TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE AU SIEGE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, RELATIVE A SON RAPPORT SUR LA REFORME, LE 23 SEPTEMBRE 2002
Communiqué de presse SG/SM/8397 |
TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE AU SIEGE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, RELATIVE A SON RAPPORT SUR LA REFORME,
LE 23 SEPTEMBRE 2002
Déclaration liminaire du Secrétaire général
(interprétation de l’anglais)
Bonjour mesdames et messieurs,
Je crois que la plupart d’entre vous savent que mon objectif essentiel, depuis que j’ai pris mes fonctions de Secrétaire général, a été de rendre l’ONU plus utile pour les États Membres et pour les peuples du monde, en rendant l’Organisation plus efficace et plus efficiente. J’ai toujours dit que, pour ce faire, nous devons être prêts à évoluer avant le temps, en nous adaptant constamment aux nouvelles conditions et aux nouveaux besoins.
Ce fut l’objectif de mon Rapport sur la réforme - que j’ai présenté la première année de mon mandat - et d’autres initiatives, et c’est là l’objectif du nouveau Rapport, qui sera publié aujourd’hui.
L’objectif en est, ni de réduire le budget ni de répondre aux conditions imposées de l’extérieur. C’est ma propre initiative, et ce, parce que, comme les chefs d’État et de gouvernement qui ont adopté la Déclaration du Millénaire il y a deux ans, j’ai l’intention de n’épargner aucun effort pour que l’Organisation soit un instrument plus efficace pour poursuivre les priorités fixées par les États Membres.
Cette nouvelle série de changements reposera sur les améliorations que nous avons déjà apportées. L’ONU a beaucoup changé ces cinq dernières années. Mais le monde continue de changer et nous devons suivre le rythme de ce changement.
Je vous présente un ensemble d’améliorations pragmatiques qui, individuellement, ne seraient probablement pas radicales mais qui, conjointement, correspondent à une façon très différente de travailler. Si toutes ces mesures sont appliquées avec succès, nous aurons alors le sentiment que l’Organisation est à la hauteur de la tâche que lui ont confiée les peuples du monde.
Je voudrais citer certaines des propositions que j’ai faites. Premièrement, il faut procéder à un bilan minutieux de notre programme de travail pour nous assurer que nous nous acquittons du plus important et que nous ne gaspillons ni temps ni argent sur des programmes dépassés ou non pertinents. Deuxièmement, il faut formuler des propositions détaillées dans le but d’améliorer notre travail dans les domaines des droits de l’homme et de l’information publique, en particulier établir un réseau de centres d’information de l’ONU réorganisé autour de centres régionaux, en commençant par l’Europe occidentale. Troisièmement, il faut réduire le nombre de réunions et de rapports que le Secrétariat doit préparer. Je crois que nous pouvons demander à l’Assemblée générale et aux autres organes de faire un meilleur travail en concentrant nos efforts sur un nombre réduit de réunions et de rapports pour éviter les doubles emplois. Quatrièmement, il faut opérer des changements importants en matière de planification et de budget. Nous disposons actuellement de trois processus distincts couvrant des problèmes divers et assortis de trois mécanismes d’examen et de contrôle. C’est inutilement complexe et cela demande beaucoup de travail. Cinquièmement, je propose de trouver de meilleurs moyens d’organiser les relations entre l’ONU et la société civile sous tous leurs aspects. Pour ce faire, je constituerai un groupe indépendant composé de personnes de milieux divers, issus des Gouvernements, des ONG, des instituts de recherche, des Parlements, etc... ainsi que des diverses régions du monde. Enfin, j’ai formulé des propositions pour améliorer les conditions de travail du personnel, notamment en leur accordant des facilités de formation, de déplacement ou de mutation.
Je voudrais souligner que l’application de cet ordre du jour du changement nécessitera du temps. Je mettrai moi-même en œuvre ces changements, mais nombre de domaines exigeront l’approbation de l’Assemblée générale. Cet ensemble de propositions ne pourra être appliqué que s’il est appuyé avec enthousiasme par le personnel, par les Gouvernements et par le public en général. C’est la raison pour laquelle je voulais vous présenter personnellement ce que j’ai préparé. Et je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
Question (Interprétation de l’anglais) : La première question a trait au Département de l’information publique. Qu’avez-vous prévu pour l’amélioration des centres d’information en commençant par l’Europe occidentale. Cela veut-il dire qu’il n’y aura qu’un seul centre à Vienne, à Genève et que tous les autres centres nationaux seront fermés ?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Ce que nous avons l’intention de faire, c’est de dresser le bilan de ce qui se fait dans le monde et, comme je l’ai dit, en commençant par l’Europe occidentale. Nous essayerons de voir dans quelle mesure nous pouvons restructurer les bureaux. Nous disposons actuellement de centres dans de nombreux pays et envisageons d’établir un réseau régional où seront regroupées les personnes les plus expérimentées qui pourront travailler dans une région donnée en utilisant les technologies de l’information pour une meilleure diffusion de notre message. Nous ne pensons pas que le système actuel - où une ou deux personnes travaillent dans un bureau ici ou là dans le monde - soit efficace. Nous devons procéder à un regroupement, ce qui serait plus logique. C’est donc dans ce sens que nous avancerons.
Question : Depuis quelques temps, la plupart des documents et des rapports paraissent en anglais. Et surtout depuis quelques années, leur libellé est en anglais. Premièrement, dans le cadre de cette réorganisation, disposerons-nous de davantage de documents en français, qui est la deuxième langue officielle de l’Organisation ? Deuxièmement, vous rendrez-vous au Sommet de la Francophonie qui se tiendra à Beyrouth en octobre ?
Le Secrétaire général : Je crois que le devoir nous incombe de présenter les documents dans les deux langues de travail, en anglais et en français. Quand des documents ne sont pas publiés en français, ce n’est pas par manque de volonté mais par manque de temps. Nous essayerons désormais de faire notre maximum. Tous ces documents doivent être publiés dans les deux langues. Je parle au nom de mes collègues et du Département de l’information publique pour vous assurer que les documents seront disponibles dans les deux langues. En ce qui concerne le Sommet de la Francophonie, j’ai été invité mais ne pourrais m’y rendre en raison d’un programme très chargé et d’un engagement pris il y a un an que je ne peux annuler. J’espère être représenté par la Vice-Secrétaire générale.
Question (interprétation de l’anglais) : Les activistes et les organisations non gouvernementales ont essayé de faire part de deux préoccupations. La première est que le nombre de pages pour les rapports est maintenant limité à 16. La deuxième est la difficulté qu’ils ont à avoir accès aux documents par voie électronique. Certains activistes et ONG critiquent le manque d’accès à l’ONU. Par exemple, le tiers monde accueille peu des conférences.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : En réponse à la première question, nous essayons de tirer parti des technologies de l’information pour élargir notre capacité en portant sur le web des informations auxquelles tous ont accès. Dans le cas où il n’y a pas d’accès à l’Internet, nous veillons à ce que des documents écrits soient mis à la disposition de tous. Nous voulons que l’accès soit universel, tant par voie informatique que par un autre moyen.
En ce qui concerne le point suivant, nous avons organisé toute une série de conférences depuis dix ans qui ont grandement contribué à notre compréhension du développement économique et social, à la prise de conscience du public pour protéger l’environnement de la planète et répondre aux questions touchant la population et les femmes. Toutes ces conférences ont fait la différence non seulement pour l’ONU mais pour les peuples du monde.
Lorsque nous parlons d’organiser un nombre limité de conférences, cela ne veut pas dire que les conférences sont devenues désuètes mais qu’il faut adopter une nouvelle façon de s’organiser. Prenez, par exemple, la démarche adoptée lors du Sommet du Millénaire. Le Secrétariat avait publié un document six mois avant la conférence et les États Membres l’avait utilisé comme document de base et s’y sont inspirés pour la Déclaration du Millénaire. Ce processus a bien fonctionné, bien mieux qu’un Comité composé de 60 pays ou parfois davantage ou que des efforts rédactionnels accrus déployés sur place qui rendent le processus encore plus complexe, favorisent les querelles et aboutissent souvent à un accord minimal. Je ne crois pas qu’il faut suivre cette voie et je pense qu’il faut agir de façon différente.
Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas nous réunir. Il faut à l’évidence rassembler, engager le dialogue et tenir des échanges de vues. C’est utile et l’Organisation continuera de le faire. Mais je crois que nous pouvons nous organiser différemment.
Question (interprétation de l’anglais) : Dans mon esprit, il existe un lien étroit entre la réforme de l’ONU et la situation actuelle en Palestine. Permettez-moi de reformuler ma question.
Vous parlez de la bonne volonté des deux parties au Moyen-Orient. Parallèlement le Gouvernement Sharon essaye de saper la base de l’Autorité palestinienne, alors que le Président de la superpuissance met en garde en disant qu’il va utiliser un nouveau type d’arme, qu’on lui donne le feu vert ou pas, au niveau du Conseil de sécurité. Est-ce que vous ne craignez pas que vos réformes ne soient là que pour la forme ? Ne pensez-vous pas que l’ONU connaîtra tôt ou tard le même sort que la Société des Nations ?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je répondrai à votre question sous la rubrique Moyen-Orient.
Question (interprétation de l’anglais) : Les termes que vous avez utilisés dans le rapport, en particulier en ce qui concerne les organes intergouvernementaux, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, ne sont particulièrement pas roses. Vous dites que l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité perdent de leur influence. Dans quelle mesure pensez-vous que l’Organisation se heurte à une menace existentielle, et pouvez-vous la placer dans le contexte qui se tient dans certaines capitales concernant l’Iraq.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Ce que nous allons faire, c’est entendre plusieurs questions concernant l’Iraq ou le Moyen-Orient, car il y aura sans doute des répétitions.
Je vais commencer par votre question. Je pense que le texte du rapport est très direct lorsqu’il parle de certains processus intergouvernementaux et qu’il explique ce qu’il faut faire pour améliorer et renforcer les droits de l’homme. Il est important que nous puissions identifier clairement et franchement les problèmes pour commencer à pouvoir agir à leur égard, et c’est pourquoi j’ai décidé d’utiliser des termes aussi directs, et j’espère que vous l’apprécierez, en particulier ceux qui veulent renforcer les institutions, et ceux qui veulent que l’Organisation devienne plus efficace. Et j’espère qu’ils verront aussi cela comme un défi que nous devons tous relever. Nous devons nous atteler à la tâche de mener à bien ce processus pour renforcer nos institutions. Lorsque certains disent que l’ONU connaît un problème existentiel, et qu’il risque de connaître le sort de la Société des Nations, je ne suis pas d’accord, et nous en sommes bien loin. Je ne répondrai que cela à cet égard.
Question (interprétation de l’anglais) : On parle de démocratie à l’ONU. Qu’en est-il d’un pays qui l’emporte sur tous les 190 autres ? Je parle du Conseil de sécurité, du pouvoir de veto etc.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je crois que le système, à l’ONU, que ce soit au Conseil ou à l’Assemblée générale, est démocratique. Si l’un des pays l’emporte sur un groupe de quinze, alors les quatorze autres sont d’accord. Le veto peut bloquer une décision, puisque vous avez besoin de neuf votes pour prendre une décision, et les autres membres doivent être d’accord avec vous. Donc si un pays l’emporte, les autres sont d’accord.
Question (interprétation de l’anglais) : Il n’y a que trois paragraphes sur la réforme du Conseil de sécurité dans votre rapport. Comment est-ce que cette réforme pourra se concrétiser ?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Ce sont aux Etats Membres de décider de la réforme du Conseil de sécurité. Dans mon rapport, je leur ai demandé d’aller de l’avant, en indiquant que la réforme de l’ONU ne serait pas complète sans une réforme du Conseil de sécurité. C’était en fait une prière adressée aux Etats Membres pour qu’ils aillent de l’avant. Cela ne relève pas de ma responsabilité – à part celle de faire une proposition pour une réforme du Conseil. C’est la raison pour laquelle il n’y a que trois paragraphes consacrés à cette question.
Question (interprétation de l’anglais) : La semaine dernière, l’Iraq a dit qu’elle accepterait les inspecteurs sans aucune condition. On dit maintenant que l’Iraq n’accepterait aucune nouvelle résolution du Conseil de sécurité, mais n’accepterait que l’accord conclu avec vous. Est-ce qu’ils vous ont indiqué officiellement des changements éventuels dans leur politique ? Etes-vous en contact avec eux.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je n’ai reçu aucune notification de leur part. Le seul contact que j’ai eu a été une lettre qui a été transmise au Conseil de sécurité la semaine dernière. Le Conseil de sécurité, bien sûr, peut adopter toute résolution qu’il souhaite, et nous, en tant que Secrétariat, avec la Commission de contrôle, vérification et inspection des Nations Unies, nous nous laisserons guider par le Conseil et par une nouvelle résolution de ce dernier. C’est également ce que devra faire l’Iraq.
Question (interprétation de l’anglais) : Au cours du week-end, le Gouvernement israélien a indiqué qu’il prendrait part aux opérations militaires contre l’Iraq si elles intervenaient et qu’il ne resterait pas à l’écart au nom d’une quelconque notion de souveraineté ou de sécurité nationale. S’il y avait une opération militaire, je me demande si cela serait dangereux dans la mesure où Israël, tout comme l’Iraq, est un pays qui n’a pas mis en œuvre les résolutions adoptées à l’unanimité du Conseil de sécurité, notamment plusieurs qui se trouvent dans le plan pour une coexistence arabo-israélienne. Nous avons ici une politique de deux poids-deux mesures. Qu’en est-il ?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je ne veux pas parler de la question d’une éventuelle attaque d’Iraq contre Israël, qui répondrait à son tour. Le Président a dit qu’aucune décision n’avait été prise en ce qui concerne les attaques contre l’Iraq. Je ne veux pas faire de spéculation. Je voudrais simplement dire que la question que vous avez soulevée au sujet des deux poids deux mesures est une question soulevée à l’ONU depuis très longtemps. Je ne pense pas avoir donné une conférence de presse sur le Moyen-Orient en général où cette question n’ait pas été mentionnée. C’est une question qui, en tant qu’Organisation, en tant que Conseil, est difficile à résoudre. Cette question se pose très souvent. J’espère qu’avec le travail du « quatuor », du Conseil, nous allons pouvoir résoudre la question israélo-palestinienne une fois pour toutes. Mais c’est difficile.
Question (interprétation de l’anglais) : M. le Secrétaire général, les temps ont changé. Il ne s’agit plus de faire comme d’habitude. On parle d’un pays qui n’a pas respecté une résolution d’un certain point de vue, et contre lequel il faudrait peut-être agir militairement. D’autres pays, en fait, rejettent les résolutions et on ferme les yeux.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Non, je ne dis pas que les choses vont continuer comme d’habitude. Je dis simplement que c’est une question qui a été soulevée à de nombreuses reprises ; avec moi et avec d’autres fonctionnaires du Secrétariat. Le Conseil est en bien conscient.
Question (interprétation de l’anglais) : M. le Secrétaire général, vous avez aidé à rédiger, élaborer et négocier les termes de cette lettre permettant le retour des inspecteurs en Iraq. Qu’est-ce que vous entendez au sens de cette lettre, lorsqu’elle parle « d’accès sans entrave, n’importe où et à n’importe quel moment » sur lequel les Etats-Unis insistent. Ils prétendent qu’il ne devrait y avoir aucun sanctuaire. Cela voudrait-il dire aussi que le mémorandum sur les sites présidentiels que vous avez aidé à rédiger doit être respecté? Quelle est votre interprétation de ce document ?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Ce qui est important, c’est que nous indiquions aux Iraquiens de n’imposer aucune condition au retour des inspecteurs. Cela doit être très clair. Les inspecteurs retournent dans le pays sans aucune condition, et ils coopèreront avec eux, leur permettant également de faire leur travail. Ils ont dit également qu’ils étaient prêts à discuter sur des dispositions d’ordre pratique. Donc pour autant que je le comprenne, c’est un engagement de la part de l’Iraq à accepter le retour des inspecteurs, pour qu’ils fassent leur travail sans aucune entrave, et pour qu’ils fassent rapport au Conseil.
J’ai entendu la présentation de nombreux rapports depuis lors ainsi que la déclaration faite au Conseil de sécurité. Cependant nous ne disposons d’aucun texte écrit. Le seul document écrit que nous avons, c’est la lettre qui m’a été remise vendredi. Comme je l’ai dit précédemment, le Conseil est sur le point de discuter d’une nouvelle résolution. Si une nouvelle résolution était adoptée, elle guiderait les travaux de la Commission de contrôle, vérification et inspection des Nations Unies et l’on exigera également l’application de cette résolution par l’Iraq au titre du Chapitre VII.
Question (interprétation de l’anglais) : M. le Secrétaire général, pour ce qui est du mémo de 1998 ; ce mémo a-t-il été mentionné dans votre discussion avec les Iraquiens, lorsque vous leur avez donné des conseils sur cette lettre. Cela a-t-il fait l’objet d’une discussion ? Pouvez-nous nous dire ce que vous avez entendu du Gouvernement Bush depuis l’annonce faite par les Iraquiens la semaine dernière. Il semble qu’il y ait une certaine tension entre vous et la Maison Blanche, parce que vous semblez orienter le monde dans une direction qu’ils ne souhaitent pas.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Non, cette lettre n’a pas été discutée, cet accord n’a pas fait l’objet d’une discussion. Nous avons parlé de l’application des résolutions du Conseil de sécurité, des obligations que l’Iraq devait honorer. Nous n’avons pas parlé des sites présidentiels, question sensible.
Pour ce qui est de votre deuxième question, j’ai lu des spéculations intéressantes dans la presse selon lesquelles il y aurait des tensions et des difficultés entre moi et Washington, et moi et des hauts responsables à Washington. Je voudrais simplement dire que je traite avec des personnes très expérimentées qui se rendent bien compte qu’elles ont un rôle à jouer, et que j’ai moi aussi un rôle à jouer. Je pense que tous comprennent qu’il doit y avoir une raison pour laquelle je suis Secrétaire général des Nations Unies,
et pourquoi M. Colin Powell est Secrétaire d’État des États-Unis. Nous avons des rôles différents, et nous avons les avons joués. Je pense que le Président le comprend bien. Je suis convaincu que les spéculations de la presse ne les tracassent pas, pas plus que moi d’ailleurs.
Question : C’est un petit peu la même question en français. Est-ce qu’il y a un bras de fer qui est engagé entre Washington et les Nations Unies à New York? Est-ce que vos relations sont encore sur la même longueur d’ondes ou est-ce que pour l’instant il y a des tensions entre Washington et New York?
Le Secrétaire général : Nous avons de bonnes relations. C’est normal que l’on honore des accords ici ou là, aujourd’hui ou bien demain, c’est normal. Nous comprenons cela. Voilà des années que nous faisons ce genre de travail, donc nous nous comprenons. Je sais pourquoi ils font ce qu’ils font, et ils comprennent mes actes aussi. Donc, il n’y a pas de problème. Même s’il y a des tensions, cela est temporaire. C’est une sorte de tension dynamique, ce qui est normal.
Question (interprétation de l'anglais) : Monsieur le Secrétaire général, nous avons maintenant entendu le point de vue du Président Bush sur les frappes préventives, et je me posais des questions en particulier sur le paragraphe concernant le droit de se défendre en utilisant des frappes préventives. Est-ce que cette nouvelle doctrine contredit la Charte des Nations Unies, en particulier l’Article 51, ou est-ce que les États-Unis peuvent invoquer l’Article 51 et frapper l’Iraq?
Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je pense que j’ai traité de cette question dans ma déclaration à l’Assemblée générale, lorsque j’ai soulevé la question du droit d’un pays de se défendre lorsqu’il est attaqué, et pour ce qui est des questions plus vastes de la paix et de la sécurité, le Conseil devra se prononcer là-dessus lui-même. Je pense que ma déclaration devant l’Assemblée générale était très claire à cet égard.
Question (interprétation de l'anglais) : Pour faire suite à cette question, est-ce que vous mettez en garde l’Administration Bush contre le chaos qui pourrait résulter d’une stratégie de frappes préventives, par exemple si la Russie attaquait la Tchétchénie ou la Géorgie, et si chaque pays pouvait agir seul? Est-ce que vous mettez en garde l’Administration Bush contre ce chaos?
Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : L’Administration a une énorme capacité d’analyse, et elle procède à des analyses très sérieuses avant de prendre de telles décisions. Je suis convaincu qu’elle va examiner tous ces aspects.
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