L’AUTORITE PALESTINIENNE DOIT PRIVER LE TERRORISME DE TOUTE LEGITIMITE; ISRAËL DOIT INTERROMPRE TOUTE IMPLANTATION EN TERRITOIRE PALESTINIEN, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL
Communiqué de presse SG/SM/8306 |
PAL/1922
L’AUTORITE PALESTINIENNE DOIT PRIVER LE TERRORISME DE TOUTE LEGITIMITE; ISRAËL DOIT INTERROMPRE TOUTE IMPLANTATION EN TERRITOIRE PALESTINIEN, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL
On trouvera ci-après le texte du message du Secrétaire général Kofi Annan, dont lecture a été donnée en son nom par Shashi Tharoor, Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, au séminaire international de journalistes sur le thème «Mettre fin aux affrontements: édifier la paix au Moyen-Orient», organisé à Copenhague les 17 et 18 juillet par le Département de l’information de l’ONU et le Ministère danois des affaires étrangères:
Le règlement du conflit arabo-israélien est l’un des problèmes de notre temps qui résiste depuis le plus longtemps aux efforts diplomatiques qui lui sont consacrés. L’État moderne d’Israël a connu la guerre durant la plus grande partie de ses 54 années d’existence. De son côté, le peuple palestinien s’est senti au point mort, luttant pour se frayer une voie propre vers la constitution d’un État. Au cours de ces deux dernières années, le conflit qui les oppose a atteint des records de violence.
Le conflit israélo-palestinien juxtapose les complexités de l’occupation militaire, de la résistance, du terrorisme, des différends sur l’eau ou les terres, des différences ethniques et religieuses, et le choc de deux cultures dont la compréhension mutuelle est extrêmement limitée. Il touche trois grandes religions et deux civilisations. Et pourtant, c’est aussi un conflit local, où les combats touchent chacun dans son intimité et où ce sont surtout des civils innocents qui meurent bien trop nombreux chaque jour. En dépit des efforts déployés par ceux qui cherchent de leur mieux à ramener la paix dans la région, la situation demeure dangereusement instable. En fait, si le processus politique n’est pas relancé et soutenu, ce sont ceux qui font de leur mieux pour empêcher la paix de s’instaurer qui continueront à être maîtres des événements.
Depuis septembre 2000, la communauté internationale s’est surtout efforcée de trouver une issue permettant de sortir de la violence pour revenir aux négociations. Mais nous ne sommes malheureusement pas plus près aujourd’hui d’un règlement permanent. On est fondé à considérer que la situation politique, la sécurité et l’économie n’ont pas été en pire état depuis 1967. Il faut absolument trouver une solution qui mette fin à l’occupation, qui offre à Israël de solides garanties de sécurité, qui règle ces questions d’urgence, de manière concomitante et sans conditions préalables, et qui réalise la vision d’une région dans laquelle deux États, Israël et la Palestine, vivent côte à côte, à l’intérieur de frontières reconnues et sûres, évoquée dans la résolution 1397 du Conseil de sécurité.
C’est une obligation essentielle de la communauté internationale que de trouver cette solution politique. C’est dans ce but que la formation diplomatique connue sous le nom de Quatuor, constituée des États-Unis, de l’Union européenne, de la Fédération de Russie et de l’Organisation des Nations Unies, s’est réunie hier à New York avec les principales parties régionales afin de trouver une issue à l’impasse actuelle. Il est de la plus haute importance de définir une marche à suivre si l’on veut parvenir à un règlement définitif du conflit israélo-palestinien, selon ce qu’a dit le Président Bush dans ses déclarations du 4 avril et du 24 juin, dans le délai de trois ans qu’il a suggéré. Par ailleurs, la paix globale passe nécessairement par des progrès pour ce qui est de la Syrie et du Liban, la dimension régionale n’ayant pas moins d’importance que le règlement du conflit israélo-palestinien. La Déclaration de Beyrouth de la Ligue des États arabes définit les grandes lignes et les étapes de l’action à engager pour instaurer la paix dans tout le Moyen-Orient.
Toutefois, c’est aux parties elles-mêmes qu’il incombe au premier chef de montrer qu’elles sont acquises à la paix. Un certain nombre de mesures ont été proposées, et la communauté internationale devrait insister auprès des deux camps pour qu’ils les appliquent.
L’Autorité palestinienne devrait prendre immédiatement et expressément des dispositions afin d’empêcher que des actes de terrorisme ne soient commis contre Israël. Les dirigeants palestiniens doivent faire plus pour priver le terrorisme de toute légitimité. Il importe aussi que la reconstruction et la réforme des structures de sécurité et de gouvernance palestiniennes marquent des progrès réels. La communauté internationale mène des consultations intensives avec les organismes compétents de l’Autorité palestinienne afin de faire en sorte que le processus de réforme en cours se déroule dans la transparence et apporte au peuple palestinien sur le terrain des avantages tangibles. Seule une administration démocratique palestinienne renonce solennellement à la terreur et la combat activement pourra obtenir pour son peuple des dispositions justes pour un statut définitif.
Le Gouvernement israélien, pour sa part, doit cesser toute activité d’implantation dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, car ces agissements sont un des grands obstacles au progrès du processus de paix et aussi une transgression du droit international. Israël devrait retirer ses troupes des territoires réoccupés pour les replier sur les positions tenues avant le 28 septembre 2000, autoriser de nouveau les transferts de recettes, et lever les mesures de plus en plus draconiennes de couvre-feu et de bouclage ainsi que les autres restrictions à la liberté de circulation qui rendent si éprouvante l’existence des Palestiniens dans toute la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Il est certain que les tribulations sociales et économiques du peuple palestinien rendent difficile l’instauration d’une paix et d’une sécurité durables . Le niveau de vie des Palestiniens est en chute libre depuis 18 mois, plus des deux tiers des habitants de la bande de Gaza vivant à présent en dessous du seuil de pauvreté, de même que la moitié à peu près des résidents de la Cisjordanie. La détérioration brutale des conditions de vie perturbe le climat politique et exacerbe le sentiment de désespoir que les extrémistes savent si bien exploiter.
Tresser tant d’amertume et d’espoir pour en tirer de quoi relancer des négociations de paix n’est possible que si l’on parvient simultanément à réduire la violence et à dégager des perspectives politiques claires de règlement de toutes les questions touchant le statut permanent. Toutefois, tant que les parties n’auront pas réussi à convenir avec l’aide de la communauté internationale, des termes de ce processus, la violence, j’en ai peur, ne connaîtra pas de trêve dans la région. Il est de notre devoir à tous d’agir, et de chercher obstinément à faire comprendre à chacune des deux parties la position de l’autre, cette dernière tâche étant surtout de votre ressort, vous qui êtes journalistes, chercheurs, responsables politiques et autres, et dont l’influence n’est pas mince dans ce débat. C’est dans cet espoir que j’attends le plus grand intérêt ce que ce séminaire apportera.
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