LE SOMMET MONDIAL POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE EST UN TEST POUR LE MUTILATERALISME ET LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL
Communiqué de presse SG/SM/8307 |
ENV/DEV/662
LE SOMMET MONDIAL POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE EST UN TEST POUR LE MUTILATERALISME ET LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL
On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée par le Secrétaire général, Kofi Annan, devant les «Amis du Président» du Comité préparatoire du Sommet mondial pour le développement durable, le 17 juillet:
C’est un très grand plaisir pour moi de vous accueillir tous ici, au Siège de l’Organisation des Nations Unies, pour ces consultations d’une importance extrême concernant le Sommet de Johannesburg.
Je sais que vous avez tous parfaitement conscience que le monde attend de ce Sommet qu’il soit une étape décisive dans la recherche d’un développement durable. J’espère donc que vous êtes prêts à ne ménager aucun effort, ainsi que le ministre l’a déclaré, à écouter les points de vue des autres et à faire en sorte qu’il soit évident, lors du Sommet, que votre gouvernement prend cette responsabilité avec tout le sérieux voulu.
Depuis deux ans, d’importants progrès ont été accomplis face aux problèmes du développement. Non seulement le Sommet du Millénaire a permis de définir les principaux objectifs mais il a également incité les plus hautes instances à faire preuve de volonté politique. Leur prise d’engagement a facilité la préparation des succès qu’ont été Doha et Monterrey. Il faut continuer sur cette lancée à Johannesburg et montrer que, dans la poursuite d’un enjeu mondial par excellence ‑ élever les niveaux de vie tout en protégeant l’environnement –, la voie de la réussite passe par le multilatéralisme et la coopération internationale.
Je voudrais exprimer ma profonde reconnaissance à M. Emil Samil, de l’Indonésie, pour son dévouement et son excellent travail à la présidence du Comité préparatoire. Beaucoup a déjà été fait à Bali et ailleurs, et le projet de plan d’exécution en rend compte.
Comme vous le savez, les négociations relatives à plusieurs questions cruciales sont dans une impasse, et il faut donc une action plus résolue et davantage de dialogue avant l’ouverture du Sommet, dans six semaines. C’est la raison pour laquelle le Président Mbeki et moi-même avons jugé nécessaire de vous réunir.
On n’attend pas de ce groupe, qui est celui des « Amis du Président », qu’il mène des négociations sur des textes relatifs aux questions en suspens. Ce qu’on attend de vous est que vous proposiez des modalités pour réduire les divergences de vue, en laissant les négociations proprement dites à l’ensemble des États Membres de l’Organisation.
En conséquence, l’objet de la présente réunion est double.
Premièrement, il s’agit de définir les questions fondamentales encore en suspens. Il semble que les domaines décisifs pour un accord sur un plan d’exécution soient au nombre de six : en premier lieu, les principes arrêtés à Rio de Janeiro; puis le financement, notamment la reconstitution du Fonds pour l’environnement mondial; la mondialisation et le commerce; une conduite avisée des affaires publiques; des objectifs assortis de délais; les transferts de technologie. L’Afrique du Sud a diffusé un document traitant de chacune de ces questions en détail.
Deuxièmement, nous sommes réunis ici pour nous entendre sur une approche commune de la recherche de solutions à ces questions incontestablement complexes et politiquement « sensibles ». Permettez-moi de faire quelques suggestions et d’indiquer quelques principes qui pourraient vous faciliter la tâche.
Premièrement, le Sommet doit être axé sur l’application du consensus mondial déjà atteint concernant le développement durable, et non sur la révision ou la réinterprétation des principes et décisions sur lesquels porte ce consensus.
Deuxièmement, les initiatives prises pour mettre à profit les récents acquis dans des domaines déterminants, tels que le financement, le commerce et la bonne gouvernance, doivent être fondées sur des décisions existantes ou des travaux déjà en cours dans ces domaines.
Troisièmement, les objectifs du Sommet ne doivent pas être relégués au second plan par des débats sur des questions dont s’occupent déjà d’autres instances compétentes.
Quatrièmement, il faut mettre davantage l’accent sur la nécessité de prendre des mesures spécifiques dans les cinq domaines essentiels de l’alimentation en eau et de l’assainissement, de l’énergie, de la santé, de l’agriculture et de la biodiversité – ou WEHAB, selon l’abréviation anglaise de plus en plus utilisée.
Et cinquièmement, les États doivent nous donner des assurances que le Fonds pour l’environnement mondial sera reconstitué dans la mesure nécessaire.
Je suis convaincu qu’avec de la souplesse et de la compréhension mutuelle, ce groupe d’« amis » pourra trouver une approche commune permettant d’aplanir les différences et de parvenir à un large consensus. Est-il besoin de le dire, cette approche commune devrait être trouvée avant le Sommet, de façon que les États Membres arrivent à Johannesburg en ayant une idée précise des modalités susceptibles de mener les négociations à leur terme, puis de faciliter le lancement d’initiatives concrètes.
Permettez-moi maintenant d’évoquer brièvement la déclaration politique. M. Salim a proposé des éléments qui, j’en suis persuadé, aideront considérablement l’Afrique du Sud à préparer un projet. Celui-ci sera soumis pour examen au Sommet. Je sais que, comme moi, vous attendez une déclaration mobilisatrice, une déclaration qui parle aux aspirations de la population réelle. Et je sais que vous vous joindrez tous à moi pour remercier M. Salim de sa contribution.
Pour sa part, le Secrétariat de l’Organisation a entrepris la mise au point de cadres techniques pour le partenariat dans cinq domaines et continuera, bien entendu, à fournir toute l’assistance nécessaire à l’approche du Sommet. Moi-même, je continuerai de saisir chaque occasion pour parler et parler encore de ces problèmes et de prier les dirigeants au plus haut niveau politique de participer au Sommet et d’apporter tout leur soutien à son ordre du jour.
Johannesburg est un test pour le multilatéralisme et pour la communauté internationale. C’est un test pour tous les dirigeants qui disent se préoccuper du bien-être de notre planète et de sa population. Johannesburg doit envoyer un message de solidarité et de sympathie et entraîner un changement réel dans la vie des gens, où c’est le plus important.
Depuis le Sommet de la planète Terre, les progrès ont été plus lents que prévu et, ce qui est plus grave, plus lents que nécessaire. Un échec maintenant serait une occasion ratée aux conséquences tragiques. Vos travaux ici peuvent aider à éviter le pire et à restaurer l’espoir dans l’avenir de toute l’humanité. Je vous souhaite à tous plein succès dans vos travaux.
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