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SG/SM/8417

S’ADRESSANT AU CONSEIL DE SECURITE, LE SECRETAIRE GENERAL DONNE SON AVAL A UNE STRATEGIE EN TROIS VOLETS DANS LE DOMAINE DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME

04/10/2002
Communiqué de presse
SG/SM/8417


                                                            SC/7523


S’ADRESSANT AU CONSEIL DE SECURITE, LE SECRETAIRE GENERAL DONNE SON AVAL A UNE STRATEGIE EN TROIS VOLETS DANS LE DOMAINE DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME


On trouvera ci-après le texte du discours prononcé ce jour au Conseil de sécurité par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à l’occasion de la célébration du premier anniversaire du Comité contre le terrorisme:


Le fait que vous vous réunissiez aujourd’hui témoigne de votre volonté d’affronter la réalité plutôt que de la fuir, et de reconnaître le mal plutôt que de l’excuser.


En décidant de créer le Comité contre le terrorisme, il y a un an, vous avez réagi promptement et concrètement aux attentats terroristes du 11 septembre.  Vous avez démontré que le Conseil était déterminé à agir et à se faire entendre pour défendre tout pays et tout citoyen menacé par le terrorisme international.


Le terrorisme est une menace mondiale ayant des incidences mondiales.  Il se fonde sur le meurtre et le chaos, mais ses conséquences se font sentir dans tous les domaines d’activité de l’ONU, qu’il s’agisse du développement, de la paix, des droits de l’homme ou de la promotion de l’état de droit.


Le terrorisme affecte tous les aspects de notre mission et aucune région du monde n’est à l’abri de ce fléau.


La nature même du terrorisme en fait une violation des principes fondamentaux sur lesquels s’appuie l’Organisation des Nations Unies: droit, ordre, droits de l’homme et règlement pacifique des différends.  C’est pourquoi lutter contre le terrorisme n’est pas seulement dans l’intérêt des États et des institutions intergouvernementales mais également dans celui de la société civile au niveau local, national et mondial.


Il ne fait donc aucun doute que l’Organisation a l’obligation de s’attaquer à ce danger mondial.  Et qu’elle est bien placée pour le faire.  Le rôle irremplaçable de l’ONU est de mettre en place le cadre juridique et administratif au sein duquel la campagne internationale de lutte contre le terrorisme pourra se dérouler.


Permettez-moi de rendre ici hommage au Comité contre le terrorisme et à son Président, Sir Jeremy Greenstock, qui ont fait en sorte que chacun des États Membres adopte une stratégie efficace de lutte contre le terrorisme.


En lançant, dans le cadre de ses travaux, un appel en faveur de la mise en oeuvre des douze conventions relatives à la lutte contre le terrorisme, le Comité contre le terrorisme a contribué de manière importante à la réalisation d’un consensus international en la matière.  Il a en outre favorisé le renforcement des capacités à l’échelle mondiale dans ce domaine par l’intermédiaire d’un programme coordonné d’évaluation des besoins et d’assistance technique.  Je juge également très satisfaisante la proposition du Président de tenir des consultations avec le Haut Commissaire aux droits de l’homme, M. Sergio Vieira de Mello.


À l’automne dernier, j’ai mis en place un groupe de réflexion sur les implications du terrorisme pour les politiques de l’ONU que j’ai chargé d’étudier les incidences que le terrorisme pourrait avoir, à long terme, sur les grandes orientations de l’Organisation. Il combine les connaissances spécialisées des fonctionnaires des principaux organes, programmes et départements de l’Organisation et celles d’experts indépendants. Le 28 juin de cette année, le Groupe a présenté un rapport contenant des recommandations concernant les mesures que pourrait prendre le système des Nations Unies.


Le rapport, que j’ai rendu public le 10 septembre, énumère des propositions en vue d’une définition stratégique des orientations prioritaires des travaux de l’Organisation dans ce domaine complexe.  Je m’associe à la stratégie à trois volets proposée dans le rapport.


S’agissant des questions liées au terrorisme, l’Organisation se fixera trois objectifs: dissuader, neutraliser et coopérer.


En premier lieu, nous devons dissuader les personnes qui envisagent de commettre des actes de terreur en établissant des normes effectives et en appliquant les instruments juridiques pertinents; en lançant ensuite une campagne ambitieuse d’information du public; et en recueillant un consensus international dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.  Pour dissuader efficacement, il faut absolument se souvenir que cette lutte est, avant tout, une lutte pour protéger les droits fondamentaux et maintenir la primauté du droit.


Les actes de terrorisme sont, par définition, des violations graves des droits de l’homme.  Rechercher la sécurité aux dépens des droits de l’homme revient donc à faire preuve d’un manque de clairvoyance et est contradictoire et, à long terme, contre-productif.  Lorsque les droits de l’homme et les valeurs démocratiques ne sont guère respectés, les groupes marginalisés ont davantage tendance à choisir la voie de la violence ou à sympathiser avec ceux qui l’ont choisie.


En deuxième lieu, nous devons empêcher les personnes tentées par le terrorisme de commettre des actes abominables et pour ce faire, appuyer les dispositions prises par le Comité contre le terrorisme pour s’assurer que la résolution 1373 du Conseil de sécurité est appliquée, redoubler d’efforts en vue du désarmement, notamment en renforçant les normes internationales interdisant l’utilisation ou la prolifération des armes de destruction massive, et offrir une assistance technique aux États qui s’efforcent d’empêcher la fourniture aux cellules terroristes d’armes, de capitaux et de technologies.

Pour être effective et durable, toute stratégie de neutralisation doit se fonder sur le droit international autant qu’international.  Il n’est pas suffisant de signer les principaux instruments internationaux, il faut aussi les appliquer.


Il est d’autant plus urgent de prendre des mesures permettant de freiner la prolifération des armes de destruction massive que les terroristes des temps modernes ont atteint de nouveaux seuils en matière d’inhumanité.


Il est indispensable d’adopter de nouveaux instruments juridiques, du même type que les traités relatifs à la criminalité transnationale, aux stupéfiants et au blanchiment de l’argent, afin d’empêcher les réseaux de terroristes d’avoir accès à des sources de financement.  Les États doivent faire tout leur possible pour que de tels instruments soient adoptés et appliqués efficacement.  En outre, la lutte contre le terrorisme exige une analyse plus rigoureuse des liens que ce dernier entretient avec la criminalité, les stupéfiants et le commerce illicite d’armes.


Il pourra, par ailleurs, s’avérer nécessaire pour l’Assemblée générale d’envisager de dégager des ressources supplémentaires afin que le Comité contre le terrorisme puisse faire oeuvre efficace et durable.  Comme je l’ai déjà dit, les efforts sans précédent déployés par le Comité pour examiner les rapports nationaux décrivant l’application des instruments juridiques internationaux relatifs au terrorisme ont mis à rude épreuve les ressources des services du Secrétariat chargés du traitement de documentation.


Troisièmement, nous devons fonder la lutte contre le terrorisme sur une coopération aussi large que possible, en encourageant les organisations sous-régionales, régionales et internationales à conjuguer leurs efforts dans une campagne commune. Pour vaincre une menace transnationale aussi insaisissable que le terrorisme, il est indispensable de coopérer. On ne peut que se féliciter des progrès réalisés. L’ONU est décidée à s’employer, avec ses partenaires internationaux, à combattre le terrorisme et à cette fin, à se fixer des objectifs communs et à mener des actions communes.


De même que des actes de terrorisme ne devraient jamais être excusés, il faut également éviter de faire la sourde oreille à des revendications légitimes au seul motif que des actes de terrorisme sont commis en leur nom. Ce n’est pas parce que quelques hommes et femmes mal intentionnés commettent des crimes au nom d’une cause donnée que celle-ci n’est pas juste. Il n’en est que plus urgent de la prendre en considération, de prêter une oreille attentive aux griefs et de redresser les injustices.


Au cours des mois et des années à venir, alors que les organismes des Nations Unies conjugueront leurs efforts pour vaincre le terrorisme, nous devrons, avec la même détermination, régler les différends politiques et les conflits anciens qui créent un contexte favorable au terrorisme.  Agir ainsi ne revient pas à récompenser les actes de terrorisme ou leurs auteurs, mais à empêcher les terroristes, quelle que soit la cause qu’ils défendent, de trouver asile dans un pays quelconque.  Ce n’est qu’alors que nous pourrons considérer que la guerre contre le terrorisme a été gagnée.


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