENERAL DECLARE QUE LES JEUNES SONT AU COEURDE LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA

14/10/02
Communiqué de presse
SG/SM/8436


A l’occasion de sa visite à l’UniversitE de Zhejiang,le SecrEtaire gEnEral dEclare que les jeunes sont au coeurde la lutte contre le VIH/sida


Le texte de l’allocution prononcée par le Secrétaire général, Kofi Annan, à l’occasion de la cérémonie de remise de son doctorat honoris causa, à l’Université de Zhejiang, (Hangzhou, Chine) est reproduit ci-après :


Je suis profondément reconnaissant à l’Université de Zhejiang de l’honneur qu’elle me fait en me décernant ce doctorat aujourd’hui. C’est pour moi un très grand plaisir de me trouver dans cette ville, légendaire pour la beauté de ses lacs et pour ses trésors culturels. Je comprends maintenant le sens de l’adage chinois qui dit : « au ciel il y a le paradis, sur terre il y a Hangzhou ». Cet endroit est incontestablement un lieu d’inspiration propice à l’étude.


Les établissements d’enseignement tels que le vôtre ont une importance cruciale pour l’Organisation des Nations Unies. Ils jouent un rôle capital car ils contribuent à ouvrir l’esprit des jeunes au monde qui les entoure. Ils explorent de nouvelles idées qui peuvent stimuler non seulement l’humanité et la faire aller de l’avant mais également les activités de l’Organisation des Nations Unies. Initiateurs de progrès, ils sont également les dépositaires de notre avenir.


Je sais que cet établissement, grâce à son programme diversifié et à ses nombreux partenariats avec d’autres universités dans le monde, prépare bien ses étudiants aux défis qu’ils devront relever.


Je suis particulièrement heureux de l’occasion qui m’est donnée ici de m’adresser directement à vous qui représentez la prochaine génération de la Chine.


Nombreux sont ceux qui dans le monde se plaisent à citer cette ancienne malédiction chinoise : « Puissiez-vous vivre en des temps intéressants ».


Mais pourquoi considérer cette phrase comme une malédiction? Le désordre et le tumulte sont-ils les seuls facteurs susceptibles de rendre une époque intéressante? Des événements positifs ne peuvent-ils produire le même effet? Il me semble que si, et j’espère que votre génération en particulier sera en mesure d’affirmer qu’elle a le bonheur de vivre en des temps intéressants.


Quelle que soit la voie que vous choisirez lorsque vous quitterez ce campus, vous allez entrer dans un monde où la mondialisation aura fait son oeuvre. Ce qui se passe dans un pays a forcément des incidences sur un autre. Les épidémies, la dégradation de l’environnement, le terrorisme sont des fléaux qui nous menacent tous. Les percées technologiques, la technologie de l’information, l’intégration économique peuvent par ailleurs bénéficier à tous les êtres humains.


Le défi majeur que votre génération devra relever consiste à garantir que la mondialisation devienne une force au service de tous, une force qui ne profite pas uniquement à quelques privilégiés, mais à l’humanité tout entière.


Le chemin que la Chine choisira et ce qui en résultera serviront de référence au reste du monde pour affronter ce défi.


Et la Chine part déjà en position de force.


Votre pays a atteint un taux de croissance économique que presque tous les autres pays lui envient.


C’est l’un des rares pays qui, pour l’instant, résiste bien compte tenu des perspectives peu encourageantes de l’économie mondiale.


Vous avez réussi à réduire la pauvreté en accomplissant des progrès d’une ampleur sans précédent dans l’histoire de l’humanité.


Grâce au commerce et aux investissements, la Chine jette des ponts tout autour de la planète. En devenant membre de l’Organisation mondiale du commerce, vous avez renforcé votre engagement envers la communauté internationale, ouvrant de nouveaux débouchés en matière de coopération économique.


Le secteur commercial chinois n’est pas seulement florissant, il s’emploie aussi à promouvoir une citoyenneté mondiale et la responsabilisation des entreprises. Je me félicite que de nombreuses sociétés chinoises aient noué des partenariats avec l’Organisation des Nations Unies par l’intermédiaire de notre initiative relative au Pacte mondial, forum qui encourage l’application concrète de principes universels relatifs aux droits de l’homme, au travail et à l’environnement.


Vous jouez un rôle d’avant-garde dans la coopération technique avec d’autres pays en développement, par des projets à l’étranger ou en offrant généreusement des services de formation, en Chine. Par exemple, ici même à Hangzhou, vous permettez, grâce à votre centre régional d’hydroélectricité, à d’autres pays en développement, de partager vos connaissances approfondies des énergies renouvelables.


Mes amis, l’évolution qu’a connue la Chine ces dernières années a forcé l’admiration du monde entier.


Bien sûr, il faudra encore surmonter d’énormes obstacles. D’une façon ou d’une autre, les pauvres des campagnes doivent pouvoir aussi tirer parti de la fabuleuse croissance économique du pays. Le système des Nations Unies en Chine collabore étroitement avec votre gouvernement en vue de réaliser cet objectif, à savoir aider à réduire les écarts entre les régions, entre les riches et les pauvres, entre les hommes et les femmes, afin de parvenir à un développement durable qui bénéficiera à toute la population chinoise, aujourd’hui et demain.


La Chine n’est pas seule dans ce combat.


Tous les pays du monde se sont engagés à atteindre huit objectifs de développement différents, huit engagements tirés de la Déclaration du Millénaire, qui a été adoptée à l’unanimité par les États Membres de l’Organisation des Nations Unies, en septembre 2000. De la réduction de moitié de la pauvreté extrême à l’éducation primaire pour tous d’ici à 2015, ce sont des objectifs simples, convaincants, axés sur les personnes, définis en fonction des besoins fondamentaux des êtres humains, et que quiconque peut aisément comprendre et soutenir, de Buenos Aires à Beijing et de Harare à Hangzhou.


La Chine a déjà pris des mesures en vue de réaliser la plupart de ces objectifs. C’est une bonne nouvelle non seulement pour ce pays mais aussi pour l’ensemble de la communauté internationale. En raison de sa taille, la mesure dans laquelle la Chine réussira à atteindre les objectifs de développement aura une incidence capitale sur leur réalisation dans le reste du monde.


Toutefois, les succès obtenus pour certains d’entre eux ne justifient pas un excès d’optimisme. Les divers fronts sur lesquels nous nous sommes engagés pour gagner la bataille du développement sont tous interdépendants. Si nous ne nous montrons pas à la hauteur sur un seul de ces fronts, nous risquons de compromettre, voire de détruire, les progrès accomplis sur tous les autres.


C’est certainement vrai en ce qui concerne notre engagement de stopper, et de commencer d’enrayer la propagation du VIH/sida d’ici à 2015.


Tous les experts concordent dorénavant pour dire que le VIH/sida est la pire épidémie que l’humanité ait jamais dû affronter. Elle s’est propagée plus loin, plus vite et avec des effets plus catastrophiques à long terme que tout autre maladie. Outre les terribles souffrances humaines qu’elle cause, ses incidences constituent dorénavant un obstacle écrasant pour le développement. Ce n’est qu’en s’attelant à cette tâche redoutable que représente la lutte contre le sida qu’on parviendra à ériger un monde humain, en bonne santé et équitable.


Je sais que la Chine est particulièrement préoccupée par ce problème, car aujourd’hui, elle est sur le point d’être touchée par une épidémie galopante de sida.


Au cours de ces quelques dernières années, le VIH a progressé de manière fulgurante dans ce pays. L’épidémie est devenue une cible mobile et risque d’échapper à tout contrôle. Jusqu’à présent, la plupart des infections ont été contractées lors de procédures non médicalisées de collectes de sang rémunérées ou à l’occasion de partage de seringues par des toxicomanes. Mais la transmission par le sexe s’accélère rapidement.


Il n’y a pas de temps à perdre si la Chine doit prévenir de nouvelles contaminations massives par le VIH/sida. Elle doit agir sans tarder. Les moyens mis en oeuvre pour relever ce défi détermineront non seulement l’ampleur de l’épidémie, mais également dans quelle mesure il sera possible de prévenir toutes les autres destructions que le sida entraîne dans son sillage. Elles vont de la perte de travailleurs productifs à une croissance exponentielle du nombre des enfants orphelins du sida, sans compter la charge imposée aux services et aux entreprises et les pertes en revenu national. Et ce qui va se passer en Chine dans les prochaines années et décennies contribuera également à déterminer l’impact mondial de cette maladie.


Il est évident que la Chine a tout à gagner si elle peut dès maintenant endiguer le flot de l’épidémie de sida et tout à perdre si elle en est incapable.

Nous savons, compte tenu des données d’expérience que nous avons obtenues dans d’autres pays, que cette propagation peut être enrayée. Mais cela ne peut se faire au coup par coup. Une réponse coordonnée de la part de tous les secteurs de la société est nécessaire.


Elle doit être dirigée à chaque niveau.


Il faut rompre le silence et mettre fin à l’opprobre qui entoure cette maladie.


Et il est indispensable que des jeunes comme vous soient en première ligne du combat.


Le rôle mobilisateur assumé par votre gouvernement doit se répercuter à tous les niveaux. Les responsables provinciaux, locaux et syndicaux, hommes ou femmes, doivent tous se rallier à cette cause et diffuser le message que le sida n’est pas un problème sans solution.


Parler ouvertement de l’épidémie est le premier pas qui conduit vers la victoire. Le silence est synonyme de mort. Les gens doivent savoir qu’il n’y a pas de honte à se faire tester; que s’ils sont infectés, ils seront traités; que s’ils tombent malades, ils peuvent continuer à vivre sans faire l’objet de discrimination.


La lutte contre le sida que nous menons de par le monde nous a enseigné une chose, à savoir que les jeunes ont un rôle décisif à jouer. En vous apportant le soutien dont vous avez besoin, nous pouvons vous donner les moyens de vous protéger contre le virus. En vous fournissant des informations franches et directes, nous pouvons rompre la loi du silence dans la société. En lançant des campagnes d’éducation et de prévention efficaces, nous pouvons transformer l’enthousiasme, les efforts et les rêves d’avenir des jeunes en de puissants outils à même de combattre l’épidémie.


La Chine nous offre déjà quelques excellents exemples à cet égard. Le projet de prévention du VIH/sida mis en oeuvre par la Croix-Rouge dans le Yunnan, voilà six ans, a permis de former des centaines de jeunes en tant qu’éducateurs pour les pairs qui ont, à leur tour, formé plus de 15 000 autres jeunes. Ils ont pu ensuite transmettre à leurs amis et à leur famille tout ce qu’ils savaient sur cette maladie et sur les moyens disponibles pour se protéger.


Prenez également le concert organisé conjointement, à Beijing, il y a deux ans, par l’Association des étudiants de l’Université populaire et l’Association de planification familiale chinoise, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Plus de deux mille étudiants ont assisté au concert et des milliers d’autres ont été informés par leurs pairs, grâce à des campagnes de sensibilisation et aux comptes rendus des médias. L’année dernière, toujours à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le concert diffusé dans tout le pays sur le thème de la lutte contre la discrimination et de la chanson « Fluttering Red Ribbon » a permis de toucher un public encore plus large. Lorsqu’il s’agit de briser le mur d’opprobre qui entoure le VIH/sida, la musique peut se révéler une arme puissante.


Ces exemples montrent comment les jeunes peuvent devenir le fer de lance de la lutte contre le sida : en se rassemblant pour dire à tous qu’il faut mettre un point d’honneur à combattre cette maladie et qu’il ne faut pas en avoir honte; en prouvant que s’il suffit d’une seule personne pour propager le virus, il n’en faut pas plus pour aider à l’arrêter.

La diffusion de ce message dans toute la Chine est une tâche colossale; mais les jeunes n’ont en général pas peur de relever des défis jugés titanesques. Au contraire, ils les recherchent. En tant que Secrétaire général, j’ai fait de la lutte contre le sida l’une de mes priorités personnelles. Je suis ici pour vous promettre que le système des Nations Unies vous accompagnera tout au long de ce chemin.


Je vous promets également que nous coopérerons avec la Chine, ce grand pays, afin de l’aider à relever tous les défis qui l’attendent. Nous sommes résolus à la soutenir afin qu’elle puisse être à la hauteur de ses espérances, car l’avenir de la Chine est également l’avenir du monde.


Les progrès accomplis par la Chine ont déjà étonné le monde et aucun d’entre eux n’aurait été possible sans le dynamisme et le courage de sa jeunesse. À vous tous, quel que soit le chemin que vous choisirez en quittant les murs de cette institution, je vous souhaite beaucoup de chance et de persévérance. Apportez votre pierre à l’édification de ce monde et tirez le meilleur parti de tout ce que la vie peut vous offrir par ces temps intéressants.


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