LE SECRETAIRE GENERAL SE DIT CONVAINCU QUE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE EST DISPOSEE A AIDER L’ANGOLA A SURMONTER LES PROBLEMES TRES COMPLEXES AUXQUELS IL SE HEURTE
Communiqué de presse SG/SM/8344 |
SG/SM/8344
AFR/456
26 août 2002
Le Secretaire general se dit convaincu que la communaute internationale est disposee a aider l’Angola a surmonter les problemes tres complexes auxquels il se heurte
On trouvera ci-après le texte d’un toast prononcé aujourd’hui par le Secrétaire général Kofi Annan à l’occasion du banquet d’État offert en son honneur par le Président angolais M. Jose Eduardo Dos Santos, à Luanda:
C’est pour mon épouse et moi-même, ainsi que mon équipe, un immense plaisir d’être reçus par vous à Luanda, Monsieur le Président, et je vous remercie de l’accueil si chaleureux que vous et votre peuple nous avez réservé. J’arrive en Angola à un moment qui marque un véritable tournant historique pour votre pays puisqu’à la faveur de l’ébauche de paix s’offre enfin à vous une réelle chance d’édifier une société fondée sur la sécurité, la prospérité et le développement pour tous les Angolais.
Qu’il me soit permis de rendre hommage aux nombreux Angolais qui n’ont pas reculé devant les sacrifices pour favoriser le changement et donner au pays une chance de paix – et tout particulièrement les courageux représentants de la société civile en Angola qui ont joué un rôle de premier plan dans la promotion de la paix et de la réconciliation.
Il faut louer la détermination dont vous avez tous fait preuve, vous, Monsieur le Président, le peuple angolais et les dirigeants du pays, afin de parvenir à la conclusion d’un accord de paix, qui a été maintenu en dépit des problèmes et difficultés rencontrés.
Le maintien de l’accord de cessez-le-feu, dont la signature officielle a eu lieu le 4 avril, à l’issue de négociations menées sans l’intervention de tierces parties, et le succès du processus de démilitarisation et de cantonnement illustrent la volonté des Angolais de laisser la guerre derrière eux, une bonne fois pour toutes. Tout au long de cette période, l’Organisation des Nations Unies a étroitement collaboré avec vous afin d’instaurer un environnement propice à la paix et au progrès. Je tiens à vous assurer que nous continuerons de vous aider maintenant que vous vous attaquez aux tâches difficiles de la reconstruction et du relèvement.
Rares sont les pays du continent qui disposent de ressources naturelles aussi abondantes que l’Angola. En les exploitant convenablement, on peut améliorer les conditions de vie, sur les plans humain et social, du peuple angolais, qui n’en mérite pas moins après tant de souffrances. Il est donc essentiel que vous tiriez parti au mieux de ces ressources en relevant les défis qui se présentent à vous – qu’il s’agisse de la pauvreté ou du VIH/sida, de la promotion de l’état de droit ou de l’édification d’une démocratie stable. La tâche est immense, mais je suis sûr que l’Angola en viendra à bout, à force de volonté, de courage et de détermination.
Je voudrais saisir l’occasion qui m’est offerte aujourd’hui pour aborder plusieurs points, et tout d’abord la crise humanitaire. Aujourd’hui, un tiers des Angolais sont déplacés et trois autres millions de personnes ont besoin de secours d’urgence. Je vous félicite d’avoir fait une priorité du retour et de la réinstallation des personnes déplacées et d’avoir incorporé dans la législation nationale des principes directeurs applicables au traitement des personnes déplacées.
Toute une série d’organismes humanitaires rivalisant de détermination et de dynamisme s’efforcent d’alléger les souffrances des plus vulnérables et de les aider. Il est cependant nécessaire que le Gouvernement participe davantage à l’effort humanitaire pour que celui-ci porte ses fruits. Je suis sûr que vous saurez relever ce défi d’une importance vitale, Monsieur le Président.
Je voudrais également souligner la nécessité de mettre en place un programme efficace de déminage. L’Angola demeure l’un des pays au monde comptant le plus grand nombre de mines. Avec la consolidation de la paix, les Angolais souhaiteront retourner chez eux dans des zones qui sont devenues inaccessibles. C’est à ce moment-là que le déminage deviendra une composante essentielle des efforts de réinstallation et de relèvement, en permettant aux Angolais de rentrer chez eux en toute sécurité et de s’attaquer à la reconstruction.
Une seule mine terrestre, ou la simple possibilité qu’il y en ait une, et c’est la culture de tout un champ qui devient impossible, privant une famille ou un village entier de leurs sources de revenus. À chaque opération de déminage, ce peut être une vie de sauvée. À chaque opération de déminage, vous vous rapprocherez des conditions nécessaires à l’instauration d’une paix durable et productive.
J’en appelle à la communauté internationale pour qu’elle fasse tout ce qui est en son pouvoir pour aider le Gouvernement et le peuple angolais dans cette colossale entreprise. Je suis heureux d’annoncer que le PNUD est prêt à collaborer avec la Commission nationale pour le déminage et l’assistance humanitaire pour renforcer les capacités locales en vue de la mise en oeuvre d’un programme national de lutte antimines.
Troisième point, la démobilisation. Après plusieurs décennies de conflit, vous devez saisir l’occasion unique qui s’offre à vous et réorienter vos ressources de la guerre vers l’édification d’une paix durable. La démobilisation et le désarmement des anciens combattants ainsi que leur réinsertion dans la vie civile dans la dignité n’iront pas sans problème, mais sont aussi porteurs de promesses. Vous devez mener à bien cette entreprise, pour que les Angolais puissent restructurer leur vie autour du travail et de la famille, loin de la guerre et des souffrances.
Ceci m’amène à la quatrième tâche que vous devez accomplir, celle, monumentale, de la reconstruction de la société angolaise. Des infrastructures aux institutions en passant par les écoles et les hôpitaux, le conflit a touché l’ensemble de la société angolaise et il faut maintenant tout reconstruire, méthodiquement et avec efficacité. Vous devrez faire montre de détermination et de patience, en mobilisant les compétences et les ressources disponibles. Il faut
également investir dans l’éducation, la formation professionnelle et la santé dans le cadre de l’effort plus vaste de reconstruction. Les fonds et programmes des Nations Unies sont tout prêts à aider le Gouvernement angolais à promouvoir le développement économique et social.
L’Organisation des Nations Unies entend également coopérer avec la Banque mondiale et le Gouvernement afin de mobiliser des ressources et organiser une conférence de donateurs consacrée à l’atténuation de la pauvreté et à la promotion du développement.
Ces tâches qu’il vous faut mener à bien dans le cadre de la reconstruction peuvent sembler redoutables. Pourtant, la simple possibilité de les accomplir dépend d’une transformation encore plus ambitieuse, la démocratisation, condition même de l’accélération de rythme de la réconciliation nationale et du développement.
Le passage à une démocratie multipartite durable n’ira pas sans difficulté pour toutes les parties présentes sur la scène politique et il faudra savoir faire preuve de volonté politique. Je suis encouragé par le fait que vous ayez prévu de tenir des élections générales dans les deux prochaines années, et je crois que c’est l’approche la plus ouverte qui permettra d’obtenir les meilleurs résultats. Je félicite également le Gouvernement d’avoir amorcé le processus d’enregistrement des faits d’état civil indispensable pour la tenue des élections. L’Organisation des Nations Unies est toute prête à aider l’Angola à jeter les bases d’une gestion démocratique des affaires publiques.
Vous disposez déjà d’un certain savoir-faire dans ce domaine, puisque les efforts de démocratisation, et la participation de plusieurs partis au Gouvernement sont des signes encourageants de votre volonté de coopérer par-delà les partis, dans l’intérêt du peuple. Vous pouvez également vous inspirer de l’expérience d’autres sociétés sorties de la guerre ou d’un conflit.
Ces sociétés ont compris que la gestion démocratique des affaires publiques – qui passe par la protection des minorités, le pluralisme politique et le respect de l’état de droit – peut permettre de régler pacifiquement les dissensions internes et d’éviter ainsi les guerres civiles. Il est donc crucial d’ancrer la reconstruction de la société dans le respect des droits de l’homme et de mettre en place des mécanismes politiques légitimes et représentatifs conformément à la primauté du droit, dans le cadre d’élections libres et régulières.
Bien évidemment, les blessures occasionnées par la guerre sont demeurées ouvertes trop longtemps pour se refermer du jour au lendemain, mais nous savons qu’une société peut sortir du cycle de la violence, si elle obtient un certain répit sur les plans politique et économique – grâce à la gestion démocratique des affaires publiques, au respect des droits de l’homme et au développement durable.
En vous lançant, avec la nation tout entière, sur la voie de la reconstruction et de la réconciliation nationale, vous pourrez compter sur les talents et les ressources immenses de votre peuple. Cependant, l’Angola aura également besoin du soutien actif de la communauté internationale pour surmonter les problèmes très complexes qu’il rencontrera sur les plans politique, humanitaire et socioéconomique et en matière de sécurité. Je suis sûr que la communauté internationale est prête à vous aider à saisir cette chance unique.
À preuve de cet engagement, je suis heureux d’annoncer que le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement d’une nouvelle mission des Nations Unies en Angola, dotée d’un mandat suffisamment étendu pour contribuer véritablement à la consolidation de la paix. Notre partenariat peut changer l’avenir même de l’Angola et offrir à cette région tourmentée de l’Afrique et au monde entier un exemple de paix, de stabilité et de prospérité.
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