SG/SM/8160

TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN AU SIEGE DES NATIONS UNIES, LE 13 MARS 2002

13/03/02
Communiqué de presse
SG/SM/8160


TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL,

M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES, LE 13 MARS 2002



Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Mesdames, Messieurs, bonjour. Je voudrais commencer en me félicitant de la résolution que le Conseil de sécurité a adoptée hier soir et en particulier, du fait que celle-ci parle d’une vision d’une région où deux États, Israël et la Palestine, vivraient côte à côte, dans des frontières sûres et reconnues. Je suis absolument convaincu que c’est un point de vue qui est partagé par la grande majorité des gens des deux côtés, en fait, par le monde entier.


Je voudrais instamment prier les deux parties et leurs dirigeants d’entendre l’appel du Conseil à la cessation immédiate de la violence, et cet appel qui leur est lancé de coopérer pour mettre en œuvre les plans Tenet et Mitchell afin de reprendre les négociations sur un règlement politique.


Mais n’oublions pas s’il vous plaît la conférence de la semaine prochaine à Monterrey. Elle sera la meilleure occasion que nous aurons eue depuis longtemps de débloquer les ressources financières dont le développement a tellement besoin. Autrement dit, il s’agit du sort d’une très grande majorité de nos semblables. C’est une opportunité que nous ne pouvons absolument pas laisser passer.


Enfin, je voudrais vous dire quelques mots du Zimbabwe. Je suis très préoccupé par la situation dans ce pays. La population a montré un engagement et une patience remarquables dans la manière dont elle s’est rendue dans les bureaux de vote pour exprimer sa voix. Mais il y a de toute évidence une controverse considérable, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger quant à la manière dont les élections ont été organisées et menées. Je voudrais une fois de plus lancer un appel à tous les Zimbabwéens pour leur demander de garder leur calme, de respecter le droit de tous et le processus démocratique, et de renoncer à tout acte de violence ou de vengeance.


Je suis certain que vous voulez maintenant poser des questions. Je vous écoute.


Question (interprétation de l’anglais) : La résolution prise par le Conseil de sécurité hier soir appuie vos efforts pour faire reprendre les négociations sur le processus de paix. Quelles sont les mesures spécifiques que vous avez l’intention de prendre pour faire cesser la violence et pour que le processus de paix puisse reprendre au Moyen-Orient ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je pense que nous travaillerons avec les autres parties prenantes. Avec le Gouvernement américain, l’Union européenne, la Fédération de Russie et moi-même, nous constituons ce que nous appelons le quatuor. Et nous avons contacté les dirigeants du monde arabe. Hier, j’ai parlé du fait que le général Zinni se rendait dans la région. J’ai demandé aux parties de travailler avec lui maintenant qu’il est là-bas, sur place. Et je constate également que le Vice-Président Cheney est là-bas. Les dirigeants auront donc la possibilité de parler directement avec lui.


Sur place, j’ai également mon Représentant, M. Terje Larsen, qui travaille avec les représentants des États-Unis, de la Fédération de Russie et de l’Union européenne pour que les parties avancent et progressent sur cette question.


Question (interprétation de l’anglais) : Monsieur le Secrétaire général, il est assez évident que ce sont les efforts que vous avez déployés qui sont derrière cette résolution qui a été adoptée hier soir. Pourriez-vous nous expliquer un peu quels sont les contacts que vous avez eus avant l’adoption de cette résolution et quels sont vos plans futurs pour que cette résolution soit suivie d’effets dans la pratique ? Avez-vous l’intention de continuer d’utiliser vos contacts personnels ? Avez-vous l’intention par exemple de vous rendre dans la région ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : De toute évidence, je suis toujours en contact permanent avec les délégations et avec les membres du Conseil. Mais je pense que la résolution qui a été adoptée hier est un résultat à mettre au compte du Conseil et de ses membres. Et je suis très heureux qu’ils l’aient fait. Je vais me rendre dans la région vers la fin du mois pour participer au Sommet arabe. Je n’ai pas encore décidé si je ferai d’autres escales dans la région, mais pour l’instant en tout cas, j’irai à Beyrouth pour le Sommet arabe.


Question (interprétation de l’anglais) : Il y a deux façons de réaliser la paix au Moyen-Orient, pour le Conseil de sécurité et la communauté internationale, semble-t-il. L’une est la participation beaucoup plus importante de la communauté internationale et l’autre est que toutes les questions, y compris celle de l’occupation illégale, qui tombe sous le concept de la défense des frontières, soient résolues par le biais de négociations bilatérales. Or il y a 15 jours vous aviez dit que Tenet et Mitchell n’avaient pas obtenu beaucoup de résultats et qu’en fait, il devrait y avoir maintenant une plus grande participation internationale. Or hier, vous avez dit un peu l’inverse. Quelle est votre position maintenant ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je pense qu’il est évident que tous ceux qui s’occupent de cette question dans cette maison souhaitent voir un règlement pacifique. Les accords Mitchell et Tenet sont en quelque sorte un moyen pour établir un pont entre les parties pour qu’elles viennent à la table des négociations. Mais tellement de conditions y ont été ajoutées que c’est devenu quasiment un barrage routier maintenant. Et les parties ont indiqué qu’elles voulaient travailler avec le général Zinni. Étant donné qu’elles ont accepté ces deux plans, j’espère que nous allons maintenant pouvoir accélérer leur mise en œuvre et que nous allons pouvoir les ramener à la table des négociations pour des discussions politiques en vue d’un règlement. Voilà l’objectif ultime. Tenet ne prévoit pas cela. Donc c’est simplement un pont pour arriver jusque là et j’espère qu’ils vont saisir cette possibilité, qu’ils vont travailler avec lui pour que nous puissions les ramener autour de la table des négociations.


Il est assez évident, me semble-t-il, que les deux parties laissées à elles-mêmes ne pourront pas régler la question, compte tenu de ce que nous avons tous pu voir depuis 17 mois maintenant. Donc, la participation d’une tierce partie est indispensable. Nous avons besoin d’une participation efficace de tierces parties, qu’il s’agisse du général Zinni ou des États-Unis en coopération avec l’ensemble de la communauté internationale et avec le soutien du Conseil de sécurité. Peu importe. Ce qui est important, c’est que nous mettions tous notre poids derrière ce mouvement pour amener les parties à régler la question.


Je pense également que dans cette situation, lorsque la volonté collective et la communauté internationale sont réunies, nous pouvons avoir une influence beaucoup plus grande sur la situation. Donc j’espère que nous continuerons à travailler ensemble, les États-Unis, l’Union européenne, moi-même et la Fédération de Russie, avec les dirigeants de la région, pour essayer de régler le conflit. Nous ne pouvons pas tolérer qu’il continue comme il se déroule maintenant.

Question  (interprétation de l’anglais) : Monsieur le Secrétaire général, la résolution d’hier soir présentée par les États-Unis constitue un changement considérable pour les États-Unis. Avez-vous vous-même été surpris qu’ils aient pris cette initiative ? Pensez-vous que le fait que le Conseil de sécurité ait adopté une résolution après près de 17 mois, après aussi longtemps, offre une véritable possibilité de changer les perspectives de règlement du conflit ?

Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Il est important effectivement que les États-Unis participent activement, avec les membres du Conseil, et aient pris l’initiative, comme vous l’avez dit, de cette résolution. Il faut aussi se souvenir que dans cette résolution, il y a beaucoup d’éléments qui sont toujours ceux de la politique des États-Unis. La question des deux États, le Président Bush lui-même l’avait dit lorsqu’il est venu ici en novembre dernier. Et cela a été ensuite complété par le Secrétaire d’Etat Colin Powell. Et bien entendu, hier, cela s’est concrétisé dans le texte de cette résolution.

Je pense qu’il est très important que le Conseil ait adopté cette résolution parce que quand on est confronté à cette tragédie que l’on connaît au Moyen-Orient, il faut qu’un organe important ou une tierce partie intervienne et dise qu’il serait temps d’arrêter les tueries, que c’est allé beaucoup trop loin, qu’il faut mettre fin aux hostilités et se mettre à parler. Il est important que cela puisse se faire, parce que cela va encourager les gens sur place à aller dans cette voie. Je crois que si cela vient du Conseil de sécurité avec le soutien très fort des États-Unis, cela enverra un message très puissant.

Question  (interprétation de l’anglais) :Il semble y avoir une sorte de consensus maintenant sur cette vision, comme cela est indiqué dans la résolution du Conseil de sécurité, dans les différents discours des États-Unis, du Prince Abdullah, etc. Sauf en Israël. On ne voit venir aucune vision d’Israël. Pensez-vous qu’il existe un moyen d’obtenir cette vision concernant un tel règlement de la part d’Israël ? Et il faudra que les électeurs se décident en Israël. Que pouvez-vous dire à tous ces Palestiniens qui disent que quelle que soit la vision, la réalité fait mal aujourd’hui, qu’on leur envoie des beaux mots, mais que ce sont eux qui souffrent ?

Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je dirais qu’un grand nombre d’Israéliens veulent la paix, veulent vivre dans la paix et la sécurité, que personne n’est satisfait de la situation actuelle. Si on arrive à la table de négociation et que des propositions de règlement sont avancées, Israël les prendra avec autant de sérieux que les Palestiniens. Le plus important, c’est d’amener les parties à coopérer, de les réunir autour d’une table de négociation. D’après les contacts que j’ai pu avoir avec les Israéliens et les Palestiniens, je suis certain qu’une énorme majorité de part et d’autre souhaite la paix et souhaite travailler pour obtenir cette paix lorsque l’occasion se présentera.


Question (interprétation de l’anglais) : Dans une déclaration au début de la journée hier, le Conseil de sécurité avait, semble-t-il un problème avec votre terminologie qualifiant l’occupation israélienne d’illégale plutôt que politiquement illégitime, ou durant trop longtemps, ou relative au traitement des civils ou aux colonies. Sur quoi se fonde cette illégalité puisqu’au départ l’occupation s’est faite après une guerre ?

Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) :  Je crois que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale ont à plusieurs reprises l’un et l’autre déclaré que certains aspects de l’occupation israélienne étaient illégaux. Les actes israéliens dans les territoires palestiniens occupés sont également décrits comme illégaux, comme par exemple la création de colonies de peuplement, l’imposition du droit israélien, de son administration et de sa juridiction sur Jérusalem-Est et certains des événements auxquels nous avons assisté récemment ont été décrits comme étant illégaux.

Question  (interprétation de l’anglais) : Certaines des réactions sur place au Moyen-Orient indiquent - les deux parties l’ont d’ailleurs déclaré - que cette résolution est en fait un geste symbolique. Que pouvez-vous faire pour transformer ce symbole en réalité, en changement concret ?

Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : C’est peut-être un symbole pour eux, mais je pense que cela fait également partie d’un obstacle que l’on enlève pour permettre aux parties de se réunir. Je crois que ce qu’il faut faire, c’est de continuer nos efforts, les efforts que nous faisons tous pour les amener autour d’une table et pour qu’ils arrêtent les violences. Je crois que nous avons vu maintenant un changement récemment, dans le fait que le Premier Ministre Sharon a supprimé son exigence des 7 jours de calme complet avant que les négociations ne puissent commencer. Et comme je l’ai dit dans ma déclaration hier, le Président Arafat a également et enfin arrêté les quatre personnes accusées de l’assassinat du Ministre Ze’evi. Donc ils ont tous les deux posé un geste qui devrait faciliter les activités du général Zinni et cela devrait nous rapprocher du jour où nous pourrons enfin les voir se parler l’un à l’autre. Alors ce qu’il faut faire, c’est continuer à travailler dans ce sens pour les ramener à une table de négociation et pour régler le problème politiquement.

Question (interprétation de l’anglais) : Quel sera le message que vous délivrerez au sommet de la Ligue des États arabes à Beyrouth ? Êtes-vous optimiste ? Avez-vous l’intention de vous rendre également en Syrie si vous allez dans cette région ?

Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Le message que j’adresserai aux dirigeants arabes, je le garderai jusqu’à ce que j’arrive à Beyrouth. Mais bien entendu, ce sera un message de paix, d’encouragement pour eux tous à travailler avec nous pour réaliser une paix permanente dans la région. Je crois que nous sommes bien partis, compte tenu de l’initiative du Prince héritier Abdullah d’Arabie saoudite, qui a été très largement approuvée par les autres dirigeants arabes dans la région.

Quant à mes plans de voyage dans la région pour l’instant, je ne prévois que Beyrouth.


Question  (interprétation de l’anglais) : Hier, vous avez utilisé le mot illégal pour la première fois en public. Je me demande ce qui vous a amené à le faire. Peut-être pourriez-vous nous décrire vos propres sentiments personnels. Êtes-vous fâché par ce qui se passe ?

Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je suis angoissé. C’est désespérant. Ce qui se passe dans la région est grave. Je ne pense pas que l’on puisse assister à cette tragédie - on la voit tous sur nos écrans de télévision - sans ressentir ce sentiment de détresse. Je suis absolument préoccupé par la situation, c’est vrai.

Question  (interprétation de l’anglais) : Pourquoi en fin de compte avez-vous choisi d’utiliser le mot illégal ?

Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Comme je l’ai dit, le mot illégal a été utilisé par notre Conseil et par l’Assemblée générale, mais lorsque l’on voit ce qui se passe, l’évolution de la situation sur place -- j’ai écrit au Premier Ministre Sharon en lui demandant de mener une enquête sur certaines des informations que j’ai reçues concernant l’idée qui consiste à cibler directement certaines personnes qui sont les travailleurs humanitaires, les conducteurs d’ambulance, le fait que les ambulances sont empêchées d’atteindre les blessés; je lui ai demandé de procéder à des enquêtes sur cela ; mais il y a toute une série d’événements où des gens ont été attaqués dans des zones civiles à l’arme lourde --, on ne peut pas assister à cela sans rien dire en se disant que c’est une manière parfaitement normale et légale de gérer quelque chose.

Question (interprétation de l'anglais) : S'agissant du Zimbabwe, vous avez dit que vous aviez lancé un appel au calme, mais compte tenu de ce qu'on a pu lire sur la façon dont les élections se sont déroulées sur place, pensez-vous que des mesures punitives  devraient être prises contre le gouvernement, éventuellement des sanctions? Le Gouvernement américain serait en train d'envisager une sorte d'action punitive. Pensez-vous que cela serait utile?


Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je ne suis pas sûr que le Conseil de sécurité a cette question à son ordre du jour et envisage de proposer des mesures punitives. Nous commençons à avoir des rapports d'observateurs qui étaient présents. Il y a des rapports contradictoires. Certains observateurs ont indiqué qu'elle n'était pas libre et juste, et d'autres ont dit le contraire. Je pense que je devrais avoir une évaluation plus complète sur la façon dont cela s'est déroulé sur le terrain. Mais le Président Mugabe a été déclaré vainqueur, et je ne suis pas sûr que le Conseil ou l'ONU vont prendre des mesures punitives à ce stade. Mais je laisserai les Etats Membres décider ce qu'ils veulent faire.


Question (interprétation de l'anglais) : Vous avez récemment rencontré votre Conseiller spécial sur Chypre ici à New York. Pourriez-vous nous dire s'il a fait état de progrès et si vous demeurez optimiste, après ce que vous avez appris de

M. De Soto, à savoir que le problème va être réglé cette année.


Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je pense que les deux dirigeants discutent depuis janvier, et eux-mêmes ont fixé l'échéance de juin pour tenter de parvenir à un règlement ou tout au moins faire des progrès substantiels, pour que nous puissions dire que nous avançons. Les pourparlers se poursuivent, de façon raisonnablement satisfaisante. Je ne peux donner de détails car nous avons encouragé tout un chacun à être discret et à ne pas se précipiter vers la presse, et je ne voudrais donc pas être le premier à le faire.


Question (interprétation de l'anglais) : S'agissant de l'Iran, comme vous le savez, l'Iran est membre de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Avez-vous reçu un rapport de cette Agence sur le développement d'armes de destruction massive?


Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : je n'ai pas reçu de rapport de l'AIEA en la matière. Je sais que vous êtes préoccupés par la situation en Iran et par les informations de la presse. Ce que je peux dire, d'après ma propre expérience, est que dans le cadre de notre travail en Afghanistan, nous avons reçu un excellent appui de l'Iran. Le Gouvernement iranien a beaucoup apporté à Bonn et a été très coopératif au moment de la prise de fonctions du Président Karzai. J'ai effectué une visite en Iran lorsque je me trouvais dans la région et lui ai demandé de travailler avec nous pour assurer un Afghanistan pacifique et stable. Tous - l'Ayatollah Khamenei, le Président Khatami, le Président du Parlement, le Ministre des affaires étrangères - ont convenu et confirmé qu'ils le feraient car un Afghanistan pacifique et stable est dans leur intérêt et depuis lors, le Président Karzai s’est rendu en Iran. Nous souhaitons continuer de travailler de façon constructive avec l'Iran, nous comptons sur leur appui alors que nous avançons dans notre programme en Afghanistan, et je suis sûr qu'ils le feront.


Question (interprétation de l'anglais) : Israël a montré des signes suggérant qu'il accueillerait favorablement la trêve. Etes-vous confiant sur le fait que Yasser Arafat a la capacité politique de son côté de respecter un cessez-le-feu?


Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je voudrais répondre de cette façon: je ne pense pas qu'il a le choix. Si nous voulons réellement concrétiser ce fait, il nous faut assurer qu'il y ait une cessation des hostilités et nous retrouver à la table des négociations dès que possible. Regardez le carnage, la tragédie. Les dirigeants doivent être responsables face à leur peuple – et du bien-être de leur peuple. Les dirigeants doivent être des meneurs, et c'est l'une des raisons qui a fait que j'ai lancé un appel hier aux deux dirigeants : le Premier Ministre Sharon et le Président Arafat; leurs peuples ont besoin d'aide et ils doivent faire ce qu'ils peuvent pour les protéger.


Question (interprétation de l'anglais) : Depuis vos négociations avec le Ministre iraquien des affaires étrangères et sa délégation, des hauts responsables iraquiens ont dit publiquement qu'ils ne veulent pas laisser les inspecteurs retourner dans le pays. Cela va-t-il faire « dérailler » complètement les négociations diplomatiques? Que peut-on attendre dès lors des discussions prévues à la mi-avril?


Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : En ce qui me concerne, les discussions se tiennent en privé et ces déclarations publiques peuvent ne pas refléter ce qui se passera en privé lorsque nous nous retrouverons. Comme je l'ai dit, nous avons commencé de façon raisonnablement positive, mais ce n'est qu'un début. Et personne ne doit conclure que cela va réussir ou échouer. Mais nous agirons de façon ferme et le mois prochain, lorsqu'ils viendront, mon objectif est clair : qu'il y ait le respect et le retour des inspecteurs. Donc, j'insisterai sur ce que leur envoyé me dira lorsque nous nous réunirons, et non pas sur ce qui se dit dans les journaux.


Question (interprétation de l'anglais) : S'agissant encore de l'Afghanistan, pourriez-vous nous indiquer où nous en sommes dans les négociations concernant la relève du commandement de l'ISAF sur place, et si vous avez eu des engagements d'Etats Membres pour fournir des contingents, et comment évolue la situation concernant la prorogation du mandat qui, comme vous le savez, est court?


Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je pense qu'il y a deux questions: celle de la prorogation du mandat au-delà des six premiers mois, et l'élargissement géographique de la zone d'opération de la force à d'autres régions de l'Afghanistan. Pour le premier point, la prorogation du mandat, je pense que nous l'obtiendrons certainement. Les Etats Membres, d'après mes contacts avec eux, semblent prêts à l'approuver. Pour l'élargissement géographique, il y a davantage de discussions en cours, et j'espère que les Membres parviendront bientôt à un accord. Comme vous le savez, il ne s'agit pas d'une mission de Casques bleus des Nations Unies et de ce fait, les discussions ont lieu entre la nation chef de file  - le Royaume-Uni - les Etats-Unis, et les membres. Je leur parle  naturellement, mais c'est la nation chef de file de la force multinationale avec laquelle les pays prennent contact. Ils prennent contact avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni.


Pour ce qui est des fournisseurs de contingents, nous avons pour le moment des contingents dont nous avons besoin pour l'opération de l'ISAF en Afghanistan. Certains ont indiqué qu'ils resteront au-delà des six mois; d'autres ont indiqué qu'ils réduiront leurs effectifs. Nous devons savoir qui reste, avec quels effectifs, et quelles ressources supplémentaires sont nécessaires. Naturellement, cette question sera importante si la décision aboutit à un élargissement géographique. La Turquie est envisagée comme une éventuelle nation chef de file pour remplacer le Royaume-Uni. Je ne pense pas que le Gouvernement turc ait déjà pris une décision. Je note qu'il y aura une réunion demain entre les Gouvernements turc, britannique et américain pour discuter de la question. Je pense que nous en saurons davantage après cette réunion.


Question (interprétation de l'anglais) : Quelle a été votre réaction au rapport du Pentagone sur une nouvelle génération d'armes nucléaires, et la possibilité de les utiliser sur un champ de bataille? Par ailleurs, craignez-vous que les Etats-Unis puissent réagir ?


Est-ce que vous pouvez craindre le fait que les Etats-Unis puissent agir à l’avenir comme un « Etat voyou », par exemple contre l’Iraq ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Sur le rapport dont vous parlez, j’ai été aussi surpris que les autres.  Le Gouvernement des Etats-Unis a essayé de préciser la situation.


Pour ce qui est de ce que les Etats-Unis feront à l’égard de l’Iraq, il y a encore beaucoup de spéculations et de discussions, ici, en Europe, au Moyen-Orient et ailleurs, mais sauf erreur de ma part, il n’y a pas eu de décision prise à Washington sur la façon d’agir à l’égard de l’Iraq, et donc, nous en sommes encore dans le domaine des spéculations.


Question (interprétation de l’anglais) : Sur la question de l’Iraq et des pourparlers de la mi-avril, je ne sais pas si vous avez un mandat pour passer du dialogue aux négociations. Il ne s’agit pas simplement de répondre à des questions mais de voir si vous ne pourrez pas obtenir le retour des inspecteurs en échange de quelque chose ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : S’il doit y avoir ce que vous avez indiqué, ce sera au Conseil de le faire. Mon mandat à moi est clair. Je fonde mes discussions sur les termes des résolutions du Conseil de sécurité et pas au-delà.


Question (interprétation de l’anglais) : J’aimerais poser une question de suivi sur l’Iraq. Pourquoi est-ce que vous avez soulevé la question de la zone de sécurité aérienne ? Vous avez estimé que ce n’est pas fondé sur une résolution du Conseil de sécurité ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Ce n’est pas moi qui l’ai soulevée, c’est l’Iraq. Et j’ai fait rapport au Conseil car il y a d’autres questions qu’ils ont soulevées. J’en ai fait part au Conseil.


Question (interprétation de l’anglais) : Je reviens à la question de ce rapport du Pentagone. Les Coréens du Nord disent qu’ils pourraient se retirer de l’Accord-cadre de 1994 qui leur donne le droit d’avoir des réacteurs en échange d’une promesse de ne pas développer des armes.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Écoutez, nous avons un traité de non-prolifération. Il faut faire attention à ne pas encourager les gouvernements à s’éloigner des engagements pris.


Question (interprétation de l’anglais) : Monsieur le Secrétaire général, nous savons que les États-Unis ont proposé une résolution importante sur le Moyen-Orient, question à laquelle vous travaillez étroitement. Est-ce que vous pourriez nous parler des rapports entre les États-Unis  et l’ONU et des domaines où vous aimeriez que les États-Unis jouent un rôle plus actif ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Ces relations sont très saines. En ce moment, nous avons de bonnes relations. Nous coopérons sur toute une série d’autres questions. Le domaine où il nous faudrait probablement en avoir plus - mais cela prendra du temps – ce serait en matière de maintien de la paix. J’aimerais que les États-Unis jouent un rôle plus actif.


En ce moment, nous nous concentrons tous sur l’Afghanistan, sur la sécurité à assurer aux Afghans. Et ce que les États-Unis sont prêts à faire ou à ne pas faire en Afghanistan dans le domaine de la sécurité a des incidences très certaines sur ce que d’autres gouvernements sont disposés à faire. Nous avons des discussions avec eux. Eux-mêmes en parlent avec les autorités. Nous espérons pouvoir trouver une façon de sortir de ce qui n’est pas vraiment une impasse, mais trouver un moyen d’aider les Afghans à assurer la sécurité dans tout le pays, car sans sécurité, nombre de ces choses merveilleuses dont nous parlons ne pourront se réaliser. Reconstruction ou redressement, les gouvernements ne vont pas investir dans un pays soumis au chaos.


Question (interprétation de l’anglais) : M. Corell a fait une déclaration il y a un mois sur les procès contre les Khmers rouges. Est-ce que vous pouvez rouvrir le dossier ? Est-ce que vous pouvez parvenir à un accord ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Une douzaine d’ambassadeurs sont venus me voir sur cette question en nous demandant de revoir notre position. Je leur ai indiqué qu’il serait plus efficace qu’ils fassent cette même démarche à Phnom-Penh pour que le Premier Ministre Hun Sen modifie sa propre position et indique clairement qu’il souhaite qu’il y ait un tribunal, une cour crédible correspondant aux normes internationales, et que c’est là que ces ambassadeurs devraient commencer.


Question (interprétation de l’anglais) : Monsieur le Secrétaire général, le qualificatif d’illégale pour parler de l’occupation, je crois que le Conseil de sécurité ne l’a jamais utilisé. Est-ce que cela ne préjuge pas en quelque sorte des négociations finales pour assurer des frontières sûres comme dans la résolution 242 (1967) ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Non, il n’est pas question de ne pas encourager les parties à ne pas accepter de concessions. Nous parlons d’une question qui est plus politique que juridique. En fait, si vous examinez les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, vous verrez que cela a été utilisé dans le contexte que j’ai défini en répondant à la question posée tout à l’heure.


Question (interprétation de l’anglais) : Monsieur le Secrétaire général, j’ai de nouveau une question sur vos rapports avec les États-Unis. Il y a eu des critiques à Washington à l’égard de La Haye. Nous avons pu lire qu’il y a des critiques à l’égard des commissions budgétaires de l’ONU. Quelle est votre stratégie de sortie pour les tribunaux spéciaux de La Haye, et si ces critiques se maintiennent, et si ces tribunaux continuent de travailler sur la durée, comment allez-vous assurer la coopération de ceux dont vous avez besoin ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je dois vous dire que, à propos des deux tribunaux, ceux-ci essaient de travailler dans des circonstances difficiles. Nous avons dû surmonter et nous avons surmonté quelques obstacles administratifs. Je crois que les deux tribunaux fonctionnent relativement bien.


Je dirai que le responsable américain qui a critiqué le tribunal a été interviewé avec Carla Del Ponte en même temps qu’elle, une semaine après sa déclaration à la presse, et il a été beaucoup plus calme, beaucoup moins mordant dans ses critiques en indiquant que les tribunaux doivent poursuivre leurs travaux. Nous ne souhaitons pas qu’ils soient là indéfiniment. Il faut que les personnes puissent être jugées, et ce sera la fin des travaux. Peut-être pourra-t-on transférer les autres cas aux tribunaux nationaux ? Il est très facile de condamner ces tribunaux pour ne pas avoir bien fait leur travail. Quand allons-nous terminer ? Cela dépendra de la date à laquelle Karadzic et Mladic seront livrés. Cela ne dépend pas seulement de Carla Del Ponte. Je sais que des tentatives récentes ont été faites. Personne ne souhaiterait fermer ces portes avant que ces deux personnalités aient été traduites en justice. J’espère donc que ceux qui souhaitent que nous terminions rapidement nous aideront à mettre la main sur ces personnalités clés, ou sur les personnalités déjà accusées.


Question (interprétation de l’anglais) : Récemment, le Président Bush a élargi son « axe du mal » pour y inclure l’Iran, ce qui évidemment a provoqué un fort sentiment anti-américain là-bas. Je voudrais avoir votre réaction à cela.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : J’ai été étonné, ça m’a surpris. J’ai vu des fonctionnaires iraniens depuis lors, depuis cette déclaration, et bien sûr, cela a compliqué la situation chez eux dans un certain nombre de cas, et les Iraniens se sont sentis attaqués et se sont unis en quelque sorte, et ils expliquent autant que possible tous les efforts qu’ils font pour coopérer.


Je crois que depuis lors d’ailleurs, un vice-ministre iranien est venu ici, m’a donné une liste des éléments indésirables présumés être Al-Qaida ou Taliban qui ont été priés de quitter le pays. Et il a également donné la liste à leurs propres gouvernements pour qu’ils viennent les rechercher et a dit que l’Iran poursuivrait ces efforts. Et il m’a assuré de la détermination de son gouvernement à coopérer. Je ne pense pas que je puisse vous en dire davantage. Je n’ai pas d’informations indépendantes à ce sujet. Les États-Unis en ont sûrement plus que moi mais je ne peux pas confirmer ce que vous sous-entendez dans votre question.


Question (interprétation de l’anglais) : Monsieur le Secrétaire général, quelles sont les garanties que nous avons que les Israéliens vont appliquer cette dernière résolution ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Nous n’avons aucune garantie. Je peux simplement espérer qu’ils le feront, et ils le feront parce que je crois qu’à long terme, c’est dans leur intérêt, c’est dans l’intérêt de leur population. Et la communauté internationale, comme je le disais, va faire tout ce qui est possible pour aider les deux dirigeants et les deux parties à parvenir à un accord. Je vous remercie.


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