LA MONDIALISATION OFFRE DES POSSIBILITES EXCEPTIONNELLES DE PARVENIR A UNE PLUS GRANDE EQUITE GRACE A UNE CROISSANCE PLUS SOUTENUE ET PLUS EQUILIBREE, AFFIRME KOFI ANNAN
Communiqué de presse SG/SM/8294 |
ECOSOC/6008
LA MONDIALISATION OFFRE DES POSSIBILITES EXCEPTIONNELLES DE PARVENIR A UNE PLUS GRANDE EQUITE GRACE A UNE CROISSANCE PLUS SOUTENUE ET PLUS EQUILIBREE, AFFIRME KOFI ANNAN
Ouvrant la session de fond de l’ECOSOC, il insiste sur les besoins de l’Afrique, l’éducation des fillettes, le développement durable et les questions de santé
On trouvera ci-après le texte de la déclaration prononcée par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, dans le cadre du débat de haut niveau de la session de fond de 2002 du Conseil économique et social ouverte ce matin, 1er juillet :
L’année dernière, l’Organisation des Nations Unies a été de nouveau mise à l’épreuve. En effet, en 2001 – moins de cinq ans après la crise asiatique, et un an seulement après l’adoption de la Déclaration du Millénaire – l’économie mondiale a subi le revers le plus rude qu’elle ait enregistré en une décennie.
Le 11 septembre 2001, des attentats terroristes ont frappé la merveilleuse ville qui nous accueille. Ce jour-là, la communauté internationale tout entière s’est sentie new-yorkaise.
Les effets immédiats de ces attentats sont bien connus mais leurs conséquences à long terme sont plus difficiles à évaluer. Nous ne saurons peut-être jamais dans quelle mesure exactement les événements du 11 septembre ont aggravé la situation économique mondiale.
Nous savons en revanche que ce sont les économies les plus faibles qui paient le plus lourd tribut. Les statistiques ne reflètent pas de manière adéquate la souffrance et la détresse que subissent les individus et les familles du fait de la détérioration de la conjoncture.
Pour l’année en cours, on ne prévoit qu’une modeste amélioration dans les pays en développement. Sur le plan mondial, les perspectives économiques sont assombries par un degré inhabituel d’incertitude, des menaces graves pouvant même compromettre la reprise, et ce, malgré l’amélioration des paramètres fondamentaux.
Pourtant, la mondialisation offre des possibilités exceptionnelles de parvenir à une plus grande équité grâce à une croissance plus soutenue et plus équilibrée. Nous devons saisir cette chance.
Ce faisant, nous devons porter une attention particulière aux besoins de l’Afrique. Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique traduit non seulement la volonté des Africains de s’attaquer à leurs propres problèmes mais également leur besoin urgent du soutien international. Il est de notre devoir de fournir ce soutien. Il est encourageant que le Sommet du G-8, la semaine dernière, ait placé cette question en tête de son ordre du jour.
La Déclaration du Millénaire, schéma directeur de l’amélioration des conditions de vie des peuples du monde entier au cours du XXIe siècle, définit le programme de travail de l’ONU et le plan d’action du Conseil économique et social.
Il y a trois mois, lors de la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, la communauté internationale s’est montrée résolue à mettre ce programme en oeuvre avec toute l’énergie voulue. Le Consensus de Monterrey est une nouvelle expression de la volonté politique de mobiliser et de déployer des ressources financières aux fins du développement et de l’élimination de la pauvreté.
Comme toujours, le plus difficile, c’est l’application. Le système des Nations Unies est résolu à obtenir des résultats tangibles. Je suis convaincu que les autres membres de la communauté internationale s’emploieront avec la plus grande énergie à honorer les engagements pris à Monterrey et à oeuvrer, grâce aux puissants liens de partenariat qui caractérisent le Consensus, à la réalisation des objectifs énoncés dans la Déclaration du Millénaire dans tous les pays.
Notre tâche est non seulement d’assurer le développement économique et social aujourd’hui, mais également de le rendre durable pour nos enfants et petits-enfants demain. Le Sommet mondial pour le développement durable, qui se tiendra à Johannesburg le mois prochain, mettra à l’épreuve notre capacité d’agir sur les deux fronts.
Malheureusement, lors de la récente réunion du Comité préparatoire, tenue à Bali, les progrès n’ont pas été à la hauteur des objectifs ambitieux que s’étaient fixé les négociateurs eux-mêmes. Nous devons intensifier nos efforts. Je suis déterminé à lever tous les obstacles politiques qui ont surgi, afin d’assurer le succès du Sommet de Johannesburg.
Johannesburg sera l’aboutissement d’une série d’importantes réunions intergouvernementales qui doivent nous aider à traduire la Déclaration du Millénaire en mesures concrètes. Nous devons veiller à ne pas perdre l’élan créé par ces réunions.
Votre tâche, au Conseil, est de veiller à la mise en oeuvre d’un processus de suivi intégré des conférences. Ce processus doit être systématique et axé sur les résultats; il doit éviter les doubles emplois et la dispersion des efforts. Je me permets d’insister : désormais, nos efforts doivent être centrés sur l’exécution des engagements pris.
Le Conseil économique et social doit donner vie au mot d’ordre de l’ONU pour le XXIe siècle, qui est de mettre l’être humain au centre de tout ce que nous entreprenons.
L’objet de votre débat de haut niveau – axé sur la contribution de la valorisation des ressources humaines au processus de développement en général – est bien la mise en pratique de ce mot d’ordre.
La santé et l’éducation sont les deux piliers sur lesquels nous devons faire reposer le bien-être de l’individu, et bâtir ainsi un monde plus sain, plus équitable et plus pacifique. Ces deux objectifs se renforcent mutuellement : quelqu’un qui est en bonne santé pourra plus facilement réaliser tout son potentiel; quelqu’un d’instruit a plus de chances de rester en bonne santé et de contribuer à la santé et au développement de sa famille, de sa communauté et, en fin de compte, de son pays.
Depuis un an ou deux, la communauté internationale accorde à la santé une attention croissante. La lutte contre le sida et d’autres maladies infectieuses s’est intensifiée depuis la session extraordinaire que l’Assemblée générale a consacrée au VIH/sida en juin 2001 et la création du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.
L’éducation, préalable de la santé et du développement, mérite la même attention. Pourtant – à quelques brillantes exceptions près, telles que la Banque mondiale, l’UNESCO et l’UNICEF – la communauté internationale ne lui a pas accordé jusqu’ici l’attention prioritaire qu’elle mérite.
En effet, depuis des dizaines d’années, nous savons que l’éducation est la clef du développement social et économique, de la paix et de la stabilité, de la démocratie.
Nous savons qu’au cours du siècle précédent, les pays qui ont misé sur l’éducation pour tous ont remporté des succès beaucoup plus importants dans la lutte contre la pauvreté. Ils ont permis à leur population de mener une vie plus épanouie et plus productive. Ils lui ont donné la possibilité de mieux tirer parti des possibilités offertes par la démocratie.
Et nous savons, d’après les nombreuses études qui ont été effectuées, qu’il n’y a pas d’outil plus efficace pour le développement que l’éducation des filles. Aucune autre intervention n’a un impact aussi fort sur le progrès économique et social d’un pays.
Aucune autre politique n’aura plus de chance d’accroître la productivité économique, de réduire la mortalité infantile et maternelle, d’améliorer la nutrition, de promouvoir la santé, y compris la prévention du VIH/sida, et d’augmenter les possibilités d’instruction pour les générations suivantes.
En fait, cette intervention peut aussi, comme nous l’avons constaté, avoir des effets positifs sur la gouvernance, la prévention des conflits et la consolidation de la paix.
En d’autres termes, l’éducation des filles constitue une mesure de développement social efficace et efficiente. C’est un placement à long terme d’une rentabilité exceptionnelle. L’éducation des filles est une source de bienfaits qui ne se tarit pas.
Et pourtant, la majorité des 120 millions d’enfants qui devraient être scolarisés mais ne le sont passont des filles.
C’est pourquoi j’ai lancé, il y a deux ans à Dakar, l’Initiative des Nations Unies en faveur de l’éducation des filles – partenariat regroupant 13 entités des Nations Unies. Depuis son lancement, cette initiative a suscité des efforts concertés des gouvernements et des organisations non gouvernementales, qui ont fait fond du travail exceptionnel qu’accomplit depuis longtemps la société civile dans ce domaine.
La réalisation de l’objectif du Millénaire consistant à éliminer les disparités entre les sexes en matière d’éducation d’ici à 2015 exige que ces initiatives soient étendues à l’échelle mondiale. J’espère que vos délibérations dans le cadre de ce débat permettront d’accorder à l’éducation des filles la place qui lui revient en tant que sujet prioritaire du programme de mise en valeur des ressources humaines et, en fait, du développement en général.
Mesdames et messieurs,
L’année qui vient mettra de nouveau l’ONU à l’épreuve. Diverses tâches attendent le Conseil, dont il devra s’acquitter. Son impact doit se faire sentir dans la guerre contre la pauvreté. Il doit utiliser ses atouts et contribuer aux efforts de consolidation de la paix. Il doit accorder une attention prioritaire à la mise en oeuvre des objectifs de développement du Millénaire.
Il n’y a pas de temps à perdre si nous voulons réaliser ce que nous avons promis d’ici à 2015. Une enfant qui commence l’école cette année sera alors une adolescente et elle a le droit d’espérer pouvoir vivre dans un monde différent d’ici là.
Montrons-nous à la hauteur du défi : aidons chaque individu à développer son potentiel afin de bâtir un monde plus sain, mieux éduqué et plus équitable. Je vous remercie.
* *** *